Quand on frappe à la porte, Juliet lâche un soupir, le genre qui exprime tout le ras-le-bol d'une femme enceinte à quelques semaines de l'accouchement, déjà épuisée avant même d’avoir bougé. Elle abandonne son thé refroidi sur le comptoir et traverse son appartement à petits pas lourds. Elle n’attend personne, alors son esprit s’emballe. Encore ces fichus groupes religieux qui viennent prêcher la bonne parole à des heures incongrues ? Ou pire, son ex-mari, qui pourrait être là pour une nouvelle tirade sur la mauvaise mère qu’elle est pour Tobby, leur fils… L’agacement la prend à la gorge alors qu’elle tourne la poignée, prête à mordre. Mais ce n’est pas un colporteur ou un fantôme du passé qui se tient là. C’est Braxton, et sa présence suffit à briser le masque de mauvaise humeur qu’elle était prête à servir au monde entier.

À la place, un doux sourire illuminant son visage. Elle ne le pensait pas capable de débarquer ainsi à l’improviste, mais c’est bien une des choses qu’elle adore chez lui. « Brax ! » Avant qu’elle n’ait le temps de dire autre chose, elle s’approche de lui pour étreinte chaleureuse, déposant un baiser léger sur ses joues. Elle referme la porte en riant doucement, posant une main sur son ventre arrondi. Son sourire se fige lorsqu’il mentionne les travaux de la chambre remplacé par une petite grimace : « Si tu savais… le lit est là, les meubles sont là, tout est là... sauf le courage de m’y mettre. Et Jalen… disons qu’il a d’autres priorités. » Elle soupire en levant les yeux au ciel. « La chambre du bébé n’avance pas. Et je n’ai plus l’énergie. Alors, super Brax, si t’es vraiment là pour me sauver, j’espère que tu sais encore monter un lit d’enfants…» Elle le guide vers la pièce où s’entassent les cartons déballés mais laissés en plan. Plus un chao qu’une chambre de bébé.  « Faut que je commence à prier pour un miracle, n’est-ce pas ? »