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Lorsque l’avion a enfin décollé dans le ciel, Nola a enfin eu l’impression de respirer à nouveau. Elle est restée en apnée de la préparation de sa valise à son départ. De peur qu’il ne s’en rende compte avant qu’elle n’ai eu le temps de s’enfuir. La violence de sa gifle a marqué la jeune femme, autant physiquement, par quelques rougeurs restée sur sa joue, que dans son âme, au plus profond d’elle-même. Ses larmes n’ont pas suffit à la faire rester auprès de lui. Parce qu’en venir aux mains, c’est certainement la limite qu’il n’aurait jamais dû franchir. Alors elle est partie dès qu’elle l’a pu, elle a pris ses dernières économies –après qu’il ait pris tout son argent au fil des années– et elle a acheté ce billet d’avion vers Brisbane. Ville qu’elle a quitté il y a des années maintenant et pourtant, elle n'imaginait pas aller ailleurs pour se réfugier. L’envie d’être près des siens étant omniprésente dans son esprit depuis que la gifle avait raisonné dans la pièce.

Et maintenant qu’elle est dans cet avion, elle peut enfin souffler. Elle sent au plus profond de son cœur qu’elle souffre auprès de lui depuis trop longtemps. Il a étouffé son libre arbitre… Mais loin de lui, Nola espère retrouver cette flamme qui a presque failli s’éteindre auprès de lui.

Après plusieurs heures de vol, l’avion se pose enfin. Nola suit les passagers pour aller récupérer sa valise. Son téléphone est toujours éteint et elle n’ose pas le rallumer. Elle n’a prévenu personne de son retour à Brisbane. Tout a été si soudain qu’elle n’en a pas eu le temps. Et maintenant, elle craint de retirer le mode avion de son téléphone et de recevoir des messages et des appels de sa part. Elle l’a bloqué, mais elle sait qu’il peut se montrer déterminer quand il le souhaite et c’est ce qui l’inquiète. Elle pourrait retrouver sa mère, mais elle n’en a pas envie le moins du monde. Elle ne se sent pas de rejoindre ses vieux amis d’enfance non plus. En revanche, il y a une personne qu’elle a envie de voir et qui pourrait la rassurer à cet instant précis.

Et sans même réfléchir, elle appelle un taxi à la sortie de l’aéroport et elle lui donne l’adresse de son père. Elle ne l’a pas eu au téléphone depuis une éternité et elle s’en veut pour ça. Peut-être qu’il ne sera même plus là… Peut-être qu’il aura déménagé… Mais elle ne sait pas vraiment où aller. Alors elle se laisse porter et elle espère ne pas se perdre un peu plus en chemin…

Devant l’immeuble, elle a une sensation particulière qui ne la lâche pas. Une appréhension qui forme une boule dans sa gorge. Nola fait de son mieux pour ne pas se mettre à pleurer tant des émotions multiples la dévorent. Elle s’avance et son regard parcourt l’interphone. Nola repère le nom de son père et elle expire tout l’air bloqué dans ses poumons. Elle sonne et tente de réfléchir à ce qu’elle pourra lui dire pour justifier sa présence, mais personne ne lui répond. Seul le silence est présent dans la pièce.

Nola pousse un soupir et elle sort son téléphone. Elle le regarde et tente de se donner du courage pour l’allumer et pour tenter de joindre son père, mais au même moment, une personne sort de l’immeuble et Nola en profite pour se faufiler avec sa valise à l’intérieur. Elle prend l’ascenseur jusqu’à l’étage de l'appartement de Leon. Elle sait qu’il n’est pas là, mais elle préfère l’attendre à l’intérieur du bâtiment plutôt que dehors. Une fois au bon étage, elle s’arrête et fixe la porte fermée, le cœur serré. Cela fait des années qu’elle n’a pas vu son père… Il lui a manqué. Terriblement. Mais elle n’avait pas de possibilité de rentrer à Brisbane…

Jusqu’à aujourd’hui. Nola laisse sa valise contre la porte et elle s'assoit sur le seuil avant de poser sa tête contre la porte derrière elle. La jeune femme pousse un profond soupir, un énième. Puis elle tente de faire apparaître un sourire sur le bord de ses lèvres. Nola n’est pas du genre à laisser apparaître ses émotions aux autres. Elle a pris l’habitude de montrer à tous qu’elle va bien, jusqu’à s’en convaincre parfois elle-même sans écouter les appels à l’aide de son cœur.

Les minutes passent, puis les heures. Nola refuse toujours d'allumer son téléphone pour appeler son père. Ses pensées ne s’arrêtent pas, elle imagine la réaction de son ex-petit-ami. Elle appréhende ce qu’il serait capable de faire pour l’obliger à rentrer. Tout se mélange, tout se bouscule. Puis épuisée par tout ça, elle finit par s’endormir, à moitié appuyée contre sa valise, bloquée contre la porte.

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4 Mars 2024 · (o u t f i t) · Journée du lundi plutôt chargée au lycée ; les heures passent à toute vitesse, à tel point que même la pause du midi ne lui semble durer que quelques minutes à peine. Peut-être est-ce aussi car le musicien a mangé son déjeuner en compagnie de sa petite-amie. Le weekend passé chez elle n’a, lui non-plus, pas été de tout repos à bien y penser, puisque les deux adultes se sont retrouvés à faire du baby-sitting improvisé. Mais c’était au final plutôt agréable, confortable, naturel ; la sensation d’une vie domestique, à ses côtés. Leon pourrait bien s’y habituer, lui qui pourtant il y a encore un an à peine, s’imaginait finir sa vie tout seul, repoussant toute forme d’attachement. La constatation qu’elle le change en bien, l'évidence qu’il peut être une meilleure version de lui-même lorsqu’il est correctement entouré, lorsqu'il s'en donne les moyens.

Léger sourire placardé sur ses lèvres tandis qu’il gare sa voiture devant son immeuble. Il doit faire un peu de ménage et de rangement pour le bon déroulé de ses cours particuliers de guitare du lendemain. Ça ne devrait pas prendre trop de place sur son planning et sûrement aura-t-il le temps de faire quelques courses également ; peut-être même, proposera-t-il à Hazel de la rejoindre chez elle pour la soirée. Khione, son adorable terrier doit aussi avoir hâte de le retrouver là-bas, même s’il est certain qu’au fond, entre le grand jardin et son autre compère à quatre pattes, elle n'échangerait probablement pour rien au monde son nouveau quotidien.

Une fois dans le hall d’entrée, il appelle l’ascenseur et patiente en allant vérifier le courrier dans sa boîte aux lettres. Seulement quelques pubs qu’il jette dans la corbeille à proximité avant de s’engouffrer dans la cage de fer. Il parcourt les notifications sur son smartphone, ses yeux ne quittant qu’à peine son écran même une fois à son palier d’étage. Ses pas le conduisent machinalement jusque devant son appartement et ce n’est finalement qu’à seulement quelques mètres de l’entrée qu’il remarque un élément inhabituel du coin de l’oeil. Redressant son regard, ses yeux se posent sur la silhouette endormie, adossée contre sa porte. Ses sourcils se froncent : la stupéfaction, puis l’incompréhension prédominant. “... Nola ?” Sa voix résonne presque dans le couloir, au milieu du calme ambiant. Non loin on entend un couple de retraités en train d’écouter la télévision, ainsi qu’un autre voisin au téléphone, bruits légèrements étouffés par les murs. Mais Leon n’y prête pas vraiment attention. Toute sa concentration est dirigée sur sa fille à cet instant. Que fait-elle ici ? Le grand brun s’accroupit, posant sa main droite sur l’épaule de la jeune femme pour doucement la réveiller. “Hey…” Lorsqu’elle ouvre finalement les yeux, il la regarde et lui sourit, d’une façon qui n'est réservée qu'à elle ; amour paternel, chaleur émanant de ses iris bruns.

