OUTFIT -- _ Mademoiselle Phillips. Vous êtes en avance, comme à votre habitude. La blonde ôta ses lunettes pour adresser un signe de tête à l'employé s'adressant à elle. Une habitude, effectivement. Elle savait qu'i ne la jugeait pas. Non, il lui faisait simplement une remarque comme une autre. _ Je voulais m'assurer que tout était bon pour vous et pour le pilote. Se justifia-t-elle tout de même. Josephine avait l'habitude d'emprunter le jet privé de ses parents - ou encore celui de ceux d'Archibald. Liée à certaines obligations, il n'était pas rare que l'héritière prenne l'avion pour se rendre à quelques soirées ou cérémonies. Ce week-end, Archi et elle avaient été sommés d'être présents pour l'inauguration d'un nouveau restaurant créé par la filiale Phillips. Si Josephine aurait préféré avoir d'autres projets -- comme profiter de la plage avec un livre ou s'adonner à quelques notes de musique sur son piano, elle était plutôt satisfaite de se rendre à New-York. Ils en avaient pour plusieurs heures de vol, quasiment dix-neuf heures au total. Josephine était heureuse qu'Archi ait réussi à se libérer quelques jours. On était vendredi en début d'après-midi et ils ne reviendraient à Brisbane que lundi dans la journée. Il était rare que son fiancé arrive à se dégager du temps de la sorte. En tant qu'interne, il avait un emploi du temps on ne peut plus chargé. Et même si Josephine comprenait, elle n'en était pas moins déçue lorsqu'ils étaient contraints d'annuler un dîner ou un rendez-vous. Alors, la blonde fit ses vérifications habituelles avec l'équipage de bord. Juste pour s'assurer que tout était en ordre. Juste pour être certaine que tout le monde était prêt à faire cette virée. Il fixa sa montre avant de constater que son fiancé était en retard. Rien d'étonnant, après tout. Cela arrivait régulièrement. Dû à ses obligations, encore une fois. La blonde s'installa sur un des sièges -- côté hublot, évidemment et sortit un livre afin de passer patienter en attendant Archibald. Au bout de quelques instants, elle remarqua un léger remue ménage et entendit des pas précipités monter les escaliers de l'appareil. Sans se retourner, elle avait reconnu la démarche du brun. Bien sûr. Après tant d'années à se côtoyer, Josephine reconnaîtrait Archie entre mille. _ Hey. Il arriva enfin à sa hauteur et vint doucement presser ses lèvres contre celles de la blonde. Il s'installa à ses côtés, laissant sa main reposer sur le genou de Josephine. _ Tu as tous les droits de me détester, je suis un abruti … à t’avoir fait attendre, désolé. Il y avait du monde sur la route et … Elle secoua doucement la tête pour l'interrompre dans ses excuses. Pour elle, cela n'avait pas lieu d'être. Après tout, elle ne l'attendait pas depuis des heures. Et puis, elle savait qu'il avait d'autres impératifs. _ Ne t'en fais pas, ce n'est rien. J'en ai profité pour aider l'équipage à la check-list. Une étape importante avant d'amorcer un vol. Et Josephine se sentait toujours rassurée d'y avoir participer. Malgré des centaines de vols effectués avec cet avion et cet équipage, elle se sentait plus en sécurité quand elle prenait quelques peu le contrôle. Il en était ainsi que Josephine. Elle avait toujours eu du mal à faire confiance, à lâcher prise. _ On ne va pas tarder à décoller --- prête à aller arpenter New York ? Car il est hors de question qu’on n’en profite pas … Un sourire vint répondre à celui de son fiancé. Finalement, ce week-end allait peut-être plus les fatiguer que les reposer. Ils avaient plusieurs rendez-vous à honorer. Et ils devaient passer la soirée du samedi soir auprès des Phillips pour l'inauguration. _ ça faisait longtemps que nous n'étions pas venus. Je ne sais pas si on aura beaucoup le temps de faire du tourisme, mais j'ai déjà quelques lieux en tête. Central Park, bien entendu. Le metropolitan museum of art, évidemment. Elle voulait aussi dîner dans un restaurant qui se situait à Manhattan. Bref, Josephine avait déjà sa feuille de route. _ On a plusieurs rendez-vous. On a une interview avec le New York Post pour nos fiançailles. Et la réception samedi soir, bien sûr. Josephine savait qu'elle allait être complètement déphasée, aussi. Le décalage horaire n'était pas toujours facile à assumer. Ca va ? Elle hocha doucement la tête alors que l'avion se mit en marche. La main de la blonde vint se poser sur celle d'Archie. _ Oui, ça va. Et toi ? Pas trop fatigué par ta semaine ? Un sourire vint étirer ses lèvres alors qu'elle caressait doucement la main d'Archibald. Elle avait cette sensation de bien être lorsqu'il était là. Archie l'apaisait.

