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TW : mention violences conjugales, idées noires


« S'il te plaît Nola. Réponds moi. Donne moi de tes nouvelles. Je suis désolé pour ce qui s'est passé. Je ne voulais pas te gifler, j'étais fatigué et tu m'as sorti de mes gonds. Je ne peux pas te perdre. Je ne suis rien sans toi... Je t'en supplie, dis moi où tu es. »

Elle a bloqué son numéro, mais Luis a réussi à trouver un autre moyen pour la contacter. Elle l'a de nouveau bloqué, puis il a tenté de la contacter sur les réseaux sociaux alors Nola s'est déconnectée de tous ses comptes pour ne plus voir ses messages suppliants. Cette gifle... C'était l'acte de trop. Depuis qu'elle est de retour à Brisbane, depuis qu'elle s'est éloignée de son ex-petit-ami, elle prend conscience de tout ce qu'elle a supporté pendant toutes ses années. Elle n'a pas encore réalisé à quel point il l'a détruite. Elle n'arrive pas tout à fait à percevoir à quel point ses remarques humiliantes se sont insinuées jusque dans son âme et qu'il a volé toute sa confiance, toute cette flamme qui la faisait vibrer lorsqu'elle était plus jeune. Le pire, c'est que les messages qu'elle reçoit lui font ressentir une douloureuse culpabilité. Elle ne devrait pas, Nola. Mais c'est plus fort qu'elle, elle souffre d'être partie ainsi, sans se confronter réellement à lui. Elle sait aussi que si ça avait été le cas, si elle l'avait quitté en face à face, elle serait encore là-bas. Il aurait réussi à la retenir...

Sauf que si Luis pleurait à chaque fois qu'elle lui faisait part de son mal-être dans leur relation, à chaque fois qu'elle lui exprimait le souhait de tout arrêter, il menaçait de mettre fin à ses jours, trop malheureux sans elle. Elle acceptait à chaque fois. Les jours passaient, la lune de miel laissait doucement la place à de nouvelles violences psychologiques toujours plus rabaissantes. Luis était ainsi. Et Nola ne pouvait plus le supporter. La fuite avait été sa seule solution. Mais vivre dans la peur de le croiser à chaque coin de rue, à recevoir un nouveau message ou appel de sa part... C'était difficile. Il n'y a pas de raison qu'il te retrouve, tu n'es plus dans le même continent que lui. Elle tente de se rassurer, mais ces derniers temps, les angoisses prennent de plus en plus de place.

Lorsqu'elle est avec son père, tout s'apaise. Nola est si heureuse de l'avoir retrouvé et de rattraper tout ce temps perdu. Elle réalise que la seule chose qui entravait leur relation à toujours été Twyla, sa mère. Mais puisque cette dernière ignore qu'elle est de retour à Brisbane, elle n'a pas besoin de se justifier de vivre avec Leon. Elle profite simplement de chaque instant avec lui. C'est tout ce qui compte. Son père lui joue des morceaux, elle se reconnecte doucement à la musique. Elle retrouve cette passion que Luis l'a amenée à perdre. Elle ne se sent pas encore de toucher de nouveau un piano ou un autre instrument. Elle est paralysée par cette idée. Mais le simple fait d'entendre son père jouer est une bénédiction. Cela réchauffe son coeur lorsque le doute est présent. Mais Leon a un travail et Nola, elle, n'a toujours pas réussi à en trouver un. Les journées sont donc parfois très longues et elle rumine beaucoup trop.

Les paroles dévalorisantes deviennent parfois obsessionnelles. À tel point qu'elle se demande si elle vaut quelque chose, s'il ne faudrait mieux pas pour tout le monde qu'elle disparaisse. Peut-être que c'est le seul moyen pour apaiser la douleur dans son coeur...

En façade, Nola fait comme si tout allait bien. Elle sourit, elle fait tout son possible pour dissimuler à son père la tempête qui fait rage dans son esprit. Elle voit parfois dans son regard qu'il n'est pas dupe, mais elle parvient toujours à le convaincre. Elle ne veut pas l'inquiéter. Et surtout, elle ne veut pas qu'il se rende compte à quel point elle est dysfonctionnelle... Elle ne veut pas le décevoir.

Pour calmer les pensées noires de son esprit. Nola sort. Elle marche pendant des heures. Elle met son corps en mouvement et redécouvre cette ville dans laquelle elle a grandi et qu'elle aimait tant lorsqu'elle était plus jeune. Finalement, c'est ici chez elle. Et Nola se trouve stupide d'avoir espéré trouver son bonheur ailleurs. Elle ne regrette pas d'avoir voyagé, c'était fantastique. Mais elle aurait dû rentrer plus tôt. Si elle avait su plus tôt dans quoi elle s'enfermait avec Luis, elle serait rentrée à Brisbane avant de le rencontrer. Mais rien ne peut la faire revenir en arrière. Alors elle profite de l'instant, de cette reconnection avec Brisbane.

Ce jour-là, elle marche sans but. Mais ses pas l'amènent vers street beach. Ce quartier dans lequel elle passait tant de temps à l'adolescence. Le visage de Luka lui revient alors en mémoire et son cœur se contracte dans sa poitrine. Elle sait qu'il vit toujours à Brisbane. Luka alimente ses réseaux sociaux d'artiste pour ses actualités. Il n'y a pas un jour, depuis qu'elle est partie, où elle n'a pas regardé ce que Luka devenait. Leur dernière conversation a été violente, remplie d'amertume et de reproches. Mais ils étaient si proches... Luka n'en a jamais rien su, mais Nola l'aimait. D'un amour brut, qui s'installe en douceur et naturellement. Mais elle ne lui en a jamais parlé. Elle ne voulait pas briser une amitié à laquelle elle tenait bien trop. Puis elle a décidé de partir, ne supportant plus cette relation conflictuelle avec sa mère. Il lui a posé un ultimatum, elle l'a refusé. Leur relation a volé en éclat. Mais elle ne lui en veut pas... Car elle s'est montrée si égoïste... Nola le sait. C'est elle qui a merdé dans cette histoire. C'est sans doute pour ça qu'elle ne l'a jamais recontacté, elle ne voulait pas le blesser davantage qu'elle ne l'avait déjà fait. Pourtant, il n'a jamais quitté son esprit.

Elle se demande comment il réagirait s'il savait qu'elle était de retour à Brisbane, mais Nola préfère éviter de trop y réfléchir. Luka était certainement passé à autre chose et elle ne voulait pas nourrir des espoirs vains.

Pourtant, ses pas la mènent naturellement le long de street beach, elle suit un chemin dans un recoin. Un lieu un peu moins fréquenté autrefois. Un chemin dissimulé. Puis elle s'installe sur l'herbe. L'endroit, au fil des années, a changé. Les arbres dissimulant cet endroit ont été coupés. Il y a donc plus de monde autour d'eux. Ce n'est plus caché. Mais cela reste leur endroit. Celui où elle se retrouvait avec Luka pour composer, écrire, chanter, rapper. Leur bulle.

