TW : maladie, aide médicale à mourir

Pour leur santé mentale, Serena et Rhett avaient besoin de prendre du temps pour eux, de penser à autre chose qu’à la maladie qui menait leur vie depuis un peu plus d’un an maintenant. Sa femme sortait peu depuis que le couple avait annoncé à leurs proches qu’elle était malade parce que le moral n’était pas là, mais aussi parce qu’elle n’arrivait pas à penser à autre chose qu’à sa maladie étant donné la façon dont les gens la regardaient presque en permanence. Ce weekend, Rhett avait réussi à la convaincre de sortir, non sans lui avoir mis un peu de pression pour la convaincre. « Tu es sûr que tu ne veux pas y aller avec elle? Ça vous ferait du bien à tous les deux… » lui demanda sa belle-mère, ce à quoi l’homme secoua négativement la tête. « Ça va, allez-y ensemble, ça va vous faire du bien de passer du temps mère-fille pour faire changement. » Le regard empreint de tendresse, elle posa une main sur l’épaule de son gendre en souriant. « Merci. Mais je continue de dire que ça t’aurait fait du bien, tu as l’air particulièrement tendu. » Il haussa les épaules, les bras croisés contre son torse, décidé à ne pas changer d’idée. « Ne t’inquiète pas, je vais prendre le temps de me reposer aussi. Jayden est chez un ami pour la fin de semaine. Vous devriez partir avant qu’elle ne change d’idée. » dit-il en faisant un mouvement de tête en direction de la voiture où était assise Serena depuis quelques minutes déjà pendant que son mari mettait ses bagages dans la voiture. Tandis que la mère de Serena contournait la voiture pour prendre place sur le siège conducteur, Rhett alla embrasser sa femme sur la joue. « Profites-en, on se revoit après-demain. Bon anniversaire encore. » Il referma la porte et il retourna en direction de la maison une fois que la voiture fut hors de son champ de vision.

Debout seul dans l’entrée de sa demeure, Rhett ne savait pas quoi faire. Il ne se rappelait pas la dernière fois où il n’avait eu rien de prévu, où il avait eu une journée rien que pour lui à faire ce qu’il désirait sans rien devoir à personne. Il avait perdu l’habitude, mais il avait grandement besoin de s’occuper de lui aujourd’hui s’il ne voulait pas s’écrouler sous la pression. Au bout d’un moment à se parler tout seul, il finit par aller enfiler son maillot de bain, puis il sortit dans la cour en prenant une gorgée de bière qu’il posa à côté d’une chaise longue. Avant de déposer son téléphone sur la chaise, il mit un peu de musique pour créer une ambiance de plage. Sans plus attendre, il s’étira un peu et il plongea dans la piscine pour faire des longueurs. Nager lui faisait le plus grand bien, déliait ses muscles régulièrement douloureux par le stress qu’il vivait au quotidien. Il aurait aimé avoir davantage de temps pour s’adonner au sport pour sa santé mentale et physique, mais sa réalité ne lui permettait pas ou en tout cas il ne prenait pas le temps de le faire. Toujours dans l’eau et complètement détendu, le diététicien se plaça sur le dos, les bras en étoile. Il se laissa flotter en fixant un point devant lui, perdu dans ses pensées. Puisque ses oreilles étaient sous l’eau, il n’entendit pas Melody qui arriva derrière lui et qui tenta de lui parler. C’est seulement lorsqu’il entendit un énorme bruit sous l’eau et qu’une vague passa presque par-dessus son visage qu’il sursauta et qu’il se releva. « Mel? » dit-il en s’essuyant le visage d’une main. « Qu’est-ce que tu fais? T’es tombée? » demanda-t-il en riant légèrement en constatant qu’elle était encore habillée et qu’elle ne portait pas son maillot de bain, changeant d’air du tout au tout en constatant à l’expression de la jeune femme qui ne le trouvait pas drôle. « Quoi? » demanda-t-il les sourcils froncés, bien loin de se douter de la raison qui l’avait poussée à sauter à l’eau.  

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Melody avait profité de ce jour de repos pour dormir plus tard durant la matinée. Le réveil affichait dix heures passées quand elle ouvrit les yeux, réveillée par Flash, son chien, qui aboyait contre un voisin passant dans le couloir un peu bruyamment. Elle s’étira longuement après lui avoir ordonné de cesser. Nouant sa chevelure blonde en un chignon désordonné, elle traîna des pieds jusqu’à sa machine à café, meilleure amie de ses matinées et lui permettant de pouvoir émerger totalement du brouillard dans lequel elle plongeait à chaque fois qu’elle dormait. Ne cessant de bailler pendant que le liquide brunâtre s’écoulait dans sa tasse, Melody planifia mentalement sa journée qui consisterait principalement à faire un footing avec Flash avant de passer voir sa meilleure amie dont c’était l’anniversaire. Elle ne resterait pas longtemps, imaginant probablement la présence de ses proches autour d’elle en ce jour particulier qui était peut-être le dernier. A cette pensée, le cœur de Melody se serra brutalement dans sa poitrine mais elle se reprit dans une secousse rapide de la tête. Elle avala son café en quelques gorgées, se fichant bien de la brûlure dans son œsophage avant d’enfiler sa tenue de sport et d’harnacher Flash pour leur traditionnel course en duo.
Ce jour-là, Flash s’était montré particulièrement dissipé, rendant la course complexe pour Melody qui devait adapter sa cadence aux reniflements et aux besoins plus que fréquents de son chien. Essoufflée, elle s’aperçut que sa foulée l’avait mené jusqu’au quartier où vivaient les Barrows. Elle continua en se disant que son chien n’avait jamais été refusé dans la maison mais surtout que c’était dommage d’opérer un demi-tour et de revenir ultérieurement par ses propres moyens à savoir, sa voiture. Melody grimpa les marches menant à la porte d’entrée et sonna. Elle attendit quelques instants avant de se rendre compte que personne n’arrivait. Elle hésita un instant avant de rentrer. Peut-être que Rhett habillait Serena et s’occupait de ses soins ? N’en sachant rien, elle se décida à rentrer d’elle-même. Ordonnant à son chien de s’asseoir, elle le détacha avant d’appeler le prénom de son amie. Mais c’est en constatant qu’il manquait ses médicaments sur le buffet où ils étaient habituellement entreposés qu’elle se demanda si cette dernière ne s’était pas absentée. Sommant son chien de ne pas bouger, elle grimpa à l’étage quatre à quatre tout en tentant d’ignorer ses courbatures qui naissaient dans ses muscles. Personne n’était à l’étage et l’absence de tout le nécessaire médical à Serena confirma que cette dernière était visiblement partie. C’était un fait étonnant mais qui lui faisait plaisir. Son amie s’enfermait dans la maison familiale et ne sortait quasiment plus, sauf pour honorer ses rendez-vous médicaux. Un sourire naquit sur son visage en se disant que peut-être, Rhett l’avait amené quelque part pour son anniversaire. Heureuse de ce fait, elle entama un demi-tour avant que son regard ne se pose sur un corps flottant dans l’eau. Fronçant les sourcils tout en s’approchant de la fenêtre, elle constata qu’il s’agissait de Rhett. « Putain », hurla-t-elle en constatant qu’il était immobile, les yeux clos. A toute vitesse, elle dévala les escaliers et ouvrit la porte donnant sur le jardin tout en criant le prénom du trentenaire. « Rhett ! ». Melody s’égosillait. Vainement puisque le corps inerte de Rhett continuait de flotter sans qu’elle ne parvienne à percevoir le moindre signe. Ni une ni deux, Melody sauta dans l’eau, suivi par son chien. Rhett s’agita enfin alors qu’elle comprenait qu’il ne lui était rien arrivé, qu’il faisait simplement la planche. Il la dévisagea, hébété. « J’ai cru… j’ai cru… oh putain », jura la fleuriste en reprenant son souffle et en se rendant compte qu’une fois de plus, elle s’était ridiculisée. Après un chat qu’elle avait pris pour un cambrioleur, voilà qu’elle avait pensé qu’il était arrivé quelque chose à Rhett alors qu’il se détendait simplement dans sa piscine. « J’ai pensé que tu avais fait un malaise alors j’ai plongé… ». Sa voix était encore empreinte d’une certaine forme de panique et de peur. « Je me voyais déjà te remonter – je ne sais comment – sur le rebord, te foutre en position latérale de sécurité et entamer un massage cardiaque ».

