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Tw : Troubles alimentaires.

o u t f i t · Elle est impatiente de quitter l’agence immobilière, Disha. Sa patronne lui donne plus de boulot qu’elle ne peut en gérer, comme d’habitude. Une pression constante repose sur ses frêles épaules depuis des heures, stress qu’elle a bien du mal à gérer et à canaliser. La fatigue est lancinante jusque dans la moindre parcelle de son corps ; ses yeux sont cernés, ses joues sont creusées. Depuis l’agression qu’elle a subi deux semaines auparavant, la jeune femme a visiblement maigri et la lueur pétillante dans ses yeux s’est presque éteinte. Évidemment sa supérieure ne remarque rien de spécial, à part que son employée est souvent distraite, peu attentive ; elle lui confie alors des tâches moins importantes, mais tout aussi quantitatives, non sans râler qu’on lui ait collé un boulet pareil dans les pattes. La Weaver ne supporte pas cette sensation, celle de n’être rien d’autre qu’un poids aux yeux des autres, ce qui accentue davantage son mal être général et cette envie de se punir encore un peu plus pour ne pas être à la hauteur des attentes de ceux qui l’entourent, pour ne pas être à la hauteur de ses propres attentes.

Elle envoie quelques textos à sa meilleure amie pendant sa pause, des échanges en apparence banale mais qui dissimulent pourtant une triste vérité ; Disha ne va pas bien et a besoin d’être entourée. Elle ne veut pas passer un autre weekend de plus seule, à envier sa colocataire qui passe du temps avec sa copine, tandis qu'elle, est assise dans son canapé à broyer du noir ; pourtant elle a bien du mal à demander de l’aide, à avouer qu’elle ne s’en sortira pas seule. C’est toujours comme ça avec la jolie brune ; la fierté et l'orgueil prennent le pas sur le reste. C’est comme ça qu’elle s’est retrouvée à jouer les strip-teaseuses pour payer son crédit étudiant plutôt que d’aller voir sa tante pour lui parler de ses difficultés financières. C’est comme ça qu’elle s’est retrouvée à pleurer pendant des heures sous la douche plus d’une fois, recroquevillée contre le carrelage froid de la petite cabine, plutôt que de dire ce qui n’allait pas à l’un de ses proches. Elle croit toujours pouvoir s’en sortir seule, jusqu’au moment où la situation finit par être tellement catastrophique qu’elle éclate aux yeux du reste du monde.

Les deux colocataires se donnent rendez-vous au centre commercial aux alentours de 13h30 et lorsque Disha termine son travail, elle s’empresse donc de rejoindre son amie le plus rapidement possible. Une angoisse lui tord l’estomac tandis qu’elle tient fermement le volant de sa voiture ; Holly lui a parlé d’aller manger un bout avant de faire les magasins. Mais la jeune femme n’a aucune envie d’avaler quelque chose. A dire vrai, c'est à peine si elle ingère un quelconque aliment depuis des jours et le peu de fois où elle l’a fait, la jeune femme s’est retrouvée à se forcer à vomir dans les toilettes ; elle imagine déjà des tactiques pour éviter de manger, prétexter avoir mal au ventre ou cacher de la nourriture dans une serviette lorsque Holly aura le dos tourné.

Une fois sur place, Disha gare rapidement son véhicule puis se rend jusqu’au point de rencontre. A quelques mètres de là se dresse leur crêperie favorite mais c’est à peine si la jeune femme y accorde un regard aujourd’hui, la douce odeur de sucre n’arrivant pas à la faire saliver ni à retenir son attention comme à l’accoutumée. Au lieu de ça, elle scrolle ses réseaux sociaux pour patienter ; quelques minutes s'écoulent avant de finalement voir son alter-ego débarquer. La Weaver la prend furtivement dans ses bras puis lui sourit en s’éloignant un peu. “Ça va ?” Elle la regarde de haut en bas puis ajoute quelques instants plus tard. “Tu es trop jolie comme ça !” Elle attrape ensuite sa main et les fait se déplacer de quelques pas. “Bon tu es prête pour les essayages ? J’ai déjà plein d’idées de magasins où on pourrait aller !” Dit-elle ensuite, espérant que son enthousiasme fera oublier à son amie qu’elles étaient d’abord censées s’arrêter pour ingurgiter un repas.

