et si je veux pas parler ?
-- ft @Senàn Fraser  
tw: divorce, mention d'adultère

Ce n'était pas un noeud que Joy avait dans l'estomac, ni une boule, ni un poids.. c'était pire, une sorte d'énormité impossible à décrire. Aucune expression ne permet d'imager cette sensation de lourdeur sur sa tête, son coeur, son corps.. son esprit. Depuis des semaines, c'est une bataille interne qu'elle refuse de perdre. La vérité révélée par le test ADN qu'elle avait fait récemment avec Emery avait mis un coup à son moral déjà instable et Joy ne savait pas quoi faire d'elle même. Elle qui avait tenté de revenir au repas de famille ne pouvait plus voir son père en face. Les messages qu'elle avait partagé avec sa fratrie pendant une période étaient redevenus rares et sa fuite constante se faisait malheureusement remarquée. Mais Joy n'arrivait juste pas à parler avec son entourage. Elle avait confronté Emery bien entendu mais les autres ? qu'était-elle censée dire ? Ah oui désolée je vais retourner dans ma bulle, tout ça m'épuise. le travail c'est plus facile à gérer que les mensonges. Aucun d'entre eux n'était responsable, la seule à pouvoir lui donner les réponses dont elle avait besoin était la femme qui les avait abandonné dans ce divorce il y a plus de 20 ans... La laissant avec la seule connaissance qu'elle ne méritait pas d'être aimée et garder par son modèle, la femme qu'elle avait toujours admiré. La blessure du divorce revenait lui presser le coeur. Comme quoi.. vieillir n'aide pas toujours à guérir.
Assise à la terrasse d'un café en pleine journée, Joy essaie de relire quelques pages d'un rapport post-procès sa concentration étant branlante actuellement. Elle avait beau essayé, elle ne faisait que relire la même phrase plusieurs fois. Tenter de lire d'autres pages n'aidaient pas spécialement. Habituellement, l'avocate aurait choisi de traiter ces dossiers au bar, avec un verre de bourbon ou quelque chose comme ça mais pas aujourd'hui. Il faisait encore bon et surtout, l'alcool n'aidait pas avec ses peines. Elle broyait du noir suffisamment comme ça. « okay Joy.. arrête ça. Concentre toi. » soupire-t-elle, pinça l'arête de son nez avant de lever la tête et regarder autour d'elle. C'est là que ses yeux croisent ceux d'une des rares personnes qu'elle préférerait éviter aujourd'hui. A quelques mètres de là, Senàn semble marcher dans sa direction et l'avocate fronce le nez. S'il l'a vu, elle ne sait pas, mais l'envie de fuir la prend au coeur. Il suffirait qu'elle pousse tout dans son sac et abandonne son café à peine entamé sur la table. Personne ne pourra lui en vouloir.. Mais d'un autre côté, des geste trop brusque risquerait d'attirer l'aîné des Fraser plus qu'autre chose. Elle pince les lèvres et tente de baisser le nez sur ses feuilles en priant. S'il ne l'a pas vu, il passera son chemin.. et tout ira bien. Jusqu'à la prochaine fois.

et si je ne veux pas parler ?

-- ft / @joy king 

C’était une journée plutôt banale, pas qu’il s’en plaigne, Senàn, après avoir passé des journées derrières les barreaux, il avait appris à vraiment apprécier les journées toutes simples. Il faisait le service du soir dans le bar dans lequel il travaillait, alors il pouvait profiter de sa journée en toute tranquillité. Il n’avait pas franchement de plans. Il avait passé une partie de la journée à faire un peu de rangement chez lui. Il avait un côté un peu maniaque qui lui venait des années passées en prison. Et puis, depuis que Leon venait passer du temps chez lui, il tenait à ce que son appartement soit accueillant pour le petit garçon. Alors avoir un appartement rangé et sain, c’était quelque chose d’important pour lui. Parfois, il pensait à Emery et leur discussion et il se disait qu’il pourrait presque faire des tiktok de nettoyage. Ça l’amusait d’y penser, même si évidemment, il ne le ferait pas, puisqu’il n’avait toujours pas compris le délire. Chacun son truc, sans doute, mais il avait autre chose à faire que de se filmer quand il était en train de nettoyer son appartement, Senàn. Perdre du temps pour installer la caméra, régler la lumière, c’était clairement une perte de temps.

