@Ruth Aslan & @Nils Källström
L'avion amorçait doucement sa descente, et Ruth observait par le hublot les paysages verdoyants et humides qui s'étendaient en contrebas. C’était la première fois qu’elle visitait la Suede. Et ce n’était pas pour un reportage ou une couverture de conflit, non. Elle se préparait à rencontrer la famille Nils. Ou plutôt de l’homme qu’elle aimait et pour qui elle avait décidé, malgré ses craintes de fonder une famille. Les quatre derniers mois avaient été... intenses. Les hormones n’avaient pas été tendres avec elle, exacerbant encore plus son mauvais caractère. Un miracle que Nils ne soit pas parti. Au lieu de ça, il avait supporté ses colères et ses sautes d’humeur. Néanmoins ces derniers temps elle s’efforçait de se calmer et de ne pas être ce tyran qu’elle sentait parfois poindre en elle. Quand Nils lui avait annoncé la surprise – un voyage en Suéde, chez lui – Ruth avait ressenti une pointe de panique. Elle avait visité tant de pays dans sa vie, vu tant de choses en tant que journaliste, mais rencontrer la famille de Nils, dans son pays natal, c’était différent. L’atterrissage était imminent, et les gouttes de pluie commençaient déjà à s’écraser contre les vitres de l’avion. Le paysage était différent de tout ce qu’elle connaissait, loin de la chaleur de Brisbane ou des couleurs vives de la Turquie. Elle serra la main de son compagnon à la fois pour se rassurer mais aussi pour lui montrer qu’elle était prête. Tout ce voyage était l’occasion de mieux connaître Nils, de découvrir qui avait su l’apprivoiser. Le voir dans son élément, avec sa famille, dans le pays où il avait grandi, allait certainement lui dévoiler des aspects de sa personnalité qu’elle ne connaissait pas encore. Et pour ne pas rester en marge, elle avait appris quelques mots en suédois. Elle savait désormais se présenter, demander comment ça allait et répondre en retour si quelqu’un lui retournait la question. Mais ce qui l’avait le plus amusée, c’était d’apprendre à dire Det er en jente au cas où on lui demanderait le sexe du bébé. Alors qu’ils descendaient de l'avion, un vent frais s’insinuait sous sa chemise légère et un frisson glacial la parcourut. Pas de soleil en vue, et encore moins de chaleur. Elle se maudit intérieurement. Elle aurait dû écouter Nils et garder sa veste dans son sac plutôt que de la laisser partir en soute. Il l’avait prévenue mais elle avait insisté pour voyager léger. Elle jeta un coup d'œil à Nils plus habitué à ce temps maussade. « Vas-y, dit-le ! Je sais que t’en crève d’envie. » Elle inspira profondément se blotissant contre lui pour essayer de se tenir un peu chaud…

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Il est habitué au long vol entre l’Australie et la Suède. Nils ne tarde d’ailleurs pas à dormir contre sa petite ami, bercé entre le vrombissement du moteur de l’avion et le parfum léger de Ruth. Les heures passent mais il ne les voit pas tellement passer. Ce qui n’est pas forcément très galant pour Ruth qui elle, doit être nerveuse. Il lui a promis ce voyage alors ils le font avant que la douce ne puisse plus prendre l’avion. Il adore la voir prendre ses formes, voir son ventre s’arrondir. Si ce n’est pas tout le temps facile, il fait preuve de patience. Ce n’est pas simple pour elle, parce que cela la renvoie à un passé compliqué, il le sait, c’est pour ça qu’il fait attention. Tout semble bien se passer, la grossesse se passe bien. Nils est content et de toute façon, les Källström font des bébés incroyables. Peut-être parce qu’ils les bercent dans le froid pour les siestes. Il est sûr que ce n’est pas en Australie qu’ils pourront faire cela.