 

OUTFIT -- Josephine était bien consciente que l'annonce de leurs fiançailles était une nouvelle importante pour leur monde. Là où Archibald et Josephine avaient grandi. Dans cette bulle dorée. Dans cet endroit aux fausses perfections. Elle semblait heureuse, Jo. Heureuse de cette aventure qu'ils allaient vivre. La date n'était pas encore totalement fixée. Mais en 2025. Probablement en décembre. Ils seraient mariés. Un oui définitif pour une vie à deux. Mais cela avait été une évidence. Archie et Jo étaient faits l'un pour l'autre. Cela était la suite naturelle des événements. Ils se connaissaient depuis tellement longtemps, s'aimaient depuis plusieurs années ; ils ne pouvaient pas en être autrement, après tout. Si Jo était heureuse d'effectuer ce voyage avec Archibald, elle savait qu'il allait être épuisant. Après tout, ils y étaient par obligation plus que pour le tourisme. _ On s’prendra le temps … il faut qu’on se le prenne car j’ai envie de voir ce que tu as nous réservé comme futures visites. Mais Jo était une maniaque de l'organisation. Elle avait évidemment déjà tout prévu -- ou presque. Un sourire vint étirer ses lèvres alors qu'elle reprenait l'énumération de leurs obligations. _ Ah, et mon père aimerait qu'on se rende à la cathédrale St Patrick pour la messe de dimanche matin. Bien entendu, il n'y avait pas de dimanche sans un passage à l'église. Joséphine avait été élevée ainsi et elle s'était habituée à cela. Si elle croyait en Dieu ? Peut-être. Elle le voulait au plus profond de son coeur. Mais elle se demandait parfois comment la Terre pouvait aussi mal tournée si une entité suprême la protégeait. _Et entre deux, on doit dormir et se remettre du décalage horaire … génial ... Au pire, on s’échappera le temps d’un instant … plus ou moins long … personne n’osera poser la question et j’ai quelques bonnes excuses en réserve dont on pourra se servir. Il lui fit un clin d'oeil complice et elle ria doucement. _ Quelles genres d'excuses ? Demanda-t-elle tout en papillonant des cils. Elle était bien sûr curieuse de connaître celles dont Archie allait sûrement se servir.

