@Matthew Hurley
tw : harcèlement

Ça a commencé doucement, sans anomalie. Un commentaire sous chaque nouveau post, rien de méchant. Un like par-ci, par-là. Sur les photos, sur les stories. Et puis il y a eu les messages. Là aussi, ils étaient discrets, étalés. Jusqu’au jour où ils sont devenus réguliers. Le pseudonyme et la photo qui ne montre rien d’autre qu’un paysage sont devenus familiers, mais aussi synonyme de gêne. Iris a fini par bloquer son interlocuteur, désireuse de ne pas sentir de boule se former dans son ventre dès qu’elle ouvrait les réseaux sociaux ou qu’une notification venait faire tinter son téléphone. Mais l’inconnu est revenu. Il s’est écoulé une semaine avant qu’un autre pseudonyme la suive, like, commente, revienne dans sa vie. Toujours pas de photo, pas d’indice. Elle a fait de son mieux pour prendre du recul, Iris. Pour se dire que ce n’est pas important. Des détraqués qui se contentent de rester derrière leur écran sans jamais franchir le pas, il y en a des tonnes. Mais un soir, un énième message l’a poussé à le bloquer. Le lendemain, un autre compte était créé et le manège reprenait. C’est là qu’elle a commencé à se poser des questions. Là qu’elle a alerté Ally, là qu’elle a décidé de suivre ses conseils en se rendant au commissariat, téléphone dans la poche.

Elle espère que son sauveur s’y trouvera. Matthew. Ex-petit-ami de son état, mais surtout flic en mesure de l’aider. Du moins, elle l’espère. Parce qu’elle flippe, Iris. Plus qu’elle n’a osé l’admettre à son amie. Et elle se connaît. Si elle ne fait rien, sa paranoïa finira par faire le boulot à sa place. Elle commencera à rêver d’une nouvelle saison de You dans laquelle elle jouerait le rôle principale sans rien avoir demandé. Jouer sur Netflix, c’est ok. Se faire trucider par un timbré, c’est non. Dans cette drôle d’ambiance, Matthew est rassurant. Ancre à laquelle elle a envie de s’accrocher aussi fort que possible.

Accueillie par l’agent chargé de répartir les arrivants dans les services adéquats, Iris demande à rencontrer l’inspecteur Hurley. On l’interroge. A-t-elle rendez-vous ? Comment s’appelle-t-elle ? Elle sort son jeu d’actrice, Iris. Comédienne qui ne brille pas sur les planches, menteuse qui s’en sort mieux dans la réalité. Elle prétend être une amie, qu’il est au courant de sa venue.

– Je vais voir s’il peut vous recevoir.

Mais elle ne peut pas essuyer un refus, Iris. Elle ne peut pas retourner chez elle sans réponse, sans conseil. Elle a besoin qu’on l’aide. Et l’idée d’attendre son ex à la sortie du poste ne la séduit pas tellement. Alors elle y va au culot. Elle suit l’agent, qui tente de lui rappeler qu’elle doit rester dans la zone d’attente mais qui lâche l’affaire quand il constate qu’elle n’obéit pas et qu’elle continue de lui suivre à travers le couloir.

– Restez ici.

Cette fois-ci, elle ne discute pas l’ordre. Elle reste derrière, tandis qu’il frappe à la porte du bureau et passe une tête. De sa place, Iris ne peut pas voir Matthew. Tout ce qu’elle peut faire, c’est espérer qu’il jouera le jeu ou du moins, qu’il acceptera de l’écouter.

– Désolé de vous déranger. Il y a une Mrs. Almeida qui voudrait vous voir.
– …Bianca Almeida ?

La réponse vient avec quelques secondes de retard. Ce ne serait pas important, si ce n’était pas Iris derrière la porte. Pourquoi Matthew s’attendrait-il à voir sa sœur ? A-t-elle des problèmes, elle aussi ? Non, ça ne colle pas. Non pas que Bianca puisse avoir des soucis, mais plutôt qu’elle choisisse d’en parler à Matthew. Aux dernières nouvelles, ils ne s’apprécient pas. Elle n’a d’ailleurs pas bronché plus que cela lorsqu’elles ont parlé de lui, il y a quelques mois. Quoi que. Elle lui a tout de même posé quelques questions. La grande blonde a les sourcils froncés quand l’agent s’écarte et l’incite à rentrer dans le bureau. Elle n’a même pas fait attention à ce qu’ils se sont dits, Matthew et lui. Elle rentre comme un robot, avant de poser les yeux sur son ex.

– Tu attendais Bianca ?, demande-t-elle de but en blanc, soudainement plus préoccupée par cela que par la raison qui l’a poussée à venir jusqu’au poste.

@Iris Almeida & @Matthew Hurley
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En ce moment, la vie a tendance à jouer des mauvais tours à Matthew. Ça a commencé par le crevage d'un pneu alors qu'il se rendait sur son lieu de travail ce matin. Par chance, Matt part toujours plus tôt que prévu, ce qui lui a laissé suffisamment de temps pour installer une roue de secours sur sa camionnette avant de reprendre la route. Puis, il y a eu ensuite cette scène durant sa pause de midi. Un sketch qui a fait rire une partie de ses collègues présents, même les simples officiers. Son plateau repas s'est déversé sur l'entièreté de son uniforme. Matt ignore encore comment il s'y est pris. Tout ce qu'il retient et revoit de cette scène, c'est qu'en voulant couper sa viande, son plateau s'est renversé et s'est étalé sur sa chemise et son pantalon tactique. Le coup de grâce ? Découvrir que ses uniformes de rechange n'ont pas été lavés et devoir rester dans cette tenue lamentable toute la journée. Il n'a pas accepté Matt. Trop ronchon depuis ce matin, il a laissé tomber l'uniforme au profit de ses vêtements de tous les jours. Il termine à peine d'enfiler son T-shirt blanc lambda et son treillis noir, puis d'accrocher son ceinturon autour de sa taille qu'il est interpellé dans sa radio portable. Le suspect recherché a été appréhender et sera conduit au poste de police d'ici une bonne heure. Il enfile son gilet puis attache son insigne à sa ceinture en quittant les vestiaires afin de rejoindre à grandes enjambées son bureau. En tant qu'inspecteur en charge de l'homicide, ce sera à Matt d'interroger le suspect. Si une cigarette s'impose pour canaliser la colère qui demeure présente en lui, Matt décide d'abandonner l'idée pour se concentrer sur son travail. Tasse de café en main, l'inspecteur relit ses conclusions quant à l'affaire avant l'arrivée de l'homme à interroger.

