@Sadie Barrows


Sourire qui s’élargit, rien qu’en voyant ce message. Un simple sms, mais tu souris. Tu souris comme un idiot, c’est sûrement à ça que tu ressembles. Un idiot. Ça te fait bizarre de ressentir ça, surtout pour elle. Ce n’est qu’un stupide sms. Rien de plus. Tu ranges ton téléphone dans ta poche et continues de préparer tes affaires. Tout va bien. Trois mots qui t’effraient, mais c’est le cas. Tout va bien dans ta vie, du moins à ce moment précis, tu n’espères jamais trop. Tu te connais, tu connais tes antécédents. Tu sais qu’à chaque fois que tu te reposes, la tempête arrive. Et c’est ça qui t’effraie. Parce que tu aimes ta vie actuellement. Ton garage fonctionne bien. Côté santé, tu es bien. Et côté cœur, ça reste intact. Vraiment ? Non, ce n’est juste pas possible, elle et toi ? Et puis quoi encore. Depuis Sadie, tu t’interdis fermement de tomber amoureux, tu ne t’attaches plus. C’est plus simple ainsi. Un prénom. Juste un prénom et tu grimaces. Pourquoi fallait-il que tu songes à elle, là, maintenant ? Stupide pensée. Tu balaies d’un coup cette pensée et te concentres sur le présent. Ce soir, tu vas l’aider. Ce qui est devenu une habitude ces derniers temps, tu rechignes moins à l’idée de l’aider ceci-dit.

Attrapant tes clefs, tu pars en direction du garage. Un sms à Scott pour lui dire que tu vas être un peu de retard, rien de bien méchant. Tu ramèneras le café pour t’excuser et pourquoi pas une pâtisserie. Qui ne résiste pas à une pâtisserie. Sourire qui ne s’estompe pas, tu pars. Cette journée va être cool, un peu les autres. Tu es bien. Tout est bien. Et. « Sadie. » patrata. Tu savais bien que tu ne devais pas trop espérer. Elle est là, en chair et en os devant toi. Tu clignes des yeux, espérant que ça soit un cauchemar. C’est juste impossible qu’elle soit là. Tes sourcils qui se froncent, « Comment ? Comment tu as su où j’habitais ? » tu ne comprends rien. Pourquoi est-elle là ? Ça fait des années qu’elle a coupées contact avec toi. Depuis ce soir-là. Depuis que ces mots ont franchi le seuil de sa bouche. Magnifique bouche. Non Zeke. Tu ne dois penser ainsi, pas maintenant. Ce n’est juste pas possible qu’elle soit là. Le sort s’acharne contre toi. Partagé entre l’agacement et la colère, tu ne sais comment réagir. Main que tu passes dans tes cheveux, vieille habitude, surtout quand tu es gêné. « Tu veux quoi ? J’ai pas l’temps. » que tu finis par lâcher. Ce n’est ni le moment, ni le lieu pour parler, surtout que tu sens que tout ceci va mal tourner. Ou alors c’est juste une coïncidence ? Qu’elle soit ici, dans ton couloir. Tu aimerais y croire, mais une petite voix te dit que non.  

@Sadie Barrows


Un prénom. Rien qu’un prénom. Tellement de souvenirs qui accompagnent ce prénom. Et ce visage qui se trouve à présent face à toi. Tu as envie d’hurler pourquoi. Pourquoi là ? Maintenant ? Est-ce une caméra cachée. Tu ne comprends plus rien. Tu n’as pas croisé ce visage depuis … longtemps et ça t’allait parfaitement. La dernière fois que tu as eu de ces nouvelles, c’était pour apprendre qu’elle se fiançait. Et là. Là elle se trouve face à toi. Toi qui souris à la vie. Toi, qui as retrouvé un équilibre, grâce à elle en partie. Sauf que ça tu n’es pas près de l’avouer. Depuis Sadie tu t’es interdit de t’attacher aux gens. De tomber amoureux. Parce que ça fait mal, beaucoup trop mal. Tu te souviens encore de son visage, des mots qu’elle t’a balancé ce soir-là. Tu déglutis en la voyant. Pourquoi se trouve-t-elle là? Question que tu poses. Tu ne sais plus quoi dire, tu as juste envie de partir loin. Très loin d’elle. Elle est ta kriptonite. Ton Voldemort. Tu ne veux pas la voir, encore moins lui parler. Le hic, c’est que tu n’arrives pas à bouger. Et là, c’est le drame. Si on peut dire. Ce prénom qui s’extirpe de ses lèvres. Andy. Quoi ? Comment ? Ton regard qui se pose sur la porte face à la tienne. Elle n’a pas dit ce prénom. Tu n’y crois pas. Impossible. Sur quelle planète cette coïncidence peut exister ? Tu perds pied. Tu dois te reprendre. Elle te pose une question, tu l’écoutes à peine. Son regard. Son visage. L’espace d’un instant, tu as l’impression d’être ce gamin, cet ado fou d’amour pour elle. Celui qui aurait fait n’importe quoi pour obtenir un sourire de sa part. N’importe quoi. Sauf que tu n’es pas ce gars à présent, tu ne dépends plus de son amour. Tu n’as plus besoin d’elle. Tu as ta vie. « Ouais peut-être, c’est là. » que tu dis en visant sa porte. Plus vite, tu sors de cette situation, plus vite tu retrouves ton petit havre de paix. Tes pieds qui refusent d’avancer. Tu dois partir. Loin. Très loin d’elle. Pourtant tu n’y arrives pas. Elle connaît Andy. Elle est là pour Andy, pas pour toi. Pourquoi tu voudrais qu’elle soit là pour toi ? Après tout, elle a été très claire la dernière fois : tu n’es qu’un loser. Un vulgaire loser. Tu secoues tes pensées, non. Tu n’es plus ce gars. Tu n’es pas un loser. Tu es propriétaire à présent, tu as ton entreprise, ton garage qui fonctionne. Tu as des amis, sur qui tu peux compter. On peut compter sur toi. Tu es quelqu’un de bien, enfin tu crois. Tu sais que tu as changé. Tu n’es plus ce gars. À l’époque tu étais quelqu’un de bien, peut-être pas au début, mais tu sais au fond de toi que tu étais bon. Vraiment ? Elle est partie. Elle est partie sans se retourner. À toi de faire la même chose, à toi de partir, sans te retourner. Tu prends une grande inspiration. « à plus » que tu lâches, tu aurais pu lui dire que c’était bon de la voir. Faux. Tu n’es pas heureux qu’elle soit là. Tu as envie d’être ailleurs que là. Tu prends ton courage à deux mains et tu fais demi-tour. Tu la plantes. Oui, tu peux le faire. Tu peux faire ce qu’elle t’a fait. Qu’elle ressente la douleur, si elle peut ressentir quelque chose. Tu en doutes. Toute façon tu n’es plus rien pour elle. Alors pourquoi tu songes à tout ça ? Débile.