outfit - Elle avait eu envie de s'échapper quelques heures, de profiter des quelques rayons du soleil restants. Elle avait eu envie de bouquiner sur la plage. De prendre du temps pour elle. Loin des réseaux sociaux. Loin de l'université. Loin de ses parents et d'Arthur. Loin de tout. Alors, elle avait coupé son téléphone, Josephine. Prévenant parents et fiancé qu'elle serait injoignable cette après-midi afin de réviser quelques cours. Elle n'aimait pas mentir. Mais dire qu'elle avait besoin de quelques heures pour se ressourcer aurait été mal venu. Elle les connaissait, après tout. Elle savait qu'ils n'auraient pas compris. Qu'ils auraient posé des questions auxquels elle ne voulait pas répondre. Qu'ils ne comprendraient pas son besoin de s'éloigner, de se ressourcer. Parce que pour eux, Jo vivait une vie de rêve. Parce que pour eux, il n'y avait aucun problème. Elle était heureuse, Josephine. Mais seulement en façade. Seulement parce qu'elle souriait. Seulement parce qu'elle n'osait pas se rebeller comme son frère l'avait fait il y a plusieurs années. Lui était libre -à sa manière. Lui n'avait plus à subir les actions de leurs parents. Elle l'enviait, Jo. Elle enviait cette liberté bancale qu'il avait réussi à acquérir, Raphael. Il n'était plus celui sur qui tout reposait. C'était elle, maintenant. Elle qui portait l'avenir des Phillips sur ses épaules. Elle sur qui tout le monde comptait.

Elle est perdue dans sa lecture lorsqu'elle reçoit un ballon sur elle. La tirant de ses lignes, elle se leva pour renvoyer la balle à son expéditeur. Un type qui ne tarde pas à venir la rejoindre. Elle releva ses lunettes de soleil sur la tête afin de mieux détailler la silhouette du fameux Emrys. Il s'était déjà présenté à elle. Ils commencèrent à discuter de quelques banalités. La chaleur encore étouffante de cette fin d'automne. Le soleil à son zénith. Les maladresses d'un homme croisant une belle fille comme elle. Un rire gêné vint traverser les lèvres de la blonde. Jo n'avait jamais été à l'aise avec le sexe opposé. Elle fuyait la gente masculine comme si elle allait lui refiler la syphilis au moindre contact. Elle avait Arthur. Et elle se refusait de poser les yeux sur un autre homme. Parce qu'il lui serait probablement trop facile de succomber. Le seul qui eut toujours le droit d'avoir un peu de son attention s'en fichait totalement. D'ailleurs, elle crut d'abord rêver lorsqu'elle vit Marty arriver d'un pas décidé vers elle et Emrys. Elle ne l'avait pas remarqué. Et pourtant, elle était persuadée d'avoir un radar intégré lorsqu'il s'agissait du meilleur ami de Raphael. En quelques secondes, il retourna la situation et l'éloigna du fameux Emrys. Un bras posé sur ses épaules, il l'entraîna à l'opposer de la plage. _ Joli maillot de bain. Tu n’es pas censé être en cours ? Elle fronça les sourcils. Déboussolée par cette intrusion. Elle entendait Emrys protesté concernant cette intrusion. Ils devaient se connaître, d'après ce qu'elle comprit. _ Tu sais que c’est pas un mec pour toi, pas vrai ? j’ai bien compris qu’il avait l’air de te plaire….mais, c’est pas ce qui te faut. Tu me remercieras plus tard. Viens, je t’emmène manger une glace. Il n'en fallut pas beaucoup plus pour échauffer son esprit. Il était sérieux ? Vraiment ? Elle s'arrêta d'un coup alors qu'il venait de lui lâcher les épaules. Comme si le contact de sa peau venait de le brûler. Bonjour Marty ! Moi aussi je suis ravie de te voir. Je vais bien, merci. Elle le fusillait clairement du regard. Plutôt mécontente de son comportement. Et pour te répondre : je n'ai pas cours, je ne cherche pas un mec car comme tu le sais, je suis fiancée et je n'ai pas envie d'une glace, merci. Sur ces paroles, elle fit demi-tour pour regagner son emplacement. Là où toutes ses affaires étaient encore éparpillées sur le sable. Décidément, Marty avait décidé de lui taper sur le système ces derniers jours.