Il l’aide à se relever et la regarde de haut en bas, prunelles dérivant durant l’espace d’une seconde sur la valise avant de revenir à son enfant. “Qu'est-ce que tu fais ici ? J’savais pas que tu étais rentrée sur Brisbane !” Emotion vive et surprise dans le timbre de sa voix ; message vocal envoyé quelques jours plus tôt pour l’anniversaire de la petite brune, auquel il n’a jamais eu de réponse ; sûrement est-elle trop occupée, sûrement a-t-elle simplement oublié de lui répondre même si faut bien avouer que les silences radio se sont multiplié ces derniers temps. L'homme s’est convaincu que ça n'avait rien à voir avec lui, pour ne pas se poser davantage de questions. Nola poursuit sa vie de jeune femme, après tout. Il est en tout cas heureux de la voir, heureux qu’elle soit venue jusqu'à lui ; il ne peut s’empêcher de la trouver fatiguée mais peut-être est-ce seulement le voyage qui l’a éreinté. Le guitariste reste là, planté devant elle, les mains le long de son corps et les doigts fourmillants, se retenant de la prendre dans ses bras ; des années qu’ils ne se sont pas vus, la jeune femme semble avoir mûrie, voudrait-elle seulement encore d’une étreinte de son bon vieux papa ?

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Épuisée, elle tombe dans un sommeil sans rêve dans lequel elle oublie où elle se trouve et les raisons de ses tourments. Ses pensées cessent enfin et elle profite juste de ces quelques minutes, quelques heures pour se reposer enfin un peu. À tel point qu'elle est toujours plongé dans le sommeil lorsque son père se présente enfin devant elle. Nola garde les yeux clos, et son esprit bien loin de cette réalité. Elle ne le voit pas et elle ne l'entend pas non plus l'appeler par son prénom. Morphée l'ayant accueilli dans ses bras et la maintenant fermement avec elle. Jusqu'à ce que sa main se pose sur son épaule pour la secouer en douceur afin de la réveiller.

Nola est extirpée du sommeil, ses sourcils se froncent lorsque ses yeux sont aveuglés par la lumière du hall d'escalier. Elle cligne des yeux à plusieurs reprises pour reprendre contact avec la vraie vie. Doucement, elle finit par apercevoir le visage de Leon, puis les souvenirs lui reviennent doucement en mémoire au fil des secondes où elle est éveillée. Un sourire est formé sur les lèvres de son père et aussitôt, cela déclenche une sensation agréable dans tout son corps. Son coeur s'emballe et elle réalise à quel point il lui a cruellement manqué depuis toutes ces années.

Elle se relève, avec l'aide de son père, et elle n'arrive plus à détacher de ses lèvres un grand sourire, elle aussi. Le visage de Nola est le reflet de celui de Leon. La joie illumine ses traits. Elle sait qu'elle a fait le bon choix en venant ici. Le simple fait de le voir lui procure une dose de sérotonine hors du commun. Elle sourit davantage lorsqu'il lui demande ce qu'elle fait ici et qu'elle répond avec joie :

— Surprise ! Je viens juste d'arriver en fait, mon avion a atterri à 16 heures aujourd'hui. Et... j'avais très envie de te voir.  Elle marque une pause et le regarde droit dans les yeux, sentant l'émotion la gagner. Tu m'as beaucoup manqué papa... Je suis heureuse de te voir. 

Elle ne peut s'empêcher de le regarder de haut en bas. Elle a l'impression que son père n'a pas changé. Il est toujours le même et cela lui procure -encore une fois- une joie immense. Son coeur vibre dans sa poitrine, comme ce n'était pas arrivé depuis très longtemps. Il a toujours été le premier amour de sa vie. Son modèle. Elle réalise qu'elle a perdu trop de temps loin de cette ville qui était autrefois la sienne. L'envie de rester à Brisbane fait un bout de chemin dans son esprit quand elle voit son père face à elle. Calme toi Nola, ne t'emballe pas. Il n'a peut-être pas envie de te voir de nouveau dans sa vie. Peut-être qu'il est passé à autre chose et que jouer les papas parfaits ne lui fait plus vraiment envie. Nola tente de se raisonner, car elle s'emballe parfois un peu trop, dictée par ses émotions au lieu de se servir de sa tête. Ça lui aurait épargné bien des souffrances ces cinq dernières années si elle n'avait pas écouté son coeur...

Pourtant, l'envie de se blottir contre son père la démange. Elle pince les lèvres entre elles, puis sans hésiter, elle avance d'un pas vers lui en passant ses bras autour de sa taille. Nola ferme les yeux contre son torse et elle profite de cette étreinte réconfortante. Un tourbillon d'émotions la submerge et elle fait son possible pour ne pas se laisser envahir au point de verser quelques larmes, car si elle se laisse un tout petit peu aller, elle craint de ne plus réussir à arrêter de pleurer ensuite.

— Ça me fait vraiment du bien de te voir et de te serrer contre moi. 

Il n'imagine pas à quel point elle a besoin de lui à cet instant précis, à quel point au fond de son coeur, elle est sur le point de faire une chute de plusieurs étages qui risque d'être fatale. Tout son monde s'est écroulé. La vie qu'elle s'est construite ces cinq dernières années vient de voler en éclat et elle a la sensation que sa vie à Brisbane date d'une toute autre époque. Elle ne se sent plus chez elle nulle part. Et elle n'a plus personne à part son ex-petit-ami. Elle n'a pas vraiment alimenté ses relations ces derniers temps... Car lorsqu'elle le faisait, il était toujours jaloux, se sentant délaissé. Pour le rassurer, elle a arrêté de donner des nouvelles à ses proches, de plus en plus, jusqu'à ne plus recevoir de messages et d'appels non plus. Elle a la sensation de ne plus rien avoir. Et pourtant son papa est là, face à elle. Et il semble heureux de la voir. Nola n'a besoin de rien d'autre que cela...

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4 Mars 2024 · (o u t f i t) · Il n’arrive pas à défaire le sourire sur son visage ; c’est tellement inattendue de voir Nola sur le palier de sa porte. Souvent ses pensées sont dirigées vers elle et il se demande alors ce qu’elle fait, si elle va bien ; un manque avec lequel il a dû apprendre à vivre depuis longtemps. Bien avant qu’elle ne parte vivre ses propres aventures, à vrai dire ; dès le divorce prononcé avec son ex-femme, enfant qu’on lui a arraché sans même lui demander son avis. Il sait que Nola n’aurait pas été heureuse avec lui de toute façon, entre les tournées et sa douce descente aux enfers plus tard. Dans un sens, il est soulagé qu’elle ne l'ait jamais vu au plus mal, qu’elle n'ait pas été là. Mais malgré tout il y a un regret au creux de son palpitant, celui de ne pas avoir totalement assumé son rôle de père. Son enfant ne lui en a jamais voulu, l’a toujours regardé avec un certain émerveillement ; une lueur admirative qu’il ne mérite pas, à son sens. Il s’en est toujours voulu de ne pas avoir été un papa modèle, le papa qu’elle aurait mérité ; et pas la rockstar en perdition qu’il est petit à petit devenu.

