@olive morgan

Il essaie habituellement de ne pas placer une rencontre parent-professeur en fin de vendredi après-midi, pour éviter cette corvée à tout le monde la veille d’un week-end. Mais avec cette parent d’élève, ils n’ont pas trouvé d'autres créneaux horaires et il a proposé de dépasser un peu de ces heures de travail pour la rencontrer. C’est en sortant le dossier de Shiloh et en le parcourant avant la rencontre qu’il entrevoit une explication raisonnable à leur difficulté à trouver un créneau disponible pour elle sur les heures de travail de Luther. Ils font le même métier et partagent donc grossièrement les mêmes horaires. Certes, lui s’occupent d’enfants plus vieux, d’adolescents même. Il s’occupe à ranger son bureau et rassembler son sac avec ses affaires en attendant que le rendez-vous n’arrive. Tout est pas mal prêt pour qu’il puisse grimper sur son vélo à la fin de la rencontre et filer directement chez lui. Il a une soirée tranquille en perspective et a plutôt hâte de retrouver sa belle pour la soirée. Il finit par retirer ses lunettes de son nez pour les ranger dans leur étui qu’il glisse dans son sac. Il les garde en général quand il est face à ses élèves, cela lui permet de reposer ses yeux - oh signe de vieillesse - mais elles ne lui sont pas indispensables pour voir. Il est entrain de masser l’arrête de son nez quand il entends un toc toc à la porte.


La porte de la salle de classe s’ouvre dans son dos. Il se retourne et salue la nouvelle venue d’un sourire “ Ha, Madame Morgan. Merci de vous être déplacés. Installez vous je vous en prie !” Il lui désigne la chaise face à lui tandis qu’il prend place à son bureau en posant le dossier du fauteur de troubles devant lui. Il se présente tout en remontant légèrement ses lunettes sur son nez. “ Je suis le nouveau professeur de mathématiques de Shiloh, Luther Kealoha.” Il baisse le nez vers le porte-document en papier craft qui porte le nom du fils d’Olive. “ Hum … Je n'ai commencé mon travail dans ce lycée que depuis quelques mois mais en étudiant le dossier de votre fils depuis le début de l’année scolaire, j’ai remarqué une baisse dans ses résultats scolaires et je souhaitais vous rencontrer pour en discuter. ”. Il lui fait un sourire encourageant à quel genre de parent d’élève il a affaire. Leur bref échange sur la plateforme intranet du lycée était plutôt encourageant, elle a tout de suite accepté une discussion de vives voix.

@Luther Kealoha

(o u t f i t) · C’est la deuxième fois qu’elle se fait convoquer par le personnel du lycée en l’espace de quelques semaines, Olive ; toujours pour la même raison, évidemment. Shiloh fait parler de lui de toute évidence, à croire que ça en devient une habitude. La petite brune se sent bien démunie face au changement soudain de comportement de son fils à l'école ; et ne sait pas exactement comment s’y prendre pour réussir à désamorcer l’engrenage dans lequel il s’empêtre doucement mais sûrement. Cette situation est inédite, les enfants de l'enseignante ayant toujours été plutôt faciles jusqu’ici ; mais le divorce a tout chamboulé, à commencer par ses convictions, ses espoirs. Et même ses points d’ancrage sont désormais bien mis à mal.

Avec les années, la Morgan commence à bien connaître l’intérieur de ce bahut ; et demande simplement à l'accueil où se trouve la salle du professeur Kealoha. L’homme en face d’elle lui indique rapidement le chemin et l’institutrice s’enfonce donc dans les couloirs, jusqu’à se retrouver devant le bon numéro de porte, frappant rapidement quelques coups contre le bois de celle-ci. Main sur la poignée qu’elle active, sa silhouette chétive s’enfonce dans la nouvelle pièce, accueillie par un homme à la carrure imposante mais au sourire chaleureux et au regard franc. Il la remercie d’être venue et lui propose de s'asseoir, faisant de même à son tour l’instant suivant. Olive s'exécute donc, rictus timide aux lèvres. “Merci à vous d’avoir bien voulu me recevoir en dehors de vos horaires de travail.” Répond-t-elle poliment, un peu stoïque sur sa chaise ; tentant de ne pas laisser sa nervosité être trop visible à l'œil nu. Le grand homme se présente ensuite, en bonne et dû forme et le sourire aux lèvres de Liv s’accentue légèrement. “Enchantée.” Elle ne peut s’empêcher de le détailler quelques instants, tandis qu’il jette un oeil à son porte-document. Le moins que l’on puisse dire est que ce professeur de mathématiques est déjà bien plus agréable que son prédécesseur ; bien plus attrayant à regarder, également.

Son interlocuteur reprend ensuite la parole, entrant dans le vif du sujet et la Morgan arbore une mine tout de suite beaucoup plus sérieuse. Il évoque les mauvais résultats scolaires de Shiloh, souhaitant en discuter avec elle et durant quelques secondes, Olive se sent toute chose. Que dire ? Comment aborder le sujet avec lui ? Contrairement à sa récente entrevue avec Hazel, la petite brune ne peut pas se permettre de tout déballer sur sa vie privée ; ils ne se connaissent que depuis deux minutes grand maximum, après tout. Que penserait-il d’elle, sinon ? Qu’elle est une mauvaise mère, incapable et inutile, très certainement. “J’ai bien conscience de ses mauvais résultats, je vous rassure…” Commence-t-elle à répondre, tortillant ses mains sur la table devant elle. “Je ne saurais pas vraiment l’expliquer moi-même, je l’avoue… Shiloh est assez difficile avec moi en ce moment, il ne communique pas beaucoup lorsqu’il est à la maison…” Elle se mord succinctement la lèvre inférieure, ses iris s’abaissant quelques secondes dans le vide avant de reprendre la parole. “Je crois qu'il est en plein crise d’adolescence et c’est une situation assez inédite pour moi.” Avoue-t-elle ensuite en reconnectant leur regard. “Il n’était pas comme ça avant, vous savez, il a toujours été un gentil garçon. Mais depuis que nous avons divorcé mon ex-mari et moi et surtout depuis cette année en particulier, les choses se sont compliquées… J’ai peur qu’il commence vraiment à décrocher l’école mais je ne sais pas quoi faire pour améliorer les choses…”