_ Je suis surtout heureux d’être enfin là, avec toi … Enfin ! L'avion se mit doucement en mouvement et Jo fixa son regard vers le hublot. Il y avait toujours cette appréhension lorsque l'avion décollait. Même si Jo avait une confiance aveugle pour le pilote. Que ce soit le sien ou celui des Grunn. _ Oh mais attends … Nous sommes coincés ici pour les prochaines heures, pas vrai ? Effectivement. Près de dix-neuf heures d'avion les attendaient. C'était long. Mais Josephine avait l'habitude. Il n'était pas rare qu'elle se rende aux Etats-Unis ou en Europe. Son jet privé était presque devenu sa maison secondaire. _ Et je t’ai rien qu’à moi ? Elle acquiesça doucement. _ Entièrement pour toi seul. Cela était rare, évidemment. Entre l'internat d'Archie et les événements auxquels ils devaient assister, ils avaient rarement du temps pour eux. Trop rarement. Elle vint replacer une mèche qui était tombée sur le front du brun. _ Alors il n’y a aucune raison pour que ça aille mal … par contre, va falloir s’occuper … Elle tapota du doigt son livre, le regard taquin. Elle savait, évidemment, qu'Archie avait autre chose en tête. Des activités où ils pourraient profiter ensemble. Et pas seulement s'adonner à leur passe-temps chacun dans leur coin. Elle ria doucement lorsqu'elle vit le regard d'Archie suivre le bruit de son doigt sur la couverture du libre. _ Moi, j'ai tout ce qu'il faut. Dit-elle sur un ton taquin, le regard plein de malice. Josephine pouvait lire pendant des heures. Pendant des jours, même. Elle pourrait oublier de manger pour dévorer un roman. Ou même de dormir. Elle l'avait fait à plusieurs reprises, en réalité. _ J'rigole. On a dix-neuf heures à tuer. Tu avais déjà des idées en tête, peut-être ? En dix-neuf, i y avait pas mal d'idées à avoir. Certes, leur vol allait se dérouler dans la nuit, mais il y avait aussi des moments d'éveil à combler. A leur habitude, il leur arrivait de scroller leur téléphone, de refaire le monde ensemble, parfois même de jouer à quelques jeux de société. Peu importe, ils trouvaient toujours de quoi faire. Leurs doigts toujours enlacés, Josephine ne s'était pas arrêtée de caresser la paume de sa main. Un geste qui la détendait. Une marque d'affection dont elle lui faisait cadeau.

 

OUTFIT -- _ Hm alors, j’ai pas mal d’excuses en tête --- il y a d’abord le décalage horaire, le mal de crâne, le rendez-vous surprise par rapport aux fiançailles.. Elle arqua un sourcil, interpellée par cette remarque. Mais Archibald ne lui laissa pas le temps de rebondir. Le brun poursuivit l'énonciation de ses idées. _ le besoin et l’envie de partager un petit moment ensemble, celle-là, ce n’est pas vraiment une excuse, c’est surtout une envie et je suis certain que si je fais cette tête...  il y a peut-être moyen que je nous gagne un peu de répit. Elle laissa un rire amusé franchir ses lippes. Au fond, elle était heureuse d'avoir rencontré Archibald. Ils se connaissaient depuis toujours. Et ils étaient un réel pilier à ses yeux. Il y avait toujours beaucoup de légèreté entre eux deux. Jamais de prise de tête, ou vraiment très rarement. Et cela plaisait à Jo. Elle se sentait bien lorsqu'Archie était dans les parages. Apaisée. Prête à affronter ses démons les plus noirs. _ Tu as raison, comment résister à cette magnifique gueule d'ange ? Dit-elle en déposant un doux baiser sur ses lèvres. Furtif, chaste. Mais tout aussi important. Ils n'étaient pas fervents des effusions de sentiments. Ils n'avaient pas pour habitude d'être trop tactile. Ils n'avaient pas l'habitude de se donner en spectacle. Cela les mettait mal à l'aise. Cela n'était pas tellement toléré dans leur société. Archibald et Josephine avaient évolué dans le même univers. Bonne tenue, comportement irréprochable. Jo n'avait jamais vu ses parents s'embrasser. Mais Jo et Archie étaient jeunes. Et ils se montraient leur affection d'une manière plus saine.