Il émerge un peu avant l’atterrissage. Il regarde les paysages qu’il aime tant, il trépigne presque à l’idée de revoir ses parents et surtout faire la surprise à Adela pour sa venue. Lorsqu’elle lui a dit qu’elle était partie sur un coup de tête après sa rupture chez leurs parents, il ne lui a pas dit qu’il avait pris des billets pour y aller lui aussi avec Ruth. Il veut présenter sa petite amie à ses parents, il veut qu’elle découvre le pays où il a grandi. Elle fille du feu et lui enfant de la glace. Ils sont deux opposés qui s’attirent et se complètent. Le volcan Ruth le rend fou mais dans le bon sens. Ils finissent par descendre et comme il avait prévenu la jeune femme, il fait plus frais. Il rit à sa réplique. Il lui tend sa veste. « - T’as de la chance que je ne sois pas frileux et que tu portes la vie » Il la taquine. Nils songe souvent à lui dire qu’il l’aime... souvent mais ce ne sont pas des mots qui sont à dire à la légère. Il veut que ce soit beau et parfait. Il passe un bras au-dessus de ses épaules pour aller récupérer leurs bagages. « - Adela est chez mes parents, elle n’est pas en grande forme, j’espère que ça lui fera plaisir de nous voir » Il embrasse les cheveux de prend les valises. « - On va prendre un taxi, j’ai prévenu mes parents que ce n’était pas la peine de venir... ça va toi ? Pas trop fatiguée. » Il veille toujours au grain.

Le trajet n’est pas très long, ils n’habitent pas en plein centre les parents Källström. Le taxi les délaisse devant la maison. Il prend les sacs et invite Ruth à avancer. Il frappe à la porte de sa maison d’enfance. « - Prête, parle anglais, ils maîtrisent parfaitement la langue, ne t’inquiète pas » Il se penche pour l’embrasser et c’est le moment que choisit sa mère pour ouvrir la porte bien trop ravie de les voir. Le père Källström est juste derrière. Sa mère enlace son fils et comme elle est très heureuse de rencontrer Ruth, elle l’enlace aussi. « - Maman, Papa, je vous présente ma compagne, Ruth » Ils pénètrent dans la maison, laissant les valises dans l’entrée. « - Enchantée Ruth, on a entendu parler de toi, vous avez fait bon voyage ? » La mère s’adresse surtout à sa petite amie, naturellement, parce qu’ils sont simples les K.

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Nils paraissait totalement dans son élément. Un véritable enfant du pays, insensible au froid mordant qui s’insinuait jusque dans ses os. Alors qu’il lui avait gentiment prêté sa veste, il marchait à ses côtés avec une décontraction presque insolente. Ruth ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel, amusée et un peu jalouse de cette résistance. Elle se retrouvait là à ses côtés à frissonner à la moindre rafale là où le viking était biberonné par ce froid ancestral. Il lui avait une fois raconté que les bébés suédois faisaient leur sieste dehors, en plein hiver. De la folie ! Elle avait manqué de s’étouffer devant cette tradition. Rien que d’y penser, elle sentait un frisson lui parcourir la colonne vertébrale. Totalement impensable dans sa famille turque, où chaque souffle d’air froid était scruté avec inquiétude. Jusqu’à ses dix ans sa mère lui faisait porter un débardeur en dessous de ses vêtements en été pour ne pas qu’elle attrape froid. Alors, l’idée d’un nourrisson dormant dehors sous une fine couche de neige… elle pouvait entendre sa mère la réprimander à travers les océans. Si, un jour, par un improbable concours de circonstances, elle décidait de suivre cette tradition suédoise aucun doute qu’elle ne l’excommunie sur-le-champ. Son cœur se serra un peu à l’idée de rencontrer ses beaux-parents, des inconnus qui allaient dans quelques minutes la scruter. Et si elle ne leur plaisait pas ? Ruth était appréciée en Australie, en tant que journaliste. Mais quand il s’agissait de relations humaines, c’était une tout autre histoire. Elle avait conscience d’être parfois capricieuse, exigeante et, bien qu’elle ne l’admettrait jamais un brin autosuffisante. Un bon nombre de défauts qu’elle redoutait de voir transparaître aux yeux de cette famille suédoise si simple. La seule chose qui la rassurait, c'était d'avoir déjà rencontré Adela. Leur première rencontre avait été... mouvementée, pour le dire gentiment. Heureusement, les choses s’étaient arrangées. Mais le fait qu’elle allait rencontrer aujourd’hui les parents de son petit-ami et une partie de sa famille était une nouvelle étape. Elle avait couvert des zones de guerre, affronté des situations bien plus dangereuses et tendues que celle-ci, et pourtant, l’idée de tous les voir enfin la rendait nerveuse. Et quoi de mieux pour pallier à cela que de elle se réfugier dans une habitude qu’elle avait développée en tant que journaliste, celle de se préparer. Se rassurer par le travail. Dans ce cas précis, cela signifiait réviser les quelques mots de suédois qu’elle avait appris à la va-vite pendant le vol. Alors qu’elle s’approchait du seuil de la maison, une question lui traversa l’esprit : « Au fait, tu as dit à tes parents que je ne mangeais pas de porc ? » Elle avait grandi dans une famille musulmane et même si elle n'était pas religieuse, elle avait conservé certaines habitudes, dont celle d’éviter le porc. Mais avant même qu’il puisse répondre, la porte s'ouvrit brusquement. Instinctivement, elle afficha un grand sourire Colgate, celui qu’elle arborait souvent dans son émission lorsqu’elle accueillait des invités. Ce sourire qu’elle maîtrisait si bien. La mère de Nils apparut dans l'embrasure, rayonnante, et sans perdre une seconde, elle l'enlaça chaleureusement. Une accolade à laquelle la jolie brune répondit sincérement. Prise dans l'élan du moment, elle voulut utiliser un des mots suédois qu'elle avait appris pendant le vol. Mais, sous le coup du stress, elle se trompa complètement. « Lycka till ! » lança-t-elle, confiante. « Je crois que j’ai dormi une bonne partie du vol, donc oui… c’était moins long que ce que j’avais imaginé. »

