@mia geiszler & @mallory singh
Fin de journée. Fin de service. Fin de tout. Froideur à s'en geler les rollmops de l'hiver qui provoque un des orages les plus dégueulasses que Mallory ait pu connaître. Et en quasi 40 piges, il en a connu, des orages, des pluies diluviennes comme des petits crachats du ciel. Un long soupir s’échappe de ses lèvres. “J’aurais définitivement dû prendre ce putain de parapluie en partant ce matin.” Qu’il râle. Ce que le second né Singh peut râler. A croire que c’est un mode de communication comme un autre en cas de mauvais temps. Il n’a pas envie de bouger, le bougre. Il profite de la protection que le paravent du café lui offre pour fumer sa cigarette en paix, le temps qu’il se motive à réellement tout fermer. L’alarme n’est pas encore mise, Le volet métallique est baissé de moitié. Le dos contre la vitre, le regard perdu sur la flotte qui noie presque le trottoir, il se plaint intérieurement de devoir rentrer à son appartement à pieds, juste parce que ce matin, il faisait étonnement grand soleil.

“Et bien sûr … t’as pas pris le parapluie, t’as pas pensé à venir véhiculé.” Il ne pense pas, non plus, dans ses râleries, qu’il peut très bien prendre le bus. C’est qu’il est con, parfois, Mallory. Parfois ? T’es souvent con, mon gars. C’est un fait, Mallory est très souvent à côté de la plaque. Pas paumé pour autant, il sait où il va, il ne sait juste pas comment il y va, mais une chose est certaine, le chemin sera fait. Et alors qu’il écrase son mégot de clope contre le talon de sa chaussure gauche, il manque de perdre l’équilibre face à à une bouille connue au bataillon. Du moins à son bataillon à lui. Et celui de Nora, de mémoire. “Heeeey ! Miss Cacahuète ! Hasard de dingue de vous voir là à c’te heure-ci !” Elle a surtout l’air d’avoir besoin de s’abriter, la pauvre.

w/ @Mallory Singh
La journée avait été rude pour Mia. Elle s’y attendait, à vivre des journées plus éprouvantes que d’autres. Quelle idée de choisir une telle carrière. On dit que les cordonniers sont les plus mal chaussés, que médecins sont les pires patients, et que les psychiatres ont les plus grosses névroses. Il en était de même pour la jeune femme qui faisait désormais carrière dans une branche qui la concernait de très près et lui valait de sacrés war flashbacks et son lot de triggers: la protection de l’enfance. Elle ne connaissait ce métier que de nom, n’ayant pas eu beaucoup l’occasion de côtoyer des gens payés pour la protéger lorsqu’elle en avait eu besoin. Hélas, malgré les années d’études, malgré toute la préparation et la thérapie pour survivre à ce nouveau boulot, il y avait des jours où Mia avait déjà envie d'abandonner, de rentrer chez elle et de ne plus jamais en sortir, ou de pleurer un bon coup, de s’enfiler trois pots de glaces, les regretter, re pleurer, et reprendre sa petite vie comme si rien ne s’était passé. Juste le temps de débrancher le cerveau et de le laisser se vider de tout ce qu’elle pouvait voir, entendre, et lire. Alors ce soir, il y avait un passage obligé à faire sur le chemin du retour. Le rituel quasi sacré de ses journées de travail: un arrêt au DBC. Il lui fallait une dose de sucre pour doper la sérotonine et aider son cerveau à lui faire laisser dans une petite boîte les tracas du travail en attendant demain. Ils pouvaient attendre huit heures du matin pour revenir, non ? Malheureusement, ils ne disparaîtraient pas d’ici là.

