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Il ne travaillait pas ce matin. En principe, c’était le moment idéal pour traîner au lit et essayer de se détendre un peu. Mais il devait bien admettre qu’en ce moment, se détendre était loin d’être une chose évidente. Il avait, au contraire, tendance à devenir fou quand il restait trop longtemps à l’appartement. Parce qu’il pensait à Gisela et à Adrian, qui n’étaient pas très loin de lui. Même s’il était dans sa chambre et que - logiquement - personne ne pouvait se pointer dans sa chambre sans frapper avant, il n’arrêtait pas de penser à eux. Il fallait qu’il arrête, qu’il aille de l’avant au lieu de se morfondre sur cette histoire, qui, dans le fond, n’en était même pas une. Gisela avait été assez claire sur le sujet, il n’avait été qu’un plan cul à ses yeux, alors autant arrêter de déprimer là-dessus, ça n’en valait pas la peine. Il fallait aussi qu’il se mette dans le crâne, qu’elle n’avait été qu’une sex-friend, que maintenant c’était terminé et que ce n’était pas si grave que ça. Plus facile à dire qu’à faire. Au delà de ça, il pensait aussi au bébé et à la fausse couche. C’était tragique, même si elle n’avait pas prévu de garder l’enfant et l’idée que ce soit potentiellement lui le père ne torturait encore plus qu’auparavant.

Ne pas y penser. C’était ce qu’il essayait de faire le brun. Depuis le fond de son lit, il s’occupait l’esprit en faisant le tour des réseaux sociaux, mais globalement, ça n’aidait pas beaucoup. Finalement, il avait fini par quitter son lit, de toute façon, qu’est-ce qu’il pouvait faire d’autre ? Il n’arrivait pas à se détendre comme il le voudrait, alors autant abdiquer, une bonne fois pour toute. Il avait poussé la porte de sa chambre pour constater que l’appartement était encore plongé dans le noir. Soit il était le premier levé, soit les autres étaient partis au travail sans ouvrir les volets. Peu importait. Il se dirigea vers la salle de bain, prit rapidement une douche avant d’enfiler des vêtements et d’aller ouvrir ses fameux volets. Il se fit couler un café, avant d’aller se poser dans le canapé, allumant la télé, volume très bas pour ne réveiller personne. Quelques minutes plus tard, il entendit la voix de Sehun le saluer. « Hey. » Il répondit alors que son colocataire s’éloignait vers la salle de bain. Quelques minutes plus tard, ce dernier revint, pour se poser dans l’un des fauteuils. « Euh, oui. » Il répondit à son ami, un peu surpris par la question. Qu’est-ce qu’il avait à lui demander ? A propos de Juni, évidemment. Il ne fut pas surpris par cette révélation, Eliseo. Ces deux-là finiront ensemble, il en était certain. « Tiens donc, à propos de Juni. » Il répliqua, il sourire en coin sur les lèvres, avant d’écouter lesdites questions. « Il est cinéphile oui, manquerait plus qu’il me laisse réciter tout seul toutes les répliques du seigneur des anneaux. » Il répliqua dans un léger rire. Le seigneur des anneaux, un classique clairement et puisqu’ils faisaient du jeu de rôle dans un univers similaire, parfois, la saga faisait des apparitions dans leurs jeux. « Et oui, il surfe un peu, j’arrive à le traîner avec moi, de temps en temps. » Il haussa les épaules. Les journées surf étaient quand même plus rares que les journées jeux, quand ils étaient tous les deux. « Tu devrais l’inviter à aller voir un film. Petite sortie au ciné, avec un restau avant, ça lui plairait. » Il haussa les épaules, voilà qu’il allait jouer les entremetteurs entre ces deux-là. Pourtant, ce n’était pas son point fort, les histoires d’amour, la preuve, lui il était en galère, depuis sa rupture - ou ce qui y ressemblait, comme ils n’avaient jamais été ensemble - avec Gisela.

