@Shiloh Moore & @Anita Skinner
Depuis combien de temps n’avait-elle pas pris le volant d’une voiture ? C’est quelque chose de simple et pourtant, elle ne le fait quasiment plus. Il y a toujours quelqu’un pour l’emmener où elle le désire, sur les tournages, ce n’est jamais elle derrière le volant. Alors aujourd’hui, elle savoure le moment et le calme. Pas de musique, elle a besoin de calme et même les sonorités d’Abba qu’elle affectionne particulièrement ne parviendrait pas à l’animer. Le silence lui plait davantage. Elle doit se concentrer sur la route, elle n’a pas intérêt d’abîmer la voiture de son père et comme elle se sent un peu rouiller, le silence se savoure à ce moment-là aussi. La ville de Brisbane n’a jamais été aussi belle. Peut-être parce qu’elle la retrouve et qu’elle lui a manqué. Elle ne sait pas encore si elle va pouvoir y rester mais elle sent l’angoisse monter à l’idée de déjà devoir partir. Pour l’heure, sa mère n’est pas au courant de l’endroit où elle se trouve, Annie ne répond pas à ses messages, ce qui la rend folle. Comme Linda voit que sa fille lit les messages, elle a cessé de vouloir appeler les forces de police et tout le tintouin. Annie n’est pas prête à l’entendre. Elle n’est pas prête à ce qu’elle lui rappelle les obligations qu’elle a. Elle sait qu’elle a un shooting avec Earl dans quelques jours et elle a accepté de le faire. Il est censé avoir lieu à Brisbane d’ailleurs, mais elle craint que sa mère ne se pointe, il faut bien l’avouer. Elle reste son agent et elle sait qu’elle aura l’information.

Elle finit à bon port, elle gare la voiture, elle sort un grand panier avec des fruits à grignoter, de quoi boire et une couverture et des serviettes. Il fait beau et presque chaud, mais pas sûr que les filles aient envie de se baigner, l’eau doit être vraiment froide. Elle n’attend pas Shiloh, Annie, le petit coin qu’elles apprécient n’est pas bien loin, elle prend les affaires et se dirige sur les lieux. Elle installe un petit coin sympa. Annie attrape un de ses argentiques pour remonter la pellicule et alors que la meilleure amie n’arrive, tel un top model, elle fige l’instant sur la pellicule. L’appareil est pourtant vite délaissé parce que l’euphorie de la retrouve se faire sentir et elle lui court dans les bras. Shiloh c’est sa sœur spirituelle, le yang de son ying ou l’inverse. Elles sont totalement différentes mais quand elle est là, elle se sent plus forte. « - hmmmm tu m’as beaucoup trop manqué » Souffle-t-elle dans son cou.

@Shiloh Moore & @Anita Skinner


Lorsqu’Anita arrive sur place, elle a cette impression de familiarité qui lui permet de respirer. On inspire l’air marin, on l’expire. La pression permanente dans son estomac diminue et elle se sent plus légère, comme si la vie reprenait un cours normal. Pas de photographes, pas de caméras, pas de jeu, rien. Sa mère aussi, elle n’est pas là et il faut se rendre à l’évidence, Linda est une source de stress intense pour la jeune femme. Si on prend le temps de regarder de près, elle est littéralement l’origine de tout. L’anorexie, les crises d’angoisse, le manque de confiance… et cette virginité qu’elle porte et portera toute sa vie. Quel homme veut d’une fille vierge à 26 ans ? Personne, aucun, c’est bien connu. Les choses qu’elle mime pour l’art cinématographique sont bien plus expérimentés que tout ce dont elle se sent capable de faire avec un homme. La peur la tiraille et la bloque, impossible. Est-ce si horrible que le seul baiser reçu d’un garçon soit celui de son partenaire pour un jeu, rien de lui. Un fait qu’Earl ne sait pas et ne saura jamais. Comment pourrait-t-elle le lui dire alors qu’il a connu tant de partenaires lui ? Enfin voilà tout ça pour dire que qui l’étouffe est mis de côté. C’est d’autant plus vrai lorsqu’elle voit son amie arriver.

Elle shoote Shiloh, parce qu’elle aime figer les instants de vie, Annie et Shiloh est un instant qui perdure malgré leurs différences. Un équilibre constant qu’on ne veut pas perdre, que l’on ne peut pas perdre. Elles se prennent rapidement dans les bras, sentir l’odeur de son amie complète cette impression de familiarité sur le sable de cette petite plage. Le vent balaye leurs cheveux, Annie regrette de ne pas les avoir attachés, ils vont devenir un sac de nœuds. Elle prend le temps de savourer l’étreinte amicale qui lui fait chaud au cœur. Elle esquisse un petit sourire lorsque son amie la met en garde, ne jamais lui refaire peur. Et Annie, comme à son habitude, roule des yeux avec une petite moue adorable. « - Excuse-moi. Je… je n’ai pas mesuré la panique que cela engendrerait. » Un petit haussement d’épaules, elle fait de son mieux Annie pour ne pas vriller après tout. Elle prend place sur la nappe installée au sol. « - Qu’est-ce que tu veux savoir ? A quel point ma mère est affreuse que j’ai mis 26 ans à m’en rendre compte ? ou juste qu’Earl a acheté une maison à Brisbane… à quelques rues de chez mon père ou que sais-je ? Il n’y a que Deac’ qui semble être une constante parfaite et toi, sans doute ! » Deux piliers essentiels à son monde, littéralement.