Nola cherche dans son sac ses écouteurs et elle les place dans ses oreilles avant de chercher sur Spotify une musique écrite par Luka. Ça aussi, elle a continué de le suivre au fil des années. Elle a continué d'être sa fan, dans l'ombre. Et alors que la mélodie commence et que sa voix rauque retentit dans ses oreilles. Elle sent enfin l'apaisement se faire dans sa poitrine. Ses angoisses s'apaisent.

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TW : anxiété, pensées anxieuses, ruminations.

Luka n'a jamais cessé de penser. Il n'a jamais cessé de s'inquiéter. Il se perd souvent dans sa musique, ses compositions, sa vie d'artiste mais comme aujourd'hui, alors que rien ne l'invite vraiment à l'occuper, son esprit bouillonne presque et ses angoisses les plus profondes ressurgissent sans qu'il n'en ait vraiment le contrôle sur elles.

Il les sent au travers de son corps tendu, crispé. Il les sent au travers de ces tremblements familiers qui rendent ses mains moites, presque abîmé par cet état de stress permanent qu'il s'impose sans parvenir totalement à le maîtriser.

Pourtant, en ce moment, tout semble aller pour le mieux dans sa vie. Sa musique prend de l'ampleur, ses réseaux sociaux aussi et même si certains mois sont beaucoup plus calme que d'autres, il est convié de plus en plus dans des concerts, dans des évènements où il fait même salle pleine, avec de nouveaux fans à la clef. Mais même ça, n'arrive pas à enlever totalement ses angoisses qui le bercent depuis tant d'années. Peut-être parce qu'il ne cesse pas de penser. A tout et rien à la fois comme lors d'une de ses crises existentielles où il se met même parfois à réfléchir sur le sens premier de la vie. Mais cette fois, c'est différent. En un sens. Nola occupe une bonne partie de ses pensées et le fait qu’elle ne donne plus aucune nouvelle sur ses propres réseaux sociaux lui fait imaginer les pires scénarios possibles qui renforcent son état d’anxiété.

Luka ne parvient pas à l'oublier. C’est un fait. Il ne parvient pas à tourner la page et à se dire qu’il ne la verra peut-être plus jamais. Et chaque fois qu’il se met à y penser, ce sont de multiples questions qui le foudroient, le transpercent. Des questions qui font battre son cœur avec plus d’intensité. Comme des questions qui rendent sa gorge nouée, derrière une façade calme et neutre alors que tout en lui est une tornade infinie en plein cœur de l'hiver. Lui est-il arrivé quelque chose? A-t-elle eu un accident? A-t-il seulement le droit - lui - de s’en soucier réellement alors que c’est de sa faute à lui s’il n’a pas réussi à la retenir? S’il n’a pas réussi à garder ce lien si fort qu’ils partageaient? Parce que c’est la réalité. Il n’a pas su la préserver. Il n’a pas su lui dire à quel point il ressentait des sentiments forts pour elle. Il n’a pas su lui exprimer ses émotions, ses sentiments et bordel, au lieu de quoi, il s’est montré égoïste, culpabilisant alors qu’il n’avait souhaité qu’une chose : ne pas la voir partir. Ne pas la voir s’en aller. Comme sa mère avant elle. Comme même son meilleur ami, même si ce dernier est revenu depuis.  

Égoïste. Luka s'est montré égoïste et cet égoïsme l'a poussé à se renfermer. A certes, expulser ses sentiments au cœur même de ses textes mais à ne pas se confier plus sur ses états d'âme. A la perdre finalement définitivement au lieu de se contenter de l’avoir simplement auprès de lui, à ses côtés et au travers de leurs voix unies.

Alors oui. Luka se perd un peu plus dans ses états d'âme. Il se perd un peu plus dans ses pensées. Le silence lui fait du bien mais sa voix interne ne cesse de parler dans sa tête. Il marche sans but. Il marche sans bruit. Et se retrouve encore dans ce lieux qui - jadis - était un sanctuaire pour lui. Pour eux. Il l'est encore aujourd'hui même si sans Nola, ce n'est plus exactement pareil.

Son regard se plonge sur le paysage mais il ne s'attend pas à y voir une forme familière. Une silhouette qu'il a pourtant si secrètement rêvé. Il pense encore à ce que ce soit un simple mirage. Cela lui arrive souvent, trop fréquemment peut-être mais quand ses yeux plongent pourtant dans la pénombre - cette fois - son cœur s'emballe et ses pas s'immobilisent alors que cette même silhouette reste et s'accroche au-delà de ses paupières grandes ouvertes. Même si elle ne semble pas - aux premiers abords - de le remarquer, la musique résonnant presque à ses oreilles.

- No…

Sa gorge se noue. Son cœur s'accélère. Luka a l'impression de rêver. D'être encore prisonnier de ses pensées pourtant, la silhouette qui se tient là ne disparaît pas. Pas cette fois. Elle reste ancrée sur son champ de vision et sa mâchoire se serre, ses poings se tendent alors qu'il ose à peine espérer ce qu'il espère pourtant depuis tant d'années maintenant.

- Nola?

Il a peur. Il est terrifié en vérité. En venant ici, Luka s'attendait encore à sentir le poids amère de sa solide solitude mais plus les secondes s'écoulent, plus les minutes passent, il se prend à espérer que tout cela est bien réelle tandis qu'il se prend même à s'approcher, à oser un pas puis un deuxième, en écoutant à peine cette petite voix à l'intérieur de lui qui lui murmure encore de ne pas se faire trop d'espoir. Et que cet espoir peut encore mortellement le briser.

- C'est bien toi?

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Dès que la musique se lance, Nola sent son corps se relâcher un peu. Sa cage thoracique s'agite un peu moins et son regard se perd simplement vers l'horizon. Lorsqu'elle a quitté Brisbane il y a neuf ans, elle ne pensait pas en rester éloigné aussi longtemps. Elle avait besoin d'air, besoin de mettre de la distance avec sa mère pour respirer de nouveau. C'était essentiel. Mais elle aurait pensé revenir avant. Son voyage devait être provisoire. Mais elle avait rencontré Luis et... l'amour des premiers instants avait été remplacé par quelque chose de plus sombre, quelque chose qui emprisonne...

Elle n'en prenait conscience que maintenant qu'elle était rentrée à la maison. Elle était heureuse d'être ici, même s'il y avait des sombres pensées qui venaient parasiter son quotidien. Et même si elle craignait le moment où elle reverrait sa mère. Craignant également que Luis ne lâche pas le morceau et revienne dans sa vie. Elle ne voulait pas se confronter à lui, elle ne s'en sentait pas les épaules.

Mais à cet instant précis, la voix de Luka dans ses oreilles, elle oublie tout ça. Elle se contente de ressentir les émotions qu'il transmet à travers sa musique. Et elle ferme les yeux, laissant le vent souffler contre sa peau. Elle fait abstraction de tout. Et elle se sent bien.

Elle reste comme ça pendant plusieurs minutes, la playlist de ses musiques préférées de Luka défile. Elle semble déconnectée de la réalité. Jusqu'à ce qu'elle entende son prénom. Elle rouvre les yeux et cherche autour d'elle en se demandant si elle a rêvée à cause de la musique. Mais lorsque son regard se pose sur une silhouette familière. Son coeur rate un battement. Elle reste là, la bouche ouverte, comme une imbécile. Nola se demande si elle fait face à un mirage, mais il s'avance vers elle. Il...s'avance... vers... elle. Bordel Nola réagit.