Des coups se font entendre contre sa porte. Un coup d'œil à sa montre lui confirme que le suspect ne doit pas encore être arrivé. Concentré à sa tâche, Matthew pensait se faire interrompre uniquement par l'arrivée du suspect, mais c'est finalement l'officier en charge de l'accueil du public qui l'extirpe hors de son travail. L'inspecteur Hurley s'apprête à le mettre à la porte – moins gentiment qu'il le voudrait puisqu'il est d'une humeur massacrante. Mais l'officier lui explique rapidement la raison de sa présence ici.

– Désolé de vous déranger. Il y a une Mrs. Almeida qui voudrait vous voir.
– En effet, vous me déranger, lui fait savoir l'inspecteur, puisque la règle est claire : quand sa porte est fermée, personne hormis son équipe ne peut venir le déranger. Pourtant, l'annonce faite par l'officier d'accueil l'interroge, le surprend même tellement que Matt délaisse son travail au profit de l'autre homme. Bianca Almeida ? demande-t-il en fermant le dossier sous ses yeux.

Il y a quelques jours de cela, l'apparition de Bianca devant la porte de sa maison a été surprenante, impensable même, surtout le soir de son anniversaire. Matthew ne pensait pour autant pas la revoir d'aussitôt, leur échange ayant pourtant été plus constructif que les précédents. Mais elle ne lui a pas écrit ; et inversement. Leur "relation" le questionne trop, Matt. Il ne comprend pas comment ils ont pu en arriver là. D'autant qu'il revient à peine de vacances, et a donc énormément de travail. Dans ces cas-là, Matthew a tendance à mettre de côté sa vie personnelle, au profit de nombreuses heures supplémentaires.

Alors que ses méninges fusionnent, ses interrogations prennent immédiatement fin quand ce n'est pas Bianca qui déboule dans son bureau, mais Iris. Son ex. Ses sourcils se froncent d'un geste très bref, puisque Matthew se sent immédiatement pris au piège. D'un geste involontaire, il se jette en arrière contre le dossier de sa chaise roulante, tandis que Iris le questionne sur Bianca. Son cœur s'emballe, comme le ferait celui d'un gamin pris la main dans le sac après une énorme bêtise. Car c'est justement ce qu'il se passe. Iris vient de le prendre au dépourvu, elle a peut-être même compris qu'il se passe quelque chose ? Matt panique. Parce que s'il y a bien quelque chose qui doit demeurer secrète, c'est sa semblable de relation avec Bianca. Leurs conneries. Leurs horribles et écœurantes conneries. L'inspecteur déglutit alors qu'il fait signe à l'officier de déguerpir de son bureau. L'autre s'exécute sans demander son reste. Ce n'est qu'une fois seul que Matthew se relève pour contourner son bureau et venir faire face à Iris, les bras croisés contre son torse.

– Ouaip. Enfin, pas ici. Chez moi. Je l'ai vu l'autre jour chez ta mère et elle a embarqué sans faire exprès mon portefeuille qui devait trainer sur le guéridon, essaye-t-il de se montrer convainquant tandis que sa tachycardie s'empire à mesure qu'il se rapproche de son ex. Il ne remarque pas qu'il balbutie et déglutit à plusieurs reprises entre ses phrases. Le mensonge, ça n'a jamais été son truc à Matt.  

Ce n'est qu'une fois à sa hauteur qu'il remarque être venu jusqu'à elle, et qu'il se demande ce qu'il fout là. Tel un aimant, Matthew n'a contrôlé aucun geste et s'est senti forcé de laisser ses jambes le guider jusqu'à elle. C'est donc un, puis deux, pas en arrière qu'il réalise alors qu'il garde serrer contre lui ses bras croisés.

– Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? lui demande rapidement l'inspecteur, histoire qu'elle oublie l'excuse qu'il vient de lui balancer quelques secondes plus tôt.

Comme quoi, la vie a décidé de se moquer de lui aujourd'hui. Entre le pneu, le plateau, voilà maintenant que le pire arrive. Les sœurs Almeida continuent de lui jouer des vilains tours ; l'emprise demeure.

@Matthew Hurley
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C’est simple : pour Iris, il est impensable que Matthew ait pu s'attendre à une visite de Bianca. Ils ne s’aiment pas, sont plus souvent en désaccord qu’en accord sur la quasi-totalité des choses de la vie. Ils ne se voyaient déjà pas beaucoup quand Iris fréquentait Matthew alors pourquoi se verraient-ils maintenant ? Certes, Isabella est restée proche de son ancien beau-fils. Mais Iris continue à avoir du mal à imaginer Bianca se mettre volontairement à table avec lui et leur mère, surtout en comparaison avec la difficulté avec laquelle elle s’est habituée à la présence de sa propre petite sœur. En somme, ça ne colle pas. Quelque chose ne tourne pas rond. Alors elle tente de comprendre, Iris. Elle observe Matthew, remarque qu’il n’est pas à l’aise. Il balbutie comme un enfant qui se cherche une excuse. Si elle admet volontiers qu’elle ne le connaît plus aussi bien qu’avant et que son ex-petit-ami a changé depuis leur rupture, elle sait reconnaître un mauvais menteur et ça n'a jamais été un point fort du flic. Matthew s’attendait à voir Bianca pour une autre raison que celle qu’il vient de lui exprimer – voire même d’inventer. Iris en est sûre. En revanche, elle n’est pas fichue de comprendre pourquoi il lui cacherait quelque chose, ni même ce que cette chose pourrait être.

– Bianca devait venir chez toi ?, répète-t-elle alors que son ex marque quelques pas de recul.

Oh elle n’a pas oublié qu’elle n’était pas venue ici pour parler de sa sœur. L’objet de ses préoccupations est tapi dans un coin de son esprit. Elle choisit de le mettre de côté, prête à en discuter plus tard parce qu’après tout, elle est en sécurité dans un poste de police, aucun stalker ne peut l’atteindre ici. Pour l’heure, c’est cette histoire qui la taraude. Iris est susceptible, tend à être têtue et surtout, elle déteste être mise de côté. Si c’est ainsi qu’on la traite quasiment depuis son retour, il est hors de question qu’elle demeure dans l’ignorance cette fois-ci.

– Elle ne t’aimait pas beaucoup quand on sortait ensemble, fait-elle savoir sans prendre de pincettes, et elle a un agenda aussi rempli que celui d’un ministre. J’ai du mal à croire qu’elle viendrait volontairement te rendre un truc alors qu’il suffirait de le ramener à ma mère pour qu’elle te le redonne quand ça t'arrange le plus.