Elle lui dit avoir débarqué à Brisbane sur les coups de seize heures aujourd’hui et qu’elle est directement venue jusqu’ici. Le musicien hausse légèrement les sourcils, mine à la fois soucieuse et chaleureuse dans les traits de son visage tandis qu’il prend la parole tout en désignant le bagage d’une main. “Fallait me prévenir je serais venu te chercher, t’as du te trimballer ta valise depuis l’aéroport, toute seule ?” Cette surprise le touche profondément mais la jeune femme n’aurait pas dû se donner autant de mal, pour lui. La petite brune rajoute ensuite qu’il lui a manqué, d’une petite voix qui laisse transcender ses émotions ; le rictus aux lèvres du guitariste s’adoucit tout comme ses yeux derrière la grosse monture de ses lunettes. “Tu m’as manqué aussi.” Puis c’est finalement elle qui s’avance la première, passant ses bras autour de sa taille ; Leon n’hésite pas une seconde à l’étreindre à son tour, la serrant tout contre lui, déposant un baiser sur le haut de son crâne. “Moi aussi, ma puce… J’suis content que tu sois là.” Ils restent là, pendant quelques secondes, peut-être même une minute tout entière ; ses mains cajolent ensuite ses épaules et il soupire de contentement en se détachant légèrement de sa fille.

Malgré la beauté du moment, ils ne vont pas pouvoir rester éternellement dans le couloir, aussi l’homme attrape la poignée de la valise tout en déverrouillant la porte de son appartement. “Allez viens, entre.” Leon s'engouffre dans l'entrée, laissant ensuite le passage à sa fille pour refermer derrière eux. Le grand brun regrette d’avoir procrastiné le rangement de la grande pièce de vie, non pas que ça soit le foutoir absolu, mais quelques vêtements trainent sur le canapé et la vaisselle des derniers jours n’a pas été entièrement faite, notamment. Le musicien s'empresse de ramasser quelques emballages alimentaires qui trainent sur la table basse, les jetant rapidement à la poubelle avant de se tourner en direction de Nola. “Désolé pour le bordel, j’suis pas trop à l’appart en ce moment et j’avais pas prévu de visite aujourd’hui… J’voulais ranger, justement.” Il lui sourit d'un air à la fois coupable et amusé, puis se dirige vers la cuisine ouverte pour nettoyer deux verres et les poser sur le petit îlot central. “Tu veux boire ou manger quelque chose ?” Il laisse un temps à sa fille pour se décider et rajoute ensuite quelques mots de plus, curiosité piquée à vif. “Alors dis-moi, qu’est-ce qui t’amène ? T’es en vacances ?”

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— Ça n'aurait pas été une vraie surprise si je t'avais demandé de venir me chercher ! lance Nola en haussant doucement les épaules.

Elle tente de détourner le sujet du vrai problème : le fait qu'elle n'ai toujours pas rallumé son téléphone par crainte de découvrir des messages qu'elle n'a pas du tout envie de voir, qu'elle ne se sent pas prête à les découvrir. Nola sourit à son père pour le rassurer et lui faire croire que tout va bien. Son sourire est en parti sincère, car elle est vraiment très heureuse de le voir, mais en réalité, c'est le bordel dans son esprit.

— Ne t'inquiète pas, j'ai pris un taxi. Je n'ai pas beaucoup marché avec.

La jeune femme se glisse ensuite dans les bras de son père. Elle reste là pendant quelques instants, respirant cette odeur qui lui a tant manqué chez lui. Elle réalise alors qu'elle est parfaitement au bon endroit ici. Qu'elle n'a jamais été aussi bien qu'auprès de lui. Elle ne regrette pas une seule seconde d'être venu ici. Parce qu'elle se sent automatiquement comme à la maison. Et les mots de Leon résonnent jusque dans son coeur. Il est heureux e la voir aussi. C'est tout ce qu'elle avait besoin d'entendre à cet instant précis.

L'étreinte prend fin, même si Nola aurait aimé rester là éternellement. Elle le suit alors qu'il tire sa valise à l'intérieur. La jeune femme se met à observer les moindres petits détails de l'appartement. Un rictus se forme sur le coin de ses lèvres quand elle voit son père ramasser des emballages qui traînent. Elle a envie de lui dire qu'elle s'en fiche, que ce n'est vraiment rien tout ça, mais elle se tue. Elle préfère l'observer et se moquer silencieusement. Il ne réalise pas que la seule chose qui compte pour Nola, c'est simplement le fait qu'elle soit là avec lui. Elle se fiche de l'état de l'appartement. Elle tique cependant lorsqu'il lui dit ne pas être très présent ici.

— Oh ? Beaucoup de boulot ?

Elle réalise qu'elle n'a pas pris de nouvelles de son père depuis bien trop longtemps. Le réaliser lui laisse un goût amer dans la bouche. Elle culpabilise de l'avoir laissé de côté. Quand son père a fait une tentative de suicide il y a quelques années de ça maintenant, elle s'était promis d'être toujours présente pour lui. Elle avait failli à sa promesse.

Nola pince doucement les lèvres lorsqu'il lui propose à boire ou à manger. Elle réfléchit et réalise qu'elle n'a pas mangé depuis plusieurs heures déjà. Peut-être même depuis la veille. Tiens... À quand remonte son dernier repas en fait ?

— Je veux bien quelque chose à grignoter, mais le premier truc qui te vient. Ne te casse pas la tête pour moi.

La jeune femme observe son père et elle ne peut s'empêcher de sentir cette chaleur envahir son coeur. Elle n'avait pas réalisé à quel point il lui manquait avant de le retrouver. Elle veut rattraper le temps perdu. Il n'est plus question de s'éloigner de nouveau de lui désormais. Et comme s'il lisait dans ses pensées, il la questionne sur la raison de sa venue. Nola hausse doucement les épaules, penchant la tête sur le côté.

— En fait, j'ai quelque chose à te demander...

Elle n'ose pas regarder son père dans les yeux, de peur de son refus. Elle mord l'intérieur de sa joue et elle regarde un point invisible sur l'ilot central de la cuisine.

— Je reviens vivre à Brisbane. Est-ce que tu crois que je pourrais squatter chez toi...? Le temps de trouver un appart..? Je te promets que je me ferais toute petite pour ne pas bousculer tes habitudes. Je peux m'occuper du ménage, de la cuisine pour t'aider un peu au quotidien en contre-partie !

Elle aimerait lui proposer de payer une partie du loyer, mais elle est complètement fauchée. Elle vient d'utiliser toutes ses économies pour son billet d'avion et pour le taxi. Elle ne peut même pas aller faire des courses pour se nourrir... Alors se payer un hôtel ? C'est impossible à l'heure actuelle.

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4 Mars 2024 · (o u t f i t) · Le père et sa fille entrent dans l’appartement, laissant la valise dans l’entrée pour se diriger vers la modeste pièce de vie. L’homme n’a de cesse de poser ses yeux sur la jeune femme, parce que c’est tellement étrange de la voir ici. Nola est vraiment là. Un nouveau sourire se forme sur ses lèvres sans qu’il ne puisse s’en empêcher. La voir graviter entre ces murs, regarder avec curiosité partout autour d’elle, cela lui semble presque irréel.

Quelques jours plus tôt, pensées fugaces d’un futur avec Hazel, tous les deux entourés d’enfant et aujourd’hui, le sien lui revient, enfin.