Mia pressa le pas en arrivant dans la rue où se trouvait le fameux café. Normalement, lui restait encore du temps. Assez de temps pour pouvoir commander et savourer sa commande sur place sans passer pour la chieuse de service qui vient à la toute dernière minute alors que tout est rangé et que les machines sont nettoyées. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant que la petite terrasse était déjà remballée et le rideau baissé à moitié. « Oh non... », souffla l’allemande en traversant vite la route après avoir (trop) brièvement vérifié qu’elle ne finirait pas écrasée comme une crêpe sur la chaussée. Même si Mia ne craignait pas l’eau et qu’elle appréciait les jours de pluie, si elle pouvait s’éviter les trombes d’eau et une pneumonie, c’était pas plus mal. Tapant son meilleur sprint, elle manqua de se vautrer lamentablement en arrivant sur le trottoir. Son air affolé trahissait la nature de la glissade, alors qu’elle aurait pu la jouer nana super coolos en faisant de petits finger guns aux rares passants. La jeune femme se planta, dégoulinante, devant le café.

C’est là qu’elle vit Mallory, son barista préféré. Miss cacahuète. L'entendre prononcer ce surnom élargit le sourire qui s'était dessiné quelques secondes plus tôt, à la vue du grand brun. « Hello Mallory ! Je saiiis, j'avais prévu de venir comme d'hab, et finalement j'ai vécu cinq journées en une, j’suis au bout du rolls. Mais euhh... Vous fermez plus tôt aujourd’hui ?! », l'interrogea Mia en penchant légèrement la tête. Elle jeta un œil à son téléphone avant même la réponse du barista, par réflexe. Mia laissa tomber sa tête en avant, cachant son minois défait sous sa tignasse blonde trempée. Elle releva la tête, les yeux bordés de larmes « Je pensais que j’avais encore le temps de… ». Sans pouvoir se contrôler, la gorge de Mia se serra. Les sanglots restèrent coincés là, en une boule douloureuse. Ils venaient de lui couper la chique. Putain, il allait penser qu'elle pleurait parce qu'elle n'allait pas avoir son petit muffin ou je ne sais quoi. Autant prendre ça avec humour et rattraper le coup pour ne pas passer pour une zinzin. « Vous voyez ce que ça m'fait d'être privée de vos pâtisseries ? C'est cruel. Cruel. », lâcha Mia, secouée d'un rire en essuyant une larme qui perlait sa joue. Elle est au bout du rolls, j'vous dis.

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Oh non. Son souffle, il peut presque l’entendre. Le souffle ou la déception dans ce dernier ? Il ne saurait dire. Miss cacahuète. Son surnom. Parce qu’il n’y a qu’une seule accro à la bouffe asiatique en étant allergique à la cacahuète et c’est bien l’amie de Nora. Elle sait qu’elle avait prévu de venir comme d’habitude, finalement elle est au bout du rouleau. Ils ferment plus tôt ? Il hausse un sourcil. Il se serait planté sur son heure de fermeture ? Nora va vouloir le pendre au beau milieu de la salle principale si c’est le cas. Il jette un œil à son téléphone. Un soupir de soulagement en voyant que non, ce n’est pas lui qui est en avance, mais elle qui est en retard. C’est mal, mon chou, de se soulager de la connerie des autres. Elle pensait qu’elle avait encore le temps. Il se frotte le nez, un quart de seconde il se dit que, bon, c’est Mia. C’est l’amie de Nora. Personne ne lui en voudra, surtout avec temps de merde qu’il fait dehors. Il pleut comme vache qui pisse, il ne va pas laisser une pauvre demoiselle en détresse de la sorte sous l’eau quand même, ce ne serait pas très gentleman de sa part. Monroe lui tirerait les oreilles si elle savait qu’il a été odieux avec une amie telle que Mia. Amie qu’il vouvoie. Sans doute parce qu’elle était en route pour le café en qualité de cliente. Elle tombe dans ses vieux travers de pitreries qui pourraient faire craquer Mallory. Elle est amusante, drôle et mignonne en plus. Mais non. Tout au plus, il lui offrira un café. Pas de relations. C’est fini. Nu-uh. Mallory se permet de jeter un regard à droite, à gauche, devant et derrière, entrant dans son jeu de gaminerie. “Bon … si j’vous fais entrer en douce, comme ça, pas un mot à Nora.” Qu’il lui chuchote comme s’il lui donnait un ordre de mission entre espions. Un signe de la main libre invite la demoiselle à pénétrer dans le café en état de fermeture. La serpillère encore dans son seau d’eau. Le sol, fort heureusement, presque sec. “Attention j’crois c’est encore mouillé à certains endroits.” Nouveau souffle amusé alors qu’il entre après elle. Veillant à bien fermer la porte avec la belle pancarte CLOSED dans son dos afin de gagner en tranquillité.