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Rhett ne s’attendait pas recevoir de la visite aujourd’hui, croyant naïvement que Serena avait dû faire part à sa meilleure amie des plans qu’elle avait pour son anniversaire. L’homme ne s’était donc pas posé de questions lorsqu’il avait décidé de faire la planche pour décompresser, mais il comprenait à l’expression de Melody qu’elle s’était réellement inquiétée, qu’elle avait cru qu’il lui était arrivé quelque chose alors qu’il allait très bien. Tout à coup, il culpabilisait alors qu’il n’avait rien fait de mal et qu’il pouvait bien faire ce qu’il désirait dans sa propre demeure, mais Melody avait déjà bien assez de s’inquiéter de Serena, elle n’avait pas besoin de s’inquiéter aussi pour le mari de celle-ci. « J’ai cru… j’ai cru… oh putain. J’ai pensé que tu avais fait un malaise alors j’ai plongé… » La peur, il l’entendait dans sa voix et c’est donc l’air désolé qu’il posa ses mains sur les épaules trempées de la jeune femme. « Je vais bien. » Enfin, il n’allait pas si bien que ça, mais il n’était pas en train de mourir comme l’avait cru la blonde. « Je me voyais déjà te remonter – je ne sais comment – sur le rebord, te foutre en position latérale de sécurité et entamer un massage cardiaque » Malgré la situation dramatique, Rhett ne put s’empêcher de rire un peu avant de faire mine d’être vexé. « C’est une façon poli de me dire que je suis rendu gros? » Disons qu’il n’avait plus autant de temps d’aller s’entrainer au gym depuis que le diagnostic de sa femme était tombé, sans parler de la malbouffe qu’il consommait bien plus qu’avant. Il était loin d’être bedonnant, Rhett, mais sa musculature fondait depuis quelques mois. « Je n’ai pas mangé TANT de biscuits Oréo, tu sais… » Le diététicien semblait trouver sa blague bien plus drôle que Melody qui était sans doute encore chamboulée par la peur qu’elle venait de vivre. Il reprit un air sérieux en nageant jusqu’à l’échelle où il fit signe à la jeune femme de sortir en premier. Il la suivit de près et alla chercher sa serviette non sans donner quelques gratouilles à Flash. « Tiens, prends ma serviette. À moins que tu veuilles retourner te baigner? » Il lui lança sa serviette en pinçant ses lèvres pour ne pas rire. « La prochaine fois, ce serait peut-être une meilleure idée de ne pas sauter à l’eau avec ton téléphone par contre… » Il grimaça en pointant le pantalon de la jeune femme à l’endroit où il pouvait apercevoir une bosse qui avait tout l’air d’être un téléphone. Son quotidien était tellement compliqué depuis quelques mois qu'il préférait rire de la situation pour dédramatiser un peu. Peut-être qu'il n'aurait pas autant ri quelques jours plus tôt avec le stress de son travail et de toutes les tâches qu'il devait réaliser le soir en rentrant, mais aujourd'hui, il se sentait détendu, ce qui ne lui arrivait pas souvent depuis un an. Rire lui faisait du bien, sans doute autant que les quelques longueurs qu'il avait faites avant que la meilleure amie de sa femme ne débarque chez lui.

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Melody peinait à calmer son cœur, affolé par la crainte qu’il soit arrivé quelque chose à l’époux de sa meilleure amie. Elle s’était déjà imaginée le réanimer puis ne pas y parvenir pour finalement annoncer sa disparition à Serena qui en aurait été, elle le suppose, toute bouleversée. Heureusement, ce dernier se mouva et se redressa pour lui signifier qu’il allait bien. Portant une main à son cœur en guise de soulagement, geste accompagné d’un soupir, la fleuriste fronça des sourcils alors qu’il laissait échapper un rire amusé. Elle, elle ne rigolait pas du tout. Visiblement, dernièrement, elle avait le chic pour se mettre dans l’embarras. Après l’épisode du cambrioleur qui s’était avéré être un chat, voilà qu’elle croyait Rhett victime d’un malaise alors qu’il se détendait simplement dans sa piscine privée ; probablement pour évacuer le stress intense qu’il vivait dernièrement avec la maladie de sa femme et le fait d’endosser seul des responsabilités que l’on n’était pas prêt à prendre à la trentaine, avec un enfant dans l’équation. Toutefois, un sourire naquit sur les lèvres rosées de Melody alors qu’il demandait si sa remarque laissait sous-entendre une réflexion dissimulée concernant sa corpulence. Elle secoua doucement sa tête, ses cheveux désormais trempés tombant lourdement sur ses épaules. « Hein ? », demanda Melody, sonnée par ce qu’il demandait. Elle se surprit à l’observer, un instant. Un bref moment durant lequel son regard glissa sur le corps de Rhett notamment sur son torse dénudé. Il n’avait pas le physique des magasines avec les fameux tablettes de chocolat ou six pack mais il était tout aussi attirant, à son sens notamment avec ses cheveux mouillés dont quelques mèches lui tombaient sur le front, presque sur les yeux. Melody secoua doucement la tête. Depuis quand trouvait-elle Rhett Barrows séduisant ? Elle s’insulta intérieurement en se répétant comme un mantra que ce n’était pas parce qu’elle le trouvait charmant qu’elle trahissait pour autant Serena, l’épouse de ce dernier. Elle suivit Rhett jusqu’à l’échelle qu’elle grimpa avant de le gratifier d’un sourire tandis qu’il lui tendait une serviette. « Merci… » souffla la fleuriste tout en se séchant les cheveux. Pour ses vêtements, c’était foutu. Elle était bonne pour en emprunter à Serena. Ceux-ci lui collaient à la peau, épousant la moindre de ses formes si bien que, pudique, elle enroula l’essuie par-dessus. Son regard coula vers sa poche, suivant les paroles de Rhett avant qu’un réel gémissement de désespoir ne s’échappe de ses lèvres. Elle sortit de sa poche son ancestral mais néanmoins collector Nokia 3310, sa fameuse brique, réputée comme indestructible qui n’avait visiblement pas survécu à cette baignade. « Oh noooon, put-… ». Elle se censura, ne savait-on pas si Jayden était dans les parages. Mais l’absence de Serena et la présence de son époux la laissait penser que l’enfant n’était pas présent, également. Poussant un énième soupir face à ses vêtements trempés, Melody se risqua à demander : « Tu penses que je peux emprunter des vêtements à Serena ? ». Puis, elle ajouta aussitôt, afin d’être fixé : « Où est-elle ? Je passais pour lui souhaiter bon anniversaire mais j’ai vu qu’il n’y avait aucun médicament sur le buffet… ». Convaincue qu’elle aurait été averti si Serena avait été hospitalisée, elle n’avait qu’une hypothèse valable désormais : elle était auprès des siens pour la journée, peut-être plus.

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Rhett était d’humeur taquine aujourd’hui et il avait tout intérêt à en profiter étant donné que ce n’était jamais bien long avant que son quotidien ne le rattrape et qu’il soit noyé par toutes ses responsabilités et ses problèmes. Melody ne trouvait pas la situation aussi drôle que lui, comme en témoignaient ses sourcils froncés, mais le diététicien demeurait persuadé qu’elle préférait son humour douteux à devoir essayer de le réanimer pour vrai. Aujourd’hui, il n’était pas question de se prendre la tête avec quoi que ce soit, il s’était promis qu’il passerait une bonne journée sans tracas, ce qui ne lui était pas arrivé très souvent dans la dernière année. « Hein ? » Il fronça les sourcils, ne comprenant pas l’interrogation de Melody quand il jugeait que ses propos avaient été assez clairs. « Gros, moi… Parce que je n’ai pas pu me retenir de manger la boîte Oréo dès que Jayden était couché. » Il se pointa, puis pinça un minuscule bourrelet de peau au niveau de sa taille, le soleil réchauffant sa peau humide qui commençait à prendre des couleurs. « Disons que j’étais plus en forme à l’époque où je faisais de l’escalade ou alors c’est peut-être l’âge. » Ou un mixte des deux considérant qu’il avait cessé de pratiquer ce sport depuis plusieurs années maintenant, tout comme bien d’autres, à la demande de Serena qui s’inquiétait tout le temps pour lui dès qu’elle le savait en train de pratiquer un sport extrême. Si le bien-être de sa femme allait mieux depuis qu’il ne mettait plus sa vie en danger pour le sport, le sien était en plein déclin. Il se sentait frustré de ne pas avoir tenu son point et d’être devenu quelqu’un qu’il jugeait ennuyant. Sa vie manquait cruellement d’adrénaline, il ne prenait presque plus aucun risque depuis de nombreuses années et c’était peut-être l’une des nombreuses raisons qui l’avait poussé à aller voir ailleurs quelques mois plus tôt, pour ne nommer que celle-là.

