@Ruth Aslan & @Nils Källström
L'avion amorçait doucement sa descente, et Ruth observait par le hublot les paysages verdoyants et humides qui s'étendaient en contrebas. C’était la première fois qu’elle visitait la Suede. Et ce n’était pas pour un reportage ou une couverture de conflit, non. Elle se préparait à rencontrer la famille Nils. Ou plutôt de l’homme qu’elle aimait et pour qui elle avait décidé, malgré ses craintes de fonder une famille. Les quatre derniers mois avaient été... intenses. Les hormones n’avaient pas été tendres avec elle, exacerbant encore plus son mauvais caractère. Un miracle que Nils ne soit pas parti. Au lieu de ça, il avait supporté ses colères et ses sautes d’humeur. Néanmoins ces derniers temps elle s’efforçait de se calmer et de ne pas être ce tyran qu’elle sentait parfois poindre en elle. Quand Nils lui avait annoncé la surprise – un voyage en Suéde, chez lui – Ruth avait ressenti une pointe de panique. Elle avait visité tant de pays dans sa vie, vu tant de choses en tant que journaliste, mais rencontrer la famille de Nils, dans son pays natal, c’était différent. L’atterrissage était imminent, et les gouttes de pluie commençaient déjà à s’écraser contre les vitres de l’avion. Le paysage était différent de tout ce qu’elle connaissait, loin de la chaleur de Brisbane ou des couleurs vives de la Turquie. Elle serra la main de son compagnon à la fois pour se rassurer mais aussi pour lui montrer qu’elle était prête. Tout ce voyage était l’occasion de mieux connaître Nils, de découvrir qui avait su l’apprivoiser. Le voir dans son élément, avec sa famille, dans le pays où il avait grandi, allait certainement lui dévoiler des aspects de sa personnalité qu’elle ne connaissait pas encore. Et pour ne pas rester en marge, elle avait appris quelques mots en suédois. Elle savait désormais se présenter, demander comment ça allait et répondre en retour si quelqu’un lui retournait la question. Mais ce qui l’avait le plus amusée, c’était d’apprendre à dire Det er en jente au cas où on lui demanderait le sexe du bébé. Alors qu’ils descendaient de l'avion, un vent frais s’insinuait sous sa chemise légère et un frisson glacial la parcourut. Pas de soleil en vue, et encore moins de chaleur. Elle se maudit intérieurement. Elle aurait dû écouter Nils et garder sa veste dans son sac plutôt que de la laisser partir en soute. Il l’avait prévenue mais elle avait insisté pour voyager léger. Elle jeta un coup d'œil à Nils plus habitué à ce temps maussade. « Vas-y, dit-le ! Je sais que t’en crève d’envie. » Elle inspira profondément se blotissant contre lui pour essayer de se tenir un peu chaud…

@Ruth Aslan & @Nils Källström

Il est habitué au long vol entre l’Australie et la Suède. Nils ne tarde d’ailleurs pas à dormir contre sa petite ami, bercé entre le vrombissement du moteur de l’avion et le parfum léger de Ruth. Les heures passent mais il ne les voit pas tellement passer. Ce qui n’est pas forcément très galant pour Ruth qui elle, doit être nerveuse. Il lui a promis ce voyage alors ils le font avant que la douce ne puisse plus prendre l’avion. Il adore la voir prendre ses formes, voir son ventre s’arrondir. Si ce n’est pas tout le temps facile, il fait preuve de patience. Ce n’est pas simple pour elle, parce que cela la renvoie à un passé compliqué, il le sait, c’est pour ça qu’il fait attention. Tout semble bien se passer, la grossesse se passe bien. Nils est content et de toute façon, les Källström font des bébés incroyables. Peut-être parce qu’ils les bercent dans le froid pour les siestes. Il est sûr que ce n’est pas en Australie qu’ils pourront faire cela.

Il émerge un peu avant l’atterrissage. Il regarde les paysages qu’il aime tant, il trépigne presque à l’idée de revoir ses parents et surtout faire la surprise à Adela pour sa venue. Lorsqu’elle lui a dit qu’elle était partie sur un coup de tête après sa rupture chez leurs parents, il ne lui a pas dit qu’il avait pris des billets pour y aller lui aussi avec Ruth. Il veut présenter sa petite amie à ses parents, il veut qu’elle découvre le pays où il a grandi. Elle fille du feu et lui enfant de la glace. Ils sont deux opposés qui s’attirent et se complètent. Le volcan Ruth le rend fou mais dans le bon sens. Ils finissent par descendre et comme il avait prévenu la jeune femme, il fait plus frais. Il rit à sa réplique. Il lui tend sa veste. « - T’as de la chance que je ne sois pas frileux et que tu portes la vie » Il la taquine. Nils songe souvent à lui dire qu’il l’aime... souvent mais ce ne sont pas des mots qui sont à dire à la légère. Il veut que ce soit beau et parfait. Il passe un bras au-dessus de ses épaules pour aller récupérer leurs bagages. « - Adela est chez mes parents, elle n’est pas en grande forme, j’espère que ça lui fera plaisir de nous voir » Il embrasse les cheveux de prend les valises. « - On va prendre un taxi, j’ai prévenu mes parents que ce n’était pas la peine de venir... ça va toi ? Pas trop fatiguée. » Il veille toujours au grain.