D’autant plus qu’elle sait que ces deux-là se voient régulièrement. Même pour Iris, c’est une évidence : si elle emportait un bien appartenant à son ex par mégarde, elle passerait par Ally ou par Isabella pour le lui rendre le plus rapidement possible. Nul doute là-dessus, c’est autre chose qui aurait dû motiver la venue de Bianca chez Matthew. Mais quoi ? Sont-ils devenus amis, au fil des années ? Iris peine à y croire mais c’est la théorie la plus plausible à cet instant. Si c’est le cas, elle n’en serait pas fâchée. Du moins, pas à cause de cette drôle d’amitié. En revanche, le fait qu’on ne lui ait rien dit lui pose quelques problèmes. Ils en ont tous les deux eu l’occasion plusieurs fois. Bianca aurait pu le lui dire lorsqu’elles ont parlé de son ex autour d’une gaufre. Matthew aurait pu le lui dire quand il est venu lui prêter main forte dans son appartement. Isabella en aurait sûrement parlé aussi. Il manque des pièces pour que le puzzle s’emboîte correctement.

– On a parlé de toi il y a pas si longtemps que ça, en plus, ajoute-t-elle alors qu’elle bouge enfin de sa place pour venir s’asseoir sur l’une des chaises faisant face au bureau, visiblement plus à l’aise que son ex – mais aussi plus suspicieuse.

@Iris Almeida & @Matthew Hurley
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Quand Iris répète le mensonge fait par Matthew, le flic blêmit. Dire que Bianca devait passer le voir chez lui était la pire des idées. Il ne sait pas pourquoi il a dit cette excuse, c'est la première qui lui est passée par la tête, c'est tout. Le premier mensonge sortit de son chapeau. Certes, le moins bon mais il ne sait pas faire Matthew. Lui, il s'est toujours obstiné à dire la vérité. Mentir ça n'a jamais été son truc. Il lui est arrivé quelques fois de cacher la vérité, même de mentir quand il en a été forcé – par exemple la fois où, adolescent, il a accusé le chien après avoir détruit la robe de bal d'Ally. Mais des si gros mensonges comme ceux-là, ceux qui concernent ses conneries avec Bianca, Matt est incapable d'en inventer des sur-mesure. Chez lui, ça ne coule pas de source, ce n'est pas inné. Alors forcément, il échoue tout en sachant pertinemment que si cela arrive aux oreilles de Bianca, elle risque de lui faire payer. Mais pour l'heure, ce n'est pas elle qui l'inquiète. Mais bien Iris. Iris qui semble s'interroger quant à la relation que Matthew peut entretenir avec sa sœur. Il la connait Matt. Et pour l'avoir revu plusieurs fois depuis son retour à Brisbane, il sait qu'il la connait toujours aussi bien. Iris n'a pas tellement changé. Elle est toujours aussi douce, tendre, sincère, mais surtout... Terriblement têtue. En d'autres circonstances ça aurait pu le faire sourire, il aurait même pu s'amuser de la situation. Mais pas aujourd'hui. Pas alors que le centre du sujet est Bianca. Cette femme dont il s'est attaché sans le vouloir ; celle avec laquelle il s'est envoyé en l'air plusieurs fois, sans jamais en parler à Iris. Pourtant il aurait dû Matt. En 2017, il aurait dû appeler Iris le lendemain, tout lui balancer. Il se serait libérer d'un fardeau. Et aujourd'hui peut-être qu'il vivrait les choses autrement. Mais il ne l'a pas fait.

Il ne sait comment assumer Matt. La culpabilité le gagne un peu plus, le ronge, tandis que les méninges d'Iris semblent fuser comme jamais. Comme les siens, d'ailleurs. Car il y a bien des gouttes de sueur qui perlent sur son front ; premier symptôme du menteur chez Matthew Hurley. Iris doit le savoir. Elle est probablement la seule personne sur Terre – en dehors de Luke, Ally et Elio – qui le connait aussi bien. Ses yeux l'observent, il le remarque Matt. Alors il s'éponge rapidement le front, ni vu ni connu. Tandis qu'un sourire fin mais tremblant prend possession de ses lèvres.

Il est foutu.

Il le comprend lorsqu'Iris lui rappelle les faits. Qu'elle lui remémore sa relation chaotique avec Bianca. Du moins, là où elle en était restée. Tous deux se détestent. Lui n'a jamais supporté la façon dont Bianca pouvait parfois parler à Iris ; et elle n'a jamais apprécié le ton glacial parfois utilisé par Matthew pour s'adresser à elle ou à l'abruti de Keith O'Connor, que Matt n'appréciait déjà pas à l'époque. Un soupir s'échappe d'entre ses lèvres tandis que la brésilienne décortique en morceau son mensonge lamentable. Elle n'a pas tort Iris. Si Bianca avait vraiment quelque chose à lui faire passer, elle le remettrait à Isabella. Pas à lui directement. Matt réfléchit à une alternative, à un moyen de s'échapper d'ici. De cette conversation étouffante, dans laquelle il se sent pris au piège. Ses yeux suivent du regard Iris qui part s'asseoir, alors qu'au même instant, elle reprend la parole.

Les sœurs Almeida ont parlé de lui récemment.

Ses sourcils se froncent alors qu'il s'imagine que Bianca a tout balancé. C'est donc pour ça qu'elle est là, Iris ? Elle est venue lui faire payer, se venger. Il le mérite Matt. Car ce qu'il a fait, c'est mal. Lui qui est pourtant si tendre, si protecteur avec ses proches. D'ordinaire, il n'aurait jamais fait ça. Surtout pas à celle qu'il a longtemps cru être l'amour de sa vie. Parce qu'Iris il l'a aimé à en crever, Matt. Et peut-être que dans le fond, il ressentira toujours ce quelque chose pour elle. Ça doit d'ailleurs être pour ça qu'il culpabilise autant. Qu'il s'en veut comme ça. Car faire ce qu'il a fait, à n'importe quelles autres femmes, ça n'aurait pas été grave. Mais à Iris...

– Ah bon ? demande Matthew assez intrigué.