Doux pincement émane dans sa poitrine, sensation voltige d’émotions positives tandis qu’il ramasse les quelques déchets visibles dans le salon, s’empresse de les jeter en s’excusant et se justifiant pour le désordre. La petite brune le ramène bien vite à la réalité en lui demandant si c’est à cause du travail qu’il n’est pas trop présent chez lui. Doit-il lui dire tout de suite, qu’il a quelqu’un dans sa vie désormais ? Étrange, ce besoin d’approbation soudain à l’encontre de son interlocutrice. Et si elle ne le prenait pas bien ? Et si elle partait à nouveau ? Après tout, elle aurait dû être l’une des premières au courant, l’apprendre en même temps que ses grands-parents ; mais le dialogue était plutôt compliqué jusqu'ici entre eux deux. Nola ne décrochait que très rarement au téléphone ces derniers temps et le musicien n’avait pas envie de lui envoyer un banal sms pour tout lui raconter, avec la crainte de ne jamais avoir une réponse de sa part. “Pas plus de travail que d’habitude, non.” Finit-il par répondre, se voulant volontairement vague. Il ne peut pas lui annoncer ça de but en blanc, elle vient à peine d’arriver.

En bon hôte et père soucieux qui se respecte, le musicien propose ensuite à sa fille quelque chose à boire ou à manger ; la concernée semble réfléchir à la proposition, avant de demander quelque chose à grignoter. L’homme acquiesce et se tourne en direction de ses placards, les ouvrant un à un. Il n’avait vraiment pas prévu d’avoir de la visite aujourd’hui. “J’ai pas grand chose, 'faut que j’aille faire des courses toute à l’heure…” Avoue-t-il au bout de quelques instants. Il arrive tout de même à mettre la main sur des paquets de chips et de gâteaux, puis sort un bocal de cornichons du frigo avant de tout poser sur l’îlot central. “Tiens, sers-toi.” Ca n’est pas un grand festin et le guitariste se sent presque un peu honteux de ne pas avoir mieux à lui proposer ; mais il se rattrapera plus tard, dès qu’il sera passé au supermarché.

La conversation se poursuit par une nouvelle interrogation du grand brun et les prunelles de sa fille deviennent fuyantes tandis qu’elle lui formule une demande. Le regard de son paternel devient plus grave et davantage concerné alors qu’elle lui annonce revenir pour de bon sur Brisbane, souhaitant savoir s’il est possible de rester chez lui le temps de trouver un appartement. Le cœur du musicien rate un battement à cette requête : ils n’ont pas habité ensemble depuis l’enfance de Nola et pourtant, c’est vers lui qu’elle se dirige aujourd’hui pour ça. Leon est touché, d’avoir toujours eu cette place particulière dans la vie de la jeune femme, malgré les embûches, malgré les complications, malgré les silences ; même encore aujourd’hui, même si leur relation n’a jamais été simple. Elle a confiance en lui et cette conclusion le bouleverse, en quelque sorte ; parce qu'il pense ne pas le mériter, au fond de lui. Il veut être un meilleur père, il veut être présent pour de vrai. Il n’est jamais trop tard pour ça, n’est-ce pas ?

La jeune fille s’empresse d’ailleurs de rajouter qu’elle pourra compenser sa présence en faisant le ménage et la cuisine et un petit sourire amusé s’inscrit sur le visage du grand brun. “Bien-sûr que tu peux rester ici.” Répond-il du tac-au-tac. “Tu es ma fille, il n’y a pas besoin d’une contrepartie pour que j’accepte.” Ajoute-t-il ensuite, finissant par lui-même ouvrir un paquet de cookies, gourmandise prenant le dessus. “Et tu n’es pas obligée de te précipiter pour trouver un appart, du moins pas tant que tu arrives à supporter ton vieux père. Même si tu n’as jamais habité ici, mi casa es su casa.” Il fait un clin d’oeil à la jeune femme et engloutie son gâteau au chocolat, avant de s’appuyer d’une main sur le plan de travail. “J’ai justement un peu aménagé mon bureau l’année dernière et rajouté un canapé-lit pour en faire aussi une chambre d’ami. Tu pourras t’installer là, on ira acheter les meubles qui manquent, ça te va ?” Le musicien arque un sourcil à la fin de sa question, espérant que cela finira de la convaincre qu’elle fait le bon choix en voulant s’installer avec lui. Il n'a pas des mille et des cents à lui offrir, mais il est prêt à se mettre en quatre pour qu'elle se sente à l'aise ici. Sa mine redevient ensuite un peu plus sérieuse tandis qu’il attrape un deuxième gâteau. “Est-ce que…Luis…” Il marque une légère pause, n’étant dans un premier temps pas certain du prénom du compagnon dont elle lui a parlé plusieurs fois au cours des dernières années. “Est-ce qu’il va venir sur Brisbane lui aussi, ou bien… Vous n’êtes plus ensemble ?” La question  lui semble légitime ; pourquoi est-elle venue seule ? S'est-il passé quelque chose ?

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Le regard de Nola quitte difficilement le visage de son père, lorsqu'elle le fait, c'est pour analyser son appartement et ce qui s'y trouve, comme si cela lui permettait de découvrir un peu plus l'homme qu'il est. Elle aimerait pouvoir rattraper toutes ses années perdues en un claquement de doigt, mais elle sait que c'est impossible. Le temps d'un instant, le visage de sa mère apparaît dans son esprit, elle imagine la réaction qu'elle aurait si elle savait que Nola est venu ici en premier en revenant à Brisbane. Une sensation désagréable s'installe en elle, mais elle chasse ses pensées, elle aura tout le temps d'angoisser de la situation plus tard. L'instant présent. Elle doit profiter de ça et uniquement de ça. Il n'y a que ça qui compte pour le moment.

En observant son père, Nola observe un léger tic lorsqu'elle lui demande s'il a trop de boulot pour passer aussi peu de temps dans son appartement. Mais la question est éludée aussi rapidement qu'elle a été posée et la jeune femme comprend qu'il y a quelque chose qui cloche. Elle se mord l'intérieur de la joue pour se retenir de poser plus de questions. N'y va pas trop fort Nola, laissez vous le temps de vous retrouver... Elle est si excitée à l'idée de retrouver son papa qu'elle serait capable de lui poser 50 questions à la suite en quelques minutes sans penser à respirer entre temps.

Nola attrape un paquet de chips qu'elle ouvre et dans lequel elle vient plonger la main pour grignoter. Le fait de remplir son estomac ne lui fera pas de mal. Même si tous les aliments que Leon a sorti sur l'îlot central n'ont rien de bien nourrissant, mais ça fera suffisamment l'affaire pour le moment.

Elle pose ensuite la question qui lui brûle les lèvres et pour laquelle elle n'arrive pas à regarder son père dans les yeux de peur de vivre un refus. Mais comment peut-elle penser qu'il la rejette ? Nola se remet à respirer normalement en entendant l'acquiescement de son père et lorsqu'elle replonge le regard dans le sien, elle voit toute la joie sur son visage et ça efface tout ses doutes. Les traits de Nola s'étire dans un sourire et ses yeux brillent d'émotion lorsqu'il lui dit qu'elle peut rester ici autant de temps qu'elle le souhaite. Elle n'arrive plus à parler et préfère l'écouter pendant qu'il énonce tout ce qui fait de lui son modèle.

Nola débarque ici sans prévenir. Elle annonce qu'elle va bouleverser les habitudes de son père et il n'hésite pas une seule seconde pour lui annoncer qu'elle a toute sa place ici et qu'il pourra même acheter des nouveaux meubles pour qu'elle se sente encore plus à sa place ici. Le temps d'un instant, elle se demande pourquoi elle n'est pas rentrée ici plus tôt...