Son appartement parfaitement rangé, il était sorti pour courir un peu dehors. Musique sur les oreilles, complètement dans sa bulle, c’était un moment qu’il appréciait, Senàn. L’occasion de se vider la tête, ça faisait toujours beaucoup de bien. Il était rentré pour prendre une douche, se poser un peu et bouquiner, pour finalement ressortir. Il avait quelques courses à faire et les magasins seraient fermés quand il quitterait le travail, autant régler ça avant d’y aller du coup. Il arpentait les rues de Brisbane quand il remarqua sa sœur à la terrasse d’un café. Une partie de lui avait bien envie de prétendre ne pas l’avoir vue. Pas qu’il n’ait pas envie de lui parler. C’était plutôt l’inverse d’après lui. Il était devenu un expert dans l’art de la fuite, Senàn. Alors il savait que c’était exactement ce que faisait Joy ces derniers temps. Il pourrait respecter ça, Senàn, parce qu’il avait été à sa place et qu’il pouvait la comprendre. En même temps, si ses soeurs n’avaient pas étaient présentes pour l’aider à se bouger un peu, il serait sans doute encore au fond du trou. Il ne savait pas ce qu’il s’était passé dans la vie de Joy pour qu’elle se renferme comme ça sur elle, mais ça l’inquiétait, évidemment et s’il pouvait l’aider, alors ce serait dommage de rester en retrait. Il était entré dans le café histoire de se commander un café et une fois sa boisson entre les mains, il s’était approché de la table de la brune. « Hey. » Il lâcha, sourire aux lèvres, parce qu’il était content de la croiser. « Tu attends quelqu’un ou j’peux m’asseoir ? » Il demanda en désignant une des chaises, autour de la table, d’un geste du menton. Il tentait sa chance, le brun, n’allait pas non plus insister des heures si elle ne voulait pas lui parler. Mais qu’elle sache qu’elle pouvait le faire, si elle en avait envie. Il était là pour elle, tout comme la réciproque était vraie, il le savait, Senàn.

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Joy savait très bien qu'éviter sa famille n'était pas une solution pour gérer ses soucis avec son père, sa soeur ou même le fantôme de sa mère. Elle avait passé le plus clair de la dernière décennie à ne pas passer plus de temps qu'il ne fallait avec ses proches, et le résultat des courses étaient là : une déconnexion difficile à régler quand ils finissaient par se voir. Mais ce n'était pas faute de les aimer, elle tenait à chacun d'eux, avec et sans lien biologique. L'avocate ne savait juste pas comment être la soeur qu'ils mériteraient d'avoir. Depuis l'emprisonnement de Senàn, Joy avait perdu sa capacité à être présente pour eux. Ce jour là, elle n'avait pas su comment réagir correctement et les années passant, même si il semblait que son frère lui ait pardonné son absence et son manque de soutien. Et si le reste de la fratrie ne semblait pas lui en vouloir pour son côté Casper, ses retards, ses absences et son manque de réponses à toute forme de communication, Joy restait mal à l'aise quand il s'agissait de leur faire face.
Alors voir Senàn au milieu de la journée, comme ça, alors qu'elle espérait juste travailler en prenant un peu l'air, n'était pas du tout dans ses plans. Joy gardait la tête baissée sur ses papiers en espérant qu'il ne la verrait pas et après quelques secondes sans entendre qui que ce soit, la brune laisse échapper un soupir soulagée. Elle passe les mains dans ses cheveux et se redresse, cherchant dans la rue la figure de son grand frère s'éloigner mais elle ne le voit pas tout de suite. C'est qu'elle se retourne vers ses papiers et se remet à travailler qu'elle entend quelqu'un s'approcher et lève les yeux pour voir Senàn, un café à la main. Joy se mord l'intérieur de la bouche, n'ayant même pas pensé qu'il aurait pu être entré dans le café au lieu de s'en aller. « Hey.. » répond elle avec un demi sourire. Le regarder de plus près lui fait réaliser qu'elle est heureuse de le voir au fond. Il reste une des personnes les plus importantes de sa vie. La question la surprend un peu mais elle apprécie tout de même d'avoir l'option de refuser. Elle regarde la chaise puis son frère et hausse les épaules « Non non.. vas y. Je n'arrive plus à avancer de toute façon. » Elle regarde ses documents et les range en disant doucement « qu'est ce qui t'amène dans le quartier ? » habitait-il par ici ? elle ne se souvient soudain pas vraiment. Où était-elle même ? elle avait pris ses affaires en sortant du bureau et marché en direction du palais de justice, et s'était arrêtée sur le chemin c'est tout ce dont elle se souvenait réellement.. Peut être avait-elle inconsciemment créé cette rencontre en se rapprochant de chez lui ? Pas sûr du tout, mais Joy espérait que son cerveau ne lui jouait pas ce genre de tour. Elle ramasse ses affaires en priant pour qu'ils arrivent à parler sans évoquer ses soucis du moment.

et si je ne veux pas parler ?

