@Billie Butler & @Adonis Egan
Tu comptes une énième fois ta caisse. La journée a été longue, et tu n’as qu’une hâte : rentrer chez toi pour te reposer. Pourtant, le compte n’y est pas. Il faut tout refaire, et ça t’arrache un grognement. Tout le monde est déjà parti ; il ne reste plus que toi et ton manager dans la réserve. La sortie du dernier dessin animé Pixar est un véritable succès. À force d’être restée debout toute la journée, tu as la sensation que tes pieds se sont transformés en guimauve. Néanmoins, tu t’interdis de te plaindre. Tu sais combien ce boulot est une chance pour toi. Une rédemption. Il faut être fou pour croire que c’est facile, alors tu t’accroches aux branches. Tu te présentes là tous les jours et tu encaisses. Tu souris. Tu tentes de ravaler tes vieux démons qui parfois menacent de remonter à la surface pour t’engloutir. Il n’y a rien de plus difficile pour une ancienne droguée que de devoir résister chaque jour. Parce que personne ne te veut autant de mal que toi-même. Tu luttes contre tes propres voix intérieures. Elles sont là, dans ta tête, constamment à tester tes limites. Combien de fois as-tu pensé à piquer dans les caisses pour te procurer ta douce dose ? Combien de fois as-tu pensé à tout arrêter, tout éteindre en une injection ? Plaisir éphémère et promesse d’évasion momentanée dans un quotidien parfois trop intense pour ta petite personne. Néanmoins, les enjeux sont trop importants. Tu ne veux plus voir la déception dans le regard de tes proches. Tu ne veux pas retomber dans tes anciens travers. La drogue est aussi bonne que destructrice. Peut-être d’ailleurs plus destructrice que bonne lorsqu’on voit les ravages qu’elle cause. Les pertes sont plus nombreuses que ce qu’elle rapporte réellement. Tu sais que tu perdrais bien trop à y retoucher alors tu luttes. Tu luttes contre toi-même et toutes tes voix intérieures. Tu luttes contre tes mauvaises pulsions qui te poussent parfois à faire des conneries, et tu t’accroches à de petites victoires comme cette fichue médaille qu’on te promet à chaque étape franchie. Le mois dernier, tu as obtenu ta deuxième récompense pour tes six mois de sobriété. Aux yeux de tous, ce n’est rien de plus qu’un jeton en plastique sans aucune valeur. Mais pas pour toi. Il représente des nuits de doutes et de combat pour en arriver là. « Fais chier, putain ! » pestes-tu de nouveau lorsque tu te rends de compte qu’encore une fois il y a un souci avec la caisse. Ne sais-tu plus compter après avoir fait ça toute la journée ? La différence n’est pas énorme, mais la pression que ça engendre, si. De nouveau, tu te remets à compter…. 10, 20, 30, 40…. chacune de ces foutues pièces pour entrer le montant dans la calculatrice de la machine. Tu finis par lâcher un soupir de soulagement lorsque enfin le montant final est celui que tu espérais. Hallelujah. Tu vas pouvoir rentrer chez toi, te glisser sous un plaid douillet et mater ta série du moment. Tu t’apprêtes à aller changer ton équipement de boulot pour quelque chose qui te ressemble plus lorsque la porte du cinéma est poussée. Tu soupires, prête à t’agacer, puisque la dernière séance s’est terminée depuis presque une heure et que ton seuil d’amabilité a déjà été atteint. Celui qui s’apprête à franchir cette porte n’aura pas ton sourire, et c’est les sourcils froncés que tu l’accueilles : « On est fermé… revenez demain. » Ou jamais. Qu’importe. Il te faut quelques secondes pour que tes méninges se connectent et que tu reconnaisses ce