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Les parents Källström ne sont pas farouches. Plutôt l’inverse. Totalement l’inverse. Ils sont chaleureux et ne jugent pas. Ouverts d’esprit et aimants, tout ce qu’ils souhaitent, c’est que leurs enfants soient heureux. Un drame a bouleversé leur famille alors ils veillent à que tout se passe bien. Et ils étaient ravis d’apprendre la venue de leur fils accompagné de sa petite amie. Ils ont fini par entendre parler de la belle Ruth, Nils a quand même un peu attendu avant de mentionner son prénom. Si ses frères et sœurs à Brisbane sont au courant, les parents ont été les derniers à apprendre qu’il avait trouvé chaussure à son pied. Depuis des années quand on y réfléchit... mais il a été un peu trop bête pour le voir. Ruth est entrée subitement dans sa vie et il n’a pas vu tous les signes qu’on lui envoyait. Maintenant une chose est sûre, il fera son possible pour que cela fonctionne entre eux. Il a été élevé par un couple aimant, il veut la même chose, aspire à une belle vie de couple et de famille dans le fond avec un fond fougueux et passionné, libre et sans attaches. Ruth lui offre cette possibilité, croit-il en tout cas, pour le moment.

Alors qu’ils sont tous les deux sur le seuil de la porte, Ruth lui demande une dernière chose, sans doute la nervosité qui parle mais il s’en amuse un peu Nils. Il a cette facilité à prendre pas mal de choses avec légèreté. « - Oui, je te promets qu’il n’y aura pas de porc » Il respecte les coutumes de sa femme. Il ne coure pas après le porc enfin, certain plat suédois en sont garnis mais sinon il est plutôt burger, donc un bon steak lui convient parfaitement. Et la porte s’ouvre.

