le soleil se lève à peine sur brisbane. les premières heures du jour pointent le bout de leur nez. et ula s'active déjà à la tâche. elle a passé la soirée de la veille à zapper de chaîne en chaîne. passant tour à tour des dernières informations à des films rom-coms. puis à des chaînes musicales. ula, elle trépigne. s'impatiente. tape du pied sur le sol. agace sans aucun doute son voisin du dessous. parce qu'elle se demande comment ça se passe pour son amie. pour leo. est-ce qu'harlan la traite mieux ? est-ce que la soirée se déroule mieux ? heureusement, dans son impatience, ula est malgré tout parvenue à s'endormir. fermer les yeux le temps de quelques heures. s'allonger et se reposer avant une longue journée de travail. faire l'ouverture. ainsi que la fermeture. mais le réveil s'est fait sur les chapeaux de roue. faut dire qu'avant de se rendre au restaurant, ula tenait à tout prix à passer voir leo et tout savoir. comment ça s'était passé. si le courant était passé. alors elle est là. les cheveux relevés. un long tee-shirt en guise de tablier. les mains dans la pâte. déjà de bon matin. déjà aux fourneaux. elle s'affaire. à préparer la pâte. mélanger les différents ingrédients. elle prépare un batch de muffins pour son amie. une fois mis au four, le temps de la cuisson, ula se prépare. rapidement. faudrait pas laisser sur-cuire les muffins. ça viendrait entacher sa réputation.

ula finit de se préparer. à sa droite, une boîte pleine de muffins tout frais tout chaud. tout juste sortis du four. elle enfile à la hâte des chaussures avant de fermer la porte à clé derrière elle. elle fonce au starbucks qui se trouve au bout de la rue et commande deux boissons. une pour leo. une pour elle-même. toujours aussi rapidement mais plus prudemment, ula fonce chez leo. les bras chargés de mets délicieux. quand elle arrive devant chez son amie, il ne lui faut qu'une seconde pour trouver la cachette de la clé. faut dire que c'est toujours la même. les vieilles habitudes ont la vie dure. la clé s'enfonce et tourne dans la serrure. elle laisse ses chaussures dans un coin et se dirige vers la chambre à petits pas. manquerait plus que la surprise soit gâchée. elle pousse la porte. doucement. tout doucement. elle pose le tout sur la table de nuit avant de lâcher le prénom de son amie. leo ... c'est l'heure de se réveiller. la voix est douce. apaisante. faudrait pas non plus l'extirper d'un rêve trop brutalement ! ula est malicieuse mais pas maléfique pour autant. finalement, petit à petit, par la voix mélodieuse de la jolie brune (ou peut-être plutôt par l'odeur alléchante des gâteaux), leo finit par émerger. ce qui vient étirer un sourire sur les lèvres de la perkins. et me retrouver devant une porte fermée ... jamais ! ula s'amuse de la situation. voir son amie encore dans le coltard. essayant difficilement d'ouvrir ses yeux. et ça l'amuse la jolie brune. ula regarde leo. avec attention. et attente aussi. elle attend de tout savoir. connaître l'histoire. savoir comment s'est passé le date ! je te laisse regarder sur la table de nuit. la voix se fait mystérieuse même si l'odeur de gâteaux venue emplir la pièce trahit sans aucun doute le secret. enfin ! ula s'en frotte déjà les mains. mais espère quand même que tout s'est bien passé. parce qu'elle ne désire que le bonheur de leo. qu'un sourire vienne égayer le visage de son amie. et qu'elle soit bien traitée. parce qu'elle le mérite ! ça et plus encore.