sourire ravageur. Un sourire auquel tu réponds aussitôt parce qu’il ne pouvait pas mieux tomber et qu’on n’a pas toujours l’occasion de recevoir une grande star à son lieu de travail. Tu contournes le comptoir pour venir te jeter dans ses bras dans une accolade sincère. « Adé !!! » Des mois que tu ne l’as pas vu, et à te contenter d’échanges par messages et de quelques rares appels. La vie de star, sûrement, bien différente de la tienne. « Pour tes beaux yeux, non, mais je peux voir avec mon manager ce que je peux faire… » Qui dit non à une célébrité ? La requête ne sera pas refusée si tu t’engages personnellement à t’occuper de la fermeture de l’établissement. « …mais ça risque de te coûter très cher, » ajoutes-tu, un petit sourire malicieux sur les lèvres. Est-ce réellement un problème pour lui ? Le prix n’est finalement pas cher lorsqu’on sait combien ton ami t’a manqué et combien tu rêverais de passer quelques heures en sa compagnie sans devoir écourter l’instant parce que Monsieur a d’autres engagements. Tu prends un instant pour l’observer et te rends compte que ses traits sont beaucoup trop tirés. Tu n’es pas du genre à t’inquiéter pour les autres. Plutôt du genre à exécuter l’expression après moi, le déluge. Mais tu as tes exceptions. Rares sont-elles, mais Adonis en fait partie. Tu viens poser ta main sur sa joue et, d’un ton inquiet, tu demandes : « Et toi, ça va ? » Faut-il lui rappeler, toi, que la consommation de substances illicites n’apporte rien de bon ? Es-tu légitime pour lui donner des leçons quand maintes et maintes fois par le passé, il a tenté de te secourir en vain ?

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Billie se mit à regarder ce garçon qu'elle a aimé en silence pendant tant d'années et son cœur se serra. Adonis n’avait jamais vraiment changé à ses yeux, malgré la célébrité elle arrivait toujours à le voir tel qu’il était réellement et non pas en cette icône du rap que tout le monde admirait de loin sans que personne ne prennent le temps de le connaître réellement. Elle avait la sensation de le connaître depuis toujours bien que leur relation ne remontent qu’aux années lycée. À l’époque, elle se contentait de l’observer en silence, enfermant son amour pour lui dans une bulle fragile qu’elle n’avait jamais osé laisser éclater par peur de gâcher une si belle amitié. Les quelques tentatives de confession s’étaient pour la plupart du temps heurtées à un mur de mauvais timing, l’un ou l’autre étant toujours déjà engagé ailleurs. Pourtant, malgré toutes ces occasions manquées, ils avaient toujours trouvé une façon de rester proches, comme si quelque chose de plus profond les liait. Ce soir, cependant, ce n’était plus l’adolescent star de son équipe de basketball qu’elle avait devant elle, mais un jeune homme qui portait le poids du monde sur ses épaules. Il avait toujours eu ce sourire capable de faire fondre les cœurs, - même les plus résistants. Seulement ce soir, son sourire n’atteignait pas ses yeux. La jolie blonde reconnut aussitôt cette tristesse cachée derrière les paillettes et les éclats de rire forcés. Elle connaissait elle cette mélancolie cachée sous une façade de bonheur artificiel. Elle l’avait vue trop de fois dans son propre reflet, dans ces moments où elle tentait désespérément de convaincre le monde qu’elle allait bien alors que tout en elle s’effondrait. Il pouvait continuer à mentir aux autres, mais pas à elle. Pas lorsqu’elle avait elle aussi déjà traversé tout cela un million de fois.

