[ underwater ] w/ @Ilsa Decker

cw: mention d'un suicide passé, mort, deuil, anxiété.
Tu te poses sur le banc à l'extérieur, prenant une grande inspiration. Heureusement, le vent est là pour caresser tes joues et remplir tes poumons d'air frais — et tu te sens un peu plus calme, à cet instant. T'as le vertige de ta journée, de t'habituer à travailler comme tu le fais, à apprendre ton futur métier. T'étais vraiment pas enchantée à l'idée de devoir faire des crédits supplémentaires pour te reprendre, mais au final, ce stage n'était vraiment pas si mal. C'était beaucoup mieux que la théorie, que des heures en classe à écouter un professeur parler, que des migraines qui venaient alors que t'essayais de lire tes livres et de les mémoriser. Ici, en clinique, c'était concret — et tu étais avec les animaux. Juste pour ça, t'étais heureuse d'être là. Malgré la nervosité, la fatigue, t'étais contente.

Tu grignotes le sandwich que tu t'étais acheté en chemin ce matin-là, profitant un peu du soleil pour ton heure de lunch. T'as pas énormément de temps, mais ça te fait du bien de t'assoir un peu, te recentrer. Quelques minutes sur ton téléphone, le soleil sur ta nuque, et c'est déjà le moment d'y retourner. Tu franchis la porte, te dirigeant vers la salle d'attente qui mène aux salles d'examen. C'est toi qui va accueillir le prochain patient, et inspirant profondément, tu attends qu'on passe la porte. Cette dernière s'ouvre après quelques minutes, et tu figes. C'est elle. Tu saurais la reconnaître entre mille, pour toutes les mauvaises raisons. Son visage, imprimé en toi, ses mots, enfoncés dans le creux de tes organes, et t'as un léger vertige. Ilsa. Tu veux t'enfuir. Tu ne peux pas. "Je - ce n'est -" Tu déglutis. Tu n'as pas le choix. Pas de bonne raison de ne pas faire ton travail. Tu essaie donc de trouver ton souffle. "Salut." C'est ridicule, pathétique, et presque horrible à dire. Un seul mot, qui n'a pas sa place entre vous, au milieu du chaos, de la douleur, de la peine. T'es une adolescente à nouveau, dans le bureau du principal à nouveau, le souvenir du terrible saut comme du poison dans tes veines. Tout le monde a dit que c'était de ta faute qu'elle s'était tuée. "Je peux appeler quelqu'un d'autre pour s'occuper de vous si vous voulez." Tu marmonnes nerveusement, soudainement l'ombre de toi-même, alors que les souvenirs reviennent en toi et te déchirent. Et ce n'est pas toi qui a souffert le plus.
C'est elle qui a perdu sa soeur.