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Il n’avait pas prévu de tomber sur sa sœur aujourd’hui, Senàn. Non, il n’avait même rien prévu du tout. Il était juste sorti pour prendre l’air et prendre un café, pour se détendre un peu, avant de devoir aller bosser. Il n’avait eu aucun plan derrière la tête, c’était le hasard qui l’avait mené jusqu’à Joy. Mais maintenant qu’il l’avait vue, assise à ce café, il se disait qu’il ne pouvait pas juste l’ignorer. Il s’interrogeait pas mal sur son comportement, ces derniers temps. Il savait qu’elle était très attachée à son boulot et qu’elle y consacrait beaucoup de son temps libre, mais il avait l’impression qu’elle fuyait les réunions de famille, encore plus que lui, ces derniers temps. Il pouvait comprendre, il était mal placé pour juger, parce que même s’il faisait de plus en plus d’efforts, il y avait toujours des moments où il se renfermé sur lui-même, incapable de se motiver à rejoindre les autres. C’était justement parce qu’il était le premier à fuir, qu’il savait reconnaître ce genre de comportement. Il avait tendance à penser qu’on ne fuyait pas sans raison. Quelque chose avait changé dans le comportement de Joy. Quelque chose avait dû changer dans sa vie et même s’il n’avait pas envie d’être intrusif, il ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter pour elle.

Alors, non, il n’avait pas pu l’ignorer, en la voyant dans ce café. Il avait voulu s’assurer que tout allait bien pour elle, essayer de comprendre ce qui la poussait à fuir le reste de la famille. Il pouvait être une oreille attentive en cas de besoin, le brun. Pas du genre à juger les autres, ce serait sacrément ironique de sa part, de toute évidence. Alors, il était allé vers elle, une fois son café dans les mains. Puisqu’elle n’attendait personne, il s’installa sur la chaise en face d’elle, alors qu’elle rangeait les documents sur lesquels elle était en train de bosser. Au moins, elle était toujours fidèle à certaines de ses habitudes : addict à son travail. Tant mieux, si elle se sentait épanouie dedans, c’était le plus important. « J’avais quelques courses à faire et j’aime bien ce café, alors j’me suis dit que j’allais  m’arrêter ici avant le boulot. » Il haussa les épaules pour conclure son explication. Il ne travaillait que le soir, il avait encore un peu de temps devant lui, alors autant se faire plaisir en s'arrêtant dans un lieu qu’il appréciait. « Et toi ? Tu es pas assez bien installée au bureau ? » Il demanda, sur le ton de la plaisanterie. Ça devait faire du bien de le quitter un peu le bureau, alors ça devait être sympa de venir bosser un peu ailleurs, de temps en temps. « Toujours autant de boulot ? » Il demanda, parce qu’il la connaissait bien et parce que ça pourrait lui servir pour amorcer un peu les questions qu’il avait au fond de son crâne. Il fallait bien commencer par quelque chose et autant éviter de mettre trop vite les pieds dans le plat.

