@Ruth Aslan
Derya était passée dans le quartier de nombreuses fois sans jamais oser s'y arrêter ces derniers mois les relations n'avaient jamais été aussi tendues avec sa soeur les incompréhensions étaient à leurs combles et les silences pesants de reproches avaient fini par leur faire couper les ponts mais Derya n'en pouvait plus de cette distance affreuse à laquelle elle avait envie de mettre un terme. Elle n'était pas certaine qu'elle et Ruth pourrait repartir sur une note plus positive mais elle ne voulait pas qu'elles se gomment l'une et l'autre de leur propre vie. Les soeurs Aslan avaient été spectatrices l'une de l'autre pendant trop longtemps et la brune avait décidé de faire le premier pas après de longs mois. Une boîte de macarons entre les doigts elle aurait bien opté pour une autre gourmandise mais avec sa grossesse elle ne savait pas si les envies de sa soeur avaient changé et si les nausées étaient de la partie mais Derya était déjà passée par là pour savoir comment ça se passait généralement et elle ne voulait pas ne pas être à ses côtés le jour où elle deviendrait maman alors malgré les reproches qu'elles avaient à se faire la brune en vint à taper à sa porte sentant l'appréhension la gagner mais c'était une nécessité de vouloir tout arranger ou du moins essayer de se parler car l'une et l'autre étaient trop butés pour réussir à faire ce pas.

Visiblement sa sœur était aussi surprise qu'elle lorsqu'elle ouvrit la porte et Derya craignait un instant qu'elle ne la lui referme au nez. Bonjour Ruth. Elle était un peu gênée mais maintenant qu'elle avait pris son courage à deux mains elle n'allait pas faire marche arrière.  Je sais que ça fait un moment qu'on ne s'est pas parlé mais je voulais savoir comment tu allais. Et si elle ne voulait pas d'elle à sa porte Derya ferait demi tour n'ayant plus le cœur à se disputer avec elle ça faisait trop d'années que ça duraient.

@Derya Aslan
Ces derniers mois, Ruth s’était efforcée de compartimenter sa vie, de repousser les souvenirs de ce qui s’était passé avec sa sœur, Derya. Les trahisons, les blessures infligées par leur relation et tout le reste l’avait anéanti. Si aujourd’hui, Wes n’était plus qu’un fantôme du passé qu’elle voulait oublier, la trahison de sa sœur continuait de la hanter. La journaliste n'avait jamais été du genre à pardonner facilement, surtout après ce qu'elle considérait comme la plus grande trahison de sa vie. Mais les retrouvailles étaient inévitables, ça restait sa soeur. Alors, elle s’était contenté de repoussé ce moment autant que possible en évitant les dernières réunions de famille pour ne pas la voir. Les coups à la porte la fit sursauter. Elle regarda à travers le juda et vit sa sœur. Elle hésita une seconde devant la porte, inspirant profondément pour se calmer avant de l'ouvrir. « Derya. » Le ton de sa voix se voulait calme, presque plat, ne laissant aucune trace d'émotion apparente. Puis, son attention se porta sur les macarons que l’influenceuse tenait entre ses doigts. Un geste de paix, sans doute. Ruth avait toujours eu un faible pour les douceurs. Elle fit un pas en arrière, ouvrant légèrement la porte, un geste d'invitation plus par politesse que par réelle volonté de la voir entrer. Ruth ne pouvait pas ignorer qu’elle avait fait le premier pas. Mais cela n’effaçait pas totalement sa douleur. « Entre, si tu veux. » ajouta t-elle avec une neutralité calculée, ne laissant aucune place à l’émotion. Elle déglutit, essayant de masquer le tremblement dans sa voix. « Comment je vais ? » répéta t-elle tandis que ses lèvres s'étiraient en un sourire sans joie. « Je suppose que je vais aussi bien que quelqu'un qui a été trahie par sa propre sœur peut aller. » elle laisse échapper un soupir comme pour prendre contenance. Ruth n’était pas de celle qui laissait parler ses émotions. « Tu viens ici après tout ce temps, avec une boite de macarons et des excuses implicites... Je ne sais pas si je dois être impressionnée par ton courage ou déçue par ta naïveté. » Elle croisa les bras secouant doucement la tête. La grossesse lui avait fait perdre ses derniers élans d'amabilité. Tout cela, la rendait plus irritable, plus tranchante. Même Nils, avec tout son amour, ne parvenait pas toujours à apaiser ses sautes d'humeur. Elle avait beau essayer de se concentrer sur le bonheur qui les attendait, elle se sentait constamment sur le fil du rasoir.