 

Je ne tire aucune fierté à m’être interposé entre mon pote et mon moineau. Je ne l’ai pas fait par bonté d’âme. Pas plus que je n’ai songé à ce que Emrys pourrait représenter un danger pour ses fiançailles. Par rapport à ces dernières, je vis dans un profond déni : je ne veux pas y penser. Je ne veux pas davantage envisager de ce que des noces pourraient avoir lieu tôt ou tard. Son “mer”, celui dont je m’efforce d’ignorer l'existence, n'a pas le panache utile à ce que je me précipite au secours d’une demoiselle qui n’est pas en danger et qui, somme toute, ne m’aurait rien demandé. J’ai réagi parce que mon coeur s’est emballé, qu’une émotion indescriptible - à moins que je m’interdise de la nommer ? - m’a perforé de part en part, parce que ce fut, sur l’instant, plus fort que moi, tout simplement. Est-ce que je regrette ? Un peu. Je dois l’admettre, je me sens con devant Joséphine. Je me sens d’autant plus stupide d’avoir enroulé mon bras autour de ses épaules pour l’en arracher comme si elle était de sucre ou de feu, comme si elle était prête à fondre ou à me brûler. Je me sens stupide à lui proposer d’aller mange une glace sous prétexte que je n’attends qu’une chose désormais : qu’elle se rhabille. Je ne veux poser sur elle un regard déplacé, une oeillade trop appuyée. Certes, souvent elle se balade au coeur de l’appartement en tenue ample et décontractée. Dans l’absolu, j’aurai eu tout le loisir de remarquer la longueur de ses jambes et le galbe discret d’une poitrine harmonieuse au travers un tissu fluide bien avant qu’elle ne s’expose sur cette plage, bien malgré elle, à ma bande de potes. Sauf que ça n’était jamais arrivé… à moins que je me sois efforcé d’oublier l’incident. L’ai-je fait ? Je suis incapable de m’en souvenir et je doute que ce soit le moment de fouiller ma mémoire en quête d’un souvenir de cette envergure, d’envergure parce qu’il m’effrayerait. Je me l’épargne pour me concentrer sur la mauvaise humeur de cette beauté ainsi réveillée à mon plus grand déplaisir. J’aimais la considérer comme une enfant, Jo. J’adorais l’avoir à mes côtés pour lire un chapitre de nos bouquins préférés, chacun notre tour, jusqu’à ce qu’elle s’endorme et que je m’éclipse pour rejoindre le canapé de l’appart. Etait-elle correcte cette tradition ? Pas de réponse. Là encore, je ne m’attarde pas à la chercher. “Vraiment ? Tu as besoin que je te fasse des politesses ?” Je lui décoche un sourire qui se veut charmant, une grimace qui demande tout de même pardon. Est-ce que j’ose l’observer alors qu’elle retrouve sa serviette de plage ? Non ! Je détourne le regard quoique je la suive jusqu’à cette dernière. Je me permets même de ramasser ses vêtements et de les lui tendre avec nonchalance. “Bonjour Moineau. Je m’attendais pas à te voir, mais c’est une bonne surprise. Que tu dirais-tu qu’on aille se manger une glace, pour une fois qu’on est tous les deux ? En dehors de l’appartement, je veux dire. Sans ton frère. ” Ta compagnie m’importe plus que celle des galériens en chasse. “Et tant que c’est encore possible…” Je ne suis pas idiot : son fiancé interviendra bientôt pour que cesse cette relation que j’aurais qualifiée de fraternelle si je ne brûlais pas de recevoir un oui. “J’ai envie de savoir comment tu vas, mais pas seulement parce que c’est de bon ton de le demander…” Mais bien parce que ça m’intéresse, sincèrement. Aussi, pour la convaincre, j’ai élargi ma grimace dans l’espoir de faire la part belle à sa mauvaise humeur. “Alors ? Tu viens ? ” Je lui ai tendu ses vêtements avec un peu plus d’insistance. “Non mais, parce que, soyons franc. Tu vas m’avoir sur le dos maintenant.” Autrement dit, dans moins de cinq minutes, j’installerai une serviette à côté de la sienne. “Alors, à moins que tu veuilles te choper un coup de soleil, on serait tout aussi bien ailleurs.”  Je me porterai mieux de la savoir couverte pour être honnête. Ce n’est cependant pas avouable, ni à elle, ni à moi.
 

