OUTFIT -- Peut-être aurait-elle dû refuser. Après tout, Monroe n'était pas à l'aise avec cette idée. Elio avait insisté pour l'emmener faire les boutiques pour préparer la naissance du bébé. Un cadeau qu'il souhaitait lui faire. Pour fêter son retour à Brisbane mais aussi parce que cela lui faisait plaisir. Certes, le coeur y était. Certes, cela était généreux. Mais Monroe n'était pas à l'aise avec ça. Parce qu'elle n'avait jamais accepté la charité. Même si elle savait qu'il ne s'agissait pas de cela. Elio avait de l'argent. Trop d'argent. Et ne sachant pas quoi en faire, il préférait lui offrir des choses dont elle avait besoin. Le budget était illimité. Même si Monroe regarderait à la dépense. Qu'est-ce qu'elle ferait d'un chauffe-biberon à plus de 250 dollars après tout ? Pour Monroe, le plus simple était le mieux. Mais chacun de ses arguments avaient fait mouche face à Elio.

Alors, c'est ainsi qu'elle se retrouva dans la voiture d'Elio. Une douce mélodie en bruit de fond. Et quelques paroles échangés pour rattraper le temps perdu. Cinq ans qu'ils ne s'étaient pas vus. Ils s'écrivaient régulièrement. Voire même s'appelaient. Un besoin constant de ne pas s'éloigner totalement pour faire vivre le souvenir de Maeva. Ils ne s'étaient jamais lâchés. Ils s'étaient soutenus lors de cette difficile épreuve. Avaient été là l'un pour l'autre. Pour ne pas sombrer. Comme une soeur, comme une amie, elle avait continué à garder un oeil sur Elio. Et c'est naturellement qu'une amitié s'était tissée entre eux. _ Tu vas devoir être mon guide. Comme tu t’en doutes certainement, je n’y connais rien. Dit-il alors qu'il se garait sur le parking. Un sourire vint étirer les lèvres et les yeux de Monroe dérivèrent vers l'annulaire d'Elio. Il était à présent entouré d'une alliance. Qui l'aurait cru ? Sûrement pas elle. Pas d cette manière, en tout cas. Monroe avait souhaité qu'Elio trouve l'amour. Qu'il fasse un mariage de sentiments et pas seulement de convenances. Mais le destin s'était joué d'eux. Et à présent, Elio avait la corde au cou. _ C'est justement le moment pour apprendre. Dit-elle en riant. Elle le taquinait, évidemment. Elle savait qu'il n'était pas près à être père. Son mariage était récent, et tout aussi déconcertant pour les mariées -- d'après ce qu'elle avait compris. Mais elle se doutait que la prochaine étape des parents Montgomerry en terme de pression sur leur fils sera d'assurer la descendance de la famille. Le moteur de la voiture arrêté, elle décrocha sa ceinture et sortit tant bien que mal de l'automobile. _ Elle est sympa ta caisse. Mais dans quelques semaines, je n'arriverai plus n à entrer dedans, ni à en sortir. Dit-elle en souriant. La voiture était basse et son ventre se faisait de plus en plus imposant. _ Je te suis, et je te laisse choisir ce dont tu as besoin. Ou ce qui te fait envie. Elle lui emboita le pas et se dirigea vers l'immense boutique. _ Il reste encore pas mal de choses chez Mandy et Aaron. Ils ne se sont débarrassés d'aucune affaire. Dit-elle alors qu'ils pénétraient dans le magasin. Ses yeux se promenaient sur tout les articles exposés. Il y avait tellement de choix qu'elle ne savait plus où donner de la tête, Monroe. _ Si tu veux que j'accepte toute cette générosité, je veux aussi que tu lui trouves un cadeau personnel. Elle vint placer son bras sous celui d'Elio. Son autre main sur son ventre. Le tic de toutes les femmes enceintes. _ Comme ça, il ou elle pourra avoir un cadeau de son tonton Elio. Ajouta-t-elle avec un clin d'oeil. Pour elle, Elio faisait encore partie de la famille.