S’il pensait passer la journée seul, il n’était pas mécontent que la meilleure amie de sa femme se joigne à lui quand il craignait de se retrouver seul avec le fil de ses pensées. Qui plus est, même si Melody était davantage l’amie de Serena que la sienne, Rhett l’appréciait sincèrement. Elle leur apportait beaucoup d’aide depuis qu’elle était au courant du diagnostic de son amie et le diététicien ne se sentait pas jugé par cette dernière comme avec ses parents qui ne rataient jamais une occasion de le critiquer depuis sa plus tendre enfance parce qu’il ne répondait pas à leurs attentes. Par sa présence et son aide, elle lui faisait énormément de bien. « Merci… » - « Pas de quoi. » Pendant que Mel se séchait les cheveux, Rhett prit son téléphone sur la chaise longue pour en arrêter la musique. Ce n’est qu’ensuite que son regard fut attiré par la silhouette de Melody, par ses formes visibles sous ses vêtements humides qui lui collaient à la peau. Jamais il n’avait vu la blonde autrement que comme l’amie de sa femme, mais leur proximité nouvelle lui jouait un peu dans la tête actuellement et les paroles de son épouse au sujet de son amie célibataire lui effleurèrent l’esprit. Dès que leurs regards se croisèrent, Rhett rapporta son attention sur autre chose, notamment sur l’objet dans la poche du pantalon de Melody qu’il soupçonnait être son téléphone. « Oh noooon, put-… » Lorsque la jeune femme en sortit une relique, l’homme ne put réprimer un rire. « What? Attends… t’es sérieuse? C’est ça ton téléphone? Ça te prend une heure envoyer un SMS? » Elle était si simple, Melody, elle semblait parfois coincée à une autre époque et ça le faisait toujours un peu rire. « C’était un signe du destin qu’il était temps de t’acheter quelque chose de plus récent. » Il lui aurait bien suggéré de mettre son téléphone dans un contenant de riz pour essayer de le sauver, mais considérant l’âge de l’appareil, il jugea qu’il s’agissait d’une perte de temps. « Tu penses que je peux emprunter des vêtements à Serena ? » Il hocha la tête en tordant son maillot de bain sur ses cuisses comme il le pouvait. « Oui, viens. » Il agita ses doigts dans ses cheveux pour les sécher au maximum, puis il entra dans la maison pour se rendre dans sa chambre, suivi de Melody. « Où est-elle ? Je passais pour lui souhaiter bon anniversaire mais j’ai vu qu’il n’y avait aucun médicament sur le buffet… » - « Weekend spa avec sa mère pour son anniversaire. Et le petit dort chez un ami ce soir. » Il ouvrit la porte du dressing et lui fit signe d’un geste de la main de se servir. « Si rien ne fait, tu peux fouiller dans mes affaires. Fais comme chez toi. » N’était-ce pas déjà ce qu’elle faisait après tout le temps qu’elle passait chez les Barrows? En attendant, Rhett se prit des vêtements de rechange de son côté. « Je pensais passer la journée tout seul, mais… je t’avoue que je ne sais pas quoi faire tellement ça fait longtemps. » se confia-t-il en se séchant à son tour les cheveux avec une serviette qui trainait sur sa commode. « Je pensais faire des grillades sur le BBQ si t’as pas mangé. Sinon ça fera des restants pour plus tard. » Sans pression, peut-être aurait-elle envie de profiter de l’absence de Serena pour faire des choses de son côté, après tout.

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La pièce tomba dans la tête de Melody. En fronçant des sourcils, son regard coula sur la silhouette de Rhett. Il n’était absolument pas ce qu’il prétendait être, bien au contraire. En réalité, pour la première fois et grâce au fait qu’il soit torse nu, elle remarquait même qu’il était finement musclé. Secouant doucement la tête pour se rappeler mentalement à l’ordre et éviter qu’il ne pense qu’elle se rinçait l’œil, Melody reposa son regard sur le visage encore emprunt d’une certaine enfance de son interlocuteur. « Pas du tout ». Elle l’écouta attentivement, parler d’une époque où il s’adonnait à l’escalade. Dans ses souvenirs, Serena lui en avait déjà touché quelques mots et cela lui disait quelque chose. Plissant des yeux, se demandant réellement pourquoi il avait cessé cette activité qui le maintenait apparemment en forme, elle demanda : « Pourquoi tu as arrêté ? ». Dans son for intérieur, elle pensait que cela était plus récent, lié à l’annonce de la maladie de son amie. Elle ne s’imaginait pas que cette dernière n’appréciait pas, par inquiétude pour son époux. Melody était bien loin de tout cela, de la réalité qui avait enfermé cruellement Rhett dans une monotonie l’ayant poussé à rompre des vœux promis lors de leur union à laquelle elle était présente, parmi les demoiselles d’honneur de la mariée. Découvrant le décès de ce qu’elle estimait être son téléphone portable mais ce que d’autres considéraient comme une brique, un fossile ou un dinosaure, Rhett alla de sa petite raillerie. Moue boudeuse sur les lèvres, elle l’écouta avec un sourire en coin tandis que le diététicien réalisait à quel point Melody pouvait être à l’ouest. Si elle était à la pointe en matière de films fantastiques et de superhéros, pour certaines technologies elle pouvait facilement repasser. « Il est peut-être hors d’usage pour téléphoner ou envoyer des messages mais il peut toujours faire office d’arme et ça fait mal de se le prendre en pleine tête, je pense. Tu veux tester ? Parce que si tu continues comme ça, t’es bien parti pour me fournir la réponse ». Son ton était amusé, empli de taquineries. Cela faisait un moment qu’elle envisageait de franchir un pas dans le vingt et unième siècle mais la bonne fonction de son éternel 3310 la ramenait à la raison. Maintenant qu’il n’était plus, il était temps pour Melody de découvrir les merveilles des smartphones.
Melody suivit sagement Rhett jusqu’à la chambre du couple tout en découvrant que Serena s’était échappée pour le weekend avec sa mère, dans le but de se détendre. Si l’idée était bonne sur le papier, intérieurement, Melody était plutôt sceptique. Son amie était déprimée par sa condition. Un spa était-il judicieux alors que ses mouvements se limitaient de jour en jour, l’enfermant dans son propre corps et la limitant considérablement dans ses capacités à se mouvoir ? Elle décida de garder pour elle ces réflexions qui somme toute, n’était qu’un avis émis de sa part et n’était peut-être pas la réalité, ce que percevait Serena. Si cela se trouvait, elle reviendrait ravie de son weekend avec sa mère et dans un autre état d’esprit que celui qu’elle avait depuis quelques semaines ; morose et morbide. Avec retenue, comme ayant l’impression de violer l’intimité de son amie, Melody ouvrit l’armoire avant de se rendre compte qu’hormis un legging élastique tout était soit trop petit soit des robes. Elle ferma aussitôt la penderie après s’être saisi du bas pour ouvrir, encore plus gênée, le côté appartenant à Rhett et se saisir d’un hoodie à capuche abîmé, qui ferait bien l’affaire. Tenant les vêtements contre son buste, elle écouta Rhett lui dévoiler son programme tout en se séchant. Devait-elle le laisser seul ou rester ? Son envie et son grand cœur lui criait de rester, car son inquiétude pour Rhett s’était amplifiée depuis ce soir-là où elle l’avait surpris en train de complètement s’effondrer après avoir aidé Serena. Ce n’était en aucun cas une forme de pitié. Probablement de la compassion. Indéniablement, même. « Ce serait avec plaisir, Rhett », accepta la jeune femme, sourire aux lèvres et douceur dans les yeux. Elle se faufila en dehors du cocon marital des Barrows, indiquant qu’elle allait dans la chambre de Jayden pour passer les vêtements secs. Ce fut avec réconfort qu’elle les accueillit sur sa peau encore humide de son sauvetage qui n’en était pas un alors qu’en passant le col du sweat, l’odeur masculine de Rhett la frappa. Depuis combien de temps n’avait-elle pas senti un parfum masculin en dehors de l’eau de toilette bas de gamme de son patron ? Melody se surprit à enfouir son nez dans le col avant de se fustiger mentalement. C’était Rhett, bon sang ! Descendant au rez-de-chaussée, elle retrouva d’ailleurs ce dernier dans la pièce principale. Plus fort qu’elle, elle s’enquit : « Tu as besoin d’aide ? ». Elle ne comptait pas rester ici, les bras croisés à ne rien faire comme une banale invitée qu’elle n’était plus depuis qu’elle avait prit ses quartiers dans la demeure familiale, au rythme de plusieurs heures par semaines.

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« Pourquoi tu as arrêté ? » À priori, cette question semblait des plus banales, mais Rhett était hésitant, ne sachant pas ce qu’il devait répondre. Est-ce qu’il avait intérêt à dire la vérité ou était-il mieux d’inventer une raison pour ne pas avoir l’air de parler contre sa femme à la meilleure amie de cette dernière? Il aurait tout aussi bien pu continuer de pratiquer des sports extrêmes malgré les inquiétudes de Serena, après tout, mais après une vie entière à subir les critiques de ses parents parce qu’il n’était jamais assez bon à leurs yeux, il avait décidé que ce n’était pas un combat qu’il souhaitait mener. Aujourd’hui, il regrettait son choix. Naïvement, il se disait que son mariage n’aurait peut-être pas autant été un échec s’il avait pris une décision différente, mais ça n’aurait pas changé le fait qu’il aurait continué de se mentir à lui-même en restant dans une relation avec une femme dont il n’était pas amoureux. C’était à ses parents qu’il aurait dû tenir tête, pas Serena qui n’avait jamais demandé de se retrouver dans une relation avec un homme qui ne la voyait pas de la même façon qu’elle le voyait. « Serena n’a jamais été une très grande fan, elle disait toujours que j’allais finir par me tuer… » Le risque zéro n’existait pas, mais il risquait aussi de se faire frapper par une voiture chaque fois qu’il traversait la rue pour aller se chercher un café en face de la clinique. S’empêchait-il d’y aller? Non. « Alors j’ai arrêté, surtout qu’on voulait des enfants. » Malgré la nostalgie visible sur ses traits, jamais il ne regrettait d’avoir eu son fils qu’il considérait comme la prunelle de ses yeux. « J’allais plusieurs fois par année au Glass House Mountains faire de l’escalade sur les parois rocheuses, j’ai même été instructeur dans un centre à Brisbane quelques temps. Je faisais de la motocross, du vélo tout-terrain, du rafting, du kitesurfing… name it. Maintenant je fais l’étoile dans ma piscine et je fais pousser des tomates. » Ou en tout cas, faisait, parce que c’était surtout des mauvaises herbes qui poussaient dans leur potager à l’abandon depuis le diagnostic de Serena. À dire vrai, c’était surtout elle qui aimait le jardinage. « Je m’étais dit que j’irais sauter à l’élastique à trente ans, finalement je ne suis pas allé. » ajouta-t-il en cachant difficilement sa déception.

