kinds of kindness (haydar)
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 kinds of kindness (haydar)


Ilsa Decker
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MEMBRE ☆ old wounds
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Ilsa Decker
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rps : 20
pseudo : youngblood.
id card : mara lafontan - draiochta (av), eigengrau le s (gif profil), awona (icons sign)
pronom irl : elle
multicomptes : sierra, sailor, kendall, declan & jolene.
à contacter : sierra.
kinds of kindness (haydar) Iu6x
âge : 28 ans passés à une vitesse folle, à douter parfois d'y avoir réellement assisté.

statut civil : célibataire, convaincue du bien-fondé de sa solitude ; lassée de laisser chaque nouvelle relation la faner, d'observer les objets de ses désirs s'éprendre d'elle et s'en éreinter.

occupation : artiste plasticienne – pour simplifier une œuvre plus éclectique. les performances comme premier amour, du scandale pour l'implanter dans l'impitoyable marché de l'art : elle s'est assagie, depuis, mais sa côte reste au sommet. chaque création se revendique d'un discours féministe engagé, d'une dénonciation. mine d'inspiration malheureusement sans fond.

adresse : un loft vaste et lumineux au 108 sb&we, parfois trop grand, parfois trop étouffant.
intervention pnj : Oui
pronom perso : elle
trigger : tout ce qui touche de près ou de loin à l'inceste ou la pédophilie // les descriptions de viol, agression sexuelle, violence conjugale // la romantisation de relations avec gros écart d'âge.
warning : suicide, deuil, harcèlement scolaire, divorce
infos rp : présence : quotidienne, réponses toutes les 2-3 semaines selon l'inspi.
style rp : j'écris en elle ; entre 400 et 1500 mots, selon le rp, l'inspi, etc.
dialogues : en crimson, français ou anglais.

disponibilités : 3/5, dispo, parlons-en par mp.
en vrac : kinds of kindness (haydar) 23.7

kinds of kindness, w/ haydar. #3
la naissance de venus, w/ raven.
she's my alibi, w/ arlo.

présentation : présentation
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· Dim 09 Juin 2024, 19:59

kinds of kindness

@Haydar Emre / tw : mention de violences faites aux femmes.

Un soupir ravalé lui râpe la gorge depuis la première minute de conversation, feuille d'ortie croquée par inadvertance dès qu'Ilsa a tendu l'oreille aux propos du type venu tenter sa chance. Il ne manque pas d'ambition, elle doit le lui reconnaître. Non que ce soit une réelle qualité, lorsqu'elle prend son terreau dans un opportunisme effronté. Cette sale manie de se jeter sur une tendance picturale, de réaliser une première oeuvre sur un malentendu remarquée, et de s'autoproclamer artiste de talent, on la lui a suffisamment attribuée pour qu'elle s'estime apte à en taxer ses pairs – manifestement bien moins sincères dans leur démarche qu'elle, qu'importe ce qu'en disent les critiques et les concernés. Si elle se mêle rarement, en personne, à ces requins et aux affres de mépris qu'ils lui inspirent, elle a appris, à force d'écouter des sujets sur ses concurrents – simple étude de marché, pour les cyniques –, à repérer les fraudes : alors, forcément, quand un certain Ezio passe dix minutes à lui expliquer qu'il est un penseur moderne du cubisme, dont les sujets, de surcroît, sont presque exclusivement des femmes nues, les sirènes d'alarme s'allument, stridentes. Pendu à ses lèvres, le sourire est figé, lui donnant l'impression qu'elle est devenue l'une de ces statues de cire à l'immobilité parfaite que l'on expose dans certains musées. Parce qu'invitée à titre grâcieux, dans une de ces soirées qui comptent les esprits les plus vifs de l'art contemporain – une vaste blague, mais passons – Ilsa ne peut qu'être polie. Et, parce qu'elle craint que le rouge vif appliqué à ses lèvres n'en trahisse le moindre retroussement d'ennui, cela passe par une paralysie effarante.

Elle aurait droit à la désapprobation, bien évidemment : personne n'attend de ces bêtes d'égo et d'intellect qu'ils ne se heurtent jamais. Ce serait d'un ennui monstre, en plus de représenter un recul certain pour leur discipline des plus opiniâtres. Cela étant, dans ces ambiances calfeutrées, les désaccords n'existent qu'en murmures de velours et en jeux de mots bien placés. La conversation aussi est un art – un qu'Ilsa n'a jamais pris la peine de maîtriser. Naïve qui a longtemps cru qu'être talentueuse suffisait, et qui, encore, bataille à contre-courant pour défendre cet idéal. Parmi ces jeunes loups prêts à se vendre pour qu'on les expose, elle ne cherche même pas sa place, bien consciente qu'il n'y en a pas, pour elle – ou qu'elle ne s'abaisserait jamais à s'adonner aux sacrifices exigés. Parce qu'elle ne s'arrêterait pas de créer, si l'on arrêtait de payer pour ses oeuvres, sous peine d'en crever : combien, dans cette pièce, pourraient dire la même chose, qualifier de dévorantes les idées qui leur bouffent le crâne, rassasiées seulement lors d'une incarnation sur la toile, la pierre ou la peau ?
Très vite, Ilsa s'est demandé si le seul vrai artiste de la pièce ne serait pas celui que personne ne voit : l'homme derrière le piano.

Elle l'a remarqué dès les portes franchies : enfin, ce sont ses tympans qui ont aussitôt cueilli la mélodie. Loin de disposer de la moindre oreille musicale, Ilsa n'aurait la prétention de clamer avoir reconnu le pianiste à ses seules notes. Mais elle l'a vite cherché du regard, et n'a pas été si surprise de le trouver là. Tout comme elle n'a pas été étonnée – sinon vaguement attristée – de constater le désintérêt des autres invités à son égard. Haydar l'avait prévenue, pourtant, et sans doute est-ce la raison pour laquelle elle-même s'en rend compte, constat désormais criant qui autrement ne l'aurait peut-être pas effleurée – par ailleurs, sans cette discussion, elle aurait tout aussi bien pu faire partie des sourds de l'assemblée ; je joue pour des gens qui ne m’écoutent pas, et qui paient pour avoir le privilège de le faire. Pour autant, aller le saluer n'a pas été une option : malgré ce qu'elle pense d'eux, c'est avec ses pairs qu'elle est censée se mêler. Ilsa a joué le jeu. Jusqu'à Ezio, ses aspirations aussi creuses qu'infatuées, et ses discours qu'il est le seul à apprécier d'écouter.

« J'ai du mal à considérer Picasso comme un modèle, étant donné qu'il est de notoriété commune qu'il violentait ses muses. » Finit-elle par remarquer, le sarcasme à fleur de langue, interrompant sans vergogne l'éloge du maître qui, de toute évidence, ne pouvait qu'être une référence majeure pour l'imbécile se revendiquant réinventeur du cubisme – rien que cela. Ilsa a pensé que cela suffirait à montrer tout le mal qu'elle pense de la démarche. À son grand dam, cet élan de verve ne fait que stimuler son interlocuteur – tout sourire, ce qu'elle juge peu approprié, à la lumière de sa propre remarque. « Certes, mais on ne peut pas le réduire à ça… son oeuvre est quand même majeure. » Elle en reste bouche bée, un peu médusée : le débat sur la séparation de l'artiste et de son travail, là et maintenant ? « Mais, tu vois, c'est ça qui est intéressant, qu'on ne perçoive pas tout ça de la même manière… enfin, évidemment, j'entends ce que tu dis, et ce que tu dénonces dans tes expositions, je suis tout à fait d'accord avec toi. Difficile de ne pas l'être, hein ? On devrait en discuter davantage, ça pourrait être intéressant. Tu as déjà pensé à faire des collaborations ? Tes revendications et ma nuance, ça pourrait bien marcher. À voir comment je pourrais t'intégrer à ce que je fais. T'en dis quoi ? » Instinctivement, Ilsa aimerait surtout lui demander pour qui il se prend – à s'imaginer sauveur d'une créativité qui se porte pourtant très bien, et à sous-entendre avec une discrétion toute relative qu'il faudrait qu'elle tempère ses idées ; sans compter que, peut-être sur-analyse-t-elle ses mots, mais Ezio ne semble pas un instant les considérer sur un pied d'égalité. « Quel honneur ce serait, d'être intégrée à ton travail. C'est bien gentil de le proposer. » Raille-t-elle, aussi piquante que la bienséance ne le lui permet, tout en doutant qu'il capte l'étendue de son ironie : après tout, la subtilité ne semble pas être son fort. « Tu me laisses réfléchir à tout ça ? » C'est sans demander son reste qu'elle s'efface, aimant mieux lui imposer son départ que de lui laisser le choix : si elle a compris quoi que ce soit au personnage, il trouverait sans doute à lui tenir la jambe dix minutes encore, et c'est bien plus qu'Ilsa n'en peut supporter. Talons tournés, elle balaie la pièce du regard, assez désespérée de constater que ce traquenard – enfin, cette conversation – lui a fait passer l'énergie d'en nourrir d'autres, surtout sans savoir sur qui elle pourrait bien tomber.
Alors, c'est vers le piano qu'elle se dirige – peut-être le meilleur coin de la salle pour se faire oublier.

