Une pizza et trois larmes

une pizza et trois larmes + @Gabriella Ricci

Début du mois de juin — 21h15
Comment en étais-je arrivé à cela ? A cette situation ? Qu’avais-je manqué dans mon rôle marital pour vivre une telle situation ? Il n’y avait pas vingt-quatre heures qui séparaient cet instant et ma découverte. Celle de Claire, mon épouse, partageant nos draps avec un autre. Moins d’une journée après, j’étais là, dans ma voiture. Les pizzas fumant sur la banquette arrière, j’observais le sac de transport de Dracula, dormant à point fermé. Cette image me fit sourire naïvement. Cette vieille boule de poil ne devait pas se douter un seul instant de ce qu’il se passait, pas plus d’où nous allions vivre ses prochains jours —ou peut-être semaine, à ce stade, j’ignorais comment j’allais me reloger, mais il était hors de question de retourner là-bas.

Je devais me mettre en route pour aller chez Gabriella, mais voir ce qui restait de ma vie dans une petite voiture, me peinait beaucoup. Mon chat, mes dossiers passés et en cours, quelques vêtements et certains objets à fortes valeurs sentimentales. Tout ça dans trois sacs de voyage, c’était tout et dans un sens, avoir la sensation de ne plus avoir de domicile —et par extension de mariage— me peinait beaucoup. J’allais avoir quarante ans, comment pourrais-je refaire ma vie ? ça me semblait impossible. Trop tôt pour y penser, aussi. La seule chose dont j’étais certain, c’était que je ne voulais pas retourner en arrière. J’avais accepté beaucoup dans cette relation, mais ça, c’était bien de trop.

Mon téléphone resonna dans le véhicule, me faisait quitter cet état un peu second. L’objet en main, je vis une douzaine de messages de Claire —non sans soupirer à leur vu — et un de ma meilleure amie. J’y répondis intimement afin de la rassurer, je me mettais en route. D’ici la pizzeria, je n’avais pas plus de quinze minutes de route. La gentillesse de mon amie me donna la force de démarrer mon véhicule. La musique démarra, non sans réveiller Dracula… Qui reprit sa nuit sans broncher en quelques secondes.

Un quart d’heure après, j’étais dans sa cours. Je voyais les lumières allumées dans la cuisine et le salon, et j’y vis quelque chose de très réconfortant. Un coup d’œil sur mon gros matou, il ne semblait définitivement pas dérangé par tout ce bordel, et voir sa truffe écrasée me fit sourire, comme toujours.

—Mon p’tit père, promets-moi de pas traumatiser les enfants, de ne pas chier partout, ni même de disparaitre, j’ai besoin de toi, soufflais-je en glissant ma main pour le caresser.

Sans réellement ouvrir les yeux, mon bébé vint renforcer le contact entre nous, avant de lâcher un soupir d’une tendre profondeur. Au moins, l’un de nous deux n’était pas stressé du tout !

Le sac de transport sur le dos, mes affaires sur les épaules, je jonglais avec mes quatre boites de pizzas. Un équilibre douteux, mais qui avait le mérite de tenir jusqu’au bout. Vu l’heure, je me doutais que les enfants dormaient, je privilégiais donc de toquer à la porte. Je n’attendais pas longtemps avant de voir Gabriella ouvrir la porte. La voir me fit l’effet d’une bombe, comme une preuve que ma vie partait en fumée. Je tentais bien que je pusse de ne pas pleurer, mes les premières larmes coulaient déjà.

—Livraison de pizza, murmurais-je dans un début de sanglot, tout en essayant de garder le sourire, sans succès.

Tenter de blaguer pour ne pas montrer que je craquais, c'était ridicule, encore plus devant elle, qui n'allait avoir aucun mal à deviner la tempête que mon coeur subissait.

Une pizza et trois larmes

@Eden Scarlett & @Gabriella Ricci

TW : mention d'adultère.

En se levant ce matin là, Gabriella ne s'attendait absolument pas à un tel retournement de situation, et pour cause : son meilleur ami a été victime d'un adultère. Celle qu'il aimait a commis l'irréparable et ne voulait pas rester là-bas. Ni une ni deux, l'écrivaine a accepté d'accueillir son meilleur ami un certain temps afin qu'il puisse prendre le temps d'envisager la suite. Pour qu'il puisse se sentir au mieux chez elle, la mère de famille a préparé la chambre d'ami et l'a rangée de fond en comble. Ainsi, il pourra pleinement prendre possession de l'endroit pour les prochains jours, voir prochaines semaines.