outfit - Finalement, la blonde n'avait eu le droit qu'à quelques heures de tranquillité. Non pas qu'elle n'appréciait pas la compagnie de Marty. Loin de là. Elle l'appréciait même un peu trop. Et ce depuis qu'elle l'avait rencontré. Elle s'en souvient encore, Jo. Elle n'était qu'une gamine, à l'époque. Une enfant. Mais Marty avait instantanément attiré son regard. Elle était amoureuse de lui depuis toujours. Et elle ne pouvait se défaire des habitudes qu'ils avaient établis. Il n'était pas seulement le meilleur ami de Raphael. Aux yeux de la gamine, il était bien plus que ça. Il était un tout. Et elle appréciait chaque moment qu'ils partageaient. Du moindre rire à l'engueulade de routine. Parce qu'il en était ainsi d'eux. Constamment à se chercher, à se trouver. Constamment à s'aimer, à se soutenir pour finalement se haïr. C'était tout simplement comme ça. C'était ainsi qu'ils se comprenaient. Ainsi qu'ils communiquaient. Sans qu'il y ait besoin d'en dire plus. Parfois, seul un regard suffisait à ce qu'ils se comprennent. Tandis qu'avec des mots, ils leur étaient souvent impossible de s'entendre. Alors, Josephine était agacée de le voir là. Elle était agacée de savoir qu'il s'immisçait dans ce qui aurait pu être sa sphère privée -- elle qui n'avait pas tellement de vie privée. C'était son moment à elle. Cet instant qu'elle avait tant mérité. Mais en réalité, son agacement, c'était plutôt pour la forme.

Parce que tout les Emrys du monde ne valent pas un seul Marty Singh.

_ Vraiment ? Tu as besoin que je te fasse des politesses ? Elle se dirigea vers sa serviette de plage sans même lui jeter un regard supplémentaire. Elle allait avoir le droit à du grand Marty Singh, elle le sentait. Et Josephine avait besoin de s'y préparer. Elle remit ses Ray-Ban sur son nez. Tel un joueur de poker. Marty allait ainsi avoir plus de difficultés à sonder les émotions de la blonde. Lui qui était probablement capable de lire en elle comme dans un livre ouvert. _ Bonjour Moineau. Je m’attendais pas à te voir, mais c’est une bonne surprise. Que tu dirais-tu qu’on aille se manger une glace, pour une fois qu’on est tous les deux ? En dehors de l’appartement, je veux dire. Sans ton frère. Elle croisa les bras et se mit assise sur sa serviette. Ignorant Martin qui lui tendait ses vêtements. Fixant l'horizon, la gamine n'était toujours pas décidé à l'écouter. Elle l'entendait, oui. Elle n'avait pas le choix d'ailleurs. Puisqu'il débitait ses mots à une vitesse folle sur un ton presque autoritaire. Comme un grand frère. _ Et tant que c’est encore possible… J’ai envie de savoir comment tu vas, mais pas seulement parce que c’est de bon ton de le demander… Alors ? Tu viens ? Elle vit au coin de l'oeil de sourire qu'il lui offrait. Il remua d'avantage ses vêtements pour lui faire part de son insistance. Il pensait vraiment qu'il allait réussir à la faire changer d'avis ? Qu'elle allait se lever et partir avec lui ? Sans même résister un minimum. Jo était docile. Jo écoutait les doléances et les demandes. Mais pas quand il s'agissait de Marty. Il était le seul à connaître cette facette de son caractère. Loin d'être une rebelle. Mais elle s'amusait de voir Marty rouge de colère lorsqu'elle lui résistait. _ Non mais, parce que, soyons franc. Tu vas m’avoir sur le dos maintenant. Alors, à moins que tu veuilles te choper un coup de soleil, on serait tout aussi bien ailleurs. Elle croisa les bras alors que son regard vint finalement se poser sur le trentenaire. Elle prit les vêtements qu'il lui tendait pour finalement les reposer à ses côtés. Là où était leur place quelques secondes auparavant. _ J'ai envie de rester ici. Simple, clair et concis. Il n'y avait rien de plus à ajouter. Josephine s'était accordée cette journée. Elle s'était donnée du mal pour que ses parents et Arthur la laisse en paix. Alors, elle voulait qu'on respecte ses demandes et ses besoins. Juste une fois. Seulement aujourd'hui. _ J'ai effectivement envie de me choper un coup de soleil et je n'ai pas envie de manger une glace comme si j'étais une gamine de huit ans. Elle s'allongea à nouveau sur sa serviette de plage et reprit son livre entre les mains. _ Et j'ai aussi très envie de terminer ce livre. Elle ferma les yeux, soupira lorsqu'elle se remémora ses mots. Avait-il réellement peur qu'elle l'abandonne ? Qu'ils ne passent plus assez de temps ensemble parce qu'elle allait se marier ? Non. Pour elle, cela était impensable. Quoi qu'en dise Arthur. Josephine ne pourrait pas délaisser Marty. Jamais. _ Mais j'accepte que tu abandonnes cette bande de singes pour venir t'installer avec moi. Dit-elle en détournant son regard et en tapotant le sable pour l'inciter à venir s'installer auprès d'elle. Que ce soit maintenant ou demain. Si Marty voulait être avec elle, ses désirs seraient des ordres. Elle n'allait pas lui dire non. Jamais. Surtout pas lorsqu'il lui proposait de passer un moment avec elle.