ula pouvait avoir la très fâcheuse tendance à oublier que les gens ne suivaient pas son rythme de vie. qu'ils ne se réveillaient pas aux aurores afin de mettre au point une nouvelle recette. qu'ils ne se levait pas à l'aube afin de préparer de délicieux mets en cuisine. qu'ils n'attendaient pas le chant du coq avec impatience afin de préparer de bons gâteaux pour une amie ayant eu un rencard la veille. rencard dont ula souhaitait bien évidemment entendre la plupart des détails. elle n'en aurait pas voulu à leo si elle l'avait chassé de chez elle à coups d'oreillers (même si elle aurait pris les muffins avec elle pour compenser cette attaque de polochons). loin d'être le genre de mean girls en manque de gossip, de potins et d'attention, ula ne souhaitait que le bonheur de son amie. la savoir heureuse. et épanouie. pas auprès d'un gars loin de remarquer à quel point leo était merveilleuse. alors elle espérait que tout s'était bien passé avec harlan. sinon ... dommage ... moi qui avait déjà tout prévu. ula leva les yeux au ciel, ses bras tombant lâchement le long de ses flancs afin d'exprimer un mécontentement qui n'avait même pas lieu d'être en réalité. ula était genuinely heureuse que cela semble s'être bien déroulé. euh ... une certaine heure. suffisamment tard pour que je sois debout. et prête. et que j'ai cuisiné. et ... ses joues s'empourpraient à mesure qu'elle parlait. peut-être qu'elle avait un chouïa abusé en débarquant aussitôt mais c'était ça ou elle faisait les cent pas chez elle, risquant de réveiller un de ses voisins. et là, les muffins y seraient passés en guise d'excuse. petite moue sur le visage, ula regardait leo. gênée. mais ... mais ... il est sept heures. c'est l'heure idéal pour ... de délicieux muffins et un bon café., prononcés avec entrain pour faire passer la pilule de l'heure bien matinale qu'il était. peut-être bien. enfin je serais passée après mon shift, pas envie de vous surprendre au milieu de je ne sais quoi., exprima-t-elle plaisantant à moitié, une grimace de dégoût sur le visage. oh jeez qu'allait-elle imaginer. aussitôt, elle se mit à secouer la tête dans tous les sens. pourquoi avait-elle fallu qu'elle songe à cela maintenant ... et pendant ce temps, ula était tout aussi gênée. voire même plus. elle se rendait compte d'ô combien sa vie pouvait parfois être décalée. des sacrifices qu'elle faisait et imposait parfois à ses proches. cette présence, la sienne, qui ne pouvait souvent se faire qu'au prix d'heures de sommeil délaissées. naaaan ! j'ai dormi quelques heures., plaisanta-t-elle en faisant mine de les compter sur ses doigts, avant de poursuivre : c'est pas grave. interpol est juste à ta recherche et celle d'harlan. je devrais peut-être les prévenir que t'es saine et sauve. et en seul morceau., la taquina-t-elle. qui aimait bien châtiait bien, pas vrai ? d'un pas léger, un brin plus guillerette, ula suivit leo dans le salon. attirée par l'odeur alléchante de ses propres muffins. dont elle espérait bien pouvoir avoir une bouchée. dans la précipitation et l'entrain, elle se rendait compte qu'elle avait peut-être légèrement oublié de penser à elle et d'avaler quelque chose. le début. le début, c'est bien aussi. la jolie brune vint prendre place aux côtés de la rouquine de sa vie, confortablement installé sur le canapé. c'est pas de la qualité du festival que je veux que tu me parles. bras croisés sur la poitrine. mine un brin ronchon et ennuyé, ula attendait les détails croustillants. et elle allait être servie visiblement. eeeeeet ?, insistant longuement sur l'attente de détails. ah c'en était presque invivable. ce suspens, ce maintien en haleine. elle avait l'impression d'être devant un film dont elle avait oublié de payer l'entrée, attendant qu'un peu d'action ne vienne lui faire oublier les propres ennuis qu'elle s'était causée. ula posa une main sur chaque épaule de leo avant de la secouer légèrement ( ). leo ! accoucheeeee ! t'as pas le droit de me faire ça. elle avait presqu'envie de taper du pied tellement elle trépignait d'impatience. je les reprends tous ms o'toole, si tu ne balances rien. tout de suite. sur le chaaamp. c'est une vraie torture que tu me fais subir là., dit-elle entre deux rires étouffés.

