Catch me or I go ft Sahar

Catch me or I go

@Sahar Hosseini & @Adelaïde Brekker
Le retour a quelque chose de compliqué. La maison semble vide. Sophie qui n’est plus là aussi souvent qu’Adelaïde le voudrait. Le vide qui se fait ressentir. Si parfois, elle se sentait acculée par le poids de l’éducation de cette enfant, maintenant, elle se rend compte que c’est dur sans elle. C’est peut-être là, la preuve que finalement elle a pris les choses sérieusement. Contrairement à ce que pense sa mère. Le plus dure dans ce retour, c’est quelques jours plus tard, le courrier apporté par un coursier d’un grand cabinet d’avocat de Gold Coast. Les poursuites que sa propre génitrice opère contre elles ne tiennent pas debout mais ce n’est plus à elle d’en décider. La justice est appelée pour régler le contentieux. Et il faut avouer qu’Addie ne pensait pas que sa salope de mère puisse aller aussi loin. Il y a une fatigue permanente, un stress qui ne diminue pas. Alors oui, on peut dire que le retour est compliqué. Très compliqué.

Elle rentre à pied du lycée. Elle a besoin de marcher, pas de transport en commun. La température est plaisante, un macchiato caramel dans sa main, elle regarde un peu pensive les vitrines de South Bank, sans avoir l’intention de rentrer dans un magasin. Elle retarde juste le moment où elle se retrouvera dans son canapé à manger des sushis qu’elle aura sans doute commandé. Sans oublier le vin pour tenter de se détendre, elle sait déjà que cela ne fonctionnera pas. C’est en cette fin de journée qu’elle se rend compte d’où elle est. Ses pas s’arrêtent face à la vitrine d’une galerie qu’elle connait. Les vestiges de souvenirs pourtant plaisants... ils semblent appartenir à une autre vie. Presque quatre mois qu’elle n’a pas revu la propriétaire et qu’elle n’a pas donné signe de vie.

Une gorgée de café, une hésitation. Et puis finalement elle pousse la porte, annoncé par une petite clochette chic. Pourquoi sent-elle son cœur battre un peu plus fort ? Adelaïde l’ignore. Peu portée pourtant sur les sentiments, elle croit bien qu’elle craint les retrouvailles qui pourraient arriver. A première vue, personne, alors elle avance, commence à regarder les tableaux que Sahar expose, toujours un art sublime, elle aime ce qu’elle voit, perçoit. Plus que quelques secondes avant qu’elle ne se retrouve alors face à Sahar.

Qu’est-ce qu’elle va lui dire ? C’est complexe, elle ne sait pas. Doit-elle lui expliquer ? L’impression qu’elle n’a pas à se justifier, mais d’un autre côté, peut-être... comment savoir ? Elle ne pratique plus les relations humaines depuis quatre mois, sauf pour l’école spécialisée de Sophie, sauf pour les désaccords avec sa mère. Adelaïde craint la dispute, elle n’a pas envie. Pourtant, n’était-ce pas le risque en pénétrant dans la galerie de la belle galeriste ? Ses yeux azurs sont posés sur une œuvre, perdue dans ses pensées, elle n’entend pas qu’une personne approche de sa zone. Elle ne se rend plus compte que c’est le moment, l’heure des retrouvailles tant redoutées. C’est pourtant maintenant...

_________________

Catch me or I go

@Adelaïde Brekker & @Sahar Hosseini

Hope of shades art gallery ⋄ mardi 14 mai 2024‎‎ ‎›‎ ‎‎19:28‎

(outfit) ⋄ Les yeux rivés sur son écran d'ordinateur, Sahar transcrit les coordonnées de son nouvel acquéreur sur son logiciel de facturation. La facture éditée est jointe au mail qu'elle tape rapidement, ainsi que le contrat de vente. L'artiste derrière le tableau qu'elle vient de vendre a rejoint ses rangs il y a tout juste deux mois et c'est pourtant déjà la troisième œuvre qu'elle vend d'elle. Comme les précédentes, cette toile partira pour un pays d'Asie, une fois que Sahar aura sécurisé l'opération et reçu les fonds. Les ventes en ligne tendent à se démultiplier ces derniers temps et cela n'est pas pour déplaire à la galeriste qui retrouve un certain souffle depuis sa dernière exposition fortement décriée dans le monde de l'art. Ainsi concentrée dans sa tâche, l'iranienne ne prête guère attention à ce qu'il se passe dans sa galerie. Le son émis par la cloche au-dessus de la porte d'entrée est entendu sans être écouté. Dans tous les cas, Arlo est encore dans les parages et sera à même d'apporter conseil et information aux visiteurs. Sahar ne fait donc pas attention à ce qu'il se passe plus loin et ce n'est que lorsque son assistante finit par arriver sur la pointe des pieds à hauteur de son bureau que la galeriste sort de sa bulle. Elle n'a qu'à peine le temps de relever les yeux vers la blonde en vue de lui demander ce qu'il se passe que déjà celle-ci la devance en lui indiquant qu'il faudrait que ce soit elle qui s'en occupe.