Il observer la scène, il rit un peu nerveusement. Ruth affiche son sourire à tout épreuve et cela l’amuse un peu. Il aimerait pouvoir lui dire de se détendre et qu’elle est fantastique, parfaite, belle. Elle ne voit pas tout cela dans le regard amoureux qu’il lui offre ? Peut-être devrait-il lui glisser... qu’il l’aime... qu’elle le rend fou... Et qu’il est fier qu’elle porte leur enfant. Peut-être mais dire je t’aime à une femme... c’est compliqué pour Nils. Il veut trouver le bon moment, pire qu’une demande en mariage à ses yeux, ça marque à tout jamais. Ruth tente de parler suédois, les sourcils de sa mère se fronce et elle se tourne avec un grand sourire vers son fils. Il a compris ce que voulait dire Ruth et il sait que ses parents aussi mais elle n’a pas utilisé la bonne expression. La matriarche amusée tapote l’épaule de son fils : « - charmar min älskling, hon försöker prata svenska » Il rit, Nils. Il vient placer un bras dans le bras de sa compagne et embrasse sa tempe. « - Tu viens de dire bonne chance à tout le monde mais c’était adorable » lui murmure-t-il. « - T’es parfaite, je tiens à le dire - - Allez bien, on va leur annoncer la nouvelle avant que son petit ventre ne nous trahisse, après on ira monter les valises » Il la guide alors que les parents sont dans la pièce de vie. « - Adela n’est pas là ? » - « - Non, elle est partie se promener pour la journée, elle sera contente de te voir » Il n’en doute pas. « - Bien de toute façon, elle est déjà au courant » Il sourit, il se tourne vers Ruth, même après des heures de vol, il la trouve belle. Il se positionne derrière elle pour retirer la veste qu’elle porte, celle de Nils. Et alors le ventre arrondi apparaît. Les yeux de sa mère et de son père s’élargissent et ils comprennent. « - Herregud ! » Lance le père. Nils a toujours ce large sourire fier. « - Surprise ! » Lance-t-il. Et à nouveau, les embrassades reprennent. La mère de Nils commence même à parler de remède aux plantes pour tous les désagréments de la grossesse et plein d’astuces... clairement tout le monde est content et ils se fichent que les choses aillent vite. Ils voient Nils heureux.

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Cette maison racontait une histoire, celle de Nils, de sa famille, de ses racines. Elle s'imaginait Nils enfant, courant à travers ces mêmes couloirs, partageant des moments complices autour de cette grande table de bois au centre du salon. Elle était chaleureuse, remplie de petites touches suédoises traditionnelles qu’elle n’avait vues que dans des magazines. Le bois blond, les textiles épais, les bougies allumées... Tout respirait un confort simple, authentique. Tout cela faisait partie d’un passé auquel elle n'avait pas totalement accès, mais qu'elle ressentait profondément en cet instant. Les parents de Nils l’observaient. Elle sentait leurs regards sur elle, bienveillants mais curieux. Elle était consciente qu’elle ne ressemblait probablement en rien aux femmes qu’ils avaient imaginées pour leur fils. Avec son tempérament de feu, ses origines lointaines et sa carrière ambitieuse... Rien de cela ne semblait coller à la simplicité qui imprégnait leur maison. Mais elle tenait bon déterminée à faire bonne impression. Ils paraissaient gentils, ouverts après tout, comme l’était Nils finalement. Malgré tout cela n’apaisait pas complètement son anxiété. La mère se montra rapidement attentive et prévenante, multipliant les petites attentions pour la mettre à l'aise. Elle s’accrochait aux bras du grand blond comme pour se donner du courage et se rappeler qu'il était là, avec elle, pour elle. Elle rougit légèrement lorsqu’elle réalisa sa bourde linguistique. « Je dois encore un peu réviser. » dit-elle avec un sourire gêné. Mais au fond d’elle, elle sentait que l’important, c’était d’avoir essayé. Puis, alors que les échanges commençaient à se faire, Nils proposa de mettre fin au suspens. Il se tourna vers elle avec ce sourire qu'elle aimait tant et d’un geste doux retira la veste qu’elle portait exposant aussitôt son ventre. Son ventre encore discret mais suffisamment arrondi pour être visible. Le silence qui s'installa dans la pièce ne dura qu'une fraction de seconde, mais  il lui sembla s’étirer à l’infini. Le regard de sa mère passa du visage de Ruth à son ventre, puis à son fils, les yeux écarquillés. Son père, lui, resta figé, visiblement pris au dépourvu. Serait-ce le premier petits enfants où d’autres Källström leur avait déjà fait le cadeau. Des Herregud fusèrent aussitôt et bien qu’elle n’avait pas étudié ce mot elle en comprenait le sens. De son côté, la jolie journaliste laissa échapper un rire nerveux, à mi-chemin entre le soulagement et le bonheur de les voir tous aussi heureux par sa grossesse. Submergée par tant d’attention, elle se contenta de sourire et de hocher la tête ne comprenant plus aucun mot de ce qui se disait. Elle échangea un regard complice avec son petit ami qui semblait aux anges. Elle était déjà acceptée, non seulement comme la petite amie de Nils mais aussi et surtout comme la future mère de leur petit-enfant. Alors que les effusions de joie fusaient de toutes parts, elle se tourna vers ses beaux parents et elle lança avec un accent presque parfait : « Det är en tjej » pour leur dire qu’ils attendaient une petite fille. Cette phrase, Nils l'avait fait répété plusieurs fois.

