@Rebekah Blomstedt & @Esma Källström
Elle est rarement à la maison Esma lorsqu’elle est en jour off. Elle a certes un peu traînée au lit mais dès que son pied s’est posé sur le tapis au niveau de son lit, elle n’a pas beaucoup arrêté, il faut l’avouer ? Un peu de ménage, pour remettre d’aplomb, sortir Lucky, il a le droit à une grande balade. Esma s’arrête même pour se prendre un café sur le retour et avance doucement vers sa maison. Elle savoure une bonne douche par la suite, se prépare pour aller faire quelques courses, il faut remplir les placards, elle trouve qu’ils se vident un peu trop vite à son goût. Ce n’est pas une grande fan des supermarchés mais elle le fait. Les horaires d’Alarik permettent rarement qu’il s’en occupe. Ce qui est amusant, c’est qu’Esma ne cuisine pas, elle essaie parfois, mais la plupart du temps, Rik préfère qu’elle ne touche pas au four. Donc elle fait les courses pour qu’il prépare des petits plats. Un travail d’équipe ! En fin de matinée, tout est rangé à sa place. Elle souffle un peu, se commande des sushis qu’elle mange sur la terrasse adorée. Il faut relativement beau pour une journée d’hiver, c’est plaisant. Esma adore la chaleur, même si Brisbane est la capitale du soleil, l’hiver est plus frais et elle est plutôt contente quand il est plus doux qu’à la normale. Elle a le soleil dans la peau. Tout l’inverse de son suédois de mari. Et Lucky a le droit à un nouvelle promenade.

Elle juge assez chaude la journée pour aller faire quelques longueurs dans la piscine de la villa. Un besoin de se dépenser, toujours. C’est une façon de se relaxer chez elle, ce n’est pas toujours évident pour d’autre mais la vétérinaire est une véritable pile électrique. Elle reprend une douche et c’est pendant celle-ci que la sonnette retentit. Elle n’attend pourtant personne mais c’est peut-être un voisin ou une visite impromptue. Elle se presse, elle enfile un peignoir et elle se dirige vers l’entrée. Lucky bat de la queue, jappe un peu aussi, comme pour montrer qu’il monte la garde. Elle le repousse un peu pour ouvrir la porte. Elle fait face à un visage qu’elle connait. Pourtant, jamais les deux femmes ne se sont croisées jusqu’à présent. Le cœur de l’égyptienne frémit, elle aurait préféré que cette rencontre arrive dans un autre contexte. Alarik n’est pas là et c’est bel et bien sa fille qui se présente. Elle aussi semble un peu étonnée. Ce n’est pas sa belle-mère qu’elle vient voir. Elle déglutit, tente de ne pas perdre toute sa contenance face à cette jeune femme. « - Oh bonjour... hm oui, il travaille encore, je crois qu’il ne devrait pas tarder à finir son service, tu veux entrer pour l’attendre ? » Est-ce une bonne idée ? Et pourquoi cela met si mal à l’aise Esma de faire la rencontre de Rebekah sans son père, sans son époux. « - Je peux faire du thé ou du café ? » En Suède on est plutôt café mais sait-on jamais. C’est une invitation à entrer, elle ne peut décemment pas la laisser sur le pas de la porte.

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Ce n’était pas prévu dans sa journée. Pas prévu qu’Esma ait de la visite. Elle pensait justement avoir un moment de répit, de tranquillité, occuper son esprit à ne pas trop penser aux petits tourments de la vie. Les choses tendent à s’améliorer, se calmer mais il reste encore des événements particuliers pour la vétérinaire. Comme son mari, finalement père d’une gamine de plus de vingt-ans. C’est son cauchemar qui devient réalité. La peur que tout s’étiole entre eux... leur but commun d’avoir un enfant qui s’éloigne et lui qui peut jouer son rôle sans elle... que va-t-il rester de ce couple ? Après avoir vécu tant de choses compliquées, Esma craint que cela ne les éloigne, c’est sans doute stupide mais ce rêve d’avoir un enfant avec lui appartient au passé maintenant. Alors oui, c’est peut-être pour cela qu’elle met autant de distance avec cette jeune femme. La vétérinaire n’est pas prête. Une réalité pénible qui lui faut du temps pour accepter. Alarik le conçoit mais qu’en est-il pour sa fille ?

La voir à sa porte la surprend, évidemment ce n’est pas elle qu’elle vient voir, c’est Rik qu’elle réclame. Elle ne s’attendait pas à grand-chose de plus. Seulement l’époux n’est pas là, il est sans doute encore au travail... elle ne sait pas ce qu’ils se sont dit, où ils devaient se retrouver mais elle n’est pas certaine qu’il lui aurait donné rendez-vous ici en sachant qu’Esma était là... et sans lui en parler. Elle ne veut pas paraître trop froide alors elle ne dit rien, la fait entrer pour lui proposer d’attendre chez eux. La laisse pénétrer dans leur maison... qui porte tant de drame.

