@Juliet Chapman & @Jalen Butler
Jalen avait pris l’habitude, depuis son retour définitif à Brisbane, de prendre en main la rédemption et/ou la convalescence de sa plus jeune fille. Elle était celle qui avait à l’heure actuelle, le plus besoin de son soutien. Et quelque part, il avait besoin, et surtout envie de se racheter de cette absence qu’il avait lui-même provoqué au pire moment de la vie de la jolie blonde. Il savait qu’il avait failli à son rôle de père pendant des années. Lui qui avait auparavant représenté l’archétype de l’époux et du papa parfait. La vérité était bien plus sombre que cela. Bien moins glorieuse en somme pour Jalen qui cherchait aujourd’hui à se racheter, à retrouver le droit chemin, tout en trébuchant encore parfois sur le bas-côté de la route, encore bercé par les effluves de ses voyages et expériences passées. Ainsi, Jalen avait pris l’habitude de gérer le traitement de Billy, pour être bien certains qu’elle le prendrait correctement. Un traitement qui lui permettrait de garder une sobriété et de préserver sa santé. Ainsi que celle de son géniteur, bien trop effrayé par la simple idée de la perdre. Et bien qu’il n’était pas un grand connaisseur des substitues à ces drogues qui avait noyé sa fille dans la torpeur, il n’hésitait pas une seconde à se rendre en pharmacie et à poser toutes les questions qui lui permettrait d’avoir une information complète pour sa fille. Quand est-ce qu’il faut les prendre ? Est-ce que ça a des effets secondaires ? Est-ce qu’avec ces produits, il y a aucun risque de retomber dans le travers des drogues dures ? Il posait ces questions à la pharmacienne presque à chaque fois que l’ordonnance se renouvelait. Pour être sûr. Il avait besoin d’être sûr. Il se fichait du regard que pouvait avoir les autres sur lui. Il se fichait que l’on puisse croire qu’il se droguait. Mais il ne prononçait jamais le prénom de fille à voix haute. Il ne voulait pas qu’elle puisse pâtir de ce manque de discrétion qu’il pourrait avoir dans cet endroit qui n’avait malheureusement, absolument rien de confidentiel. Protecteur, Jalen l’était. Encore plus aujourd’hui. Encore plus avec Billie. Parce qu’elle avait besoin de lui. Ce jour est finalement un jour ordinaire pour lui. Mais, il ne se doutait une seule seconde qu’aujourd’hui, des oreilles extraordinaires pouvaient l’entendre poser toute sorte de question sur les substitues aux drogues dures. Des oreilles dans lesquelles il avait murmuré de tout autre mot, il y a quelques semaines de cela. Pourtant, elle est à côté de lui. Son parfum dont l’odeur l’avait enivré l’espace d’une nuit, se glissait le long de ses narines, à la recherche de son attention. Attention toute dévouée au bien-être de Billie actuellement. Attention qui vient pourtant se rompre à la seconde où entend parler de complément alimentaire pendant la grossesse. Anodine conversation qui le fait pourtant tourner la tête. Et merde. Son cœur s’emballe lorsqu’il découvre un fantôme de son passé. Un passé très proche, mais un passé quand même. Il est ramené quelques semaines en arrière. Il avait passé une nuit avec cette femme, juste à côté de lui. Une nuit charnelle, une nuit particulièrement agréable pour un homme qui n’avait cessé d’enchaîner les échecs sentimentaux. Il ne pensait pas la revoir un jour. Et pour cause, il lui avait énoncé la moindre vérité, s’inventant une vie qu’il n’avait pas. Une vie qu’il aurait peut-être aimé avoir. Une vie plus légère, à des années lumières de celle qu’il vivait… Il se retourne, espérant qu’elle ne l’avait pas remarqué. Il l’ignore et termine sa quête. Il paie et se fraie un chemin jusqu’à la sortie. Il rentre la tête dans les épaules, comme un enfant honteux, cherchant à ce que personne ne le remarque. Et évidemment, ce qui devait arriver, arriva. Il bouscula la personne qui venait de sortir en même temps que lui. Elle. Alia. Évidemment, il fallait que ce soit elle. « Pardon, je suis désolé » bougonne-t-il dans un premier temps avant de lever le visage vers celle qu’il aurait préféré ne jamais revoir. Enfin, peut-être l’aurait-il aimé s’il ne lui avait pas autant menti. « Oh bonjour euh … Alia c’est ça ? Tu as bonne mine ! » Sombre idiot. Il se maudit lui-même d’avoir prononcé de tels mots. Tu as bonne mine. Ne pouvait-il pas être plus cliché. Il se sentait mal à l’aise. Tant qu’il n’avait fait état des bribes de conversation qu’il avait pu entendre. Il n’était focalisé que sur sa honte et sur cette boite de substitue de drogue qu’il avait entre les mains. Il les passe rapidement derrière son dos alors qu’il la laisse passer pour qu’ils puissent quitter la pharmacie. Vêtu d’un costume, il sortait d’un rendez-vous professionnel avec un client et son allure était de toute évidence bien loin de celle qu’il avait pu avoir le soir de leur rencontre… De cette nuit suspendue… « Je suis en voiture, tu as besoin que je te dépose quelque part ? » Jalen se maudit une nouvelle fois pour cette proposition. Mais qu’était-il en train de faire ? Lui-même l’ignorait …

@Juliet Chapman & @Jalen Butler