Je pense que tu devrais y aller. La demande est suffisamment rare pour être étonnante. Suffisamment rare, également, pour que Sahar accepte d'y faire droit sans poser plus de questions. Aussi acquiesce-t-elle d'un léger signe de tête alors que son regard s'accroche quelques secondes sur l'heure indiquée par son ordinateur. La galerie ferme officiellement ses portes d'ici quelques minutes. Est-ce pour cela qu'Arlo est venue la chercher ? Si une telle situation ne s'est jamais produite, la galeriste s'imagine que la plus jeune a une obligation et c'est pour cela qu'elle accueille la demande qui lui est faite sans plus tarder.

- Bien sûr, je m'en occupe et je me charge de fermer. À demain, passe une bonne soirée.

Arlo délivrée de ses obligations, la galeriste quitte enfin son bureau. La première salle des expositions est vide et c'est naturellement vers la deuxième partie de la galerie d'art que la propriétaire des lieux se dirige. Elle n'à qu'à peine fait quelques pas en cette direction qu'elle reconnaît la femme qui se tient devant l'œuvre de Jordana qu'elle vient justement de vendre. Son cœur marque un arrêt dans sa poitrine mais Sahar refuse de l'écouter. Elle s'en est suffisamment voulu d'avoir autant manqué de vigilance avec Adelaïde pour accepter de voir l'expérience être réitérée. Elle s'efforce donc de marcher en sa direction, en chassant ce désagréable goût de nostalgie et de déception qui la saisit, pour feindre une certaine indifférence en arrivant à sa hauteur.

- Je viens de la vendre. J'apprécierais que tu évites de renverser ta boisson dessus.

Derrière ce qui pourrait ressembler à une taquinerie soulignant la maladresse connue d'Adelaïde, c'est bien d'une voix au ton plus sec qu'à l'accoutumée que Sahar s'exprime. L'amertume est présente ; plus encore depuis que la galeriste a pris conscience qu'elles avançaient à deux vitesses. Elle sait qu'elle est la seule à blâmer, dans cette histoire. Pourtant, elle ne peut s'empêcher d'éprouver une sorte de ressentiment suite au départ brutal d'Adelaïde et ce soudain retour, plusieurs mois plus tard. Que veut-elle ? Que fait-elle ici ? Ce sont les premières questions qui traversent l'esprit de la galeriste qui finit par arrêter son regard dans celui de la blonde face à elle, alors qu'elle glisse ses mains dans les poches de son pantalon.

_________________

Catch me or I go

@Sahar Hosseini & @Adelaïde Brekker

Bonne ou mauvaise idée ? Personne ne sait. L’espace d’un instant, Adelaïde a l’impression que c’est une bêtise, qu’elle aurait juste dû passer son chemin et laisser Sahar au passé. Peut-être que cela aurait été mieux ainsi ? Et vivre, avancer... en repensant aux bons moments passés... sans avoir pu s’expliquer ? Pourquoi devrait-elle s’expliquer ? Elle prône l’absence de sentiment, la liberté... et pourtant, elle sent qu’elle aurait dû expliquer à son ancienne amante les raisons de son silence. Et peut-être qu’elle a elle-même saboté cette relation en allant voir ailleurs, bien qu’encore une fois, elles ne s’étaient pas dit qu’elles devaient être exclusives... mais Adelaïde se trouve juste des excuses, parce que comme toujours, elle fait tout foirer quand elle commence à s’attacher à quelqu’un. Elle a quelque peu fui Sahar et n’a pas souhaité l’embarquer dans ses problèmes de famille un peu fous.

Et maintenant ? Elle avance sur le parquet impeccable de la galerie d’art. Son gobelet de café à la mains, elle pourrait être une cliente et pourtant, elle n’a pas l’intention d’acheter la moindre œuvre ici. Bien qu’elle soit touchée par ce qui est exposé, comme la première fois qu’elle est venue ici. Ses pupilles sont rivées sur une œuvre qu’elle savoure apprécie. Encore un moyen de fuir la réalité. Pourtant quelqu’un approche, approche d’elle et elle devrait savoir de qui il s’agit. Et si ce n’était pas elle ? Addie sait que Sahar a une assistante qui l’aide à la galerie, elle a mangé son prénom mais cela pourrait être elle...

Pourtant, lorsque la voix résonne dans la pièce... son cœur bondit un peu. Elle se sent rouillée, elle ne sait pas tellement comment réagir. Ce n’est pas sans ses habitudes tout cela, c’est complexe. La langue d’Addie passe sur ses lèvres, comme pour les humidifier encore alors qu’elles ne sont pas si sèches que cela. Mais il faut avouer qu’elle n’a pas pensé au fait qu’il est déconseillé de pénétrer dans une galerie avec une boisson ou un truc à manger. Mais sentant que Sahar n’est pas totalement fermée, Addie entreprend de boire cul sec le reste de café tiède qui se trouve à l’intérieur. A nouveau, sa langue passe sur ses lèvres, elle espère juste ne pas avoir de café au-dessus de celles-ci. Un regard presque complice avec Sahar, presque... parce que c’est ce qu’elle aimerait mais dans les faits, elle n’est sûre de rien. « - C’est mieux ? » Lance-t-elle presque provocatrice, elle cherche à faire sourire la galeriste, comprenant doucement que la mission risque d’être compliquée. Les lèvres se pincent, elle détourne le regard. « - Tu exposes toujours des magnifiques artistes... » C’est fade comme façon de commencer une conversation. Elle ne sait pas ce qu’elle est censée dire. Pas du tout. Et sentant qu’elle doit des explications... elle souffle avant de se lancer... « - Je tenais à m’excuser, d’avoir disparu... comme ça... » c’est maladroit, certes mais elle tente Adelaïde.

