[ at arm’s length ] w/ @shane greaves

cw: —
Le post-it traîne sur son écran depuis trois jours. Le message est vu depuis trois jours également. Elle n’a pas encore confirmé sa présence pour quoi que ce soit et évidemment, il y a cette chance, cette mince possibilité, qu’elle ne fasse rien de tout cela et termine juste par se pointer le bout du nez, l’excuse prête sur le bout de la langue. Prête à prétendre un oubli alors que cela fait deux jours qu’elle a le post-it quelque part, deux jours qu’elle regarde ce petit carré de papier légèrement bleuté dans le but de juste confirmer sa présence.

Et elle a l’intention de le faire.
Finit toujours par repousser à plus tard et encore plus tard.
Comme si un mauvais présage l’empêchait de compléter cette simple petite tâche.

La petite tâche qui a terminé par ne jamais être accompli, la journée même qui se termine par Solana qui arrache le morceau de l’écran, serrant celui-ci très fort dans ses mains, prête à le jeter dans le recyclage, le moment où elle quittera son bureau. La petite tâche écrite qui termine par se faire enfoncer dans le fond de la poche de son blazer, par inadvertance ou par simple envie de le garder comme preuve à montrer à Josh et Alison. Comme pour dire : look, i made a note, forgot about it, you know how I am ; car ils savaient comment elle était. L’aimait pour ces mêmes raisons. Comme ils apprécient parfois sa tendance de ne pas être à l’heure, mais elle rattrapait le chemin en étant elle-même, en racontant les blagues les plus nulles entendues ici et là. Sur le chemin, se dit que le mieux serait de dire qu’elle est sur le point d’arriver et pour continuer sur sa lancée, Solana fini par ne pas le faire, trop préoccupée par la route devant elle, par les voitures qui se mettent devant elle et qui font en sorte qu’elle perd patience. Certaine de ne jamais arrivé au bar avant de finalement la lumière, au loin, quelque part. Josh et Alison qui l’attendent depuis combien de temps, elle l’ignore et c’est serrant le post-it dans la main qu’elle entre à l’intérieur du bar, se frayant un chemin parmi les gens, à la recherche d’une consommation, n’importe quoi pour calmer ces nerfs qui semblent à vifs.

C’est du regard qu’elle cherche des têtes familières parmi la foule. Certaine à moment de reconnaître Josh au loin puis Alison, avant de réaliser qu’elle s’est complètement trompée. Elle est sur le point d’envoyer un message à Alison pour lui demander où ils sont et il y a comme un changement dans l’air, un certain parfum qu’elle reconnaît qui vient lui piquer les narines, ses prunelles à elle qui se finissent par se poser sur une silhouette familière, n’importe qui sauf lui, que sa conscience lui dit ; Too fucking late. Le eye contact est fait, la porte de sortie impossible à trouver maintenant, il semble, inaccessible même ; elle continue de l’observer, les pas qu’il prend pour la rejoindre et il se retrouve à ses côtés. Une image lui vient en tête, de ce temps où Solana lui aurait sauté dans les bras, grand sourire aux lèvres, heureuse de le voir. « I didn’t know you were back. » A-t-elle cherché à savoir quand il reviendrait? Non, pas réellement. Ne cherchant plus vraiment à savoir où se trouve Shane dans le monde à l’heure actuelle depuis quelques temps maintenant et ça fait juste lui rappeler à quel point il y a ce vide entre eux. Cette espace où, avant, ils communiquaient sans cesse, se retrouvaient pour parler de tout et n’importe quoi, fabriquer le monde à leurs façons. Plus maintenant. C’était le passé, tout cela et maintenant ils sont dans le présent. À des milliers de kilomètres l’un de l’autre. « Good to see you too. » L’aveu peut faire mal à dire, à admettre et pourtant, ce n’est pas le sentiment qu’elle ressent tout de suite, Solana. Ce n’est pas ce que sa tête lui dit, tout le contraire, car cet aveu n’est pas un mensonge, un simple moyen d’être courtoise. Elle le dit avec toute la sincérité qui existe dans son être. C’est bon de le revoir, malgré tout. Malgré la rancune. Malgré les vestiges d’un passé qui n’existe plus. Il lui manquait, il lui manque, comme la dernière pièce d’un puzzle qu’elle vient de trouver après avoir cherché et cherché et cherché pendant des heures, des semaines, des mois sans trouver ce foutu morceau. Il est là, le monsieur. Juste devant elle, droit devant ses yeux. « The parents are mad, apparently. » Rire moqueur quittant sa bouche. « I need a drink. » La déclaration de l’année, à ce point.

Spoiler: