@Irwan O'Connor & @Billie Butler

tw : mention de drogue, rechute

((outfit)) Plus qu’un mois à tenir. Seulement un, c’est tout ce qu’il lui reste avant d’atteindre sa première année complète de sobriété. Une victoire, et pourtant, là, tout de suite, elle a l’impression de ne plus réussir à tenir. Ces derniers temps, elle a la sensation que sa volonté disparaît de jour en jour. Son quotidien ne l’aide pas, et ses vieux démons refont surface. Ça la démange. Ce besoin. Ce désir de se saboter, de tout foutre en l’air. Irwan, c’est la tentation. C’est le danger qu’elle connaît trop bien, celui qu’elle a laissé derrière elle, mais qu’au fond, elle n’a jamais vraiment quitté.

Le contacter était une très mauvaise idée, elle le sait. Seulement c’était plus fort qu’elle. Elle est tombée sur son nom en fouillant dans son répertoire. Irwan. Elle a cliqué. Un message, et quelques mots échangés ici et là, puis un rendez-vous proposé dans la foulée. Un simple café, ça n’engage à rien de toute façon, si ? Juste un café entre deux vieux potes. Juste histoire de… revoir quelqu’un. Elle n’a pas l’intention de replonger. Elle se ment à elle-même, et c’est d’autant plus douloureux. Elle réussit même à se convaincre qu’elle ne fait rien de mal. Elle veut juste discuter un peu, rire comme avant et passer un agréable moment. Irwan a toujours eu cette capacité à lui faire oublier ses problèmes. À la distraire, même si c’était pour un instant. Elle l’a toujours trouvé drôle, malgré lui. Une année qu’elle n’a rien touché, elle se dit que maintenant elle est capable de prendre ses décisions sans tomber dans la déchéance. Elle veut se persuader qu’elle est assez forte pour ne plus replonger. Mais elle se ment. Ces derniers temps, elle vacille. Elle a l’impression d’être suspendue sur un fil comme une funambule qui hésiterait à sauter dans le vide. La tentation est trop grande. Et elle est trop faible.

Dans ces moments, elle a pris l’habitude d’appeler Jalen, son père. Elle sait qu’il serait là, qu’il la sauverait encore une fois en l’empêchant de faire n’importe quoi. La dernière fois qu’elle a failli craquer, il est arrivé au bon moment, il a fait fuir son dealer. En soi, c’est une bonne chose. Mais cette fois, elle n’a pas envie d’être sauvée. Elle est désespérée, en manque. Elle sent cette envie de perdre pied grandir, mais elle ne veut pas céder. Pas cette fois. Pas avec Irwan.

Elle se tient là, devant le café, les mains moites. Elle a failli annuler le rendez-vous. Cette rencontre n’a aucun sens. Irwan n’est pas vraiment son ami. C’est plutôt une connaissance du passé qu’elle tente de fuir. Elle pourrait repartir, rentrer chez elle et tout oublier de la connerie qu’elle s’apprête à faire. Mais elle est là, son corps en mouvement, ses pieds qui avancent sans réfléchir, comme si c’était plus fort qu’elle. Elle n’a déjà plus le contrôle. Alors elle s’avance, elle pousse la porte du café. L’odeur du café chaud la frappe au visage. Elle entre, prend une grande inspiration, essayant de se donner du courage.

Elle voit rapidement Irwan, déjà là, installé à une table près de la fenêtre. Son regard croise le sien, et une partie d’elle se fige. Elle sait qu’il comprendra ce qu’elle est venue chercher dès qu’il la verra. Ils ont ce radar entre eux, cet instinct qui fait qu’entre personnes comme eux, tout est toujours un peu plus clair. Il a une mine affreuse. Il n’a jamais arrêté, elle le devine. Les années de dépendance sont inscrites sur son visage, mais ça ne la dissuade pas. Elle est presque à sa table de toute façon, difficile de faire demi-tour à ce stade. Un petit sourire s’affiche sur ses lèvres tandis qu’elle sent son cœur battre à tout rompre. Après une petite hésitation et après les premiers échanges de banalité elle lui lance un: « T’as bonne mine. » Elle ne le pense pas vraiment, mais c’est la seule chose gentille qu’elle trouve à dire. Elle ne veut pas le juger. Comment pourrait-elle, lorsqu’elle n’est elle-même finalement pas sortie de cet enfer ? Elle détourne le regard un instant, se forçant à garder son sourire. « Tu as laissé pousser tes cheveux depuis la dernière fois, non ? » Elle trouve sa tentative d'instaurer une normalité là où il n'y en a pas, tellement stupide. Il y a quelque chose d’absurde, dans cette scène. Le café. L’apparence de tout va bien alors qu'à l’intérieur, elle est en train de péter un plomb.