 

OUTFIT -- _ Ça ne sera pas nécessaire. Elle fait une légère grimace. Bien sûr, dans l'immédiat, il y a peu de chance qu'il devienne père. Monroe a bien compris les tenants et les aboutissants de ce mariage. Elio ne supporte pas son épouse et vice-versa -- de ce qu'elle en sait, en tout cas. Mais Monroe est tout aussi consciente que leurs familles respectives attendent probablement un petit héritier. Il en est ainsi lorsqu'on vient de ce milieu là, un milieu que Monroe n'a jamais côtoyé ou même compris. Quoi qu'elle n'a jamais réellement essayé de le comprendre. Comment peut-on se marier de cette manière ? Sans amour, simplement pour l'intérêt de deux partis. Elle ne juge pas, Monroe. Après tout, ce n'est pas son genre mais elle s'interroge. Elle espère simplement que son ami arrivera à trouver le bonheur, peu importe avec qui et comment.

Leur attention se reporte rapidement sur le magasin et les achats a effectué. Monroe, gênée par la générosité d'Elio, ne sait plus où donner de la tête lorsqu'elle voit les rayons s'étalant sur plusieurs mètres. _ Ils ont tout gardé ? Depuis tout ce temps ? Elle hausse doucement les épaules. Elle aurait aimé croire que Mandy et Aaron avaient choisi de garder les affaires de leurs enfants par choix mais elle sait qu'il s'agit plutôt de feignantise. Ou d'un oubli. _ En réalité, je les ai rangé au grenier quand j'ai su que Mandy ne pourrait plus avoir d'enfant -- merci la ménopause -- et je pense que personne ne les a touché depuis. Qui l'aurait fait, après tout ? Et puis, Monroe s'est toujours dit que ça pourrait servir. Les Singh ne roulent pas sur l'or -- hormis Maggie qui a réussi à faire sa place dans un milieu de requins -- donc elle avait conservé quelques objets de puéricultures en bon état. Cependant, elle préfère souligner que même si Elio a envie de les gâter, elle et le bébé, elle préférerait qu'il leur offre quelque chose de plus personnel. Un doudou, par exemple. _ C’est prévu, ne t’en fais pas. Un sourire étire ses lèvres et la blonde hoche la tête de satisfaction. _ Tonton Elio, ça sonne plutôt bien. D'un côté, elle ne voit pas comment il pourrait en être autrement. Ils étaient restés si proches. Pour Monroe, Elio fait partie intégrante de la famille. La plupart des Singh ont gardé contact avec lui et elle imagine sans difficultés qu'il serait toujours avec Maeva si elle aurait été toujours de ce monde. Peut-être même marié à elle avec déjà un bon nombre de petits héritiers. Quoi qu'elle imagine que les parents Montgomery n'auraient jamais accepté cela. _ Qu’est-ce qu’il te manque précisément ? Des vêtements neufs ? Et non des vieilleries qui trainent depuis des années, je te prie. Elle roule des yeux avec exagération. Elle-même s'habille avec des vieilleries. Et elle s'en contente largement. _ Des biberons ? Des…  Qu’est-ce que c’est ? Et ça, pourquoi installer une caméra ? Elle laisse un rire sincère s'échapper d'entre ses lèvres. Elle trouve amusant de voir Elio s'aventurer dans ses rayons sans comprendre le but de la moitié de ces objets. _ Tu vois, nous les pauvres, on n'utilise pas ça. Qu'elle dit en désignant le babyphone et la caméra. _ Et de toute façon, la maison est bien assez petite, je l'entendrais sans ça. Et elle ne mettrait pas son argent -- enfin celui d'Elio -- dans une caméra non plus. Après tout, Monroe n'en avait jamais eu besoin pour ses frères et soeurs. _ Des biberons, c'est une idée. Ceux d'il y a trente ans ne sont plus utilisables. Garder, c'est bien mais dans la limite du raisonnable tout de même. _ En réalité, je vais t'avouer que je n'ai rien de prêt encore. Pas de berceau, pas de table à langer, pas de vêtement. Rien. Et avec tout ça, je n'ai pas pris le temps de fouiller le grenier. Tout ça : l'enterrement de Mandy -- qui implique d'avoir quitté Adelaïde avec précipitation pour s'installer à nouveau à Brisbane. Ainsi que les excès de violence de Cole -- qu'elle masque facilement pour le moment. Mais réalité, c'est bien plus profond que ça. Monroe n'ose pas se projeter. Elle est terrorisée à l'idée de perdre le bébé -- qu'il naisse mort-né ou que quelque chose arrive avant l'accouchement. Alors, elle repousse les préparatifs à son arrivé. Ainsi, elle pense qu'elle sera moins déçue car moins impliquée.