« Bonsoir. » Lance-t-elle lors d'une respiration entre deux morceaux, alors qu'elle s'est adossée à l'avant de l'instrument, non sans avoir noté la beauté des finitions boisées. « Je suis désolée de venir t'importuner, mais si je reste là-bas, je vais finir par planter quelqu'un avec un cure-dents. » Et, étonnement, ce ne serait pas toi. « Je crois que je t'envie un peu, finalement : c'est peut-être mieux de ne pas être écouter que d'avoir à les écouter. »


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Haydar Emre
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multicomptes : theo (n.saavedra), kleo (a. bratt), loïs (k. scodelario)
à contacter : theo.
présence : présente.
kinds of kindness (haydar) E78f2a97e2bdc36819831164de513cd0deb8a293
âge : Trente ans.
statut civil : célibataire — oiseau volage aux tendresses de passage, haydar s’entiche et se lasse, aime pour un temps seulement, vibre au gré des cœurs avec passion. Romantisme péremptoire dont il fait son habitude au cours du temps, écorchant à la volée quelques palpitants – et parfois même le sien en passant.
occupation : pianiste — la musique comme amante véritable, celle qui avait accroché son palpitant dès les premiers battements. Une fidélité presque morbide à laquelle il se voue et pour laquelle il vit, la musique qui l’avait un jour enchainé sans préavis.
adresse : fortitude valley — appartement sous les toits, partagé avec son piano, et Duke, son chat.
intervention pnj : Non
pronom perso : il.
trigger : injection de drogues, romantisation des relations toxiques, age gap 15+, agressions sexuelles.
warning : abandon, usage récréatif de drogues, dépendance affective, relations amoureuses dysfonctionnelles.
infos rp : 600-1600 mots en général, en fonction du type de rp
• dialogues en français uniquement
• troisième personne du singulier
• temps de réponse fluctuant (souvent sous deux semaines)

disponibilités : 2/3 – à discuter en mp.
en vrac : kinds of kindness (haydar) Fwk3


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· Mer 12 Juin 2024, 16:03

kinds of kindness

@Ilsa Decker / tw : mention d'obsession amoureuse.

Il y avait, en théorie musicale, une note que l’on appelait tonique. C’était celle qui dictait la tonalité d’une pièce musicale, le pivot autour duquel tournait l’entièreté de celui-ci – même lorsqu’il se risquait à s’incliner vers des disharmonies. Elle se faisait parfois omniprésente, soulignée par des accents et des crescendos, ou s’amusait à se cacher derrières d’autres. Selon les mouvements, la tonique se faisait fantasme ou fantôme, mais elle revenait toujours ; elle était celle qui commençait le morceau et le terminait, et lorsqu’enfin elle réapparaissait, l’oreille ne pouvait que connaître ce sentiment béat de résolution, de stabilité.
Il s’était toujours dit que c’était ce qu’elle était. Sa tonique à lui. Celle qui brillait parfois par son absence, même lorsqu’il tâchait de donner d’autres tonalités, d’autres couleurs à son existence. La note sur laquelle la partition de sa vie retombait toujours, comme un motif, une familiarité qu’il attendait et retrouvait avec un soulagement injuste, et douloureux. Fondamentale, comme la basse la plus grave d’un accord – comme la fréquence sur laquelle s’appuient les voix du monde. La vibration première.
Ilsa avait disparu de son monde pendant des mois. Évanouissement naturel, puisqu’ils n’avaient été amenés à se côtoyer que par un hasard imbécile, un coup de dés du destin pour en abolir leur distance. Mais cette fréquentation n’avait rien produit, rien créé entre eux – si ce n’est évidemment, le fruit du travail méticuleusement échafaudé pour les besoins d’une performance éphémère. Elle n’avait rien guéri, rien dissipé, et sans doute n’avait-il même pas osé espérer qu’elle le fasse : il se félicitait même que celle-ci n’ait pas été le siège d’une guerre vive et cruelle, de l’échafaud sur lequel il aurait été obligé de grimper, pour encaisser les conséquences de ses actes passés. D’une certaine manière, les choses n’auraient pas pu mieux se dérouler ; se rejoindre le temps d’un instant, éviter les rancœurs avec habilité pour enfin se disperser une fois celui-ci achevé. Savoir qu’on ne se reverrait certainement plus, puisque les accidents de ce type ne se produisaient jamais plus d’une fois ; du moins, c’étaient ce qu’en disaient les lois. Celles du monde et des cœurs avec lequel le destin semblait s’amuser, parfois, lorsque l’étrange monotonie du quotidien se faisait étouffante.
Mais sur la partition de sa vie, Ilsa s’était un jour faite note tonique ; et il est dit que les règles de l’univers n’avaient jamais réussi à supplanter celles de la musique.

Ce soir, les êtres qui l'entourent sont venus pour être monarques, empereurs déifiés du petit monde exigu de l'art, à la fois possesseurs et esclaves de leur notoriété puante. Ils sont venus pour croire, et les petits serviteurs qui s'activent autour d'eux – dont il fait partie – les y aident : c’est le jeu, celui pour lequel ils ont payé. Il n'aurait pas l'audace de s'en plaindre, après tout, il n'est là que pour jouer ; musicien de décoration, pianiste d'ornement qui prostitue chaque soir ses mélodies pour le plaisir de ceux qui acceptent de le payer. Il était une époque où il aurait fait la fine bouche, espéré mieux – et parfois, il le pouvait. Parfois, non. Et il se retrouvait là, dans le rôle absurde de celui qui joue sans espérer être écouté.

Le temps s’est arrêté.

Ne reste que les doigts qui se suspendent, nécrosés de morosité ; et puis l’œil qu’il pose sur elle, flegmatique a souhait, lorsqu'elle s'avance.

Ilsa.

Silhouette ambiguë, regard qui tue. Fangs ou Ilsa, dépend des fois, langue qui s'enroule contre le grain de sa voix. Mordue par les lampions, symbole de ses démons – vêtue de bleu, Ilsa. L'indigo comme une hantise de contrefaçon, l'obsession seule connue des frustrations. Fangs. Beauté cousue sur les canines – incisive, même dans le noir.
Ilsa elle le vide, le troue, le cloue de son regard.

Chez elle, c'est une habitude. Elle hante les pièces à chaque coup d'œil qu'elle lance, elle hante sa tête sans qu'il y pense. Elle a juste à être là, faisant de la fierté cette manière capitale d'exister, de respirer. De s'approcher, comme un fantôme de pierre : parfois, il voudrait ne plus la regarder. Trop tard, elle a déjà parlé. Voix lente, à la neutralité désolante, le piano caressé du bout du doigt.
Terriblement Ilsa.

À choisir, je préfère ton oreille aux leurs. 



Son oreille, ses yeux, sa rage de malheur. 

Car Ilsa, elle avait toujours été atrocement belle lorsqu'une mélodie lui brisait le cœur.

Il l'avait prononcé d'un ton absent, vaguement passéiste. Le pianiste semble avoir ce soir le goût du risque. Mais il ne donne pas suite, se contente de jeter un coup d'œil au dessus de l'épaule de l'artiste pour tenter d'en apercevoir l'individu qu'elle cherche visiblement à fuir. Sans succès ; de toute façon, ce n'est pas comme si ça pouvait lui importer. Il se demande juste pourquoi elle est là devant lui, pourquoi entre tous les échappatoires présents, elle a choisi de le considérer comme tel. Car s'il y a bien une chose qu'ils n'ont jamais été, c'est une sortie, ou une fin en soi : sorte de Sisyphe amoureux dont, de son côté, il n'a aucunement été capable de s'échapper.

Qu’est ce que ça fait, de faire partie du gratin artistique australien ? Enonce t-il avec distraction, en avançant vaguement son buste pour appuyer ses avant-bras sur le plateau du piano, puis redresser les yeux vers son visage.

Ce n'est même pas vraiment moqueur. En tout cas, pas envers elle ; peut-être un peu à l'encontre de tous ceux qui l'entourent et qui se congratulent, se délectent de faire partie de ce petit club resserré. Mais s'il ne sait plus grand chose d'elle après tout ce temps, il se doute cependant qu'elle n'a jamais eu le goût de tout à fait s'y mêler.
Un mince sourire se froisse au pli de ses lèvres, alors qu'il attrape la tasse de café – froid, désormais – posée à ses pieds. Une gorgée est avalée, puis les épaules haussées.

Si tu troques leurs conversations pour celle du pianiste terré dans un coin, c’est qu’ils ne doivent pas avoir beaucoup d’atouts dans leur manche ; tu sais que je suis pas très doué pour parler d’autre chose que de croches et de blanches.

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· Jeu 20 Juin 2024, 21:05

kinds of kindness

@Haydar Emre

Un tête-à-tête avec Haydar. Ilsa n'aurait jamais parié sur un tel hasard – pas tant celui qu'ils se croisent, voire se saluent de loin : mais celui que parmi toutes ces personnes, supposément de sa propre engeance, elle se sente le moins mal à l'aise en sa présence. Il n'y a pourtant rien de confortable dans ces retrouvailles inopinées, si ce n'est la force de l'habitude : car, des surprises qu'Haydar pourrait lui réserver, Ilsa est persuadée de connaître l'amplitude. Tandis que, des autres, elle s'attend à tout. Drôle d'arène que celle dans laquelle elle s'est finalement jetée. La plupart se connaissent, certains sans doute se détestent, derrière leur courtoisie indigeste. Elle-même doit bien y dénombrer plus d'un ennemi, sans le savoir. Quelqu'un qui aura appris à la haïr au travers d'une parole, ou d'une œuvre trop ostentatoire. Non qu'elle soit bien difficile à exécrer. Il n'y a qu'à voir les manières inadaptées, le refus de se mêler – quitte à s'enticher du pianiste jusqu'à la fin de la soirée. Pour qui se prend-elle, à se dérober des usages millénaires auxquels se plient chacun de ses pairs ? À moins qu'ils ne l'aient déjà oubliée, puisque dans ce cirque, la coutume semble être de s'afficher pour exister.
Mais Ilsa a choisi l'invisibilité : le pianiste, dans son recoin caché.