Des semaines se sont écoulées depuis cette fameuse soirée au bar lounge d’un hôtel côté à la sortie de la ville. Difficile d’oublier ce mystérieux bel homme aux yeux profonds, au sourire charmeur qui t'a fait chavirer le cœur. Il est entré dans ta vie, sans même connaître ton vrai nom. Alia, c'est ainsi que tu t'es présentée pour cacher ta véritable identité. Tu ne voulais pas prendre le risque de le revoir ni qu’il te retrouve. Ta vie est suffisamment compliqué en ce moment pour que t’encombre dans de nouvelles relations. Mais ce mensonge te parait désormais futile et totalement insignifiant, comparé à ta nouvelle réalité. Car au-delà de cette brume de souvenirs, il y a quelque chose de bien plus troublant qui te hante. La découverte de ta grossesse est tombée, comme une bombe dans ta vie déjà chaotique. Comment cela a pu arriver, tu es du genre prudente ? Comment toi, Juliet, tu as pu te retrouver dans cette situation ? Tu repasses la soirée dans ta tête, cherchant désespérément des réponses, mais les souvenirs sont flous et ça ne t’aide pas. Tu te sens complétement dépassée et débordée par une avalanche d'émotions contradictoires accentuées par les hormones. Tu n'es pas prête à redevenir mère, pas maintenant, peut-être même jamais. L'idée de porter de nouveau un enfant, qui plus est fruit d'une nuit de passion éphémère, te terrifie. Pour autant, l’avortement n’est plus une option pour toi. Tu as annulé ton rendez-vous pour avorter rongée par la peur la culpabilité. Et si tu regrettais ? Et si cette fois ça se passait mieux qu’avec Tobias ? Mais es-tu seulement capable d'aimer et de prendre soin de cet enfant comme il le mérite et lui offrir le soutien et l'affection dont il aura besoin ? Peut-être que cette fois-ci sera différente, peut-être que tu auras enfin l'occasion de te racheter. Égoïstement tu veux croire que cette fois ça se passera mieux. Tu te retrouves là, tiraillée entre tes désirs de briller dans cette nouvelle chance de maternité et ta peur de reproduire les mêmes erreurs. À quarante ans, tu te retrouves seule, le cœur alourdit de regrets. Tu n’as pas su être présente et aimante pour Tobias et maintenant tu vois bien que la distance entre vous est déjà creusée. Mérites-tu cette seconde chance ? Qu’importe! Appuyée sur le comptoir de la pharmacie, tu tentes d’expliquer ta situation au pharmacien. Tu as besoin d'un remède plus fort pour apaiser tes nausées et tes ballonnements abdominaux. Tu tentes de te faire la plus discrète possible mal à l'aise de partager ce genre d’info à haute voix. Tu te sens exposée et l’attitude du pharmacien n’arrange en rien ta situation puisqu’il prend un plaisir sadique à te faire répéter tes mots, comme s'il voulait te voir te débattre dans ton embarras. Il semble totalement insensible à ton malaise. Heureusement pour toi, le cas de ton voisin de comptoir est plus loquace. Sa voix résonne dans la pharmacie et tu espères qu’elle détournera l’attention des autres clients. Une fois la transaction terminée et les médicaments pris, tu te précipites vers la sortie, absorbée par ton désir de quitter cet endroit illico presto lorsque tu es soudainement bousculée par quelqu'un. Tu te retiens de justesse. Tu te prépares à l'envoyer chier, lui dire de voir où il va, mais tu le reconnais. C'est... Levi! Ton cœur manque un battement à la vue de son visage familier. L'ironie du destin semble se jouer de toi alors que tu te retrouves confrontée à celui que tu avais espéré toi non plus ne jamais recroiser. Tu restes interdite un long moment. Alia te revient comme un boomerang. Tu te forces à sourire, tentant de masquer ton trouble derrière une façade de normalité. Sa remarque sur ta mine te surprend, te laisse un perplexe quant à ses intentions. Ce n’est pas tellement la première chose qu’on se dit en voyant ton teint blafard à la limite de l’agonie. Tu as vomi toute la nuit. « Euh… Levi, c’est ça ? » tu lui tends la main comme si c’était un rendez-vous professionnel , et te sens aussitôt idiote pour ton empressement. Ton malaise accroit et ton sourire crispé reste figé sur tes lèvres tandis que tu te mures dans un long silence. Silence qui te permet cependant de l'observer, il est toujours aussi beau que dans tes souvenirs. Et en costume très chic qui plus est . La dernière fois que tu l'as vu, sa tenue était plus décontractée. D'ailleurs, pour un prof de yoga, qu'est-ce qu'il fout en costume? Tu te perds dans tes pensées, rappelé par son invitation à te déposer. « Hein ? » Tu lèves les yeux vers lui, essayant de comprendre ce qu'il vient de dire. L'idée de monter dans sa voiture ne t’emballes pas sur le coup… mais une fois de plus le stress et tes réactions impulsives prennent le pas « Oui d’accord ! » et  tu réalises aussitôt que tu as cédé trop facilement à sa proposition. Tu te maudis intérieurement mais c’est trop tard pour faire marche arrière. La voiture est très classe, bien trop classe pour un prof de yoga, songes-tu en jetant un bref coup d'œil autour de l'habitacle luxueux. Une pensée traverse ton esprit : quel est le salaire d'un prof de yoga pour lui permettre de conduire un tel véhicule ? Voix que tu fais taire immédiatement alors que tu cherches à calmer les battements de ton cœur affolé. « Écoute Levi… ce qui s’est passé entre nous… » tu passes une mèche de cheveux derrière ton oreille, tente de ne pas céder à la panique qui menace de t’engloutir. « Je ne m’appelle pas Alia et je suis enceinte ! » lances-tu sans chercher à le préserver, comme on retire un pansement d'un coup sec pour en finir avec la douleur. « Attention la route ! » hurles-tu lorsqu’il manque de rouler sur un piéton…