« Il est peut-être hors d’usage pour téléphoner ou envoyer des messages mais il peut toujours faire office d’arme et ça fait mal de se le prendre en pleine tête, je pense. Tu veux tester ? Parce que si tu continues comme ça, t’es bien parti pour me fournir la réponse » le menaça Melody lorsque Rhett se moqua du modèle de téléphone qu’elle avait. Les lèvres plissées pour ne pas rire, il fit mine d’avoir peur en levant ses mains de part et d’autre de son visage en signe de trêve. « Encore faudrait-il que tu saches viser. » Et si elle était aussi bonne au bowling que pour lancer son Nokia 3310, il était hors de danger. Finalement, les deux adultes rentrèrent dans la résidence des Barrows en direction de la chambre de Rhett et Serena pour que Mel puisse se trouver des vêtements de rechange. Ne désirant pas être seul ce soir, il l’invita à rester manger avec lui, une façon de la remercier aussi pour tout ce qu’elle faisait pour eux. « Ce serait avec plaisir, Rhett » Sa réponse provoqua chez lui un sourire sincère. Lorsque la blonde quitta la chambre pour aller se changer dans celle de Jayden, Rhett enfila un t-shirt propre, mais garda son maillot de bain qui dégoulinait légèrement sur le plancher, mouillant par le fait même tout le bas de son t-shirt qu’il venait de mettre. Même si Serena n’était pas à la maison, son époux pouvait presque l’entendre le chicaner à distance, mais elle n’était pas là et il avait l’intention de faire les choses comme il le désirait aujourd’hui. Ce qu’elle ne savait pas ne lui faisait pas mal. « Tu peux mettre tes vêtements dans le sèche-linge en bas si tu veux les faire sécher pour tantôt. » dit-il le visage presque appuyé contre la porte de la chambre de son fils avant de descendre dans la cuisine où il sortit une planche à découper et un couteau pour préparer des légumes et du poulet afin d’en faire des brochettes. Avant de se mettre à la coupe, il remit de la musique sur son téléphone pour s’empêcher de trop penser, balançant parfois les hanches et les épaules au rythme de la musique pendant qu’il était concentré à cuisiner. « Tu as besoin d’aide ? » Il releva la tête, les joues remplies de carottes comme un écureuil, constatant alors qu’elle avait opté pour son vieux hoodie qu’il ne se résolvait pas à jeter. L’image qui s’offrait à lui lui plaisait bien plus qu’elle n’aurait dû le faire et il ne put s’empêcher de sourire. Le poing fermé, il le porta à sa bouche le temps de terminer sa bouchée, puis il pointa le réfrigérateur. « Sers-toi à boire. Il y a du vin en bas si tu préfères. » Le sous-sol où il passait la majeure partie de ses soirées lorsqu’il n’avait pas le cœur à rejoindre Serena dans leur chambre le soir, dormant dans la chambre d’amis qui était un peu devenu la sienne. La salle familiale et la salle de bain qui servait aussi de salle de lavage lui permettait de se coucher tard - trop tard - sans prendre le risque de réveiller le reste de la maisonnée. « Tu vas t’en sortir pour t’acheter un nouveau téléphone ou tu as besoin d’aide? Tu vas halluciner quand tu vas voir tout ce que tu peux faire… » Si ça se trouvait, elle prenait encore des photos avec un appareil jetables dont elle devait faire développer le film dans une boutique ensuite. « Comme ça, tu parles pas mal à Kenny? » la questionna-t-il commençant à couper le poulet. « On va être invité au mariage ou? » la taquina-t-il avec l’esquisse d’un sourire au coin des lèvres, bien qu’il se surprit à espérer qu’elle lui réponde qu’il n’y avait rien entre eux.

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La bouche de Melody se décocha en entendant les explications de Rhett. Il avait donc mis de côté ses passions, ce qui le faisait vibrer, par amour pour son amie ? Si elle pouvait comprendre les inquiétudes légitimes de Serena face aux activités exercées par Rhett à l’époque, elle avait plus de mal à saisir pourquoi elle avait insisté pour qu’il arrête. Tentant d’alléger la conversation, la fleuriste se risqua à une pointe d’ironie : « Pousser des tomates, c’est un grand mot, Rhett… ». Posant ses orbes sur le diététicien, elle se laissa aller à donner son avis de façon sincère sur la situation tout en pensant, comme toujours, sincèrement ses paroles. « Tu t’oublies dans ta dévotion envers elle ». C’était un constat, pas une interrogation. Si elle pouvait trouver cela touchant, comme une preuve d’amour à l’égard de sa meilleure amie, cela lui faisait mal de voir qu’il avait fait une croix sur ses passions par amour. Pourquoi son amie n’avait-elle pas prise sur elle si s’adonner à ses activités périlleuses faisaient le bonheur de son mari ? Puis, quelles étaient réellement la probabilité d’un accident ? Il y avait tout un savant calcul dedans. L’espace d’un instant, Melody éprouva une vive compassion à l’égard de Rhett qui avait littéralement mis sa vie de côté et cela, bien avant que la maladie ne se déclare, par amour (ou dévouement) pour Serena. Ce qu’elle ignorait, Melody, était que son amie n’était pas – ou plus – aimé en retour par le diététicien qui lui avait donné son nom et mieux valait qu’elle l’ignore, pour le moment. Une lueur malicieuse se déclara dans le regard de la fleuriste tandis qu’il parlait d’un projet pour ses trente ans dont il avait toujours rêvé mais qu’il n’avait pas pu mettre à exécution. « Et pourquoi tu ne le ferais pas maintenant ? », lança Melody avant de compléter, d’un ton bien moins confiant. « Je veux dire… maintenant, Serena ne pourrait malheureusement plus rien faire pour t’en empêcher ? Puis, t’as peut-être besoin de ça, aussi insignifiant cela peut-il paraître pour quelqu’un qui ne vibre pas sur ta fréquence, pour toi, te faire du bien et te changer les idées ? ». Après tout, Rhett donnait tout pour changer les idées de sa femme et s’occuper de son fils, qu’il soit préservé de la maladie de celle-ci. Mais qui prenait soin de lui ? Qui se souciait de ce dont il avait besoin pour soulager son quotidien ? A cet instant, en silence, Melody se promit d’être cette personne.
« Tu ne perds rien pour attendre », rétorqua la blonde à la taquinerie de l’homme avec qui elle discutait sur ses capacités à viser. Elle s’attela à mettre ses vêtements dans le séchoir même si dans le fond, elle trouvait ceux qu’elle avait plutôt confortables. Melody s’exécuta pour aller chercher une bouteille de vin – chose qui ne se refusait pas – et descendit au sous-sol. Tombant sur une porte entrouverte qu’elle se souvenait être la chambre d’amis, elle fut surprise de constater les draps défaits et de reconnaître quelques affaires appartenant à Rhett. Depuis combien de temps désertait-il le lit conjugal ? Les machines de Serena ne faisait pas de bruit et n’était pas encombrante. Sourcils froncés, elle décida de ne pas pousser sa curiosité à ouvrir davantage la porte et taire les questions qui émanaient dans son cerveau pour se diriger vers le frigo à vin et se saisir d’une bouteille. Remontant à la surface pour rejoindre Rhett, elle s’occupa de déboucher celle-ci et commença à en servir le contenu bordeaux dans deux verres à pied. « Je devrais m’en sortir mais si tu souhaites m’accompagner, ce serait avec plaisir », répondit Melody tout en reposant la bouteille sur le plan de travail. Heureusement car la question qui suivit l’étonna fortement si bien qu’elle aurait pu lui glisser des mains. Kenny et elle ? Effectivement, ils parlaient pas mal – même beaucoup, tous les deux étant passionnés par la même chose à savoir : les superhéros – et ils se voyaient fréquemment, ses derniers temps. Pourtant, il n’y avait rien et cela, Melody en avait la certitude. Inconsciente de la double interprétation possible de ses paroles, elle répondit tout naturellement : « Oh ouais. Il est déjà venu quelques fois à la maison puis on est allé au ciné et au bowling ». Melody et son innocence, dans toute sa splendeur tandis que Rhett taquinait sur un possible mariage. Décidant de rentrer dans son jeu, elle répliqua aussitôt : « On se disait même que tu ferais un parfait témoin ; après tout, c’est grâce à toi qu’on se connaît avec Finch ». Doucement, elle fit glisser le verre de vin vers Rhett avant d’attraper le sien et de tremper ses lèvres dans le liquide carmin.