S'il pense que Bianca l'a balancé, il ne prend tout de même pas le risque de déjà s'excuser. Il veut en être certain, avoir la confirmation. Alors il interroge Iris sans en dire plus. Elle comprendra de toute façon. Elle l'a toujours compris mieux que n'importe qui. Même sans mot, d'un regard, Iris est capable de savoir ce à quoi Matt pense. C'est aussi pour ça qu'il panique à cet instant, de peur que Iris lise à travers ses yeux et découvre le putain de secret qu'il lui cache. Il l'observe durant un instant, dos à elle. Il doit réfléchir, et vite. Pour trouver un moyen de se sortir de là. Ou de s'enfoncer ; si Iris est déjà au courant de tout.

– Je sais ce que tu penses. Et... Tu as raison... souffle Matthew en faisant à son tour le chemin jusqu'à son bureau, s'installant sur son fauteuil à roulettes face à Iris. Au moins assis, il tremble déjà beaucoup moins. Je t'ai menti. Je ne voulais pas te faire peur. Mais... Matt se coupe avant de se racler la gorge. Il a trouvé ! Oui, il a trouvé ! J'ai été blessé lors d'une intervention il y a peu de temps. J'me suis pris une balle. J'étais pas loin du boulot de Bianca alors j'y suis passé pour qu'elle me file un coup de main. Qu'elle m'aide à me ramener chez moi, parce que j'avais plus aucun collègue dans le coin. C'est une histoire de fou, de con même. Ta sœur a clairement tiré la gueule tout le long du trajet, mais j'étais vraiment handicapé. J'ai cru qu'elle était passée voir comment ça allait, depuis... Puisque toi, tu n'es plus passée me voir au poste depuis ... 2017 ? explique calmement Matthew. Il essaye de se montrer plus persuasif.

Il sait que mentir ce n'est pas son truc. Alors pourquoi ne pas dire tout simplement la vérité ?
Il s'est pris une balle et ait bien allé demander de l'aide à Bianca, pour les motifs qu'il explique à Iris. Tout ce qu'il dit est véridique. À quoi bon mentir, quand il peut se contenter d'expliquer des faits réels ?

– Je ne sais pas pourquoi je t'ai menti. Pour éviter de t'inquiéter, je suppose ? demande Matthew avant de sourire à Iris, de ce sourire toujours aussi crispé, aussi inquiet.

Car si jamais Iris sait ; Matt est réellement foutu.
Elle risque de le trucider sur place.

@Matthew Hurley

Quelque chose échappe à Iris, mais elle ne sait pas quoi. Elle ne parvient pas à mettre le doigt dessus, pas même lorsqu'elle marque un point en parvenant à éveiller la curiosité de Matthew. Elle n'a pourtant pas fait grand chose, ne faisant que mentionner une conversation entre les sœurs qui n'aura pas duré plus de cinq minutes. Quelques échanges sur Matthew avant de passer à la vie amoureuse de Bianca - sans qu'Iris ne se doute un seul instant que les deux sujets sont intrinsèquement liés. La réaction de son ex l'interroge. Pourquoi s'intéresse-t-il à ce qu'elles ont pu se dire ? En temps normal, Iris aurait simplement pensé qu'il s'intéressait à ce qu'elle pouvait bien dire de lui. Mais suspicieuse et dans l'incompréhension, la jeune femme peine à trouver des réponses à ses propres questions et étonnements.

- Oui, répond-elle simplement, ne daignant pas donner plus d'informations à celui qui, elle en est certaine, lui cache quelque chose.

Heureusement, l'homme finit par parler. Matthew admet avoir menti, et la voilà qui se redresse pour l'écouter, les yeux bien ancrés sur le visage du coupable. Est-ce cela que le flic ressent lorsqu'il cherche à coincer quelqu'un ? Les rôles sont inversés pour le moment. C'est lui le suspect, c'est elle la détective. Son regard, mi-curieux mi-suspicieux, devient surpris lorsqu'il lui raconte la vérité. Cette fois-ci, la blonde le croit. D'abord parce qu'elle doute grandement qu'il irait inventer un truc pareil, le sujet étant bien trop sérieux pour devenir le cœur d'un mensonge. Mais aussi parce qu'elle reconnait la sincérité de Matthew. A nouveau, Iris fronce les sourcils. Cette fois-ci, c'est plutôt par inquiétude et non plus par méfiance.

- Oh, wow, ok. Et ça va ? Je veux dire, c'était pas trop grave ?

Elle regrette presque aussitôt sa question, de peur de passer pour une idiote. Evidemment, que c'était grave. Une balle, ce n'est pas une vulgaire égratignure. Mais elle n'a pas le temps de s'y attarder, car déjà une question s'impose dans son esprit : pourquoi personne ne lui a rien dit ? Pourquoi Bianca ne lui en a-t-elle pas parlé ? Elle n'est plus enfant. Qu'on cherche à éviter de l'inquiéter est d'une idiotie profonde.

- Tu aurais dû me le dire tout de suite, j'ai pas huit ans. Ma mère est au courant ? Elle ne m'a rien dit.

Et Ally ? Ally aurait pu lui en parler, elle aussi. Encore faut-il qu'elle soit au courant et que Matthew ne le lui ait pas caché, à elle aussi. S'il ne voulait pas inquiéter Iris alors cela doit être encore plus vrai pour sa petite sœur. Dans tous les cas, l'histoire servie par son ex a au moins le don de faire redescendre le niveau de suspicion d'Iris. Pour le moment, en tout cas. Parce qu'en pensant à sa mère, elle ne peut s'empêcher de se demander comment Matthew a pu penser que Bianca viendrait prendre de ses nouvelles alors qu'il suffit d'attendre la prochaine visite du flic à leur mère pour en obtenir et ce, sans avoir à affronter toute une conversation avec l'ex d'Iris.

- Sans vouloir te vexer, je doute que Bianca soit du genre à venir prendre de tes nouvelles. Ou alors, elle aurait demandé à notre mère. Moi je le fais parfois, comme je sais que tu lui rends souvent visite, souligne-t-elle tout de même. C'était quand, ta blessure ? Tu as été arrêté quelques jours ?, reprend-elle. C'est bien que tu sois là, d'ailleurs, parce que je dois te parler de quelque chose.