La maman n'a pas expliqué à ses enfants la raison, mais elle les a prévenu que tonton Eden allait passer quelques jours avec eux et qu'il ne viendrait pas seul. Hayden comme Hailee sont ravis à l'idée de le voir, sans se douter des circonstances plus que dramatiques et décevantes dans lesquelles se produit cette venue. La journée écriture qu'elle prévoyait de faire s'est changée en journée rangement, la brune désirant que son meilleur ami puisse se sentir chez lui. Les jouets qui trainent ont été ramassés et rangés dans la chambre des enfants, le sol a été nettoyé, la chambre d'amis a été aérée puisque rarement utilisée, tout est parfait pour accueillir Eden dans les meilleures conditions.

En soirée, Gaby a fait a manger aux enfants. Elle n'a pas encore mangé, préférant attendre Eden pour ça. Surtout qu'elle n'a pas encore très faim. Ensuite, les enfants ont pris le bain avant d'aller au lit. Comme à son habitude, elle leur a lu une histoire afin de les endormir. Les deux sont déjà impatients d'être au lendemain pour voir leur tonton Eden, comme ils l'appellent si bien. Alors qu'ils ont fermé les yeux, la maman quitte leur chambre tout en éteignant toutes lees lumières, rejoignant ainsi le salon pour se poser dans le canapé et souffler un peu de cette journée pleine de rebondissements.

Quelqu'un toque à la porte et bien évidemment, elle sait exactement de qui il s'agit. Sans perdre de temps, elle se lève pour ouvrir la porte. A peine prononce-t-il quelque mots que les sanglots sont là. Gaby s'approche de lui, le serrant doucement dans ses bras pour le réconforter. Bien-sûr, cela ne suffira pas. Son mariage vient de voler en éclat à cause de son ex-femme et de cet acte impardonnable qu'elle a pu commettre.

Ça va aller, tu peux lâcher et extérioriser autant que tu en ressens le besoin. J'imagine seulement à quel point ça doit être difficile...

Gabriella a divorcé depuis plus d'un an maintenant mais les circonstances sont totalement différentes. Il n'y a pas eu d'adultère, avec simplement un couple qui s'est déchiré par la routine et les difficultés rencontré. Un couple qui a préféré divorcer avant de se déchirer et de se briser le coeur. Son ex-mari fait toujours partie de sa vie d'ailleurs. Alors que pour Eden, les choses sont allées trop loin. Beaucoup trop loin que pour envisager un pardon.

Entre et pose tes affaires, est-ce que tu veux de l'aide pour décharger ta voiture? Demande-t-elle avec beaucoup d'inquiétude et de peine pour son ami, celui qu'elle considèrerais comme un frère.

The tortured poet

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Viendra le temps des poèmes, des "maman, j'ai un problème". Viendra le tendre temps le temps des je t'aime. Sans même le dire, je saurai quoi, j'aurais les mots quand t'en n'as pas. En hiver ou en été, tu sauras où me trouver.

Sans que tu saches, sans que tu vois, quoi que tu caches, je serai là. En hiver ou en été, je saurai car une mère le sait. Comme une mère, je saurai.☆ ☆ ☆

une pizza et trois larmes + @Gabriella Ricci

Début du mois de juin — 21h15
Il y a de ses journées que l’on voudrait absolument oublier. Les effacer, sans jamais soupçonner qu’elles ont existé, ne serait-ce que pendant une seule seconde. J’aurai sincèrement préféré ne pas me rappeler de cet instant où, rentrant dans ma chambre, dans ma propre maison, je vis ma femme dans notre lit avec un inconnu. L’oublier, voire ne pas l’avoir vécu. Pourtant, il était bien là, ce souvenir, profondément ancré dans ma mémoire ; et il était assez facile de se dire qu’il allait le rester pendant un moment. Pourquoi ? Comment ? combien de temps ? Autant de question concernant cette mémoire qui feraient un parfait parallèle avec les agissements de Claire. Car dans le fond, je n’avais aucune réponse. Elle semblait désolée, c’était une chose… Mais, ce qui venait d’être fait ne pouvait être défait.

Fort heureusement, pour adoucir cette obscure journée, je pouvais compter sur Gabriella, ma sœur de cœur. Sans plus tarder, elle accepta ma requête, me donnant de quoi me loger pour un temps certain. Vivre à ses côtés n’avait jamais été un problème, encore moins avec les enfants. Des amours, sans l’ombre d’un doute ! Je les aimais autant que leur mère et étaient tous des Scarlett dans mon esprit et mon cœur.

