@Elliot Vance


vendredi 26 avril -

Il ne sait pas trop à quoi s'attendre, mais il y a bien plus de monde que ce qu’il s’imaginait. Il s’est présenté avec Livia devant les portes avec ses deux petits cartons d’invitation et on les a laissés entrer dans la caverne d’Ali Baba. Il ne voit pas d’autres mots pour décrire ce qu’il voit. Il est un poil soufflé par l'effervescence du lieu, il ne sait pas s'il veut d’abord s’arrêter à la librairie ou l’épicerie participative. Finalement, ils se décident à faire un premier tour complet du lieu, passent devant les différents stands de restauration. Luther ne résiste pas à s’acheter quelques tapas et ils prennent chacun un verre - du sans alcool pour le professeur de math qui se laisse tenter par un mocktail à base de kombucha. Il salue les quelques connaissances qu’il connait derrière les comptoirs. Il n’est pas surpris de les croiser là puisque Elliot lui a dit qu’ils auraient des stands. Il se doute bien qu’il pourrait éventuellement croiser son ex au détour d’une allée, qu’elle doit forcément être là pour couvrir l’évènement en bonne influenceuse - pardon, blogueuse culinaire - qu’elle est. Encore faudrait-il que leur chemin se croisent, vu l’affluence ; et puis il n’est même pas trop certain qu’ils soient là à la même heure au fond. Il suffit de ne pas grand chose pour se rater de quelques minutes. Il déambule donc en compagnie de sa petite sœur de cœur et s’arrête consciencieusement à chaque comptoir où il connaît de prêt ou de loin le chef. C’est finalement leur amie en commun Gwen, alors qu’il est en train de lorgner sur ses smashs burgers, qui lâche le scoop. Il répond distraitement à ses questions, oui, l’endroit est fabuleux, il s’est déjà arrêté à l’épicerie, c’est chouette tous ces produits locaux, non il n’a pas encore croisé Elliot, mais lui dit-il, il ne sait pas si elle sera là en même temps que lui. Et la cheffe qui rit avec légèreté en lui répondant que si y en a bien une qui doit rester toute la soirée, c’est elle. Du moins de l’ouverture à la fermeture des portes. Il répète ses derniers mots, elle ouvre la bouche de surprise en laissant échapper un ah tu savais pas - il lui demande ce qu’il est censé savoir et apprend avec stupeur que son ex s’est pas contenté d’obtenir des invitations. Elle est l’initiatrice du projet. La big boss croit-il comprendre, même s' il imagine bien qu’un truc pareil en demande plusieurs des boss.  Il se retourne sur lui-même en observant d’un œil nouveau la halle de food court, puis la conversation avec Gwen tourne court quand elle leur remet leur burger, il en a choisi un végétarien. Comme il y a du monde qui patiente à chaque stand, il ne tarde pas à faire ses adieux en félicitant chaleureusement la cuisinière pour son nouveau succès. Ils déambulent à nouveau et il a vite fait de dévorer son encas. Puis Luther s’arrête encore une fois pour saluer un ami et quand il se détourne pour présenter Livia, il constate que la brune a disparu. Il l’a peut-être entendu parler d’aller au stand de sushi, à moins qu’elle se soit éclipsée à la salle de bain ou qu’elle ait elle aussi croisé des connaissances. Il la cherche en scannant la salle mais ce ne sont pas les yeux de Livia qu’il rencontre. Il reconnaît immédiatement le regard d’Elliot en le croisant et lui adresse un sourire à l’opposé de l'allée où il se trouve. Un signe de la main et comme il constate qu’elle se dirige vers lui, il se met en chemin également. Ils se retrouvent à mi-chemin, dans un coin particulièrement passant, légèrement bousculés à droite et à gauche. Il entame la conversation sans tarder, tout sourire “ Hé bien ! Les félicitations sont de rigueur j’ai cru comprendre ! ” Un nouveau regard autour de lui puis il se rappelle du mystère qu’elle faisait autour de ses occupations dernièrement “ C’était donc ça le projet secret ?! ”.