L'avion se mit en mouvement. Sa respiration se coupa pendant quelques secondes. Elle fit une prière silencieuse et ferma finalement les yeux tout en soufflant légèrement. Elle avait toujours été angoissée par les trajets en avion. Même si elle avait l'habitude de prendre ce moyen de transport. Même si elle avait confiance aux pilotes de leurs familles respectives. Elle ne pouvait pas s'en empêcher, c'était comme ça. Elle sentit Archibald la rassurer silencieusement. Sa main caressant tendrement le genou de la blonde. L'angoisse allait disparaître une fois l'avion stabilisé. Elle rouvrit les yeux alors qu'ils s'intéressaient aux futurs activités pour tuer le temps de ces dix-neuf prochaines heures. _Quelques-unes, oui Le sourire aux lèvres, il vint poser délicatement ses lippes sur les siennes. Sa main resta poser sur la joue de la blonde alors qu'il s'éloigna son visage de quelques centimètres. _Par contre, navrée de te contredire mais tu n’as pas encore tout ce qu’il faut --- Elle plissa les yeux, ne comprenant pas où Archie voulait en venir. Elle énuméra rapidement toutes les choses qu'elle aurait pu oublier. _ Il te manque en effet un tout petit truc Elle fixa son regard et vit qu'il bougeait légèrement. Est-ce que Archibald Gunn était nerveux ? Elle en avait l'impression. Il sortit un écrin de sa poche et elle écarquilla ses yeux stupéfaits. Un oh étonné s'échappa de sa bouche. _ Je sais, tu as déjà dit oui, j’ai déjà sorti le grand jeu … mais il manquait cette bague pour compléter le tout, pas vrai ? Elle acquiesça doucement. Puis son regard quitta les iris d'Archie pour regarder l'écrin qu'il ouvra. Il y avait là une bague magnifique. Digne d'un membre de la royauté britannique. Une bague qui devait être aussi importante sentimentalement parlant que dans le coeur des Gunn. _ C’est une bague qui appartenait à mon arrière-grand-mère et je suis un peu tout fou à l’idée de pouvoir la passer à ton doigt, Josephine. Devenir ta famille comme tu deviens la mienne. Je ne suis pas doué pour dire les choses dans le bon ordre et faire de longs discours, désolé je sais combien tu aimes les jolies lettres, mais … je t’aime, tu fais mon bonheur, je suis heureux et l’idée de pouvoir former une équipe, un duo de chic et de choc avec toi … Elle le laissa parler. Sans l'interrompre une seule fois. Le coeur qui s'affole et la gorgée noué. De discrètes larmes venaient humidifier ses yeux. _ et j’espère que tu sais que je suis et serais toujours là pour toi et que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu sois heureuse. Toujours. Une larme vint finalement s'échapper. L'émotion était difficile à contenir. Son coeur battait à une vitesse folle. Et elle avait l'impression qu'il allait exploser dans sa cage thoracique. _ Je peux ? Elle hocha une nouvelle fois la tête. Bouche bée par cette nouvelle déclaration. Il avait déjà fait les choses bien, Archie. Il avait mis un genou à terre et avait organisé une soirée plus que parfaite. _ Oui. Dit-elle dans un souffle d'émotion. Oui, il pouvait lui passer la bague au doigt. Oui, elle acceptait de se marier avec lui. Elle laissa Archie glisser l'anneau sur son doigt fin et elle contempla sa main pendant plusieurs secondes avant de finalement relevé le regard vers son fiancé. _ Elle est tellement belle. Souffla-t-elle avant de se rapprocher du visage d'Archie et de poser ses lippes sur les siennes. Le baiser était un peu plus intense que ceux précédemment échangés. Elle l'aimait. Archibald était le bon choix. Le meilleur choix qu'il y avait à faire. Elle se détacha doucement de lui et tendit sa main devant elle pour admirer une nouvelle fois la bague. _ J'ai tellement de chance, tu sais. Je remercie Dieu de t'avoir mis sur ma route. Sans toi, ma vie serait beaucoup plus fade. Elle pensait chacun de ses mots, Jo. Elle savait qu'elle n'aimait pas Archie d'un amour passionné et passionnel. Elle savait qu'il était le meilleur choix à faire. Le choix de la raison. Mais en lui, elle avait trouvé un allier de taille. Et elle ne regrettait aucunement son choix. Elle allait devenir sa femme.

 