 

Politesses, salamalecs et courbettes. A la façon dont Jo me tourne le dos pour d’abord s’asseoir et ensuite s’allonger sur sa serviette, je m’accorde à penser qu’elle les attend, ces pitreries voués à… à quoi ? Lui témoigner simplement de ma déférence ? De mon affection ? De ce que je pourrais être désolé de l’avoir privé d’une compagnie agréable ? Je biffe la dernière hypothèse : je la trouverais culottée puisqu’elle n’a de cesse de me rappeler qu’elle est fiancée. Fiancée et respectable. Fiancée à un type qui est “un bon parti” et qui lui assurera “de la stabilité” Pour sûr, il est tout l’inverse de moi, mais cette pensée n’a rien à foutre dans le flux de mes pensées. Je n’ai jamais été un option pour la jeune femme. Pas plus qu’elle ne l’est pour moi. J’aime sa compagnie parce qu’elle me rappelle ma soeur, parce que je l’ai connue au travers de son frère qu’elle n’était qu’une enfant. Je ne sais pas trop ce qu’il m’arrive aujourd’hui. J’ignore même si je dois me pencher sérieusement sur ce qui ressemble à des parasites. Dans le doute, je préfère les ignorer. Je crois que je suis terrifié à l’idée que mon équilibre - celui de cette relation - ne soit bousculé d’une quelconque façon. Alors, je dépense mon énergie à la convaincre, non seulement de se contenter de ma compagnie, mais aussi de se rhabiller parce que ce maillot de bain, tout sage soit-il, porté par elle, me met terriblement mal à l’aise. Or, elle s’en moque de mon discours. Mes tentatives pour nous protéger ? Elle les balaie en récupérant ses vêtements d’entre mes doigts pour, au terme de ce geste évocateur, feindre de m’ignorer. ”Non.” ai-je jeté en secouant la tête. Je manifeste moins mon déplaisir face à son comportement - pour être honnête, il m’amuse (me séduit ?) - mais parce qu’elle prévoit de me faire galérer. Mais, pourquoi ? Est-ce que je la dérange ? Avait-elle besoin d’être seule au point que je sois ramené au statut d’intrus ? Je ne l’exclus pas, j’ai mal d’y songer. Que devrais-je déduire d’une telle vérité ? Qu’elle l’aime vraiment, son Archibald ? D’y penser, mon coeur accèlère plus encore et, dans ma tête, je verse une note complémentaire au dossier : trouver une explication cohérente à cette émotion et, de préférence, un assez loin des suppositions de l’évidence. ”J’aime les glaces, et je suis plus vraiment un enfant de huit ans.” ai-je répliqué en m’installant à ses côtés, mon short de bain dans le sable, une jambe étirée, la pointe du pied vers la mer et l’autre relevée jusqu’à mon torse. J’appuie sur mon genou la main détentrice d’une cigarette que j’allume par réflexe ou pour calmer ma nervosité. C’est l’un ou l’autre et une fois de plus, je choisis de chasser ces pensées phagocytaires de me dévorer tout entier à cause de mes angoisses. ”Bon, je t’accorde que ce n’est pas flagrant, mais…” Mais parler, c’est comme tirer sur mon mégot, ça m’aide à jouer au mec confiance quand je ne suis pas convaincu d’en mener très large. C’est à mon tour, désormais, de lui cacher mon regard derrière mes lunettes jusqu’ici vissée sur le haut de mon crâne. Je refuse qu’elle me déchiffre. Aussi, je ne pipe plus mot. Je me concentre sur les vagues et les surfers qui tentent et parviennent - pour certains - de les dominer comme un cowboy mate un étalon sauvage. Je lutte pour que mon regard ne s’aventure vers les courbes d’une cuisse nue : ce serait malvenu, déplacé, révélateur que d’aucunes de mes questions ne sont totalement vaines ou innocentes. ”Qu’est-ce que tu lis ?” me suis-je finalement enquis en cherchant le titre sur la quatrième de couv. ”De si passionnant pour que ma présence soit ok, mais que tu n’aies rien à me dire.” Ici, ai-je le droit de lui proposer de me faire la lecture du chapitre ? ”Tu l’as commencé il y a longtemps ? ” La question est probablement stupide : je n’ai aps répondu à la précédente, celle que je n’ai pas formulée.”Je n’avais pas envie de venir. Je les ai suivis ici parce que j’avais pas envie d’être tout seul. Qu’est-ce que tu aimes tant dans cette putain de solitude, moineau ? ” Ma sincérité lui sautera aux oreilles bien plus que les mots eux-mêmes : je les chuchote plus que je ne les déclame.  
 

