@Isabella Langford & @Nelly Scott

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tw : homophobie.

( outfit )  Installée sur son canapé, Isa avait le nez plongé dans un vieux dossier étalé devant elle. L’air grave, elle parcourait avec attention les documents à la recherche du moindre indice. Cela faisait plusieurs jours qu’elle était obsédée par cette affaire qui remontait à une dizaine d’années. Une disparition troublante d'une adolescente dont le visage était glissé entre quelques notes manuscrites. Isa relisait les détails encore et encore à la recherche du lien manquant qui aurait pu échapper aux enquêteurs. C’était sa façon de décompresser. Plonger dans ce genre d’affaires lui permettait de détourner son esprit de ses propres problèmes. Et ces derniers jours plus que tout, elle avait bien besoin de cet échappatoire. La dispute avec Nelly au café continuait de la hanter. Son absence lui pesait. Elles avaient déjà eu des désaccords par le passé mais jamais de cette ampleur. Et jamais une conversation n’avait laissé un goût si définitif dans son esprit. Et pourtant, malgré tout, elle continuait d’attendre et espérer un message ou un geste qui pourrait réparer ce qui s’était brisé.

Alors qu’elle tentait de se concentrer, un bruit sourd à l’extérieur la tira de ses pensées. Elle releva la tête, tendant l’oreille. Le vrombissement d’une moto qui s’éteignit juste devant chez elle. Intriguée, elle se leva laissant ses documents ouverts et traversa lentement le salon. Elle tira légèrement le rideau et reconnut la silhouette familière de Nelly. Une vague d’émotion la traversa, mêlant soulagement et appréhension. Depuis leur altercation, elles n’avaient pas reparlé si ce n’est par messages. Et ces échanges n’avaient fait qu’empirer les choses. Pourquoi donc était-elle là ? Était-ce pour s’excuser ou pour prolonger cette dispute qui avait déjà trop duré ? Isa sentit une boule se former dans sa gorge. Elle hésita un long moment avant de se diriger vers la porte comme pour se préparer à ce qui allait suivre. Lorsqu’elle ouvrit enfin, elle se retrouva face à une Nelly qui semblait agitée. Ses yeux s’arrêtèrent un court instant  sur la moto à l’arrière, puis remontèrent vers le visage de son amie. Les traits de Nelly étaient tendus, son regard intense, et quelque chose dans son attitude laissait entrevoir une nervosité inhabituelle. Avant même qu’Isabella ne puisse dire quoi que ce soit, Nelly lâcha une question qui la désarma complètement. Elle resta interdite, pas tant choquée par la question elle-même — après tout, elles avaient toujours été franche l’une avec l’autre — mais parce que, pour une fois, elle ne savait pas quoi répondre. Est-ce que ça comptait, cette fois où elle s’était amusée à rouler une pelle à son propre reflet dans le miroir, adolescente, pour s’entraîner au "vrai truc" ? Certainement pas. Et puis, il y avait eu ces baisers légers, des smacks échangés avec des copines pour délirer, à une époque où elle se pensait 100 % hétéro. Jamais rien de sérieux. Mais maintenant… c’était différent. Et avant qu’elle ne puisse formuler une réponse, Nelly s’approcha brusquement. Ses mains saisirent son visage et en une fraction de seconde, ses lèvres se pressèrent contre les siennes avec une urgence qui la prit de court. Pendant un moment, elle ne bougea pas incapable de comprendre ce qui était en train de se passer. C’était si inattendu et si loin de tout ce qu’elle aurait pu imaginer, qu’elle fut incapable d’y mettre un terme immédiatement. Était-ce de la curiosité ? Était-ce une tentative inconsciente de répondre à ses propres interrogations, à ce qui la troublait depuis Willow ? Ses lèvres réagirent presque instinctivement, timidement au mouvement. Suffisamment pour qu’elle ressente un mélange d’émotions contradictoires. Mais très vite, une petite voix dans son esprit la ramena à la réalité. C’est n’importe quoi. C’était Nelly, sa meilleure amie et ce baiser n’avait absolument aucun sens. Elles ne pouvaient pas !

Elle recula aussitôt pour rompre tout contact, la respiration saccadée par ce qui venait de se passer et les pensées toutes plus chaotiques les unes que les autres. Instinctivement, sa main monta à ses lèvres, comme pour vérifier que tout cela avait réellement eu lieu. Son regard à la fois confus et perdu se posa un instant sur la jolie blonde. Et puis Hudson ! Elle pensa à son mari. Son regard glissa aussitôt au-delà de l’épaule de la Scott, vers l’allée comme pour vérifier que personne  — surtout Hudson  — d’autre n’avait assisté à cette scène. Heureusement, il n’était pas là. Isa passa une main nerveuse dans ses cheveux, essayant de respirer profondément. Mais rien n’y faisait, son cœur continuait de tambouriner dans sa poitrine, et ses pensées refusaient de s’ordonner. Elle releva les yeux vers Nelly, cherchant dans son regard quelque chose, n’importe quoi qui pourrait expliquer ce geste. L’alcool peut être ? Son haleine ne laissait aucun doute sur le fait qu’elle avait bu avant de venir… « Qu’est-ce qui t’as pris? C’était quoi ça ? » interrogea-t-elle totalement perdue essayant de tout mettre sur le dos de son amie. Elle cligna des yeux comme pour remettre de l’ordre dans ce qui venait de se passer. Nelly avait peut-être l’excuse d’être sous l’emprise de l’alcool, mais Isa, elle, était parfaitement sobre. Et pourtant elle avait répondu à ce baiser. Elle ne l’avait pas repoussé immédiatement comme elle aurait dû. Elle recula d’un pas, puis fit un geste vers l’intérieur de la maison. « Entre. » Elle devait comprendre pourquoi Nelly était là et pourquoi elle avait agi de la sorte.

