appartement 46 • w/ @Jin Hartley

Le soleil brille timidement, astre dominateur de ce ciel nu de toute forme cotonnée. Le printemps est arrivé, s’installe tranquillement  après ces quelques mois de froid certains. Cela se ressent dans la ville. Par sa nature, évidemment. Les arbres retrouvent leurs feuilles, et les badauds leur sourire. Vando lui s’impatiente déjà de l’été, sa saison préférée. Ne peut renier son plaisir certain à profiter des rayons torrides, à l’instar des lézards. Différences légères d’avec son Italie natale, mais saison tout de même particulièrement agréable ici à Brisbane. En cet après-midi, il est seul. Du moins, pour le moment. Plongé dans ses nouveaux croquis, feuilles jonchant son bureau comme son sol. Esquisses en tout genre ; lignes délicates, quelque peu sensuelles. S’il est sorti de sa phase créative, c’est par les vibrations de son téléphone. Regard jeté à celui-ci. Coins des lèvres qui se redressent subtilement à la lecture du message. Jin peine à rester en place. Ce qui est pourtant recommander à la suite d’un tatouage. Car oui, ce dernier se retrouve de nouveau encré ; de quoi ? Vando n’en a pas la moindre idée. Surprise du chef, dirait l’aîné, qui de ce fait l’invite à le rejoindre. La perspective de découvrir ce nouvel encrage ainsi que revoir l’adorable boule de poils vivant avec son meilleur ami enjaille profondément l’italien. Réponse positive donnée, le voilà à ranger ses papiers – du moins, les rassembler en une pile relativement propre. Il prend le temps de laisser un post-it sur le frigo. Prévenant ainsi Gracie de son départ de l’appartement, pour une durée indéterminée. Chaussures enfilées, clés et porte-monnaie en poches, le voici a arborer les rues de la ville, non sans se questionner sur ce qu’il s’apprête à découvrir sur le corps de Jin. Quelques minutes de marche et une cigarette consumée plus tard, le voilà arrivé. Sonnette qui retentie à l’intérieur, porte qui ne tarde pas à s’ouvrir. « Tesoro mio. Me voici, prêt à te mettre la camisole. ». Accent qui claque ; check. Vando pénètre, retire à peine ses chaussures que la colocataire à quatre pattes du plus aîné s’en vient l’accueillir. Léchouilles et légers aboiements au rapport. Chienne qui se retrouve dans les bras de l’artiste ; pour le plus grand bonheur duquel des deux ? « Alors ? ». Entendez par là une demande quant à la découverte de l’énième œuvre qui a rejoint ses camarades sur la peau de Jin.

#46 south bank • w/ @vando fascarini

Raphael est parti. il est parti et ne reviendra pas. tu l'as appris il y a quelques jours et t'as bien du mal à l'accepter, tant ça te parait soudain. d'autant que le brun n'a pas choisi de s'installer n'importe où, mais à New York, dans ce pays que tu méprises, et l'exacte ville qu'il t'avait mentionnée d'un air rêveur lors de votre toute première rencontre. après tout, c'est bel et bien d'un rêve qu'il s'agit, pour lui, de se voir offrir la chance inespérée de pouvoir vivre des ambitions qu'il croyait perdues pour de bon, la danse. et voilà que les prestigieux ballets de Broadway lui ouvrent les bras. alors, même si tu le vis comme une trahison, malgré tout, t'es aussi heureux pour lui ; des sentiments contradictoires qui te bousculent plus que t'es réellement prêt à te l'avouer. faire le deuil de votre lien se révèle plus douloureux que tu ne l'avais prévu. Raphael était devenu une présence familière et chaleureuse de ton quotidien. malgré tout ce qui venait compliquer vos échanges, ces derniers mois, t'es incapable de tourner la page sur votre amitié d'un claquement de doigts. et pour couronner le tout, tu ne peux même pas te défouler d'un peu de ton amertume en allant t'isoler au sommet d'une structure quelconque ou au cœur d'une usine désaffectée - un comble, vraiment. en cause, ton dernier tatouage, et les recommandations habituelles que tu connais par cœur désormais : pas d'activité physique avant cicatrisation complète. de quoi te rendre dingue, à tourner en rond dans ton appartement comme un animal en cage. dans cet état, même la présence de Joy ne suffit pas à te changer les idées. à cours d'options - et de patience - c'est à Vando que tu as envoyé un appel à l'aide. s'il y a bien quelqu'un capable de te calmer, c'est lui. tu ne saurais pas expliquer pourquoi, mais l'italien a toujours eu cet effet sur toi. sans doute est-ce lié à sa nature douce et compatissante, une bienveillance si sincère qu'elle sait tempérer ton naturel un brin abrupt et tes humeurs bougonnes. pour preuve, même si le moral n'y est pas vraiment, c'est d'un sourire convaincant que tu l'accueilles en ouvrant la porte. Joy se charge du reste, fonçant sur lui comme si elle le connaissait depuis toujours. « yes, merci. » réponse vaguement laconique, tu retrouves de ton entrain dès lors qu'il s'interroge quant à la nouvelle œuvre que tu t'es fait apposer sur la peau. « quoi, tu le vois pas ? » joueur, tu écartes les bras comme pour l'aider à mieux le repérer parmi l'encre sombre qui en recouvre l'intégralité ; avant de désigner ta jambe, soulevant le bas de ton jogging. « il est là. » une chauve-souris qui semble avoir été suspendue en plein envol, nichée au niveau du genou. quand tu es en mouvement, c'est comme si elle prenait vie en agitant les ailes. tu l'adorais déjà avant même d'en devenir l'heureux propriétaire. « c'est bientôt Halloween. » te justifies-tu d'un haussement d'épaules indifférent, quand bien même tu n'as pas besoin de le faire, pas avec Vando.