« Pas grand-chose. Redemande-moi lorsque j'aurais enfin accepté de me prostituer pour leur plaire : peut-être qu'à ce moment-là, je trouverai enfin du plaisir à cette mascarade. » Le choix de ses mots est lourd de sens, et elle en assume chaque implication sous-jacente. Elle les a entendus se vendre, désespérés d'obtenir un peu de validation : obligés de s'écouter parler pour se convaincre de leur pertinence. Dire que ce soir, seuls des artistes sont présents : c'est à se demander jusqu'où des mécènes les pousseraient à s'agenouiller. Par ailleurs, Ilsa ne peut nier que le spectacle a quelque chose de fascinant. Tous ces monstres d'orgueil, réduits à quémander un assentiment. Peut-être dramatise-t-elle l'exercice, mais elle n'envisage aucune manière de concilier sa propre dignité avec de tels comportements. « Tant que tu ne te mets pas à me vanter les mérites de Picasso, je devrais tenir le coup. » Visage légèrement incliné vers lui, Ilsa se surprend à lui adresser un sourire de connivence, estompé tout aussi vite. Si la remarque, aux oreilles d'Haydar, aura certainement l'air de sortir de nulle part, nul doute qu'il n'en sera pas pour autant étonné : car elle se souvient d'avoir longuement disserté à ce sujet, à la sortie de ses cours, pouvant se scandaliser pendant des heures de l'idolâtrie vouée à des hommes violents, pour peu qu'ils aient apporté un peu de génie à leurs cultures. La triste pérennité de ce débat n'a certainement fait que renforcer les convictions d'Ilsa, et son instinct à montrer les crocs à quiconque oserait en diverger. Haydar, au moins, comprenait son viscéral dégoût – ou, du moins, avait toujours gracieusement accepté de l'écouter divaguer avec la verve qu'on lui connaît, sans jamais s'interposer. Il pourrait toujours se vanter de connaître sur le bout des doigts ce qui l'anime, et ce qu'elle trouve abject ; quoique les deux spectres se soient quelque peu élargis, durant les années, mais sans réserver pour autant de grande surprise. Il y a là les contours d'un fantasme, dans l'idée de reparaître dans la vie de quelqu'un à qui l'on avait tout dévoilé en étant parfaitement transfiguré : si elle avait eu le choix – par bête bravade – peut-être qu'Ilsa aurait opté pour cela. S'offrir une mue intégrale, se présenter comme une autre ; susciter cette fascination des premiers jours, celle que la familiarité étouffe en s'installant.
Mais, si vipérine soit sa langue, le mensonge ne s'y attache pas facilement ; et retrouver Haydar n'avait jamais fait partie de ses plans.

« Le café, c'est par choix, ou est-ce que les musiciens n'ont pas droit au champagne ? » Demande-t-elle, innocemment, en l'observant affublé d'une tasse où s'amasse un fond de liquide brun ; avant de se détourner, le temps d'une grimace – autant dessinée par l'aspect peu ragoûtant du breuvage, qu'elle imagine traîner là depuis un moment, qu'en réalisant la portée potentiellement péjorative de ses paroles. Si elle avait voulu volontairement le rabaisser, sans doute n'aurait-elle pas pu mieux s'y prendre. La question est pourtant dénuée de malice – d'une part car elle n'aurait jamais dénigré son emploi, ni même les circonstances peu gratifiantes dans lequel il se retrouve à travailler, d'autre part car elle ignore tout de ces soirées et de leurs coutumes, et, de fait, comment le musicien, à ces occasions, est traité. À ses yeux, les notes d'Haydar offrent trop de valeur ajoutée pour qu'il soit traité comme un simple employé, lui qui pourrait prétendre à part entière rejoindre les rangs des artistes qui se prélassent autour des flûtesl et des petits fours ; mais à quoi bon le choyer, si personne d'autre ne prend la peine de l'écouter ? Au demeurant, la sobriété qu'elle devine est plutôt pour l'arranger, elle qui ressent un profond malaise devant les débauches d'alcool. Bien que ces invités-là aient le mérite de savoir se tenir, plus d'une langue s'est déliée d'une logorrhée dont le champagne semble être un coupable idéal ; Ezio en première ligne, bien qu'Ilsa suspecte qu'il ne doit pas être tellement moins loquace – ni culotté – au quotidien.

Enfin, elle se retourne tout à fait, semblant pour de bon fermer la porte entre eux et le reste de la salle – qu'elle a, de toute façon, abandonné définitivement. « Tu jouerais quelque chose, pour mon oreille ? » L'aplomb est tout nouveau, électrisé par la soudaine intimité que confère le premier franc échange de regard : toute la vie alentour est dans l'angle mort d'Ilsa, uniquement concentrée sur Haydar. Peut-être s'est-elle aussi imprégnée du culot des autres participants, bien qu'à la recherche d'un trésor bien différent. Toutes factices soient-elles, les conversations lui ont donné soif d'art, de cet idéal de beau que tous, sans pourtant s'en approcher, portent aux nues ; pour se consoler de ce temps perdu, Ilsa a à prendre sa revanche.
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· Sam 22 Juin 2024, 12:16

kinds of kindness

@Ilsa Decker / tw : mention de prostitution et de sexualité.

Il y avait quelque chose d'ironique, de presque un peu pathétique dans sa façon de juger à demi-mots celles et ceux qui se réunissaient pour courir après la validation de leurs pairs – comme s'il avait pu lui-même se placer en dehors de cette chasse à souffle court. Il n'y avait qu'à voir la manière dont il avait laissé son attention se déployer soudainement, à partir du moment où Ilsa s'était approchée de lui ; cette illumination au creux de l'iris, prête à cueillir la moindre trace de considération de sa part, à la travestir pour la changer en signe, en symbolique, en immensité. Au moins était-il tristement lucide sur le sujet : de l'époque où ils formaient un duo soudé, il n'avait pas perdu l'habitude de guetter toutes les formes d'approbation qu'elle aurait pu lui offrir – celles-ci constituant le trophée le plus précieux et le plus solide, comme ce devait être le cas de tous les individus aussi exigeants qu'elle. Sa seule présence devenait récompense ; en se déplaçant vers lui, bêtement, il avait l'impression de se voir choisi, et de devoir en conséquence mériter cette élection.
L'aspect le plus complexe était la pleine conscience de cette quête vaine à son égard, quand bien même il ait pu s'en constituer critique défaitiste depuis des années : il n'avait jamais espéré regagner la confiance, le respect ou l'affection d'Ilsa, même en étant amené à la recroiser hasardeusement. Encore moins en reconquérir sa tendresse ou son désir – pour être tout à fait honnête, le simple fait d'y prétendre lui aurait paru honteux et déplacé. Mais en s'observant lui-même à l'instant, il ne pouvait que se faire témoin de ce ravissement cruel, celui-là même qui l'envahissait au premier mot adressé – au premier sourire. Un circuit de la récompense auquel il n'aurait pas été capable de couper court, même en l'ayant décidé ; ça aussi, il le savait. Et à ce moment précis, Haydar devait se sentir aussi piégé que le rêveur assiégé dans une utopie agréable : tout autant conscient de l'artifice et de sa beauté, que de la chute douloureuse que constituerait le réveil. Incapable, cependant, de se l'infliger de lui-même.
La seule marge de manœuvre qu'il lui restait était sans doute de ne pas se perdre dans des enthousiasmes démesurés, de ne pas encourager cette connivence de ses actes – quand bien même l'entièreté de son instinct lui hurlait de s'y jeter à corps perdu. La sagesse lui dictait de tenir une certaine distance, aussi malhonnête fût-elle, au moins pour essayer de se convaincre de sa propre apathie ; combattre un artifice par un autre, en somme. Une tentative certainement assez vaine, mais qui lui semblait être la dernière stratégie de préservation disponible, lorsqu'Ilsa était dans les parages.
Ainsi, la provocation glissée de ses lèvres lui arrache un sourire fugace : parce qu'il la reconnait dans ces mots-là – elle était sans doute l'unique individu de son entourage qui aurait pu les prononcer avec tant de naturel. L'œil glisse sur les visages anonymes de la foule, s'arrête parfois sur l'un plus qu'un autre, sans pour autant sembler marquer un réel intérêt.

Tout le monde se prostitue un peu, ici, Constate t-il pour toute réponse. Moi le premier, ça fait longtemps que j’ai accepté de laisser ma musique tapiner.

Ce n'était pas une mauvaise chose, ainsi énoncé. En tout cas, il considérait que ça n'avait pas forcément à l'être, ayant depuis longtemps réussi à tout à fait dissocier la musique qu'il offrait lors d'occasions comme celles-ci – celle qui resterait éternellement un bruit de fond, un accompagnement peu écouté – et celle produite sur la scène d'un concert, ou d'une quelconque autre performance. De la même manière qu'une prostituée – puisque la métaphore avait ainsi démarré – aurait volontiers appliqué une différenciation radicale entre le sexe tarifé et celui vécu dans sa propre intimité, Haydar appliquait la même philosophie aux notes s'échappant de ses doigts. Ce n'était pas une question de valeur, mais d'essence : les deux types de musiques pouvaient exister et cohabiter sans se marcher sur les pieds.

Un haussement d'épaules est alors offert à la jeune femme, suite à son interrogation envers sa boisson ; une question qu'elle semble regretter presqu'immédiatement, laissant échapper une rapide mimique concernée. Il n'en prend pas ombrage : les types qui l'engagent n'en ont pas grand chose à foutre de savoir qu'il sait jouer l'Impromptu de Chopin même ivre, même les yeux fermés. À la différence des artistes qui évoluent dans la salle, sa valeur à lui ne se mesure pas à ce qu'il pourrait faire, ce qu'il créera un jour, ou ce qu'il a un jour créé ; sa valeur, on la lui colle comme une étiquette, strictement proportionnelle à ce qu'on lui demande de faire. Autrement dit, pas grand chose.
Mais ça aussi, il a l'habitude.