“Bon, pour un bout du rolls … j’ai à proposer … le macchiato noisette caramel, avec en accompagnement le roulé à la cannelle !” Ce qu’il ne dira pas, le barista, c’est que le roulé, c’était le sien. Il se l’était mit de côté à l’heure de la fermeture pour s’assurer un goûter -voir, à ce stade, son repas du soir- tranquille sans avoir à débourser quoi que ce soit. C’est un invendu qui n’allait pas être mangeable le lendemain, alors autant se faire plaisir. “Au bout du rolls et cinq journées en une, mais comment t’as fait ton compte ? Installe toi, la machine était pas encore nettoyée de toute manière.” Le précieux et merveilleux percolateur n’était pas encore nettoyé ? Alors que la serpillère est passée, que les tables sont rangées et qu’il fermait le rideau de fer ? Mensonge. Menteur comme il respire.

w/ @Mallory Singh

Mia était contente de tomber sur Mallory. Il était le rôle de rayon de soleil humain qui perçait les nuages gris et imbibés de flottes, ces machins cruels qui semblaient en vouloir personnellement à la jeune femme tant elle était trempée. Le brun était clairement le genre de personne qu'elle espérait croiser après une telle journée. Plutôt coolos de le voir donc, même s'il tournait le dos au rideau de fer déjà à moitié fermé. Son lot de déception n'était visiblement pas encore arrivé à sa fin. Puis là, miracle. Est-ce qu’il allait vraiment la laisser entrer, au moins pour se mettre à l’abri ?? Ses yeux se mirent à briller, son visage s’illumina et sa petite moue triste s’effaça peu à peu. Amusée par le jeu de Mallory, Mia plissa légèrement les yeux, et prit un air grave, sombre. Elle hocha doucement la tête pour acquiescer, tout en remontant le col de son imper’ de détective privé imaginaire, afin de se faire plus discrète. Les trombes d'eau dissimulaient sûrement déjà plutôt bien sa silhouette. Elle observa très discrètement les environs, un coup d’œil à droite, un coup d’œil à gauche. All clear. La jeune femme entra donc en prenant très au sérieux l’avertissement du barista, ayant déjà failli se ramasser lamentablement sur le trottoir. Elle était capable de glisser sur le seul petit bout de sol encore humide, surtout avec des chaussures mouillées.

La blonde se décala légèrement pour laisser passer Mallory qui venait de refermer derrière eux, et de retourner le petit panneau sur la porte. Elle se sentait un peu comme une VIP, là. Elle resta plantée dans l’entrée, mâchoire serrée, dents proches de grincer tant elle serrait. Une grimace de gêne intense affichée sur son visage. Elle était trempée, dégoulinante, les pompes mouillées et par conséquent, ses semelles aussi. Elle risquait de faire des traces sur le sol fraîchement nettoyé… Elle fixa Mallory bêtement, avant de hausser les épaules et de retirer ses chaussures. Pas le choix. Après tout, elle était presque comme à la maison ici. Malheureusement, le fait d’avoir été victime de la tempête de flotte dehors faisait qu'elle dégoulinait sur le plancher du café, mais c'était toujours moins sale que des chaussures. « Avant de partir, je repasserais quand même un coup de serpillère. Cela dit, je suis tellement trempée que j’aurais juste à glisser sur le ventre... », lâcha Mia, pensant à voix haute. Elle se rendit compte de sa connerie, et fronça le nez en ricanant, illustrant ses propos en rapprochant son index de son pouce, les plantant juste devant son œil « Ce serait bizarre, très gênant à regarder, mais un toouut petit peu marrant quand même. ». Un tout, touuut petit peu.