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Tw : Troubles alimentaires.

o u t f i t · Lorsqu’elle voit son amie arriver, Disha sent un léger poids s’ôter de ses épaules. La boule au creux de son ventre est toujours là, mais Holly est sa meilleure amie et sa présence a toujours quelque chose de réconfortant pour elle. Les jeunes femmes s'enlacent puis la jolie blonde lui dit qu’elle va bien, avant de lui retourner la question. “Mhh, mhh.” Se contente de répondre la concernée, avant de chercher à détourner l'attention de la Redfield en lui parlant des futurs essayages. Mais cette dernière ne se laisse pas berner et rappelle à belle brune qu’elle est affamée, demandant par ailleurs à la Weaver si ça n’est toujours pas le cas pour elle, ajoutant qu’elle n’a pas l’air très en forme. “Non, j’ai un peu mal au ventre… C’est peut-être mes règles qui vont bientôt arriver.” Ment-elle alors, d’une intonation plutôt convaincante.

Les deux amies se dirigent donc vers une table en terrasse de l'un de leurs restaurants favoris. Leurs crêpes et leurs milkshakes sont excellents ; dommage que la Weaver ne ressente que du dégoût à l’idée de devoir avaler quelque chose de sucré. Elle s’assoit en face de sa compère et l’écoute lui poser une autre question. “Je te l’ai dit par messages, ça se passe bien. Ma patronne est stricte avec moi parfois, mais elle est super réputée alors ça en vaut la peine. Ça fera toujours bien sur mon CV d’avoir bossé avec elle.” Dit-elle d’un ton presque un peu agacé et sur la défensive. “Et à l’Afterlife, ça se passe comment ?” Enchaîne-t-elle directement en souriant faiblement, croisant ses doigts sur le mobilier qui les sépare avant de finalement attraper la carte des menus trônant à proximité. Elle fait semblant de lire pour avoir l'air moins suspecte, puis un serveur les rejoint peu de temps après, leur demandant ce qu’elles souhaitent commander à manger et à boire. “Je vais juste prendre un verre d’eau s'il-vous-plaît.” Elle referme le catalogue des plats et pose ensuite son regard dans celui de sa meilleure amie. “Et toi ?”

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Tw : Troubles alimentaires.

o u t f i t · Mentir à sa meilleure amie n’est pas l’idée du siècle ; car en plus de s’inquiéter, Holly demande à la concernée si celle-ci se sent vraiment d’attaque pour leur après-midi shopping. “Oui, oui, t’inquiète.” Répond alors Disha d’un air plus ou moins convainquant et un poil agacé. Bien heureusement pour elle, l’autre jeune femme n’insiste pas davantage et une fois bien installées à leur tablée, la conversation se poursuit sur un tout autre sujet.

Les deux colocataires ne font que de se croiser ces derniers temps, aussi elles n’ont pas vraiment l’occasion de se poser pour discuter sérieusement du boulot ou de leurs projets futurs, par exemple. La Redfield n’a pas l’air d’apprécier que son amie se retrouve avec une patronne qui lui mène la vie dure, même si la réputation de cette dernière n’est plus à faire ; car comme elle le dit si bien, la popularité ne fait pas tout. “Je sais bien… Peut-être que je vais chercher autre part, je verrai.” Répond donc l’assistante en immobilier, se contentant de hausser les épaules de manière un peu las. C’est ensuite à son homologue de se confesser à propos de l’ambiance sur son lieu de travail, moins “fun” depuis que Disha a quitté l’Afterlife quelques mois plus tôt. Un sourire touché s’esquisse sur les lèvres de l’intéressée, tandis qu’elle l’écoute attentivement poursuivre, jusqu’à évoquer son envie de voir d’autres horizons. “Tu voudrais faire quoi ? Reprendre tes études ?” Demande la Weaver d’une voix impliquée. “Si c’est ce que tu veux en tout cas, alors fonce. Ne laisse rien ni personne t'en empêcher.” Acquiesce-t-elle avant de récupérer l’une des deux cartes de menu.

