@Isana Montgomery & @Valentina Lorenzi

(outfit) ⋄ Les minutes défilent bien trop vite. Désormais, chaque seconde compte. Valentina a les yeux trop souvent rivés sur l’heure pour oublier qu’elle a signé elle-même son arrêt de mort et que celui-ci se rapproche dangereusement. Est-ce ainsi que se sentent les condamnés à l’approche de l’exécution de la peine capitale ? Elle ne serait pas étonnée d’entendre une réponse positive à cette question, alors qu’elle ne contrôle plus son rythme cardiaque, ni cette veine qui tape violemment à hauteur de sa tempe. Elle est inconsciente ; pire, elle est folle à lier. L'état presque second dans lequel elle se trouve pourrait la pousser à penser que la mort serait plus paisible que ce qui l'attend ici-bas. Cela n'est tinté que d'un soupçon d'exagération quand ses yeux quittent l'écran face à elle pour repenser à ce que ses cartes lui ont révélées.

🃟 Le Monde, Le Chariot et le Diable ont mis en lumière le comportement blessant qu'elle a eu envers une personne pour qui elle ressentirait quelque chose et qui aurait vécu cela comme une attaque personnelle particulièrement virulente et douloureuse. Puis, 🃟 La Papesse, Le Mat et Le Jugement lui ont rappelé à quel point elle est limitée dans ses projets d'avenir et ô combien cela lui est néfaste tant elle ne parvient pas à vivre heureuse. Lors du tirage des cartes, la mère de Valentina a parlé de journées difficiles, de sautes d'humeur, de mauvaise humeur... Et le fait est que ce portrait peu flatteur n'était pas très éloigné de la réalité.

Mais comment faire autrement ? Les doigts de l'architecte pincent une seconde l'arête de son nez alors que ses yeux retrouvent rapidement le chemin de l'horloge numérique face à elle. Le compte à rebours est lancé. Ne pourrait-elle pas invoquer Chronos pour remonter le temps ou, au contraire, aller voir dans le futur ce qui lui est réservé ? Le fil de ses pensées est interrompu par la sonnerie de son téléphone. L'index de Valentina se plaque difficilement sur la touche du haut parleur et déjà le secrétaire l'informe de l'arrivée de Madame Prakash-Montgomery. Valentina a-t-elle été suffisamment vache pour ajouter le nom de jeune fille de son ancienne amie sur l'agenda ? Assurément. Et cela fait naître un fin rictus au coin de ses lèvres en prenant conscience que la principale intéressée aura entendu son nouveau collègue l'appeler ainsi.

- Vous pouvez l'accompagner à mon bureau, je suis disponible.

Elle n'a pas envie de faire l'effort d'aller la chercher. Ce ne serait qu'une comédie de plus sur la route de l'hypocrisie qui les attend. Depuis son fauteuil, Valentina tend l'oreille pour chercher à écouter ce qu'il se passe dans le couloir. Elle a toujours cette désagréable sensation d'être prisonnière d'une situation qu'elle n'a pas voulu et d'attendre qu'une substance létale lui soit administrée.

Déjà des coups sont frappés à la porte. La gérante de la société pousse la voix pour intimer l'ordre d'entrer, remercie son salarié qui déjà retourne à son poste, mais ne prend pas la peine de se lever pour accueillir sa nouvelle recrue. Son regard s'ancre un instant dans les yeux clairs d'Isana, sans que ne puisse être décelée la moindre once d'amicalité.

- Installe toi, j'ai pas toute la journée, l'accueille-t-elle sans aucun ménagement en regardant une nouvelle fois l'horloge de son ordinateur. Au moins, tu es à l'heure, c'est déjà ça. Je t'épargne le speech de bienvenue, nous allons bien assez nous fatiguer à nous croiser autant ces prochains mois pour perdre de l'énergie dès à présent.

Son regard dévie une nouvelle fois face à la blonde qui lui fait face, alors que ses mains se joignent sur le bureau qui les sépare.

- Outre des logiciels classiques de notre profession, on a un logiciel de gestion de cabinet - Archistorm - que Franny te présentera si tu ne le connais pas. Tu y trouveras les dossiers qui te sont affectés et c'est par cette interface que tu me soumettras tes projets une fois ceux-ci terminés. Rien ne doit partir sans mon accord. Jamais. Compris ?