La blonde fit un sourire en entendant les paroles de Mallory. Une moue satisfaite se dessina sur son visage, puis elle plaqua une main sur sa poitrine. « Il te reste un roulé à la cannelle, aka ma pâtisserie préférée ? Tu me prends par les sentiments là. », lâcha la jeune femme en lui offrant son plus beau sourire colgate. Comment ne pas avoir la banane quand un joli garçon vous laisse vous mettre au sec et vous propose un roulé à la cannelle. Ah, et une petite merveille à boire ! « C'est trop gentil Mallory, mais t'es pas obligé. C'est chiant à faire, et t'allais fermer... Tu en as déjà fait assez je trouve. », répondit Mia en se frottant la tempe, quelque peu gênée. Il en avait déjà bien assez fait, et elle ne voulait pas l'embêter davantage. Mallory l'interrogea sur sa journée de l'enfer et sur le pourquoi des cinq journées en une. L'en-fer. « Oh bah quand rien ne va, il te tombe cinquante tuiles en plus sur le coin de la tronche, parce que sinon c’est pas drôle. Toi même tu sais. La loi de Murphy, le petit coup de latte dans les côtes quand t’es déjà à terre, tout ça… », répondit l'allemande en levant les pouces avec un sourire forcé, pour jouer la nana pas du tout touchée par les petits coups de lattes de la vie.

Lorsque Mallory l'invita à s'installer, la blonde se dirigea vers une petite table de deux, puis ôta les chaises posées dessus afin qu'ils puissent s'installer tous les deux. Elle se posa lourdement sur sa chaise, et laissa sa tête tomber en arrière en gonflant ses joues, retenant un long soupir d'au moins trois piges. Elle se redressa ensuite pour suivre Mallory du regard, tandis que celui-ci se dirigeait vers le comptoir, un peu étonnée par ses propos. « Ah, vous ne la lavez pas tous les soirs ? », l’interrogea naïvement Mia, haussant les sourcils de surprise. Ca ne la choquait pas plus que ça, en vérité. Elle ne se faisait pas de soucis pour l'hygiène, sachant que Nora y travaillait, elle savait que tout était impec. Mais cela l'étonnait un peu quand même. M'enfin ! « Et toi, ça va ? J’espère que ta journée a été meilleure que la mienne ?? », demanda la blonde tout en étirant ses bras sur la table pour rester quelques secondes dans cette position, toujours en le fixant. La nana qui tient pas en place.

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Avant de partir elle repassera un coup de serpillère. Il hausse les épaules. Si elle insiste. Ce n’est pas dans ses habitudes de laisser les clients s’occuper du ménage mais si elle le souhaite il ne va pas se rajouter cette tâche en plus avant de partir. Cela dit, elle aurait pu glisser sur le ventre. Et l’image mentale se crée toute seule et il éclate de rire. Un rire quasi incontrôlable. Bizarre, gênant mais marrant. Il tente de se calmer, pour pouvoir la servir correctement. Il lui reste un roulé, un roulé qu’il lui cède bien volontiers. Il la prend par les sentiments. Main sur le poitrail, sourire aux lèvres, petite révérence de la tête.  “Toujours, ma chère, toujours.” C’est chiant à faire un macchiato noisette caramel. Mais non. Qu’elle ne s'inquiète pas de ça. Il allait fermer mais pour elle, il pourrait remettre une chaise par terre pour qu’elle s’installe correctement. Sa journée, il veut savoir sa journée. Et il l’écoute. Barista et sans doute un peu psy sur les bords. Comme les coiffeurs. Il écoute tout en sortant la pâtisserie et de quoi faire son café. Cinquante tuiles sur le coin de la gueule. Il connaît ça, Mallory. Il hoche la tête, lâchant des “hm-hm” tout en faisant les mélanges dans la grande tasse. Signe qu’elle s’installe, les chaises sont déposées sur le sol. Il dépose la pâtisserie et les deux boissons. Le macchiato pour elle, un café simple pour lui. Jambes croisées, mains sur la tasse, il pose son regard sur elle. “Si bien sûr que si, elle est lavée tous les soirs, je ne l’avais juste pas- bon okay, tu m’as eu, c’était nettoyé, mais vraiment c’est trois fois rien !” Son trois fois rien sonne toujours comme quelque chose de plus important, surtout avec la fratrie. Il porte sa tasse à ses lèvres. Elle espère que sa journée s’est mieux passée. Il en ricane un peu. “Yep ! Pas de karen à l’horizon aujourd’hui ! Juste un cassage de gueule en beauté dans le dos de la clientèle parce que j’ai glissé mais sinon rien à signaler !”