@Iris Almeida & @Matthew Hurley


Le mensonge est un véritable fléau, capable de tout détruire sur son passage. C'est bien pour cela qu'il ne le pratique que très peu Matthew, qu'en de rares occasions. Il n'use jamais de mensonges pour assouvir ses plaisir. Leur utilisation a pour unique but de le sortir d'une situation sans issue. Comme il le fait à cet instant. Mais il déteste ça, Matt. De mentir, de lui mentir à elle. Parce qu'avec Iris ils n'ont jamais fonctionné ainsi. Leur relation a toujours été basée sur la confiance et le respect de l'autre. Alors il s'en veut de devoir lui balancer les premières réflexions qui lui passent par la tête. Pourtant il le fait sans hésiter, pour se protéger lui ainsi que Bianca, de ce fardeau qu'il a de plus en plus de mal à supporter. Garder secrètes ses coucheries avec l'ainée Almeida s'avère être plus difficile qu'il ne le pensait, surtout après les années qui se sont écoulées et le retour d'Iris en ville. Alors il déblatère tout et n'importe quoi, Matt. Il ment, tout en essayant de raconter la vérité. Mais une vérité qui ne date pas de la semaine passée, ni du mois d'avant. Matthew conte une histoire qui remonte à l'hiver dernier. Mais étonnement, cette fois-ci, ça fonctionne. Iris n'affiche plus cet air si interrogateur. Ce regard qui donne la sensation à Matt d'être le coupable et elle la détective.

– Ça va, rétorque-t-il simplement parce que aujourd'hui, il va mieux.

Mais avant d'en arriver là, il lui aura fallu quelques soins, ainsi que trois semaines de repos ! Il a eu de la chance ce jour-là, car la balle aurait pu le toucher en plein cœur. Peut-être qu'il l'aurait mérité, d'ailleurs. Après tout ce qu'il a fait, il réalise ne pas avoir le droit d'être pleinement heureux. Vis-à-vis d'Iris, ce serait incorrect.

La brésilienne semble redescendre d'un ton. Son attitude interroge l'inspecteur, qui se demande si Iris ne suspecte pas quelque chose. En parlant de Matthew à Bianca, peut-être que Iris a commencé à relever divers anomalies. Sinon elle n'aurait pas réagi ainsi, non ? Quoique sa réaction est compréhensible... Qu'est-ce que Bianca Almeida serait venue faire au commissariat ; le voir lui alors qu'elle est censée le détester ? Certainement pas. Mais désormais Matt sait qu'elle ne le hait pas. Après tous les baisers qu'ils ont échangé pour son anniversaire, il a compris que l'attirance est réciproque. C'est pire. Ça ne fait qu'empirer la culpabilité de Matt vis-à-vis d'Iris. Penser à Bianca et à ce qui ressemblait ni plus ni moins à des adieux était une mauvaise idée... Parce que maintenant il angoisse à l'idée de se faire démasquer, et culpabilise dix fois plus en repensant à son anniversaire. Mais il n'y arrive pas Matt, il n'arrive pas à passer outre son attirance. À l'oublier. La honte le ronge, le dévore, surtout maintenant qu'il fait face à Iris. Elle semble si douce, si pure. L'inquiétude se lit sur son visage tandis qu'elle le questionne sur Isabella. En guise de réponse, Matthew secoue sa tête de gauche à droite. Non il ne lui a pas dit. À quoi bon ? Ça l'aurait beaucoup trop inquiété Isa ! Puis lui en parler signifiait forcément de lui parler de Bianca et de l'aide qu'elle lui a apporté. Isabella l'aurait forcément interrogé, alors il l'a esquivé pendant trois semaines ; pour leur sécurité. À lui et à Bianca.  

Soudainement la situation empire. Il a la sensation de sentir la froideur de la lame d'un couteau le pénétrer en plein cœur. Ça fait mal. C'est même horriblement désagréable. Tellement qu'il plaque sa main sur sa poitrine tandis qu'il se force à sourire à Iris. Le sujet d'Isabella était lui aussi une mauvaise idée. Si l'idée que Bianca n'aurait pas pris de ses nouvelles ne lui plait pas, il ne s'en soucis pas plus que cela. Il l'a bien vu ces derniers mois. Elle n'a pas tellement cherché à savoir s'il s'en était remis, plus enragée contre lui qu'inquiète pour lui. Ce n'est pas ce détail qui le dérange Matt. Mais plutôt l'aveu que fait ensuite Iris... Elle, elle prend de ses nouvelles auprès de sa mère. Ça le brise, lui fait même perdre pied. Le sourire dessiné sur son visage se dissipe alors qu'il ne la lâche plus du regard. Forcément que ça lui fait mal. Iris est celle qui est partie. Celle qui l'a lâchement abandonné le pire jour de sa vie ; à la pire période de son existence. Alors qu'est-ce qu'elle peut bien en avoir à faire de savoir qu'il vit désormais dans une petite maison sympathique et qu'il a augmenté de grade ? Qu'est-ce que ça peut lui faire à Iris, de savoir qu'Isabella et Matt se fréquentent souvent ? Il n'y croit pas Matt. Il n'accepte pas ce qu'il entend. Quand bien même ils aient décidé de repartir sur de bonnes bases – sans renouer une quelconque amitié, puisqu'ils n'ont jamais été amis – Iris ne peut pas balancer des choses pareilles.

– Tu prends de mes nouvelles auprès de ta mère ? C'est vrai que t'as pas mon numéro, ne peut-il s'empêcher de la piquer gentiment Matt, puisque pour rappel, voilà déjà plusieurs mois qu'il lui a redonné son contact téléphonique. Pourquoi tu fais ça ? demande-t-il à son tour sans répondre aux questions posées par Iris. Ce n'est pas volontaire. Il s'interroge réellement sur le besoin qu'éprouve Iris de prendre de ses nouvelles ; alors que lui, il s'est toujours interdit de parler d'elle avec Isabella.

Un soupir s'échappe d'entre ses lèvres tandis qu'il se laisse tomber sur le dossier de sa chaise. Les bras croisés sous sa poitrine, Matt fixe Iris, désormais intéressé par le sujet dont elle veut lui parler.

– Et vas-y, dis-moi. Tu sais bien que tu peux tout me dire, souffle l'inspecteur en lui offrant un sourire réellement encourageant.

@Matthew Hurley

tw : harcèlement
Evidemment, Isabella n'est pas au courant. Il n'a pas voulu l'inquiéter, sûrement. A ce stade, elle ne serait pas surprise si elle apprenait qu'Ally n'était pas au courant non plus. Matthew aurait été capable de s'arranger pour avoir ses soins quotidiens au poste plutôt que chez lui, juste pour préserver sa petite sœur. Il n'empêche qu'elle a un peu de mal à accepter, Iris, qu'on l'ait laissée dans l'ignorance. Elle continue de penser que Bianca aurait pu le lui dire. Ou le dire à leur mère, si elle ne se voyait pas le dire directement à Iris. Elle aurait dû être au courant. Voilà pourquoi c'est tout de même un peu étrange, tout ça. Mais elle passe outre pour le moment, essaie de ne pas agir comme une gamine capricieuse et de donner une raison à Matthew de ne plus lui parler alors qu'ils ont mis tant de temps à trouver un équilibre. Equilibre qui demeure encore fragile, d'ailleurs.

