green landscapes | ft. Sahar

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@Sahar Hosseini & @Charlie Summers

Air pur et étendues vertes à perte de vue. Quoi de mieux pour se ressourcer ? Encore à moitié endormi, tu sors de la maisonnette que tu loues pour des vacances bien méritées avec ta meilleure amie. Les derniers mois ont été compliqués pour tous les deux, avec des soucis persos et pro du côté de Sahar, et du tien, tes addictions qui sont revenus te hanter avec une force inattendue depuis un an, te causant bien des tracas. Et si, pour l’un comme pour l’autre, les choses commencent à s’arranger, beaucoup de fatigue et de stress se sont accumulé dans vos organismes, et voici quelques semaines, l’idée de juste partir quelques temps, tous les deux, loin de tout ça, loin de vos vie, de vos soucis, pour vous vider la tête et l’esprit, a germé.

Elle t’a laissé te charger de l’organisation - même si tu ignores pourquoi, t’as jamais été un pro de l’organisation - te laissant le champ libre. Le choix de la destination a été basé sur un critère principal : le prix. Qui souvent, est corrélé à la distance. C’est donc la Nouvelle-Zélande qui a été choisie. Le fait qu’il s’agisse d’un pays à priori magnifique n’a fait que renforcer ta décision. T’as pas voulu trouver un logement en ville. Si déjà vous partez pour faire une coupure, autant que ce soit une vraie césure, quelque chose qui vous change totalement de votre quotidien. Alors t’as déniché cette petite location perdue au pied des montagnes.

Pas l’endroit le plus facile d’accès, mais pas non plus complètement isolé - t’es pas téméraire à ce point là. Y’a du réseau, même si faut bien le chercher, et vous êtes entouré par la nature. Parfait pour vous ressourcer, non ? En arrivant, tard hier soir, t’as eu comme l’impression que Sahar n’était pas tout à fait convaincue, mais sans doute que la fatigue du voyage n’aidait pas. Toi, en tout cas, t’es content d’être là. Ici, pas de contraintes, pas d’horaires, pas d’obligations, et surtout, pas de tentations. Téléphone à la main, tu prends une photo de la vue pour l’envoyer à Harry - tu lui as promis de le spammer de photos de ton voyage, autant commencer tout de suite. Derrière toi, tu entends la porte s’ouvrir et tu te retournes pour voir ton amie te rejoindre. “Alors, on est pas bien ici ?”

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@Charlie Summers & @Sahar Hosseini

in the middle of nowhere ⋄ lundi 18 mars 2024 ‎›‎‎ 9h

Aurait-elle dû s’attendre au pire, redouter confier l’organisation de leur voyage à Charlie ? Sahar n’a pas tellement réfléchi à la question ; le temps lui manquait et, elle-même, n’était pas en mesure de tout boucler avant leur départ. Remettre la tâche à son meilleur ami lui semblait être une bonne idée – sur le papier, à tout le moins. C’est ainsi que la galeriste n’a rien fait de plus que payer sa part des frais et acheter des chocolats avant de monter dans l’avion.

Son regard contemplant les nuages à travers le hublot, elle a eu les premiers éléments d’informations sur la semaine qui les attend en Nouvelle-Zélande. La mention d’une voiture de location l’a fait tiquer, bien qu’elle n’ait rien dit sur l’instant. Ce n’est véritablement qu’une fois arrivés en terre étrangère, à bord du véhicule loué pour l’intégralité de leur séjour, qu’elle a compris qu’elle était tombée dans un traquenard. Cette sensation de s’être fait avoir a cru alors que, dans l’obscurité de la nuit, leur voiture les éloignait des lumières de la ville.

Pour aller où ? Dans une location parfaite, à en croire Charlie. Oui, mais où ? Dans un endroit incontournable, a-t-il une nouvelle fois répondu en éludant le sens premier des questions posées par son amie. C’est ainsi qu’ils sont arrivés, dans le courant de la nuit, au beau milieu de nulle part. Dans une location, certes, charmante et disposant de tout le confort nécessaire, mais sans le moindre bruit environnant. Des voisins ? Sahar n’est même pas sûre d’en avoir vu. Se retrouver perdue en pleine nature n’est pas ce qu’elle aime. Fatiguée par le voyage et la semaine éreintante qu’elle a passé, elle a rongé son frein pour ne faire aucune réflexion. Elle s’est confortée dans l’idée qu’elle aurait une belle surprise le lendemain, que la ville ne doit pas être si éloignée qu’elle le croit et que Charlie n’a pas pu aussi mal viser alors qu’il est l’une des personnes qui la connait le mieux. Alors, Sahar a remercié son ami de s’être occupé de tout cela, a terminé le thé qu’ils partageaient, et a rejoint sa chambre. Est-elle en droit de dire que le vrai silence et la nuit noire ont été à deux doigts de lui filer le bourdon ? Ils lui ont à tout le moins valu de tourner un long moment dans son lit avant d’enfin trouver le sommeil.

