@Rose Brooks & @Nana Hepburn

Du haut de ton optimiste, toutes les journées sont belles. Aujourd’hui ne fait pas exception à ta règle. Une généralité que tu savais à l’avance. Non pas parce que tu t’es levée de bonne heure sans te sentir fatiguée. Pas plus car les températures sont douces en dépit de la saison hivernale. Pas davantage parce que ta cliente venue récupérer sa robe en début d’après-midi est repartie un large sourire aux lèvres. La journée se devait d’être belle parce que tu vas voir Nana. Elles le sont toujours quand tu la rencontres. Nana a le don d’embellir ce qui l’entoure. Surtout quand elle t’entoure. Son aura t’enveloppe, recouvre ton cœur d’une couche de joie indescriptible. Enfin pas si indescriptible en réalité. Tu refuses simplement d’y donner son nom, de parler d’amour. Mais au fond de toi, tu sais parfaitement ce qu’il en est, ce que tu ressens pour cette femme. Tes lippes ne sont jamais aussi étirées que lorsque tu parles d’elle. Ton palpitant ne pulse jamais aussi fort quand lorsque tu es à ses côtés. Tout est clair, évident. Et pourtant, vous restez dans le flou d’une amitié. Tu n’oses pas faire le pas nécessaire, te dévoiler. Tu crains rompre votre harmonie retrouvée. Et après le désert traversé en son absence et les difficiles retrouvailles, tu ne veux pas risquer de la perdre de nouveau. Tu ne le supporterais pas. Tu n’y survivrais pas. Tant pis si la situation n’est pas idéale. Tu te contentes de ce qu’elle t’offre, de vivre ton amour dans tes rêves. Dans le monde onirique tout est permis. Là-bas, elle ne peut rien te reprocher. Propre à chacun, elle ne peut voir à quel point elle y est régulièrement. Pas plus tard que cette nuit, elle y était. Tu as tenté d’imaginer sa tenue du lendemain.

La photo reçue t’a démontré être dans l’erreur. Elle ne sera pas tout de noir vêtue. Nana se colorise. Peut-être influencée par ton univers ? Son haut jaune a inspiré tes idées. Après avoir fait le tour de ton atelier, de tes rouleaux de tissus de cette teinte, tu t’es lancée dans l’élaboration d’un croquis d’une future robe pour elle. Tu ne serais dire depuis combien de temps tu griffonnes sur ton carnet. Par contre, tu sais dire que tu as cinq minutes avant l’arrivée de Nana. Pourquoi ? L’alarme de ton téléphone vient de sonner. Tu as été prévoyante, connaissant la ponctualité de la brune même si celle du photographe a des chances de laisser à désirer. Tu poses ton crayon et ton bloc-notes sur le champ. Tu récupères ton portable et ton sac à main avant de filer dehors. Nana est déjà là. Tu verrouilles la porte et t’empresses de monter dans sa voiture. « Oh ben je suis large ! » Tu glousses. Une minute laisse peu de marge de manœuvre. D’ailleurs, avec un peu de recul, tu aurais mettre ton alarme plus tôt. Ta ceinture bouclée, Nana se met en route. « Ça va toujours quand je te vois. » Elle peut lire la sincérité sur ton visage. Du moins si elle prend le temps de quitter le bitume des yeux. « Très contente ! Elle va m’envoyer sa sœur pour la relooker. Elle en a marre de la voir toujours porter du noir. » Tu reprends littéralement ses mots. Il n’y aucune critique déguisée envers Nana dans tes propos. Jamais tu ne lui reprocherais son style. Il lui va trop bien. Puis c’est ce qui t’a attiré chez elle pour l’aborder, le point de départ de votre histoire. « Et toi alors ? T’appréhendes pas trop le shooting ? » Les shootings ne sont pas ses moments préférés. Elle préfère défiler. Si tout est fidèle à tes souvenirs de l'époque. « C'est un shooting pour quoi ? » Tu es curieuse, Rose. Une chose qui n'a pas changé avec le temps et ne changera probablement jamais.