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Il n’était pas un spécialiste de l’amour, Eliseo, loin de là. Il suffisait de voir à quel point il s’était fourvoyé dans son histoire avec Gisela, pour comprendre qu’il était la dernière personne au monde vers qui se tourner quand il était question d’amour. Pourtant, il n’était pas né de la dernière pluie le brun. Il avait bien compris qu’il y avait quelque chose qui se tramait entre Juni et Sehun. Ils avaient l’air de bien s’entendre tous les deux. Malgré son côté très nul en amour, il se disait qu’ils feraient un beau couple. Ce n’était pas parce que lui, il était à la ramasse et s’était épris d’une fille qui ne voulait pas de lui, parce qu’elle avait déjà un copain, qu’il ne souhaitait pas aux autres de trouver l’amour, au contraire. Il les voyait bien ensemble, tous les deux. Encore faudrait-il qu’ils osent se parler directement, ce qui ne semblait pas gagné, à première vue. Mais, il ne fut pas surpris, Elio, en constatant, de bon matin, que Sehun voulait lui parler de Juni. Il était bien tenté de lui dire que le mieux, c’était d’aller voir Juni pour lui poser directement les questions qu’il avait en tête. Mais s’il pouvait aider un peu, autant le faire.

Avec un peu de chance, il pourrait donner quelques informations utiles à Sehun, pour qu’il se décide enfin à inviter Juni quelque part. Il connaissait Juni depuis des années, alors il savait bien que ce dernier n’était pas difficile. Pas la peine de lui dérouler le tapis rouge et de l’emmener dîner dans un restaurant gastronomique hors de prix. Pas besoin de se prendre la tête. Mais il se doutait bien que c’était plus facile à dire qu’à faire. « Non, t’es carrément pas subtil. » Il répondit en ricanant. Tellement pas subtil qu’il se demandait comment c’était possible que Juni lui-même n’ait rien remarqué. « Je suis certain qu’il dirait oui. » Et s’il osait refuser, il irait lui râler dessus, parce qu’ils seraient vraiment parfaits ensemble tous les deux. « Hm, tu sais ce qu’on dit, les sentiments, ça rend idiot et ça donne l’impression d’être de nouveau un adolescent paumé. » Il avait l’impression qu’on se retrouvait toujours un peu bête, quand on se rendait compte qu’une personne nous plaisait. Bête au moins de faire des conneries, dans son cas à lui. Lui, ça l’avait poussé à accepter cette relation avec Gisela en sachant très bien qu’elle avait un copain. Il avait cru qu’il allait pouvoir lutter contre les sentiments, mais ça n’avait pas été le cas et maintenant, il s’en mordait les doigts. « T’es un peu pathétique, oui, mais on l’est tous, t’en fais pas. » Il répondit, sourire aux lèvres, en haussant les épaules. Ouais tout le monde passait par là ou presque. Il devait bien y avoir des personnes que les sentiments rendaient moins idiots, des gens qu’il admirait, Eliseo. « Moi, ça va. » Ça pourrait être pire en tout cas. C’était ce qu’il se disait, pour essayer de relativiser. Son histoire avec Gisela lui avait fait beaucoup de mal, mais il essayait de faire attention à lui maintenant. « Tant que je tombe pas sur tu-sais-qui, j’arrive à m’en sortir. » Et il ne parlait évidemment pas de Lord Voldemort, parce qu’il préférait encore se retrouver nez-à-nez avec Voldemort. Difficile, parce qu’en plus de ne pas avoir de nez, il n’existait pas. Gisela et Adrian, c’était une autre histoire. Eux deux, ils étaient un peu trop réels, un peu trop présents dans sa vie. Ils étaient ses colocataires, alors ils vivaient sous le même toit. Pas facile de les éviter, mais il faisait tout pour, Eliseo et jusqu’à présent, ça fonctionnait assez bien.