Mais même si, en temps normal, être devant cette porte blanche était synonyme de bonheur, d’instant partagé en famille, ce soir-là, il en était tout autre. L’hivers avait beau être plus doux, je ne parvenais pas à sentir cette même douceur, devant cette même porte. Une étrange sensation qui vint se confirmer dès l’instant que je vis ma sœur. J’avais beau tenter de sourire, de porter la gaieté comme à mon habitude, ce soir-là je n’y parvenais. Une sorte de dissonance émotionnelle qui me fit pleurer sans même que je ne m’en rende compte. Elle vint à me prendre dans ses bras sans que je ne puisse vraiment rendre cette étreinte —mes mains étant déjà occupé à porter les pizzas et mes affaires. Je ne pouvais pas dire combien de temps nous étions restés dans cette position. Probablement une minute ou deux. Mes sanglots étaient lourds, bruyants mais comme on le dit, vaut mieux dehors que dedans. Elle me posa une question, et après avoir réussi à reprendre mes esprits, je répondis.

—Non… Tous est là. Je dois encore récupérer des trucs, mais je ferais ça quand j’aurai trouvé un logement. Merci Gabriella.

Un sourire sincère pour la remercier et je lui donnais notre repas avant de finalement entrer. Mes sacs posés dans l’entrée —pour ne pas dire que je les avais empilés d’une façon douteuse. Chaussures et vestes retirées. Quelques instants après, Dracula était déjà dehors, dormant paisiblement sur le canapé comme si cette maison avait toujours été la sienne. Je me posais aux côtés de ma boule de poil tout en observant le plafond en attendant Gabriella. Après in court silence, je pris la parole.

—Je… Je rentrais tardivement, et là, j’entendais du bruit dans la chambre, commençais-je avec un rire trahissant ma nervosité, je me disais bien que c’était pas normal, curieux, pour être précis et là… Ce n’est pas je vois Claire batifoler avec un grand mec, costaux comme jamais. Ils puaient le sexe, même s’ils n’étaient plus en plein acte. Mais bon, nus dans des draps, ça ne trompe personne. Après… Après je me souviens avoir choppé des affaires, hurler qu’on allait divorcer et je me suis barré pour dormir autre part. La suite, tu l’as connu dans nos sms.

Je posais mon regard sur mon amie, les yeux encore très rougies par la peine.

—Je me sens tellement con, j’ai rien vu, rien suspecté. J’suis trop con.

Une pizza et trois larmes

@Eden Scarlett & @Gabriella Ricci

TW : mention d'adultère et de difficultés à concevoir.

En apprenant la nouvelle, Gabriella est tombée de haut. Elle ne s'attendait certainement pas à ce que son meilleur ami lui dise avoir été trompé. Voilà quelque chose qu'elle n'a pas vu venir, pas même à des kilomètres. Pour autant, il était évident pour elle d'ouvrir la porte à Eden, cet ami de toujours. Celui qu'elle considère comme un frère d'autres parents. Celui qui a toujours répondu présent pour elle et qui ne l'a jamais lâchée, quelles que soient les circonstances. Quand l'écrivaine et son ex-mari ont divorcé, il a été là pour elle. A l'épauler, à la soutenir, à l'écouter alors qu'elle était au plus mal alors que le couple s'étaient retrouvé confronté à des difficultés à agrandir leur famille. A aucun moment il ne l'a laissée tomber. Cette fois-ci, c'est au tour de la mère de famille d'être là pour lui. De lui offrir un endroit où loger, où il aura le temps de se retourner sans devoir s'inquiéter de quoi que ce soit. Il est ici chez lui et c'est important pour elle qu'il le sache. Bien-sûr, avec les enfants, la maison est pleine de vie une semaine sur deux mais peut-être que cela pourrait lui faire du bien d'avoir d'autres personnes autour de lui ?

Les enfants dorment paisiblement dans leur lit, ce qui leur permettra d'être seul pour discuter de ce qu'il s'est passé s'il en ressent le besoin. Auprès de Gabriella, Eden aura la possibilité d'extérioriser ses sentiments s'il en ressent le besoin. Surtout qu'au courant de la journée, elle a reçu un appel de Claire auquel l'écrivaine a répondu avec une certaine froideur, non sans surprise. Elle est restée polie, mais sans plus. La femme d'Eden devait se douter que la meilleure amie d'Eden était au courant de la situation, et n'est donc désormais plus la bienvenue. Lorsqu'elle voit son ami, les larmes aux yeux, Gaby ne peut pas s'empêcher de s'approcher de lui pour le prendre dans ses bras. Etreinte qu'il ne peut pas particulièrement lui rendre étant donné qu'il est chargé et qu'ils sont sur le pas de la porte, mais la quadragénaire tenait particulièrement à lui faire savoir son soutien.