- Euh, je sais pas, par réflexe, sûrement, répond-elle quand il rebondit sur ce qu'elle a dit.

Elle parle trop, Iris. Ne se rend pas compte de ce qu'il est normal de dire ou pas à son ex. C'est qu'elle n'a pas tous les codes. Du moins, pas avec Matthew. Si elle n'a aucune difficulté à converser avec ceux qui n'ont compté que quelques semaines, les choses sont différentes avec lui. Matthew est spécial, il le sera toujours un peu. On n'oublie pas une histoire comme la leur.

- Elle parle souvent de toi, alors c'est facile de lui demander comment tu vas. C'est plus rapide que de t'écrire, admet-elle.

Plus naturel aussi. Même si c'est elle qui a proposé qu'ils restent amis et qu'elle tient à faire les efforts qu'il faut pour que cela se réalise, une partie d'elle continue de penser que ce serait un peu étrange de soudainement débarquer dans sa boite de réception avec un simple "Salut, comment tu vas ?". Sans trouver d'autres raisons à donner pour justifier son comportement, Iris trouve une échappatoire en mentionnant la raison de sa venue. Si celle-ci a été mise de côté le temps de comprendre pourquoi Matthew s'attendait à trouver Bianca dans son bureau, son problème reste réel et il faut qu'elle le traite. D'une façon ou d'une autre.

- Tu vas sûrement trouver ça ridicule, mais il y a quelqu'un qui me suit sur Instagram, commence-t-elle en sortant son téléphone.

Apeurée mais pas idiote, Iris a pris soin de prendre des captures d'écran de tout. C'est ce qu'elle ouvre, avant de poser son smartphone sur le bureau, écran tourné vers Matthew pour qu'il puisse faire défiler les photos lui-même.

- Cette personne a commencé à m'envoyer beaucoup de messages très régulièrement, ça a fini par me mettre mal à l'aise. Alors je l'ai bloquée. Mais un autre compte a été créé et ça a recommencé. Et ainsi de suite. J'ai trouvé ça flippant alors j'en ai parlé à Ally, elle m'a dit que tu pourrais peut-être m'aider, admet-elle, en prenant soin d'avoir l'air confiante alors qu'en réalité, Iris est loin d'être sereine.

L'idée qu'on puisse la stalker ainsi lui fait peur. Qu'importe si certains considèrent que c'est le jeu, quand on alimente ses réseaux sociaux et qu'on essaie de générer des interactions pour gagner en visibilité. Iris n'est plus à l'aise, quand elle se connecte sur l'application. Et si cela n'a pas dépassé le virtuel, elle ne peut s'empêcher de se dire que si les gens sont assez détraqués pour créer des nouveaux comptes et continuer, rien ne pourrait les empêcher d'aller plus loin.

@Iris Almeida & @Matthew Hurley


Il a réussi. Oui, il a réussi à esquiver le pire. Ses épaules s'affaissent lorsqu'Iris surenchérit sur la thématique d'Isabella. C'est finalement l'ultime sujet qui est retenu entre eux, l'affaire Bianca étant enfin close. Il se sent soudainement mieux, plus libre. Comme si jusqu'à maintenant, il s'était retenu de respirer. Comme si Iris pouvait deviner qu'il mentait en écoutant simplement sa respiration. Parce qu'il sait qu'elle le connait mieux que quiconque, et que de même, il la connait par cœur. Il connait sa curiosité, son besoin de trouver des réponses à ses questions. Il est presque étonné d'avoir réussi à esquiver la thématique Bianca et les interrogations d'Iris associées à sa sœur. Par chance, c'est fini. Terminé. Matthew s'en est sorti comme un chef. Du moins il le croit, l'espère au plus profond de lui. Il voudrait même qu'Iris oublie tout de cette conversation, qu'elle tire un trait sur cette histoire et qu'elle se contente de ce pourquoi elle est venue. Il voudrait la rappeler à l'ordre, Matt, mais son ex lui parle de sa mère. Et on ne coupe pas une femme qui parle de sa mère. Jamais. Alors il écoute.

Un sourire sincère fait s'esquisser ses lèvres lorsqu'il entend qu'Isabella parle souvent de lui. Ça ne l'étonne pas. Lui aussi parle beaucoup d'elle à Ally, de cette femme qu'il affectionne comme une mère. Isabella prend soin de lui depuis des années, tout comme Matthew a toujours veillé sur elle depuis la mort de Henrique. Il ne l'a jamais laissé tomber et ne compte pas l'abandonner un jour. Car dans le fond, il l'aime Isa. Plus qu'il ne l'admettra jamais. Alors forcément, ça lui fait quelque chose d'entendre cela, donne encore plus de légitimité à leur relation. Ça lui fait plaisir et ça se voit au sourire qu'il continue d'afficher. En revanche, il ne saurait dire pourquoi, mais la suite des propos d'Iris lui déclenchent une piquée dans le cœur. Elle préfère interroger sa mère sur la vie de Matthew, plutôt que de lui écrire à lui. Soit. Mais n'était-ce pas elle qui voulait repartir sur de bonnes bases ? Devenir amis ? Ça l'interroge, Matt. Mais il ne dit rien. Il ne voudrait pas la braquer, pas alors qu'il a failli être démasqué quelques secondes plus tôt. Il se contente de sourire, alors que ses yeux profitent de ce temps calme pour observer les traits du visage d'Iris. Ça fait bizarre parfois. Ce retournement de situation, ce changement soudain. Ils auraient pu être si beau ensemble, aller si loin. Et voilà où ils en sont aujourd'hui. Ils se tiennent à distance, séparés tous deux par le bureau du brun. S'ils étaient en encore ensemble, Matthew aurait probablement rompu cette distance pour venir l'embrasser. Mais là il se tient loin. Le plus loin possible. Parce que maintenant il a peur. Il craint qu'Iris lise à travers ses yeux toute la vérité. Celle relative à Bianca.

– Ok... souffle-t-il en guise de réponse.