Le serveur finit par accoster les deux amies ; Disha demande un verre d’eau, regard légèrement fuyant en direction de son homologue tandis que cette dernière se fait plaisir de son côté. D’ordinaire la jolie brune aurait fait de même mais comme depuis plusieurs semaines maintenant, l’appétit n’y est plus du tout. Holly revient d’ailleurs à la charge à ce propos lorsque l’homme prenant les commandes se retire à plusieurs mètres d’elles. “Je t’ai dit, non, Holly. C’est pas parce que je prends pas une crêpe ou un milkshake pour cette fois, que je vais mourir de faim.” Sans qu’elle ne le veuille, sa voix s’est considérablement haussée et ses yeux se font plus durs à l’égard de son interlocutrice. L’assistante en immobilier regrette immédiatement son emportement et se radoucit dans la seconde, passant ses doigts dans ses cheveux, l’air soudainement plus penaud. “Désolé, je voulais pas m’énerver, j’suis à cran.”

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Tw : Troubles alimentaires, mention d'une agression sexuelle.

o u t f i t · Holly remarque bien que quelque chose ne va pas, que tout n’est pas comme d’habitude chez son interlocutrice ; c’est comme si la flamme qui l'animait jusqu’alors s’était éteinte, la Weaver se contentant de s’exprimer à travers quelques mots sans grande conviction, ou de simplement hausser les épaules. Son rôle de meilleure amie refait momentanément surface lorsque la petite blonde lui confie vouloir changer d’horizon, sans vraiment savoir dans quoi se lancer. Elle conclue en avouant avoir peur de ne pas y arriver et les sourcils de l’autre jeune femme se fléchissent de compassion à cette dernière déclaration. “Je ne peux pas prédire l’avenir mais quoi que tu fasses, que tu réussisses ou que tu échoues, il y a plein de gens qui seront là autour de toi pour te soutenir et t’encourager. Tu ne seras pas seule là dedans, ça j’peux te le promettre.” Lui dit-elle en posant doucement sa main sur la sienne tout en souriant faiblement, avant de retirer ses doigts quelques instants plus tard.

L’ambiance se dégrade cependant légèrement lorsque la jolie brune s’emporte tout à coup face à l’insistance de sa colocataire ; heureusement cette dernière ne semble pas s’en formaliser. Elle s’inquiète cependant, évoquant le fait que Disha n’a pas l’air d’aller bien. Les derniers mots de la Redfield terminent de convaincre leur destinataire, dont les larmes se mettent immédiatement à couler par torrent comme si la jeune femme les avait retenu tout ce temps. "Je sens encore son… son souffle dans mon cou, parfois…" Commence-t-elle à dire, les paupières closes, ses sourcils se fronçant. "Et j'ai beau tout faire, dès que je ferme les yeux le soir, je revis le moment où sa main a remonté le long de ma cuisse…" Elle déglutit difficilement, retenant un sanglot coincé dans sa gorge. "C'était un client de l’agence… il a, il a cru que je le draguais, devant sa femme. Il a cru que je lui envoyais des signaux. Alors dès qu'on a été seul tous les deux, il m'a coincé dans un coin et…” Elle se coupe dans son récit, plaquant ses mains sur son visage rougie. “Heureusement, son épouse est revenue vite, mais il m’a fait porter le chapeau… Elle m’a insulté et ils sont partis…” Ses pupilles perdues dans le vide, elle reprend la parole la seconde suivante. "Je supporte plus les regards qu'ils posent sur moi. Ils pensent tous à me baiser, j'suis rien à leurs yeux si ce n'est un bout de viande… Juste parce que je m'habille de manière féminine, juste parce qu'ils aiment ce qu'ils voient, ils croient que ça leur est destiné, ils croient qu'ils ont tous les droits." Doucement, elle réhausse le regard pour le planter dans celui de sa meilleure amie ; le haut de son corps s’affaisse comme si elle était presque résignée. "J'ai l'impression de plus avoir le contrôle de rien…" Ajoute–t-elle dans un souffle. Et qu'y a-t-il de pire que cette sensation que tout nous échappe sans qu’on ne puisse rien faire ? Disha a beau faire comme si elle maîtrisait tous les aspects de sa vie, par sa force de caractère, par son côté bornée et travailleuse, la réalité est pourtant bien loin des apparences. "Est-ce que tu crois que c'est moi qui renvoies une mauvaise image aux hommes ? Est-ce que tu crois… que c'est de ma faute ?"