Elle se lève précipitamment en retirant ses écouteurs et elle cache l'écran de son téléphone, comme si elle était honteuse de l'écouter. Comme si elle ne voulait pas lui montrer qu'il était toujours celui qui calmait ses angoisses, qui l'apaisait lorsqu'elle vivait ses moments de doutes les plus intenses. Nola pince les lèvres entre elles une fois debout. Elle le dévisage et elle ne sait pas comment agir. Elle ne sait pas quoi faire de son corps. Ses bras pendent mollement, elles ne réalise pas qu'elle se met à trembler à cause de ce qui est en train de se produire. Il ne peut pas être là... Il... Il est beau... Il l'a toujours été... mais Nola doit avouer qu'il est devenu un peu plus un homme et que ça provoque des sensations dans son corps qu'elle ne devrait pas ressentir.

Cette fois, elle entend la voix rauque de Luka, sans qu'elle ne soit étouffée par la musique. Il lui demande si c'est bien elle et Nola se sent presque stupide. Car tout se mélange dans sa tête. Elle est si heureuse de le voir qu'elle a envie de lui sauter dans les bras et de le sentir contre elle, mais elle reste là, debout, terrifiée. Leur dernière conversation a été si brutale... Et s'il n'était pas content de la voir ? S'il était déçue de la trouver dans un endroit où il vient peut-être pour chercher l'inspiration ?

— Oui... oui c'est moi...

Le silence, de nouveau. Elle le regarde droit dans les yeux et elle sent son coeur tambouriner à toute vitesse dans sa poitrine. Neuf ans. Neuf ans se sont écoulés, mais il a toujours été là... dans sa tête. Mais elle ne sait pas comment agir, elle ne sait pas quoi faire et elle panique. Est-ce une crise d'angoisse qui est en train de débuter...? Non, pas ici. Nola pousse un profond soupir pour expirer l'air de ses poumons et elle replace une mèche de ses cheveux nerveusement derrière son oreille.

— Hm... je vais partir. Je te laisse la place. Je... je suis là depuis un moment de toute façon, ne t'inquiète pas... Je...

Elle panique et ça se voit. Face à lui, elle perd tout ses moyens. Car leur relation s'est terminé si abruptement... Elle ignore ce qu'il pense. Le fait qu'il ne la recontacte pas lui a laissé penser qu'il était toujours en colère contre elle. Et elle n'est pas certaine d'être prête à affronter cette colère en ce moment alors elle préfère partir.

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TW : anxiété, pensées anxieuses, ruminations.

Luka n'arrive pas à y croire. Ou plutôt, il n'ose y croire. Son cœur bat plus rapidement contre sa poitrine et son corps se tend, sous la peur inconsciente et consciente de la voir de nouveau disparaître sous ses yeux agrandis. Il se demande si c'est bien elle. Il se demande si les angoisses ne tentent pas sournoisement de le tromper. Il ose à peine s'avancer et doit papillonner plusieurs fois des paupières pour être certain de voir en cette silhouette, celle si désirée.

Mais ce n'est pas un mirage. Il le sait maintenant. Il en a conscience alors qu'il la voit se relever brusquement, subitement comme surprise de sa présence autant qu'il l'est aussi de son côté. Nola retire rapidement ses écouteurs et Luka déglutit. Il n'ose plus franchir la moindre distance entre elle et lui. Il n'ose plus former le moindre mouvement. Parce que la surprise laisse bientôt place à une horrible culpabilité. Celle qui le dévore littéralement de l'intérieur depuis qu'il a osé lui poser un ultimatum. Depuis qu'il a osé la laisser partir, filer avec la douloureuse sensation que leur lien s'était brusquement brisé. Qu’il ne pourra jamais plus lui parler, chanter avec elle ou simplement - encore - sentir sa présence si lumineuse et belle à ses côtés.

- Je….

Mais il termine sa phrase avant même de l’avoir pleinement commencé. Et si elle lui en veux depuis tout ce temps pour ça? Et si, elle refuse de le voir, de lui parler à présent? En remarquant son absence sur les réseaux sociaux, Luka n'a eu de cesse d'y penser et d'avoir eu la peur au ventre qu'il lui ai arrivé quelque chose de grave. Quelque chose qu'il n'aurait jamais pu se le pardonner. Mais maintenant qu’il l’a regarde ainsi, bien présente devant ses yeux, aussi belle qu’elle l’a toujours été, son regard dérive sur le sol et il met ses mains dans ses poches. Il sent toujours plus le poids de ses nombreux battements rompre avec force sa poitrine. Parce qu’il a peur - oui - que cette joie qu’il ressent pourtant au plus profond de son cœur, au plus profond de son être, se brise en une seconde par ce qu’il a pu lui dire et exiger. Il n’aurait jamais dû. Bon sang, comme il en a conscience. Comme il le regrette. Surtout quand il remarque que Nola semble aussi gênée que lui. Luka redresse légèrement la tête et plisse légèrement les sourcils - quand cette dernière bafouille autant que lui comme si un tunnel s’est déjà creusé entre eux. Il a tellement de choses à lui dire pourtant. Il a tellement de choses à exprimer. Il souhaite même la prendre dans ses bras - là, maintenant, tout de suite - mais sa culpabilité n’en fait qu’à sa tête et il se contente de rester silencieux parce que bon sang, sa peur le renferme comme une coquille et parce qu’il est bien trop terrorisé de la revoir partir. Bien trop terrorisé de la voir ainsi le rejeter. A-t-il même le droit de l’espérer? De se faire pardonner? Un silence s’écoule entre eux et le jeune homme se mord la lèvre inférieur, parce que toute cette peur le tétanise, si bien que la jeune femme décide même de s’en aller. Elle bafouille tout autant, évite presque son regard et cela le blesse à bien des façons. Il sursaute même et amorce un mouvement :

- Non ! Attend… Attend Nola. Je….

Avant de se mordre à nouveau les lèvres et laisser sa main masser sa propre nuque d'un air gêné. Luka avance d’un pas, puis d’un deuxième. Il relève le bras mais n’ose nullement la toucher cette fois alors qu’il se contente de prendre une longue et grande respiration et de murmurer presque entre ses dents serrés :

- Ne pars pas. S’il te plait…. Je….

Si seulement, ce fossé n’existe plus entre eux. Si seulement, ils pouvaient revenir comme avant. Comme lorsqu’ils unissaient leurs voix ensemble en une seule et même intonation. Comme une seule et unique personne. Si seulement, il pouvait lui dire à quel point, il est désolé. Qu’il ne veut surtout pas qu’elle s’en aille. Pas une nouvelle fois alors qu’il ne supporterait pas de la revoir disparaître à nouveau, dans une absence qu’il a ressenti au plus profond de son âme déchiré et qui a besoin d'être pansé a bien des façons :

- Il y a de la place pour nous deux, comme avant. Tu ne penses pas? Je suis content de te revoir Nola. Vraiment. Ne pars pas. Laisse moi juste….. réaliser seulement que tu es bien là. Tu m'as tant manqué…

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Luka n'a pas changé. Il est toujours le même. Elle le reconnaît à chacune de ses mimiques, lorsqu'il plisse les sourcils, qu'il met les mains dans ses poches. C'est comme si son attitude restait inchangée malgré les années et ça éveille des sensations particulières dans le coeur de Nola. Parce qu'il y a plusieurs années, elle passait parfois des minutes entières à l'observer discrètement, tombant un peu plus amoureuse de lui à force de le regarder. Ces sentiments étaient-ils encore là ? Quelque part dans son coeur ? Elle ne pouvait pas vraiment le dire, tout était en bordel à l'intérieur depuis que Luis était passé par là. Mais dire qu'elle ne ressentait rien en voyant Luka aurait été complètement faux. Et c'est sans doute pour cette raison qu'elle perd autant ses moyens.