ce qui rendait leur amitié si solide, c'était peut-être tous leurs points communs. tout ce qui faisait que chacune pouvait se retrouver chez l'autre. ula était encore aveuglée et naïve quant à ses sentiments pour eli même si aux yeux de certains, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. leo était de ces personnes qui avaient tout deviné bien avant les protagonistes eux-même. peut-être parce qu'elle vivait exactement la même chose. pour ula, eli et elle, ce n'était que de l'amitié. cela ne pouvait être que ça. et aussi parce qu'elle n'était pas habituée à le voir en couple. ça devait juste être ça. la situation qui changeait. ne pas savoir où était sa place. leaving in delulu. en attendant de vivre sa propre histoire, la petite brune la vivait par procuration. d'où sa présence bien trop matinale aux yeux de son amie. mais pouvait-on vraiment refuser de voir la gueule d'ange d'ula au réveil ? c'était quand même largement mieux qu'un serial killer. quoique ... ula était à deux doigts de laisser la démone en elle parler si leo continuait de la faire tourner encore et encore en bourrique sans rien lui dire. la rousse était démoniaque. machiavélique. elle les voyait les fameuses cornes et la queue de diablesse rouge. les détails croustillants que t'aurais pu oublier entre temps. comme les rêves qui nous échappe au réveil. l'impatience aussi. et puis parce que ... qui refuserait de voir ce joli minois au réveil ? elle plaça ses mains sous son menton avant de battre des cils. n'était-elle pas trop mignonne ? pas si important ? PAS SI IMPORTANT ? on parle d'un rencard. avec quelqu'un d'autre que reed. on parle de toi qui lui montre tout ce qu'il loupe. on parle de toi qui te lance dans le grand bain. c'est extrêmement important, leo ! et être rentrée seule ne veut rien dire. harlan est peut-être un vrai gentleman. ah reed ... reed ... le fameux. qu'est-ce qu'il pouvait faire souffrir sa copine, celui-là. et ce n'était que justice que leo se soit accordée une soirée en belle compagnie. peut-être que ça lui ferait ouvrir les yeux à lui. ou que leo allait réagir, prendre sa vie sentimentale en main. peut-être qu'au fond, ula voulait voir sa meilleure amie heureuse, non pas seulement parce qu'elles étaient potes évidemment et qu'elle voulait le meilleur pour la belle o'toole, mais peut-être aussi parce que ça lui donnait de l'espoir à elle aussi. petite ula. attendant patiemment sur le pas de la porte sans aucune invitation. désespérée. et désespérant.

comme une petite puce hyperactive, ula suivit son amie dans le salon. pourquoi leo ne pouvait pas être comme ula au réveil ? active. bavarde. et dévoilant ses petits secrets et ses aventures nocturnes. pourquoi fallait-il que leo se la joue secrète et mystérieuse ? elle voulait juste lire en elle comme dans un livre ouvert et savoir ce qu'il s'était passé. lui tirer les vers du nez. je peux prévenir monk alors ? je crois qu'il est déjà en train de fouiller le restaurant et d'user de sa méthode pour savoir où t'es et qui t'a kidnappé, ms o'toole. si elle voulait sortir les références à gilmore girls, ula allait lui en donner du monk en veux-tu en voilà. ouais grave, s'il te plaît dis-moi tout. mais après. bieeeeen après. c'était pas qu'ula s'en tapait le coquillard de ce festival (peut-être un chouïa) mais il y avait légèrement plus intéressant comme sujet à l'heure actuelle. ula commençait à s'agiter, tapant du pied sur le sol, tapotant ses doigts sur ses cuisses. c'était intenable. quelques secondes de plus et elle allait exploser. elle commençait déjà, en réalité, les mains posées sur les épaules de son amie. comment osait-elle lui faire ça ? et puis, si elle croyait qu'ula allait tout lui raconter le jour où elle aurait enfin un rencart (même si c'était pas près d'arriver), et bah elle se mettait le doigt dans l'oeil, leo. à charge de revanche comme on disait. ah bah c'est pas trop tôt. j'ai cru que j'allais finir par voir des cheveux blancs apparaître. et leo osait prendre une seconde pour boire le café qu'ula lui avait apporté. grrr. note à soi-même, laisser leo mourir de soif la prochaine fois pour être sûre qu'elle prenne pas 30 ans avant de cracher le morceau. mais ula en serait totalement incapable (or ...). quoi ? il est passé ? si elle avait été en train de boire ou déguster quelque chose, ula se serait sans aucun doute étouffée. est-ce qu'elle venait bien d'entendre ce qu'elle venait d'entendre ? choqué parce que t'es magnifique et que quelqu'un t'a invité à sortir ? il a cru que t'étais nonne ? je suis si fière de toi, si tu savais. un peu comme une maman lionne. j'en aurais presque la larme à l'oeil. et elle l'avait la larmichette. ula n'était pas particulièrement team reed même si elle ne voulait que le bonheur de son amie. elle était juste déçue que reed ne se rende pas compte de la personne qu'il avait sous ses yeux. au point de laisser passer sa chance. la laisser potentiellement partir avec un autre. woah. et vous allez vous revoir ? qu'on fournisse le pop-corn à ula, elle n'attendait que ça. enfin les infos croustillantes. après tant d'attente, elles arrivaient enfin. waiiiit ! t'as dit que tu l'aimes bien ? hé ! il était encore tôt. fallait que ça monte au cerveau de la petite ula. leo n'en était qu'aux prémisses d'elle-ne-savait-quoi. mais elle verrait bien. elle voulait juste que leo soit heureuse.