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Sehun et Juni, ils feraient un beau couple, d’après Eliseo. Il n’était probablement pas le type le mieux placé pour parler amour et couple, mais il avait quand même l’impression que le courant passait bien entre ces deux là. Juni était son meilleur ami, Sehun son colocataire et un ami précieux à ses yeux, alors il serait vraiment content pour eux, s’ils parvenaient à trouver le bonheur ensemble. Ils le méritaient tous les deux. Ce n’était pas parce que lui, ces derniers temps, il se disait que l’amour c’était la pire chose au monde et qu’il était bien mieux sans qu’il ne souhaitait pas aux autres de le trouver. « Mais oui, faut te lancer. » Il répondit, sourire aux lèvres. De toute façon, tant qu’on ne se lançait pas, on ne pouvait être sûr de rien. Mais franchement, si Juni refusait - ce dont il doutait - il lui en toucherait quelques mots, parce que ce serait clairement la plus grosse connerie de sa vie. L’amour rendait idiot, c’était un fait, une vérité qu’il ne pouvait clairement pas nier, Eliseo. Lui qui avait commis l’erreur de croire que Gisela et lui pourraient être quelque chose, alors même qu’elle était en couple avec un autre. Il répondit par un simple soupir à la remarque de Sehun. L’amour rendait idiot et il en avait fait les frais, lui.

« Mais y a pas de quoi. » Il répondit dans un léger rire en se frottant l’épaule, comme s’il lui avait fait mal, ce qui n’était évidemment pas le cas. Il aurait quand même préféré ne pas avoir à parler de ses histoires d’amour à lui. En ce moment, c’était loin d’être évident. Son histoire avec Gisela s’était terminée au moment où Adrian avait débarqué dans la colocation. Une histoire qui n’en était pas vraiment une. La brune lui avait bien fait comprendre que pour elle, ça n’avait été que du sexe, un divertissement et qu’il ne comptait pas à ses yeux. Ça lui avait fait mal. Ça lui faisait mal au quotidien de la voir avec Adrian. Alors, il préférait rester dans son coin, Eliseo et faire en sorte de ne pas les croiser. Ce qui marchait plutôt bien pour l’instant. « Ouais, c’est déjà ça et puis mes collègues sont ravis que je prenne tous les services nocturnes. » Il en rigola, le brun. Personne n’avait envie de rester à l’hôpital le soir, et encore moins la nuit. Sauf lui, de toute évidence. Lui ça l’arrangeait, parce qu’il rentrait à l’appartement quand tout le monde partait au travail. « Ouais, vu l’odeur, je suis pas certain que ce soit si healthy que ça. » Il leva les yeux au ciel, naturellement exaspéré par tout ce que faisait Adrian. Il ne faisait pas d’efforts Eliseo, n’essayait pas d’apprendre à le connaître, il ne faisait que le juger, ce qui n’était pas très sympa dans le fond. Adrian n’avait techniquement rien fait, au contraire, il était celui qui avait été cocu dans toute cette histoire. Mais c’était plus fort que lui, Eliseo n’arrivait vraiment pas à l’apprécier. Il laissa échapper un léger soupir suite aux remarques de son ami. « J’en sais rien, j’ai juste espoir que ce que je ressens maintenant, finisse par disparaître. » C’était ce qui était censé arriver après tout non ? Le temps devait guérir les blessures. Il allait finir par tourner la page et il ne ressentirait plus le besoin de les éviter comme la peste. « Ou peut-être qu’ils vont finir par aller s’installer quelque part en amoureux et que je serais plus obligé de supporter leur présence. » Ce n’était que des hypothèses qu’il faisait Eliseo, parce que la vérité, c’était qu’il ne savait vraiment pas comment les choses allaient évoluer, mais il savait qu’il ne pourrait pas continuer comme ça éternellement. « T’en fais pas, ça ira. » Il conclut en haussant les épaules. Pas le choix, de toute façon, il fallait que ça aille.