Elle ne se doute pas de ce qui se passe dans son esprit. Elle ne peut pas imaginer qu'elle lui a manqué autant qu'il lui a manqué à elle. Nola ne se doute pas du déchirement qu'il a ressenti après son départ. Si elle l'avait su, elle lui aurait renvoyé un message, elle aurait veillé sur lui, à distance. Au lieu de ça, ils étaient tous les deux restés silencieux, dans leur souffrance, leur manque de l'autre.

Face à son visage fermé, Nola ne sait pas comment interprété son silence et c'est pour cette raison qu'elle s'excuse et qu'elle s'apprête à partir, à le laisser dans cet endroit qui avait autrefois était le leur. Elle s'excuse d'être là et elle s'apprête à déguerpir quand il l'arrête, avançant d'un pas vers elle, puis d'un deuxième. Les sourcils de Nola se froncent et elle le regarde droit dans les yeux, surprise. Elle craint alors qu'il ne lui reproche encore son départ. A-t-il toujours de la rancoeur à son égard..? Elle a l'impression de retenir sa respiration en craignant ce qu'il pourrait dire, mais au lieu de ça, il la supplie de rester.

Son coeur rate un nouveau battement et elle reste là, sans rien oser dire. Elle l'observe simplement en se demandant si elle est en train de rêver ce moment ou s'il existe bel et bien. Elle cherche dans son regard, elle essaye d'entendre ce qu'il ne dit pas. Elle a certainement besoin de se rassurer et c'est pour ça qu'elle n'ose rien dire.

Jusqu'à ce qu'il parvienne à parler, encore. Pour lui demander de rester dans ce lieu où il y a de la place pour eux deux. Lorsqu'il lui dit qu'elle lui a manqué, Nola a l'impression qu'il vient d'aider son coeur à redémarrer. Ce dernier bat bien trop rapidement dans sa cage thoracique, menaçant d'exploser d'une minute à l'autre. Nola cherche dans son regard, vérifiant qu'il est sincère, mais au fond elle le sait. Luka n'est pas du genre à dire quelque chose qu'il ne pense pas. Et ça la touche, profondément. Encore plus dans cette période si sombre de sa vie. Sans s'en rendre compte, elle sent les larmes lui monter aux yeux et Nola rompt brusquement la distance qui la sépare de Luka, venant entourer ses bras autour de sa nuque pour le serre contre son corps.

Elle ouvre les vannes, les larmes ruissèlent sur ses joues et elle se déteste pour ça. Elle n'aime pas montrer ses faiblesses. Mais comment faire autrement avec Luka ? Avec cette discussion, ces mots qu'elle a attendu pendant tant d'années, loin de lui... Nola pince les lèvres entre elles et elle cherche à se ressaisir, elle ne voudrait pas le faire fuir tout de suite...

Mais elle n'arrive pas à s'éloigner de lui, elle s'accroche et elle respire cette odeur qui lui a tant manqué.

— Je suis désolée d'être partie... J'ai été égoïste... Je ne voulais pas t'abandonner Luka.. Je suis si désolée...

Elle ne regrette pas de l'avoir fait. Cela relevait de sa survie à cette époque là. Mais elle est désolée de la douleur qu'elle lui a causé. Elle regrette d'avoir brisé une amitié qui comptait profondément pour elle. Nola se ressaisit enfin et elle recule, laissant de l'espace à Luka. Elle essuie ses joues humides en riant nerveusement.

— Excuse-moi, je dors peu en ce moment, je suis à fleur de peau !

Elle utilise l'humour Nola, pour cacher que son coeur est en vrac, qu'elle sombre complètement ces derniers temps et qu'elle se demande parfois si la mort ne serait pas une solution plus facile. Mais elle s'accroche derrière des sourires, elle ne veut pas montrer au reste du monde à quel point elle souffre. Trop honteuse de son état et de ses pensées incontrôlables.

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TW : anxiété, pensées anxieuses, ruminations.

Non. Luka ne veut pas la voir partir. Il ne veut pas la voir disparaître de nouveau. Durant un court instant, il pense qu'il a le droit à une seconde chance et son regard reste posé sur Nola avec ce pincement au cœur qu'il ne peut réprimer cependant. Car il a peur de sa réponse. Il a peur qu'elle se dégage de son emprise et qu'elle refuse de l'écouter et même de lui pardonner. Il ne lui en voudrait même pas cela dit. C'est lui, qui lui a posé un ultimatum. C'est lui, qui lui a fait du chantage stupide au lieu de simplement lui exposer sa peur : celle qui l'a rendu quelque peu détestable, colérique. Celle soumise à la peur de l'abandon et - bon sang. C'est lui qui a merdé. À bien des manières. A bien des égards. Il aurait pu la soutenir au lieu de lui poser ces stupides conditions alors oui. Quoi qu'elle fasse. Luka acceptera sa décision. Quoi qu'il arrive. Il l'a laissera partir sans rien dire, sans rien exprimer s'il le faut même si cette possibilité lui tend et lui fend le cœur à bien des façons.

Un silence coule entre eux et Luka se raidit un peu. Il n'arrive pas très bien à lire à travers le regard de Nola. Il sent juste sa confusion. Une confusion qui l'angoisse au plus haut point. Ss lèvres se pincent et il voit - impuissant - les yeux de la jeune femme se remplir de larme. Il serre la mâchoire car il n’aime pas la voir pleurer. Il n’aime pas non plus avoir l’impression d’en être l’auteur. Sa gorge se noue. Sa mâchoire se serre et il ne peut lâcher une nouvelle fois son nom du bout des lèvres dans une voix douce, à peine murmuré de peur - encore - de la briser :

- Nola…

Et de vouloir à tout prix s’en rapprocher pour la prendre dans ses bras et la bercer autant que possible pour l’apaiser. Mais avant même que Luka ne puisse le faire, c’est Nola - elle même - qui vient l’enlacer la première. Le jeune homme est tout d’abord surpris - peu tactile habituellement - mais un soulagement sans fin l’encercle et il sent son coeur se fondre sous cet instant qu’il a tant espéré à ce jour. Il ferme les paupières. Il l’enlace à son tour de ses grands bras. Sa main vient même se poser derrière sa tête, sur ses cheveux qu’il se prend légèrement à caresser et un fin sourire étire le coin de ses lèvres alors qu’elle s’excuse pour une chose, qu’elle n’a même pas à s’excuser en fin de compte.

- Arrête… Non. Non, Nola. Tu n’as pas à t’excuser. C’est à moi de le faire.