_________________

Catch me or I go

@Adelaïde Brekker & @Sahar Hosseini

Hope of shades art gallery ⋄ mardi 14 mai 2024‎‎ ‎›‎ ‎‎19:28‎

(outfit) ⋄ La spontanéité de leurs échanges semble appartenir au passé. Dès l’instant où le regard de Sahar se pose sur la silhouette de la professeure, elle sait que leur rencontre d'aujourd'hui n’aura pas la saveur de celles d’autrefois. Le temps de la séduction a laissé place à celui de l’indifférence - à tout le moins à cette indifférence que la galeriste tente de feindre. Sahar sait qu’Adelaïde n’est pas venue à la galerie pour admirer le travail des artistes qu'elle expose, ni même dans l’optique de devenir l’heureuse propriétaire d’une œuvre. Sa présence ici ne peut se justifier que par des explications qu’elle entend probablement lui fournir. Lesquelles ? À propos de quoi ? La galeriste manque de clairvoyance sur le sujet. Elle n'imagine pas la professeure venir la trouver pour évoquer une nouvelle fois son aventure loupée avec Luther, même si celle-ci marque le point final de ce qu'elles étaient en train de partager en fin d'année dernière. Elle ne pense pas davantage que la professeure vienne pour lui présenter des excuses ; elle ne lui en doit pas. Aucune raison valable n'apparaît dans l'esprit de la galeriste pour expliquer la présence de la blonde. Même l'idée qu'elle ait simplement eu envie de la revoir lui semble très peu probable.

Les yeux rivés sur la femme face à elle, Sahar ne manque pas une miette du spectacle qu'elle lui offre. Plus que la rapidité étonnante avec laquelle elle finit sa boisson, c'est cette manière qu'elle a de passer sa langue sur ses lèvres à pas moins de deux reprises qui focalise toute l'attention de l'italienne. Cherche-t-elle à lui délivrer un message ? À attiser son envie ? Six mois plus tôt, il n'en aurait pas fallu davantage à Sahar pour se ruer sur cette paire de lèvres, plaquer Adelaïde contre un mur et ne faire plus qu'une avec elle. Désormais, les choses sont différentes. Tellement différentes que le regard de la galeriste se veut fuyant. Elle saisit l'opportunité qui lui est donnée d'admirer le tableau qui revient au centre de la discussion plutôt que de rester focalisée sur cette bouche qu'elle a tant aimé embrasser.

- Merci.

Le remerciement est sincère. Sahar aurait pourtant beaucoup plus à dire sur le sujet. Si cette sorte d'animosité qu'elle ressent n'était pas aussi ancrée en elle, elle aurait sans doute abordé la période difficile par laquelle sa galerie est passée au cours du trimestre dernier. Elle aurait évoqué les retombées en demi-teinte de cette exposition dont avait tant parlé à Adelaïde. Seulement, Adelaïde n'était pas là ; pas pour se tenir aux côtés de Sahar le soir de la grande première comme l'iranienne s'était plu à l'imaginer, ni même pour simplement voir cette exposition de ses propres yeux.

Où était-elle ? Car s'il est vrai que les deux femmes ont pris leurs distances après l'histoire avec Luther, il est également vrai qu'Adelaïde a déserté Brisbane peu de temps après. Disparu. C'est le terme qu'emploie la principale intéressée et il n'en faut pas davantage pour que la brune l'observe à nouveau, un air curieux dans les yeux et les questions au bout des lèvres. Seulement, plutôt que de lui demander de lui expliquer ce qu'il s'est passé, Sahar reste butée sur un mot. Sur ces excuses qui n'ont pas à lui être présentées.

- Tu ne me dois rien, assure-t-elle. J’imagine.

Et voilà qu’en un mot, elle balaie ses certitudes. Elle imagine qu'Adelaïde ne lui doit rien. Mais a-t-elle raison ? Ne se devaient-elles réellement rien ? Leur relation en était-elle toujours au stade d'une simple aventure parmi tant d'autres au moment où elle a pris fin ? Cette dernière question est permise.

_________________

Catch me or I go

@Sahar Hosseini & @Adelaïde Brekker

Elle se demande pourquoi elle a poussé la porte de la galerie. Soudainement portée par un élan de courage elle est là maintenant. Là et elle ne peut plus disparaitre. Cela serait assez mal venu, puisqu’elle l’a fait déjà. Apparemment ce n’est plus possible de recommencer. Le joker a été lancé, joué, maintenant il faut assumer, prendre les choses en main. Pour une jeune femme qui ne sait pas faire, c’est tellement compliqué là, d’être là... Évidemment qu’elle se remémore les bons moments avec Sahar, si naturels, évidemment que cela lui fait un petit quelque chose de l’avoir à ses côtés. Seulement elle n’est pas sûre d’avoir encore une place auprès de la jeune femme. Et puis veut-elle réellement l’embarquer dans le tourbillon qu’est sa vie ? N’est-ce pas en partie pour cela qu’elle avait mis autant de distance ? La fuite c’est une façon de ne pas avoir à se confronter aux choses que l’on peut ressentir. Adelaïde n’a jamais voulu se confronter à ce que lui faisait ressentir Sahar, parce que si elle commence à y réfléchir, elle sait que les regrets ne tarderont pas à arriver. Le gobelet de café est terminé pour éviter une bêtise mais elle ne s’arrête pas à ce moment un peu... distant. Elle tente un compliment, parce qu’elle le pense et parce qu’elle est là à apprécier encore l’endroit, les œuvres. Une façon comme une autre de lancer une conversation mais Sahar, fermée, ne répond que d’un merci.