@Luther Kealoha



[ambiance|outfit] C'est le grand soir. Voilà deux heures que La Chimère a ouvert ses portes et tu ne sais déjà plus où donner de la tête. On t'alpague de tous les côtés pour te féliciter, et tu souris tellement depuis tout à l'heure, que tes zygomatiques te font souffrir. Dans la robe fleurie que Rose t'as confectionnée avec ses doigts de fée, perchée sur des talons légèrement trop hauts qui te font regretter de ne pas avoir caché une paire de ballerines quelque part derrière le bar central, tu enchaines les accolades chaleureuses et les conversations brèves avec des personnes que tu ne connais parfois ni d'Eve, ni d'Adam, mais qui tiennent à te toucher deux mots, tantôt pour saluer ton implication dans ce projet, tantôt pour vanter les mérites de tel ou tel stand... Tu n'as toi-même pas encore eu l'occasion de manger ce soir, c'est à peine si tu as trempé tes lèvres dans la coupe de champagne qui t'as été confiée lorsque toi et tes associés avez coupé à l'aide d'une paire de ciseaux surdimensionnés, le ruban rouge installé à l'extérieur pour marquer la grande ouverture de ton grand projet. Tu la tiens toujours entre tes doigts tandis que tu déambules dans l'immense hangar qui accueille le food court. Un ami de tes parents, et sa troisième femme -à moins qu'il ne s'agisse d'une de ses maîtresses-, te salue à son tour et tu prends quelques minutes pour les remercier de leur venue. Oui, tu es vraiment fière de voir ce projet aboutir. Oui, tes parents sont présents, là quelque part. Evidemment que tu leurs diras où le trouver si tu les croises. Non, tu n'as pas vraiment de stand favoris, mais tu leurs conseille toute de même de donner sa chance au lomo saltado du stand péruvien, une tuerie. Tu ne te dépares pas de ton sourire, mais tu l'écoutes distraitement tandis qu'il te félicite à nouveau tout en se vantant de la réussite récente de son propre fils, un trader, ou un dentiste...Whatever Tu ne l'écoutes plus du tout quand ton regard croise celui ce Luther. Bien malgré toi, ton coeur fait un bond dans ta poitrine et tu t'excuses rapidement auprès de Hector et Madeleine pour te diriger vers Luther. "Il parait oui... Surprise!", tu annonces en ouvrant légèrement les bras comme pour embrasser l'intégralité des lieux d'un seul geste. Avec un hochement de tête, tu confirmes qu'il s'agit bien de ton grand projet secret.  "C'était ça, oui! Avoues que ça valait le coup de faire un peu de mystère!" Tu le questionne, curieuse de savoir ce qu'il pense des lieux. Tout comme celui des gens qui comptent pour toi, ex, ou pas ex, l'avis de Luther compte énormément pour toi. "Tu as déjà fais le tour des stands?"

@Elliot Vance

Spontanément, alors que Elliot s'approche il courbe l'échine et la salue d’une bise sur la joue avant de se redresser et de la féliciter pour le travail accompli. Il avoue être très impressionné par le projet “ félicitations c'est vraiment un bel accomplissement !”. Comme il ne connaissait pas son niveau d'implication, il n'a pas cherché à être là au moment où elle a coupé le ruban avec ses associés. Il aurait sû il se serait probablement débrouillé pour ne pas rater ça. Mais il est donc arrivé bien plus tard en début de soirée, après une bonne journée de travail et une séance d'escalade en salle.  Il reconnaît à Elliot que la surprise était de taille quand elle assure que ça valait le coup de se montrer mystérieuse “oui, absolument ! Vous êtes nombreux à vous être associés ?” Demande t il, avant d'ajouter “ et du coup tu as un comptoir de nourriture ou tu vas chapoter tout ça d'en haut ?”. Il réalise ainsi qu'il est vraiment à un niveau zéro de connaissance des plans. Il a remarqué sur internet qu'il y aurait des cours de cuisine donc il se demande si c'est elle qui va les donner. Tout est possible réalise t il.