outfit - _ Non. Elle haussa les sourcils, Josephine. Et fronça légèrement son nez fin. Elle n'avait pas envie de se disputer avec Marty. Cela leur arrivait bien assez régulièrement. Et ajourd'hui, la blonde avait besoin d'une pause salvatrice. Mais pour son plus grand contentement, la conversation dévia. Jo n'était pas décidée à bouger d'ici. Cette place était à présent la sienne pour le restant de la journée. Elle avait même amené de quoi grignoter. Parce qu'ainsi, elle pouvait prolonger cet instant juste pour elle. Elle avait prévu de profiter du coucher du soleil. Elle avait prévu de profiter de l'air frais de la nuit. Parce qu'elle comptait réellement prendre ce moment pour elle. _ J’aime les glaces, et je suis plus vraiment un enfant de huit ans. Un rire s'échappa de ses lippes. Elle reporta son attention sur Marty, descendit ses lunettes sur son nez pour venir pénétrer son regard. Pas besoin de bluffer plus longtemps. Elle plongea son regard sur lui. Un air sévère lui tirait les traits. Etait-il sérieux ? Dire qu'il n'était pas un enfant de huit ans. Jo n'avait jamais connu un adulte ayant à ce point le syndrôme de Peter Pan. Elle adorait Marty. Elle l'aimait de tout son être. Mais elle devait bien l'avouer, Martin avait régulièrement les réactions d'un enfant.  _ Bon, je t’accorde que ce n’est pas flagrant, mais… C'était peu dire. Elle remit correctement ses lunettes sur son nez. Hm. Je préfère ça. Diit-elle en reposant ses yeux sur son livre. Marty venait de s'installer à ses côtés. Elle aurait pensé qu'il serait allé chercher ses affaires. Mais à croire qu'il devait avoir peur qu'elle se fasse la malle. Qu'elle disparaisse sans même lui dire où, ni pourquoi. Elle se reconcentra sur sa lecture sans même lui jeter un autre regard. Le silence s'installa entre eux. Enfin, seulement pour quelques minutes. Mais, elle aurait dû s'en douter, Josephine. Marty était incapable de rester silencieux plus de quelques minutes. Alors qu'elle cherchait constamment une tranquillité qu'elle pourrait acheter à prix d'or, Marty avait sans cesse besoin de bruit ou d'être entouré. Le yin et le yang. Ils étaient si différents qu'ils arrivaient à se compléter. _ Qu’est-ce que tu lis ? De si passionnant pour que ma présence soit ok, mais que tu n’aies rien à me dire. Elle baissa son livre pour finalement reposer ses iris sur lui. Il ne la regardait pas. Ses yeux à lui étaient fixés sur les surfeurs et l'océan qui s'étendait à perte de vue. Elle fronça les sourcils face à sa remarque. Allait-il être jaloux d'un livre ? Etait-ce possible qu'il s'agace qu'elle ne lui porte pas assez d'attention ? _ Tu l’as commencé il y a longtemps ? Il était donc impossible pour Marty de poser une question à la fois. Ou d'attendre la réponse de la précédente pour en poser une autre. Il était certain que si Josephine venait à pénétrer dans le cerveau de Marty, elle s'y noierait probablement. _ Je l'ai commencé toute à l'heure en arrivant. Et elle n'était pas loin de la moitié. Probablement l'aurait-elle terminé avant la fin de la journée. Finalement, elle se redressa et posa son livre sur le sable. Il n'était pas nécessaire de résister. Pas nécessaire d'essayer de contrer le destin. A présent que Marty était là, il n'allait pas la lâcher. Comme une petite sangsue. Mais c'était sa sansgue -- et peut-être un peu celle de Raph, aussi. Outre Raphael, Marty était sa personne préférée. _ C'est mon plaisir coupable. ça s'appelle Captive. ça n'a rien d'intelligent, ça n'a rien de très littéraire. Mais ça casse les codes et ça change les idées. Oui, effectivement. Elle osait à peine l'avouer à voix haute. Elle appréciait, parfois, lire ce genre de livres. Rien ne pouvait égaler les livres qu'ils partageaient. Rien ne pouvait la rendre plus heureuse que Jane Austen, Charles Dickens, Shakespeare ou encore Agatha Christie. Mais ces lectures lui faisaient du bien. C'était le genre de lecture qui ne lui demandait pas d'être celle qu'elle était au quotidien.

