@braxton hamilton & @mallory singh
tw : pensées parasites, auto-sabotage, tabagisme
L’air respirable de la cour de récréation. C’est bruyant mais respirable. Dans le coin de celles et ceux qu’on ne vient pas spécialement voir, les lunettes encore sur le piffard, le second né Singh profite du moment de tranquillité pour se planquer et faire une énième connerie d’adolecent. Il voit Monroe, au loin, se dépatouiller de son moment de récréation comme elle l’entend. Et tant qu’elle ne vient pas l’emmerder, tout ira bien. Pas d’humeur à discuter avec la frangine ? Clairement pas. Il commence à tomber dans quelques petites affaires pas très légales - enfin, les paris de rues, à ses yeux, c’est légal tant qu’il ne se fait pas chopper - pour aider Monroe à la maison et il ne vaut mieux pas qu’elle le sache. Ce qu’il ne faut pas qu’elle sache non plus ? Qu’il est en train de s’en griller une à l'abri des regards. Assis en tailleur sur le goudron de la cour, le dos contre un muret, il profite de son petit moment de solitude. Enfin, profiter est un bien grand mot. Pensées parasites allant et venant. Sous-merde. Le souffle de la cigarette qui fait une petite forme amusante. Pas le grand-frère de l’année. Il le sait déjà, ça. Et si on finissait seul, loin de tout le monde, ça ferait une bouche en moins à nourrir pour Monroe. Okay. Stop. Il en ricane presque, de cette pensée-là. Comme s’il allait être capable de se barrer pour abandonner frères, sœurs et … et bah non, pas les parents.

Pas les parents, parce que les parents n'en ont pas grand chose à foutre, ils vont voir ailleurs, ils prennent des trucs que même les participants d’une rave party ne prendraient pas. Du moins, c’est comme ça que l’adolescent le voit, le perçoit. Il se sent abandonné, Mallory, par sa mère, par son père. Il n’a pas l’impression de compter pour eux. Et du haut de ses petits 16 ans, c’est douloureux, de penser à ça, à un moment où il devrait penser à son prochain bonbon ou son prochain film au cinéma. Puis des pas, il relève rapidement le regard. Braxton qui débarque. Vite, planquer la clope. Presque fini ? Eh, ça coûte une couille quand même cette merde, surtout quand on a pas de thune comme lui. Alors il ne la jette pas, il ne l’écrase pas comme un sagouin, il se contente de l’éteindre contre sa chaussure avant de la ranger à la va vite. “Hey ! Comment va ?” Il fait mine de rien, que tout va bien. Il ne veut pas inquiéter un de ses rares potes. C’est qu’il a pas fait gaffe, Mallory, que la récrée est bientôt finie. Eh, au pire, un cours de loupé, c’est quoi dans une vie ?

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Il est cramé. Mais cramé à des kilomètres. Mallory se pensait assez discret. Tout du moins assez pour Braxton. Mais non. Même là, t’es décevant. La main que Brax’ regarde, Mallory la refourgue dans la poche de son pantalon dans un soupir aussi long - enfin non, plus long - que son avenir. A 16 ans, faut pas avoir des réflexes d’adultes, des pensées d’adultes. A 16 ans, il faut pas penser à comment manger le soir, à si tout le monde à fait ses devoirs. C’est le rôle des parents, pas des aîné.es de famille. Eviter le cours de Miss Ford. Littérature, ça saoule toujours un peu. “Tu m’demandes d’éviter le cours de miss je respire trop fort, mon bouton de chemise par dans l’oeil du premier rang de la classe, tu crois que j’vais t’dire non ?” Il ne supporte pas Miss Ford. Parce qu’elle passe son temps à le rabaisser inconsciemment. Elle passe son temps à lui dire de grandir, d’être mature. Elle passe son temps à lui rabacher d’être plus comme si, plus comme ça. Plus comme Monroe. Elle, au moins, elle est calme, elle n’est pas agitée dans tous les sens. Sauf que toi, t’es pas Monroe. Et il est très loin d’être le grand frère parfait qui fait attention à tout et tout le monde. Monroe, elle a lâché ses études et son rêve pour bosser pour la famille, lui, il arnaque des gens dans la rue. Rien de bien glorieux.

“Une idée de c’qu’on pourrait faire en évitant la pornstar du lycée ?” C’est un con, Mallory. Un con amer et aigri avant l’âge. C’est un vieux qui en a vu des vertes et des pas mûres dans le corps d’un chiard de 16, presque 17 ans. Il étend ses jambes dans un soupir. Le regard perdu sur le bitume. C’est bien triste comme vie d’ado cette histoire.