Son cœur se serra un peu plus parce qu’elle réalisait doucement qu’il était en train de suivre le même chemin qu’elle. Et ça, elle ne le lui souhaitait pas. Néanmoins, elle ne se sentait pas légitime de lui reprocher. Elle accepta volontiers sa proposition, sentit même un appel à l’aide dans cette venue soudaine malgré qu’il ne le formula pas de cette façon. Elle s’inquiétait évidemment mais ne dit rien par peur de le brusquer. Trop souvent, ils avaient laissé le mauvais timing dicter leur relation, mais ce soir, il n’était pas question de laisser passer l’occasion de lui tendre la main, comme il l’avait fait pour elle tant de fois. Elle luttait d’ailleurs contre l’envie de l’étreindre à nouveau, de lui dire qu’elle était là, qu’il n’avait pas besoin de continuer à faire semblant avec elle. Mais elle avait conscience qu’elle marchait sur des œufs, qu’elle pouvait le braquer en insistant trop alors même s’il essayait de la rassurer, elle n’était pas dupe mais lui offrit tout de même un sourire. « Les clients étaient… terriblement chiants ! » dit-elle laissant échapper un rire sur cet aveu. Seulement, elle ne voulait pas cracher dans la soupe. C’est grâce à ce boulot qu’elle arrivait un peu mieux à se sortir de ses ennuis. Alors elle faisait avec. À en écouter son ventre qui gargouillait l’idée d’un fast-food lui parut alléchante mais elle ne voulait pas occuper son temps à mâcher et se goinfrer en passant à côté du plus important. « On pourrait juste marcher, tu sais... parler. Je connais un type à côté qui fait de très bons tacos aux poissons, si tu as vraiment faim ! » poursuit-elle, retirant sa casquette de travail de sa tête, elle la tendit à la star puis fouilla dans un tiroir pour sortir un de ces masques FPP longtemps imposé à la population que certains continuaient toujours à porter. « Et je dois bien avoir une paire de lunettes dans mon sac. Comme ça, personne ne viendra nous embêter. » ajouta-t-elle prévoyante comme à son habitude. Elle ne savait pas exactement si elle était réellement en mesure de l’aider, mais elle était prête à essayer. Il suffisait parfois d’une personne pour faire toute la différence. À peine le temps de se changer et de fermer les lieux qu’elle était déjà prête pour la balade.

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Billie se surprit à sourire en sentant le bras d'Adonis se glisser naturellement autour de ses épaules. Le geste est simple, banal, mais il lui faisait du bien. Il y avait quelque chose de réconfortant dans ce contact chaud et elle se laissa porter par la douce illusion que ça lui procurait . Comme si tout allait bien et qu’ils n’étaient rien de plus que deux vieux amis marchant côte à côte. Alors qu'ils marchaient, les rues calmes autour d'eux, elle se permit de jeter un coup d'œil discret à Adonis. Le voir comme ça la rendait triste. Il l'avait soutenue à l’époque et maintenant, c'était à son tour de faire de même, mais elle se sentait tellement petite face à cette tâche. Comment pouvait-elle l'aider alors qu'elle réussissait à peine à se sauver elle-même ? Néanmoins, un sourire traversa son doux visage lorsqu’il l’appela "Mademoiselle Butcher", le surnom le plus nul qu’on lui ait donné. D'un geste vif, elle lui donna une légère tape du coude : « Je t’interdis de m’appeler comme ça ! » son air faussement sévère n’impressionnait pas grand monde : « Ou sinon tu vas vraiment voir ce que ça fait d’être ‘butcher’, » ajouta-t-elle d'une voix taquine, un sourire en coin trahissant ses menaces. Le sujet de la danse restait un peu tabou. Elle n’avait plus remis les pieds dans une salle depuis des années. La danse était toute sa vie, son échappatoire mais ces dernières années, elle avait dû la mettre de côté, à son grand désarroi. Elle resta silencieuse un moment. Elle ne voulait pas lui mentir. Il avait été là pour elle à chaque étape et ce, même lorsqu’elle s’était perdue en cours de