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Tw : Troubles alimentaires, mention d'une agression sexuelle.

o u t f i t · Le visage de sa meilleure amie se décompose sous ses yeux ; Disha n’attendait pas une autre réaction de sa part, mais en quelque sorte, son embarras s’intensifie. La petite blonde lui dit que ça n’est pas de sa faute, que la Weaver n’est pas responsable du comportement de ces hommes, de la manière dont ils agissent. De nouvelles larmes coulent sur les joues de la concernée et ses traits se déforment, mélange de tristesse et de colère envers le monde entier ; et envers cette vie qui ne lui fait pas de cadeaux. “Alors pourquoi je me sens aussi coupable, Holly ?” S’emporte-t-elle, la voix enrouée d’un sanglot qu’elle tente de réprimer. “Pourquoi c’est moi qui suis dans cet état et pas lui ?” Sa question brise les airs, quelques visages se tournent vers les deux jeunes femmes ; la tête de Disha s’enfonce dans ses épaules frêles et elle n’ose pas croiser leurs regards curieux et interrogateurs.

Entre-temps, le serveur revient avec leur commande et voyant l’état dans lequel se trouve la grande brune, ne s’attarde pas outre-mesure. L’assistante immobilier attend qu’il s’en aille pour balayer les larmes sur ses joues, puis renifle bruyamment tandis que son interlocutrice lui demande si elle en a parlé à sa patronne. “Je lui ai menti… Je lui ai rien dit… Elle a senti qu’il s’était passé quelque chose mais j’ai pas voulu lui dire… Je me sentais honteuse, bête d’avoir cru que je pourrais conclure cette vente toute seule.” Explique-t-elle, n’osant qu’à peine relever la tête. “C’était la première fois qu’elle plaçait sa confiance en moi et voilà ce qu’il s’est passé.” Sa voix n’est presque plus qu’un murmure à la fin de sa phrase, sentiment de vulnérabilité se frayant un chemin dans l’intégralité de son corps.

La Redfield reprend ensuite la parole afin de s’excuser de ne pas avoir été présente pour son amie. L’intéressée redresse enfin les yeux pour les ancrer dans ceux de l’autre femme, sourcils toujours fléchis, lèvres tremblantes. “C’est pas de ta faute Hol’, t’as le droit d’avoir une vie, toi aussi. C’est moi qui ai rien dit à personne, tu pouvais pas deviner…” Ses épaules s’affaissent même si elles restent toujours crispées, la tension dans ses muscles devenant trop accablante ; Holly passe un bras autour d’elle pour la réconforter et la Weaver se laisse faire. Puis vient une autre question. Depuis quand garde-t-elle tout ça à l'intérieur ? “Deux semaines, environ…” Deux semaines avec cette sensation oppressante de vivre dans un tunnel sombre sans issue, sans lumière au bout pour la guider. “J’ai l’impression que le monde tourne au ralenti, depuis. Que plus rien n’a de couleurs, ni de saveur. J’me sens comme, à l’extérieur de mon corps… Pourtant c’est pas la première fois qu’un truc comme ça m’arrive, mais je sais pas… C’est comme si c’était la fois de trop, comme si cette fois, j’avais pris conscience que ça risque d’être ça, ma vie. Me faire agresser et revendiquer par des hommes répugnants…” Elle se remet à pleurer de plus belle. “J’ai plus envie de rien, je voudrais juste… devenir invisible à leurs yeux…”

