@Raven Butler & @Jalen Butler
Les mains moites, le regard se posant sur chaque recoin du couloir de l’aéroport, avec une certaine frénésie, le pied frappant le sol à un rythme peu recommandé, tout le corps et l’attitude de Jalen illustrent cette angoisse qui l’inonde. Les battements de son cœur, saccadés donnaient le tempo à cette journée qui l’attendait. Celle où il retrouvait sa fille. Sa première fille. Celle qui avait volé de ses propres ailes, celle qu’il avait suivi sans jamais véritablement interférer dans sa vie, tout en étant présent lorsqu’elle le demandait. Il lui avait toujours laissé sa liberté, à Raven. La douce Raven. Peut-être un peu trop. Elle était si indépendante Raven. Elle n’avait jamais besoin de lui. Parfois, cela le brisait silencieusement, se rendant compte qu’il n’était plus indispensable à la vie de ce bel oiseau qui ressemblait bien plus à sa mère qu’elle ne pouvait lui ressembler, à lui. Pourtant, on n’avait de cesse de lui répéter le contraire. Surement parce qu’elle avait la même force que lui avait eu à son âge. Tout ceci lui semblait si loin dorénavant. Les mois, les années s’étaient écoulés et une certaine distance s’était créée entre eux. Jalen n’avait cessé de suivre le quotidien de sa fille, au travers de vidéos qu’elle postait sur internet, au grand public. C’était ce à quoi il avait été réduit pendant quelque temps. Le Grand public. Mais il s’en contentait. Parce que c’était le prix à payer pour la laisser vivre la vie qu’elle avait choisi. Bien sûre, elle lui manquait. Un peu plus chaque jour. Bien sûr, un trou béant s’était creusé dans sa poitrine, espérant secrètement retrouver sa petite fille, qui n’en était aujourd’hui plus une. La vie était faite ainsi et Jalen l’avait accepté. Il ne l’avait pas jugé, ni même sermonné de l’avoir tenu à l’écart de cette nouvelle vie. Tout comme, elle, ne l’avait pas jugé d’avoir voulu fuir un instant ses responsabilités pour remettre de l’ordre dans sa vie après son divorce. Pourtant aujourd’hui, après des mois sans se voir, les Butler allaient se retrouver. Billie était officiellement la raison de ce retour. Son échec était flagrant avec la sulfureuse Billie qui s’était finalement retrouvée livrée à elle-même après l’abandon de tous les Butler. L’angoisse s’envole lorsqu’il voit son visage apparaitre devant lui. Elle le cherche des yeux alors qu’ils sont nombreux à attendre à la sortie du couloir de l’aéroport, leur proche. Un sourire salvateur s’affiche sur un visage enjoué à l’idée de la retrouver, laissant de côté tous les problèmes, tous les non-dits et tout ce qui pouvait créer de quelconque ressentiment ou friction entre eux. Lorsqu’elle parvient jusqu’à lui, il la serre immédiatement dans ses bras. Ce contact physique lui paraissait si lointain, se contentait pendant de longs mois de simples textos ou d’appels vidéo. « Ma fille. Je suis content de te voir. » Il la serre si fort dans ses bras qu’il l’entend déjà bougonner, l’implorant de cesser de l’étouffer. Jalen n’en restait pas moins un père. Un père imparfait, mais un père quand même. Lorsqu’il lui rend sa liberté, il ne peut s’empêcher de la regarder, de l’inspecter du regard, ne manquant pas de verbaliser à voix haute ses pensées. « Est-ce que tu mangeais bien là-bas ? Tu as maigri ! Tu veux qu’on aille manger quelque chose ? » Ils se dirigent tous deux vers la sortie de l’aéroport, alors que Jalen ne cesse d’interroger sa fille, à son plus grand désespoir, il en est certain. « Alors ma chérie, comment est-ce que tu vas ? » Il avait envie de rattraper tout ce temps perdu loin de ses enfants, et a fortiori loin de Raven, espérant ne pas se retrouver face au mur qui s’était créé entre eux sans même qu’ils ne s’en rendent véritablement compte.