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« Pousser des tomates, c’est un grand mot, Rhett… » Un léger rire s’échappa d’entre les lèvres de Rhett tandis qu’il leva un index en même temps de hausser les sourcils. « Tu serais surprise! » Le potager était à l’abandon, certes, mais s’il y avait bien quelque chose qui y poussait, c’était des tomates, trop de tomates et il n’avait aucun mérite. « Il y a tellement de plants de tomates, je ne les compte plus. » Pour la simple et bonne raison qu’il n’avait pas pris le temps de nettoyer le potager après la dernière saison de jardinage et que les graines des tomates qui s’étaient décomposées dans la terre avaient fini par germer. C’était bien la seule chose qu’il pourrait manger et qui proviendrait de sa cour, même si tout récolter allait être compliqué puisque les plants s’étouffaient les uns et les autres tellement ils étaient proches. « Disons que Serena est meilleure que moi pour ça… » Enfin, était, puis les difficultés qu’elle rencontrait maintenant avec ses mains l’empêchaient de s’adonner à cette activité. Pour qu’elle ne soit pas déprimée chaque fois que son regard se posait sur cette partie de leur terrain, Rhett songeait à tout arracher pour plutôt y faire une aire de jeu pour le petit, peut-être même un petit coin pour faire de l’escalade pour l’initier et peut-être un jour pouvoir en faire une activité père-fils. « Tu t’oublies dans ta dévotion envers elle » Il haussa une épaule en essayant d’avoir l’air le plus nonchalant que possible pour dédramatiser la chose. « Je n’ai plus vraiment le temps, la clinique me demande pas mal de temps. » dit-il pour ne pas mettre l’emphase sur la maladie de sa femme qui était la cause principale de son manque de temps-libre des derniers temps. Oui avoir sa propre clinique avec Maverick amenait son lot de responsabilités, mais s’il avait le temps d’aller courir sur l’heure du midi, il pouvait toujours prendre ce temps pour aller faire de l’escalade intérieur à proximité du bureau. « Et pourquoi tu ne le ferais pas maintenant ? Je veux dire… maintenant, Serena ne pourrait malheureusement plus rien faire pour t’en empêcher ? Puis, t’as peut-être besoin de ça, aussi insignifiant cela peut-il paraître pour quelqu’un qui ne vibre pas sur ta fréquence, pour toi, te faire du bien et te changer les idées ? » L’air peu emballé, il haussa une épaule une fois de plus. « Je ne sais pas. Le temps… Trop de choses à penser. » Le temps n’était pas une excuse considérant qu’il n’avait rien à l’horaire aujourd’hui, il aurait très bien pu y aller pour se faire plaisir. « Ça fait tellement longtemps que j’ai rien fait… » Il devrait se remettre dans le bain, mais il savait au fond de lui que ça lui ferait du bien. Si auparavant il n’était pas du genre à se priver de faire quelque chose parce qu’il était seul, aujourd’hui il avait envie de partager ce petit moment de bonheur avec une autre personne. « Je ne suis pas sûr que je réussirais à convaincre Kenny de m’accompagner. » dit-il en riant. Avec son fils et son mariage, il n’était plus en contact avec la majorité des gens avec qui il pratiquait ces sports à l’époque.

« Tu ne perds rien pour attendre. » Il fit les gros yeux en plaçant ses mains de part et d’autres de son visage en grimaçant. « Ohhhhhhh j’ai tellement peur, t’as pas idée. » Il voulait la provoquer pour voir de quoi elle était capable, persuadé qu’elle était bien trop douce et gentille pour se venger sérieusement du fait qu’il se moquait - gentiment - d’elle. Tôt ou tard, il apprendrait qu’il ne fallait pas se fier aux apparences. « Je devrais m’en sortir mais si tu souhaites m’accompagner, ce serait avec plaisir » Il ne l’aurait pas offert s’il n’en avait pas envie, surtout qu’il s’imaginait très bien que la jeune femme se sentirait perdue parmi tous les modèles alors qu’elle serait nouvelle dans le monde des téléphones intelligents. « Tu me diras quand c’est un bon moment pour toi et on ira. Je peux m’arranger pour te rejoindre un midi. » Rhett sortit quelques secondes pour aller partir le barbecue le temps qu’il termine de prépare les brochettes, rentrant immédiatement à l’intérieur pour couper le poulet. Pendant ce temps, il questionna la fleuriste sur sa relation avec Kenny, ayant compris au fil de SMS que les deux passaient pas mal de temps ensemble. « Oh ouais. Il est déjà venu quelques fois à la maison puis on est allé au ciné et au bowling » Il haussa les sourcils d’un air surpris. Jamais il n’aurait cru que c’était sérieux à ce point entre eux et c’était bien la preuve que la demande de Serena concernant Melody et lui était absurde. Il ne cessait de se le répéter depuis des semaines, mais pourtant, la réponse de Melody lui faisait un petit pincement au cœur. « À ce point? Je n’aurais jamais cru que ça pourrait cliquer entre vous deux… Mais tant mieux » j’imagine, pensa-t-il en se forçant à lui sourire le plus sincèrement que possible. Kenny était son meilleur ami, Melody celle de Serena, Rhett ne leur souhaitait que du bonheur, ce qu’ils méritaient plus que quiconque aux yeux du diététicien. « On se disait même que tu ferais un parfait témoin ; après tout, c’est grâce à toi qu’on se connaît avec Finch » Sérieux, il hocha lentement la tête, sans quitter des yeux le poulet qu’il était en train de couper. « Avec plaisir. » Ça aurait dû lui faire plaisir, mais il sentait au creux de son ventre que quelque chose n’allait pas, que cette nouvelle ne le réjouissait pas comme ça aurait dû être le cas. Il n’était pas dupe, Rhett, il commençait à prendre conscience de l’importance qu’avait réellement Melody pour lui. Il s’attachait, bien trop et trop vite, et ce qu’il commençait à ressentir lorsqu’il se retrouvait en sa présence lui faisait peur, d’autant plus dans les circonstances actuelles. D’un hochement de tête, il la remercia pour la coupe de vin qu’il porta à ses lèvres pour en prendre une trop longue gorgée. « Tu peux m’ouvrir la porte s’il te plait? » demanda-t-il en prenant l’assiette de brochettes montées ainsi que les ustensiles de cuisson. Une fois à l’extérieur, il plaça la nourriture sur le grill avant de rapporter son attention vers la jeune femme. « Alors, c’est pour quand le mariage? Je ne peux pas croire que Kenny ne m’ait rien dit sur vous deux… On est allé manger ensemble il n’y a pas si longtemps. Petit cachottier… » Peut-être qu’il avait peur d’étouffer son ami avec ses bonnes nouvelles alors que ce dernier vivait sans aucun doute la pire épreuve de sa vie.

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« Et bien, allons-y après manger ? », proposa Melody. Après quelques secondes de recul sur cette proposition spontanée, elle n’était pas certaine de ce dans quoi elle s’embarquait en proposant à Rhett d’aller faire de l’escalade. Si elle était en bonne condition physique, il n’en demeurait pas moins qu’elle n’avait jamais pratiqué cette activité et surtout qu’elle avait le vertige même du haut d’un banal tabouret ; mais Melody était tellement déterminée à aider la famille Barrows dans son intégralité qu’elle était prête à tenter de mettre sa peur de côté pour cela. Pour ce qui concernait l’achat d’un nouveau téléphone, elle accepta la proposition de se rejoindre sur un temps de midi pour qu’il l’accompagne ; elle ne voulait pas sacrifier ses soirées auprès de Serena pour ses propres besoins. Elle aurait toutes les soirées après à pouvoir s’occuper d’elle-même ; alors que ça n’était pas le cas, à prendre soin de sa meilleure amie dont les semaines, les mois, étaient désormais comptés.
La mine surprise de Rhett n’échappa pas à la fleuriste. A son tour de froncer les sourcils, cherchant à analyser où cela pouvait coincer dans l’équation mais elle ne comprenait pas et prit sa remarque sur le fait que cela matche entre elle et Kenny dans un sens purement amical. « Bah écoute, ouais, hormis le fait qu’il ait des goûts pitoyables en matière de superhéros, ça s’passe bien… ». Référence aux débats interminables qu’ils avaient pour élire le meilleur sauveur de ce monde et sur lequel ils ne tombaient jamais d’accord. Tout en lui ouvrant la porte, elle le suivit à l’extérieur, s’adossant au plan de travail du barbecue et se délectant de la douce chaleur qui s’en dégageait. Et tandis qu’elle portait son verre de vin pour en boire une gorgée, la trentenaire manqua s’étouffer. Elle se mit à tousser frénétiquement pour se dégager la voie avant de demander : « Pardon ? ». Visiblement, il y avait un sacré quiproquo. Rhett semblait penser que Kenny et elle étaient en couple. Ce n’était absolument pas le cas. A la toux se succéda le rire, sous le poids de la surprise et du mal entendu. « Rhett, Kenny n’est absolument pas mon petit-ami », éclaircit Melody d’un air amusé. « Nous sommes simplement amis », compléta-t-elle. Elle n’avait pas envie de passer par la case des explications sur comment ils avaient été amenés à se revoir en dehors de chez les Barrows car cela impliquait une humiliation, celle d’avoir pris un chat pour un cambrioleur, mais elle tenait à clarifier la situation. Son cœur était toujours à prendre – mais pas à donner, en revanche -. Détournant le regard alors qu’une question lui brûlait la langue depuis qu’elle était remonté avec la bouteille de vin, Melody se balança d’un pied à l’autre. Devait-elle la poser ? Après tout, cela ne la regardait pas. Hésitant, elle préféra boire son vin d’une traite avant de finalement se jeter dans la gueule du loup. « Parlant mariage… », commença-t-elle. « Tu peux me dire que ça ne me regarde absolument pas mais… tu dors dans votre chambre d’amis depuis longtemps ? ». Son intuition lui fournissait ne réponse et elle espérait sincèrement se tromper. Posant le verre sur la table, elle regretta aussitôt d’avoir bu si vite car déjà, sa tête tournait légèrement. Néanmoins, cela lui donnait le courage qu’elle n’avait pas forcément, spontanément. « En allant chercher du vin, j’ai vu certaines de tes affaires », expliqua la blonde pour qu’il ne pense pas qu’elle était allée fouiner et ouvrir toutes les portes se trouvant sur son passage. Certes, elle était tellement souvent ici qu’elle se sentait presque faire parti des meubles mais elle estimait qu’ils avaient le droit à leur vie privée, malgré ses fréquentes visites et son investissement dans la gestion domestique de la demeure. Pourtant, son intuition lui dictait que quelque chose n’allait pas. Était-ce la maladie ou autre chose ? Naïvement, Melody optait pour la première option, loin d’imaginer ce qu’il en était réellement du côté de Rhett.