route. « Pour ce qui est de la danse, je… je n'ai toujours pas repris. » Elle baissa les yeux, fixant le sol comme si elle cherchait les mots justes : « Je voulais d’abord être sûre d’aller mieux. Mais… » elle tenta de retrouver son joli sourire s’accrochant à ses espoirs pour avancer :  « Je suis clean depuis six mois. Et même si je n’ai pas encore repris, je commence à envisager de le faire… doucement et à mon rythme. » elle n’en avait parlé à personne mais cette idée germait dans son esprit depuis quelques temps déjà. Alors qu'ils marchaient en silence, Billie se perdait dans ses pensées, encore un peu secouée par sa propre confession. Elle savourait ce moment de tranquillité jusqu’à qu’il lui annonce qu’il va bientôt se produire sur scéne. Elle s'arrêta net tandis que son cœur fit un bond dans sa poitrine. La nouvelle résonna en elle comme une excellente nouvelle pour lui. Elle tourna vivement la tête vers lui, ses yeux s'illuminant d'un éclat d’excitation qu’elle ne su calmer et sans réfléchir, elle se précipita vers lui pour le serrer fort dans ses bras alors que son rire cristallin raisonna aussitôt. « Oh mon Dieu, Donis ! » s'exclama-t-elle, incapable de contenir son enthousiasme. « C'est incroyable ! Et bien sûr que je serai là ! Tu rigoles ? Je vais être ta plus grande groupie, c'est promis ! » Elle se recula légèrement, un sourire énorme sur le visage. « Je pourrais même me tatouer ton visage sur le bras, tu sais, pour te montrer à quel point je suis dévouée et fan. » Elle secoua la tête amusée par sa propre idée. « Bon peut-être pas un tatouage… Mais tu sais que je serai là, à chaque seconde, pour t’encourager. » Elle sentit son cœur se gonfler de fierté. Lui bébé Adonis, futur Jay-Z de leur génération et meilleur ami. Elle était chanceuse. « Je suis tellement fière de toi…. Et bien à côté de ça, je ne sais pas quoi raconter sans passer pour une looseur. » Elle avait dit cela avec légèreté, mais une part d'elle se sentait encore un peu vulnérable. Elle n'avait pas encore retrouvé son propre chemin, et voir Adonis s'épanouir dans le sien la remplissait d'une joie immense, mais ravivait aussi certaines de ses propres incertitudes. Son regard remonta doucement vers lui, un sourire timide aux lèvres, espérant que sa tentative d'humour léger cacherait ses véritables insécurités. Parce qu’au fond, elle savait que peu importe où la vie les mènerait, ils continueraient de se soutenir…

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Un vent léger venait caresser leurs visages apportant avec lui une fraîcheur bienvenue. Ils avaient de la chance ce soir de pouvoir se promener sans croiser grand monde, profitant de la tranquillité rare des rues désertes. La danse avait toujours été sa passion à Billie, une flamme qui brûlait intensément en elle, mais elle ne pouvait s’empêcher de se demander si cette flamme n’était pas en train de s’éteindre. L’idée de retrouver ce plaisir la remplissait autant de joie que de crainte, car elle savait qu’elle n’était plus la même qu’avant. Elle craignait de ne plus être à la hauteur, de ne plus retrouver son niveau. Elle sourit tristement tandis que son regard se perd droit devant elle, sans oser le poser sur son ami. « Je sais, tu as raison, mais… » Elle hésite un instant, cherchant les mots. « Mais, j’ai surtout peur de ne plus être capable de danser comme avant, tu vois ?» son timbre de voix se fit plus doux, presque timide. « Je ne veux pas me décevoir encore plus. » avoua t-elle difficilement. Leur conversation dériva sur des sujets plus légers lorsqu'il plaisanta sur l'idée d'un tatouage, préférant un t-shirt avec son visage imprimé dessus. Billie éclata de rire. Elle leva les yeux au ciel avec une exagération : « Alors c’est ça, être une star ? Avoir un ego aussi grand que ta tête ? » Elle rit de nouveau de bon cœur, sentant la légèreté de l’instant adoucir un peu les pensées plus sombres