C'est normal, je ne vais certainement pas te lâcher. Encore moins dans ces circonstances. Si tu as besoin d'amener certaines choses supplémentaires tôt ou tard, u n'hésites pas.

Attrapant les sacs, c'est ensemble qu'ils entrent dans la maison, fermant la porte une fois qu'Eden a pu entrer avec ses affaires. Une fois mis en liberté, Dracula rejoint le canapé, ce que font ensuite les deux adultes tout en emmenant la nourriture mais avant de rejoindre le salon, Gabriella rejoint la cuisine afin de prendre deux verres et une boisson avec un peu d'alcool dedans, sans pour autant exagéré. Dès qu'elle est posée dans le canapé, elle n'hésite pas à ouvrir le sac contenant la nourriture pour en sortir le contenu. Eden prend la parole et sa meilleure amie le laisse verbaliser ce qu'il a vu, lui expliquant toute la scène. Pas trop de détails, mais suffisamment pour qu'elle prenne conscience de l'ampleur de la situation.

Je suis tellement désolée, saches que tu ne méritais absolument pas ça. Personne ne mérite d'être trompé. Oh non, d'ailleurs, l'adultère est une chose que tu ne peux absolument pas tolérer. Il en est hors de question. S'il y a quelque chose qui n'allait pas de son côté, elle aurait dû t'en parler. Quitte a envisager d'autres possibilités. Mais la tromperie n'est pas une solution. J'hallucine. Ça me débecte. Lui avoue-t-elle. Bien que sa voix soit posée et calme envers son meilleur ami, elle ressent une grande colère, même si Eden doit l'être d'autant plus. Elle a tenté de m'appeler, j'ai été polie avec elle mais froide. Je lui ai dis qu'elle n'était pas la bienvenue ici. Lâche-t-elle accompagné d'un soupire tandis qu'elle se rappelle de cet échange qui n'a duré que quelques minutes, tout au plus. Au vue de ce qu'il s'est produit, la mère de famille se montre très protectrice envers son meilleur ami.

Elle pourrait presque sentir son coeur se serrer dans sa poitrine en entendant les propos d'Eden, le coeur brisé de le savoir aussi malheureux tandis qu'elle est impuissante vis à vis de cette situation. Les seules choses qu'elle peut faire? Être présente pour lui et l'écouter, en plus de l'accueillir. Posant délicatement sa main sur l'épaule de cet homme qu'elle voit comme un frère, le regard posé sur lui, elle prend la parole. Tu n'es pas con, c'est elle qui a dépassé les limite et qui te manque de respect. Tout ce que tu as fais, c'est de l'aimer et de lui attribuer ta confiance. Elle ne te mérite pas. Elle ne mérite pas l'homme bon que tu es. C'est elle l'imbécile dans la situation et elle s'en mordra les doigts. Nul doute qu'elle regrette bien rapidement son acte, mais c'est trop tard. Le mal est fait.

The tortured poet

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Viendra le temps des poèmes, des "maman, j'ai un problème". Viendra le tendre temps le temps des je t'aime. Sans même le dire, je saurai quoi, j'aurais les mots quand t'en n'as pas. En hiver ou en été, tu sauras où me trouver.

Sans que tu saches, sans que tu vois, quoi que tu caches, je serai là. En hiver ou en été, je saurai car une mère le sait. Comme une mère, je saurai.☆ ☆ ☆

une pizza et trois larmes + @Gabriella Ricci

Début du mois de juin — 21h15
J’étais épuisé. Assez pour avoir l’impression que le canapé allait m’engloutir d’une seule traite. Le corps lourd, l’esprit aussi, je posais de temps en temps mon regard sur mon amie, alternant avec une vérification de mon chat. Lui, au moins, ne semblait pas plus perturbé par ce qu’il venait de se passer… Venait-il même de s’en rendre compte ? Je ne pouvais pas le savoir, mais son grand âge avait tendance à me dire que Dracula était bien plus préoccupé par le plaisir d’un coussin chaud plutôt que par la situation maritale de son papa. Et dans un sens, j’enviais cette candide douceur qui m’aurait bien éviter les douloureuses peines que mon cœur subissait. Je n’avais pas envie d’être là, dans cette situation. J’aurai tant aimé être devant Gabriella, riant de plus belle sur une sordide affaire au boulot ou parlant de la dernière bêtise des enfants plus que de devoir expliquer ce que j’avais vécu, il y a quelques heures plutôt. Je n’avais pensé qu’à cela au boulot. C’était bien moins présent, certes, mais ce bourdonnement pénible continuait de se faire ressentir malgré mon envie de me consacrer pleinement sur les cadavres que j’avais. Même le plaisir d’une autopsie ne pouvait pas me redonnait le plaisir de sourire et ça, c’était une tragédie pire que chez les Grecs !