C'est à Bianca qu'il pense lorsque Iris répond à sa question ,quant à sa venue ici. Ses sourcils se froncent et l'image de Bianca se dissipe aussitôt dès qu'Iris aborde ce qui lui parait être de l'harcèlement. Il l'observe sortir son téléphone portable et le lui tendre. Matt s'en saisit et observe la capture d'écran qui s'affiche, d'une conversation lourde de sens. Il ne panique pas, parce qu'il a appris à ne pas montrer ses émotions dans ce type de situation. À la place il reste très calme, impassible. Il doit l'être, sinon s'il flanche, Iris flanchera aussi. Pour l'instant elle est simplement inquiète, mais que ferait-elle si la panique la gagnait ? Il ne doit rien montrer Matt, même s'il ne peut s'empêcher d'offrir un sourire rassurant à la brune.

– Tu as bien fait de venir me voir. Tu sais que tu peux compter sur moi... Je vais t'aider. Mais d'abord, dis moi si cette personne a des informations personnelles sur toi ? Adresse, numéro de téléphone, numéro de carte bancaire, lieu où tu travailles ? demande Matthew qui enfile au même instant sa casquette d'inspecteur.

Il devient immédiatement moins fragile, moins apeuré. Au contraire, il semble prêt à déplacer des montagnes pour protéger celle qu'il a tant aimé. Les messages qu'Iris a reçu ne sont pas normaux. Effectivement, elle est poursuivie et tracée sur les réseaux. Elle a bien fait de s'inquiéter et de venir le voir aujourd'hui. Visiblement, l'idée vient d'Ally. Ça ne l'étonne pas, Matt. Ally renvoie toujours ses copines vers lui dès qu'elles ont un problème. Mais là, il est surpris qu'elle ne l'ait pas personnellement averti avant qu'Iris ne débarque. Juste pour le préparer à ce qu'il allait entendre.

– Il ne t'a pas envoyé de photos déplacées, rassures-moi ? demande-t-il alors qu'il chiffonne sur un post-it les divers noms des comptes Instagram. Il ne compte pas en rester là. Et encore moins laissé Iris affronter cette situation seule. Je vais mettre un officier sur le coup dès que nous aurons terminé. Histoire qu'on fasse des recherches et qu'on essaye de localiser son adresse IP. Ça te rassurerait ? Moi oui, souffle enfin l'inspecteur toujours aussi impassible. mais dans le fond, il est inquiet pour Iris. Il refuse que quelque chose de mal lui arrive.

Voilà pourquoi il déteste autant les réseaux sociaux, et pourquoi il cesse de dire tous les jours à Ally qu'elle devrait arrêter avec toutes ces conneries !

@Matthew Hurley

tw : harcèlement
Elle finira par repenser à cette conversation, Iris. A Bianca, que Matthew attendait. A l'histoire de la balle et de l'aide reçue. Aux nouvelles que la plus âgée des Almeida aurait pu prendre ou ne pas prendre. Elle finira par y réfléchir à nouveau, poussée par un simple petit élément qui viendra faire jaillir de sa mémoire ce drôle de moment qu'elle vient de vivre. Elle finira par poser des questions, par de nouveau ne plus comprendre. Mais pour l'heure, Iris oublie. Maintenant qu'elle a commencé à raconter à Matthew pourquoi elle lui a rendu visite en premier lieu et qu'elle lui tend son téléphone pour qu'il fasse défiler lui-même les preuves cumulées au fur et à mesure, le cerveau d'Iris s'emplit d'inquiétude. Elle pense à ce type qu'elle ne connait pas mais qui revient sans cesse. Elle pense à l'injustice que cela représente, de savoir qu'il sait à quoi elle ressemble alors qu'elle ne sait rien de lui. Au fond, il pourrait être n'importe qui. Un voisin, un collègue, un inconnu qui vit dans le quartier ou un inconnu qui vit à l'autre bout du monde et qui cherche juste à s'amuser. Ca ne la fait pas rire, Iris. Et plus elle y pense, plus elle est au bord de la panique. Heureusement pour elle, Matthew fait preuve de calme. A cet instant, l'homme est particulièrement rassurant et ce, malgré les questions qu'il lui pose.

- Je ne crois pas. Je montre jamais l'extérieur de mon appart dans mes stories. Y a peu de chances pour qu'il ait mon numéro et je montre pas non plus mon taff, répond-elle, gardant pour elle le fait qu'elle préfère laisser les gens croire qu'elle est comédienne à temps plein plutôt que de reconnaître que ce pan là de sa vie professionnelle est plus un fiasco qu'une réussite. Et quand bien même ce serait le cas, je vais bientôt partir. De mon boulot, je veux dire.

Partit tout court, ce n'est pas l'envie qui manque non plus. Mais Iris peine à renflouer les caisses. Chaque mois, la blonde ne met pas suffisamment de côté pour envisager un départ imminent. Ce n'est pas si grave. En attendant, elle continue d'écumer les castings et de passer du temps avec ceux qui comptent. Matthew est de ceux-là, d'une certaine manière. Et la façon dont il prend à cœur de trouver une solution au problème d'Iris lui prouve qu'elle compte encore pour lui aussi, assez pour qu'il cherche à la mettre en sécurité.

- Non, j'ai jamais reçu de photos. Juste des messages. Beaucoup de messages.

Beaucoup trop. Peut-être qu'elle devrait s'éloigner un peu d'instagram, d'ailleurs. Elle sait qu'avoir un réseau social suivi peut aider quand on fait son travail, qu'avoir une communauté peut jouer en sa faveur si un jour, elle se retrouve au coude à coude avec une autre actrice pour un rôle. Mais cela vaut-il le coup de mettre en péril sa propre sécurité ? Probablement pas. Et puis, s'absenter une petite semaine ne peut sûrement pas lui faire perdre beaucoup de followers. Coupant court à sa propre réflexion, Iris hoche la tête lorsqu'il est mention d'un officier, de recherches et de localisation d'adresse IP.

- Oui, ce serait bien. Enfin, si tu dis que c'est ce qu'il faut faire, je suis d'accord. C'est toi l'expert.

Autant s'en remettre à lui. Mordillant le bout de son ongle de pouce, Iris reprend :

- En attendant, je fais quoi ?