Au petit matin, ce n’est malheureusement pas une Sahar métamorphosée qui se réveille. Elle n’est toujours pas conquise par l’idée d’être loin de la grande ville. Les volets qu’elle ouvre sur une grande étendue de nature – sans la moindre habitation aux horizons – fait d’ailleurs croître son angoisse. Son pire cauchemar est donc bel et bien en train de se réaliser. Il est évident que ses réticences se lisent sur son visage alors qu’elle se décide à rejoindre Charlie. Elle n’a pas fini de faire coulisser la baie vitrée pour le rejoindre à l’extérieur, que déjà il la questionne. Le sourire qu’il affiche à au moins cet effet de ne pas agacer d’avantage l’iranienne qui promène son regard sur les montagnes, avant de croiser ses bras sur la poitrine.

- Rassure-moi, t’es pas la seule présence humaine des kilomètres à la ronde ? s’engage-t-elle dans une autre question pour être capable de répondre à Charlie sans lui mentir.

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@Sahar Hosseini & @Charlie Summers

Le paysage est décidément splendide. Tu t’y attendais, après tout, la Nouvelle-Zélande est réputée pour ça, et ça a largement contribué au choix de la destination. T’es pas déçu. Les plaines vertes et les montagnes qui se dressent jusqu’à l’horizon, l’air frais et pur qui te remplit les poumons, toi, t’es refait. Une vraie coupure, un vrai break. Pile ce dont vous aviez besoin. Ici, pas de tentation. Personne pour te proposer de la drogue, ou même à boire. Personne pour te renvoyer à tes démons, à tes doutes, tes peurs. Juste toi, ta meilleure amie, et une semaine sans aucune obligation ni contrainte. Sahar te rejoint, l’air moyennement heureuse d’être là. Tu attrapes ton paquet de clopes dans ta poche arrière, et tu t’en allume une tandis qu’elle te répond par une autre question.

“Je sais pas. Pourquoi ?” Doit y avoir des gens. Quelque part. De ci de là. Mais t’es sûr de rien. Tu sais où est la ville la plus proche, en cas de besoin - et pour faire les courses, si besoin - c’est tout. “T’aimes pas ?” Est-ce que tu te serais vraiment planté sur toute la ligne ? “Y’a plein de choses à faire, on va pouvoir aller se balader et tout, y’a des lacs et des cascades où on pourra se baigner, on va pas s’ennuyer !” D’autant que la météo semble être de votre côté. Le soleil est déjà bien présent, illuminant d’autant plus l’espace autour de vous.

La sonnerie indiquant l’arrivé d’un message sur ton téléphone se fait entendre, une réponse de Harry. Un large sourire naît sur ton visage, et tu lui réponds immédiatement, avant de ranger ton appareil dans ta poche. Cigarette terminée, tu te tournes vers ton amie, bien décidé à la dérider un peu. “J’sais pas toi, mais j’aurais bien besoin d’un bon café. T’en veux un aussi ?” C’est déjà miraculeux que tu sois d’aussi bonne humeur avant d’en avoir bu un, ça n’arrive presque jamais.

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@Charlie Summers & @Sahar Hosseini

in the middle of nowhere ⋄ lundi 18 mars 2024 ‎›‎‎ 9h

Pour Sahar, les vacances sont synonymes d’amusement. Ne se soucier de rien, faire la fête, découvrir de nouveaux lieux et de nouvelles personnes. C’est bien cette perspective-là qui la faisait attendre avec une hâte certaine cette semaine en Nouvelle-Zélande. Malheureusement, le premier constat qu’elle dresse est bien loin de ses espérances. Elle n’a pas besoin de faire le tour du quartier mais seulement de regarder tout autour de la maison qu’ils louent pour constater qu’ils sont au milieu de nulle part. Certes, le calme règne en maître et le lieu semble idéal pour se reposer. Mais est-ce seulement ce que Sahar recherchait ? Pas le moins du monde et c’est bien ce qui explique l’air sceptique qu’elle affiche, alors que ses bras son croisés sur sa poitrine, lorsqu’elle interroge son meilleur ami. Son regard glisse sur le paquet de cigarettes qu’il sort et dans lequel elle n’hésite pas à se servir, alors que Charlie indique ne pas savoir.