Quand elle lui demande si il a déjà fait le tour des stands, il hoche la tête de gauche à droite “on a fait un bon tour des comptoirs de cuisine je pense mais j'ai pas vu la librairie encore “. Puis il se tourne sur lui même en précisant ” J’ suis venu avec Livia, j'avais te la présent…” ça fait 3 ans et demi qu'il connaît son élève d'escalade devenue sa petite protégée, celle qu'il a affectueusement surnommé minimoi. Si il a déjà pu parler à Elliot d'elle - c'était pas tous les jours qu'il avait une élève qui lui faisait si légèrement et ouvertement de la gringue et ces premiers échanges l'avait fait rire avant que leur relation ne se développe en amitié, elles ne se sont jamais rencontrés. Il cherche à nouveau son amie des yeux et finit par marmonner “ Oh bah elle a disparu, tant pis.”.

@Luther Kealoha


Tu te mords l’intérieur de la joue avec un petit sourire après que Luther ait déposé un baiser sur ta joue. C’est rare qu’il se montre affectueux depuis que vous vous êtes séparés. Il garde ses distances et tu t’efforces de faire de même, mais ce soir, l’ambiance est propice aux embrassades, alors tu fais en sorte de ne pas laisser ton coeur s’emballer et tu lui rends sa bise.

Les yeux brillants d’excitation et de fierté, tu mimes une petite révérence alors qu’il te félicite, et tu ne te dépares pas de ton sourire tandis que tu réponds à ses questions. Tu lui expliques brièvement que vous êtes quatre à avoir misé sur ce projet. Grâce à plusieurs sponsors, tu es celle qui a investi le plus dans cette affaire, la moitié de tout ce qui vous entoure est à ton nom. Le reste des parts a été divisé entre Hakim, Jimmy, Gwen et Harry qui ont tous leurs stands définitifs. Le reste des occupants loue des stands pour une période plus ou moins longue, de façon à ce que l’offre puisse évoluer régulièrement et que le public ne se lasse pas. Tout a vraiment été prévu pour rendre cet endroit attractif, et surtout, qu’il le reste. Tu secoues la tête quand Luther demande si tu as toi aussi un stand de nourriture: “Nan, je me contente de tout gérer dans l’ombre, même si je vais sûrement participer aux cours de cuisine, histoire que ma célébrité fasse venir un peu de monde. Et puis… je me suis fait installer une super cuisine à l’étage, rien que pour moi. Histoire de profiter des petites mains pour la plonge et que mon appart’ arrête de ressembler à Bagdad chaque fois que je me lance dans une nouvelle recette. Vu que la mode est aux vidéos, je pense en profiter pour me lancer là dedans moi aussi”. Tu fourmilles d’idées et de petits projets annexes pour que ton blog continue de tourner et que ta communauté ne se lasse pas. Au fond, si La Chimère rencontre le succès auquel toi et tes associés êtes en droit de vous attendre, tu pourrais prévoir de simplement vivre des revenus générés par le food court, mais tu tiens à conserver tes activités personnelles. Après tout, ce sont elles qui t’ont menée jusqu’ici.