qui l’avaient envahie plus tôt. « Bon, je te promets de faire ce t-shirt, juste pour que tu puisses te vanter devant tout le monde. » Elle lui adressa un clin d'œil complice, avant que le silence ne retombe entre eux. Mais c’était un silence doux, apaisant qui leur permettait de simplement profiter de la présence de l’autre. Adonis lui promit de lui laisser quelques billets de côté. Elle savait déjà qui elle inviterait, même si certains noms lui venaient en tête avec une pointe de tristesse. Avant, son père aurait été en tête de liste, mais leur relation s’était refroidie depuis qu'elle avait appris qu'il attendait un enfant avec une autre femme. Billie avait du mal à l’accepter; son père n’était plus jeune, et elle avait encore besoin de lui. Peut être qu’elle pourrait simplement le propose à  Raven, sa sœur, ou à son oncle Kai, qui serait sûrement ravi de l'accompagner. « Merci, Donis… C’est vraiment gentil de ta part. Je vais réfléchir à qui inviter dans ce cas. » Elle lui adressa un sourire sincère. Leur marche se poursuivit, et quand il lui répondit qu’elle ne devait pas dire de conneries, que même si c’était calme en ce moment, elle reculait pour mieux sauter, sa main sur son menton eut l’effet d’un petit electrochoc. Mais un electrochoc agréable, contrastant avec le froid extérieur et la chaleur qui émanait de lui. Ce petit contact fit battre son cœur un peu plus vite et rosir ses joues. Leurs regards se croisèrent, et elle se perdit dans ses yeux. Le temps sembla s’arrêter un instant. Elle sentit son souffle s'accélérer légèrement tandis que ses pensées se brouillèrent sous l’intensité de son regard. Son myocarde battait tellement fort qu’elle craignait qu'il ne l'entende, seulement elle ne pouvait se résoudre à détourner les yeux. Pourtant, une fois de plus, ce n’était pas le moment pour eux, pas maintenant… Puis par un effort herculien elle finit par détourner le regard, brisant aussitôt ce petit truc.  « Tu as surement raison… » murmura-t-elle en essayant de reprendre contenance. Quand Adonis lui parla de la vie de star, minimisant son éclat en soulignant qu'il ne restait plus grand-chose une fois le brillant retirés, elle hocha la tête. La vie de star ne l’avait jamais fait rêver. Au contraire, elle savait qu’elle se serait probablement perdue aussi, qu’elle aurait surement sombré encore plus profondément dans ses propres démons. Voir Adonis lutter, voir qu'il tombait lui aussi dans des pièges comme la drogue, la rendait triste et en colère. Lui qui avait toujours été si fort, si lumineux ? Mais ce qu'elle lui enviait par contre, c’était son but. Il avait encore un rêve, un chemin à suivre, alors qu'elle se sentait à la dérive. Son seul objectif pour l’instant était de rester clean. Et comparé à ce qu’Adonis réalisait, cela lui semblait tellement dérisoire, tellement… merdique. Puis, il lui dit qu’une soirée avec elle valait toutes les célébrités du monde, qu'au moins avec elle, il n’avait pas besoin de jouer un rôle. De nouveau, elle se mit à rougir. Elle lui offrit un sourire doux. Seulement, il venait de piquer sa curiosité.  « Qu’est-ce que tu veux dire par jouer un rôle ? » demanda-t-elle doucement, levant les yeux vers lui. Ils arrivèrent près du fleuve, et elle se dirigea vers un banc caché par un arbre. L’endroit était isolé, parfait pour eux. Elle s’assit, l’invitant à la rejoindre d’un geste de la main. « Si tu veux retirer ton masque, c’est le moment. Il n’y a pas grand monde par ici. »

@Billie Butler & @Adonis Egan