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Elle n'avait pas envie de parler, et en même temps son esprit était si embrumée par les dernières semaines que Joy savait qu'il allait falloir... elle avait été jusqu'à voir un psy. UN PSY. Quasi 20 ans dans le déni et soudain elle tentait la thérapie ? génial... fichu test ADN. Elle ne savait même plus comment regarder ses frères et soeurs dans les yeux avec ces histoires. Une partie d'elle même -pas l'avocate, l'autre- crevait d'envie d'aller demander à Andrew de trouver où vivait sa mère pour qu'elle puisse lui demander des comptes. L'autre partie -la plus rationnelle et sûrement traumatisée- voulait oublier cette histoire, la mettre dans une boîte et la laisser prendre la poussière dans un coin de sa tête. Mais c'était impossible. Les deux options n'étaient pas envisageables. Alors l'avocate travaillait pour s'occuper l'esprit... quand elle y arrivait. Ce qui n'était pas si simple, la preuve à son agacement quand sa relecture de ses documents de travail se fait de plus en plus difficile. Elle pince les lèvres et se pince l'arête du nez avant de lever les yeux et croiser le regard de Senàn. Shit. Elle baisse le regard, sûr qu'il l'a vu, qu'ils se sont vus... Elle ne va pas l'ignorer..si ? elle ne peut pas. Elle ne devrait pas. Quand elle l'entend, elle réalise qu'il a pas voulu jouer la carte de "on s'ignore" et elle décide d'offrir un pale sourire à son frère alors qu'il s'installe à ses côtés.  Elle pose la première question qui lui passe par la tête, la vérité c'est qu'elle est souvent un peu à côté de la plaque, elle en a conscience... mais elle devrait savoir au moins ça. Elle ose croire qu'il comprendra. Il n'a pas l'air de lui en vouloir et Joy le regarde un instant avant de ranger ses affaires, ayant conscience qu'elle doit de toute façon abandonner l'idée de travailler pour l'instant. « c'est un endroit agréable pour ça. » Elle pose ensuite les coudes sur la table, le menton entre ses mains liées alors qu'elle l'écoute, ne sachant pas trop quoi répondre « hm... j'avais besoin d'air je crois. » elle hausse un peu les épaules. Son spot habituel quand elle évitait le bureau et les gens qui n'arrêtaient pas d'appeler ou de l'interrompre, c'était le O'Connor. Mais aujourd'hui elle voulait être un peu plus tranquille, plus... à l'air libre. « Toujours. Tu sais que je vis pour ça. » une goutte de sarcasme dans son propre ton la surprend mais elle ne fait pas plus de remarques. « pourquoi tu t'es vraiment arrêté ? » elle se redresse dans sa chaise, croisant les bras en scrutant son "grand" frère. Elle sait qu'en temps normal il n'aurait dit que bonjour, ne se serait pas assit. Pas qu'ils n'étaient pas proches, mais comme le reste de la famille, Senàn savait que quand elle bossait, elle bossait. Ils étaient rarement du genre à l'interrompre « ou est-ce juste la chance qui nous rejoint ? » elle détestait soupçonner le pire, surtout de la part des gens qu'elle aime. Mais Joy était méfiante de nature, si ce n'est de naissance.

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Sortir de chez lui ne lui faisait pas de mal. Il avait besoin de prendre l’air avant d’aller s’enfermer au bar. Il n’avait pas pensé qu’il allait croiser sa sœur en allant chercher un café. Il aurait pu prendre son café, la saluer et s’en aller. Rien ne l’obligeait à s’arrêter à sa table pour discuter avec elle, d’autant plus qu’elle était en train de travailler et que lui il avait encore ses courses à faire avant d’aller lui-même bosser. Mais ça faisait un moment qu’il n’avait plus de nouvelles de Joy. Il se demandait ce qu’il pouvait bien se passer dans sa vie pour qu’elle disparaisse ainsi. Il était bien placé pour savoir que lorsqu’on cessait ainsi de donner des nouvelles, de venir aux réunions de famille, c’était qu’il y avait quelque chose qui clochait. Il en savait quelque chose Senàn, puisque c’était exactement comme ça qu’il avait agit lorsqu’il était sorti de prison. Il s’était renfermé sur lui-même, n’avait pas voulu parler avec les autres, préférait tout garder pour lui, y compris l'existence de Leon. Il lui avait fallu du temps pour oser en parler, d’abord à ses sœurs, puis au reste de la famille, alors il ne devrait sans doute pas juger Joy pour sa façon de gérer les choses.