Nola secoue doucement la tête sans perdre son sourire une seule seconde. Si elle continue ainsi, elle risque d'avoir des crampes aux zygomatiques.

— Je suis certaine que le bureau me conviendra parfaitement tel qu'il est. Je ne veux pas que tu dépenses ton argent dans des broutilles. Je n'ai pas besoin de grand chose tu sais. Ta présence me suffit. Elle marque une légère pause avant de hausser les épaules et de rajouter : J'ai passé trop de temps à me poser tout un tas de questions. J'ai juste envie de faire ce qui me fait du bien. Être avec mon papounet en fait parti.

Elle lui adresse un léger clin d'oeil complice. Tout a toujours été simple avec son père. Nola n'a jamais joué un rôle, elle n'a jamais eu besoin d'être sur ses gardes ou de mâcher ses mots. Elle peut-être elle-même à 200% et elle l'a toujours aimé et accepté pleinement ainsi et inversement. Même si les conflits parentaux et la distance les ont éloignés l'un de l'autre, en quelques minutes, c'est comme s'il n'y avait pas eu cette rupture entre eux. Et c'est ce qui fait du bien à Nola. Ce qui lui permet de se sentir à la maison en étant près de lui.

Elle est si apaisée qu'elle ne se prépare pas au changement de conversation orienté vers son ex-petit-ami. La mine grave de son père la met presque automatiquement mal à l'aise. Son estomac se tord, sa gorge se serre. Elle a envie de disparaître et sans le vouloir, son visage se ferme complètement.

— Il ne viendra pas à Brisbane. On s'est séparés.

Elle ne parvient pas à prononcer son prénom, elle n'a même pas envie d'y penser. Parce que ça lui est trop douloureux. Mais de part sa question, Leon la replonge forcément dans le souvenir de son ex. Elle a l'impression que le bruit de sa gifle retentit dans la pièce et que sa joue la chauffe de nouveau. Elle a l'impression que son père peut s'en rendre compte et elle déteste cette idée. Elle ne veut pas l'inquiéter. Elle n'en a pas envie. Elle ne veut pas gâcher ces belles retrouvailles.

Pourtant, une pensée parasite s'infiltre dans son esprit. Elle se demande si elle a fait le bon choix. Elle imagine Luis seul, profondément triste et son téléphone se met presque à la brûler dans sa poche, comme si son ex lui envoyait des ondes malgré le fait que son appareil soit éteint. Nola mord l'intérieur de sa joue, un tic qu'elle a l'habitude de faire sans s'en rendre compte.

— C'est comme ça, parfois ça ne fonctionne plus. Notre relation était belle alors, il vaut mieux y mettre fin plutôt que de la laisser se détériorer, non ?

Belle n'est pas le mot adéquat. Pas le moins du monde. Mais encore une fois, Nola ne veut pas inquiéter son père. Elle ne veut pas qu'il s'infiltre dans son esprit et qu'il voit à quel point c'est le bordel. S'il y pénétrait, il verrait à quel point tout est sombre et Nola a trop honte. Tu as un problème putain. Tu me rends fou. Tu as vu l'état dans lequel je suis à cause de toi ? Les mots de son ex retentissent dans son esprit. Nola craint constamment de devenir aussi détestable que sa mère l'a été avec elle. Lorsqu'il lui parlait ainsi, elle se disait qu'elle reproduisait forcément des attitudes inconsciemment... Bien sûr qu'elle était le problème, comment aurait-il pu en être autrement ? Et elle ne veut pas que Leon s'en rende compte, par crainte qu'il la rejette. Alors elle embellit la situation, faisant croire que Luis et elle se sont séparés en bon terme. C'est plus simple ainsi. Cela donne moins envie de poser des questions...

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4 Mars 2024 · (o u t f i t) · Il y a des moments comme celui-ci où l’homme ne pense pas mériter la chance qu’il a. Sa confiance en lui s’est étiolée au fil des années, au fil des déceptions, vécues et provoquées. Il n’a pas l’impression d’être digne du moindre intérêt ou de l’amour qu’on lui témoigne. A ses yeux, rien de tout ce que la vie lui offre ne lui revient ; mais il prend tout de même ce qu'on lui offre. Avec égoïsme, peut-être ; ou parce qu’il n’est rien d’autre qu’un faible ? Car c’est tellement difficile de refuser ces belles lueurs d’espoir. Hazel lui a montré une voie qu’il n’avait pas emprunté depuis tellement d’années ; et à présent c’est Nola qui lui tend la main, une nouvelle chance de prouver sa valeur, qu’il saisit sans une seule once d’hésitation.

C’est donc décidé et acté ; sa fille vivra chez lui, désormais. Ou tout du moins, jusqu’à ce qu’elle puisse rebondir et trouver son propre logement, ou lorsqu’elle n’en pourra plus d’habiter avec son père. Quoi qu’il en soit, ce dernier ne peut effacer le sourire sur ses propres lèvres, s’imaginant déjà à quoi ressembleront leurs prochaines soirées : rattraper le temps perdu, à discuter devant tous ces films qu’il veut voir avec elle, réapprendre à connaître cette enfant qu’il n’a pas pu élever, cette jeune femme qu’il n’a pas vu grandir.

Et cet apprentissage commencera donc par en savoir davantage sur les goûts en matière de décoration de la petite brune, puisque le guitariste propose à celle-ci de lui acheter des nouveaux meubles pour décorer la pièce qui sera sa chambre à partir de maintenant. Nola lui affirme n’avoir besoin de rien d’autre que lui, ajoutant qu’elle peut se contenter de ce qu’il se trouve déjà dans le bureau aménagé. Le musicien rétorque bien rapidement quelques mots. “Ça me touche que tu penses ça.” Dit-il dans un premier temps, sa voix presque émue et ses yeux devenant légèrement brillants ; encore une fois, il pense à quel point il ne mérite pas d’avoir cette nouvelle chance de renouer un lien avec elle. “Cependant, même si ma présence pourrait te suffir à ce que tu sois à l’aise ici, je ne surpasserai jamais les capacités de stockage d’une penderie ou le confort d’une bonne chaise de bureau, malgré toute ma bonne volonté.” Il souffle du nez à ses propres badineries, puis reprend la parole. “Tu sais, ce ne sont pas des broutilles à mes yeux, si c’est pour que tu te sentes bien. Et puis ça pourra toujours te servir plus tard, ça ne sera pas perdu alors autant aller acheter des choses qui te font plaisir.” Il peut bien investir quelques centaines de dollars là-dedans ; de toute façon Leon a toujours été assez dépensier, d’autant plus quand il s’agit de faire plaisir à ceux qu’il aime.

Et puis le grand brun pose une nouvelle question, cette fois à propos de Luis, le compagnon de sa fille ; enfin, plutôt, l’ex-compagnon d’après les dires de cette dernière. La jeune femme lui apprend effectivement qu’ils ne sont plus ensembles, ajoutant que parfois, ça ne fonctionne tout simplement plus ; lui faisant comprendre que les choses sont mieux ainsi. “Oh, ouais, d’accord…” Leon ne sait pas bien quoi répondre ; il est surtout content de ne pas avoir étalé son bonheur sentimental devant sa fille l’instant précédent alors que celle-ci doit surmonter une rupture amoureuse récente. “Mais, est-ce que t’es sûre que ça va ? Tu veux… en parler plus en détails, peut-être ?” Demande-t-il tout en faisant le tour de l'îlot central pour se rapprocher de son enfant, se postant devant elle, mine à la fois concernée et un peu affligée. Il passe ensuite l’une de ses mains au niveau de sa propre nuque, frottant nerveusement la base de sa tignasse bouclée et rouvre la bouche dans la foulée, ne voulant pas avoir l’air de paraître insistant à propos de cette histoire. “Enfin, j’veux dire, t’es pas obligée de te confier, évidemment. Mais, hum, je suis là, si tu as besoin, en tout cas.”