Tu t'intéresses finalement à ce que Luther a vu de ton nouveau bébé, et tu tiques une seconde quand le mot On sort de sa bouche. Tu aurais dû t’y attendre. Après tout, tu sais qu’il a une nouvelle petite amie, que ça dure depuis quelques mois, et surtout, tu avais prévu deux invitations à l’attention de ton ex, mais en le voyant seul, une partie de toi s’est surprise à espérer bêtement qu’il soit vraiment venu, seul. Tu te fustiges mentalement d’être un peu déçue par la nouvelle, et tu forces un sourire qui se mue rapidement en un haussement de sourcils quand il t’informe être venu avec Livia. Tu connais la jeune femme de nom seulement. Tu sais qu’elle est un peu plus jeune que toi. Une élève du cours d’escalade rapidement devenue l’amie de Luther faute d’avoir pu le séduire… Jusqu’ici tout du moins? Tu essayes de te souvenir s’il a déjà prononcé le nom de sa nouvelle flamme devant toi ou non et s’il peut s’agir de Livia… Livia…Liv…, le surnom de la petite amie de Luther te reviens en mémoire, - une info donnée par Rose après qu’elle l’ait rencontrée lors d’un barbecue entre voisins-, et tout à coup, deux et deux font quatres et tu finis par faire le lien, sans te douter que tu es totalement à côté de la plaque. Tu te contente de feindre la déception quand il t’informe que Livia a disparu. “Mince…”, tu souffles sans vraiment chercher à être convaincante. Tu n’as aucune envie de le voir au bras de quelqu’un d’autre. Ni aujourd’hui, ni jamais. Alors forcément, tu ne cherches pas une seule seconde à convaincre Luther de retrouver sa +1 parmi la foule. “Je te fais un rapide tour du propriétaire?”, tu proposes avec un sourire avant d’abandonner ton verre de champagne à peine entamé sur une table haute.

@Elliot Vance

Un sourire amusé fleurit sur son visage en entendant parler de profiter des petites mains pour la plonge. C’est vrai qu’en plus de ne pas raffoler de faire la vaisselle, elle a tendance à s’étaler quand elle cuisine. Enfin, il imagine que c’est le cas de tous ceux qui sont un peu passionnés par le sujet. D’un hochement de tête, il acquiesce à tout ce qu’elle lui raconte en murmurant des félicitations impressionnées. C’est chouette de voir qu’elle s’est investie là-dedans. Pas que cela le surprenne particulièrement. Même si il n’a jamais été très impliqué dans la vie de blogueuse de son ancienne amoureuse, il a toujours reconnu que cela demandait beaucoup d’investissement et de discipline pour percer. D’ailleurs à la mention de la trend des vidéos, il hoche de menton en ayant vaguement l’air inspiré, même si il doit bien reconnaître qu’il a aucune idée de quelles vidéos parle-t-elle exactement. Il s’estime plutôt relativement à la page, puisqu’il participe au compte tik tok du lycée - il sait donc ce qu’est tik tok, et c’est déjà un accomplissement à son âge ! - en plus d’avoir son compte perso instagram. Mais c’est pas mal là que s’arrête sa présence en ligne.

Il ne remarque pas son manque de conviction quand elle marmonne mince alors qu’il annonce que Livia a disparu. Il ne s’imagine même pas qu’elle puisse imaginer que la vingtenaire est sa nouvelle copine. Leur relation est si fraternelle que l’idée lui paraîtrait incongrue. Et puis de tout façon, il n’aurait pas la maladresse d’inviter quelqu’un à un date alors que la soirée lui aurait été suggérée par sa très récente ex-copine. Il a un peu plus de tact que cela, estime-t-il. Que sa relation avec Olive se soit délitée n’est qu’un détail dans cette situation. Il demandait probablement plus que ce que la mère de famille n’était capable de lui offrir actuellement, donc ils se sont mutuellement rendus leur liberté. Ils n’avaient pas eu le temps de tomber amoureux, donc la déception passée, la vie reprend son cours sans s’appitoyer. Il hoche la tête quand elle propose de lui offrir un tour du propriétaire “ Si tu as un peu de temps à me consacrer, avec plaisir ! ” accepte-t-il en la suivant dans la foule. Il ajoute “ Tu n’es pas trop sollicitée de partout ? ” un peu inquiet de l’empêcher de faire son travail, il ne voudrait pas lui saboter son ouverture. Ils ont le temps d'avancer de seulement quelques mètres quand ils tombent sur la famille Vance réunie au complet. Kenneth, Mathilda, Grace, Caleb et leurs pièces rapportées le dévisagent et il ouvre des yeux supris. Si il n'est pas particulièrement surpris de croiser Grace, il ne s'attendait pas à croiser toute son ex-belle-famille. Un léger silence s'installe avant que tout le monde ne commence à parler en même temps, à se saluer et se féliciter du succès de la cadette de la famille. Il échange des poignées de main avec les homme et gratifie Mathilda d'une bise, parce qu'il sait qu'elle serait peu amène si il ne lui passait pas cette petite familiarité ; avant de féliciter Grace en personne pour sa grossesse.