Je ne fus pas surpris quand elle m’annonça que Claire l’avait appelé. Je ne l’étais pas plus quand elle me fit part de sa réponse. Un rire nerveux s’échappa de mes lèvres, c’était bien le comportement de ma meilleure amie, tout craché. Je n’allais pas la blâmer pour ça car, c’était sa façon de me protéger et… Nuls doutes que j’aurais fait exactement la même chose si les rôles étaient inversés. Il n’empêche que l’idée qu’elle ne tarde pas demander de l’aider me répugnait un peu. C’était une femme majeure, vaccinée avec toutes ses dents, pourquoi ne pouvait-elle pas simplement assumer ses actes ? Malgré ce questionnement, une partie de moi me désignait comme un coupable idéal. Je me sentais con, et même si j’étais conscient de l’absurdité de cette émotion, elle était là, bien présente. Et j’en fis par à l’oral.

La réponse de ma meilleure amie ne se fit pas attendre. Elle était adorable. Je posais mes mains sur mon visage, tout en soupirant longuement. Un petit étirement, trahissant ma fatigue et je posais mon regard sur elle, le visage faussement souriant. Je ne savais pas quoi dire, alors je souriais nerveusement, encore et encore. Après un moment à porter mon attention sur Dracula, je parvins à trouver mes mots.

—Nos disputes sont devenues de plus en plus fréquentes, à cause de l’histoire bébé. Je… J’ai toujours été clair à ce sujet, je ne veux pas d’enfants. Je n’ai pas le temps, ni la force de protéger et élever un enfant dans une société aussi violente et dangereuse. Et si mon gosse était racisé ? queer ? Porteur d’handicap ? Bien sur que je l’aimerai, mais aurais-je la force de lui donner ce qu’il faut pour le protéger des atrocités du monde ? Les mêmes qui me permettent d’avoir du boulot. A chaque fois que je vois un corps de gosse, je pense à cet enfant imaginaire, et à chaque fois… Non, je peux pas. Des gens sont doués pour ça, moi, je suis bon dans mon boulot, et c’est pas mal. Même Claire n’a pas le temps pour ça. J’ai toujours été honnête, et elle me disait que ça la dégenrait pas, puis avec le temps, ça la travaille, l’horloge biologique aussi et forcément… On a pris de la distance. Beaucoup. J’espère juste même qu’elle aura ce putain de gosse avec ce connard d’inconnu, comme ça elle aura eu ce qu’elle voulait… Et puis, ça sera plus simple pour mon avocat. Je l’ai contacté ce matin, j’attends sa réponse et on verra comment la procédure va se mettre en plus.

Pendant que je parlais, je continuais à caresser mon animal, comme si cela m’était devenu aussi vital que l’oxygène.

—J’imagine que j’aurai du plus insister sur ce point pour qu’elle trouve quelqu’un d’autre avant qu’on s’engage et…

Mon téléphone émit un bruit. Celui d’un cri du pokémon Fantominus. Autrement dit, je venais de recevoir un sms. Je soupire, sortant l’appareil de ma poche. Je ferme longuement les yeux, avant de les rouvrir, encore plus rouges. Je ne sais pas ce qui me faisait le plus mal, voir notre photo de mariage en fond d’écran ou un nouvel sms de sa part. Je l’ouvris avant de le lire à haute voix.

—Alors, elle dit : « Je suis désolée et rien ne pourra pardonner de tout ce que j’ai fait. Je ne peux ren réparer mais j’aimerai vraiment qu’on puisse essayer. Je me suis sentie seule, g merdé. Moment de faiblesse que je ne peux que ùe blâmer pour ça. Je suis désolée. J’appelle demain le dr Torence pour un rdv, c’est un thérapeute de couple. On doit tenter, pour la beauté de notre mariage. G appelé Claire, elle est déjà au courant, j’espère qu’elle ne me déteste pas trop…
Je t’aime tendrement, ta femme, Claire. »

Fou rire, tout aussi nerveux. Je balance le téléphone sur le côté, non sans effrayer Dracula —qui se rendort directement après.

—Putain, mais je rêve, soufflais-je en passant la main dans mes cheveux. Tu peux me passer de la pizza s’il te plait ? Je veux avoir besoin de gras et d’alcool pour supporter ses conneries.

Une pizza et trois larmes

always be around wherever life takes you

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