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Braxton comptait sur Mallory pour l’embarquer dans des idées à la con. Comme souvent. Ce qui le fait rire, le brun. C’est souvent comme ça. C’est souvent lui l’instigateur des plans foireux. En même temps, avec sa gueule de poupon et son sourire d’ange, personne - ou presque - ne va le soupçonner de quoi que ce soit. Il étend ses jambes un peu plus, venant même les étirer dans un long soupir. Il ne relève pas l’expression ringarde, il en a aussi. C’est même, sans doute, la base de son argot. Braxton, c’est le sportif du duo, là où Mallory, c’est plus le nerd. Il est passionné par beaucoup trop de choses à la fois. Il est doué de ses neurones même si parfois il n’en a clairement pas l’air, comme lorsqu’il décide de jouer au con. Il propose de se faire la malle pour aller au skate park. Hochement positif de la tête de la part du brun. C’est pas une idée de merde. Enfin si. Mais à l’heure niveau, c’est une bonne idée. Passer par le kiosque, en profiter pour prendre de quoi boire et aller se caler faire la photosynthèse au skate park. Glander. Buller. “Aller, chaud. On va juste … déguerpir avant que ça sonne. Histoire que la glandouille skate park ne finisse pas en engueulade dans l’bureau du proviseur.” Aller dans son bureau, voir ses parents appelés, franchement c’est le cadet de ses soucis. Par contre, que Monroe et les autres apprennent ça et qu’il déçoive la fratrie ? Jamais de la vie. Hors de question de lire de l’inquiétude, pire encore, de la déception chez sa famille.

“Allez, beau gosse. C’not’ moment !” Il se redresse et commence à filer à l’anglaise, évitant tel une anguille les surveillants, les adultes du bahut. Mission impossible : sortir de là sans se faire choper. Enfin, mission impossible sauf si l’on s’appelle Mallory Singh. Il a l’habitude, le mauvais élève, que de faire l’école buissonnière. Il sait par où passer et surtout par où ne pas passer. Il entraîne Braxton avec lui. Si c’est son idée qu’ils suivent, c’est Mallory en guise de berger. Une citation ridicule digne des plus mauvais films d'espionnage. Un silence. Puis il avance à nouveau. L’extérieur leur temps les bras. L’air semble plus frais dehors. En dehors des murs. Un long soupir. Un grand sourire. “Pfiou. Le kiosque maintenant.” Il est pas loin, de mémoire. Il a grandi dans la rue, ou presque. Il avait un toit, Mallory, il a toujours un toit, mais il passe le plus clair de son temps dehors, chez des amis à lui. Chez Braxton. Le petit kiosque, il a une douce vision de liberté - et de connerie. “J’crois j’pourrais tuer pour un coca bien frais.” En même temps, il n’a jamais vraiment eu la thune. Il fouille ses poches. Eh. C’est pas grand chose, le plus gros de ses dernières arnaques, il l’a déjà remit à Monroe.

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Ce sont ses parents qui seront contents s’il évite le bureau du proviseur. Tu m’étonnes. Il en ricane très légèrement, c’est vrai que Braxton n’a pas la “chance” d’avoir des géniteurs aussi je m’en foutistes que les siens. Quitter le lycée ? Fait. Arriver au kiosque ? Fait. Cela relève du talent. Le brun hausse un sourcil, le sourire au coin droit des lèvres. “Merci, merci, c’est naturel chez moi de m’éclisper et d’aller faire de la merde !” Ce n’est jamais bon signe, lorsqu’un gamin de son âge possède cette habitude proche du talent de ninja ou d’assasin se balandant sur les toits itailens. Déambulation éphémère dans le kiosque à la recherche de quoi grignoter pour un après-midi école buissonnière au top du top. Il entend la voix de Brax dans son dos, le réflexe, il se retourne et attrape avec une pseudo maladresse la canette fraîche de coca qu’il lui lance. “Hell yeah. Tu gères !” Parce qu’il a trouvé et qu’il a bien lancé. C’est grâce au super lancé de Brax’ que Mallory a réussi à la rattraper sans l’exploser au sol. Vous imaginez un peu la merde que cela aurait été ? Si la canette avait pété ? Il aurait fallu la payer et tout. Le bordel monstre.  « Vous devriez pas être en cours à cette heure là ? » Il est pris d’un sursaut, le second Singh. Pourquoi énoncer un fait aussi évident à voix haute, franchement. Il s’approche du comptoir pour faire face à la voix, aux côtés de Braxton. Paraît qu’ils sont trop malins. Des génies dans sa boutique. Mallory se tait. S’il y a bien une rare chose que son paternel à su lui apprendre c’est à fermer sa grande gueule dans ce genre de moment. Il se contente d’accorder son sourire à celui de son ami qui prend en charge le goûter. Tu te sens redevable hein ? Ouais. Et pas qu’un peu. Aller, la prochaine arnaque, moitié pour Monroe, moitié pour rembourser Braxton, c’est la moindre des choses. Et puis les bons comptes font les bons amis selon certaines langues.

« Ouais, ouais, des génies. Allez, filez et j’dirais que j’ai rien vu. » Nouveau sourire, bien plus large que son avenir. Un geste de la main, un grand merci lâché sans aucune retenue et il sort de là. Soleil frappe le bitume, fait ressortir la chaleur emmagasinée. Le skatepark est pas loin, un regard à Braxton, sourire un peu moins grand, un peu plus gêné. “Merci ..! J’te revaudrais ça.” Malgré le sourire, la voix est plus que sérieuse. Mallory ne supporte pas avoir des dettes envers quelqu’un, surtout pas un proche.