_ Je n’avais pas envie de venir. Je les ai suivis ici parce que j’avais pas envie d’être tout seul. Qu’est-ce que tu aimes tant dans cette putain de solitude, moineau ? Elle porta son attention sur le groupe d'hommes à quelques mètres d'eux. Elle voyait Emrys leur jeter des regards. Elle vit d'autres types chahuter. D'autres prenaient leur planche pour défier les vagues. Elle laissa la question en suspens pendant quelques secondes. C'est surtout pour le silence. Elle lui disait cela pour le taquiner, évidemment. Un sourire mesquin vint étirer ses lèvres. Naturellement, sa tête vint se poser sur l'épaule de Marty. D'un geste, elle prit sa cigarette pour finalement l'écraser dans le sable et laisser le mégot de côté -- ils iraient le mettre à la poubelle plus tard. _ ça va te tuer. Et je n'ai pas envie que tu meurs. C'était la supplique d'une gamine. Qu'est-ce qu'elle deviendrait sans Marty dans sa vie ? _ J'aime être seule avec moi-même. Il n'y a personne pour m'emmerder, là-dedans. Elle accompagna ses paroles d'un geste, venant pointer sa boîte crânienne avec son index. _ Je préfère ma propre compagnie que celle des autres humains. Il en était ainsi. C'était comme ça qu'elle se sentait le mieux. Sa main vint se poser sur le genou de Marty, dessinant des symboles invisibles sur celui-ci. _ Mais tu as de la chance, tu fais partie de l'exception, ceux que j'accepte dans ma sphère privée. Dit-elle dans un demi-sourire. Oui, il était l'exception qui confirmait la règle. Il était un des seuls à avoir ce privilège, si cela devait en être un.

 

outfit - _ Je suis d’une honnêteté désarmante, tu peux l’admettre toi aussi. Elle hocha doucement la tête. C'était peu dire. Marty avait toujours été honnête dans ses propos -- sûrement plus que Josephine, à vrai dire. Il ne mâchait pas ses mots, ne gardait pas sa langue de sa bouche. Au contraire de Josephine qui taisait ses propres envies depuis toujours. Depuis longtemps. Si elle avait eu le franc parlé de Marty, elle n'aurait probablement jamais dis oui à Archibald. Si elle avait été aussi honnête que lui, elle ne se serait pas dirigé sur cette voie là à l'université. Elle aurait fait ce qui lui plaisait. Elle serait devenue traductrice littéraire. Mais Jo en était loin. _ Il paraît que la vérité sort de la bouche des enfants. Un rire léger sortit d'entre ses lippes. Bien sûr, elle le taquinait. Mais cette légèreté dans leur ton était plus agréable que la dispute qui se profilait entre eux il y a encore quelques minutes. Il en avait toujours été ainsi, entre Marty et Jo. Un courant électrique qui faisait parfois un peu trop d'étincelles. Une relation en dent de scie. Il lui était impossible de se détacher de lui. Impossible de lui faire la tronche plus de quelques heures. Ils étaient différents, Marty et Jo. Mais tellement complémentaires.  