Un peu des deux, je suppose, Trouve t-il à répondre, se risquant malgré tout à glisser une pointe d'ironie dans le pli de son sourire. « Les chiens n’ont droit qu’aux gamelles, et j’ai la sincérité trop facile, lorsque je bois. Ils risqueraient de comprendre que j’ai tout sauf envie d’être là.

Ou peut-être aurait-il dû conjuguer cette phrase au passé ; parce que depuis quelques minutes, il avait soudainement bien moins envie de ramasser ses partitions et de se barrer. Ce doit être la bulle délicate dans laquelle elle l'entoure en le regardant, en l'écoutant – ce confort familier que sa présence a toujours instillé. Plaisir dangereux face auquel il accepte de ployer, mais avec une retenue certaine, une forme de prudence craintive : car il sait pertinemment l'effet que sa seule existence peut avoir sur lui. Preuve en est, la dégringolade dans son ventre lorsqu'elle lui demande de jouer, de jouer pour elle.

Il ne peut pas.

Parce que jouer pour quelqu'un, c'est toujours l'aimer. Elle ne doit pas le savoir : des musiciens, ce doit certainement être le secret le mieux gardé. Mais tous le savent, s'observent chaque jour offrir leur cœur et puis le retirer, impuissants face à l'inconscience de celles et ceux qui les écoutent sans saisir ; la passion des concertistes est toujours solitaire, profonde, injuste. Belle aussi, à en crever. Ils se piègent sans cesse dans l'adoration éphémère qu'ils donnent à chaque inconnu, ne se consolant jamais tout à fait d'avoir tant ressenti, d'avoir créé un simulacre si parfait de l'amour qu'ils y ont eux-même cru. L'espace d'un morceau, d'une poignée de notes ; jusqu'au silence, et sa solitude féroce.

Il ne peut pas.

Jouer pour quelqu'un, c'est toujours l'aimer ; et aimer Ilsa, ça risquerait de le bousiller. Alors à elle qui convoque ses mélodies, Haydar a la défiance de se faire muet. Car leur vocable est complexe, leur langage-idole n'est plus celui de l'amour : il est celui de l'acier, des mots volés dans la nuit, des verbes arrachés aux griffes du passé, il est celui d'une mélancolie noire et péremptoire qui disparait juste après minuit. Leurs mots ne sont plus je t'aime, ils ne sont plus tu me manques ; car l'horreur dont ils élaborent le dialecte est celui de ce qui a déjà disparu, la contemplation vide et cruelle d'un amour qui n'est plus. C'est comme oser regarder un néant droit dans les yeux : tristement vertigineux.
Pourtant, il ne peut encore moins refuser de lui offrir ses mélodies, sa musique, sa solitude de fer ; tant pis, il gardera le secret jusqu'au bout sur ce petit enfer. Elle ne saura pas combien ça lui coûte, combien ça compte, ne saura pas la symbolique terrifiante qu'il y plante. Son cœur avec, sans doute. Elle ne saura pas, et c'est très bien comme ça.
Des années qu'il en avait fait son pire secret, Ilsa.

Et qu’est-ce qu’elle veut écouter ? Fait-il alors mine d'interroger, se repoussant du plateau de l'instrument pour se redresser, et guider ses mains vers le clavier. « Quelque chose comme…

La voix se suspend, et la phrase s'interrompt. Ou plutôt, ce sont les mots qui semblent se changer en notes – celles qui s'envolent au bout de ses doigts. Comptine douce, un peu chagrine et languissante : sorte de chant du cygne, brisant le cœur des harmonies. La mélodie s'arrête, et un sourire se tord à sa commissure.

Autant se jeter depuis une falaise, Rature t-il sa propre tentative du bout des lèvres. « Peut-être quelque chose de plus entraînant.

Nappe guillerette du bout des phalanges, contrastant étrangement avec la dernière comptine ; une chanson si joyeuse qu'elle tourne presque à la blague, qu'il semble s'en amuser comme si on lui avait raconté la vanne de l'année. Et une fois le motif achevé, les mains s'immobilisent, le regard se redresse enfin pour trouver le sien.

Que veut ton oreille ? Danser, se morfondre ou s’évader ? Mais ne me demande pas de la surprendre, c’est l’injonction la plus banale qu’il puisse exister.

Quitte à t'aimer et à me bousiller, autant t'offrir quelque chose à apprécier.

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Ilsa Decker
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à contacter : sierra.
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âge : 28 ans passés à une vitesse folle, à douter parfois d'y avoir réellement assisté.

statut civil : célibataire, convaincue du bien-fondé de sa solitude ; lassée de laisser chaque nouvelle relation la faner, d'observer les objets de ses désirs s'éprendre d'elle et s'en éreinter.

occupation : artiste plasticienne – pour simplifier une œuvre plus éclectique. les performances comme premier amour, du scandale pour l'implanter dans l'impitoyable marché de l'art : elle s'est assagie, depuis, mais sa côte reste au sommet. chaque création se revendique d'un discours féministe engagé, d'une dénonciation. mine d'inspiration malheureusement sans fond.

adresse : un loft vaste et lumineux au 108 sb&we, parfois trop grand, parfois trop étouffant.
intervention pnj : Oui
pronom perso : elle
trigger : tout ce qui touche de près ou de loin à l'inceste ou la pédophilie // les descriptions de viol, agression sexuelle, violence conjugale // la romantisation de relations avec gros écart d'âge.
warning : suicide, deuil, harcèlement scolaire, divorce
infos rp : présence : quotidienne, réponses toutes les 2-3 semaines selon l'inspi.
style rp : j'écris en elle ; entre 400 et 1500 mots, selon le rp, l'inspi, etc.
dialogues : en crimson, français ou anglais.

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· Sam 22 Juin 2024, 18:08

kinds of kindness

@Haydar Emre

Dis-moi non.
Sous les mots de velours, deux défis contraires se profilent : lui offrir ses mains, ses notes, son génie, le temps d'une mélodie, ou bien, d'un refus concis, ne les garder que pour lui. Ilsa ignore comment il prépare ces soirées, s'il a tout un répertoire qui leur est dédié – voire si les organisateurs ont déjà une liste de morceaux préétablie – ou s'il s'assoit au piano sans avoir ouvert une partition en particulier, prêt à laisser ses humeurs musicales le porter. Quoi qu'il en soit, elle en demandera forcément davantage. Incapable de se contenter de la symphonie numéro dix-sept d'un catalogue cent fois interprété – ou, de manière générale, d'une sonorité qui aurait été dédié à d'autres. À plus forte raison si les autres sont ces nombrilistes pour lesquels tout bruit n'émanant pas de leur gorge peine à passer le filtre d'une sourdine stricte. Par ailleurs, Ilsa n'est pas sans savoir le rôle clé que joue la rareté, dans la valeur de l'art ; pour ne pas dire, lorsqu'elle peut s'appliquer, l'unicité. Alors, elle n'aurait que faire de notes dont Haydar aurait déjà fait don : elle ne pourrait sans doute pas s'empêcher d'y entendre un affront.
Elle en demande beaucoup. Du moins en a-t-elle une vague conscience, sauf que demeure étrangement prégnant le souvenir de leur première répétition, où la mélodie avait fusé en quelques mots seulement : elle le sait capable d'improvisation – voire alléché par une telle revendication. Ne persiste, dans l'air, que l'ultime question : est-elle, elle, encore digne de se voir dédier une création ? Et qu'est-ce qui demanderait le plus de courage – de se jeter dans cette invention, ou tout bêtement de lui dire non ?
Pas d'échappatoire ; pas de bonne ou de mauvaise réponse. Ilsa s'en est assurée. Pour eux, il n'y a pas de facilité. Pas d'évidence, si ce n'est celle, naïve et juvénile, qui s'était plue à les guider dans les bras l'un de l'autre, avant de lâchement les abandonner. Elle ne saurait dire, au demeurant, si ce n'est qu'à lui qu'elle réserve de tels pièges, ou si elle a tâché de rendre la tâche ardue à chaque personne s'étant aventurée dans son sillage. Sûrement un peu des deux : Ilsa ne s'est jamais laissée décrypter aisément, mais il n'y a personne qu'elle ait tant ressenti le désir de pousser dans ses retranchements. On flairerait presque un parfum de vengeance, dans son acharnement.
Et quelques embruns de nostalgie.
Même la lassitude ne justifie pas son inclinaison à venir le trouver : il y a bien, dans cette salle, au moins une personne avec qui elle aurait partagé plus d'un atome crochu. Et, dans le pire des cas, une porte à franchir. Aucun sentiment sain ne peut défendre cette attraction, cette cruauté – qu'elle utilise Haydar comme une distraction, et en finisse envoûtée. À cet égard, un refus serait préférable. Encore un terrain glissé sur lequel elle s'est aventurée : la voilà qui tient au creux de la paume d'Haydar, ballerine de fine porcelaine, prête à voltiger, ou bien à s'écrouler. Il faudrait qu'il mette fin à leur tragédie ; mais, au fond, Ilsa crève de l'écouter. Peut-être pour la dernière fois ; peut-être que son aplomb soudain vient de là. Car, quitte à s'en mordre les doigts, Ilsa aime mieux s'écorcher aux passions qu'elle aura embrassées, plutôt qu'à celles étouffées.