Dans le fond, ce n’était pas du jugement, parce qu’il comprenait parfaitement la situation. Mais il se serait senti bien égoïste s’il s’était contenté de tracer sa route sans faire attention à sa sœur. Même si elle n’avait pas envie de lui parler de ce qui la tracassait, ça lui faisait plaisir de la voir, de toute façon. « Ouais, c’est sympa. » Il commenta, concernant ce café. C’était un coin qu’il aimait bien Senàn, alors ce n’était pas très rare qu’il vienne traîner un peu dans le coin. « Je peux comprendre. » Même si lui, n’avait pas été en train de travailler, il avait eu ce même besoin de prendre l’air. Il faisait beau, alors autant en profiter. Lui, il estimait avoir passé suffisamment de temps enfermé quand il avait été en prison, pour recommencer maintenant qu’il était libre. Il lâcha un léger rire suite à sa remarque. Oh oui, il savait que sa sœur ne vivait que pour son travail. Un choix qu’il respectait, tant qu’elle était heureuse, c’était ce qui comptait. Il haussa les épaules, suite à sa question. « Je t’ai vue, ça aurait pas été très sympa de passer mon chemin sans venir te parler un peu. » Il aurait pu juste échanger quelques mots avec elle et filer, cela dit. « On a pas beaucoup de nouvelles de toi ces derniers temps, alors je suis venu en chercher. » Il était honnête avec elle, l’absence de nouvelles était un peu inquiétante, alors puisqu’il en avait la chance en la croisant dans ce café, autant en profiter. « Mais ça reste la chance promis, je ne te stalke pas. » Il précisa dans un léger ricanement. Il serait passé un peu plus tôt ou un peu plus tard, il ne l’aurait peut-être pas croisée. Mais puisqu’ils étaient là tous les deux, réunis par le hasard, autant en profiter pour prendre des nouvelles. C’était ainsi qu’il voyait les choses, Senàn, en tout cas.

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Ce n'est pas très juste de la part de l'avocate d'afficher si ouvertement qu'elle n'est pas particulièrement heureuse de voir son frère mais Joy n'a jamais été bonne pour mentir. Enfin, pour tourner la vérité dans son sens oui mais pas mentir. Adulte comme enfant, on pouvait lire sur son visage son animosité, son agacement, sa fatigue, son jugement, sa colère, assez facilement. Bien sûr, il avait des émotions plus sympas à lire sur ses traits mais cve n'était pas spécialement dans ses habitudes d'afficher une mine légère. La brune avait tendance à se laisser happer par d'autres contrariétés plus aisément qu'à sourire à la vie. C'était ainsi depuis si longtemps qu'elle avait abandonné l'idée de se dérider un jour. « je vois.. » dit-elle doucement alors qu'il affirme n'avoir pas voulu passer sans dire bonjour. C'est logique en soi, et elle ne lui en veut pas d'être attentif à elle. Elle l'aime pour ça.. elle n'a juste pas les mots pour expliquer ce qui la torture actuellement donc Joy ne sait pas trop ce qui peut ressortir de bon de cette conversation. « je n'ai pas grand chose à te dire. La vie habituelle, le travail et mon humeur peut.. ouverte à des réunions de famille ou autre. je ne sais pas quoi vous dire alors autant me taire. » est-ce que l'excuse est bonne ? pas forcément. Mais elle ne sait pas comment expliquer qu'elle ne veut pas les voir parce qu'elle ne sait pas comment les regarder en face sans être rongé par la peine ? La brune boit un peu de son café qui refroidit puis pose ses yeux sur les passants, parlant doucement « je me suis à nouveau embrouillée avec papa et j'hésite à prendre un ou deux jours pour trouver son ex-femme et aller lui parler. Je n'ai pas envie que vous vous en mêliez. » Joy regarde son frère à nouveau, l'expression vide « et si j'en parle avec vous, vous allez vouloir comprendre, et je n'ai pas envie de m'expliquer. Je suis fatiguée. »

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La famille, c’était précieux. Il l’avait compris un peu tard, Senàn. Sans doute parce qu’il avait eu du mal à accepter que la famille puisse exister sans son père. Il avait été l’un des deux piliers des Fraser. Son pilier à lui, même s’il aimait sa mère, Senàn, il avait toujours été très proche de son père. Et sans lui, la famille n’avait plus vraiment de sens. Ça avait été pire quand sa mère avait choisi de partir pour l’Australie. Il s’était senti déraciné et encore plus loin de l’homme qui avait été son modèle. Il avait rejeté le nouveau compagnon de sa mère avec force, et avait mis du temps avant d’accepter de laisser une place à ses filles dans sa vie. Ouais, pendant des années il n’avait pas été capable d’admettre que les Fraser-King étaient sa famille. Il avait été horrible avec eux. L’adolescent en pleine crise qui ne mesurait pas la puissance de ses mots et de ses actions, ni les conséquences qu’ils pouvaient avoir sur les autres. Il avait été mal dans sa peau, mais ce n’était pas vraiment une excuse. Aujourd’hui, il regrettait d’avoir mis autant de temps à comprendre qu’ils étaient une famille et que la famille, c’était important.