OUTFIT -- Est-ce que Josephine était heureuse de cette situation ? Elle le pensait. Il n'y avait pas de meilleur choix qu'Archibald. Il faisait partie des personnes qui la connaissaient par coeur --ou presque. Il faisait partie des personnes qu'elle appréciait le plus. Est-ce qu'elle l'aimait ? Elle le pensait aussi, Jo. Parce que n'avait connu que lui. Parce qu'il était tout ce qu'une femme recherchait pour son avenir. Archie était doux, délicat, intelligente, beau à en mourir et d'une gentillesse sans faille. Il ne pouvait y avoir meilleur époux que lui. Alors, les yeux de la blonde pétillaient de bonheur. Cette bague comptait. Cette bague avait une histoire. Et Josephine entrait dans cette histoire. Jo se savait chanceuse. Elle savait qu'elle n'aurait pas pu faire meilleur mariage. Archie prendrait soin d'elle. Il l'aimait. Ses parents l'appréciaient. Et ils allaient tout deux dans la même direction. _ Si seulement tu savais à quel point je pense la même chose … et à quel point je suis heureux de t’avoir dans ma vie ... j’espère que tu te vois dans mes yeux comme moi je te vois, Josephine. Un tendre sourire vint étirer ses lèvres. Leurs deux mains se lièrent à nouveau. Est-ce que ce moment était parfait ? Oui, il l'était. Bien entendu. Il ne pouvait pas en être autrement. Elle prit la main du brun pour la porter à ses lèvres. Josephine y déposa un baiser. _ Tant de perfection dans un seul être, ça devrait être interdit. Dit-elle dans un demi-sourire. Bien sûr, c'était mielleux à souhait. Bien sûr, ils n'avaient pas l'habitude de s'étaler sur leurs sentiments. Mais cette fois, c'était différent. Ils étaient seuls. Et ils vivaient cet instant magique tout les deux. Elle poussa un soupir de contentement et s'adossa contre le fauteuil. Un regard vers le hublot et elle remarqua que l'avion était déjà bien haut. A plusieurs kilomètres de la terre ferme. Tout comme elle. Parce que Jo avait la tête dans les nuages, à présent. Parce qu'elle se permettait de rêvasser à ces prochains mois. A ces prochaines années. Ils avaient grandi ensemble. Et ils allaient vieillir l'un à côté de l'autre. _ On devrait prendre le temps de partir en vacances. Dit-elle dans un soupir. _ Je veux dire de vraies vacances. Un voyage où ils n'auraient aucune obligation. Aucune contrainte. Elle savait que cela était difficile pour Archibald. Son internat ne lui permettait pas de s'absenter plus qu'un week-end prolongé. Mais Jo avait besoin de se vider la tête, de décompresser. _ On part constamment à l'étranger, mais on doit toujours courir à droite et à gauche. C'était le cas depuis toujours. Ils prenaient le temps de faire du tourisme. Mais au détriment de leur sommeil. _ Ce serait comme un avant goût de notre voyage de noces. Un voyage qu'elle allait devoir organiser, tout comme le mariage. Il leur restait un peu plus d'un an, à présent. La date ayant déjà été fixée. Leurs parents y avaient mis un point d'honneur. Ce mariage serait celui de l'année.

 

OUTFIT -- Ils avaient toujours eu des obligations. Avant même de se mettre ensemble, Archie et Josephine avait baigné dans ce milieu. Un milieu selecte, un monde à part. Ils avaient toujours quelque chose de prévu. Toujours un impératif. Dîner mondain, soirée de charité, repas de famille, inauguration d'une galerie d'art ou d'un hôtel, peu importe. Robes de soirée et costumes avaient toujours été leurs habits du dimanche. Parce que même le dimanche, ils avaient toujours quelque chose de prévu. Une messe, un repas de famille, un défilé. Bref, ils vivaient une vie à mille à l'heure depuis leur plus jeune âge. De vraies vacances, Josephine n'avait pas souvenir d'en avoir eu un jour. _ De vraies vacances, tu dis --- tu sais que tu parles directement à mon cœur ... juste toi et moi, sans la moindre obligation, à ne rien faire d’autre qu’apprécier le moment présent, ça sonne comme de vraies vacances. Et tu pensais à un endroit en particulier ? Elle acquiesça doucement. Juste eux deux. Loin de tout. Loin de Brisbane. Loin de leurs familles et de leurs amis. Est-ce qu'ainsi, dans un coin paradisiaque et isolé, Archibald fera vibrer Josephine ? _ On n’est même pas obligés d’aller bien loin … Ça me laisse l’opportunité de préciser que ton fiancé a un petit bateau et qu’à la moindre envie, à la moindre demande, je peux tout à fait nous isoler de tout, tout le monde, en un rien de temps … juste toi et moi. Un sourire vint étirer ses lippes. Elle se souvenait de cette envie qu'il avait eu il y a quelques années à propos de ce bateau. Son père refusait de le lui offrir. Mais Archie savait se montrer convainquant -- il aurait pu être avocat s'il l'avait désiré et son père avait finalement craqué. Sûrement pour ne plus en entendre parler. ça faisait bien longtemps que ce bateau n'avait pas été utilisé. _ Ah oui ? Tu penses que c'est possible ? Elle se redressa dans son siège. Une boule d'excitation au fond de son ventre. _ Il faudrait qu'on quitte l'Australie. Le temps risque de ne pas être en notre faveur avec la saison. Elle chercha. Se creusa les méninges pour trouver la destination idéale. Perdus au milieu de l'océan. Ni trop loin, ni trop près. _ J'ai toujours voulu aller vers la mer des Moluques. L'Indonésie était un endroit qu'elle n'avait jamais visité. Encore moins en bateau. Ils auraient sûrement besoin de plus que d'un week-end. Plusieurs jours. Mais plusieurs jours pour se ressourcer. Pour s'évader. Pour être ensemble. Juste eux deux. Et peut-être se retrouver.