Et Luka est sincère. C’est à lui de le faire. C’est à lui de s’excuser pour avoir été lui-même égoïste. Pour n’avoir penser qu’à sa propre peur au lieu de chercher à connaître ses raisons de vouloir partir. Il a eu le temps de réfléchir. Il a eu le temps de culpabiliser - aussi. Il n’avait absolument pas le droit de lui imposer un choix. Un choix qui - en plus - lui a privé d’elle pendant toutes ces années, le punissant de ce fait par une absence douloureuse qu’il n’a jamais pu épancher. Il n’avait pas le droit de vouloir interférer dans une décision de sa propre vie et son cœur se serre de plus belle à ces pensées alors qu’il prend une longue inspiration, laisse à contre cœur Nola reprendre une légère distance entre eux. Son regard se fait inquiet et il se dit qu’il déteste ces larmes, pour vouloir encore à tout prix les apaiser. Chose qu’il ne peut s’empêcher - par ailleurs - de faire alors qu’il pose un doigt sur son visage. Un doigt léger, non intrusif, juste pour sécher du bout de sa main, cette perle salée comme pour éponger sa peine du mieux qu’il peut.

Le rire de Nola est quelque chose qui lui manqué. Il est nerveux, agité mais c’est un fait, cela lui a manqué. Malgré tout. Il s’inquiète cependant de la voir ainsi et il secoue la tête - légèrement - quand elle s’excuse de nouveau pour une chose qui n’est même pas de son fait. Elle n’a rien à excuser.

- Je ne veux pas que tu te sentes mal ou même, que tu t'excuses Nola. Pour quoi que ce soit.

Ses mains reviennent dans les poches de sa veste et Luka marque une pause, un silence. Après la joie de la revoir et de pouvoir de nouveau la serrer dans ses bras, c’est la culpabilité qui revient creuser un trou dans sa poitrine. Il prend une longue et grande inspiration. Il redresse la tête et laisse un léger sourire s’étirer tandis qu’il abaisse quelque peu les épaules, prend presque un air gêné, coupable, tandis que les mots sortent enfin en travers de ses chairs.

- C’est moi qui a été égoïste. Je n’aurai jamais dû t'imposer un choix que tu n’étais même pas obligé de faire… Si tu savais comme je m’en veux. J’ai laissé ma propre peur s’exprimer au lieu de t’écouter et de comprendre les raisons qui t’ont poussé à partir. J’ai été….

Luka s’arrête de plus belle. Il fait une légère grimace alors qu’il sort l’une de ses mains pour la mettre sur sa propre nuque. Un tremblement le traverse et un rire sort cette fois d’entre ses lèvres tandis qu’il se masse d’un air nerveux, gêné en lâchant finalement dans un souffle parce qu’elle aurait parfaitement le droit de le penser :

- Un con sur toute la ligne. Tu peux le dire toi-même, je l’aurais bien mérité.

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Elle se sent tellement bien, là, dans ses bras. Nola avait conscience qu'il lui manquait. Difficile de se leurrer à ce sujet alors qu'elle continuait de suivre ses actualités et de penser à lui, le coeur serré. Mais alors qu'elle se trouve contre lui, elle prend réellement conscience du manque que représentait Luka dans sa vie. Et elle est si triste d'avoir été éloignée de lui si longtemps, sans aucune nouvelles directes, sans aucun message. Du jour au lendemain, elle ne pouvait plus lui partager son quotidien, ses doutes, ses musiques, ses confidences. Elle qui aimait tant être avec lui avait été privée de ces moments privilégiés. Et elle ne lui en avait jamais voulu, elle a toujours compris pourquoi Luka la détestait autant de partir. Elle comprenait sa colère lorsqu'il l'avait regardé dans les yeux en explosant, lui posant un ultimatum. C'est certainement un des pires souvenirs de Nola et pourtant, elle ne lui en avait vraiment pas voulu, ce sentant égoïste de le laisser seul. Elle avait voulu lui proposer de partir avec elle, mais ce jour-là, Luka était si en colère qu'elle n'avait pas vraiment pu lui parler de quoi que ce soit... Il s'était braqué, blessé.

Aujourd'hui, Nola mettait fin à ce silence de plusieurs années. Elle s'excusait d'avoir été égoïste et de l'avoir laissé. Les mots avaient besoin de sortir. Elle ne voulait plus les garder dans son coeur. Mais Luka refuse avant de s'excuser à son tour. Et la jeune femme sent les larmes lui monter de nouveau aux yeux et elle doit faire un effort incommensurable pour ne pas craquer encore une fois. Malgré ça, une larme s'échappe et vient rouler sur sa joue, elle s'apprête à l'essuyer, mais c'est la main de Luka qui se pose contre sa peau et elle retient sa respiration. Son pouce essuie sa joue humide puis il retire sa main. Et Nola sent déjà le vide qu'il a laissé en rompant leur contact physique.

Combien de fois Luka a séché ses larmes alors qu'elle venait de se disputer violemment avec sa mère ? Combien de fois a-t-il été présent pour l'écouter et la consoler ? De si nombreuses fois... Il était un repère pour Nola autrefois. Et elle est si heureuse de le retrouver... Même si son coeur semble faire des montagnes russes et qu'elle est complètement perturbée par sa présence.

Les mains de Luka disparaissent dans ses poches et Nola le fixe. Elle appréhende la suite de cette conversation. Peut-être est-elle en train de rêver ? Est-elle vraiment en train de discuter avec Luka ? Dans le lieu où ils passaient ensemble le plus clair de leur temps libre ? Cela semble si fou...

Ses excuses font secouer la tête de Nola à son tour. Elle aussi, n'est pas d'accord avec ce qu'il dit. Encore moins quand il se traite lui-même de con. Elle voit bien qu'il est gêné alors elle hausse un sourcil et elle réagit presque du tac-o-tac.

— Tu n'es pas un con. Tu étais blessé. Tu es juste humain et tu ne devrai pas avoir à t'excuser pour ça. C'est juste que... après ça, tu... je n'ai plus eu de nouvelles alors... J'ai pensé que... Je...

Elle bafouille. Elle tourne en rond. Nola finit par lâcher un nouveau rire gêné avant de prendre une grande inspiration et de se reprendre.

— Je pensais que tu me détestais... Je ne voulais pas te faire du mal et je crois que je n'étais pas prête non plus à accepter un autre rejet si je prenais de tes nouvelles, mais... J'ai continué de penser à toi tu sais. Même si j'étais loin, j'ai continué de suivre tes actus. Je ne voulais rien raté de ta carrière.

Elle lui adresse un doux sourire face à cette confidence. Elle veut le rassurer, lui dire à quel point elle n'a jamais cessé d'être son amie, même s'ils ne l'étaient plus vraiment. Nola pince les lèvres entre elles.

— J'ai écouté chacun de tes nouveaux morceaux. Ça me donnait l'impression que tu étais un peu avec moi dans mes voyages...

Elle ne s'en cache pas. Luka a toujours compté pour elle. Même si elle ne lui a jamais vraiment confié à quel point. Il était un repère pour elle. Le rappeur était un pilier dans son univers. Et même si elle ne sait pas où mèneront ses retrouvailles, si Luka pourra vraiment reprendre la même place qu'il avait autrefois dans sa vie, mais le simple fait de se tenir à côté de lui apaise déjà Nola. Sans même qu'elle ne s'en rende compte.

