@Lolita Drake & @Anita Skinner

tw: pression, angoisse & troubles alimentaires
« - Non, non, non, ça ne va pas, pas du tout » La voix de Linda est tonitruante, elle résonne jusqu’au plus profond de l’âme d’Annie. Les yeux de la jeune actrice ne regardent pas sa mère. Celle qui est en train de regarder les traits du visage de sa fille. « - Tu as dormi comme je te l’avais dit ? Et tes cheveux ? Lisse-les, combien de fois je te le répétais ? » Annie a une tignasse bouclée assez indomptable, complexe à coiffer, généralement, elle les coiffe en chignon rapide pour que cela ne soit pas trop… fou. Elle ne l’a pas fait et maintenant elle en entend parler. Linda Jones n’est pas satisfaite du physique de sa fille. Une audition est déjà assez de pression… comme si la jeune femme avait besoin de ça.  D’ailleurs, elle ne sait même pas ce qu’elle fait là dans le fond, elle se sent dépassée. On lui a demandé de passer un casting pour une série – qu’elle connait certes et qui a percé son adolescence… mais, c’est vraiment ce qu’elle veut ? « - Et puis tes joues… Annie tu as arrêté le sucre, j’espère ? Tu sais ce que ça fait sur le corps. On dirait que tu as pris cinq kilos depuis la Nouvelle-Zélande » Et elle encaisse Annie, fixant le vide, tentant de ne pas se noyer dans les critiques. Elle relit son texte qu’elle connait par cœur. L’un des rôles principaux, évidemment. La fille solaire, populaire que tout le monde adore. Ce que tout le monde croit être Annie Jones. L’intérieur de sa personnalité est tout autre.

Le casting se passe bien mais, l’effet de la pression redescendu… le regard au loin de sa mère. C’est trop, elle prend une échappatoire, court dans le sens opposé à sa marâtre et cherche une issue de secours. Elle bouscule plusieurs personnes sur son passage, des larmes noient son doux minois. L’angoisse la gagne… elle est submergée.  C’est la porte d’une issue de secours qu’elle trouve et qu’elle pousse. A bout de souffle, elle se penche et derrière une benne à ordures, elle vomit. Stress et trouble alimentaire viennent contracter son petit corps fébrile. Il faut qu’elle se reprenne, si quelqu’un la voit… elle craint que cela fasse la une d’un magazine peu recommandable. Pourtant c’est trop tôt, elle manque d’air… les larmes ne s’arrêtent pas… et elle ne voit pas le témoin de cette scène… perdue dans les méandres de son être.

@Lolita Drake & @Anita Skinner

tw: pression, angoisse & troubles alimentaires
Les mots de Linda résonnent sans cesse dans l’esprit d’Annie. Elle a beau tenté de ne pas y faire attention à force de les entendre, ils sont ancrés. Les mots marquent autant que l’encre, comme des tatouages qu’elle porte, elle porte les critiques incessantes de son imperfection aux yeux de sa mère. Linda est belle, une beauté incroyable, quand elle était jeune, elle avait le monde à ses pieds, une mannequin de premier plan qui avait tout pour réussir. Une célébrité fulgurante et rapide, le genre qui rend fou, quand tout est permis, on ose tout. Et Linda n’a pas permis ce côté-là, elle se permet tout, même une exigence qui rend malade sa fille et qui l’éteint petit à petit. A la vouloir parfaite, elle est en train de la détruire et le mal qu’elle fait devient de plus en plus irréversible. Une mère ne devrait jamais dire à son enfant que son corps n’est pas conforme, où comment s’habiller ou se coiffer à 26 ans. Linda profite de ce statut parce qu’elle est son agent en plus de celle qui l’a mise en monde. Grosse erreur mais il faut dire qu’elle n’a pas laissé le choix à sa fille et Annie n’a jamais voulu contrarier sa mère sur le sujet. Annie c’est la fille qui s’oublie pour les autres... seulement à toujours vouloir la perfection de son enfant, Linda ne se rend pas compte qu’elle la détruit.

Elle sature, son esprit est malade, il a été corrompu, elle n’en est plus la maitresse. Lorsqu’elle prend la fuite parce qu’elle ne supporte plus d’entendre les pensées de sa mère, elle bouscule pas mal de personnes, entend des gens s’indigner mais elle ne peut pas s’arrêter. Se mettre dans un tel état n’aide pas, parce qu’elle a l’impression de n’être qu’une gamine pourrie gâtée qui fait un caprice. Parce qu’on est trop exigeant avec elle. Cette sensation est terrible, elle ne s’autorise même pas le mal-être qu’elle porte. Lorsque l’air frais de frappe sa peau, venant sécher la fine pellicule de sueur qui recouvrait son corps. Elle vomit derrière une benne, elle pense être à l’abri des regards, elle a l’impression d’être hors de portée jusqu’à ce qu’une voix ne l’interpelle. Impossible d’arrêter l’horreur qu’elle commet sur son corps... Elle tousse encore, penchée en avant, tremblante... Plus rien dans son estomac... mais y’avait-il vraiment quelque chose ? Elle n’a rien mangé de la journée... Elle a fui la maison d’Earl ce matin pour aller se préparer, le ventre vide... Elle tousse encore. La voix est douce et rassurante, clairement pas celle de sa mère. Elle a la main devant sa bouche lorsqu’elle se relève, les yeux larmoyants. Et alors elle reste stupéfaite. Merde. Lolila Drake. Merde. Merde. Merde. « - Je suis désolée... ce n’est pas... j’ai dû manger un sale truc... » Elle bredouille. Si Annie est bonne actrice pour les castings, les films, les séries... là, elle est mauvaise, prise au dépourvue, perdue. Un homme de large envergure est derrière l’actrice. Annie déglutit. « - Je suis désolée... » Mais elle fond en larmes. « - ça va aller, c’est bon... je suis désolée... » sans savoir pourquoi elle s’excuse la petite Annie.