Mais s'étaient-ils perdus ? Ou étaient-ils pas totalement sur le même chemin ?

Josephine n'avait jamais eu de doutes. Malgré les dires de Marty. Malgré les réticences de Jude. Elle savait qu'elle devait épouser Archie. Mais pourquoi n'était-elle pas aussi enthousiaste que les autres mariées ? Des larmes lui étaient montés aux yeux. Elle avait été émue. Emue par cette romance, par ses mots. Mais il n'y avait toujours pas eu ces vibrations qu'elle attendait tant. Pas de papillons dans le ventre. _ De vraies vacances, c'est farniente et maillot de bain. Je veux rentrer bronzer et détendue. Dit-elle pour se sortir de ses idées lugubres. De ses questions qui n'avaient pas lieu d'être. Aucunement. _ Tu penses pouvoir te libérer pour quelles dates ? Plus vite ils fixeront et organiseront le séjour, moins ils auraient l'occasion de l'annuler ou de se rétracter.

 

OUTFIT -- Elle s'enthousiasmait à l'idée de ce voyage. De ces quelques jours où ils seraient coupés du monde. Coupés de tout. Sans un autre regard pour les épier. Sans obligation. Seulement eux au milieu de cet océan. Seulement eux sur un bateau qui avait coûté beaucoup trop cher aux parents d'Archibald pour le peu de fois où il l'utilisait. Elle s'extasiait face à la destination qu'elle venait de choisir. Josephine avait voyagé aux quatre coins du monde. Mais elle était souvent aller aux Etats-Unis et en Europe. Pas tellement en Asie. Elle s'agita sur son siège. Prête à passer ces prochaines heures à planifier ce voyage. Parce que Josephine planifiait tout. Et qu'elle ne laissait jamais rien aux doutes. _ Si c’est ce que future madame Gunn veut, c’est ce qu’elle aura … ça nous fera une première ensemble. Le début des aventures, j’aime bien le concept. Madame Gunn. C'était ainsi qu'on l'appellerait bientôt. Dans quelques mois, certes. Dans un peu plus d'un an. Mais bientôt. Tout allait se passer si vite. Elle serait bientôt mariée à Archibald. Pour toujours et à jamais. _ C'est ... comme si on s'organisait une lune de miel de fiançailles. Dit-elle en haussant un sourcil. S'ils leur avaient besoin d'une excuse, la voilà toute trouvée. Les parents Phillips et Gunn n'apprécieront peut-être pas que le couple s'échappe à plusieurs kilomètres. Sans chaperon. Alors, Jo voulait bloquer la tête. Parce qu'Archie était très occupé. Et aussi parce qu'elle sentait qu'ils en avaient besoin. Est-ce que grâce à ces quelques jours ensemble, elle arriverait à ressentir ses papillons qui le manquent tant ? Elle l'espérait. Elle priait chaque soir pour que cela arrive. Pour que son coeur accepte de s'accélérer à chaque fois qu'il l'effleure. Pour qu'un noeud dans son ventre se forme lorsqu'il l'embrassait. Elle espérait que ce voyage exauce ses voeux. Alors, ils devaient partir au plus vite. _ Je pensais t’avoir déjà partager mon planning mais apparemment, je ne suis pas aussi bien organisé que toi Elle haussa les épaules, un rire au bord des lèvres. _ Il est bien connu que les hommes sont moins organisés que les femmes. Complice, elle lui tira la langue pour accentuer sa malice. Il saisit son téléphone pour scroller son calendrier. S'approchant un peu plus d'elle afin de lui partager la vision de son écran. _ je crois que --- je crois que le mois prochain, il y a moyen que je déplace quelques heures de service et qu’on puisse s’envoler … Il déposa un baiser sur sa tempe. Chaste. Qui ne dura qu'une brève seconde. Tandis que la blonde se mit à sourire. La date allait donc être fixée. _ Plutôt naviguer. Dit-elle avec un sourire malicieux qui étendait ses lippes. _ Ce serait parfait. J'me débrouillerai pour les cours. Elle pouvait bien se faire porter malade une semaine. Après tout, ce n'est pas comme s'il s'agissait des études de ses rêves. Et puis, elle avait toujours eu des facilités, Jo. Elle ne perdrait pas grand chose à manquer quelques cours. _ Je compte sur toi pour faire la cuisine. S'ils devaient être réellement seuls, il n'y aurait pas de majordome ou d'autres employés sur le bateau. Et il valait mieux qu'Archibald se mette derrière les fourneaux plutôt que Josephine.