( le tatouage )

appartement 46 • w/ @Jin Hartley

Jin, il est de ces coups de cœur rares mais intenses. Ces personnes qui sont entrées dans la vie de l’Italien d’une façon bien brutale, mais bordel qu’il n’en regrette rien. Évidence même entre les deux jeunes hommes, pourtant relativement différents. Le plus âgé si actif, si vif, à la recherche toute sommes perpétuelle de l’adrénaline. Le plus jeune si calme, presque introverti, aux rituels bien établis dans son quotidien. Mais ne dit-on pas que les opposés s’attirent ? Alors il est certain que si Vando s’avérait plus à l’aise avec les mots, avec les interactions sociales, il n’hésiterait pas à exprimer cet amour fraternel qu’il ressent à l’égard de son désormais meilleur ami. Mais si les sentiments sont bien présents, la gêne et la maladresse le sont tout autant. C’est pourquoi il préfère agir. Venir, comme aujourd’hui, à la rescousse de Jin. Les actes valent parfois plus que les longs discours. Du moins, le pense-t-il. Accueilli en grandes pompes par cette chienne des plus adorables qu’est Joy, le tatoueur pose son regard sur son aîné. Et très vite, ses sourcils se froncent quelque peu alors que ses iris, elles, se mettent à la recherche de ce fameux tatouage fraîchement encré. Vando pris dans un piège taquin ; jogging qui se relève pour dévoiler une chauve-souris des plus gothiquement magnifique. « Wow. J’adore. ». Sans grande surprise, lui aussi étant un admirateur certain de ce style à la fois réaliste et spooky. Canidée fougueuse qui rejoint le sol, l’Italien s’accroupit pour mieux observer cette nouvelle œuvre. « Elle est superbe. Elle vaut bien la peine que tu restes posé quelques temps. ». Discret sourire en coin tandis qu’il se redresse. « Comment puis-je donc vous divertir, il mio re ? ». Amusement dans la voix. Il est vrai qu’il n’a rien pris pour venir chez Jin. Sans doute aurait-il dû. Mais ces deux-là ne sont jamais à cours d’idée. Se dirigeant vers la cuisine, ayant ses habitudes dans cet appartement qui est bien plus familier que celui où il réside désormais, Vando remarque l’absence certaine de Noomi. Serait-ce une soirée entre garçons qui se dessine ? Verre d’eau rempli et déjà à ses lèvres, il interroge le programmeur quant à la suite des festivités. Prêt à accepter aussi bien une partie de jeu vidéo quelconque qu’une discussion en tout genre.

#46 south bank • w/ @vando fascarini

sans surprise, ta nouvelle acquisition n'a aucun mal à convaincre ton ami, qui vient même la détailler d'un peu plus près. sur le sujet des tatouages, vous êtes rarement en désaccord. c'est aussi grâce à eux que vous êtes devenus de si proches amis. et pourtant, même si sa remarque est judicieuse, le rappel te tire une moue boudeuse. « mouais. » que tu grognes presque, l'air mécontent. Vando a raison évidemment, quant à toi, tu savais à quoi t'attendre. un peu de calme et de repos, ce n'est rien d'insurmontable en temps normal, mais la nouvelle du départ de Raphael tombe assez mal. plus que jamais, t'aurais aimé pouvoir partir en escapade sans trop te soucier des conséquences. tu détestes ruminer, encore moins le faire en étant totalement inactif. c'est la porte grande ouverte à toutes sortes de pensées parasites et envahissantes, celles-là même que tu élimines d'ordinaire dans la poursuite du danger et de l'adrénaline. mécanisme de défense plutôt moyen, t'en as parfaitement conscience, sans jamais faire l'effort d'en changer pour autant. c'est efficace et moins coûteux qu'un psy, et puis, les habitudes ont la vie dure. preuve en est, tu n'as pas l'intention de te confier à ton ami s'il ne remarque rien d'anormal.