Elle déglutit un peu Adelaïde. Elle déteste ce genre de moment, les pires pour elle, les blancs... chercher ce qu’elle doit dire pour ne pas aggraver son cas. Bon sang, c’est compliqué. Et puis doit-elle réellement des explications à son ex-amante ? Elle ne sait pas, plus... comment les codes sociaux fonctionnent. Elle a manqué trop de chose Addie, elle le sait... ne serait-ce que le vernissage... Elle trépigne presque à l’idée de comptabiliser les erreurs commises. Et les excuses viennent, naturellement il faut croire, elle a l’impression qu’elle lui doit cela. Peut-être pas. Le dire soulage, un peu, pas assez, pas encore. La réponse de Sahar reste toujours fermée. Elle se pince les lèvres, mordille l’inférieure et elle finit par tenter de chercher le regard de l’iranienne. « - Bien sûr que si... » Une longue inspiration. Un soupir, elle cherche le courage. « - Que ce soit avec Luther... que ce soit ma disparition... je crois que je te dois des choses au contraire... » C’est un demi-aveux... que ce qu’elles ont vécu n’était pas rien. « - Je ne veux pas que ce soit une excuse à tout... mais j’ai... il s’est passé pas mal de choses dans ma vie et... et je ne sais pas... ? » Elle finit par se replonger dans la contemplation des tableaux. « - Peut-être que je ne voulais pas t’embarquer là-dedans... m’embarquer dans un truc, j’en sais trop rien... » La gorge est nouée. Elle se refuse de recroiser son regard pour l’instant, sa pudeur sentimentale l’en empêche.

_________________

Catch me or I go

@Adelaïde Brekker & @Sahar Hosseini

Hope of shades art gallery ⋄ mardi 14 mai 2024‎‎ ‎›‎ ‎‎19:28‎

(outfit) ⋄ Elle feint toujours le détachement, Sahar. En réalité, les choses ne sont pas aussi simples. La galeriste n’est pas indifférente à ce qu’il se passe : elle est sensible aussi bien à la visite surprise d’Adelaïde, qu'aux excuses qu’elle finit par lui présenter. D’ailleurs, bien qu’elle ait dans un premier temps estimé que la professeure ne lui devait rien, le doute n’a pas tardé à s’immiscer en elle et à s’exprimer.

Des questions à propos de sa relation avec Adelaïde, Sahar s’en est déjà trop posées. Celles-ci ont commencé insidieusement quand elles se fréquentaient encore, mais Sahar ne leur laissaient jamais le temps d’être réellement appréhendées. Toutefois, quand le silence radio s’est instauré, quand il n’a plus été donné la chance aux femmes de se voir ou de se croiser dans des lieux qu’elles avaient toutes deux l’habitude de côtoyer, les interrogations se sont multipliées. Elles ont atteint un point culminant lors de la soirée que Sahar a passé en compagnie de Luther et au cours de laquelle beaucoup de choses ont été dites et pas uniquement par le langage verbal. La galeriste s'est surprise elle-même à ressentir une pointe d'amertume, mêlée à une certaine nostalgie. Si elle s'était un peu plus écoutée, elle aurait presque remarqué le commencement de jalousie qui s'illustrait peu à peu. Seulement, Sahar est semblable à Adelaïde sur ce sujet : laisser place à d'éventuels sentiments n'occasionne jamais rien de bon. Sans aller jusqu'à dire qu'elle éprouvait un commencement de sentiments amoureux pour la blonde, force est de constater que Sahar était profondément attachée à elle et qu'elle ressentait à son égard une réelle affection. C'est très certainement ce qui rend cette rencontre aussi particulière après ces mois d'absence et qui explique que la galeriste puisse paraître fermée.

Les mains toujours dans les poches de son pantalon pour accentuer son pseudo-détachement vis-à-vis de la situation, Sahar n'en reste pas moins attentive à ce qu'Adelaïde lui dit. Elle croit, au contraire, qu'elle lui doit bien des choses. Vont-elles réellement avoir une discussion ? Cette discussion va-t-elle impliquer d'aller au-delà de ce qu'elles ont bien voulu se confier par le passé ? Le cœur de l'iranienne marque une légère accélération alors que ses idées commencent à partir dans tous les sens. Elle songe à Arlo qui est encore quelque part dans la galerie et qui pourrait intercepter des brides de cette conversation. Elle pense également aux retombées qu'il pourrait y avoir avec la professeure si elles se parlaient réellement à cœur ouvert. Elle réfléchit aussi au fait qu'elle ne peut pas non plus se montrer totalement fermée à ce pas qu'Addie fait vers elle, au risque de passer pour une garce qu'elle n'est pas. Elle finit même par se dire que ce serait plus simple de remonter le temps, d'une dizaine de minutes seulement, pour faire prendre une autre décision à Adelaïde que celle d'entrer dans la Hope of Shades Art Gallery. Mais elle n'est pas munie d'un tel don, Sahar. Elle n'est pas même munie du gène de l'amour et tout ce qui s'en rapproche, de près ou de loin, lui est parfaitement inconnu. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle reste pantoise après les révélations d'Adelaïde. Elle ne voulait pas l'embarquer dans ce qu'est sa vie actuelle, ni s'embarquer dans un truc. Qu'est-ce que cela veut dire ? L'incertitude s'installe sur les traits du visage de Sahar qui décide enfin de sortir ses mains de ses poches quand, au même moment, la voix de son assistante se fait entendre pour les saluer avant que la porte ne s'ouvre et ne se referme.