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Nils trouve Ruth plus que belle lorsqu’il note que ses joues rougissent un peu à la petite erreur qu’elle a fait dans sa langue maternelle. Il ne lui en veut pas le moins du monde, au contraire, il trouve cela plutôt mignon. Embrassant le sommet de la future mère de sa fille, il n’a de cesse de la trouver surprenante et charmante. « - Je te donnerais des cours de langues » Murmure-t-il taquin au creux de son oreille. Le but étant peut-être de la faire rougir davantage. Non quand même, il ne veut pas qu’elle se sente mal à l’aise. Alors l’heure des révélations sonnent et Nils avec bienveillance retirer la veste qu’il lui a donné pour se couvrir lors de leur arrivée. Et alors le ventre arrondi de la jeune femme devient visible et c’est la stupéfaction mais surtout la joie qui se manifeste. Les parents Kallström sont ravis et Nils aussi, un large sourire sur son visage. Ok, il est clairement fier. Les rires et les embrassades ne semblent pas mettre trop mal à l’aise Ruth, il imagine que cela ne doit pas être trop simple de se retrouver dans une famille à l’autre bout du monde. Surtout que les parents Kallström maitrisent très bien l’anglais mais qu’ils parlent d’abord suédois. Sans doute pour échanger un peu avec leur fils pour être sûr de ce qui va suivre. Nils n’aime pas trop laisser Ruth de côté comme cela. Surtout qu’en Suède, l’anglais c’est presque la deuxième langue, on le parle autant que celle natale.

Sa petite amie reprend la parole, l’annonce l’amuse, l’accent suédois de Ruth est adorable et pour cette fois, elle ne se trouve pas. Les yeux de la matriarche s’écarquillent et elle frappe dans ses mains et l’anglais revient dans la conversation. « - Oh une petite fille, on manque de fille chez les Källström, tu as déjà rencontré la sœur de Nils ? Adela ? » La seule fille que le couple a eue. Une petite princesse au milieu des grands gaillards. « - Elles se sont croisées » Il s’amuse d’ailleurs de cette rencontre que sa sœur lui a racontée. La suédois embrasse la joue de sa compagne. « - On a fait le plus dur, promis ! » Un souffle « - Enfin après le repas qui va nous faire rouler jusqu’à notre chambre » Il rit un peu. « - On n’a pas encore trouvé de prénom je sens qu’on ne sera pas forcément d’accord » Ruth et Nils sont tout de même différents, la grossesse fait parfois ressortir le caractère fort de sa compagne, il tempère, tente de s’accommoder. Alors qu’ils sont invités à prendre place autour de la table, Le père de Nils lui tend une bière, la mère propose plusieurs boissons sans alcool à Ruth. Une gorgée plus tard, la mère de famille commence un petit interrogatoire. « - Vous vivez ensemble alors ? » Oh le sujet qui fâche. Car pour le moment, Nils préfère garder sa coloc, bien qu’il soit quasi tous les soirs chez Ruth, disons que parfois ça fait du bien de souffler... « - On y réfléchit maman » Le regard de sa mère devient inquisiteur. « - Qu’est-ce que t’attends bon sang ? » Il rit Nils « - Maman, on gère promis » Il ne veut pas lancer un sujet de discord tout de suite.