Il ne savait pas ce que traversait Joy, aujourd’hui, mais il avait l’impression qu’elle était comme lui quand il avait été adolescent ; ou comme lui, quelques années plus tôt, quand il était sorti de prison. Il la sentait perdue. C’était une femme forte qui se raccrochait beaucoup à son travail et pouvait aisément prétendre en avoir beaucoup trop sur les bras pour avoir le temps pour autre chose. Mais il sentait bien, Senàn, qu’il y avait autre chose, derrière la façon dont elle prenait la fuite. Parce que ses absences répétées étaient trop brutales, comme si d’un coup, elle n’avait plus envie de venir. Il ne savait pas s’il pouvait l’aider, Senàn, mais il pouvait au moins essayer et à défaut, lui faire comprendre qu’il était là, si elle en avait besoin. Tout comme Neasa, Emery et elle avaient été là quand lui aussi, il avait été perdu. « Je comprends, parfois on a juste pas envie de parler aux autres parce qu’on a l’impression de pas être dans le même mood qu’eux. » Il le savait très bien. Les réunions de famille où ils se racontaient leurs vies, quand lui il sortait de prison, ça avait été compliqué. Ouais difficile de placer un “moi en prison, je faisais tel ou tel truc” y avait de quoi casser l’ambiance. Alors se taire avait été plus simple. « Désolé pour toi. » Il soupira. Désolé aussi pour son père, décidément, il était abonné aux embrouilles. Avec lui, quand il avait été adolescent, ça avait été constant. « Je pense que si on a envie de comprendre, c’est surtout pour pouvoir t’aider. » Pas pour la saouler, pas pour la juger, juste pour l’aider. « Mais jsais aussi ce que ça fait d’avoir besoin de temps pour digérer tout ce qui nous tracasse et d’avoir l’impression qu’on nous met la pression pour qu’on en parle. » Oh oui, il connaissait très bien ça et à la longue c’était juste énervant. « Alors si tu as pas envie de parler, je comprends. Mais si un jour tu en as l’envie ou le besoin, je serais là. » Pas de pression, juste une main tendue, au moment où elle en aurait besoin. Parce qu’il comprenait, peut-être mieux que personne ce besoin qu’elle avait de garder ça pour elle. Il avait été à sa place, y a pas si longtemps que ça.

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-- ft @Senàn Fraser  
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Joy n'apprécie pas d'envoyer chier, en sous titre, son frère mais à ce stade elle n'a pas d'autres options. Ou plutôt, elle ne sait pas trop comment faire à part comme ça. Elle adorerait pouvoir vider son sac, tout raconter, demander de l'aide, demander des conseils et même qu'on l'accompagne voir la femme qui lui a donné naissance avant de littéralement l'abandonner dans le divorce... enfin elle et Emy. Elle n'oublie pas sa soeur sûrement aussi dévastée à l'époque qu'aujourd'hui. Bordel Joy se pince l'arête du nez en expliquant à demi mot à Senàn où est le problème et qui elle va devoir confronter pour pouvoir gérer tout ça. Elle ne sait pas si elle doit rentrer dans le lard de l'un, de l'autre, d'aucun... avoir de la compassion pour l'un et de la haine pour l'autre ? les oublier tous les deux ? elle n'a même pas réussi à bien parler avec son père. Il y a toujours eu un truc entre eux,  trop semblables et trop différents, au point de ne jamais réussir à se parler sans se prendre la tête. Même quand tout allait bien ils finissaient pas s'emporter. Comme si leur langue à eux c'était ça.. l'agacement. « le truc c'est que vous voulez aider mais j'ai pas besoin d'aide. » son ton n'est pas dur mais son regard est fatigué, juste fatigué. « je comprends.. vraiment. Mais je déteste que vous ayez envie d'aider alors que j'ai juste besoin d'hurler un coup puis passer au problème suivant » elle tente de boire une gorgée de son café mais grimace en sentant que celui ci est devenu trop froid pour être buvable. « et puis je ne peux de toute façon pas juste en parler comme ça, Papa a son mot à dire mais surtout Emery vu que ça la concerne et que je ne suis pas du genre à parler dans son dos. » c'est d'ailleurs pour ça qu'elle n'avait toujours pas sauté le pas et cherché leur mère. Elle avait l'impression qu'elle trahirait en partie sa soeur en faisant ça. Joy passe une main sur son visage puis ses cheveux et soupire doucement « bref tout ça pour dire... un jour peut être mais pas aujourd'hui. Si tu veux qu'on parle, .. égaye un peu la conversation. Parle moi de ta vie, ton fils.. mais je ne dirai rien. Je n'ai plus rien que de l'agacement et peu de patience en moi et tu mérites un peu mieux que ma mauvaise humeur » surtout après des années à supporter celle-ci. D'abord son silence pendant qu'il était en prison, puis son absence depuis qu'il est sorti car Joy se rend si peu disponible pour.. tout. Si ce n'était pas pour le travail, autant prier pour avoir un jour un retour.