@olive morgan

Il balaie ses remerciements d’une main en lui adressant un sourire avenant et encourageant. “ Oh, je vous en prie. Je crois qu’on partage un peu les mêmes horaires, n’est-ce pas ? ” A ses yeux, le fait qu’elle fasse partie du corps professoral est encourageant, cela l’amène à penser qu’elle ne sera pas l’un de ces parents d’élève qui soutiennent que leur enfant a toujours raison et que c’est le prof qui fait mal son travail. Une vraie épidémie depuis quelques années ce comportement. “ Vous êtes professeur en primaire, c’est ça ? Vous travaillez dans quelle école ? ” demande-t-il par curiosité polie. Il n’a jamais travaillé avec de jeunes enfants, mais il est toujours ravi de rencontrer des personnes qui transfèrent leurs savoirs également. Il jette un œil à ses notes et son porte document puis quand il relève les yeux, il surprend le regard d’Olive sur lui. Un sourire poli s’étire sur ses lèvres. Ce n’est pas la première fois qu’un parent d’élève le détaille ainsi, faut dire qu’il n’a pas forcément l’allure attendue d’un professeur de mathématiques et qu’il est plutôt beau-garçon, comme dirait sa mère. Si il se laisse volontiers aller au flirt dans bien des circonstances, il doit avouer qu’il a jusqu’ici soigneusement éviter de s’y laisser prendre en réunion parents prof. Alors, il entre dans le vif du sujet sans perdre une seconde, d’un ton déterminé, et apprécie de voir que Mme Morgan revêt un air très sérieux. Voilà une conversation qui promet d’être brève et efficace pense-t-il. Pas certains qu’ils trouveront une solution, mais au moins le message sera passé. Il évoque la baisse de résultat de Shiloh tout d’abord, sans chercher à mettre l’accent sur son insubordination et son insolence. L’entendre affirmer qu’elle a conscience de la baisse des résultats de son fils le conforte dans son estime de la femme qui lui fait face. Au moins elle ne se voile pas la face. Quand elle évoque la crise d’adolescence, il hoche la tête. C’est une situation que les professeurs de secondaire ont l’habitude de rencontrer. D’habitude, Luther s’en sort plutôt bien, malgré l'antipathie que sa matière provoque parfois. Son aura de prof qui sort du cadre lui donne une facilité qui le rend plutôt sympathique auprès des élèves et qui lui facilite grandement la tâche quand il doit asseoir une quelconque autorité. Mais il doit reconnaître que Shiloh se montre plus récalcitrant. Il fixe la professeur des écoles et lui demande “ Est-ce … Hm loin de moi l’idée d’être indiscret, mais y aurait-il une raison familiale ou personnelle qui pourrait expliquer ce changement de comportement ? ” Décès, divorce, dispute parentale, harcèlement scolaire, agression,  addiction ou peine amoureuse. Il en a vu des circonstances atténuantes au cours de sa carrière, et bien qu’à ces yeux, elles n’excusent pas les comportement, elles permettent de mieux les comprendre et les appréhender. Une début d’explication de tarde pas à être avancé quand elle lui avoue que son divorce semble avoir lancé le départ de feu. Il ne s’attarde pas sur la question du divorce et ne se permet pas de lui sortir quelques banalités d’usage je suis désolé pour vous, blablabla. Il ne sait rien de l’histoire qu’elle partage avec son ancien mari et ne veut pas se montrer trop intrusif dans ces questions. “ Oh, un divorce. C’est un début d’explication en effet … mais vous dites que les choses ont empiré cette année ? ” Il jette un coup d'œil aux bulletins de notes de Shiloh qui s’étalent devant lui et se mord les lèvres en dodelinant de la tête. “ Hé bien … C’est vrai que son décrochage en mathématique actuellement est tel qu’il compromettrait ses chances d’entrer dans certaines filières à l’issue du lycée, mais Shiloh n’a pas indiqué sur le formulaire de renseignement ce qu’il aimerait faire plus tard, donc … ” En fait, le formulaire de Shiloh est presque vide, à l’exception de son nom et ses coordonnées, il n’a pas indiqué grand- chose quand Luther a demandé à ses élèves de le remplir à sa prise de poste. “ Est-ce que vous avez une idée de ses ambitions ? Peut-être s’était-il ouvert à ce sujet avant que son comportement ne change ? ” demande-t-il. Il essaie de se montrer rassurant en ajoutant “ L’apprentissage académique n’est pas toujours adaptée à tout le monde et ce n’est pas une fatalité, mais c’est vrai que connaître les projets de Shiloh seraient un plus pour pouvoir éventuellement trouver une solution. Il est possible que la voie qui l’intéresse propose des immersions professionnelles dès le secondaire, et dans ce cas, les élèves en décrochage scolaire se montrent parfois très réceptifs à la découverte du monde professionnel. ” Il sourit d’une manière qui se vend encourageante.