La nuit commençait à doucement s’installer, et malgré la fraîcheur qui commençait à se faire sentir, Billie profitait de la chaleur du beau brun à ses côtés. Ses paroles résonnaient doucement dans sa tête, sa proposition de l'accompagner dans la danse pour l'aider à retrouver sa passion ne tombait pas dans l’oreille d’un sourd. Elle ne put s'empêcher de sourire. Le sérieux dans ses yeux contrastait avec la folie de son idée. Il voulait vraiment être là pour elle, la soutenir, ça se voyait. Elle le regarda en silence pendant quelques instants tandis que le vent jouait avec ses cheveux. C'était dans ces moment-là qu'elle réalisait à quel point Adonis comptait pour elle. Pas seulement comme un ami, mais comme quelqu'un qui la comprenait, qui voyait au-delà de ses sourires de façade, de ses doutes et de ses peurs. « Tu sais quoi ? Je pense que ce serait une excellente idée ! » finit-elle par dire, un léger sourire éclairant son visage. « Je pourrais bien te donner quelques cours. Ça me forcerait à reprendre doucement et sans pression. » Elle laissa échapper un petit rire. « Et puis je donnerais cher pour te voir essayer de suivre mes pas… » Mais au fond d'elle, elle savait que ce n'était pas seulement une question de danse. C'était une façon de se reconnecter, de retrouver cette complicité qu'ils avaient toujours eue. Quand il lui parla du décalage entre l'image publique et sa véritable nature, la blonde eut un sentiment de compassion. Elle voyait à quel point il se débattait pour rester fidèle à lui-même dans un monde qui ne cessait de le tirer dans des directions opposées. Elle pouvait sentir le poids qu'il portait sur ses épaules, et l'envie de l'aider, de le soulager de ce fardeau, se fit plus pressante. L'instant se suspendit de nouveau, et cette fois-ci, elle ne put ignorer le battement rapide de son cœur. Le contact de sa peau, la chaleur qui émanait de lui… Tout cela créait une alchimie qu'elle ne pouvait plus nier. Ce n'était plus seulement de l'amitié, c'était quelque chose de plus profond, de plus compliqué. Une émotion qu'ils avaient tous deux longtemps évitée, mais qui, ce soir-là, semblait les rattraper. Lorsqu'il prit sa main dans la sienne et s'installa à ses côtés, elle sentit son souffle se bloquer comme si ce geste avait le pouvoir de faire basculer tout leur univers. Et puis, il répondit à sa question, retirant ce masque comme s’il révélait enfin une part de lui qu'il avait toujours gardée cachée. Il parlait de son image de prince de la nuit, mais ce qu'elle entendait dans sa voix, c'était la fatigue. La lassitude d'un monde qui ne lui correspondait pas, qui le forçait à jouer un rôle qu'il n'avait jamais voulu endosser. Billie l'écouta en silence, ses doigts serrés autour des siens, une pression légère mais présente, comme pour lui rappeler qu'elle était là, qu'il n'était pas seul. Lorsqu'il tourna enfin son visage vers elle, elle croisa son regard et vit la vulnérabilité qu'il cachait derrière ses mots. Cette vulnérabilité qui faisait écho à la sienne. « Tu sais, Do’… » murmura-t-elle doucement, ses yeux plongés dans les siens. « Je pense que c'est ça la vraie liberté. Tu ne devrais pas avoir à jouer un rôle pour les autres. Tant que tu peux faire ce que tu aimes vraiment, le reste… peut toujours attendre. » Elle se tourna vers le fleuve, se perdant dans le reflet des étoiles sur l'eau sombre. Elle comprenait tellement bien ce qu’il ressentait, son besoin de simplicité. C’était d’ailleurs ça qui lui avait toujours plu chez lui et qui les rapprochait autant. Leur envie commune de retrouver un peu de paix et de tranquillité. Après un long moment de silence, elle reprit la parole, sa voix presque un murmure tandis qu’elle continuait à lui tenir la main, incapable de la lâcher : « Je ne sais pas si ça va te rassurer mais moi aussi, parfois, je me sens épuisée par tout ça. Par le fait de devoir toujours être forte, de devoir rester à flot. » elle avait l’impression de se battre tous les jours contre elle-même et rien de pire quand l’ennemi connait toutes vos failles. « Mais quand je suis avec toi… je me sens plus légère, comme si tout ça devenait un peu plus facile à porter. » Elle tourna de nouveau son visage vers lui, un sourire doux éclairant ses traits. Elle se sentait réellement chanceuse de l’avoir dans sa vie.