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o u t f i t · De quoi se sent-elle coupable ? De tout, d’absolument tout ; même de choses qui ne sont pas de son ressort. Elle a l’impression d’avoir provoqué ce qui est advenu, de ne pas s’être montrée assez prudente ; d’avoir cru qu’elle pouvait être une grande et se débrouiller seule. Si sa boss avait été là avec elle, rien de tout cela ne serait arrivé. Mais elle a voulu faire la fière, voulu montrer qu’elle était capable de conclure cette vente toute seule. Peut-être n’aurait-elle pas dû sourire à cet homme ? Peut-être aurait-elle dû boutonner son chemisier jusqu’en haut. Peut-être n’aurait-elle pas dû mettre ce pantalon qui épouse ses formes, peut-être aurait-elle dû moins charger son maquillage ? Est-ce là l’image qu’elle renvoie aux hommes ? Holly tente de la rassurer, de lui fait savoir que rien n’est de sa faute ; que si certains hommes se croient tout permis, elle n’est en aucun cas garante de leurs actes et de leurs pensées malsaines.

Disha fronce les sourcils ; difficile pour elle de se raisonner. De grosses larmes continuent à affluer sur ses joues, tandis qu’elle avoue avoir menti à sa patronne. La petite blonde lui demande si c’est parce qu’elle avait peur de sa réaction et la Weaver acquiesce légèrement, son regard fuyant le sien. Sa meilleure amie lui répond que si la vente n’a pas eu lieu, ça n’est pas à cause de ses compétences, mais simplement parce qu’elle est tombée sur une ordure. “J’aurais pas supporté de lui dire la vérité et qu’elle… et qu’elle ne comprenne pas, tu vois ? Je sais que c’est stupide, mais si j’avais décelé du jugement dans son regard, ou qu’elle m’avait fait un reproche à propos de ça alors que j'ai été honnête, ça aurait pire que tout.” Avoue-t-elle dans un souffle, plongeant timidement son regard dans celui de son homologue.

La grande brune termine dans les bras de l’autre femme, celle-ci s’excusant de ne pas avoir été suffisamment présente ces derniers temps ; l’assistante immobilier se fond dans l'embrassade réconfortante et ne lui en veut évidemment pas, mais son interlocutrice insiste sur le fait qu’elle n’aurait pas dû vivre ça toute seule. Holly lui chuchote ensuite qu’elle n’est pas seule, qu’elle ne le sera jamais et les mots tendres qu'elle prononce font pleurer la concernée de plus belle, ne pouvant tarir les larmes qui s’échappent de ses yeux sombres et rougis. Disha se confie sur ses ressentis, sur cette impression qu’elle a de ne plus avoir envie de rien, ni de manger, ni même d’être visible aux yeux des autres. C’est le coup de trop, la goutte d’eau qui fait déborder le vase, en quelque sorte. Holly lui promet que ça ne sera pas comme ça toute sa vie, qu’elle ne laissera pas une telle chose arriver. Et la Weaver a envie de la croire, vraiment. Mais ses idées sont trop embrouillées pour entrevoir une once d’éclaircie au milieu de la grisaille dans son esprit. “Mer-Merci…” Murmure-t-elle contre l’épaule de sa colocataire, sentant les doigts de cette dernière caresser doucement ses cheveux.

Au bout de quelques minutes, elle se détache un peu de l'étreinte et retrouve légèrement son calme, se sentant momentanément vidée de toute énergie. Elle s'essuie les yeux et les joues et renifle, attrapant une serviette pour se moucher. “Est-ce que… tu veux quand même qu’on aille faire les boutiques ? Je comprendrais que ça t’ait coupé l’envie.” Demande-t-elle finalement en se mordant la lèvre. Elle comprendrait que sa meilleure amie ne soit plus trop d’humeur à faire du shopping après ses dernières révélations ; de son côté, Disha voudrait tout simplement oublier l’espace de quelques instants ce qu’elle vient de raconter ; passer quelques heures dans l’insouciance avant de retourner à son état de souffrance.