Sinon rien à signaler qu’il sort alors qu’il a eu une erreur de livraison en début de journée, qu’il a dû s'arranger avec les produits qu’ils avaient en rab. Qu’il a dû gérer la crise d’un gosse qui ne supportait pas le nom de son père. Une journée classique en somme. Il profite de ce temps calme, le sourire aux lèvres, avec cette jeune demoiselle qu’il apprécie peut-être un peu trop. “Sinon, tu racontes quoi d’beau miss cacahuète ? Le boulot tout s’passe comme tu veux ?” La question à un million. Parce qu’il sait, Mallory, que son travail n’est pas le plus simple du monde. “Est-ce que, dans un futur plus où moins proche, un petit déjeuner pour les gosses dont tu t’occupes tu tenterais ? Normalement d’ici la semaine prochaine on va recevoir une grosse livraison de viennoiseries. J’en parlerais à Nora et à la patronne si cela te tente évidemment.” Il essaie, de sociabiliser, de fidéliser un peu aussi, à sa manière, de sa bouille, de son regard de bébé et de son sourire d’ange. “On a changé aussi de marque de sirop de noisette, tu me diras s’il est goutu !” Parce qu’il fait confiance à sa miss Cahuète pour être franche avec lui concernant les nouveautés.

w/ @Mallory Singh

Mallory était très bon public, aucun doute là-dessus. Imaginer Mia glisser sur le ventre telle une otarie sur le plancher de son café semblait l'amuser, et son éclat de rire la fit d'abord pouffer, puis rire à son tour. Le rire du brun était communicatif. “Toujours, ma chère, toujours.”, lui répondit-il lorsque Mia lui dit qu'il la prenait par les sentiments avec le sacro-saint roulé à la cannelle.  Ce petit sourire, ses mimiques, et la gestuelle. Il était adorable. ooff, right in the feels. La jeune femme observa Mallory préparer son macchiato, tout en lui racontant que sa journée n'avait été que galères sur galères. « Est-ce que tu pourrais ramener un couteau aussi, s'il te plait ? », lui demanda Mia avant qu'il ne s'éloigne du comptoir. Quelques secondes plus tard, Mallory revint avec le roulé à la cannelle, des boissons, et un couteau. Elle le remercia lorsqu'il vint la servir, s'asseyant ensuite juste en face d'elle. Ca lui faisait tout drôle à Mia, de se poser tranquillement avec Mallory, là, sans personne autour. Sans que celui-ci soit interrompu, ou de dos, ou obligé de répéter trois fois ses paroles parce qu'en plus d'être bouchée, Mia n'entendait rien avec leurs machines à café. C'était plutôt cool.