@Iris Almeida & @Matthew Hurley


L'harceleur ignore où Iris vit et où elle travaille. Ce point est immédiatement noté sur une feuille vierge, puisque l'inspecteur de police n'a plus de place sur le post-it où il a inscrit les noms des comptes instagram. Il prend tout de même la peine d'y réécrire les noms des profils qu'il surligne d'un feutre rouge. Ça lui prend peu de temps mais il fait son possible pour noter toutes les informations transmises par Iris. Il ne voudrait pas en oublier des morceaux ; d'autant plus si ceux-ci permettent de retrouver plus facilement l'homme, ou de s'assurer qu'Iris n'est pas en danger. Occupé à retranscrire les paroles de son ex petite-amie, Matthew se stoppe immédiatement dans son élan lorsqu'elle annonce partir bientôt. Son regard délaisse la feuille pour remonter sur la silhouette de la brésilienne, jusqu'à son visage. Iris rectifie très rapidement ses paroles, mais avant qu'elle ne le fasse, l'instant semble s'être arrêté. Elle va repartir. Évidemment. Brisbane n'est pas fait pour elle, ne l'a visiblement jamais été. Le très cours laps de temps avant qu'elle ne fasse illusion à son emploi permet tout de même à Matthew de penser que leur relation n'a pas été suffisante pour elle. Que peut-être que dans le fond, elle n'attendait que leur rupture pour retrouver sa liberté ; pour s'envoler. Ce n'est finalement pas Brisbane qu'elle quittera bientôt, mais son emploi actuel. Ah. Un soupire s'échappe des lèvres du policier tandis qu'il se sent immédiatement bête d'avoir repensé à leur histoire. Leur rupture a été très compliquée pour lui, au point où il ne se fait plus aussi confiance qu'avant, Matt. Dans sa vie privée, il doute de lui constamment. La preuve avec ce qu'il vient de se passer ; et où Matthew a réussi à douter de lui et de leur histoire passée, en moins de deux secondes.

L'inspecteur de police recentre son attention sur le harcèlement dont a été victime Iris, lorsque celle-ci reprend la parole. Elle n'a pas reçu de photographies déplacées, c'est déjà ça. Il se sent presque rassuré, Matt. Parce qu'il n'aurait pas aimé que ça lui arrive. Il ne lui souhaite aucun mal à Iris. Bien au contraire. Il tient encore énormément à elle, et refuserait qu'il lui arrive une quelconque atrocité de ce genre. Il retranscrit ce qu'elle lui dit sur sa feuille avant de lui expliquer comment la police peut arriver à retrouver quelqu'un grâce à son adresse IP. Iris trouve ça bien. Tant mieux. Parce que Matthew ne comptait pas laisser ce type s'en sortir ainsi. Qui sait ce qu'il fait à d'autres femmes ?  

– Deux choses. D'abord il va falloir que tu nous donnes tes identifiants de compte afin que nous puissions accéder à l'entièreté de vos échanges. Et ensuite, tu peux déposer une plainte contre cet individu, explique l'inspecteur d'un ton qui se veut professionnel, même si dans le fond, il ressent de la rage contre cet harceleur.

Matthew observe les traits inquiets d'Iris et la façon qu'elle a de se mordiller les ongles quand l'anxiété la gagne. Durant quelques secondes, il ne parle plus et se contente d'observer, avant de se jeter finalement en arrière sur son fauteuil à roulettes.

– Je peux prendre ta plainte si tu veux. Mais... Je confierai l'affaire à un collègue. C'est trop personnel pour que je reste pro, essaye-t-il de se montrer raisonnable, puisqu'il sait que s'ils trouvent ce type, il ressentira l'envie de lui exploser le nez. Ainsi, ce ne sera pas à lui de farfouiller dans le compte instagram de son ex petite-amie. Tu comprends ?

@Matthew Hurley

tw : harcèlement
Iris a toujours été exubérante et extravertie, de celles pour qui la vie a l'air particulièrement simple, comme s'il suffisait de claquer des doigts pour que tout se déroule comme prévu, comme si le verre n'était jamais à moitié vide. Elle a ce don de tout rendre digne d'un film, d'agir comme si elle était le personnage principal de la série qu'est sa vie. Mais aujourd'hui, installée sur cette chaise au dossier trop dur, elle ne fait pas la maligne. Elle se fait toute petite, celle qui fait pourtant un mètre quatre-vingt. Elle ne sait pas quoi faire face à la situation, se sent démunie. Tout ce qu'elle peut faire de sa place, c'est se laisser guider par plus professionnel qu'elle. Matthew sait ce qu'il fait. Ce n'est sûrement pas le premier cas de harcèlement de sa carrière et ce ne sera, malheureusement pour la suivante, pas le dernier. Alors elle obéit, Iris. Elle hoche la tête quand il le faut, ne peut s'empêcher de montrer son anxiété dans les gestes, bouts de doigts mordillés qui la trahissent.

- Mais je sais pas qui c'est, ce type. On va écrire quoi, comme nom ? Tous les pseudos qu'il a pris ?

C'est flou, tout ça, pour elle. Porter plainte contre une personne identifiée, ça semble logique. Porter plainte contre quelqu'un qu'elle ne connait ni de nom ni de visage, ça lui paraît tout de suite plus abstrait. Mais elle n'y connait rien, Iris. Elle le sait. Alors elle se reprend, se rappelle qu'elle doit se laisser porter parce que le seul à détenir des solutions à son problème, c'est son ex.

- Enfin, peu importe, si tu dis que je dois le faire, je le ferai. Tu as un papier, pour les identifiants ?

Le papier et le stylo tendus vers elle, Iris s'en saisit pour remplir la première étape de la fameuse suite proposée par Matthew. En peu de temps, elle s'inscrit aussi lisiblement que possible l'adresse mail sur laquelle elle se connecte pour accéder à son compte Instagram, et le mot de passe associé. Ce ne sont pas des données qu'elle donne facilement, mais elle sait qu'elle peut faire confiance à Matthew et par extension, à celui qu'il jugera digne de suivre le dossier. Heureusement qu'elle n'a rien à cacher, la blonde. Ce serait tout de même dommage que son ex tombe sur des messages compromettants. Mais il le lui rappelle : ce n'est pas lui qui suivra l'affaire. C'est trop personnel. Et malgré l'inquiétude, Iris ne peut s'empêcher d'y voir un pas positif dans l'amitié qu'ils devraient construire, celle qu'elle a proposée lors de leur dernière rencontre. S'il s'inquiète ainsi pour elle, c'est qu'il y a encore de l'espoir pour qu'ils retrouvent une relation équilibrée bien qu'ils ne sachent pas ce que c'est, que d'être amis, eux qui ne l'ont jamais été. En gardant cette pensée positive en tête pour contrebalancer celles plus sombres qui restent dans son esprit, Iris tend le papier avec les informations à Matthew.

- Je t'écoute pour la plainte. De quoi as-tu besoin ?, demande-t-elle, prête à raconter à nouveau sa mésaventure pour qu'il prenne des notes et l'inscrive dans un dossier officiel.