Le trajet n’est pas très long, ils n’habitent pas en plein centre les parents Källström. Le taxi les délaisse devant la maison. Il prend les sacs et invite Ruth à avancer. Il frappe à la porte de sa maison d’enfance. « - Prête, parle anglais, ils maîtrisent parfaitement la langue, ne t’inquiète pas » Il se penche pour l’embrasser et c’est le moment que choisit sa mère pour ouvrir la porte bien trop ravie de les voir. Le père Källström est juste derrière. Sa mère enlace son fils et comme elle est très heureuse de rencontrer Ruth, elle l’enlace aussi. « - Maman, Papa, je vous présente ma compagne, Ruth » Ils pénètrent dans la maison, laissant les valises dans l’entrée. « - Enchantée Ruth, on a entendu parler de toi, vous avez fait bon voyage ? » La mère s’adresse surtout à sa petite amie, naturellement, parce qu’ils sont simples les K.

@Ruth Aslan & @Nils Källström
Nils paraissait totalement dans son élément. Un véritable enfant du pays, insensible au froid mordant qui s’insinuait jusque dans ses os. Alors qu’il lui avait gentiment prêté sa veste, il marchait à ses côtés avec une décontraction presque insolente. Ruth ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel, amusée et un peu jalouse de cette résistance. Elle se retrouvait là à ses côtés à frissonner à la moindre rafale là où le viking était biberonné par ce froid ancestral. Il lui avait une fois raconté que les bébés suédois faisaient leur sieste dehors, en plein hiver. De la folie ! Elle avait manqué de s’étouffer devant cette tradition. Rien que d’y penser, elle sentait un frisson lui parcourir la colonne vertébrale. Totalement impensable dans sa famille turque, où chaque souffle d’air froid était scruté avec inquiétude. Jusqu’à ses dix ans sa mère lui faisait porter un débardeur en dessous de ses vêtements en été pour ne pas qu’elle attrape froid. Alors, l’idée d’un nourrisson dormant dehors sous une fine couche de neige… elle pouvait entendre sa mère la réprimander à travers les océans. Si, un jour, par un improbable concours de circonstances, elle décidait de suivre cette tradition suédoise aucun doute qu’elle ne l’excommunie sur-le-champ. Son cœur se serra un peu à l’idée de rencontrer ses beaux-parents, des inconnus qui allaient dans quelques minutes la scruter. Et si elle ne leur plaisait pas ? Ruth était appréciée en Australie, en tant que journaliste. Mais quand il s’agissait de relations humaines, c’était une tout autre histoire. Elle avait conscience d’être parfois capricieuse, exigeante et, bien qu’elle ne l’admettrait jamais un brin autosuffisante. Un bon nombre de défauts qu’elle redoutait de voir transparaître aux yeux de cette famille suédoise si simple. La seule chose qui la rassurait, c'était d'avoir déjà rencontré Adela. Leur première rencontre avait été... mouvementée, pour le dire gentiment. Heureusement, les choses s’étaient arrangées. Mais le fait qu’elle allait rencontrer aujourd’hui les parents de son petit-ami et une partie de sa famille était une nouvelle étape. Elle avait couvert des zones de guerre, affronté des situations bien plus dangereuses et tendues que celle-ci, et pourtant, l’idée de tous les voir enfin la rendait nerveuse. Et quoi de mieux pour pallier à cela que de elle se réfugier dans une habitude qu’elle avait développée en tant que journaliste, celle de se préparer. Se rassurer par le travail. Dans ce cas précis, cela signifiait réviser les quelques mots de suédois qu’elle avait appris à la va-vite pendant le vol. Alors qu’elle s’approchait du seuil de la maison, une question lui traversa l’esprit : « Au fait, tu as dit à tes parents que je ne mangeais pas de porc ? » Elle avait grandi dans une famille musulmane et même si elle n'était pas religieuse, elle avait conservé certaines habitudes, dont celle d’éviter le porc. Mais avant même qu’il puisse répondre, la porte s'ouvrit brusquement. Instinctivement, elle afficha un grand sourire Colgate, celui qu’elle arborait souvent dans son émission lorsqu’elle accueillait des invités. Ce sourire qu’elle maîtrisait si bien. La mère de Nils apparut dans l'embrasure, rayonnante, et sans perdre une seconde, elle l'enlaça chaleureusement. Une accolade à laquelle la jolie brune répondit sincérement. Prise dans l'élan du moment, elle voulut utiliser un des mots suédois qu'elle avait appris pendant le vol. Mais, sous le coup du stress, elle se trompa complètement. « Lycka till ! » lança-t-elle, confiante. « Je crois que j’ai dormi une bonne partie du vol, donc oui… c’était moins long que ce que j’avais imaginé. »