Haydar la prend au mot. Expérimente, d'un toucher léger. Bien qu'habillée d'une certaine tendresse, la mélodie semble se délier tout en tristesse ; Ilsa peine à saisir l'intuition réflexe. Est-ce donc cela, que je t'inspire ? La gorge s'en est serrée : dans le grain de sa voix, elle tente de n'en rien montrer. « J'ai bon nombre d'interlocuteurs là-bas qui me font justement cet effet-là, je ne serais pas contre un changement de registre. » Alors, l'air change du tout au tout. Quelque chose de plus entraînant, a-t-il promis. Le sourire qui étire les lèvres d'Ilsa tourne à l'amer tandis qu'elle s'aperçoit que, si la lamentation tout juste éteinte lui a étreint le cœur, la présente ballade échoue à lui instiller la moindre légèreté. Qu'importe : ce n'est pas ce qu'elle est venue chercher. « Laisse-moi y réfléchir un instant ; je détesterais être banale. » L'assertion est par deux fois vraie : non seulement Ilsa exècre l'idée de se montrer ennuyeuse, mais, au-delà, face à Haydar, elle a envie de se montrer surprenante. À moins que ces deux choses-là ne soient tout à fait les mêmes, comme il semble le prétendre.
Que pourrait bien vouloir son oreille ? Au fond, Ilsa n'en a pas la moindre idée. Aussi étonnant que cela puisse être, elle a jeté sa demande sans même se questionner sur ce qu'elle aurait pu souhaiter entendre ; n'étant même pas sûre, à ce moment-là, de vouloir qu'Haydar lui joue quoi que ce soit. Une note par surprise – l'intention pure et simple d'une symphonie – lui aurait suffi. Tout comme ce fameux non qu'elle n'a finalement pas entendu, pour peu qu'il ait été décrété au diapason. « S'évader, oui. Ou, si je peux être plus claire, oublier. » La consigne est volontairement vague – sans doute devenue plus floue à l'instant même où Ilsa a prétendu en préciser les contours. C'est qu'il y aurait tant à oublier : Haydar est peut-être celui qui le sait le mieux. Cela pourrait simplement concerner cette soirée ratée et les âneries dont on a bourré le crâne à Ilsa tout du long. Ou, bien moins futile, toutes les plaies béantes qu'elle ne prend plus la peine de cacher – ni même de panser.
À moins qu'il ne s'agisse, là, d'eux, uniquement : à vrai dire, c'est à cela qu'Ilsa pense le plus, en cet instant, tandis que les autres invités, de son esprit, se sont effacés, et que dans les leurs, elle-même n'a peut-être jamais existé. Présente à leurs oreilles, désormais, par son silence – donc plus du tout digne d'intérêt – tandis que le bruit d'Haydar n'est qu'anecdotique : ils sont seuls, d'une certaine manière, et, entre eux, qu'est-ce qui pourrait trouver une place, si ce n'est leurs souvenirs ? L'étau se resserre, et pourtant, d'autres chemins se dessinent. Car, de leur histoire, qu'oublierait-elle ? La lâcheté d'Haydar, ce qui y a mené – ses propres paranoïas et sa morosité – ou, tout bêtement, le premier jour où ils s'étaient rencontrés ?
Qu'y a-t-il à garder de leur amour lacéré ?
« Une symphonie d'oubli, ça pourrait me convenir. » Conclut-elle. Manières de velours, à nouveau, pour des paroles non moins cruelles. Ilsa veut faire mal : mais jamais davantage qu'elle ne veut que lui ne la fasse souffrir. « C'est dans tes cordes ? »


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· Sam 22 Juin 2024, 23:59

kinds of kindness

@Ilsa Decker / tw : aucun a priori.

Oublier.
Le verbe n’avait jamais tant résonné qu’entre eux, aux différents stades de leur relation – et surtout une fois celle-ci flétrie. L’oubli chéri, espéré et plébiscité, l’oubli que l’on mime et la mémoire parcourue comme un terrain plein de mines, évitant chaque souvenir comme un obus enterré. L’oubli que l’on craint aussi, la peur viscérale de voir les images tendres s’effacer au prix des seules douleurs, que l’histoire n’en devienne que ça – un récit que l’on se raconte en boucle, sorte de soliloque imbécile qui ne s’enracine à plus aucune réalité.

Longtemps, Haydar avait essayé d’oublier Ilsa. Effacer son visage comme on efface un tracé sur une feuille, des notes sur une portée. Effacer sa voix comme on perd la mémoire d’une comptine apprise il y a longtemps, d’une mélodie d’enfance, l’effacer entière. L’amour et la douleur confondus, la passion et la culpabilité mêlées. L’oubli, il en avait cherché la recette dans chaque recoin, dans chaque repli de lui-même ; il l’avait guetté dans le goût d’autres peaux et l’oraison d’autres soupirs, sorte de frénésie désespérée, de course au néant.
Et puis, il avait renoncé. Pire encore, il s’était résigné à vivre en compagnie du fantôme de leurs tendresses passées, des pauvres soliloques de ce qu’ils avaient été. Et Ilsa, il l’avait recréée au gré des bouches et des regards, retrouvée par morceaux solitaires dans les amours qu’il daignait vivre dans le noir. Le glas sinistre de cette course avait été Polina : si semblable à l’amante délaissée qu’elle en aurait pu en être la contrefaçon attitrée, la sœur cachée – une gémellité malsaine à laquelle il n’avait pas su résister. Et il avait aimé Ilsa entre ses bras, avait eu l’illusion vaine et terrible de la retrouver, sans recul ni pardon, comme si le passé n’en avait été qu’annihilé : il ne s’était jamais connu aussi cruel que cette fois-là. Plus tard, il avait regretté, s’était détesté pour ça – cette bassesse d’esprit et d’instinct, la facilité avec laquelle il avait accepté de s’enticher d’un souvenir, au détriment du cœur d’une autre. Et si l’erreur lui avait plus ou moins servi de leçon, dégoûté définitivement de l’exercice consistant à chercher Ilsa au gré des courbes croisées, il n’en avait pas été guéri pour autant.
Il n’avait jamais oublié.

Comment alors aurait-il pu composer une symphonie en ode à l’annihilation ? Autant imaginer le concerto de ses échecs passés, l’hymne de ses erreurs accumulées. L’idée était ironique, douloureuse. Cruelle, presque, puisqu’elle soulevait une question : avait-elle cherché elle aussi à l’effacer ? Sans doute. Et étrangement, il lui souhaitait d’y être parvenue, d’avoir mieux réussi que lui à cet art délicat de la suppression. Peu importe ce que lui dictait son égo : ça faisait longtemps qu’il avait cessé de lui accorder le moindre droit de parole, lorsqu’il s’agissait de son histoire avec Ilsa.
La demande formulée était impossible, il en était convaincu ; mais l’admettre, c’était mettre en lumière sa propre inaptitude, la honte cinglante de sa seule mémoire. Pour la première fois, Haydar ne savait pas quoi jouer, quelles notes lui offrir pour recréer la justesse de l’oubli : autant essayer de peindre du bout des doigts le paradis.

Au moins ce n’est pas banal, Reconnait-il alors en abaissant l’œil sur les touches qu’il frôle, sans les enfoncer. « Mais je ne suis pas sûr d’être assez doué pour y arriver.

La confession est simple, modelée du bout des lèvres.
À l’endroit de son index, la solitude d’un fa dièse.

Le propre de la musique est de convoquer les souvenirs, d’en inventer des nouveaux, d’imaginer tous ceux qu’on n’a jamais vécus, et dont on retrouve la mémoire aussitôt. » L’œil se redresse, retrouve les traits de son visage pour en avouer sa défaite. « Il n’y a que l’espace entre les notes qui ne connaisse l’oubli. Il faudrait que j’arrête de jouer.

Que j’arrête de vivre, aurait-il pu ajouter.
La métaphore est difficile, mais Haydar est lucide : la mort seule des mélodies pourrait faire écho à la morsure des souvenirs. Autrement, c'est un échec. Tâché d'images sépias et de vieux rires.

Une sonate pour les rêves, à la rigueur. C'est le mieux que j'ai à t'offrir.

Car dans ses rêves à lui, Ilsa était toujours là. Et il pourrait lui dire, qu'on ne compose jamais dans le vide ; qu'on s'accroche à ce qui est de chair, de sang, de douleurs et d'espérances, on ne compose que lorsque le cœur virevolte et que l'âme danse. Or, il n'avait jamais trouvé meilleure partenaire, pour ses valses nocturnes ; car il n'existait pas de plus belle définition de l'infini qu'Ilsa, lorsqu'elle hantait l'ombre de ses lunes. Peut-être ses mélodies pouvaient-elles parler de ça, chanter et plaindre ce que le jour devait à la nuit.
Dire à quel point la réalité, en comparaison, se révélait d'un triste ennui.
Sous ses doigts, les touches s'actionnent avec légèreté ; on devine au coin des phalanges, le récit d'un crépuscule à peine tombé, d'un mépris des aurores dont l'utopie se fait complice. Le lever du jour, dépeint comme supplice. Et les harmonies qu'il déplie possèdent le calme des soirs d'été – ceux qui arrachent des sourires larges, lorsqu'enfin une brise se faufile entre les nuages. Les notes se tordent sous la douceur des complaintes emmêlées, des rêves absurdes et des mondes de l'esprit : au plus clair des moments, la musique n'est plus que nostalgie. Celle, bien particulière, que l'on ne ressent qu'au réveil – lorsqu'on réalise avoir laissé s'échapper le souvenirs de vies vécues, le temps d'un profond sommeil. Peut-être que durant une seconde ou deux de faiblesse, il s'autorise à jouer pour elle ; parce qu'il ne sait pas s'il en aura encore l'occasion. Et la mélodie se tait alors, perdue dans le chuintement des conversations.

Je crois que si je ne peux pas jouer l'oubli, c'est parce qu'il me terrifie, Prononce t-il finalement, l'air pensif, frôlant le revêtement noir du piano du bout des doigts. « J'ai peur de perdre des miettes de ce que j'ai vécu, des morceaux de ce que je suis. Je voudrais tout garder, des paroles de ma première comptine, jusqu'au souvenir des inconnus dans la rue ; j'ai peur d'oublier, de devenir gris.

Peut-être que c'est la raison pour laquelle il n'avait jamais réussi à l'oublier, Ilsa.
Parce qu'il était convaincu que le faire, c'était perdre un peu de lui, de couleurs et de voix.