- Tu as besoin d'en parler ? Laisse-moi deux minutes que je ferme.

Sans laisser plus de temps à Adelaïde, ni même préciser ce dont elles pourraient discuter - toutes ces choses qui se passent actuellement dans la vie de la professeure ou ce dans quoi elles auraient pu s'embarquer - Sahar s'éloigne de son ancienne amante. Il lui semble que la professeure a besoin d'un peu de temps, d'espace. Sahar elle-même n'est pas opposée à quelques minutes en tête-à-tête avec elle-même. Aussi rejoint-elle son bureau moins rapidement qu'elle ne l'aurait normalement fait. Les deux minutes annoncées en deviennent presque cinq. Loin du regard de la blonde, l'iranienne prend le temps de souffler et de se conforter dans l'idée que rien de mal ne peut se passer. Qu'est-ce qui pourrait être pire que ne plus se donner le moindre signe de vie comme elles l'ont fait ces derniers temps ? Rien. C'est sur cette idée que Sahar finit par retourner dans l'espace d'exposition.

- Je t'offre un verre ou tu préfères te balader ? demande-t-elle en ouvrant la porte à Adelaïde pour qu'elle quitte l'établissement d'art, avant de prendre le temps de tout fermer derrière leur sortie.

_________________

Catch me or I go

@Sahar Hosseini & @Adelaïde Brekker

Les excuses sortent. Si Sahar estime qu’Addie ne doit pas lui en offrir, Adelaïde pense l’inverse. Elle possède du respect pour la galeriste, même si elle a été plus que maladroite et ne l’a peut-être pas réellement montré. Les explications, les excuses, elle estime que son ancienne amante mérite de les avoir. C’est une part d’elle, Adelaïde, elle est entière. Tant que cela n’est pas réglé, elle ne pourra sans doute pas avancer correctement. Ce n’est sans doute pas un hasard si les pas de la professeure d’histoire l’ont guidé devant la galerie. Elle n’en est peut-être pas totalement consciente simplement. Et la réaction de la jeune femme la surprend. Elle s’attendait à une Sahar plus fermée, peu envieuse de connaître les faits. Elle est un peu surprise. Addie n’a pas le temps de réagir, comme si les choses étaient actées, Sahar part fermer les lieux. Adelaïde prend le temps de respirer, de se retrouver pendant les quelques minutes. Elle en profite même pour se diriger vers l’entrée pour que cela soit plus simple. Elle se perd dans la contemplation des œuvres pour cacher son envie de trouver Sahar dans son champ de vision. Il faut qu’elle rassemble toutes les pensées qui taraudent son esprit mais c’est relativement complexe.

Elle ne sait pas combien de minutes s’écoulent au retour de la sublime iranienne. Elle se rend compte Addie que le charme de Sahar opère toujours sur elle, c’est sans doute le pire ? Les deux jeunes femmes sortent de la galerie. Qu’est-ce qui se passe pour la suite ? Sahar veut-elle réellement offrir un verre à Addie, l’inverse n’est-il pas de mise. Adelaïde avant de répondre s’éloigner de quelques pas pour aller jeter le gobelet maintenant vide de café. Elle revient avec un petit sourire, un long soupir pour tenter de reboot quelque peu les émotions qui pourraient la submerger.

« - Je crois que c’est plutôt à moi de t’inviter ? Non ? » Un demi-sourire, un sourire en coin, le regard qu’elle aimerait complice mais elle ne peut pas demander que les choses soient comme avant. « - Je crois que je te dois au moins ça ? Ce n’est que le minimum... » Un haussement d’épaules, elle tâtonne, forcément. « - Je crois que le bar de notre première rencontre est à quelques rues, si jamais ça te tente ? J’ai souvenir qu’il était sympa et pas trop bruyant pour discuter. » C’est peut-être un peu trop fort en symbolique mais c’est le premier endroit qui lui vient à l’esprit. Connaître le lieu lui permet aussi d’être en zone de confort.

_________________

Catch me or I go

@Adelaïde Brekker & @Sahar Hosseini

Hope of shades art gallery ⋄ mardi 14 mai 2024‎‎ ‎›‎ ‎‎19:28‎

(outfit) ⋄ Le trousseau de clés dans sa main a beau être fourni, Sahar ne met que quelques secondes à trouver la bonne. Alors qu’elle s’affaire à fermer la galerie, elle entend les pas d’Adelaïde s’éloigner. Elle pourrait ne pas s’en soucier, continuer de feindre que rien de tout ceci ne l’affecte, mais c’est plus fort qu’elle. Elle jette un coup d’œil par-dessus son épaule et maudit instantanément ce besoin qu’elle a eu de s’assurer qu’Adelaïde ne partait pas. Sans mot dire, Sahar poursuit ce qu’elle fait et enclenche l’alarme de l’établissement depuis son smartphone alors que, dans le même temps, la professeure d’histoire revient vers elle et propose plutôt que ce soit elle qui l’invite à boire un verre.