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Les premières minutes avaient été un peu compliquées, avec cette nervosité qui lui nouait l’estomac, mais petit à petit ses premières appréhensions s’étaient estompées. Les parents de Nils étaient bienveillants, et même si elle sentait parfois leurs regards curieux se poser sur elle, Ruth comprenait. Ils essayaient de la connaître, de comprendre la femme qui portait leur future petite-fille. Et elle aussi se surprenait à observer tout autour d’elle. Quand Nils lui avait soufflé à l'oreille qu'il lui donnerait des cours de suédois, elle avait senti une chaleur familière monter en elle. Ses joues s’étaient encore empourprées, et elle s’était mordue la lèvre pour ne pas éclater de rire nerveux. C’était si typique de lui. Il savait exactement comment la taquiner, et même si ce n'était pas le moment idéal pour ça, elle appréciait cette petite coquinerie glissée à l’oreille. La mère de Nils, quant à elle, s’était illuminée lorsqu’elle avait entendu Ruth prononcer ces quelques mots en suédois. C’était la première fois qu’elle ne se trompait pas, qu’elle arrivait à aligner une phrase sans écorcher l’accent et sans hésiter. Et la réaction de la matriarche avait été immédiate. Elle avait applaudi, frappé dans ses mains avec enthousiasme, comme si Ruth venait de franchir un cap. C’est qu’elle était en train de gagner des points la journaliste. « Oui, nous nous sommes déjà rencontrée. » dit-elle un sourire gêné aux lèvres. Heureusement, Adela n’avait pas jugé utile d’entrer dans les détails de leur rencontre plutôt… particulière auprès de toute la famille. Cette fameuse rencontre où, sous le coup d'une journée trop longue et de nerfs à vif, Ruth s’était montrée bien plus émotive qu’elle ne l’aurait voulu. Seul Nils était au courant de l’incident, et elle espérait de tout cœur qu’il garderait ça pour lui. Elle craignait que l’anecdote ne finisse par se répandre dans la famille et qu’elle passe pour la petite amie hystérique aux yeux des Källström.

Le passage à table se fit dans la continuité de cette douce atmosphère. Elle ne pouvait s’empêcher de noter la manière dont Nils semblait gérer tout cela avec aisance. Il était attentif, présent, et elle voyait qu’il faisait de son mieux pour s’assurer qu’elle se sente à l’aise. Même lorsqu’il parlait avec ses parents, il gardait un œil sur elle, comme s’il pouvait deviner ce qu’elle pensait. Elle rit à la question sur le prénom. « D’ailleurs si vous avez des propositions. On serait ravie de les recueillir… » Bien évidemment qu’elle comptait mettre son droit de veto sur la décision finale. Elle n’avait aucun doute sur le fait qu’elle gagnerait cette bataille-là. La jolie turque n’était pas du genre à céder facilement, et encore moins à se plier aux conventions si elles ne lui convenaient pas. Elle sentait déjà l’étincelle d’un futur débat poindre à l’horizon. Mais heureusement, ils avaient encore un peu de temps pour y réfléchir. Elle l’avait laissé gérer la question de sa mère concernant leur cohabitation, mais au fond, Ruth savait que c’était une conversation qu’ils devraient avoir sérieusement. Parfois, elle avait l’impression de faire les choses à l’envers. Ils allaient avoir un enfant ensemble et pourtant ils n’étaient pas encore installés en couple. Elle soupira intérieurement, tentant de ne pas laisser son sourire vaciller. Elle aurait aimé que Nils vive avec elle, qu’ils partagent plus que des nuits ensemble et qu’il prenne définitivement cette place dans son quotidien. Seulement à chaque fois qu’elle avait voulu en parler, elle sentait qu’il n’était pas encore prêt à lâcher cette colocation. Elle saisit le verre de jus que la mère de Nils lui tendait, échangeant un sourire complice avec elle, avant de glisser sa main sous la table pour chercher celle de son compagnon.