rassasiée d'affection, Joy prend le chemin du canapé, posant deux pattes sur le rebord et un regard d'expectation sur toi. esquissant un sourire, tu l'aides à monter, tandis que Vando, habitué des lieux désormais, s'avance vers la cuisine. « j'sais pas, en me faisant oublier que j'suis coincé ici pour les quinze prochains jours ? » que tu répliques, un brin trop dramatique pour ta situation, sûrement. t'es pas réellement coincé ici et tu as, en théorie, tout ce qu'il faut pour t'occuper. des clichés récents d'urbex à retoucher, toi qui voulais t'essayer à de nouvelles choses, ça tombe plutôt bien. et ce morceau de code récalcitrant qui mériterait que tu t'attardes dessus à nouveau, ne serait-ce que pour s'assurer que tout fonctionne pour de bon. et juste comme ça te vient la brillante idée de laisser Vando s'en charger. quoi de mieux qu'un œil nouveau pour donner son avis sur la question ? « oh, attends ! j'ai une idée. » l'invitant à te rejoindre, tu t'assois à côté de Joy, qui s'est déjà mise à ronfler. ton ordinateur allumé sur les genoux, tu ouvres rapidement tous les logiciels nécessaires. « que dirais-tu d'être le testeur officiel de la séquence de jeu qui me fait galérer depuis des jours ? » séquence se présentant sous la forme d'un petit personnage évoluant dans un décors 2d. classique du jeu de plateforme, il ne s'agit en réalité que d'une courte section du nouvel opus sur lequel ton studio et toi travaillez depuis quelques mois maintenant. « tu vois ce personnage là ? mon objectif, c'est de coder toutes les règles pour l'empêcher de faire n'importe quoi. et son objectif à lui, c'est de trouver toutes les failles possibles pour faire n'importe quoi. » expliques-tu, parlant de lui comme s'il avait développé un libre-arbitre et l'intention de te pourrir la vie. l'unique responsable de tes erreurs, c'est toi, tu le sais, mais tu te demandes parfois si l'intelligence artificielle n'aurait pas déjà pris le dessus sur le bonhomme à l'écran. « ta mission, si tu l'acceptes, c'est de jouer et de voir si j'suis pas encore passé à côté d'un truc. » que tu conclus, lui confiant l'appareil.

appartement 46 • w/ @Jin Hartley

Il se sait extrêmement chanceux de vivre de sa passion. Elles sont tristement bien trop nombreuses, les personnes qui ont un travail seulement alimentaire. Se lever tous les matins la boule au ventre, n’éprouver aucun plaisir une trentaine d’heures par semaine… Quelle horreur. Vando en a des frissons rien qu’à l’imaginer. L’art, ça le fait vibrer. Un monde merveilleux qui offre une liberté complète à l’imagination, à son propre l’imaginaire. Les mains créent, façonnent, fabriquent. Déconstruisent, remplacent, changent. Cycle infini. Alors partager ça avec Jin, c’est une chance certaine. Deux amoureux de l’encre. Pour l’Italien, ces traits à jamais dans sa peau retracent son histoire. Ses coups de cœur, ses joies, ses peines, ses expériences. Patchwork de tranches de vie, à l’instar d’un album photo. Alors le voilà qui s’extasie sur cette chauve-souris particulièrement bien réalisée. Tandis que son meilleur ami, bien que ravi de cette dernière, rumine tel un lion en cage. Les deux jeunes hommes s’éloignent, l’hôte gagnant le canapé, et Vando lui partant se prendre quelque chose à boire. « Mh. J’avoue ne pas avoir bouclé mon One Man Show, désolé. » qu’il lui répond en plaisantant. Finit par rejoindre son aîné, qui semble, d’après lui, avoir trouvé une idée de génie. Regard curieux vers Jin qui s’empare de son ordinateur pour y ouvrir moultes logiciels. A vrai dire, l’Italien n’y connait pas grand-chose en informatique et nouvelles technologies. Suffit de le voir galérer à utiliser Instagram et plus récemment Tinder… Un véritable grand-père ! « Tester… ton jeu ? ». Il bug un instant. « Je peux faire ça moi ? Faut pas quelqu’un d’officiel ou quoi ? ». Vando cligne des yeux, écoute les indications de son meilleur ami. Et le voilà qui se retrouve avec l’ordinateur sur ses cuisses. Une véritable poule avec un couteau. « Euh… bah oui évidemment que j’accepte de t’aider ! Mais j’suis pas certain d’être le meilleur candidat pour ça… ». Doigts qui se glissent sur le clavier, commençant à faire bouger le personnage. « Promis tu te moques pas si je galère hein ? ». Les jeux-vidéos, il n’a pas vraiment grandi dans cet univers. Ses sœurs n’y ont jamais été attiré, et lui préférait de toute façon jouer à l’extérieur avec ses copains quand il était gamin. Mais que ne ferait-il pas pour Jin ? Se raclant la gorge, le voilà qui lance son petit bonhomme à l’aventure…