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La jeune femme comprend rapidement qu'elle n'aura pas son mot à dire pour l'aménagement de ce qui va devenir sa chambre provisoirement. Cela semble tenir réellement à coeur de Leon de pouvoir lui offrir un lieu accueillant dans lequel elle se sentira bien. Nola sourit alors que ses pensées divaguent et qu'elle s'imagine en train de choisir des meubles avec son père dans un magasin. N'est-ce pas ce dont elle rêvait lorsqu'elle était adolescente ? De retrouver ce lien si précieux qu'elle avait avec son père lorsqu'elle était enfant. Alors, uniquement parce que ça lui fait plaisir, elle accepte.

— C'est d'accord. Mais rien ne presse, tu es sans doute très occupée et je ne veux pas que tu mettes ta vie en pause pour la simple raison que je reviens à Brisbane.

Elle ne veut pas se sentir de trop Nola, parce que ça a déjà été le cas dans sa relation amoureuse ces cinq dernière années. Luis a toujours su lui faire comprendre qu'elle ne faisait pas comme il fallait. Elle a développé la terrible sensation de ne pas être assez. Et elle se voit comme un boulet pour ses proches. C'est sans doute pour cette raison qu'au fil du temps, elle a fini par couper les ponts avec tout ses amis avec la distance. Parce que Luis avait imprimé dans son esprit l'idée qu'elle n'était pas une bonne amie. Alors elle n'a pas du tout envie que Leon se force avec elle, elle n'a pas envie de bouleverser tout son quotidien.

La conversation dévie sur son ex-petit-ami et une boule se forme dans la gorge de Nola quand elle pense à lui. Elle espère qu'il acceptera qu'elle soit partie, mais elle en doute. Luis n'a jamais été du genre à apprécier que la situation lui échappe. Nola espère qu'il ne la retrouvera jamais. Elle tente d'enterrer sous le tapis une conversation qu'elle ne veut jamais avoir avec lui. Parce qu'il sera odieux, ou il tentera de faire un nouveau chantage affectif pour la faire revenir dans ses bras. Sauf que Nola est décidée, elle ne veut plus jamais avoir à faire avec son ex. Elle ne veut pas parler de lui. Pourtant, Leon lui pose des questions, sans doute a-t-il perçu l'air troublé chez sa fille...

— Non, vraiment, je t'assure. Ça va. Tout va bien !

Un large sourire posé sur le bord des lèvres, Nola semble convaincante. Comme si elle vivait parfaitement bien cette rupture alors que c'est tout l'inverse. Mais elle ne veut pas avouer à son père ce qui s'est passé. Elle ne voudrait pas qu'il perçoive que Nola est le problème dans toute cette histoire. Elle aurait trop peur de le décevoir.

Nola est touchée par la réaction de son père, il s'approche d'elle, gêné, mais attentionné à la fois. La jeune femme lui adresse un sourire tendre, voué à le rassurer. Elle acquiesce avec un léger hochement de tête.

— Si un jour ça ne va pas, je t'en parlerai. Merci, souffle-t-elle en venant attraper sa main et en la serrant doucement.

Ce geste anodin vient réchauffer le coeur de Nola. Bordel, elle est bien là... Dans l'appartement de son père. Elle est si heureuse d'être à ses côtés que cela pourrait presque effacer toutes les peines qui s'accumulent dans son coeur. Elle aurait dû rentrer ici depuis bien longtemps...

— Au fait, je... je n'ai pas prévenu maman de mon retour à Brisbane et... j'aimerais qu'elle ne soit pas au courant pour l'instant, si tu veux bien. Enfin... je doute que tu ai gardé des contacts avec elle, plaisante-t-elle avec un léger rire. Mais si jamais tu la croises à tout hasard, ne lui dit pas que je vis chez toi. Elle ne le prendrai pas très bien.

Leon savait que la raison du départ de Nola de Brisbane était son conflit avec sa mère. Ils n'en avaient jamais réellement parlé ensemble car Nola a toujours cherché à le protéger des insultes affreuses que sa génitrice prononçait à l'égard de Leon. Mais il sait, plus ou moins, que la relation entre mère et fille était complexe. Nola ne devrait certainement pas lui demander de mentir, mais elle ne se sent pas encore capable de revoir sa mère pour le moment. Leur conflit est encore trop frais dans son esprit.

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4 Mars 2024 · (o u t f i t) · La jeune femme finit par se laisser convaincre d’aller prochainement acheter des meubles en compagnie de son père pour sa chambre provisoire ; sourire au coin des lèvres, la mine qu’arbore le musicien trahie une légère arrogance ; celle d’avoir gagné cette manche. Car rien ne lui ferait en vérité plus plaisir que de pouvoir faire flamber sa carte bancaire pour sa fille. Cela fait bien longtemps qu’il ne lui a rien offert, en plus. Quoi qu’il en soit, la petite brune lui affirme que rien ne presse et qu’il ne doit pas mettre sa vie entre parenthèses juste parce qu’elle est revenue sur Brisbane. “Oh, je devrais bien trouver un petit créneau dans mon emploi du temps de ministre pour aller à Ikea avec ma fille…” Se contente-t-il de répondre avec humour et d’une voix mutine, en levant les mains de manière nonchalante.

Bien rapidement, l’homme reprend ensuite son sérieux lorsque la rupture amoureuse de sa fille est évoquée. Il la rejoint de l'autre côté de l'ilôt central pour se rapprocher d’elle et lui témoigner son soutien silencieux ; l’invitant à s’ouvrir à lui si elle le souhaite. Mais la jeune femme lui assure aller bien, large rictus sur les lippes. Le guitariste se laisse berner par le masque que revêtit son interlocutrice, acquiesçant simplement à ses mots faussement optimistes ; cette dernière attrape ensuite sa main pour la serrer doucement entre ses doigts, promesse prononcée de verbaliser son mal être si cela venait à arriver un jour. “D’accord, ma puce.” Le grand brun n'insiste pas et lui sourit une nouvelle fois avec tendresse, caressant la paume de sa main avec son pouce. Il a l’impression que l’époque où Nola n’était encore qu’une enfant en train de sautiller partout dans le van des Crumbs remonte à la veille. Et pourtant, en la voyant là devant lui, il ne peut que constater une nouvelle fois à quel point elle a grandi, à quel point ce temps est révolu. Sa fille est une adulte désormais et sûrement n’a-t-elle plus besoin de lui, ne serait-ce même que pour discuter de ses peines de cœur.

Il finit par lâcher doucement sa main et la concernée reprend par ailleurs la parole, évoquant cette fois sa mère et le fait qu’elle ne veuille pas que celle-ci soit au courant de son retour en ville ; elle suppose -à raison- que ses parents n’ont pas gardé contact et la réflexion arrache au musicien un léger souffle du nez. Puis Nola lui demande de ne pas informer son ex-femme si jamais ils venaient à se croiser les prochains temps. “Tu peux être tranquille, si je venais à croiser ta mère, mon premier réflexe serait surtout de changer de trottoir et de décamper le plus rapidement possible, certainement pas de tailler la bavette avec elle. Heureusement que la ville est grande, ça n’est pas arrivé depuis des années.” Lui répond-il d’un ton léger tout en haussant les épaules. Les traits de son visage se fléchissent légèrement l’instant suivant. “Pourquoi elle ne doit pas être au courant de ton retour ? Il s’est passé quelque chose avec elle ?” Se sont-elles disputées ?