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Il serait vraiment content, Elio, s’il se passait quelque chose entre Sehun et Juni. Il était certain qu’ils feraient un beau couple tous les deux. Et puis, si ça fonctionnait entre eux, peut-être que ça lui redonnerait un peu foi en l’amour, parce que ces derniers temps, le concernant, il n’y croyait plus trop. Il était encore blessé par son histoire avec Gisela, se sentait idiot de s’être attaché à elle, alors que de son côté, elle avait parfaitement bien respecté le deal qu’il y avait eu entre eux. Oui, ils avaient dit dès le départ qu’entre eux, ce ne serait qu’une histoire de sexe et rien de plus. Un bon moyen de se divertir, mais qu’il était hors de question qu’ils s’attachent l’un à l’autre, parce que, de toute façon, le cœur de la brune était déjà pris. Il se sentait idiot, Eliseo de s’être attaché à elle, d’être tombé amoureux et même, d’avoir cru à un moment que ça pouvait être réciproque. Dans le fond, il ne pouvait s’en vouloir qu’à lui-même, parce que c'était lui qui s'était fait des films. C’était lui qui était tombé amoureux et n’avait ainsi, pas respecté le marché qu’il y avait eu entre eux. Et il s’en voulait, c’était un fait, mais impossible de ne s’en vouloir qu’à lui-même.

Non, il en voulait aussi à Gisela, parce qu’il avait l’impression de n’avoir été qu’un objet pour elle. Un truc qu’elle avait pu jeter dès lors qu’elle n’en avait plus besoin. Il en voulait aussi à Adrian, de s’être pointé comme une fleur dans cet appartement. Il en voulait à Gisela de le laisser rester avec elle, ici, alors même que lui, était dans cet appartement. C’était cruel de sa part de lui imposer la présence de son petit-ami, comme si de rien n’était. Il leur en voulait à tous les deux, d’exprimer leur amour dans cet appartement, comme s’il avait besoin d’être témoin de ça. Il était rassuré de constater que Sehun n’était pas non plus un grand fan d’Adrian. « C’est clair. » Il répliqua dans un léger soupir. « Non, mais de quoi il se mêle en plus ? On mange bien ce qu’on a envie de manger, qu’est-ce que ça peut lui faire ? » Par principe, toutes les remarques qui venaient d’Adrian étaient insupportables. « On lui demandera son avis quand il sera devenu nutritionniste, en attendant, il a qu’à s’occuper de son cul. » Monsieur healthy était tout simplement insupportable. Eliseo, il estimait qu’il pouvait manger une bonne pizza bien grasse sans avoir besoin de culpabiliser à cause de ce clown. Il ferait une crise cardiaque, si jamais il devait assister aux soirées jeu de rôle qu’il se faisait avec Juni et la bande, parce que clairement, les calories coulaient à flots. Y avait rien à faire, Eliseo, il détestait ce type. Y avait un peu de jalousie là-dedans (beaucoup même), mais il n’arrivait pas à lutter. « Bah, il essaie de se faire une place parmi nous, du coup il en fait des caisses. » Il répliqua, dans un soupir exaspéré. Rien n’allait avec ce type, vraiment. Ou peut-être que c’était lui qui exagérait. Il lâcha un léger rire suite à la proposition de Sehun. « On va éviter quand même, on vaut mieux que ça. » Casser des gueules, ce n’était pas une solution. Cela dit, lui depuis le temps qu’il faisait de la boxe, il se disait qu’il était plutôt bon dans le domaine ; il serait ravi d’avoir Adrian en face de lui sur le ring. « Tatoue lui une bite, ça lui ira bien. » Il lâcha en ricanant. Ce serait pas cool comme tatouage, mais en même temps, ce serait drôle. « J’ai pas envie de lui parler. Qu’est-ce que ça va changer de toute façon ? Au mieux elle s’excuse, au pire, elle me dit que j’peux m’en vouloir qu’à moi-même, j’ai toujours su qu’elle avait un mec. Et l'un ou l'autre, ça changera pas ma vie. » Des excuses, ça ne changerait pas grand-chose à sa vie. Et pour le fait qu’il savait qu’elle avait un mec, c’était vrai, il en avait conscience, alors ça ne changerait rien. Dans le fond, il se disait que Gisela et lui, ils n’avaient plus rien à se dire.