 

OUTFIT -- Elle avait envie de s'évader, Josephine. De partir loin de Brisbane. Loin des mondanités. Elle voulait être avec Archibald, bien sûr. Qui d'autre ? Elle avait envie de se voyage. Elle avait envie de connaître Archie dans les moindres détails. En étant juste eux deux pendant des jours durant, il n'y aurait plus de faux semblants. Rien qu'ils ne pourraient se coucher. Ils allaient pouvoir se découvrir pour se lier d'avantage. Elle le taquina sur son manque d'organisation et il répondit au fait qu'elle, elle l'était particulièrement. Bien sûr. Josephine était organisée. Elle ne laissait pas de place au hasard. Ou très rarement, en tout cas. _ Promis, tu ne mourras pas de faim. Je m’occuperai de tout --- par contre il ne faudra pas attendre que je sois aussi doué que votre cuisinier … mais ce sera mangeable. Promis ! Elle appréciait l'effort. Et elle se doutait qu'il n'était pas le fin cordon bleu que le chef qui était présent au domaine des Phillips. Mais Jo n'en demandait pas tant. Elle avait l'habitude des plats simples et sans chichis. Lorsqu'elle se rendait chez Raph et Marty, il n'y avait pas de cuisinier non plus. Ils étaient livrés à eux-même. Ou au livreur qu'ils appelaient. C'était cela le plus souvent. Elle chassa rapidement Marty de son esprit. Il n'avait pas sa place en ce lieu. Il ne devait plus la hanter de la sorte. _ Je m'en contenterai très largement. Dit-elle dans un demi-sourire amusé. De toute manière, même si la façon de cuisiner d'Archie n'était pas celle d'un chef, cela serait toujours mieux que sa manière à elle de faire. _ Et toi ? De quoi as-tu envie ? Ce n'est pas que mon voyage, mais le notre. Et elle tenait à ce qu'Archibald profite autant du moment qu'elle. Elle espérait qu'il puisse réaliser des rêves. Se détendre autant qu'elle. Elle voulait qu'il soit tout aussi heureux qu'elle et pas seulement à travers son bonheur à elle. _ Tu veux boire … manger quelque chose ? Elle réfléchit quelques instants. _ J'veux bien un soda. Dit-elle. Elle garda quelques instants la main d'Archie dans la sienne avant de la libérer. _ Et un muffin... Il fit un pas pour se séparer s'éloigner d'elle. _ Oh, et j'veux bien une salade aussi... Et un sandwich au fromage. Elle laissa un air angélique passer sur son visage. Comment pouvait-elle ingurgiter autant de nourriture et avoir l'air aussi maigrichonne ? Cela était une bonne question.