Leon ne parle plus avec Twyla depuis tellement longtemps qu’il n’est plus au courant de rien à propos de la vie de son ancienne épouse, ni même des relations qu’elle entretient avec leur fille. Il se doute bien qu'elle n'apprécierait pas savoir que Nola ait élu domicile chez lui plutôt que chez elle ; puisque cette dernière s'est toujours montré très réticente à ce que père et fille entretiennent de bonnes relations depuis le divorce prononcé. Le musicien se rappelle encore des horribles paroles de son ex-femme à son égard les quelques fois où il avait tenté de se montrer davantage présent pour leur enfant. Des mots qui l'avaient à l'époque un peu plus enfoncés dans sa dépression et dans son envie d'en finir avec la vie. C'est d'ailleurs la raison principale de pourquoi ils ne s'adressent plus du tout la parole aujourd'hui. Mais que Twyla et Nola aient également rompu contact étonne le guitariste ; et à cet instant, il suppose déjà dans son esprit que ça n'est très probablement pas de la volonté de son ex-compagne.

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Le visage de Nola se transforme en une moue triste quand elle voit la manière qu'à son père de réagir à l'évocation de sa mère. Nola se souvient encore leur dispute lorsqu'elle était enfant et comment sa mère était odieuse envers Leon, même après leur divorce. Un noeud se forme dans sa gorge. Ce conflit entre ses parents a toujours été très compliqué à gérer pour elle. Revenir ici, c'est également se confronter de nouveau à cette relation complètement bousillée entre eux. Nola déteste cette idée et c'est sans doute pour ça qu'elle ne veut pas revoir sa mère pour le moment, elle n'est pas en état d'encaisser toutes ses méchancetés.

— C'est tout aussi bien pour toi que tu ne l'ai jamais recroisée.

Si ça venait à arriver, Twyla lui lancerait certainement un regard noir plein de haine. Elle imagine bien sa mère agir de manière hautaine et Nola soupire intérieurement en y pensant. Elle ne comprendra jamais pourquoi sa génitrice n'est pas passé à autre chose après le divorce... Cette haine profonde et viscérale lui semble si toxique...

Lorsque Leon cherche à comprendre pourquoi Twyla ne doit pas être au retour de sa fille, Nola prince les lèvres entre elles. Elle n'a aucunement envie d'expliquer les vraies raisons à son père. Elle ne souhaite pas répéter toutes les insultes odieuses qu'elle a prononcé pendant de longues années à son égard. Ni comment elle ne pouvait s'empêcher de pointer du doigt tous les "défauts" de Nola en la comparant à son père. Twyla était la spécialiste du ton passif-agressif. Ces remarques faisaient toujours l'effet d'un coup de poing dans le ventre à Nola. D'autant plus quand cette dernière faisait comme si "elle n'avait rien dit de mal". Alors qu'elles savaient toutes les deux à quel point Twyla détestait profondément Leon.

— On est en désaccord sur beaucoup de choses avec maman. Elle a du mal à accepter mes choix et je n'ai pas envie de chercher des excuses pour le moment. Je veux juste profiter de mon retour à Brisbane, avec toi.

Elle lui adresse un large sourire, comme pour conclure sur une note plus positive. Nola n'a pas envie de parler de sa mère. Elle appréhende terriblement de la revoir car elle est persuadée qu'elle n'a pas changé malgré les années qui se sont écoulées. Il suffit de voir le peu de fois où elles se sont eu au téléphone depuis que Nola est partie. Même si ça n'a pas été le cas depuis plusieurs années maintenant - puisque Luis l'a doucement isolée de ses proches - mais certaines personnes ne sont pas capable de changer.

— Bon, changeons de sujet ! Je suis certaine que tu n'as pas envie qu'on parle d'elle de toute façon. Nola avait conscience qu'elle avait fait suffisamment de mal à son père. La jeune femme était persuadée que sa mère était en partie responsable de la dépression de son père. Elle repensait à cette tentative de suicide qu'il avait fait quelques années auparavant et son ventre se tordait. Que s'est-il passé dans ta vie depuis tout ce temps ? Je suis certaine que j'ai manqué pleins d'épisodes, et je veux tout savoir.

Elle regrettait d'avoir eu une rupture de lien avec son père. Lorsque s'est arrivé, c'est parce qu'elle était tellement parasitée par la présence de Luis dans son esprit, qu'elle ne s'est pas rendue compte qu'elle était en train de se couper de tous ses proches. Depuis qu'elle a quitté Luis et qu'elle ait monté dans cet avion, c'est comme si elle prenait doucement conscience d'à quel point elle s'était perdue elle-même dans cette relation. Elle voulait changer ça, rattraper tout ce qu'il avait détruit.

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4 Mars 2024 · (o u t f i t) · Il n’a aucune envie de parler de Twyla ; il n’a même pas envie de penser à elle. Cette femme, qu’il a tant aimé à une époque, l’a fait tellement souffrir. La simple appellation de son nom le fait frissonner d’horreur. Pourtant, il comprend ; il comprend qu’elle le déteste à un point incommensurable. Ils s’étaient promis amour, fidélité ; il lui avait fait le vœu d’être son refuge, son réconfort. Il n’a rien été de tout cela. Si les premières années d’union, les choses se passaient relativement bien, tout s'est dégradé dès lors que les Crumbs ont commencé à décoller. En fait, c’était plutôt inversement proportionnel : plus ils devenaient connus, plus leur popularité croissait, plus leur mariage s’effondrait. Le grand brun a très mal géré la célébrité, a très mal géré d’avoir autant d’argent, d’avoir autant de possibilités presque du jour au lendemain. Il est le seul à blâmer dans cette histoire et c'est donc normal qu'il en ait payé les pots cassés. Un divorce, une fille avec qui la relation a toujours été en dent de scie ; une ex-femme qui le hait du plus profond de son être. Cela lui brise le cœur de s’imaginer que cette dernière aurait peut-être préféré qu’il réussisse à mettre fin à ses jours. Peut-être en serait-elle soulagée, peut-être l’a-t-elle véritablement souhaité. Ces pensées-là sont déprimantes, alors la plupart du temps, Leon s’interdit de les laisser germer au sein de ses songes. Parce qu’il sait que sinon, il n’avancera jamais. Il devra toujours vivre avec ce fardeau et cette culpabilité sur les épaules. Mais certaines personnes lui ont démontré que malgré ses vices, malgré ses erreurs, il est toujours possible de l’aimer ; c’est pour eux qu’il se bat contre lui-même chaque jour de sa vie, désormais.

Nola répond à sa question ; expliquant pourquoi elle ne tient pas à ce que sa mère soit au courant de son retour sur Brisbane pour le moment. “Je vois…” La jeune femme dissimule ses biens tristes paroles derrière un grand sourire ; Leon n’est pas totalement dupe, cette fois. A-t-elle appris cette technique d'après son père ? Mais il n’ose pas creuser davantage, par crainte de se montrer maladroit, de briser le moment et de gâcher leurs retrouvailles. Ils auront sûrement l’occasion d’en reparler plus tard. La petite brune suggère d'ailleurs bien rapidement de changer de sujet, devinant sans grande difficulté que son père n’a pas à cœur de déblatérer à propos de Twyla pendant des heures. “Elle n’est pas mon sujet de discussion favori effectivement.” Répond-il d’une note légère, petit sourire narquois en coin.