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Ils passent rapidement à table, parce que les parents Källström les attendaient pour passer à table et la conversation ne tarde pas à s’installer. Évidemment rapidement, c’est le prénom du bébé qui devient le sujet de la conversation. Alors qu’il déguste son assiette, il ne peut pas s’empêcher de rire un peu. Non, à vrai dire, ils n’ont pas encore pensé au prénom de la petite que Ruth porte en elle. Pour une simple et bonne raison, ils viennent d’apprendre le sexe de cet enfant. Alors il leur faut un peu de temps pour se décider. Nils a commencé à rédiger une liste mais il n’en a pas encore parlé à Ruth, il veut être sûr d’avoir fait le tour. « - On verra, je doute que tu aies envie d’avoir un prénom imprononçable à Brisbane » Il passe son bras sur le dossier de la chaise de sa compagne et il vient caresser quelque peu son dos tendrement. Il regarde, à l’aise ses parents. Il sent la main de Ruth qui cherche sa main sous la table et se montre un peu plus marquant quant à ses caresses. Il tourne la tête vers elle en buvant une gorgée de son verre en la regardant. Il lui offre même un petit clin d’œil. Il n’a pas envie d’ouvrir un débat sur le prénom de leur futur enfant devant ses parents. Il est certain qu’ils ne seront pas d’accord – car les désaccords sont légion entre eux – mais c’est sans doute aussi ce qu’il aime dans cette relation. Ils se disputent mais savent toujours se retrouver. Il y a un truc qui le ramène toujours vers elle – d’ailleurs, il n’a jamais eu peur pour cet enfant. Ou si... de ne pas avoir sa chance.

La fin du dîner se passe plutôt bien et la discussion semble plus fluide. Alors que le voyage s’est fait long, il propose à Ruth de monter leurs affaires et faire une petite pause off. Il aimerait aussi faire la surprise à Adela d’aller la retrouver. Il est partagé avec cette nouvelle énergie dans cette ville qui est la sienne, son origine. Une fois dans la chambre, il pousse la grosse valise à roulette de Ruth à un endroit approprié. Sa chambre d’adolescent a tout de même changé. Ce n’est pas resté un sanctuaire. Non, ses parents ont refait les peintures et n’ont quelques médailles dans les sports qu’il pratiquait, des photos et des bibelots souvenirs. Il délaisse les valises un instant pour retrouver les bras de sa compagne, il l’enlace par le dos en embrassant son cou. « - Alors, qu’est-ce que tu penses de l’endroit pour le moment ? Je dirais que les choses se sont plutôt bien passés avec mes parents ? » Il ne détache pas son nez de son cou, de ses cheveux, pour profiter pleinement de son odeur, ses mains se posent sur le ventre arrondi de la jeune femme, comme protection, bouclier pour cet enfant à naître.

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Le dîner s’était finalement déroulé sans accroc. Ruth s’était laissée porter par les discussions, appréciant le naturel avec lequel les parents de Nils l’accueillaient. Entre deux conversations, elle s’amusait des petits clins d’œil complices que lui adressait Nils et des caresses qu’il lui offrait sous la table. Elle sentait son regard se poser sur elle régulièrement, comme pour lui rappeler qu’il était là et qu’elle n’avait rien à craindre. Le prénom de leur fille serait probablement un sujet à débattre sérieusement entre eux plus tard. Et quelque part, cette perspective l’amusait. Leurs petits désaccords faisaient partie de leur relation, la pimentant un peu plus. En attendant, ils avaient d’autres choses à penser. Lorsque Nils lui proposa de monter leurs affaires, Ruth accepta volontiers. Après ce premier plongeon dans la culture suédoise de sa belle-famille, une pause était plus que bienvenue. Ils montèrent à l’étage, et elle découvrit avec un mélange de curiosité et de tendresse l’ancien refuge de Nils. La pièce avait été repensée depuis, mais elle conservait toujours l’âme de son adolescence. Son regard s’attarda sur tout les petits détails qui venait lui apporter quelques nouvelles indications sur le Nils d’avant, celui qu’elle n’avait pas connu. Elle avait toujours su que Nils avait été un adolescent bien dans sa peau, mais sentir l’énergie de sa jeunesse encore imprégnée dans les murs de cette chambre, rendait son attachement encore plus vrai. Elle observait les recoins de la chambre, à la recherche d’indices sur ce qu’il avait été lorsqu’elle sentit soudain ses bras s’enrouler autour de sa taille. Un frisson de bonheur la traversa tandis qu’il l’enlaçait tendrement, déposant un baiser léger dans son cou et s’attardant dans la douce fragrance de ses cheveux. Elle sourit, se laissant aller contre lui, fermant les yeux un instant pour savourer cette étreinte réconfortante. Il y avait quelque chose de parfaitement apaisant dans cette proximité « Oui… ça s’est bien passé ! » murmura-t-elle, sa voix adoucie par l’instant. « Ils sont adorables. J’étais un peu intimidée au début, mais ils ont été tellement accueillants. Je comprends pourquoi tu te sens bien ici. » Elle posa ses mains sur les siennes, qui reposaient sur son ventre arrondi, et les pressa doucement. C’était leur instant à eux.