La conversation dériva finalement vers la lecture de Josephine. Sa tranquillité avait été de courte durée. Mais elle était incapable de refuser à Marty un moment à deux. Un instant entre eux. Elle referma le livre et le posa sur le sable avant de se redresser. _ Je ne connais pas. Et, ça parle de quoi ? J’aimerais ? Tu me lirais un chapitre ? Comment il les casse, les codes ? Elle leva les yeux au ciel. Submergée par toutes ces questions. Ce n'était pas le genre de livre qu'elle avait l'habitude de lire. Encore moins le genre de livre qu'ils avaient l'habitude de partager. Les classiques sont ce qui les unissaient le plus. Les livres, les essais, les poèmes et les pièces de théâtre. Il n'était pas rare que Jo et Marty partagent sur un livre récemment lu. Ou même qu'ils lisaient ensemble. Juste tout les deux. Une ligne directrice de leur vie. _ ça parle d'une fille, Ella, qui est ce qu'on appelle une captive. Les chefs de chaque réseau criminel en possède une. Elle vient d'être vendue à un nouveau chef, Ash. Ash déteste les captives. Un jeu dangereux s'installe entre eux, car Asher a l'intention de faire payer Ella, mais elle n'a pas l'intention de se soumettre. Elle s'arrêta quelques secondes pour reprendre son souffle. _ C'est ce qu'on appelle de la dark romance. Dit-elle en haussant les épaules d'un air nonchalant. La tête toujours posée sur l'épaule de Marty, elle caressait doucement son genou de ses doigts fins. Un geste doux et affectueux. Mais totalement innocent à ses yeux. De sa main libre, elle reprit son livre et l'ouvra à une page au hasard.


"_ Fume. Comme ça, tu mourras vite, crachai-je, excédée.
Il haussa les sourcils, visiblement étonné par la pique que je venais de lui lancer. Et il rétorqua :
_ Continue à l’ouvrir comme ça, tu mourras encore plus vite."

Elle leva les yeux pour constater la réaction de Marty. Ce livre là n'était en aucun cas ceux qui traînaient habituellement dans sa bibliothèque. En réalité, elle l'avait emprunté à Rebekah. _ Tu vois ? C'est ... sympa ? Dit-elle. Elle-même sans grande conviction. Elle pouffa légèrement de rire avant de refermer le livre et de le poser à nouveau à côté d'elle.

_ Tu vois, moi j’aime bien être seul, mais il y a toujours quelqu’un pour me faire chier là dedans. Elle leva les yeux vers Marty. Lui qui osait à peine la regarder. Elle, elle détaillait le moindre trait de son visage. Elle apprenait sur le bout des doigts. Elle remarqua la moindre imperfection, le moindre grain de beauté qui n'aurait pas été là lors de leur dernière rencontre. _ ça fait de toi mon exception aussi, en fait.  D’habitude, tu arrives à les faire taire. Elle déglutit difficilement. Elle ne doutait pas de ce capharnaüm qui était présent dans sa tête. Elle le connaissait, Marty. Ils s'apaisaient mutuellement. Sans un mot. Juste avec leur présence. _ Mais pas aujourd'hui ? Lui demanda-t-elle ? Comment pouvait-il ne pas en être autrement ? Son coeur se serra doucement dans sa poitrine lorsqu'elle imagina ne plus être son havre de paix. Lui l'était toujours, pourtant. Mais quel changement y avait-il eu pour que Marty reste hanté par ses démons même lorsque Josephine était à ses côtés ? Elle ôta sa tête de l'épaule de Marty. _ Très bien, alors, si ma simple présence ne suffit pas à faire taire tes démons... Elle se leva soudainement. Quittant le sable chaud, son regard se dirigeant vers l'océan. _ Le premier à la bouée gagne une glace tout frais payer par l'autre. Dit-elle alors qu'elle avait déjà ôté ses lunettes de soleil pour les poser sur le livre. Et sans plus attendre, elle se mit à courir vers les vagues. L'eau n'était plus très chaude en cette saison. Mais peu importe, elle l'avait décidé ainsi.