Mallory lui avoua pour la machine à café. Ah ! Le menteur. « Mallory... », fit Mia dans un soupir presque exaspéré, en feignant de lui mettre une petite tape sur l'avant-bras, gênée d'apprendre qu'il venait de foutre en l'air ses minutes de nettoyage rien que pour elle. Puis elle posa sa main sur son avant-bras pour le serrer doucement pour capter son regard, et lui offrir un petit sourire plein de douceur « Merci... Tu es un amour. ». Beaucoup trop gentil. Les nuages noirs dans sa caboche commençaient à se dissiper. Mia l'interrogea ensuite sur sa journée à lui, et fut ravie d'apprendre que les clients avaient été plutôt sympas aujourd'hui. Encore heureux, j'ai envie de dire. Comment ne pas l'être avec un staff composé de gens comme Nora, sa meilleure amie, ou Mallory ?  Pas pour rien que Mia passait son temps ici. Oui, bon, et aussi parce qu'elle aimait bien venir voir Mallory. Mais ça, c'est top secret, et c'est rien. Pas vrai ? Elle sortit de ses pensées pour s'esclaffer en entendant le nom 'Karen', puis elle grimaça dans un petit sursaut, s'imaginant la douleur sur le coup après sa chute « Ouuchh, mon pauvre ! Je vois que t'es aussi doué que moi ! Je me vautre une fois par jour minimum, perso. », répondit-elle en se la pétant un peu pour plaisanter sur sa maladresse très connue dont plus personne ne s'étonnait.

Tandis que Mallory la questionnait à nouveau sur sa journée, Mia en profita pour prendre le couteau afin de couper en deux le roulé à la cannelle. Parce que vous pensiez vraiment qu'elle n'allait pas partager avec lui ? hah. Elle releva le regard en lui souriant, avant de répondre « Sinon, au boulot... Oui, plus ou moins. Disons que rien n'est rose, mais pour réussir à gérer, je me dis que tout n'est pas gris non plus. Mais ça reste difficile certains jours comme aujourd'hui. Il y a tellement de problèmes, et les solutions ne règlent rien au fond... », répondit l'allemande toute penaude, haussant les épaules dans un soupir las. C'était le métier qu'elle avait choisi, et baisser les bras ou se lamenter n'était pas une option. Les enfants et les familles avaient besoin de personnes comme elle pour s'en sortir. Mais parfois, l'enfant orpheline et placée avait envie de se mettre en boule et de pleurer, et d'abandonner... Une nouvelle fois, Mallory la sortit de ses pensées et fit s'illuminer le visage de Mia. Décidément, il sauvait une nouvelle fois sa journée. « Sérieux ?? On a justement un événement de prévu la semaine prochaine, ce serait super, ça leur ferait tellement plaisir ! J'avais pensé en faire moi-même, mais je ne vais pas avoir le temps du tout. », s'exclama la jeune femme, enthousiaste. Si cela se faisait, elle lui devrait une fière chandelle. Encore une. S'il continuait comme ça, Mallory finirait par avoir de quoi éclairer toute sa barraque.

« Goûtons cette petite merveilleee ! », reprit-elle en chantonnant. Alors qu'elle allait y tremper les lèvres après avoir soufflé délicatement sur la mousse de son macchiato, Mia leva les yeux vers Mallory. Un nouveau sirop ? Elle prit un petit air malicieux, appréciant la nouvelle. La blonde bu une gorgée, éloigna la tasse, puis claqua sa langue sur son palais pour se concentrer sur les saveurs. Une vraie pro, hein. « OoOoH. Il est quali' ! Il est un poil moins sucré que l'ancien, ça m'a fait peur parce que je vis pour le sucre... Mais j'ai l'impression d'avoir de vraies noisettes dedans, c'est un peu plus subtil, mais ça fait beaucoup moins truc bourré de sucre. On adore. Il déchire, merci Mallory. », conclu Mia en levant son pouce avant de croquer à nouveau dans sa moitié de roulé à la cannelle, avec de la mousse sur le bout du nez. « Hm. Alors. A part jouer les preux chevaliers pour sauver une nana qui a failli se noyer en marchant tellement il flotte, t'as prévu de faire quoi de ta soirée ? », l'interrogea l'allemande en lui faisant un clin d'œil taquin, toujours en lui souriant.