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Il n’avait sans doute jamais rien eu du fils idéal, Senàn. Peut-être quand il avait été gamin, à la limite, mais après le décès de son père, il avait bien conscience qu’il était devenu un sale môme. Probablement à peine supportable. Sa mère et son beau-père avaient tenu le coup malgré tout. Parfois, il se demandait même pourquoi est-ce que son beau-père avait fait autant d’efforts alors qu’il n’était pas son véritable père et que Senàn avait passé un temps fou à le lui rappeler. Il avait eu du mal à se faire une place dans cette nouvelle famille, le brun. Ça lui avait pris plusieurs années et une overdose pour réaliser qu’il n’était pas complètement seul et qu’il pouvait compter sur eux. Aujourd’hui, ça allait mieux, même si le passage en prison avait, de nouveau, compliqué les choses. Il avait encore eu du mal à leur faire confiance après son séjour en prison, après avoir perdu Martha. Alors, sans doute qu’il était bien placé pour comprendre Joy aujourd’hui. Avoir du mal à communiquer avec les autres, peiner à se confier, c’était son quotidien depuis qu’il était tout petit. Il savait aussi que forcer les autres à parler n’était jamais la bonne solution.

Alors il comprenait et respectait son point de vue. Il n’allait pas passer des heures à essayer de lui tirer les vers du nez. Ce serait une perte de temps et ce serait agréable pour personne, alors autant éviter. « On pense toujours ça, Joy. J’vais pas chercher à te faire parler si tu en a pas envie. Mais sache juste qu’on est là. » Il haussa les épaules. Qu’elle en ait conscience au moins et qu’elle n’ait pas besoin de passer par la case dépression, addiction puis overdose avant de comprendre qu’elle pouvait compter sur le reste de la famille. Il n’était clairement pas un exemple à suivre, après tout. « hm, des affaires King alors. » Il commenta dans un nouvel haussement d’épaules, signe qu’il allait se contenter de ça. Il n’était pas un King après tout. Il avait passé tellement temps à le répéter pendant son adolescence, que ce serait hypocrite de prétendre le contraire aujourd’hui. « Comme tu veux. » Il conclut simplement en attrapant sa tasse de café pour en avaler une gorgée. « Leon va bien. Je passe beaucoup de temps avec lui maintenant. Je crois qu’on arrive à s’acclimater à ce truc de co-parenting, avec Lis. » Elle lui avait dit de parler de lui ou de son fils. Si ça pouvait l’aider à se défaire de sa mauvaise humeur, alors voilà, il en parlait. Après tout, il voulait l’aider et si ça, ça pouvait aider un petit peu, alors autant en profiter.

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Elle ne disait rien et en même temps ne révélait-elle pas des détails que Senàn, pas si bête, pourrait aisément comprendre ? Le sujet du divorce et ses conséquences sur l'équilibre familiale des King, n'était pas du tout un secret. Même si personne ne l'adressait vraiment, favorisant la bonne entente entre les enfants fraser-king, il n'y avait pas de doute sur les rancunes possibles que Emery et Joy pouvaient avoir vis à vis de leur mère aux abonnés absents depuis plus d'une quinzaine d'années. Bien sûr, il est toujours plus agréable de se concentrer sur ce qui se passe bien. Mais Joy aurait menti si elle avait dit que cela ne continuait pas de l'embarrasser régulièrement de penser à combien sa vie aurait été différente si sa mère avait été honnête.. présente.. aimante. Deux destinées complètement différentes se seraient dessinées.
Elle n'en parle néanmoins pas et tente de garder la tête sur les épaules et le visage ouvert -pas aujourd'hui mais le reste du temps- même quand son coeur est sous verrou, pour sa famille. Pour ceux qui sont là. Parce qu'on peut blâmer les absents mais pas détester les présents. « Merci pour ta compréhension.. hm.. oui une histoire de King » elle passe une main dans ses cheveux en soupirant, n'aimant pas spécialement donner l'impression qu'ils sont toujours deux parties d'une famille qui n'est pas totalement unies.. Enfin. Ils n'allaient pas tous changer de patronyme juste pour donner une impression de symbiose. A leurs ages ça ne sert à rien. La famille c'est dans la tête et le coeur, pas dans les papiers ou le sang. « cela continue de me surprendre et me fasciner.. l'idée de Senàn Fraser, père. » dit-elle sans jugement, un léger sourire pointant au bord de ses lèvres alors qu'elle regarde son frère. « tu as des photos ? faudra que tu nous fasses une liste pour Noël.. je ne sais pas ce que ça veut un petit garçon de.. 4 ans ? » quelle tante pitoyable elle fait quand même, pas savoir l'âge de son présumé neveu. C'est qu'elle ne l'a pas beaucoup vu. Et même si elle l'a vu bah le résultat est là, elle ne s'est pas impliquée. Comme dans beaucoup d'affaires familiales... aurait-elle pu apprendre la vérité sur Emery avant aujourd'hui si elle avait été plus ..là ? « et avec Lis, personnellement, ça va ? » pas que la vie sentimentale et amoureuse de son frère soit trop son problème. Mais elle n'avait pas envie d'avoir l'air d'éviter le sujet ou de s'arrêter à ça va ? oui et toi ? ça va.