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L’escalade lui manquait comme bien d’autres activités qu’il pratiquait avant de rencontrer Serena, mais Rhett se mettait de côté depuis tellement longtemps qu’il n’avait même pas pensé profiter de sa journée libre pour en faire. Si Melody n’était pas débarquée à la maison à l’improviste, il aurait sans doute passé la soirée à regarder des spectacles d’humour à la télévision en s’empiffrant de croustilles et il se serait sans doute mis à ronfler avant vingt-une heures tellement il courait après son sommeil ces temps-ci. « Et bien, allons-y après manger ? » Surpris par sa proposition, il posa son regard dubitatif sur elle. « J’imagine qu’on parle d’escalade ici et non pas d’aller faire du saut à l’élastique? » Pas qu’il ne la croyait pas capable de faire la deuxième activité, mais en fait si… Et si Mel était le coup de pied au derrière qu’il avait besoin pour se remettre à faire de l’escalade? Il avait encore tout son matériel rangé précieusement dans le garage. « Tu en as déjà fait? En tout cas, tu risques d’avoir un peu chaud avec mon vieux hoodie… je te passerai un t-shirt, je dois en avoir un trop petit pour moi qui date de l’université. » Voilà longtemps qu’il aurait dû s’en débarrasser comme il ne pouvait plus le porter, mais ce t-shirt lui rappelait ses belles années. La simple pensée d’aller au centre d’escalade aujourd’hui lui donnait le sourire.

Enfin, ça c’était avant de comprendre - ou plutôt de croire - que Melody et Kenny étaient ensemble. Rhett n’aurait pas dû être déçu d’apprendre cette nouvelle, mais c’était plus fort que lui, il ne contrôlait pas la façon dont il se sentait. Il faisait au mieux pour ne rien laisser paraître parce qu’il ne voulait pas qu’il y ait de malaises entre eux, surtout qu’il ne leur souhaitait rien de moins que d’être heureux. « Bah écoute, ouais, hormis le fait qu’il ait des goûts pitoyables en matière de superhéros, ça s’passe bien… » - « Ça aurait pu être pire, il aurait pu ne pas aimer les superhéros, non? » dit-il pour porter secours à son meilleur ami alors que lui-même ne connaissait absolument rien en la matière, si ce n’était que ce que son fils lui racontait ou les quelques films qu’il avait pu écouter avec ce dernier. Le diététicien se montra intéressé aux histoires de cœur de Mel, la questionnant au sujet du supposé mariage, commençant à se douter à sa toux soudaine qu’elle le menait en bateau. « Pardon ? Rhett, Kenny n’est absolument pas mon petit-ami. Nous sommes simplement amis. » Les lèvres pincées, il hocha la tête en roulant des yeux. « Je sais… j’avais compris. » Puis il se mit à rire en se caressant la nuque d’une main, se sentant soudainement stupide ne pas avoir vu clair dans son jeu. « Ok, j’avoue que je t’ai cru pendant un instant, tu m’as eu. » Il tourna la viande sur le grill, puis reposa son regard sur elle en souriant. « Ça aurait pu être vrai, vous avez des points en commun, vous vous entendez bien… Ce n’est pas ton genre? » Kenny était particulier, certes, mais c’était une bonne personne et Rhett était impatient qu’il trouve chaussure à son pied. Tout comme Melody, il faisait partie des personnes de son entourage qui méritait le plus de trouver sa perle rare.  « Parlant mariage… » Les paroles de la fleuriste ainsi que le ton de voix utilisé ne plaisaient pas à Rhett qui l’observait d’un air méfiant. Il n’était pas stupide, il se doutait que la question ou le commentaire qui suivrait concernerait son mariage et son petit doigt lui disait que ce ne serait pas pour le complimenter.  « Tu peux me dire que ça ne me regarde absolument pas mais… tu dors dans votre chambre d’amis depuis longtemps ? » Pourquoi l’avait-il envoyé chercher du vin, se demandait-il, il n’aurait pas à répondre à cette question s’il était allé lui-même. « En allant chercher du vin, j’ai vu certaines de tes affaires » Après qu’elle eut expliqué la raison de sa question, Rhett acquiesça d’un mouvement de tête, le regard rivés sur ses grillades qu’il retournait alors qu’il venait tout juste de le faire quelques secondes plus tôt. « T’as vu la man’s cave» blagua-t-il même s’il n’avait pas spécialement envie d’en rire. « Ça m’arrive de me coucher tard le soir quand j’ai de la paperasse à faire, plutôt que de les réveiller en allant me coucher, je dors en bas. » Les mots avaient été soigneusement choisis dans l’espoir d’être crédible en voulant démontrer que ce n’était qu’une solution occasionnelle quand, en réalité, il dormait au sous-sol bien plus souvent qu’il le sous-entendait. Il espérait être crédible, mais son regard fuyant ne mentait pas, lui. « Il reste de la salade de pâtes dans le frigo si jamais tu veux autre chose pour accompagner. » dit-il en changeant de sujet comme si de rien n’était.

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Elle manque de s’étouffer lorsqu’il lui parle de faire du saut à l’élastique. Elle a avalé de travers une gorgée de vin rouge et tousse pour se dégager la trachée tout en regardant Rhett avec des yeux ronds. Melody a le vertige du haut d’un tabouret ; elle n’ose déjà pas imaginé ce que cela donnera à l’escalade alors se jeter dans le vide les pieds noués à un élastique… Un frisson d’horreur lui parcourt l’échine. « Plutôt mourir que de me jeter du haut d’un pont ! » s’exclame-t-elle avec virulence, plus qu’il n’en aurait fallu. Elle se reprend en se raclant la gorge avant de s’appuyer sur le plan de travail près du barbecue où la viande cuit. « Je n’en ai jamais fait, ce sera une première. S’il faut, si cela te gêne, je peux aussi repasser chez moi me changer ». En réalité, cela la gêne de porter un teeshirt masculin. Depuis quand n’a-t-elle plus porter de vêtements d’homme hormis ce hoodie qu’elle a emprunté ? Elle trouve cela très intime de porter les vêtements d’un homme : pire encore, du mari de sa meilleure amie. Elle se mord la lèvre en pensant à cela. Que dirait Serena si elle savait ?

Heureusement, la conversation s’oriente rapidement vers Kenny. Une compagnie qu’elle apprécie notamment parce qu’ils ont une passion commune qui les animent et les font se disputer comme un vieux couple jamais d’accord : les superhéros. « Je préférais franchement un mec qui déteste les superhéros qu’un type qui a de mauvais goût en la matière », déclare Melody tout en buvant une nouvelle gorgée. Elle s’aperçoit alors qu’elle a déjà terminé son verre. Un peu honteuse, elle dérobe le verre derrière elle, le plus loin possible du regard de Rhett. Pour qui la prendrait-il ? Sa nervosité l’a fait boire plus rapidement qu’elle ne l’aurait voulu et ne cesse de s’amplifier lorsqu’elle se surprend à penser à une certaine réponse quand il lui demande si Kenny n’est pas son type d’homme. Elle pense que c’est plutôt lui, son type d’homme. Il a tout des qualités physiques qu’elle recherche chez un homme mais cela va au-dessus que l’aspect visuel pour Melody. Elle cherche une personne dévouée à sa famille, à celle qu’il aime. Ou tout du moins c’est ce qu’elle croit naïvement, Melody mais ça s’est écorné en voyant des affaires dans la chambre du bas. Rhett se justifie. Elle l’écoute, opine du chef puis finit par s’excuser. « Je suis désolée, ce ne sont pas mes affaires… ». Melody préfère clôre le sujet et va chercher de la salade dans le frigo, suivant les indications de Rhett. Ils mangent, dans un semi silence, s’échangeant quelques banalités mais surtout en suivant des explications précises de Rhett concernant l’escalade. Elle ne le dit pas, Melody, mais elle est très peu rassurée à l’idée d’aller en faire. Pourtant l’envie de faire plaisir à Rhett et lui offrir un moment de répit loin des problèmes prend le dessus et soumet la peur.