@Luther Kealoha
Tu hoches la tête avec vigueur. Tu as tout le temps qu’il faut pour lui faire visiter ton nouveau repère. Aucun fourneau ne t’attends, tu as déjà fait un mini discours plus tôt dans la soirée et tout semble se dérouler pour le mieux. Aucun accroc en vue. “Non, ça va. Et puis si jamais ils ont besoin de moi, je suis pas loin!”. Tu prends la direction des escaliers, tout au fond du hangar, qui mènent vers la librairie. C’est aussi là que se trouvent ton bureau et les cuisines prévues pour les cours. Vous avez préféré séparer la partie restauration du reste, à l’exception de l’épicerie, installée près de l’entrée, pour qu’il soit plus facile d’y passer en coup de vent. C’est ce que tu t’appliques à expliquer à Luther quand vous croisez ta famille. Tu les as déjà vus plus tôt, mais ils prennent tout de même le temps de s’arrêter pour saluer Luther. Un peu en retrait, tu souris bêtement, gênée par le regard de ta mère où brille une petite lueur qui ne te dis rien qui vaille. D’ailleurs, elle te lance un clin d’oeil qu’elle accompagne d’un petit sourire entendu en pointant Luther du doigt dans son dos alors qu’il est occupé à féliciter Grâce qui semble tout bonnement sur le point d’exploser. Son terme est prévu dans quelques jours, et c’est tant mieux. A ce rythme, elle ne passera bientôt plus les portes. Les dents serrées, un sourire forcé aux lèvres, tu chasses les petits gestes de ta mère d’un revers de la main, lui intimant silencieusement d’arrêter ses bêtises. Heureusement, elle sait se tenir et s’arrête juste à temps pour que ton ex n’ait pas l’occasion de voir son petit manège. “C’est un plaisir de te voir Luther! Les déjeuners du dimanche ne sont plus les mêmes sans toi!”. Tu lèves les yeux au ciel tout en essayant de rappeler ta mère à l’ordre: “Maman…”. Comme d’habitude, Mathilda n’en fait qu’à sa tête et ignore complètement ton avertissement. Elle n’a pas vraiment digéré le fait que vous vous soyez séparés. Une chance que tu ne lui ai jamais parlé de vos fiançailles express. Elle t’aurait sûrement déjà déshérité si elle savait que tu as refusé d’épouser Luther. “Tu sais que tu es toujours le bienvenu n’est-ce pas? Notre porte sera toujours ouverte!”. Tu soupires bruyamment avant de pousser Luther dans son dos pour le forcer à continuer votre route: “Merci maman, mais on a une visite à terminer avant qu’il n’aille retrouver sa petite amie. A plus tard!”. Tu leurs lance à tous un petit geste de la main tandis que vous vous éloignez le plus vite possible de ta famille à qui tu jette un regard lourd de reproches avant de reporter ton attention vers le professeur de mathématiques. “Désolée pour ça… On dirait bien que tu lui manques…”, tu souffles avec un petit sourire gêné. Mathilda n’est pas la seule à qui il manque, en particulier lors des déjeuners du dimanche, mais tu te gardes bien de le lui faire savoir. Tu gardes un mauvais souvenir de la dernière fois où tu t’es confiée à lui à ce sujet, saoule et pathétique, tu n’as pas l’intention de te lancer à nouveau sur cette pente glissante. Encore moins en étant parfaitement sobre et sous le même toit que sa nouvelle petite amie, même si tu as l’avantage du terrain. Le regard fixé devant toi, tu fais en sorte de poursuivre ton chemin jusqu’à la librairie tout en priant intérieurement pour ne pas croiser qui que ce soit d’autre, pas même Rose, qui , tu le sais, ne manquerait pas elle aussi de t’envoyer des petits coups de coude discrets pour te faire remarquer que Luther a délaissé Livia pour faire le tour du propriétaire avec toi, ce n’est pas rien, wink-wink. Shut up, brain!