- mirage -
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TW : anxiété, pensées anxieuses, ruminations.

Et il le pense. Sincèrement. Il le pense quand il dit qu’il s’est comporté comme un con. Parce qu’il n’aurait jamais dû lui en vouloir pour ça et pire que tout. Il n’aurait jamais dû lui faire un quelconque chantage pour la contraindre à rester. Il n’en avait pas le droit. Il n’avait pas le droit de lui imposer ça et pire, de la blesser. Il n’avait pas le droit d’exporter sa peur de l’abandon sur elle et bon sang, comme Luka s’en veut terriblement alors que cela lui a beaucoup coûté. De ne plus pouvoir la voir. De ne plus pouvoir l’entendre ni lui parler tandis qu’elle a toujours été comme un baume, une lueur dans son cœur bien trop percé, dévoré d’angoisse bien qu’il arrive un peu plus maintenant à les maîtriser.

Alors non. Luka ne lui en voudrait pas si elle finit finalement par le repousser. Si elle finit finalement de ne pas lui pardonner. Il estime le mériter et sa main s’attarde sur sa nuque. Son cœur bat de plus belle contre sa poitrine même si Nola secoue la tête et affirme qu’il n’a même pas à s’excuser. Parce que Nola a toujours été quelqu’un de lumineux, de bienveillant et Luka pourrait même tomber un peu plus amoureux d’elle si c’est possible alors qu’une lueur amère d’un propre regret et d’une profonde tristesse glisse dans ses yeux alors qu’il se prend encore une fois à l’admirer.

- Tu as pensé quoi?

Luka a peur de réaliser ce qu’elle compte lui dire. Il a peur de réaliser que ce silence, cette absence, n’avait peut-être pas lieu d’être au final alors qu’elle semble croire tout ce qu’il croyait aussi de son côté. Qu’elle le détestait. Qu’elle le haïssait. Au point qu’il n’a jamais voulu la déranger ou lui imposer sa présence après tout ce qu’il avait pu lui dire et exiger. Alors oui, son cœur bat de plus belle contre sa poitrine. Ses mains tremblent presque et sa voix se fait murmure tandis qu’il attend patiemment la suite de sa phrase, qui reste l’espace de quelques secondes en suspens, frissonnant encore sous le rire nerveux de la jeune femme qui tinte toujours aussi savoureusement à ses oreilles.

Luka aurait pu pleurer. C’est vrai. Il aurait pu laisser ses émotions le gagner quand elle finit enfin sa phrase. Quand il prend conscience que ce silence, cette absence, n’était en fait qu’une horrible erreur alors qu’il se prend à se mordre l’intérieur de la joue pour ne pas s’insulter lui-même. Pour ne pas hurler. Il sent son coeur se serrer. Il sent son coeur battre avec force contre sa poitrine crispée mais ses mots lui font du bien et lui allègent soudainement d’une angoisse tandis qu’il se prend à souffler de son côté, soulagé mais aussi profondément et mortellement touché quand elle lui avoue le suivre depuis toujours, malgré cette absence qui finalement, les ont tous deux touché.

- Je ne t’ai jamais détesté une seule seconde, Nola. J’ai pensé…. J’ai pensé de mon côté que je n’avais pas le droit de te reparler après le chantage que j’ai pu te faire. J’ai pensé que je ne méritais pas ton pardon parce que tu aurais parfaitement le droit de ne pas vouloir me pardonner. Je ne t’en aurai même pas voulu tu sais?

Luka sourit mais l’émotion le gagne un peu plus et il se rapproche une fois de plus de Nola. Il prend son visage en coupe tandis que son regard se fond dans le sien. Tandis que ses mots à de quoi le toucher plus qu’elle ne pourra jamais se l’imaginer. Ses lèvres se pincent et son coeur se serre à ce désir lointain et soudain de poser ses lèvres sur les siennes, en sachant pertinemment que jamais il n’oserait. Alors il se contente de garder son visage en coupe. Il se contente de simplement la regarder, apprécier ce sentiment bienfaiteur qui l’encercle au plaisir de simplement la retrouver. Il laisse un silence s’installer. Il laisse un silence s’écouler et il la ramène de nouveau à lui, entre ses bras, pour lui murmurer simplement en fermant brièvement les paupières pour calmer ce cœur qui ne cesse de battre frénétiquement au fond de sa poitrine serrée.

- Tu veux que je te dise un secret? A chaque fois que je suis sur scène. A chaque fois que j’écris un morceau, je pense à toi. Je pense à nos duos. A la force que tu m’as toujours donnée depuis qu’on t'a mise au travers de mon chemin. Et puis… Je dois t’avouer que moi aussi, je te suivais. Dans l’ombre. J’ai été profondément inquiet quand tu as cessé du jour au lendemain de poster sur ton compte. J’ai même hésité une fois à partir pour m’assurer que tu allais bien…

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Cette conversation permet à Nola de comprendre que cette distance entre Luka et elle n'a eu lieu que parce que ni l'un ni l'autre n'ont osé refaire un pas en avant pour tout un tas de raisons stupides. Elle par peur, lui par culpabilité. Et pourtant, ils ont continués de penser à l'autre à chaque jour qui s'écoulait. Et à cet instant précis, Nola réalise qu'elle a été stupide de ne pas lui envoyer un message. Elle aurait dû, même si elle avait peur de son rejet. Elle aurait dû tenter quelque chose. Peut-être aurait-elle un peu moins souffert ces dernières années. Peut-être aurait-elle réussi à quitter Luis plus tôt. Le temps d'un instant, elle se demande comment Luka réagirait s'il savait pour la gifle. Puis elle prend conscience qu'il saurait aussi qu'elle femme horrible elle pouvait être en couple. Et elle refuse qu'il l'apprenne d'une quelconque manière. Elle aurait trop peur qu'il prenne conscience de l'imposture qu'elle est et qu'il la rejette. Le perdre serait trop douloureux... Pas alors qu'elle vient seulement de le retrouver.

Elle pourrait presque pousser un soupir de soulagement quand Luka verbalise ne l'avoir jamais détesté. Pourtant, elle s'en était persuadée et bordel... ce que c'était douloureux.

— Comment peux-tu penser avoir besoin d'être pardonné... Je ne t'en ai jamais voulu. J'ai compris. Même si ça me faisait mal... Même si je détestais partir de Brisbane et m'éloigner de toi. Je ne pouvais pas t'en vouloir de te sentir abandonné...

Nola connaît son histoire. Elle sait pourquoi ce départ a été terrible pour lui. Mais elle ne pouvait pas faire autrement. Elle ne pouvait plus rester en Australie. Elle étouffait trop. Mais le quitter lui.. s'éloigner de lui ? Ça a été la chose la plus difficile à faire.

Luka rompt la distance qui les sépare et il vient saisir son visage entre ses mains. Sentir ses doigts effleurer sa peau électrice le corps de la jeune femme. Nola n'a jamais insensible aux marques d'affections de Luka. Au contraire, chacune d'elle n'a renforcé un peu plus l'amour qu'elle lui porte. Tout chez lui a toujours fait battre un peu plus fort son coeur. Et maintenant qu'il est devenu un homme, cela semble décuplé.