@Rose Brooks & @Nana Hepburn

Ton sourire ne peut être plus large à sa remarque. Oui tu vas bien en ce moment. En ce moment où vos rencontres sont régulières. Et quand elles sont absentes, un échange de messages prend le relai. Depuis quelques temps, il ne passe pas une journée sans prendre de vos nouvelles. Le plus souvent, c’est Nana qui initie la demande, qui réclame ta présence. Tu y réponds avec joie. Parfois en modifiant ton emploi du temps, pour lui consacrer le plus de temps possible, comme aujourd’hui. Alors qu’elle conduit, tu l’observes. Tu as beau connaître son profil par cœur, tu le trouves toujours aussi beau. Nana est toujours aussi belle. Elle s’est même embellie avec les années. La jeune femme est devenue une femme. Quand la jeune femme que tu es été est devenue une enfant. Elle a évolué quand tu as régressé en quelque sorte. Et pourtant, jamais tu n’es sentie aussi proche d’elle. Sa réaction sur les propos de ta cliente te fait sourire. Nana et son amour du noir. Il était certain qu’elle allait défendre sa couleur préférée. « Pour sa défense, elle t’a jamais vu, elle peut pas se rendre compte à quel point le noir est joli sur quelqu'un. » A quel point tu es jolie. Une façon déguisée de la complimenter. Tu parsèmes de plus en plus souvent des phrases de ce style lors de vos discussions. Même si elles ne sont pas particulièrement utiles. Le regard que tu poses sur elle suffit à lui dire comme elle est belle. La teinte de tes joues tente de concurrencer le feu rouge à ses mots. Tu entends qu’elle désire prolonger votre rencontre après le shooting, prolonger le moment passé ensemble. Tu ne peux que t’en réjouir, appréciant chaque seconde à ses côtés. « Comme aller manger une glace ? » Tu glousses. Ta gourmandise te perdra Rose. Malgré la douceur des températures en ce début d’hiver, l’activité proposée n’est pas adéquate. « Ou aller faire des jeux ? » Quitte à être dans un parc, autant profiter des aires ludiques. Si vos tailles adultes sont handicapantes pour faire du toboggan, elles ne vous empêchent en rien de faire de la balançoire ou encore du tourniquet. Ou simplement de vous balader et de savourer la verdure. « Oh trop classe ! J’espère que tu feras pas la méchante. » Car le noir est souvent associé à la méchanceté. Nana est tout sauf méchante. C’est une boule de gentillesse. Il faut simplement gratter la surface pour la découvrir. Sa surface n’est qu’une carapace protectrice. Tes yeux s’écarquillent en apprenant son aisance à cheval. Une information méconnue. « Depuis quand ? Tu pourrais m’apprendre ? » Pas que tu aies réellement envie de savoir monter à cheval – avec ton sens de l’équilibre désastreux, c’est même certainement une mauvaise idée – juste que cela vous permettrez de vivre un moment de complicité. Les minutes défilent et vous arrivez à destination. « Il fallait bien un truc aussi grand pour la grandeur de ton talent. » Tu la complimentes encore. Et si tu la flattes un peu, elle est réellement talentueuse. Tu balayes l’espace en quête d’une place. Tu lui indiques une case libre. Une fois garée, tu détaches ta ceinture et descends de la voiture. Tu attends que Nana te rejoigne. Tu prends quelques secondes pour parcourir ses formes, pour l’admirer. Sa tenue est superbe. Toujours pas aussi colorée que ce que tu aimerais. Tu le compenses par ta robe entièrement rose bien que tu portes des collants noirs. Dans un réflexe tu saisis sa main. Tu l’entraines à l’entrée du parc. Tu le connais bien pour y venir souvent jouer ou encore t’inspirer de l’ambiance pour dessiner des croquis de futures créations. Un homme vous fait barrage devant le portail offrant l’accès. « L’endroit est interdit au public cet après-midi mesdemoiselles. » « Nous ne sommes pas des demoiselles, nous sommes des fées. » Tu ris doucement. L’individu garde le visage fermé. Les gens sont beaucoup trop sérieux. Tu jettes un tendre regard à Nana, lui demandant de vous sortir de cette situation.