et si je ne veux pas parler ?

-- ft / @joy king 

Les histoires de famille étaient rarement les plus faciles à gérer. Il en savait quelque chose, Senàn, puisqu’il avait  été à l’origine de nombreuses histoires au sein de la sienne. Il ne savait même pas comme sa mère et son beau-père avaient eu assez de patience pour gérer tout ça. Il savait en tout cas que parler n’était pas toujours facile et que d’essayer de tirer les vers du nez à quelqu’un n’ayant pas envie de parler ce n’était jamais la bonne chose à faire. Alors, si Joy n’avait pas envie de parler de ce qui la tracassait, il respectait son choix. Mais si à un moment, elle en avait l’envie et le besoin, il voulait qu’elle sache que lui, il  serait là pour elle. Ils n’avaient pas le même sang, ni le même nom, mais elle était sa sœur. Même si ça lui avait demandé une éternité, à lui, de l’accepter comme telle. « Bonne chance avec ça, en tout cas. » Il ajouta, pour conclure un peu cette histoire. Puisqu’elle n’était pas prête à en parler pour le moment, alors, il pouvait au moins l’encourager et lui offrir un soutien, même distant. Il espérait que ça allait s’arranger pour elle et pour son père, puisqu’il  semblait être lié aussi à cette histoire. Emery aussi, peut-être ? Il ne savait pas et n’avait pas l’intention d’insister davantage.

Leon était une bonne distraction, un  moyen de parler d’autre chose et peut-être de passer un  bon moment en compagnie de sa sœur, quand bien même cette rencontre entre eux deux était le fruit du hasard. « Ouais, c’est pas le genre de truc auquel on pouvait s’attendre. » Il répliqua, suite à la remarque de Joy. Lui, le premier, il n’ s’y attendait pas. Si les choses avaient été différentes, si Martha était toujours là, s’il n’avait pas passé plusieurs années de sa vie en prison, peut-être que ça aurait été moins surprenant. Mais là, les choses ne s’étaient pas goupillées de telle sorte à ce qu’il devienne père et pourtant, il avait un fils à présent. « Ouais, quatre ans. » Il confirma l’âge de son fils. Quatre ans, c’était étrange quand même. « J’ai toujours des photos, j’ai l’impression de m’être transformé en un vrai paparazzi. » Il ricana, alors qu’il attrapait son téléphone pour en montrer quelques-uns à Joy. Sa galerie était pleine de photos de son fils. « L’avantage, c’est qu’à quatre ans, ils ne sont pas très exigeants, donc ça devrait être assez facile de trouver. » Un jouet, une peluche,  tout faisait l’affaire à cet âge-là. Le plus dur, c’était sans doute de trouver quelque chose qu’il n’avait pas  déjà. Alors il verrait avec Lis pour la faire, cette liste, histoire d’éviter les potentiels doublons. Il haussa les épaules suite à la question de la brune. « Oui ça va. J’ai peur de lui avoir mis un râteau, involontairement, mais ça va. » Il avait bien l’impression d’avoir fait une bourde avec elle, récemment, mais bon, elle ne semblait pas trop lui en vouloir Lis, c’était déjà ça.