- Peu importe, répond Sahar en haussant les épaules.

Il n’y a pas vraiment de règle, avec elle. Elle ne s’est jamais laissée dicter par les codes de la société ou les attentes sociétales. Sahar est davantage de ceux qui se laissent guider par leurs propres envies. Pourtant, une fois encore, Adelaïde mentionne qu’elle lui doit au moins ça. Des explications et un verre ? C’est peut-être ainsi que fonctionnent les relations humaines. Sahar n’en sait trop rien. Elle n’a pas l’habitude d’être en froid avec les gens et, lorsque c’est le cas, il est extrêmement rare qu’elle les croise.

- Je te l’ai dit, tu ne me dois rien, répète-t-elle en rangeant clés et smartphone dans son sac pour attraper son paquet de tabac. Mais d’accord.

Alors que ses mains s’affairent déjà à la confection de sa cigarette roulée, Adelaïde choisit leur destination. Le bar de leur première rencontre n’est pas très loin d’ici et c’est là-bas qu’elle propose de se rendre. N’est-ce pas étrange ? Depuis quand Sahar se pose-t-elle autant de questions ? Elle les balaie d’un bref mouvement de la tête, avant de se mettre en direction de ce fameux bar.

- Ouais, j’aime bien cet endroit. Je suis contente de savoir que tu en gardes un bon souvenir malgré la fin de soirée pour le moins… originale.

Originale. Ce n’est rien de le dire. Comment pourraient-elles oublier qu’elles se sont fait surprendre par Megan en rentrant chez Sahar juste après leur rencontre ? Rien ne laissait présager que les choses allaient prendre une telle tournure entre Adelaïde et Sahar. Qu’elles allaient se revoir une première fois, puis de nombreuses autres fois par la suite, pour que leurs rencontres deviennent une habitude à laquelle elles ne voulaient plus déroger. Elles, ou Sahar uniquement ? Voici une nouvelle question à laquelle l’iranienne ne veut pas penser. Elle préfère donc allumer sa cigarette et tirer dessus, alors que ses pas la mènent doucement vers l’établissement qu’elles ont choisi. Parfois, son regard se tourne vers la professeure. Mais cela ne dure jamais longtemps. Sahar a conscience qu’elle n’est pas insensible au charme d’Adelaïde mais elle sait qu’elle aurait tout faux si elle venait à se laisser à nouveau séduire par la jeune femme. Elle s’efforce donc de penser à ces derniers mois, à la fin brutale de ce qu’elles partageaient et à la disparation soudaine de l’ancienne archéologue.

- Ça te va si on s’installe dehors ? demande-t-elle en arrivant à hauteur de la terrasse du bar. Sauf si tu as froid.

Il y a une légère brise. Si elle ne dérange pas Sahar, cela ne l’empêche pas de rester attentive à ceux qui l’entourent et, en l’occurrence, à Adelaïde. Ce n’est qu’une fois leur destination finale choisie et les femmes installées que Sahar reporte son attention sur la professeure. Parlera-t-elle spontanément de ce qu’elle veut aborder avec elle, ou Sahar devra-t-elle se transformer en inspecteur pour permettre à cette discussion d’avoir lieu ?

_________________

Catch me or I go

@Sahar Hosseini & @Adelaïde Brekker

Se retrouver dans la galerie de Sahar rappelle inévitablement des souvenirs à la professeure d’histoire. Les bons moments passés à ses côtés, l’envie de se laisser aller dans ses bras sans penser au lendemain. Seulement voilà, le lendemain est venu frapper à la porte d’Adelaïde et elle l’a suivi sans trop réussir à gérer tout ce que cela impliquer. Comme mettre de la distance avec Sahar jusqu’à passer plusieurs mois sans donner de nouvelles. Une situation compliquée qu’elle tente d’arranger aujourd’hui. L’envie d’expliquer les choses à Sahar qui n’est finalement au courant de rien. Avec un petit génie n’a rien de facile, cela complique souvent les choses et là, c’est totalement ce qui s’est passé. Peut-être que Sahar n’a que faire des histoires de la famille Brekker... peut-être plein de choses mais dans ses incertitudes, elle se doit de donner des réponses. Un verre semble la bonne alternative. Elle n’a pas envie que ce soit son ancienne amante qui le lui offre, l’inverse est plus logique. Sahar ne semble pas y voir le moindre inconvénient.

Il faut choisir un endroit et l’esprit un peu brouillon que possède actuellement Adelaide fait qu’elle ne pense à rien d’autre que ce bar dans lequel elles se sont rencontrées pour la première fois. La soirée a été plutôt sympa, elle en garde un souvenir agréable. C’est sans doute pour être en terrain conquis, pour être dans un lieux qu’elle maîtrise, ne pas rajouter une forme d’inconnu supplémentaire. Un léger sourire se dessine sur les lèvres de la professeure. La fin du rendez-vous a été plus que cocasse, c’est certain. Elle se demande d’ailleurs ce qu’est devenu cette relation entre les deux femmes, avec son absence, s’est-elle modifiée ? Cela lui traverse l’esprit c’est vrai. Seulement elle chasse le tout rapidement. Ce n’est pas le moment de se prendre la tête par autre chose.