C’est finalement à lui de se dévoiler davantage ; sa fille veut savoir ce qu’il s’est passé dans la vie du musicien pendant son absence. Forcément, la première chose qui lui vient à l’esprit est de lui parler de sa relation avec Hazel. “Hum…” Il semble réfléchir quelques secondes. Il y a toujours cette crainte infondée qu’elle le rejette, qu’elle le juge ; qu’elle ne l’accepte pas, peur d’autant plus accentué par le fait que Nola vient tout juste de vivre une rupture amoureuse. Alors pour se donner du courage, Leon commence par broder. “Eh bien… Je suis toujours musicien intervenant au Brisbane State High School et depuis l’année dernière c’est à moi qu’on a confié la charge de la chorale du lycée !” Dit-il d’une voix enjouée, mine presque fière dans les traits de son visage. Après des années d'errance, il se sent à nouveau à sa place quelque part et cela l’aide beaucoup à combattre ses démons. “Je continue à donner des cours particuliers de guitare à côté de ça, à jouer dans des bars, des hôpitaux, des fois.” Ses yeux se baladent ensuite dans la pièce, tandis qu’il hésite encore un instant avant de rouvrir la bouche. Si Nola ne le connaissait pas aussi bien, peut-être pourrait-elle penser qu’il est en train de rougir ; mais Leon ne rougit jamais, n’est-ce pas ? “Et… j’aurais dû t’en parler avant mais comme on ne s’est pas trop eu au téléphone ces derniers temps, je n’ai pas eu l’occasion de te l’annoncer…” Il déglutit, se racle la gorge avant d’ancrer à nouveau ses prunelles dans celle de sa fille. “Je, j’ai rencontré quelqu’un. Une femme. Elle s’appelle Hazel Watson. En fait, tu la connais apparemment, puisqu’elle m’a dit avoir été ta prof de sciences au lycée. On est ensemble depuis Juillet dernier et ça se passe très bien.” Il ne peut empêcher un léger rictus de fleurir sur ses lippes à la simple évocation de l’enseignante, malgré la légère gêne d’aborder ce sujet avec sa fille.

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Le sujet Twyla était sensible pour l'un comme pour l'autre. Mais Nola ne rentrait pas dans le détail pour protéger son père. Elle ne voulait pas qu'il sache à quel point c'était compliqué entre mère et fille. Et elle ne voulait pas non plus parler d'elle, car cela faisait résonner dans sa tête l'horrible secret qu'elle s'évertuait à garder secret. Leon n'était pas son père biologique. Elle l'avait appris il y a plusieurs années maintenant, en pleine dispute avec sa génitrice. Nola n'avait jamais avoué cela à son Leon, par crainte de le perdre s'il l'apprenait. Elle n'aimait donc encore moins parler de Twyla, car ça lui rappelait douloureusement ce qu'elle s'évertue à cacher à son père.

Sur une note plus positive, elle préfère aller à la pèche aux informations pour tenter de savoir ce qui s'est passé dans la vie de son cher papa en son absence. Nola tente ainsi de tourner la conversation vers lui plutôt qu'elle. Car si Leon continue d'aller trop en profondeur, il risque de la faire craquer. Nola est si fragile avec les derniers événements qu'il lui est plus difficile qu'à l'accoutumée pour faire comme si tout allait bien. Et elle ne veut gâcher ce moment de retrouvailles pour rien au monde.

Elle sent son père quelque peu hésitant dans sa réponse et cela interpelle Nola. Immédiatement, elle s'imagine le pire. Et s'il avait fait une rechute ? S'il avait fait une nouvelle tentative de suicide et qu'elle ne l'avait pas su à cause de la distance. Une tension s'installe dans sa poitrine alors que son coeur se serre douloureusement. Ses sourcils se froncent malgré elle alors qu'elle écoute Leon qui semble pour le moment parler de banalités. Rien de grave, Nola. Tout va bien.

Les souvenirs de quand elle était loin de Brisbane et qu'elle a appris qu'il avait tenté de mettre fin à ses jours, elle se souvient encore de la peur qu'elle avait ressentie. Son père était tout pour elle, même s'il n'avait pas toujours été très proche. Et elle détestait l'idée qu'il disparaisse un jour... Encore moins en quittant volontairement ce monde. Même si ces derniers mois, elle avait, elle aussi, pensé -peut-être un peu trop- à la mort. Se demandant si elle n'était pas une solution à cette douleur persistante dans son coeur.

Nola écarte ses pensées parasites et elle tente de se concentrer sur son père. Elle sourit lorsqu'il semble heureux de son travail.

— La chorale du lycée ? Mais c'est génial ! Et je suis contente de savoir que tu donnes toujours des cours particuliers. Tu as toujours été très doué pour transmettre cette passion de la musique.

Elle ne précise pas qu'elle n'a pas touché à un instrument depuis une éternité, profondément blessée par les remarques de Luis. Nola ne jouait pas tellement bien de toute façon... Elle n'était pas assez douée alors... tant pis.

Ses sourcils se froncent de nouveau quand Leon semble chercher ses mots. S'excusant de ne pas lui avoir dit par téléphone en lui rappelant douloureusement qu'elle n'avait pas répondu à ses appels ces derniers mois. Nola avait tellement été repliée sur elle-même, coupée du reste du monde, qu'elle en avait oublié de donner et de prendre des nouvelles de son père. Et peut-être s'était-il passé quelque chose de grave...

Nola garde le silence et se prépare au pire. Les mots sont finalement prononcés par Leon. Et la jeune femme expire brusquement tout l'air bloqué dans sa poitrine avant de retrouver le sourire.

— Attend... Tu rigoles ?! Madame Watson et toi ? C'est.. si je m'étais attendue à ça !

Elle est surprise, mais une joie immense l'envahit alors qu'elle comprend que son père a refait sa vie. Nola est heureuse, tout simplement. Parce qu'il le mérite après l'échec qu'a été la relation entre sa mère et lui.

— Pourquoi tu ne m'as rien dit par SMS ? Tu aurais dû !

Nola remarque que son père est un peu gêné et elle se demande si c'est le fait qu'il est refait sa vie ou si c'est simplement parce qu'il parle de son intimité en quelque sorte avec sa fille. Elle se rapproche de lui et elle vient le serrer dans ses bras brusquement. Un énième câlin dont elle a plus besoin que lui, certainement. Alors qu'elle garde son père dans ses bras, elle murmure :

— Je suis vraiment heureuse pour toi Papa... Tu mérites tout le bonheur du monde après les épreuves que tu as traversées.

Un moyen de dire qu'elle sait à quel point il a eu des périodes difficiles et qu'elle s'excuse de ne pas avoir été là dans ces moments où sa présence aurait été essentielle. Nola recule alors et plonge son regard dans celui de son père. Devenant peut-être un peu trop solennel.

— Tu es heureux ? Avec Madame Watson je veux dire... est-ce que tu es...épanoui ?

Parce que finalement, c'est une question que les gens posent peu, mais Nola est bien placée pour savoir qu'une relation de couple ne signifie pas toujours le bonheur. Si quelqu'un lui avait posé la question, peut-être aurait-elle remis sa relation avec Luis en question bien plus tôt. Mais personne ne demande ça. Les gens se contentent toujours de ce qui apparaît sous leur yeux. Sauf que les apparences ne sont pas toujours le reflet de la réalité. Elles cachent parfois des démons obscurs contre lesquels chaque individu lutte en silence.