Elle ne veut rien boire... Esma ne dit toujours rien. Elle se dirige vers la partie cuisine et se prépare un café, elle en a largement besoin. « - T’es sûre que tu ne veux rien ? » Elle lance la machine à expresso. Puis se retourne vers Rebekah. Elle retrouve un peu d’Alarik chez elle, ce qui est troublant. Impossible pour la vétérinaire de ne pas imaginer à quoi aurait ressemblé leur enfant, si elle avait été capable de le porter. « - Non, c’est vrai... il y avait pas mal de monde » La famille de son mari est grande. « - J’espère que cela ne t’effraie pas cette grande famille, tu verras, ils sont tous très accueillants » Elle sait de quoi elle parle. Elle revient vers elle avec son café. « - Installe-toi... Alarik voudrait que tu te sentes chez toi ici » Un petit sourire, et elle ? Elle ne sait pas. Un petit souffle sur sa boisson fumante. Une gorgée trop chaude. « - Je tiens à te dire que tu n’as rien fait de mal... » Elle grimace quelque peu sans savoir sur quelle conversation elle se lance. « - Je veux dire... c’est moi qui aie besoin de temps... parce qu’on... enfin on n’a pas eu qu’une petite vie rangée ton père et moi... et c’est compliqué pour moi d’accepter qu’il ait une fille... » Et qu’elle, elle ne pourra jamais lui en offrir une.

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Elle ne veut rien boire. Esma s’en étonne, est-ce que c’est parce que c’est elle qui lui propose qu’elle le refuse ? Oui, évidemment qu’elle se pose la question. Les rapports entre les deux femmes sont encore quelque peu hésitants. Après tout, Rebekha est arrivée sans crier gare dans leur vie qui venait tout juste de retrouver un peu de stabilité, c’est normal qu’Esma ait du mal à avancer. Peut-être que les choses auraient pu être plus simples s’il n’y avait pas Augustus. Et rien qu’à évocation mentale de ce prénom, elle frissonne. Ce mec ne s’est jamais repointé après la dérouillée que son mari lui a offert y est sans doute pour quelque chose. Un coup d’œil vers la fille de son époux, elle la voit envoyer un message. Est-elle en train de se plaindre à Alarik qu’elle est avec sa marâtre ? C’est un peu l’impression qu’elle a… parce qu’elle sait que c’est sans doute l’image qu’elle offre Esma. Personne ne lui demande d’être compréhensive quant au passé de la vétérinaire mais sans doute que Rebekha n’a pas tout les tenants et les aboutissants. Elle se protège après tout Esma. C’est déjà assez pénible de se dire qu’elle ne pourra jamais avoir d’enfant sans risquer trop de fausse-couche. Quelque chose qu’elle n’est pas prête à revivre et à faire revivre à Rik.  

L’odeur de café se répond dans la pièce de vie, elle s’approche avec sa tasse lorsqu’elle est prête et tente de lancer une conversation. D’abord la famille, parce que le sujet est assez simple à aborder, c’était l’anniversaire d’Alarik il y a peu de temps. Esma souffle sur son café en écoutant le retour de la jeune femme. « - Je comprends, ça viendra doucement petit à petit » et petit c’est aussi la taille du sourire qu’elle offre à Rebekha. « - J’étais dans le même cas que toi, je suis fille unique, avant Alarik, il n’y avait que mes parents » Un haussement d’épaules. C’est juste pour lui montrer qu’elle comprend ce qu’elle ressent, peut-être qu’elles ne sont pas si éloignées que cela, après tout. La vétérinaire prend place dans le canapé, elle tente de mettre la fille de Rik à l’aise mais ce n’est pas chose simple. Déjà parce qu’elle ne pourra jamais la considérer comme sa fille… elle n’est pas certaine d’y arriver. Pas certaine qu’elle l’acceptera. Les deux se retrouvent installées dans la partie salon, dans les fauteuils mais tout de même à bonne distance. Et Esma qui ne supporte pas garder ce qu’elle ressent se met à parler. Un peu trop vite et nerveusement. C’est sans doute maladroit, mais elle espère qu’elle comprendra le fond de sa pensée. « - Ouai… je sais, je sais parfaitement » Un petit sourire. « - Je vois que tu rends Alarik heureux… » Elle hausse qu’une épaule, un peu triste, un peu heureuse, tout est partagé. Une gorgée de café, un peu trop chaud encore. « - Je… je ne pourrais sans doute jamais avoir d’enfants… Alors dans un sens, je suis contente qu’il puisse vivre cette expérience. Seulement – Seulement je ne peux qu’être spectatrice et c’est difficile à accepter, ta présence me renvoi cet aspect de ma vie, ce que j’aimerais changer mais que je ne peux pas » Encore un demi sourire, elle ne veut pas la brusquer. Mais il faut juste qu’elle comprenne, sache pourquoi elle instaure tant de distance avec elle…