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tw : homophobie.

( outfit ) Ce baiser, elle n’en revenait toujours pas. Il y avait de quoi se poser un milliard de questions. Et elles étaient toutes là à tourner en boucles dans sa tête, l’assiégeant de tous côtés : Pourquoi Nelly avait-elle fait ça ? Pourquoi avait-elle répondu ? Et qu’est-ce que tout ça voulait dire? Et patati, et patatra... Les interrogations tournaient dans sa tête sans qu'elle ne puisse y répondre ou s'expliquer ce qui venait de se passer. Tout ce qu'elle réussissait à conclure c'est que ça avait été doux. Perturbant, mais doux. Isa avait senti les caresses des pouces de son amie sur ses joues, sa proximité, son souffle légèrement alcoolisé. Ce dernier détail aurait dû tout expliquer. Nelly avait bu, c’était évident. Elle sentait l’alcool à plein nez, mais ce n’était pas suffisant pour effacer ce qui venait de se passer. Elle pouvait encore sentir le poids de ses lèvres sur les siennes. Elle n’y avait vu ni gêne ni dégoût, seulement une curiosité sincère voire instinctive. Peut-être que, quelque part, ce baiser confirmait ce qu’elle avait déjà commencé à comprendre sur elle-même. Cette attraction pour Willow, ce sentiment qui la perturbée, n’était pas un accident. Dans le prisme sexuelle, son curseur n’était peut être finalement pas là où elle s’était placée toute sa vie. Elle était probablement bisexuelle. Un constat intime qu’elle tentait d’accepter avec une certaine sérénité bien qui remettait en question bien des aspects de sa vie.

Seulement voilà, il ne s’agissait pas de Willow ou de Hudson mais de Nelly ! Leur amitié n’avait jamais été polluée par la moindre ambiguïté. Nelly était sa meilleure amie, rien de plus. Et dans le fond, ça ne devrait pas être si grave d’embrasser sa meilleure amie. Après tout, elles avaient déjà partagé des moments de complicité presque aussi intimes. Et peut-être même que si elle s’était portée volontaire à la place de son miroir, adolescente, pour s’entraîner à embrasser, elles en riraient aujourd’hui. Pourtant ce baiser n’avait rien de léger ou d’insouciant. Sans compter la réaction de la blonde par la suite qui venait perturber un peu plus la dentiste. Son comportement, sa moue dégoûtée et ses justifications totalement absurdes… n'avaient aucun sens. Et ses derniers mots achevèrent et firent redescendre Isabella sur terre. Elle sentit une vague de chaleur monter en elle.

Donc si elle comprenait bien, Nelly voulait lui faire croire qu’elle était là seulement pour l’aider en jouant les thérapeutes de conversion improvisées. La prenait-elle pour une conne ? Personne n’embrasse avec une telle intensité juste pour aider. Sa mauvaise foi était insupportable et il n'était pas question de laisser quoique ce soit filer. Elle planta son regard dans celui de son (ex-) amie , réduisant d’un pas la distance entre elles: « Non mais ça va pas la tête ! Il faut être fou pour venir jusqu’ici dans cet état, m’embrasser et prétendre que c’était juste pour me montrer combien c’est “répugnant” d’embrasser une femme… » Elle lâcha un rire sarcastique, secouant légèrement la tête. Elle refusait de lui laisser une porte de sortie. Elle désigna l’intérieur de la maison d’un geste ferme, mais pas brusque. « Entre je ne vais rien te faire. Combien de fois on a partagé un lit sans que rien ne se passe ? Tu n’as rien à craindre. » Puis sur un ton plus sérieux, elle ajouta : « On a besoin de parler parce que si tu penses que tu peux juste m’embrasser, me lancer des absurdités et partir comme si de rien n’était, tu te trompes. Alors, soit tu entres maintenant et on s’explique, soit je te jure que je raconte à tout le monde que tu es venue ici et que tu m’as embrassé ! » Elle n’avait pas envie de se montrer aussi cassante, mais elle savait que Nelly n’écouterait pas autrement. Et puis, elle avait besoin de réponses. « Parce que j'ai du mal à croire que tu y mette autant de cœur, si tu trouves ça répugnant ? »