Voilà plus de deux semaines que tout est planifié dans les moindres détails. Un hôtel quatre étoiles, une suite luxueuse et des restaurants gastronomiques sont au programme. La surprise sera grandiose. Matt l'espère, en tout cas. Il a convaincu Bianca qu'ils pouvaient très bien se voir ailleurs que dans un restaurant le midi. Parce qu'il n'arrive plus à se contenter de ça. Il a besoin de plus. Besoin de pouvoir l'embrasser librement, de la serrer dans ses bras, et même de se réveiller à ses côtés. Il suffit qu'elle fasse garder son fils, et ainsi, ils pourront recouler dans les bras l'un de l'autre, à plus de deux heures de route de Brisbane. La liberté les attend, et Matthew est persuadé que ce sera magique. Il aurait aimé que ça dure tout un week-end, mais Bianca a trouvé une solution que pour le samedi soir. Peut-être est-ce une façon de moins alerter son entourage ? Car faire garder Thomas pour une nuit est moins étrange que pour deux nuits ! Quoiqu'il en soit, ils ont prévu de se retrouver à neuf heures ce samedi matin, pour pouvoir arriver à l'heure du déjeuner à Ballina Est. Ainsi, ils auraient presque un samedi entier pour profiter de leur journée.

Tout enjoué à l'idée de se retrouver enfin plus de vingt-quatre heures avec Bianca, Matthew finalise les derniers préparatifs avec précipitation. Il fait toutefois attention à ne pas faire trop de bruit, pour ne pas réveiller sa cadette, s'évitant ainsi un flot de questions interminables. Perché sur la pointe de ses pieds, Matthew effectue plusieurs vas et viens entre la salle-de-bain et sa chambre. Il termine de compléter sa valise sur son lit avant d'envoyer un message à la brésilienne. Un sourire niais reste figé sur ses lèvres lorsqu'il reçoit la confirmation qu'elle est prête et que Thomas vient d'être déposé chez Isabella.

Depuis qu'ils ont commencé à se fréquenter avec Bianca – sans la moindre étiquette qui les assimilerait à un couple – Matthew se sent épanoui. Après avoir passé des années à se morfondre et à se persuader qu'il ne partagerait plus un pareil bonheur avec qui que ce soit, suite à sa rupture avec Iris, il a aujourd'hui la preuve du contraire. Bianca le rend heureux, même si leur relation doit demeurer secrète. Pour l'heure, Matthew s'en contente et accepte de vivre au jour le jour.

Ses sacs terminés, Matthew s'élance à travers la maison le plus silencieusement possible. Fin prêt à prendre son envole pour rejoindre Bianca au lieu de rendez-vous. Son sourire toujours niais sur le visage et ses pensées toutes tournées vers celle qui l'attend, Matthew n'entend pas les pas plumes dans son dos. Il dépose les valises au sol le temps de déverrouiller la porte d'entrée, lorsqu'au même instant, un raclement de gorge le fait sursauter. Pour un flic, ses réflexes mais surtout son ouïe fine n'ont pas été au rendez-vous. Il n'a rien vu venir ; et certainement pas Ally perchée en haut des escaliers, dans son dos. Après avoir inspiré discrètement, l'ainé se retourne pour faire face à sa cadette au regard suspicieux.

– Tu m'as fait peur ! rit-il bêtement alors qu'il se sent complétement pris sur le fait. Tu as enfin appris à ne plus marcher comme un mammouth, bravo sœurette ! la taquine-t-il avant d'attraper les poignées de ses valises. Pas besoin de les cacher, puisque de là où il se trouve, il arrive à voir qu'Ally les fixe.

Au travail, Matthew peut être un bon menteur. Il joue à merveille la comédie, et précisément le rôle du mauvais flic. Mais dans sa vie intime, et surtout lorsque le sujet est centré sur les Almeida, Matthew a tendance à perdre ses moyens. Il ne sait plus mentir dès que le sujet le touche ou le concerne de près. Surtout à ses proches. Il n'a pas l'habitude de ça, Matt. Lui qui a passé sa vie à se confier à sa fratrie ; voilà qu'il leur cache déjà une immondice : il fréquente la sœur de son ex.

– Fais pas cette tête. Je reviens demain. Tu as de quoi manger dans le frigo et dans le congélateur. Je t'ai préparé quelques plats hier soir.