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« Plutôt mourir que de me jeter du haut d’un pont ! » La réponse de Melody ne le surprenait pas tellement considérant que le saut à l’élastique n’était pas une activité pour tous, encore moins pour quelqu’un comme la jeune femme souffrant de vertige. « Tu ne sais pas ce que tu manques. » Lui non plus d’ailleurs comme il n’en avait jamais fait, mais il imaginait sans difficulté l’adrénaline que libèrerait son corps et du bien-être qui s’en suivrait. Cette sensation, il ne l’avait pas ressentie depuis des années et il craignait de ne plus pouvoir s’en passer et de se sentir encore plus frustré si son quotidien l’empêchait de continuer de s’adonner à ses activités comme il le faisait depuis qu’il était en couple avec Serena. Dans tous les cas, il allait commencer par se remettre dans le bain avec un sport un peu moins risqué : l’escalade. Qui plus, Melody allait l’accompagner et c’était toujours plus plaisant de pratiquer un sport en bonne compagnie que seul, bien que l’autre alternative ne le dérangeait pas non plus. « Je n’en ai jamais fait, ce sera une première. S’il faut, si cela te gêne, je peux aussi repasser chez moi me changer » Il haussa une épaule avec nonchalance. « Ça ne me dérange pas, mais si tu es plus à l’aise on peut arrêter en chemin. » Il ne voyait pas vraiment de problème, il s’agissait d’un simple bout de tissu après tout, mais il pouvait comprendre qu’elle ne soit pas du même avis. Il y avait une différence entre porter les vêtements d’un homme chez ce dernier et en public.

« Je préférais franchement un mec qui déteste les superhéros qu’un type qui a de mauvais goût en la matière » Les sourcils haussés, il hocha lentement la tête sans pouvoir réprimer un petit sourire espiègle. « Parce que tu pourrais le conditionner comme tu le souhaites c’est ça? » dit-il en riant légèrement, imaginant Melody faire l’éloge des superhéros qu’elle aimait et critiquant ceux qu’elle n’aimait pas. « Tu pardonneras Jayden s’il n’aime pas les mêmes que toi? Il ne faut pas lui en vouloir, c’est que son père ne sait pas quels superhéros sont les bons. » Il se doutait de la réponse, comment résister à son fils? Il n’était peut-être pas le plus objectif en la matière, mais il avait le sentiment que la meilleure amie serait du même avis. Son fils, il l’aimait de façon inconditionnelle. Malheureusement, la réalité était toute autre concernant sa femme et le fait que la blonde remarquait certains signes le rendait nerveux. « Je suis désolée, ce ne sont pas mes affaires… » - « Ce n’est pas grave… » se contenta-t-il de dire avant de mettre les brochettes dans les assiettes. Il mangea majoritairement dans le silence, expliquant brièvement les règles à suivre en escalade, ainsi que la façon dont ils allaient procéder. « On sera en binôme. Je t’assurerai, mais quand ce sera mon tour on demandera à quelqu’un de nous joindre. » Parce que Melody n’avait pas suivi la formation sur les techniques d’assurage. « Je ne te laisserai pas tomber, mais ne t’inquiète pas si jamais, il y aura un crash-pad au sol. » Lorsqu’ils terminèrent leurs assiettes, Rhett se leva et rentra toute la vaisselle qu’il laissa sur le comptoir pour plus tard. Il s’éclipsa une nouvelle fois au sous-sol, revenant quelques minutes plus tard avec un sac à dos rempli de son équipement d’escalade. Avant de se rendre au centre, ils arrêtèrent chez Melody pour qu’elle puisse se changer. Lorsqu’ils arrivèrent enfin à destination, c’est le sourire aux lèvres que Rhett franchit les portes, se remémorant de nombreux souvenirs qu’il avait ici de ses années où il était instructeur. « T’es prête? » demanda-t-il après avoir troqué ses chaussures normales pour des chaussons d’escalade, lui expliquant par la suite comment mettre le baudrier. « Les femmes d’abord? » demanda-t-il en faisant une révérence.

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Melody réfléchit un instant. Flash venait de se dépenser plus que de raisons et elle n’avait pas besoin de le sortir de nouveau avant de nombreuses heures. Elle était dans une tenue tout à fait normale – à l’exception que les vêtements qu’elle portait n’étaient pas les siens mais ceux des Barrows -. Cela ne la choquait pas plus que de raison, elle ne se sentait pas déguisée. Quand Rhett évoqua son petit garçon, Melody esquissa un sourire qui devint plus franc. Cet enfant, elle l’adorait. Elle ne savait pas comment il réagirait lorsque sa mère ne serait plus mais elle se promettait – et elle l’avait promis à Serena – d’être là sans pour autant lui prendre son rôle. Il n’avait qu’une mère et c’était elle. Elle ne voulait pas lui prendre sa place : de toute façon, elle n’avait pas les épaules pour et elle n’était personne sauf la meilleure amie. « Je peux tout pardonner à ton fils, Rhett. Tu le sais », répondit-elle, tout sourire.

Tout s’accélère et ils partent rapidement après avoir mangé au centre d’escalade. L’appréhension grimpe en flèche chez la fleuriste qui se demande pourquoi elle a accepté mais lorsqu’elle pose les yeux sur Rhett dont le visage s’illumine : elle a la réponse. Pour voir ce bonheur sur ce visage empreint de tristesse depuis plusieurs mois maintenant. Il mérite de souffler, de profiter. Sa vie ne s’arrête pas au souffle qui devient de plus en plus critique de son épouse. Il doit penser à lui. Rhett doit envisager la suite. Inéluctablement, une pensée lui vient en tête. Ce que Serena lui a dit, un jour. Qu’elle l’autorisait à fréquenter son mari. Elle repoussa cette pensée en secouant doucement la tête. C’était une bêtise formulée sous le coup de la fatigue. Une boule d’angoisse vint obstruer sa gorge quand Rhett commença à parler de terme technique notamment du fait d’assurer l’autre. Elle ouvrit de grands yeux. Elle, s’occuper de la sécurité de Rhett ? Elle fut rassurée par la suite lorsqu’il indiqua qu’ils feraient appel à une tierce personne. « T’es sûr que tu sais bien assurer, hein ? Parce que parlant assurance, je n’ai pas d’assurance vie alors si je meurs… je meurs ». Sa voix tremblait tant de peur mais elle tentait d’en dénoter une pointe d’humour. Elle enfila le baudrier avant de prendre prise sur un premier point. Elle se hissa d’un peu, environ 20 centimètres. Melody avait le regard fixé droit devant elle, sans regarder en bas. « Rhett ? », appela-t-elle comme si elle était à des mètres de distance de lui. « S’il m’arrive quelque chose, promis que tu t’occupes de Flash ? ». Là, tout de suite, elle maudissait la galanterie de l’homme à laquelle elle voulait néanmoins faire promettre de s’occuper de son amstaff. Peu rassurée, elle fit une deuxième puis une troisième avancée avant de se bloquer totalement, paralysée par la peur en ayant accidentellement dévié le regard vers le bas. A peine 2 mètres du sol et la voilà déjà secouée par une peur paralysante. « J-J-J’peux pas, Rhett… » couina Melody en espérant paradoxalement qu’il n’entende pas son appel à l’aide.

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Si Rhett avait prévu de passer la journée à la maison bien tranquille à se reposer et regarder des films ou séries qu’il affectionnait afin de décompresser de son quotidien surchargé, l’idée de Melody d’aller faire de l’escalade le réjouissait. La jeune femme regrettait sans doute déjà sa proposition alors qu’ils venaient tout juste de franchir les portes du centre, mais l’homme se sentait comme un petit garçon à Noël. Elle n’aurait pas pu lui faire un plus beau cadeau que de lui permettre d’être lui-même en pratiquant cette activité qui l’avait si longtemps fait vibrer avant qu’il ne rencontre Serena plusieurs années plus tôt. Avant de commencer, il prit le temps de lui expliquer les mesures de sécurité ainsi que la base de la technique à utiliser lorsque ce serait enfin son tour de se lancer. « T’es sûr que tu sais bien assurer, hein ? Parce que parlant assurance, je n’ai pas d’assurance vie alors si je meurs… je meurs » Il posa ses mains sur les épaules de Melody en riant légèrement. « Une assurance vie aiderait à payer tes frais funéraires, pas à te sauver la vie de toute manière. » Il lui fit un clin d’œil avant de prendre un air plus sérieux tout en pressant ses épaules avec ses doigts pour la rassurer. « Je suis sûr, j’ai donné des cours pendant des années. Après, on peut demander à quelqu’un d’autre de le faire si tu préfères. » Il ne le prendrait pas mal, il souhaitait que l’expérience soit la plus plaisante que possible pour elle. Naïvement, il espérait qu’elle voudrait répéter l’expérience. « T’as un casque, t’es attachée et il y a des crash-pad pour amortir ta chute si jamais tu tombes. Il n’y a pas de raison pour que tu te blesses si jamais ça arrive. » Sans la quitter des yeux, il se pencha légèrement vers elle sans que son sourire ne quitte un instant ses lèvres. « J’essaierai même de t’attraper si ça peut te rassurer, même si bon… tu risques de m’écraser plus que d’autre chose. » Il se mit à rire avant d’arrêter d’un coup lorsqu’il réalisa ce que ses paroles pouvaient sous-entendre. « Attends, je ne dis pas ça parce que t’es grosse hein… Mais parce qu’il y a peu de chance que je réussisse à t’attraper sans tomber avec la vitesse et tout, tu sais… » Elle comprendrait, il l’espérait.