Un silence les enveloppe. Nola en profite pour observer chaque détail de son visage. Les poils courts de sa barbe, ses cernes marquant ses yeux, ses cheveux tirés vers l'arrière, son regard sombre et profond, ses lèvres délicates... Elle n'est pas certaine d'avoir déjà croisé un autre homme aussi beau et attirant que Luka. Son ex est très beau également, il se dégage de lui un certain charisme, mais il n'a jamais provoqué la même chose que Luka chez elle. Le penser la fait culpabiliser un peu plus. Peut-être que Luis avait raison quand il l'a giflé. Peut-être a-t-il senti qu'elle n'avait jamais été pleinement à lui et qu'il avait peur qu'elle ne le trompe. Sans doute était-ce légitime... Pas le coup. Ça, Nola ne lui pardonne pas, mais sa colère... Nola est perdue.

Luka lâche son visage pour venir attirer son corps une nouvelle fois contre lui. Nola ferme les yeux et elle enlace ses bras autour de son buste. Elle le serre contre elle et encore une fois, elle respire son odeur. Elle pensait ne jamais la sentir à nouveau et elle doit dire que celle-ci provoque un réconfort qu'elle n'imaginait plus ressentir. Elle sent le coeur de Luka tambouriner contre sa poitrine et elle est persuadée que son coeur, à elle aussi, bat la chamade. Les mots qu'il prononce ensuite ne viennent que le faire battre un peu plus vite. Ça lui réchauffe le coeur, autant que cela l'effraie. Car si elle est touchée par le fait que Luka n'a cessé de penser à elle, elle est un peu plus troublée par le fait qu'il ait continué de la suivre sur les réseaux sociaux. Il doit donc savoir qu'elle a été en couple, et ça la gêne, même si elle ne sait pas trop dire pourquoi.

— Tu n'avais pas à t'inquiéter. J'ai juste... moins pensé à poster ces derniers temps. Je vais bien, je suis là...

Elle sert Luka un peu plus contre elle. Elle ment, bien sûr. Nola a toujours beaucoup partagé sur ses réseaux sociaux, depuis toujours. Elle montre des paysages magnifiques, des restaurants délicieux.. Luis n'a d'ailleurs jamais apprécié qu'elle aime autant se montrer. "Y'a trop de mecs en chien qui te suivent là dessus". Pourtant, ça ne l'a jamais empêché de poster, même si elle faisait toujours attention à ce qu'elle montrait de son corps, pour ne pas énerver Luis. Mais si elle a arrêté de poster récemment, c'était surtout pour qu'il ne la retrouve pas. Elle voit ses messages, elle sait qu'il la cherche et qu'il ne lâchera rien, mais pour le moment, Nola est trop terrorisée à l'idée de l'affronter et qu'il parvienne à la faire revenir à lui.

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TW : anxiété, pensées anxieuses, ruminations.


Nola a beau vouloir le rassurer. Elle a beau lui assurer qu’elle le comprend, qu’elle ne lui en veux nullement, Luka ne peut se départir de cette culpabilité. Il ne peut que regretter car à cause de lui, ce sont des années qui se sont écoulées loin d’elle. Ce sont des années perdues à penser qu’à cause lui - et il le pense toujours - il a manqué de la perdre à tout jamais. Alors, certes, il est rassuré. Il sent la peur, l’inquiétude, les tourments s’alléger de ses lourdes épaules mais reste et demeure cette culpabilité. Mordante, froide et lacérée. Parce qu’il regrette vraiment d’avoir voulu lui imposer un ultimatum. Il regrette tellement de ne pas avoir su l’écouter, la comprendre elle aussi. Et il se hait pour ça. Il hait cette part de lui-même qui le rend dans cet état. Aussi apeuré, terrifié, si bien qu’il ne réfléchit plus posément quand cette maudite peur vient à l’encercler et qu’il finit par faire tout de travers finalement.

Il se pince les lèvres à ses mots. Il caresse même du bout des doigts ce visage, cette peau qu’il a toujours aimé. Et il se contient. Oh oui, il se contient d’écouter ce cœur, ces battements qui frappent de plus belle contre sa poitrine dès qu’il est à ses côtés. Mais qu’il a toujours su préserver. Pourquoi? Parce qu’il préfère mille fois l’avoir à ses côtés - comme maintenant - que de la perdre à nouveau en exprimant ses sentiments. Car, c’est un fait. Il ne se sent pas digne d’elle. Il ne sent pas capable d’être aimé. C’est étrange parfois. Quand des milliers de personnes le suivent de plus en plus assidûment. Quand il commence à avoir quelques fans, qui lui demandent de plus en plus des autographes ou des photos et qu’il ne réalise pas encore très bien ce que cela implique et qu’il peut aussi être aimé, apprécié, adulé. Puis…il y a cet autre homme, également. Un homme qu’il a vu plusieurs fois sur ses réseaux sociaux avant qu’elle ne se fonde en silence. Un homme qui l’approche et la touche assez pour qu’il n’est aucun doute sur leur relation. Luka sait. Oui. Il sait qu’elle a quelqu’un. Ou du moins… qu’elle l’a été. Il n’ose pas aborder le sujet et il préfère de loin profiter de l’instant présent, à ses côtés, alors qu’il était à des années lumières de connaître le déroulement de cette soirée et que son cœur s’illumine, rien que pour ça en fin de compte. Le reste, n’est pour l’instant, qu’éphémère. Moins important. Juste le temps de se retrouver et d’en profiter pleinement.

- Mais je m’en veux….

Un sourire attristé étire le coin de ses lèvres et Luka, caresse encore du bout des doigts sa peau douceâtre avant de l’encercler à nouveau de ses bras puissants.

- J’aurai dû au contraire t’épauler.

C’est quand même drôle en y pensant. De savoir qu’ils ne se sont pas parlé - non pas par colère - mais par simple peur infondée. Luka secoue la tête à cette pensée. Il secoue la tête et il lève même son regard vers le ciel, les larmes presque au coin des yeux parce qu’ils ont perdu le contact, pour pas grand chose finalement. Il remercie n’importe qui, n’importe quoi, de lui avoir offert ce moment. Ces retrouvailles qui forment comme un baume au cœur dans ses angoisses oppressantes. Il se sent chanceux. Chanceux pour avoir cette seconde chance et il ne compte plus désormais la gâcher tandis qu’il lui confie encore ses inquiétudes, ses pensées les plus profondes, intimes, à son absence soudaine des réseaux sociaux qui l’a tant crispé sans qu’il ne puisse apaiser cette peur qui lui soit arrivé quelque chose. Parce qu’il n’avait là, aucun moyen de pouvoir la contacter. A part partir et la rechercher de lui même s’il le fallait.

- Tu en es sûr?

Oui. Il veut s’en convaincre. Il veut en être certain. Un même sourire étire le coin de sa bouche et il recule légèrement pour ancrer son regard au sien. Pour lire aux travers de ses prunelles brillantes de quelque chose qu’il ne peut encore lire et comprendre parfaitement. Il veut la savoir heureuse. Il veut la savoir épanouie dans sa vie et libre de toute souffrance. Et il se prend encore à l’observer, à ne pas la quitter des yeux avant qu’une grosse boule de poil ne vienne aboyer et le détourner de ce magnifique tableau qui lui donne déjà de l’inspiration.