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occupation : artiste plasticienne – pour simplifier une œuvre plus éclectique. les performances comme premier amour, du scandale pour l'implanter dans l'impitoyable marché de l'art : elle s'est assagie, depuis, mais sa côte reste au sommet. chaque création se revendique d'un discours féministe engagé, d'une dénonciation. mine d'inspiration malheureusement sans fond.

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· Jeu 08 Aoû 2024, 23:27

kinds of kindness

@Haydar Emre

Le sourire satisfait qui aurait pu germer sur ses traits, en entendant le succès de son effet de surprise, reste bloqué en une contraction des mâchoires alors qu'immédiatement, Haydar enchaîne sur une dérobade. Sincère, sans doute. Là n'est pas le problème ; il réside plutôt dans le décalage qu'Ilsa ressent aussitôt, à en avoir trop fait, trop demandé. Peut-être qu'elle aurait dû verser davantage dans la banalité abhorrée, se montrer plus lisse. Peut-être qu'alors, elle ne se tiendrait même pas là, en train de faire la conversation à l'objet de ses dernières nuits blanches au lieu de se contenter de cette rancune lointaine qui lui avait bien suffi jusque-là, mais serait encore à discuter, quitte à en venir au débat, avec les vrais centres d'intérêt de la soirée. Avec ses pairs. C'est eux qu'elle devrait honorer, et Haydar qu'elle devrait mépriser. Mais il a encore fallu qu'elle se décide à penser loin de la mêlée. Différente, désaxée. Pas même foutue d'être fidèle aux hantises de son passé, ni aux leçons qu'elle aurait dû en tirer.

À la place du sourire qu'elle aurait rêvé de lui offrir, c'est un haussement d'épaules qui bouscule sa silhouette. Une fausse déférence, l'impassibilité pour contrer la déception. « Il me semble avoir déjà entendu des chansons d'oubli, pourtant. » Ponctue-t-elle à mi-voix, pensive ; la mémoire interrogée simultanément aux mots murmurés, tandis qu'en paradoxe, nulle de ces sonorités ne lui revient en tête. Peut-être les avait-elle mal comprises, ces fameuses odes à l'omission, soit interprétées uniquement par le prisme de ce qu'Ilsa avait bien voulu y entendre, soit parce qu'elle ne s'était concentrée que sur cette composante-là, jusqu'à en effacer le reste. Elle avait dû attribuer des mélodies à ce qui se logeait en réalité dans les silences, comme si l'oubli n'était acceptable que s'il s'accompagnait de bruit.

Quoi qu'il en soit, elle aurait dû présumer qu'Haydar est un être trop vivace pour s'enfoncer de son plein gré dans de telles limbes. Et qu'aurait-elle fait, s'il lui avait dédié des notes pour nettoyer leurs mémoires des derniers souvenirs partagés ? Aurait-elle pu les écouter sans flancher ? « Essaierais-tu donc de me surprendre, en fin de compte ? » Le ton est léger, loin des noires pensées qui l'habitent ; et si peu accordé au palpitant effréné, qui a compris le premier qu'en dépit de leurs divergences, Haydar va jouer pour elle. Quitte à s'inventer des requêtes pour laisser ses doigts danser sur le clavier, alors qu'il aurait déjà pu par deux fois refuser. « Soit ; dans ce cas, fais qu'ils soient beaux. » Elle se retourne sur ces mots, n'offrant, comme muse à leurs rêves, que son dos ; car elle ne pourra en saisir la pleine mesure qu'en détournant les yeux de l'homme au piano.

Ses paupières ont tôt fait de se clore, dès que retentissent les premières notes. Ilsa cherche les rêves qu'Haydar vient de lui offrir. Ceux qu'il lui a promis. Ceux qui, sans lui, se sont évanouis. Le miel de la mélodie tourne à l'aigre, les cils sont rouverts. C'est elle qui lui a tendu la lame, et voilà que celle-ci s'enfonce dans sa chair. Ilsa n'a jamais tant désiré avoir le pardon facile qu'à l'instant, alors que la symphonie sonne faux à ses tympans. La ballade semble se vouloir d'une tendresse d'été, elle n'en entend qu'un hiver gris : elle doit avoir le coeur désaccordé, inexact dans ses ressentis. Ilsa a tout juste la décence de ne pas chercher son regard, gardant son trouble pour elle – plus soucieuse de sa propre contenance que de ne pas blesser Haydar. Elle aurait pourtant voulu scruter son visage, essayer de deviner quelles pensées guident ses doigts. Si ce sont ses propres songes, ou ceux qu'il lui imagine. Curiosité malsaine, de celles qui font plus de mal que de bien : Ilsa se demande s'il y a quoi que ce soit d'eux, dans son improvisation. Ou si elle est, à présent, une étrangère à ses passions.
Elle aurait voulu l'oublier, oui.
Mais, par ailleurs, à jamais rester ancrée en lui.

Quand le silence se fait, elle hésite à laisser son cou se courber, persuadé que ce vide qu'elle ne peut se résoudre à le laisser sonder se devine encore dans ses prunelles. Sa distraction toute trouvée – le reste de la meute, épiée avec curiosité – la déçoit dans sa passivité. Nulle réaction à ce qui a été joué. Ilsa aurait dû s'en douter, mais elle avait espéré les trouver un peu plus proches d'elle. Un minimum ébranlés par ce qui, elle, l'aurait presque émue à en pleurer. Trop imbus de leur art, sans doute en ont-ils oublié que la vie aussi se joue là. Plus intense que n'importe quelle œuvre, dans le cas d'Ilsa.
Elle ne se retourne que lorsqu'à nouveau, elle entend sa voix. Et elle l'implore, pour la première fois.
Oublie-moi – puisqu'elle ne le fera pas.

Les mots la retiennent, tuant dans l'oeuf la parfaite fuite qu'elle n'a pas eu le temps d'orchestrer ; boucs émissaires tout trouvés pour sa propre incapacité à s'éloigner. Mais quelle pression c'est, de le quitter après tout ce qu'ils ont enduré. De porter la charge des au revoir, ceux dont Haydar ne s'était jamais embarrassé. Elle en rirait presque, d'être restée pour entendre ses peurs. Si existentielles, si nobles – la crainte de pâlir, et de s'évaporer. Du Haydar tout craché. Ilsa ne l'a peut-être jamais autant détesté.
Car n'est-ce pas ce à quoi il l'avait condamnée ? Elle s'était sentie mourir cent fois, dans leurs draps froids. Lentement disparaître, sans déclencheur à cette force motrice qu'il lui avait offerte – celle d'aimer, comme une inspiration. Le sentiment l'avait rendue dépendante, dépassant l'affection simple pour en faire une condition à sa survie, et lui l'en avait sevrée violemment. Et elle n'en était pas revenue, pas vraiment. Avait cédé sa place à l'alias plus incisif, sauvage, la part d'elle qui refuserait de se laisser crever – surtout pour les beaux yeux d'un homme-mirage. Elle n'est plus qu'un hybride désincarné, une idée pas bien finie.
Et Haydar, devant elle, ose s'effrayer d'un jour devenir gris. Comme s'il restait à Ilsa le moindre rempart contre l'achromie.

« Tu ne l'as pas joué. Problème résolu. Désolée de t'avoir demandé ça, c'était idiot. » C'est tout juste si elle a incliné l'épaule vers lui, le temps de la réponse ; ou si elle a essayé d'y instiller la moindre compassion. La distance est à nouveau le maître-mot.
Celle qu'Ilsa se remet déjà à ériger entre eux.
Celle qui n'aurait jamais dû se réduire en premier lieu.


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· Mer 28 Aoû 2024, 17:19

kinds of kindness

@Ilsa Decker / tw : aucun a priori.


Il avait déjà commis cette erreur auparavant : se perdre dans la familiarité que constituait, encore aujourd'hui, la présence d'Ilsa. De la même manière exactement qu'un muscle pouvait retrouver la mémoire d'un geste, d'une danse ou d'un réflexe physique, que ses doigts gardaient le souvenir des mélodies mille fois éparpillées sur le clavier, il lui semblait que son esprit se déliait immédiatement au contact du sien, au mépris total de la distance imposée. Sorte de mimétisme douloureux face à un état passé, de voix ténue qui chuchotait toute la confiance qu'il lui avait un jour accordé : fût un temps où elle était le seul réceptacle de ses joies, de ses chagrins et de ses doutes – avant de se confisquer elle-même à ce pan de lui-même qu'il lui exposait à la déraison. Mais avant qu'elle n'ait plus voulu ni voir ni entendre, Ilsa avait été ce cœur fendu de curiosité et dénué de jugement, celle qui avait accepté les drôles d'états d'âme que la société niait – sous prétexte qu'il n'aurait en aucun cas dû être de ceux qui les exprimait. L'instinct de préservation aurait dû lui interdire de s'ouvrir à elle de nouveau ; interdire ces envolées mélancoliques, ces accès pathétiques noués comme des confessions, ces mots à brûler à peine entendus. Il aurait dû les interdire. Mais il n'avait pas pu les empêcher de s'échapper, parce qu'ils faisaient partie de ce qu'il était : que Haydar ne pouvait rester muet face à la mélodie des choses, surtout lorsque celle-ci se teintait de regrets. Maintenant, il fallait ajouter à la pile de ceux-ci, celui d'en avoir trop dit, d'avoir commis l'erreur d'être ; tout simplement. Car l'acte d'exister tel quel constituait en lui-même une offense face à elle – il avait fini par le comprendre.
Vaguement mortifié par les paroles énoncées, il avait laissé son regard se redresser, glisser sur la silhouette du dos qu'elle lui présentait : Ilsa n'avait pas bougé. Ni face à la mélodie de ses doigts, ni celle de ses confessions déplacées. Et partagé entre curiosité et appréhension, il avait attendu une réaction – qui ne viendrait peut-être jamais. Car d'elle, il se serait toujours attendu à tout, davantage encore maintenant qu'elle s'érigeait en étrangère parfaitement ciselée ; à la voir partir ou rester, le fusiller du regard ou l'ignorer. Peut-être que ne pas savoir ce qu'elle ferait la seconde d'après, c'était d'ailleurs exactement ce qui le confortait dans son immobilité – allez savoir, jusqu'où il aurait été capable d'aller pour un petit espoir.
Mais les mots tombent, couplet simplissime qui sonne comme un couperet. Shlac. Ilsa a la langue guillotine, sectionne les fils fragiles qui suspendaient encore le moment partagé ; l'instant tombe et se fracasse au sol, en un vacarme si terrible qu'il se demande pourquoi personne n'a rien entendu, et ne s'est retourné pour les dévisager. Ce doit être dans sa tête ; car même son visage à elle n'a pas cillé. Et il n'arrive pas à comprendre pourquoi c'est toujours si difficile d'accuser le coup, lorsqu'elle s'empare de ce droit qui lui est dû – de mettre fin à ce simulacre de familiarité. Il aurait dû y être habitué, lui qui se prévalait tant d'être lucide à ce sujet.
Il récolte les syllabes sans broncher, réfugié derrière une décontraction artificielle ; pourtant, quelque chose s'est serré dans sa gorge, et sans doute craint-il tant que ce nœud puisse être lu au creux de ses yeux qu'il détourne vaguement ceux-ci pour les confisquer au monde. Il les offre alors au clavier, au noir et au blanc qu'il frôle de nouveau pour garder ses doigts en mouvement, les occuper d'une mélodie vaine et facile.

Ce n'est pas idiot, non, Juge t-il cependant, sans arrêter de jouer.

Il a les mots au bord des lèvres, plus encore que les notes. Des non-dits qui ressurgissent, qui grimpent dans sa poitrine pour y toquer, puis y tambouriner ne plus en plus fort : ils revendiquent le droit à s'exprimer, à questionner, ils revendiquent leur droit inné de liberté, eux qui avaient été si souvent négligés. Car puisqu'elle se tenait là devant lui, au nom de quoi pouvait-il encore leur refuser de gambader ? Au nom de quoi pouvait-il encore se taire, se contenter de silences mortifiés ou de mélodies délétères ? Il était le seul ici à ériger la musique au rang de vérité : les autres avaient besoin de verbes, d'idiomes tranchés, de regards parlants pour atteindre les cœurs sans ambiguïté. Se cacher derrière les métaphores était trop simple : les mots devaient saisir l'occasion d'être exprimés sans lâcheté. Alors les doigts se stoppent, et quittent le clavier.

Pourquoi tu es là, Ilsa ? Là, devant moi, Qu'il précise à mi-voix. Ma présence t’est peut-être moins insupportable que la leur ce soir, mais je ne crois pas me tromper en avançant qu’elle ne pourra jamais te redevenir acceptable. Alors, pourquoi ? » Il a finalement redressé le regard, ne sachant pas vraiment ce qu'il y trouverait – un dos tourné, ou une paire de billes perçantes. « Quand tu m’as adressé la parole, Qu'il reprend, Je pensais que tu partirais avant que j’ai le temps de compter jusqu’à trois. Pourtant, tu n’as toujours pas bougé. Et ne te méprends pas, je veux bien jouer pour toi toute la soirée, inventer des concertos pour raconter le mal de vivre, le temps qui passe ou la Voie lactée, mais…

La voix se suspend ; il n'est plus tout à fait certain de ce qu'il a voulu dire en premier lieu, et il se dit qu'il pourrait tout aussi bien s'arrêter là. Jouer pour elle, une dernière fois, basta. Il se dit aussi qu'il fait erreur une deuxième fois, qu'il retombe dans l'écueil de l'abandon, de la sincérité trop grande pour des étrangers : mais le nœud entre les côtes est si solide, qu'il se dit que celui-ci ne pourrait se dénouer qu'avec un brin de vérité. Et qu'au pire des cas, il aurait au moins essayé.
Lentement, le brun d'un iris se détourne, s'appuie contre un point plus loin d'un air étrange – mi-morne, mi-pensif. Quelque chose au goût de résignation, de pas assez glorieux pour se teinter de rédemption.

— J’aimerais savoir si ce que tu attends de moi, c’est que je t’observe me détester jusqu’à ce que tu en aies assez. Ou si tu as déjà estimé que je n’en valais pas la peine, et que c’est pour ça que tu es là. Pour que je te dise que j’ai compris, que je le vois : tu es différente de celle que j’ai connue. Tu es Fangs, et tu ne feras plus l’erreur d’être Ilsa.

Un — deux — trois.
Il a compté : et au terme, elle était encore là.

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· Mar 24 Sep 2024, 23:59

kinds of kindness

@Haydar Emre

Ce n'est pas idiot, d'après lui. Puisque tu le dis. Cela lui fait une belle jambe, à Ilsa. De l'entendre, quoi, la rassurer ? comme si elle en avait besoin, comme si elle l'avait demandé. Ce n'est pas l'idiotie qu'elle craint, trop orgueilleuse pour s'imaginer en faire preuve. C'est le décalage. L'inadéquation, entre elle et le monde. Entre elle et lui. Quand bien même Haydar aurait saisi cette peur, il ne la convaincra jamais qu'elle est en phase. Et sa sympathie – ou bien sa pitié – ne sont que des putains de couteaux. À l'image des notes de musique encore jouées comme des armistices, le seul no man's land où ils pourraient peut-être s'entendre, mais dont elle ne perçoit qu'une mélancolie en écho.
Ilsa n'avait jamais réalisé combien il l'avait rendue triste – à croire qu'il fallait mettre sa peine en mélodie pour y croire, sauf qu'Haydar était parti avec son piano.

Elle aurait voulu étouffer l'instrument comme pour tordre le cou à sa nostalgie, puisque cette dernière s'incarne dans chaque note qui s'élève. Le silence finit par revenir, presque violent de sa soudaine nudité, sans harmonie pour l'habiller. Violent de cette pause évocatrice et de l'orage qu'elle pourrait annoncer. Ce n'est pas le genre d'Haydar, d'arrêter de jouer, et Ilsa appréhende les mots qui pourraient s'y substituer. À raison. N'a-t-elle pas passé les dernières minutes à le torturer, le traitant comme un divertissement, une proie avec laquelle on préfère jouer plutôt que de l'achever ? Ce n'est que justice qu'Haydar renverse enfin la vapeur – et le pire, c'est qu'Ilsa est quasiment persuadée qu'il le fait sans une ombre de stratégie. Car c'est elle, la provocatrice, celle qui se rit des limites et cherche le choc à tout prix. Elle, qui ne se serait lancée dans une telle pirouette que pour servir ses intérêts. Haydar, lui, est sincère. Il pourchasse la vérité, même la plus douloureuse. C'est à croire qu'il ne craint jamais d'avoir mal, ou qu'il sacralise la souffrance. À moins qu'Ilsa n'ait plus le pouvoir de lui déchirer la chair – et qu'elle soit la dernière à s'en être rendue compte.

« Tu as d'abord décidé de me priver de ta présence, et maintenant, c'est toi qui juges si elle m'est ou non acceptable. » De quel droit ?, pourrait-elle ajouter, mais Ilsa s'en tient au constat. Lequel ne brille pas par sa partialité, par ailleurs, puisqu'à l'exception de leur rupture, aucune décision n'avait été du fait unilatéral d'Haydar. Aucune, sauf la plus importante. Et elle estime que c'est une raison suffisante pour des années de tourments, à condenser en cette seule soirée, puisqu'ils ont perdu tant de temps. Termes en lesquels Ilsa se déteste de penser. Car elle en a fait quelque chose, de ce temps : quelque chose de beau, de grand. Car il n'y a pas un jour qui se soit écoulé sans qu'elle ait une idée, qu'elle crée, parfois en pensant à Haydar, souvent en l'oblitérant. Peut-être en le fuyant.
C'est qu'il n'y a pas non plus eu un jour qu'elle a laissé s'écouler en permettant à son cœur de battre autrement qu'à sa bradycardie coutumière, de s'emballer, même un instant, pour un autre. C'est l'étendue de ce qu'Haydar lui avait pris. Du temps, des certitudes, et un peu de sa propre vie.

Après l'interruption, elle le laisse dérouler ses interrogations. Peu à peu, l'évidence s'impose. Elle n'a pas envie de lui donner satisfaction. Sauf qu'il faudrait s'éreinter à mentir, et à le faire bien. Il faudrait encore se renier, se museler, en plus de trahir cette drôle de loyauté qui semble encore les attacher. Combattre Haydar à mort ne serait peut-être qu'une formalité, dont elle ne lamenterait pas l'issue. Mais elle vaut mieux que de se traîner, elle-même, dans la boue. « J'essaie de trouver du sens, dans tout ça. Je me dis qu'il doit bien y avoir une raison à ce que l'on se soit retrouvés. Alors, j'attends. Peut-être bien que j'attends que tu t'excuses, et que je suis en train de perdre tous mes paris, quant à combien de temps ça te prendra. Ou que j'espère que tu m'emmènes danser, quand t'en auras fini avec ton piano, comme avant. J'étais toujours plus inclinée à pardonner, en dansant. À moins que ce soit tout le contraire, et qu'il me manque juste une dernière preuve que tout ça n'en vaut définitivement pas la peine. » Un tout ça qui pourrait tout aussi bien se substituer en toi. Ilsa ne s'en défendra pas : c'est lui qu'elle met sur la balance. Et la pesée n'est pas celle escomptée. « Ou, tiens, que tu me surprennes. Parce que moi, je ne suis pas musicienne. Alors, je ne suis pas censée savoir que dans ton langage, c'est synonyme de banalité. Quoique, si, précisément, je le sais. Je le sais, mais juste un soir, j'aimerais être banale, moi aussi. » Ne plus être la brebis noire, celle qui s'est égarée. « Les gens ne changent pas si facilement, tu sais. » Au diable les serpents et leurs mues. La fascination avait été prémonitoire. Annonciatrice de ces jours d'orage, où Ilsa donnerait tout pour faire peau neuve, elle aussi. « Tout ce que j'entends, quand tu dis que je suis différente, que je ne suis plus Ilsa, c'est que tu es lâche, Haydar. Que tu préfères considérer que je suis quelqu'un d'autre, plutôt que de regarder en face ce que tu as fait de celle que tu disais aimer. » Elle s'est tournée, se demandant s'il lui laissera au moins la chance d'affronter son regard. Qu'il soit au moins gravé dans le marbre qu'elle n'a pas peur du combat. Elle aussi doit un peu vénérer le mal, prêtresse de cette seule force qui lui reste. « Peut-être que tu avais raison d'avoir peur de devenir gris. Moi, en tous cas, je ne reconnais plus tes couleurs. »


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· Jeu 26 Sep 2024, 22:39

kinds of kindness

@Ilsa Decker / tw : mention de rupture amoureuse.