La personne responsable d’assurer Melody vint les rejoindre et Rhett tenta de l’encourager au maximum en tapant des mains et en s’exclamant avec exagération chaque fois qu’elle atteignait une nouvelle prise et ce même si elle était encore assez près de lui qu’il était capable de littéralement la toucher en tendant un bras. « Rhett ? » Il haussa un sourcil. « Oui? » - « S’il m’arrive quelque chose, promis que tu t’occupes de Flash ? » Il pinça ses lèvres pour ne pas rire parce qu’il comprenait bien à la voir aller que sa peur était réelle. Il ne voulait pas se moquer, du moins pas pendant son ascension. Après, lorsqu’elle aura de nouveau les deux pieds sur Terre, peut-être… « C’est là que je te pousse en bas pour récupérer ton chien? » Il voulait détendre l’atmosphère, mais sa blague était peut-être un peu de mauvais goût dans les circonstances. Surtout qu’il posa une main sur son mollet comme s’il voulait la faire tomber, bien que son geste se transforma plutôt en légère caresse dans l’espoir de la rassurer. « Évidemment que je prendrai Flash, même si on sait tous les deux que ce ne sera pas nécessaire. » Il reprit ses distances pour la laisser poursuivre, mais elle figea dès qu’elle eut la mauvaise idée de regarder vers le sol. « J-J-J’peux pas, Rhett… » Il s’approcha de nouveau tout en restant davantage sur le côté pour qu’elle ne lui tombe pas dessus si jamais elle perdait pied. « C’est ta peur qui parle, mais t’es belle, t’es forte, t’es capable. » l’encouragea-t-il d’une voix douce. « Allez, juste encore un petit peu. Tu vois la prise rouge au-dessus de ta tête? C’est deux pas et t’es rendue. Tu peux le faire! Après on te descend. Deal? » Il voulait qu’elle persévère malgré la peur pour qu’elle soit fière d’elle, mais il ne comptait pas lui mettre la pression si elle avait atteint la limite. Peu importe la décision qu’elle prendrait, il était déjà fier de ce qu’elle avait accompli.

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TW : maladie, aide médicale à mourir

La sensation des doigts de Rhett sur ses épaules font naître une certaine tension chez la fleuriste. Curieusement et de manière tout à fait paradoxale, elle est apaisée par ce geste pourtant sûrement anodin. Ce dernier provient d’un homme, contact devenu très rare voir inexistant de la part de ce genre depuis près d’une décennie maintenant. Melody a le cœur anesthésié par la gent masculine. Elle lui fait confiance, indéniablement, malgré un manque flagrant d’assurance en entendant sa voix pleine de panique. Il faut dire que Melody a le vertige du haut d’un tabouret : cela risque de donner compte tenu de la hauteur du mur d’escalade qui se dresse devant elle. « Je te fais confiance » articule la blonde en ancrant son regard dans celui de Rhett. Son rire résonne dans l’espace où elle se trouve alors qu’il fait une remarque – probablement maladroite – concernant son poids et se rattrape le mieux possible en bafouillant. « Ne t’en fais pas, Rhett, j’avais compris l’essentiel de tes propos » rit doucement Melody.

Malgré la plaisanterie pour tenter de détendre l’atmosphère, la peur s’empare peu à peu de la jeune femme jusqu’à ce qu’elle se retrouve totalement tétanisée sur l’un des appuis, les muscles complément incapables du moindre mouvement. Appeurée, elle fait part de son élan de panique à Rhett. Ce dernier se montre rassurant voir même réconfortant. Elle n’aurait pas imaginé meilleur allié ni soutien dans cette ascension qui pour elle, est conséquente bien qu’elle soit minime pour un amateur de sensations fortes. Elle inspire et expire doucement. Progressivement, Melody retrouve une certaine sérénité (tout est relatif, cela va de soi) et commence à lever le pied pour atteindre le crash indiqué par le trentenaire. « Tu peux le faire », se dit-elle à elle-même comme un encouragement qu’elle se donne pour y parvenir. Alors lentement, elle tend le bras, s’agrippe puis se hisse de ses maigres forces rongées par la peur. Et finalement, vient la délivrance : la prise en vue est atteinte. Elle pousse un cri victorieux, heureuse comme si elle avait gravit l’un des plus hauts sommets. « Je peux me laisser tomber ? » demande la jeune femme à l’attention du diététicien. « C’est bon pour toi ? ». En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, la voilà descendue sous les conseils avisés de Rhett, les jambes flageolantes de l’adrénaline qui est monté soudainement en elle.

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La peur de Melody était apparente du bas du mur d’escalade. Rhett tenta de se faire le plus encourageant que possible pour qu’elle poursuive encore un peu son ascension, mais sans lui mettre de pression pour que son expérience demeure positive. Ses paroles et ses gestes semblèrent porter fruit parce que Mel rapporta son regard vers le haut et qu’elle s’encouragea en se parlant. « Tu peux le faire » Les mains jointes devant son visage, Rhett retint son souffle sans quitter la jeune femme des yeux. Il ne voulait surtout pas la déconcentrer et qu’elle change d’avis. Silencieux, il l’encouragea dans sa tête jusqu’à ce qu’elle ne lâche un cri de victoire auquel se joignit ses applaudissements. « Tu l’as fait! » hurla-t-il avec un énorme sourire. « Je peux me laisser tomber ? C’est bon pour toi ? » Il hocha la tête en lui faisant un signe de venir le rejoindre. « Mais bien sûr. » Rhett lui donna quelques indications pour redescendre malgré la présence d’un employé du centre à leurs côtés. En quelques secondes à peine, voilà que Melody l’avait rejoint au sol. « Tu l’as fait Mel! » répéta-t-il en s’approchant en tendant les bras pour qu’elle tape dans ses mains, suite à quoi il l’entoura de ses bras pour la serrer contre lui. « Je te l’avais dit que ce ne serait pas nécessaire et que tu pourrais récupérer Flash. » lâcha-t-il dans un rire. L’étreinte aurait dû être brève, mais Rhett s’attarda. Le parfum de Melody qui chatouillait ses narines avait un côté enivrant, mais aussi apaisant, et l’homme n’avait pas envie de retrouver la froideur de sa solitude en lui rendant sa liberté. Malgré tout, il finit par se reculer un peu mal à l’aise tandis qu’un frisson qui le prit par surprise parcourait son échine. Melody était supposée de n’être que la meilleure amie de Serena et les sensations qu’il ressentait en sa présence le déstabilisaient de plus en plus.

« C’est votre tour. » La voix de l’employé du centre tira Rhett de ses pensées. Un peu confus, il le regarda longuement avant de s’activer et de terminer de se préparer pour escalader le mur. Une fois prêt, il se lança sans un mot. Même s’il n’avait pas fait d’escalade pendant de nombreuses années, ses bras et ses jambes s’activèrent comme s’ils connaissaient les mouvements par cœur. Rapidement, il se détendit, son sourire s’agrandissant à chaque prise de plus qu’il atteignait. L’escalade lui manquait depuis longtemps, mais il n’avait pas réalisé à quel point avant de se hisser sur le mur devant lui à l’instant. « Tu vas t’occuper de Jayden si jamais je me casse la gueule? » lâcha-t-il en jetant un coup d’œil vers le bas pour se moquer gentiment de Melody qui lui avait fait le même genre de demande à propos de son chien quelques minutes plus tôt. « Ne te rince pas trop l’œil. » ajouta-t-il en rapportant son attention sur sa prochaine cible à atteindre. Il poursuivit la montée jusqu’à atteindre le haut du mur, puis il entama sa descente. À mi-chemin, il se laissa tomber sur le crash-pad les bras en croix en poussant un cri joie. Il se releva ensuite sans pouvoir arrêter de sourire tellement il se sentait bien. Il s’approcha de Melody après avoir pris le temps de se détacher. Ses yeux brillants ne laissaient aucun doute sur le bien-être qu’il ressentait. « C’était vraiment une bonne idée de venir ici, je ne pense pas que j’aurais passé une aussi bonne journée si j’étais resté seul à la maison. Merci pour ça, vraiment. » Peut-être devrait-il garder ses distances, mais pourtant, Rhett saisit doucement le poignet de Melody en lui souriant sincèrement pour lui témoigner toute la reconnaissance qu’il ressentait à son égard d’être là pour lui quand il en avait le plus besoin.

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