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Le séjour se passe plutôt bien et Nils en est ravi. Il se sent rassuré de voir celle qu’il aime épouser à la perfection les coutumes locales. Ruth semble s’intéresser à son pays, sa famille et partage chaque moment avec complicité. Il a eu le droit à quelques mots encourageants de la part de sa mère. Il semblerait qu’elle apprécie sa belle-fille et il espère une certaine réciprocité, évidemment. Doucement l’été laisse place à l’automne en Suède et les journées sont de plus en plus courtes et la température baisse également. Bien que l’on soit encore bien loin des températures négatives que l’on connait dans ce pays. Il se laisse porter par ce séjour, il profite pour passer du temps avec tout le monde, il capture les instants et les fige dans sa mémoire. Il voit Adela remonter la pente après sa rupture et il en est ravi. Sans doute a-t-elle besoin de temps pour laisser guérir son cœur brisé. Ce qui n'empêche pas Nils de vouloir aller mettre une dérouillée au responsable des faits. Il se retient, pour elle, pour éviter d’envenimer la situation, à croire que ce début de paternité lui apprend aussi la sagesse.

Il ne reste que quelques jours à ce séjour mais largement assez pour profiter. Avant leur départ, Nils a prévu d’emmener Ruth dans un chalet familial un peu plus au nord, en pleine campagne au milieu des fjords mais ça, c’est une surprise. Juste, elle, lui. Le bonheur. Du moins, maintenant, c’est comme ça qu’il se l’imagine. Ils vont devoir discuter de la suite des événements, ils ne vivent pas ensemble. Nils aime sa colocation mais se languit aussi de sa compagne quand elle n’est pas à ses côtés, et avec l’arrivée imminente d’un bébé, évidemment qu’il va falloir parler aménagement. Pour l’heure, il a envie de savourer l’allégresse de ses vacances et comme le bon suédois qu’il est, il propose à Ruth un sauna. Le culte du sauna est important ici. Bien qu’il n’y ait pas de complexe avec la nudité, il sait que les gens étrangers à ce genre de coutume peuvent avoir un peu de mal. Elle n’est d’ailleurs pas obligatoire, Ruth pourra garder son maillot de bain, si elle se sent plus à l’aise de la sorte.

« - Pourquoi pas ? Cela ne peut pas nous faire de mal ! » Il lui fait un petit sourire taquin, séducteur. Le géant suédois s’approche de sa compagne et se penche pour capturer ses lèvres et cueillir un baiser. « - Il va falloir que je reste assez concentré pour ne pas avoir envi de toi quand tu seras nue – ou presque nue – couverte de sueur » Elle rit un peu. « - Habituellement, je ne vois pas du tout l’exercice comme érotique mais avec toi... bon sang » Un petit rire contre ses lèvres. « - Tu n’es d’ailleurs pas obligée d’être entièrement nue, je respecte, si jamais tu ne te sens pas de l’être, on est plutôt ouvert d’esprit à ce sujet-là » Un baiser sur son front. « - Alors, qu’est-ce que tu en dis ? »