@Raven Butler & @Jalen Butler
La joie l’inonde. Jalen. De retrouver sa fille. Son trésor. Son premier né. Il est heureux, plus heureux qu’il ne l’a été ces derniers jours, rongé par l’inquiétude de cette nouvelle rechute de Billie vers ces substances qui la brisaient. C’était ce qui l’avait ramené à Brisbane, conscient qu’il était grand temps pour lui de venir en aide à celle qui comptait bien plus sur les siens qu’elle n’aimait l’admettre. Ils étaient ainsi les Butler. Affirmant haut et fort qu’ils n’avaient besoin de l’aide de personne quand la vérité criait le contraire. Raven n’était pas si différente d’eux. Elle leur ressemblait bien plus qu’elle ne voulait le reconnaître. Jalen était d’ailleurs prêt à être cette épaule sur laquelle elle pourrait se reposer car au fond, il avait vu à la seconde où il avait croisé son regard, que quelque chose la tracassait. Il avait mis cela sur le compte de l’inquiétude portée à sa jeune sœur, mais s’était juré de creuser un peu plus, en temps voulu. Pour l’heure, il laissait la joie des retrouvailles le guider. Il avait suivi sa fille dans ses voyages et ses nouvelles activités à travers les réseaux sociaux, qu’il bénissait pour lui avoir permis de veiller d’une certaine manière sur elle, de loin. De ne pas couper complètement ce contact qu’il avait avec elle. Mais la redécouvrir, en chair et en os, lui faisait un bien fou. « Papa. » Les mois, les années qui s’étaient écoulés et qui avaient de toute évidence créé une certaine distance entre eux semblait s’être envolée, à cet instant suspendu par des accolades bercées d’émotions. Surtout pour Jalen qui n’avait eu de cesse d’imaginer son retour. Raven portait bien son nom. Joli oiseau sauvage, elle avait pris rapidement sa liberté et volait de ses propres ailes. Elle parcourrait son propre chemin sans dépendre de qui que ce soit. Elle était bien différente de Billie à cet égard, qui lui demandait bien plus d’attention. Pour autant, il n’avait pas envie de la laisser de côté, de lui porter moins d’attention. Bien au contraire. Mais il fallait avouer que Raven était bien moins réceptive à cette attention qu’il souhaitait lui donner. Il reconnaissait en elle, sa mère. Belle et sauvage. Indépendante et talentueuse. Cela lui brisait le cœur parfois, de voir à quel point elle pouvait lui ressembler, avant qu’il n’évacue cette pensée de son esprit. Il l’inonde de questions, Jalen. Après tout, cela faisait des années qu’ils ne se s’étaient plus vus. Ils avaient tant à rattraper. « Fatiguée du voyage mais je vais bien. Et toi ? » Jalen affiche un sourire, l’espérant sincère sur le fait même aller bien. Il note tout de même cette attitude qu’elle a. Elle regarde autour d’elle, armée de cette inquiétude dans son regard qui intrigue son paternel. Il ne veut pas la brusquer, alors il se contente de passer son bras autour de ses épaules, pour la rassurer, d’une certaine manière et lui signifier sa présence. « Ça va oui. » Jalen ne s’étalait jamais sur ce qu’il pouvait ressentir devant ses filles. Il ne leur montrait pas qu’il mourrait d’inquiétude en permanence pour elles, quand bien même parfois, cela transparaissait malgré lui. Il ne leur livrait jamais ses états d’âme et ne se montrait jamais vulnérable. Il était censé être le pilier de cette famille. Celui sur lequel on peut compter. Alors, officiellement, il allait toujours bien. Sur ce point peut-être qu’ils se ressemblaient. Raven et Jalen. Très certaianement. « Je n'ai pas très faim mais ça viendra peut-être en mangeant ! Je te fais confiance sur le menu. » Il secoue la tête, peu convaincu par ce qu’elle avançait. Voilà que l’inquiétude recommençait. La faim était synonyme de bonne santé pour tout parent… Ils se dirigent vers l’extérieur, pour rejoindre la voiture du père de famille. « Je suis contente de te voir aussi, tu m'as manqué. » Cet aveu inonde son cœur de père d’une émotion certaine qu’il ne traduit que par un sourire avant de poser son regard sur elle. « Tu nous as manqué aussi Raven. » Il parlait pour toute la famille, aussi dysfonctionnelle pouvait-elle être à l’heure actuelle. « Alors comment c’était l’Espagne ? Tu as vu ta mère ? » Cette question lui brûlait les lèvres parfois. Souvent. Elle était sortie spontanément, sans qu’il ne l’ait vraiment prémédité. Ce sujet était toujours douloureux malgré les années qui passaient. Mais il essayait tant bien que mal de donner le change devant ses enfants. « On va manger et ensuite on va voir Billie, ça te va ? Ça va lui faire plaisir de te voir. » Un mince sourire accompagne ses propos, alors qu’ils sont vite ramenés à ce pourquoi ils se réunissaient aujourd’hui. Billie. Billie et ses addictions. Billie et ses tourments…