Le trajet n’est pas bien long puisque le bar n’est qu’à quelques rues. Une vague de souvenirs revient à la charge, elle fait bonne figure. Elle acquiesce pour s’installer dehors, elle n’y voit pas s’inconvénients. Le temps est encore clément et agréable, alors autant en profiter. D’autant que Sahar est accompagnée par une cigarette roulée à ses lèvres. Adelaïde se dirige vers une table un peu à l’écart pour que la discussion puisse être tranquille toutes les deux. Elle s’installe, attrape un peu nerveusement la carte, elle sait le moment de cette conversation/ confrontation va avoir lieu. Elle n’aurait pas imaginé cela aussi complexe. C’est étonnant mais depuis quelques semaines, elle se voit remplie d’une nervosité, d’une angoisse sourde avec toutes les événements qui se sont passés pour elle. Et maintenant qu’elle est en face de Sahar, elle se rend compte que même cette situation aurait dû être éclaircie avant. Un verre de vin blanc devrait faire l’affaire pour la soirée, elle délaisse donc la carte, ses pupilles se fixent sur son ancienne partenaire et ses lippes s’étirent en petit sourire. « - Qu’est-ce que tu veux boire ? » Une inspiration longue, comme pour se donner du courage. « - C’est fou d’être là devant toi et de craindre ton regard sur tout ce qui a pu se passer dans ma vie. » Elle prend un peu son visage entre ses mains, moitié amusé, moitié épuisée. Comme si les nerfs allaient lâcher. Elle remet ses cheveux en arrière tente de reprendre un peu de contenance. Elle ne sait même pas par quoi commencer. Un serveur s’approche pour prendre les commandes. Une fois celles-ci faîtes il repart comme si de rien n’était. « - Je ne sais même pas par quoi commencer tellement cela peut sembler absurde... » Elle regarde le vide, elle a perdu le fil du regard de l’iranienne. « - Je crois que je ne t’ai jamais parlé de ma mère... à juste titre, on ne s’entend pas très bien... » Une pause. Avant de souffler. « - eh bien elle m’emmène au tribunal... » Elle balance la chose de façon brute. Après elle sait qu’elle va devoir entrer dans certains détails. Enfin, sauf si Sahar considère qu’elle s’en fichera et ne déguerpisse.

_________________

Catch me or I go

@Adelaïde Brekker & @Sahar Hosseini

Hope of shades art gallery ⋄ mardi 14 mai 2024‎‎ ‎›‎ ‎‎19:28‎

(outfit) ⋄ Le regard de Sahar se porte sur la terrasse alors qu’elle suggère de trouver place à l’extérieur. Était-il envieux pour qu’Adelaïde fasse droit à cette demande malgré la brise plus forte qui se révèle au même instant ? C’est une question à laquelle la galeriste ne prend pas le temps de penser, alors que ses pas suivent ceux de la professeure pour la mener vers la table qui termine la terrasse. Ainsi éloignées des quelques courageux qui n’ont pas gagné l’intérieur de l’établissement, les deux femmes seront libres d’évoquer tout sujet de conversation.

Leur place trouvée, assises l’une en face de l’autre, Sahar ne peut se soustraire à cette envie qui la saisit. Si elle retarde l’instant de quelques secondes en allumant sa cigarette, ses yeux se mettent très rapidement à détailler le visage si familier qui lui fait face. Alors qu’Adelaïde parcourt la carte, Sahar a tout loisir de l’observer. Tout en tirant sur sa cigarette, son regard passe des cheveux de la professeure à ses yeux baissés, pour continuer sur cette paire de lèvres qu’elle a tant aimé embrasser et cette mâchoire où elle a déposé plus d’un baiser. Elle s’interdit de laisser libre cours à ses pensées ; elle n’est pas encore arrivée au stade où quelque chose de bon en ressortirait.

- Je vais prendre du blanc, répond-elle à son interlocutrice sans même avoir ouvert la carte.

Hasard ou non, le choix d’Adelaïde est identique. S’il avait été convenu que Sahar invite, sans doute aurait-elle pris l’initiative de commander une bouteille plutôt que deux verres à l’unité. Elle s’interdit toutefois cette extravagance, préférant laisser tout contrôle de la situation à Adelaïde. Leurs retrouvailles ont beau ne pas mal se passer, toutes deux sont conscientes qu’elles ont perdu leur facilité à être ensemble. Le stress de l’ancienne archéologue est palpable et c’est une raison supplémentaire qui pousse Sahar à se concentrer sur sa cigarette pour ne pas avoir à parler. Elle a pour réaction seulement un haussement d’épaules quand la blonde lui confie craindre son regard, alors que ledit regard lui montre justement tout l’inverse. Sahar n’est pas le genre de personne dont on doit craindre les réactions. Bien au contraire. L’ouverture d’esprit la guide depuis son plus jeune âge et il n’y a rien qu’elle ne saurait entendre. Il ne faut rien de moins que l'intervention du serveur et quelques minutes supplémentaires pour qu'Adelaïde trouve le courage nécessaire pour s'exprimer.

Absurde est le qualificatif premier qu'elle emploie, juste avant d'évoquer sa mère. Le sujet des parents est suffisamment important pour qu'il suffise à capter toute l'attention de Sahar. Dans l'instant, elle écrase sa cigarette dans le cendrier au centre de la table, et se montre toute attentive à ce que la blonde entend lui confier. C'est alors qu'elle apprend que les relations entre cette dernière et sa mère sont mauvaises mais aussi, et surtout, qu'elle « l'emmène au tribunal ». Les sourcils de Sahar se froncent légèrement, alors qu'elle ne trouve rien de mieux que de répéter ces mots pour être certaine d'avoir bien compris.