- Tu ne sais pas ? répète-t-elle dans un léger rire nerveux.

Ses yeux partent dans les airs alors qu’elle glisse dans le même temps le cylindre de tabac entre ses lèvres, puis se saisit du briquet de Charlie. Autant tout lui emprunter ; il lui devra d’ailleurs bien plus qu’une simple cigarette si ce traquenard s’avère véridique. Si cet endroit est bien leur point de chute pour l’ensemble de la semaine et que toute notion d’amusement est occultée.

Mais déjà Charlie lui demande si elle n’aime pas. Répondre d’instinct serait s’exposer au risque de blesser le soigneur animalier et ce n’est pas là ce que souhaite Sahar. Moins encore alors que les vacances commencent à peine, que son ami s’est décarcassé pour tout organiser et qu’il est passé par une période difficile ces derniers mois. Il tente déjà d’ailleurs de nuancer le premier constat de la galeriste en certifiant que de nombreuses choses sont à faire dans le coin et, même si elle est loin d’être convaincue, Sahar accepte de lui laisser le bénéfice du doute.

- Tu as l’air bien sûr de toi…

Et s’il semble aussi sûr, ce ne peut pas être que par la perspective de balades et baignades. Car, clairement, ce n’est pas ce que Sahar qualifierait d’activités pour ne pas s’ennuyer. Tout au contraire. Il n’y a rien qui l’ennuierait plus qu’être coupée de la ville et de toute vie sociale pendant sept jours.

- Et boire un verre, aller à un concert, visiter un musée, c’est au programme ? Est-ce que voir du monde est prévu, au moins ? Des humains, pas des moutons, précise-t-elle alors qu’elle vient de faire le tour de la terrasse pour projeter son regard à l’horizon.

Malheureusement, le constat est resté le même. Une étendue verte à perte de vue avec quelques points blancs au loin qu’elle assimile volontiers à des brebis vu le pays où ils sont. Tirant sur sa cigarette, Sahar entend l’évocation d’un café. Son ami la trouve-t-il de si mauvaise humeur pour lui en proposer un alors qu’elle-même n’a pas terminé sa cigarette ? Pense-t-il que la caféine fera disparaître le nuage au-dessus de la tête de Sahar ?

- Je veux bien, merci. Et je t’en prie, reviens avec le programme que tu as concocté. Ne me laisse pas croire qu’on va se faire chier à mourir ici pendant sept jours.

Le regard suppliant de Sahar aura-t-il son petit effet ? La question est ouverte alors que déjà le soigneur animalier s’apprête à aller leur chercher deux cafés.

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@Sahar Hosseini & @Charlie Summers

L’air dubitatif de ta meilleure amie commence à te faire douter de tes choix. Comme si ce que tu lui proposes ne correspondait pas du tout à ses attentes. Il faut dire que vous ne vous êtes pas vraiment concertés - elle t’as laissé le champ libre pour l’organisation - et peut-être que vous auriez dû. “Je sais que y a une petite ville, pas très loin.” C’est sans doute pas ce qu’elle veut dire, mais c’est déjà mieux que rien. Et puis, il y a tellement de choses à faire, même loin de la ville. “Serais-tu en train de douter de moi ?” Tu lèves un sourcil mi interrogateur, mi amusé, connaissant trop bien la brune pour t’en offusquer.

“Ça peut sûrement se faire, mais ça c’est des trucs qu’on peut faire à la maison, non ?” Doit bien y avoir des bars, dans la ville la plus proche. Et puis, même si le logement est relativement isolé, ça reste un coin relativement touristique, t’as aucun doute sur le fait que vous allez croiser des gens à un moment ou un autre. “T’as pas envie d’essayer un peu autre chose ? Tu sais, la nature, le calme, le repos ? Les vacances, quoi.” Tu vois pas trop l’intérêt de payer une fortune en avion et en hôtel pour faire exactement la même chose qu’à Brisbane. Voyager, c’est fait pour voir une peu autre chose, non ?

