tw : séparation forcée parents/enfants.

Elle entend leurs cris, les pleurs qui s’intensifient et quand Nyra se réveille en sursaut, son cœur bat la chamade. Elle cherche son lit en vain, ses yeux percent la pénombre de la chambre, mais ils ne sont pas là. Roshan et Lavanya ne pleuraient que dans ses rêves, et elle ne peut malheureusement pas aller s’assurer qu’ils sont sains et saufs dans leurs lits. C’est à son tour de pleurer, de laisser les restes du cauchemar s’évanouir pour qu’elle puisse réguler sa respiration et avancer, penser à autre chose. Le problème étant qu’elle y pensera toujours, parce que c’est ainsi que fonctionnent les mères, et que la panique de ses enfants n’est pas que imaginée. Non, ce rêve prend racine dans ses souvenirs, dans les nuits qu’ils passaient blottis contre elle à pleurer l’absence de leur père, à lui raconter leurs peurs. Elle ne se souvient que trop des cris quand c’est à ses bras à elle qu’ils ont été arrachés et elle les entend encore résonner à ses oreilles. Chassant les larmes qu’elle n’aime pas laisser couler, Nyra sort de sa chambre et, sans même allumer la lumière, circule dans l’appartement. Après un an et demi à vivre entre ces murs, elle connaît l’espace, la répartition des meubles, là où Hunter peut parfois laisser traîner des choses. Elle n’a pas besoin de lumière Nyra, du moins celle du réfrigérateur lui suffit quand elle l’ouvre pour se servir à boire. De l’eau bien fraîche pour commencer, toujours dans l’idée de calmer son cœur et sa propre anxiété.

Le verre vidé, elle se tourne avec la seule lumière du réfrigérateur qui l’éclaire encore, et sursaute violemment en voyant la silhouette d’Hunter se découper dans la pénombre. « Tu m’as fait peur ! » Elle chuchote, plus pour elle-même que pour lui, une main plaquée sur sa poitrine. Elle aurait presque besoin d’un nouveau verre d’eau pour calmer cette peur-là, mais elle s’applique seulement à respirer en le regardant. D’une main, elle allume la petite lampe au-dessus de la gazinière, fermant ensuite le frigo. « Tu n’arrives pas à dormir ? » Ou peut-être qu’il revient juste du boulot finalement, elle n’est pas toujours au point sur ses allées et venues, pas qu’elle ait à l’être. Si parfois elle ressent des choses en le voyant sortir de la salle de bain avec une simple serviette sur les hanches ou quand ils finissent très proches en regardant un film, Nyra met ça sur le compte de sa solitude. Elle accepte des rencards de temps en temps, notamment des blind-dates organisés, dans l’espoir de rencontrer plus de monde et de se faire un petit réseau en ville. Mais elle n’a pas partagé son lit depuis des années maintenant Nyra, et elle n’a pas encore totalement accepté l’idée de le faire avec quelqu’un d’autre qu’Arshan. Hunter, quelles que soient les choses qu’il puisse lui faire ressentir de temps en temps, n’est rien de plus que son colocataire et très bon ami, son sauveur comme elle aime parfois l’appeler dans ses pensées. Alors elle n’a pas à savoir où il est, ce qu’il fait, ou avec qui, mais elle est simplement un peu curieuse. « Tu ne me jugeras pas si je sors très discrètement un paquet de cookies du placard, hein ? » demande-t-elle avec l’ombre d’un sourire, en levant déjà la main vers le-dit placard.