- Elle t'emmène au tribunal ? Pourquoi ? Elle veut que tu lui prêtes assistance et secours ? Elle veut de l'argent, c'est ça ?

Elle pense à des intérêts financiers, Sahar. Parce que son propre père serait capable de l'attraire devant les juridictions pour avoir les moyens de vivre sa vie si son compte en banque ne lui permettait soudainement plus. Mais aussi parce qu'elle a toujours en partie occulté la présence d'un enfant dans la vie d'Adelaïde. Il faut bien l'avouer, il lui était beaucoup plus facile d'oublier Sophie que de prendre le risque d'un jour être amenée à la côtoyer. L'évidence ne lui saute donc pas aux yeux.

_________________

Catch me or I go

@Sahar Hosseini & @Adelaïde Brekker

C’est pénible. Sans doute pas autant qu’elle l’imaginait mais tout de même. Adelaïde est sur la retenue, parce qu’il y a trop de non-dit, parce que tout n’est pas brisé. Personne ne sait comment réagir. Toutes deux sont sur une réserve qui ne leur ressemble pourtant pas. Addie ne sait pas dans quel état d’esprit elle est Sahar, alors elle se retient de beaucoup de choses. Pour l’instant. Les deux femmes prennent place à une terrasse, si l’air est frais, il n’est pas désagréable et cela ne dérange pas le moins du monde Adelaïde de s’y installer. La carte lui permet un doux répit, parce qu’elle ne sait pas comment lancer le sujet. Finalement lorsque l’on vient prendre les commandes, c’est pour un vin blanc sucré qu’elle opte. Et Sahar semble partir pour la même chose. Deux verres sont donc demandés. Et maintenant il faut se lancer, il faut trouver le courage qui manque. Comment réussir à mettre des mots sur ce que sa mère lui fait vivre ? Comment se trouver des excuses pour le silence qu’elle a offert à son ancienne amante ? Pour l’heure, elle n’en a aucune idée. Pourtant, il est temps et elle se lance.

Les mots sortent de but en blanc. Sans savoir comment Sahar va les recevoir. Il faut avouer que ce n’est pas banal comme situation, une mère qui emmène sa fille au tribunal. C’est un peu fou, clairement. Et à en voir la réaction de la galeriste, c’est exactement ça... le bon terme, c’est fou. Il va falloir qu’Addie soit un peu plus explicite. Elle prend son visage entre ses mains, les sourcils elle-aussi froncés, elle rit un peu, nerveusement. La réponse attend que la serveuse pose les deux verres sur leur table. Les lèvres pincées, Adelaïde attrape le pied de son verre. « - Est-ce que l’on doit trinquer déjà ? » Elle cherche à dédramatiser, détendre un peu l’ambiance. Elle aimerait que ce soit moins fermé entre elle. Un petit sourire. Et après avoir fait quelque peu teinter les cristaux, la professeure boit une gorgée de vin. « - Ma mère n’a pas besoin d’argent. » Une longue inspiration. « - On n’en a jamais réellement parlé, parce que je ne suis pas proche de mes parents... mais ils sont... blindés ? » C’est le terme quand on frôle l’aristocratie, si seulement elle existait en Australie. « - Non, ma mère ne désire pas vraiment m’avoir pour que je m’occupe d’elle où quoique se soit... nous n’avons jamais été proche... et je doute qu’elle soit capable d’amour réel et sincère, enfin tu vois le genre, elle n’aurait jamais dû être mère » Des propos un peu fort mais qu’elle pince littéralement. Une nouvelle gorgée de vin. « - J’élève ma nièce depuis la disparition de ma sœur, jusque-là, tout se passe bien... mais disons que dans la famille on a des QI développés ? » Comment est-ce qu’elle peut expliquer cela à Sahar sans paraître condescendent ? « - Ma sœur était un génie, littéralement... et sa fille, Sophie donc, développe les mêmes aptitudes... et ma mère l’a appris... et disons pour faire simple qu’elle veut élever ce petit génie pour s’en attirer toute la gloire possible ? » Elle rit, c’est ridicule dans les faits, totalement fou mais digne de sa mère. « - Elle l’a fait avec ma sœur... et elle ne veut que reproduire la même chose... bref, c’est totalement délirant... mais elle demande la garde exclusive de Sophie... » Elle s’enfonce un peu dans le dossier de sa chaise, elle joue nerveusement avec le pied de son verre. Puis... timidement elle relève ses iris clairs vers le visage de Sahar. « - Je suis partie chez elle, je voulais tenter de trouver un moyen d’arrêter toute cette bêtise mais on n’a pas trouvé d’accord et j’ai reçu le fameux courrier il y a peu... » Sa langue passe sur ses lèvres qu’elle trouve trop sèches. « - Je... je ne voulais pas t’impliquer... et je ne savais surtout pas comment gérer cette nouvelle » Bref, elle a sans doute merdé partout. « - Tu sais tout... » Un haussement d’épaules, un regard triste. Addie, elle se sent seule à cet instant. Son regard est larmoyant mais elle n’offrira au monde aucune larme pour sa mère.

_________________

Catch me or I go ft Sahar

brisbane, australie

south bank & west end