Tu retournes à l’intérieur, où un simple geste suffit à faire ronronner la machine à café. Le lieu est peut-être isolé, mais il reste équipé de tout le nécessaire. Deux minutes plus tard, tu ressors, et tu lui temps un mug aux motifs délavés. “J’vais pas t’imposer un programme, on peut décider ensemble de ce qu’on va faire. Il va faire beau et chaud, aujourd’hui, on pourrait aller se baigner quelque part, par exemple ?” Y’a des cascades magnifiques, dans le coin, il parait, ça pourrait être une idée. “Et faut qu’on aille faire des courses aussi, aujourd’hui. Et demain, on verra bien.” T’aimes bien ça, toi, l’idée de laisser venir, de pas tout planifier à l’avance, de faire en fonction des envies. Sept jours, c’est pas si long, vous n’allez sans doute pas manquer d’idées.

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@Charlie Summers & @Sahar Hosseini

in the middle of nowhere ⋄ lundi 18 mars 2024 ‎›‎‎ 9h

Une petite ville pas très loin. Si Charlie cherche à faire paniquer Sahar, alors, il faut admettre qu’il s’y prend avec brio. Les petites villes ne l’ont jamais fait vibrer, Sahar. Elle, ce qu’elle aime, c’est le brouhaha ambiant, l’effervescence des lieux de grand passage, les villes cosmopolites. Certainement pas les petites villes qui sont si petites que l’on ne retient pas même leur nom. Alors, il est bien évident qu’elle doute, Sahar. Cela se lit sur son visage et elle n’a pas même besoin de répondre à la question qui lui est posée pour que la réponse soit toute trouvée.

En réalité, elle remet d’ores et déjà en question les choix qui ont été faits par son meilleur ami et regrette de lui avoir laissé la main à 100%. Elle aurait a minima dû mentionner trois ou quatre activités qu’elle aurait aimé faire durant leur séjour. Cela lui aurait évité de se retrouver… ici. Au milieu de nulle part. Même si elle nourrit l’espoir que cet endroit ne soit qu’un point de passage, une pause avant de rejoindre une ville, ses espoirs sont minces. Ils s’amenuisent encore davantage lorsque le soigneur animalier mentionne qu’aller boire un verre, voir un concert ou visiter un musée sont autant de choses qu’ils peuvent faire chez eux. À Brisbane. Il n’en faut pas plus pour que le visage de Sahar ne torde en une grimace.

- Pas tellement. Le propre d’un musée est justement d’avoir ses collections uniques… Et ce n’est pas parce qu’on fait des choses amusantes chez nous qu’on ne peut pas les faire ici.

Son visage est toujours déformé par sa grimace alors que Charlie lui demande si elle n’aurait pas envie d’essayer autre chose. Il tente de la convaincre que ne rien faire d’autre que profiter de la nature, du calme et du repos peut s’apparenter à des vacances. Évidemment, Sahar ne voit pas les choses sous cet angle. Pour elle, un tel programme s’apparente à un ennui mortel.

- Si le but c’est de mourir d’ennui, le cimetière de Brisbane aurait fait l’affaire.

Et ça leur aurait coûté moins cher. Elle s’abstient de le préciser, Sahar. Elle est consciente que son attitude n’est pas agréable et qu’elle passe pour une peste. Mais elle sait aussi que sa seule chance pour faire évoluer le programme est d’émettre dès à présent ses réticences. Elle ne doute pas que Charlie, lui, saura très vite s’acclimater à ce calme et qu’il ne voudra pas la suivre dans les villes si elle s’aperçoit que de telles excursions sont matériellement réalisables.

Un soupir passe les lèvres de Sahar alors que Charlie retourne à l’intérieur. Si elle espère encore qu’il lui présente leur vrai programme, elle doit bien admettre que ses espérances sont bien maigres. Ses yeux se posent sur la montagne face à elle. Certes, le paysage est beau. Pour autant, elle sait que cette montagne lui sortira par les yeux d’ici huit heures si elle n’a rien d’autre à faire que de la regarder. Elle finit par s’installer autour de la table et, lorsque Charlie revient avec une proposition, Sahar essaie de se montrer plus réceptive.

- Il y a des spots connus pour aller se baigner ? Des endroits qui sont au moins référencés sur google ? s’entend-elle demander. J’aimerais au moins voir le charme des néo-zélandais de mes propres yeux.

L’excursion baignade pourrait au moins avoir cet avantage. Alors, Sahar s’accroche aux petits espoirs qui sont les siens, puisque rien ne la fait rêver entre ce séjour au vert et la nécessité d’aller faire des courses. Les drive ou les livreurs, ils ne connaissent pas, ici ?

- À qui tu parles pour être autant obnubilé par ton téléphone ? demande Sahar en surprenant une nouvelle fois son ami le nez collé à son smartphone.

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green landscapes | ft. Sahar

brisbane, australie

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