Il avait dû se douter qu'il n'était pas tout à fait à sa place, en se fendant d'une honnêteté si crue à son égard ; leurs rapports n'étaient plus les mêmes, et ne pouvaient ainsi plus se permettre d'abattre cette carte en espérant que celle-ci soit correctement reçue. Ou peut-être la tentative en question s'était-elle habillée d'atours candides, mais seulement pour masquer ce qu'elle était véritablement : un coup de pied dans la fourmilière, sorte de verbalisation kamikaze sensée faire exploser l'amas de faux-semblants dans lesquels ils s'empêtraient peu à peu. Et sans doute pouvait-on relier certains actes du pianiste à une forme de lâcheté latente (des fuites passéistes dont tous deux identifiaient parfaitement la nature) mais en revanche, on n'aurait certainement pas pu l'accuser de duplicité. Les petites manipulations du quotidien l'écœuraient férocement, jusqu'au point physique de ne pas réussir à rester immobile lorsqu'il se trouvait dans l'embarras d'un mensonge trop flagrant – ou d'une somme de non-dits. Ainsi, il n'avait pas tenu bien longtemps dans le spectacle lénifiant de leur convivialité commune ; quitte à s'en écarteler lui-même, il avait préféré laisser gicler ses questionnements à la manière de projections d'acide, niant les brûlures que celles-ci risqueraient de produire en éclatant de la sorte. Car mettre Ilsa devant le rapport qu'elle entretenait désormais avec lui, c'était aussi inévitablement remettre ce qu'ils avaient été sur le tapis, prendre le risque de voir le sujet abordé de nouveau. Davantage, il savait pertinemment qu'elle n'aurait pas pu rester stoïque – façon ou d'une autre – à n'importe quelle confrontation, ce qui était également la raison pour laquelle il s'en était bien gardé jusqu'à présent : il ne voulait pas faire de vagues, surtout pas remuer le passé. Peut-être par honte, ou crainte de ce qu'elle aurait pu lui dire, mais aussi par celle de venir déterrer de vieilles douleurs inutiles (de son côté ou du sien, d'ailleurs).
Mais il fallait croire qu'elle avait dépassé une limite fine, provoquant ainsi son impatience, ou son rejet des artifices ; à se jouer des demandes, des semblants de proximités retrouvées pour finalement étouffer celles-ci dans l'œuf dès que l'occasion était présentée. Haydar n'aimait pas être aveugle, quant à la finalité des choses. Et si quelque chose ne menait à rien, il avait depuis longtemps cessé de s'y obstiner.
Quand bien même les sentiments complexes qu'il nourrissait à son égard auraient pu contredire cet adage bien pensé.

Et bien entendu, ça n'a pas loupé : il n'a pas manqué de percevoir le changement de ton, au creux de sa voix, l'apparition de cette vibration cassante contre ses cordes vocales. Il n'avait pas l'ouïe aiguisée qu'en matière de piano, et se trouvait souvent excessivement sensible aux intonations des individus avec lesquels il conversait. Chez Ilsa, la démarcation était flagrante ; mais il a tâché de ne pas s'en froisser (sans doute parce qu'il ne pouvait pas tout à fait s'en étonner) et s'est contenté d'accueillir les cinglantes qu'elle assenait une à une, mutique. Elle répond, évidemment : à sa façon. D'une manière capitale et brute, tissant les accusations sous-jacentes aux regrets crève-cœur. Mais ce n'est que lorsqu'elle évoque ses excuses – du moins, celles qu'il n'avait jamais formulé – qu'il se trouve stupéfait ; car en toute honnêteté, il n'avait pas vraiment songé qu'elle en espérerait encore maintenant, après tout ce temps. Non pas qu'il ait une seconde rechigné à lui offrir une telle tentative de rédemption, plutôt qu'il avait supposé que la chose ne l'intéresserait plus du tout. Et si l'instinct le pousse à l'interrompre pour faire état de sa stupeur, il se retient in extremis, se forçant à rester lèvres closes pour la laisser finir. Accusation en clou du spectacle : Haydar le lâche en protagoniste de toujours, Haydar au cœur gris ou noir, coupable de tous ses maux. Le portrait est détestable, et pour une fois, il a du mal à le laisser s'ériger sans tiquer.
Il n'avait pas grand mal à accepter ses erreurs passées ; en revanche, ses propres travers lui semblaient présentés avec tant d’approximation que la peinture lui paraissait presqu'absurde. Une extravagance qui a provoqué chez lui un certain agacement, alors qu'elle pivotait enfin vers lui pour attacher son regard au sien. Il n'a pas cillé, prenant au contraire un moment pour peser chacun des mots qu'elle venait de lui offrir. Puis, succinctement, il s'est redressé sur son tabouret, la posture un brin plus raide que ne l'autorisait sa décontraction habituelle.

Tu es différente. Parce que des années ont passé, Soutient-il. Je n’ai pas dit que tu étais une parfaite étrangère.

Il a brièvement relevé les yeux vers son visage et pincé les lèvres, les traits enduits d'une irritation légère.

Tu peux me traiter de lâche pour ce que j’ai fait il y a des années, mais pas me dire que je te fuis aujourd’hui, Lâche t-il avec un brin d'aigreur. « Je t’ai regardée en face, assez pour être en mesure de te composer des mélodies sur lesquelles réciter. Je n’ai fui ni celle que tu es désormais, ni ce qui te reste d’avant : je t’ai regardée en face, et si tu ne le vois pas, c’est que tu regardes ailleurs.

Les derniers mots sont lâchés en un bloc, découpés les uns des autres par une langue-couteau qui s'aiguise le long des syllabes. Sans doute était-ce de cette manière qu'on discernait les humeurs contrariées d'Haydar – lequel ne haussait véritablement jamais le ton ; de sa part, c'était plutôt une question de diction, une manière plus tranchée de prononcer les mots, une façon plus cruelle de traiter la grammaire. La vérité, c'était qu'il n'acceptait pas d'être accusé de la fuir, pas maintenant : pas alors qu'il lui était si difficile de se tenir de nouveau face à elle, que tout chez eux avait changé pour le pire, et qu'il tâchait malgré tout de faire bonne figure.
Le visage stoïque, il s'est alors relevé, rassemblant d'un mouvement de mains les quelques partitions cornées abandonnées sur le pupitre.

Et de toute manière, tu ne me pardonnerais jamais de me comporter avec toi comme avant, ne sois pas de mauvaise foi, Ajoute t-il sans relever les yeux vers elle. « Tu ne me pardonnerais pas de faire comme si rien ne s’était passé, comme si je pouvais bêtement espérer regagner une once de valeur à tes yeux. » Un vague souffle ironique s'est glissé hors de ses lèvres, exempté de tout sourire pérenne. Seul un pli acide s'est glissé à l'extrémité de celles-ci – bien vite subtilisé par les nouvelles paroles. « Et tu ne me pardonnerais encore moins d’avoir l’audace de t’inviter à danser. Ou peut-être que si, mais que tu le regretterais l’instant d’après.

Le silence lui pèse dans la gorge et dans les doigts, lorsqu'il pose le tas de partitions sur le plateau du piano. Il sait qu'il devait encore jouer une demie-heure : il n'en a plus aucune envie, tant pis pour son cachet. Pendant un instant, ses gestes se sont immobilisés – son regard aussi, sur les papelards rassemblés. Puis, c'est vers elle qu'il le redresse de nouveau, considérant son visage avec une lassitude nouvelle.

Quant aux excuses, peut-être que j’aurais pu commencer par là, Lâche t-il finalement. « Je suis désolé pour ce que j’ai fait, Ilsa. Je suis désolé pour ce que ça t’a fait, et ce que ça nous a fait. Je suis désolé de comment je l’ai fait, désolé aussi d’avoir été trop jeune et trop puéril pour trouver une autre solution. Je suis désolé de t’avoir aimée de la mauvaise façon, et de t’avoir quittée d’une pire manière encore. » Les mots se suspendent encore, presque étonnés eux-mêmes de s'être échappés, enchainés de manière si substantielle. Simple pause avant que ne résonnent les derniers – sans doute aussi les plus vrais, ceux qu'il avait toujours redouté de prononcer. « Mais je ne suis pas désolé d’être parti. Parce que continuer à t’aimer de traviole, ça m’aurait détruit.

D'un geste, ses doigts abaissent alors le lourd couvercle du piano au dessus du clavier.

Si je suis gris Ilsa, ce n’est qu’avec toi. Parce que je peux plus être celui que j’étais avant, et que t’en as plus grand chose à faire de celui que je suis maintenant. Y’a que toi, qui me vois en noir et blanc.

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