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Tw : Troubles alimentaires, mention d'une agression sexuelle.

o u t f i t · Holly pose une question logique, légitime même : la patronne de sa meilleure amie aurait-elle pu mal réagir en apprenant que son employée s’est fait agresser par l’un de leur client ? En toute première réponse, Disha commence par hausser des épaules. “J’en sais rien, je peux pas prédire la réaction des autres. Mais ça arrive tellement souvent qu’on s'en prenne aux mauvaises personnes, tu sais.” C’est même tellement courant que ça en devient monnaie courante ; il est tellement facile de croire ce que l’on a envie de croire, plutôt que d’être confronté à la réalité et de devoir remettre en question toutes ses certitudes. Oui, des hommes bien sous tous rapports peuvent se révéler être des prédateurs. Et oui, même la plus sensée des personnes peut parfois avoir de mauvaises réactions. A l’heure actuelle, l’assistance immobilier craint tous ces aspects ; parce qu’elle a été confrontée à la violence des deux à plusieurs reprises dans sa vie. Elle en est arrivée à ce point où se taire reste la seule solution pour ne pas avoir l’impression qu’on l’enfonce un peu plus profondément dans la terre. Mais peut-être que la Weaver finira par en parler à sa boss ; peut-être que les choses finiront par s’arranger. Et si ça n’est pas le cas, si tout se passe encore mal, peut-être que Disha finira-t-elle par prendre son courage à deux mains pour trouver un autre boulot et pouvoir faire table rase sur le passé ; pouvoir repartir sur de bonnes bases dans sa vie et avoir un entourage sain à son travail, pour qu'elle ne craigne plus jamais de s'exprimer.

Mais pour l’instant, ça n’est pas envisageable, pas dans son état actuel en tout cas. Le seul élément dont elle a besoin, la seule idée à laquelle elle peut se raccrocher est celle d’avoir son amie à ses côtés. Holly est son pilier et avoir pu lui parler à coeur ouvert, avoir pu lui confier ses malheurs, ses doutes et ses fêlures l'allège d’un poids. Elle n’est plus seule désormais et si rien ne s’est véritablement arrangé, la perspective d’un avenir plus lumineux ne lui semble plus aussi inatteignable. L’isolement est le pire ennemi de la Weaver à cet instant ; mais ensemble, ensemble tout ne pourra aller que mieux.

C'est dans cette lignée que la Redfield lui confirme être toujours partante pour faire les boutiques, demandant à son tour sir Disha est certaine de s’en sentir capable de son côté. “Oui, bien sûr. Je crois que ça me ferait du bien de… penser à autre chose, de me vider la tête.” Répond l’intéressée en hochant doucement la tête et en reniflant. Un léger silence s’installe ensuite, qu’elle brise en reprenant la parole, sa voix se faisant plus légère. “Tu sais que l’un de mes passe-temps favoris restera toujours de te relooker de la tête aux pieds.” Elle tente d’esquisser un petit sourire malgré toutes ces émotions qui l’ont épuisées et ce brouillard sombre et épais qui continue de l’entourer. “J’ai surtout envie qu’on passe un bon moment toutes les deux, de me concentrer sur… Un peu de positif. Je crois que là, c’est la seule chose qui pourrait me faire envie.” Et sur ces bonnes paroles, les deux femmes ne tardent pas à régler l’addition avant de se diriger vers le cœur du centre commercial. Disha se tient fermement au bras de sa meilleure amie, laissant ses mauvaises pensées sur la chaise qu’elle a quitté un peu plus tôt ; sûrement finiront-elles par la rattraper mais pour le moment, la jeune femme profite, savoure ce moment privilégié ; celui d’être en présence d’une personne qui ne lui veut que du bien et qui, elle le sait, ne lui fera jamais sciemment de mal.