- Jeezy !

Luka fronce les sourcils. Il regarde cette grosse boule de poil venir vers eux, la langue pendante. Il se maudit d’avoir mal fermé la porte, assurément, tandis que son chien sait visiblement se faire la malle quand il est absent. Par contrainte, il lâche son étreinte sur Nola et secoue la tête d’un air gêné lorsque ce dernier se met en travers d’eux, à poser ses grosses pattes sur la jeune femme pour aller lui lâcher le visage et la sentir d’un air curieux.

- Désolé pour la douche improvisée. Il n’est pas méchant mais il peut parfois être un peu trop collant. Nola, je te présente Jeezy. Jeezy, combien de fois je t’ai répété de ne pas être trop tactile avec les personnes que tu croises? Viens ici tout de suite que je te tire les oreilles.

Chose qu’il ne ferait jamais assurément. Il aime trop son compagnon pour ça. Mais ses joues rougissent et un rire s’échappe de ses lèvres quand Jeezy finit par laisser tranquille Nola pour s'asseoir à ses pieds et quémander des gratouilles à son maître comme si de rien n’était.

- ll semble en tout cas t’apprécier. Je ne peux que le comprendre.

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Elle ignore tout de ce qui se passe dans la tête de Luka. Si elle avait su, si elle avait ne serait-ce que supposé qu'il pouvait l'aimer de la même manière qu'elle, elle n'aurait pas cherché autant à dissimuler ses sentiments pour lui. Encore fallait-il qu'elle se demande si elle l'aimait toujours ? Comme lorsqu'elle est partie il y a plusieurs années. Durant tout ce temps, Nola a tenté d'accepter l'idée qu'elle ne reverrait jamais Luka, que leur relation était définitivement terminée. C'est ce qu'elle pensait, du moins. Il lui a posé un ultimatum, elle ne la pas choisi lui. On ne revient pas sur ce genre de choses. Depuis elle a rencontré quelqu'un d'autre de qui elle a été amoureuse, du moins au début de leur relation. Et désormais ? Eh bien elle ne savait pas trop... Pourtant, les battements frénétiques de son coeur depuis que Luka était près d'elle aurait dû lui mettre la puce à l'oreille.

La discussion dérive vers Nola et son absence des réseaux sociaux où elle a pourtant l'habitude de poster régulièrement. Il faut dire qu'elle est assez connectée à son téléphone. Elle a commencé plus jeune par poster quelques vidéos de chanson qu'elle interprétait. Jusqu'à craindre que cela ne prenne de l'ampleur. Sa mère ne cessait de la mépriser à ce sujet : "tu vas finir comme ton père, la musique va prendre toute la place et tu ne sauras plus gérer et tu vas tomber dans l'alcool, comme lui". De toute façon, tout ce qui a toujours touché à Leon de père ou de loin, Twyla le rejette. Sauf que Nola a toujours été plus proche de son père ce qui a sans doute été la raison de cette relation si conflictuelle avec sa mère. Sauf que Twyla a réussi à faire peur à Nola qui a partagé un peu moins de musique, mais plus d'elle. Car elle aimait ça, tout simplement. Poster des photos de ce qu'elle fait, partager avec les gens sur tout un tas de petites choses. Les réseaux sont merveilleux pour ça selon elle. Alors elle n'est pas surprise que Luka se soit inquiété qu'elle poste moins, même si elle tente de faire croire que c'est tout à fait normal.

Il insiste, lui demande si elle est sûre et le temps de quelques secondes, Nola est déstabilisée. Depuis qu'elle est rentrée à Brisbane, elle est confrontée à une violente réalité : certaines personnes s'intéressent vraiment à elle. Leon est au petit soin, il semble percevoir quand elle ment en faisant croire que tout va bien alors qu'elle est parfois sur le point de s'écrouler. C'est violent, car après cinq ans de vie avec Luis, elle avait oublié que ce genre de relation était normale. Que les gens qu'on aime, naturellement, s'intéresse à nous, sont attentionnés. Et Luka vient encore une fois lui montrer cela. Tout comme Leon. Un éclair de tristesse passe donc dans ses yeux, mais elle se reprend vite, pour ne rien montrer. Un large sourire sur son visage lui permet de faire bonne figure. Comme si tout allait bien.

— Oui, j'en suis sû...

Elle ne termine pas sa phrase alors qu'une immense boule de poil débarque et leur fonce dessus en aboyant. Jeezy fonce sur Nola et saute sur elle en posant ses deux pattes sur ses hanches en cherchant son attention. La jeune femme se met à rire. Elle a déjà vu l'animal un nombre incalculable de fois sur les stories et photos de Luka, mais elle n'avait encore pas eu la chance de la rencontrer en vrai. Elle s'abaisse un peu pour saluer l'animal mais c'est une mauvaise idée puisqu'elle reçoit des grands coups de langues sur le visage. Elle se met à rire, pas du tout chamboulée par ce qui se passe.

Mais Jeezy est vite rappelé par son maître et il s'éloigne de Nola pour quémander des gratouilles à Luka. Nola les observe avec un doux sourire -sincère cette fois-. Mais elle ne s'attend pas à la remarque du rappeur qui vient colorer légèrement ses joues. Elle perd ses moyens le temps de quelques secondes avant de vite se reprendre et de détourner la conversation d'elle.

— Il est trop beau ! C'est une vraie boule de poil géante !

Elle se baisse à la hauteur de l'animal, aux côtés de Luka et elle vient le caresser. Le chien se met sur le dos, les quatre pattes en l'air. Il semble ravi de cette attention qu'on lui donne. Et Nola sourit grandement avant de réaliser. Son visage se déforme légèrement.

— Mais... il s'est enfuit de chez toi ?! Il aurait pu se faire écraser sur le trajet ! Ça arrive souvent ?

Elle s'inquiète. Parce qu'elle aime les animaux et qu'elle détesterait l'idée que l'un d'eux se fasse percuter par une voiture. Encore moins s'il s'agit du chien de Luka. Elle n'ose imaginer comme il serait triste de perdre son animal de compagnie.

— On peut le ramener chez toi ensemble si tu veux. Elle réalise ce qu'elle vient de dire et elle panique, se met à bafouiller. Enfin... tu peux y aller toi.. tu... je... je ne veux pas m'imposer.... Tu avais sûrement des trucs à faire d'ailleurs et je...

Elle arrête de parler en réalisant qu'elle est une catastrophe ambulante. Luka va la prendre pour une idiote à ce stade. Elle rougit et se concentre sur Jeezy, fuyant le regard de son maître. Nola peine encore à réaliser qu'elle est face à son ancien confident. Sa muse, comme elle aimait l'appeler. Elle a l'impression d'avoir fait un bon dans le passé et en même temps... Ils ont tant changés tous les deux... Ils ne sont plus ces gamins d'autrefois. Ils ont grandis, évolués. Est-ce qu'il y a encore de la place pour elle dans sa vie ? Elle se le demande...