@Elliot Vance

Il sourit poliment à la mère d’Elliot et s’autorise même un petit rire étranglé quand elle lui dit que les déjeuners du dimanche ne sont plus les mêmes sans lui. C’est vrai qu’il s’était vite intégré dans le paysage et que les rendez-vous dominicaux étaient toujours placés sous le signe de la bonne humeur. Depuis leur séparation, il a toujours participé seul aux déjeuners mensuels des Kealoha et il doit avouer que ses frères et soeurs n’ont pas vraiment cherché à prendre des nouvelles d’Elliot. Le sujet est certes tatonné de temps en temps, par une âme plus curieuse que les autres qui se serait commodément assise à ses côtés pour le repas, mais jamais il n’a été abordé trop frontalement et ouvert à discussion sur la place publique. Pas plus qu’on a cherché à le repousser dans les bras de son ancienne blonde. Elle a un peu moins la côte que lui auprès de son ancienne belle-famille. Avec un sourire il balbutie un “ Ha oui, bien sur merci ” quand la matriarche l’invite à passer quand il veut. C’est très aimable de sa part, et il ne sait pas comment l’annoncer à Mathilda, mais il ne sait pas trop ce qu’il irait faire chez eux. C’est déjà particulier d’avoir gardé un cercle d’ami en commun, il ne va pas en plus venir illuminer de sa présence les réunions familiales d’Elliot. Visiblement, la jeune femme est bien d’accord avec lui car elle coupe court aux vélléités de sa mère en le poussant dans le dos et en annoncant qu’ils ont encore du chemin à faire avant qu’il n’aille retrouver sa copine. Il lui jette un regard surpris, de quelle petite-amie diable parle-t-elle ? Mais jugeant le sujet peu important, et étant encore un peu gêné par les avances de son ancienne belle-mère, il ne cherche pas à la contredire. A vrai dire, le sujet n’est pas bien important, si ? Il contente d’un sourire poli quand elle s’excuse et qu’elle plaisante sur la situation, la dédouanant d’un “ Oh t’inquiètes pas, les mamans hein … ” La sienne ne se morfond peut-être pas sur la rupture, mais elle a allègrement profité des vacances de Noël pour lui présenter une ribambelle de quarantenaires célibataires. Ribambelle il exagère peut-être, mais trois candidates en quatre semaines ça lui parait déjà pas mal.


Il se laisse pousser dans le dos vers des escaliers et réalisant qu’il va disparaître de la circulation courante, il marque une hésitation et un arrêt en marmonnant “ Attends, faut quand même qu’j’prévienne qu’elle me cherche pas ”. Il se retourne à nouveau et scanne le hangar une nouvelle fois des yeux, sans succès, avant de hausser les épaules et de capituler “ Bon j’vais envoyer un sms ça suffira …” en joignant l’acte à la parole. La dessus, il la suit au fond du hangar, jusqu’à des petits escaliers en colimaçon. Il rit, “ Tu m’emmènes dans les coulisses Elliot ? ” demande-t-il en la suivant, se doutant qu’il s’agit pas vraiment de l’accès tout-public. De fait, elle soulève une petite chaine où pend une pancarte accès autorisé seulement avant de commencer l'ascencion. Quand une des chaussures à talons qui le précédent se coincent sur la marche, il est juste à hauteur pour l’aider à libérer son pied en murmurant un “ Attention ” suivie d’un rieur “ Elles sont encore pas à la bonne taille ou quoi ? ”.

@Luther Kealoha


La remarque de Luther sur les mamans te rassure et te fais sourire. Tu es soulagée qu’il ne tienne pas rigueur à ta mère pour son manque de tacte et de discrétion, et surtout, que le comportement de Mathilda ne te vaille pas le courroux de ton ex que tu t’appliques à éloigner le plus vite possible du reste de la tribu Vance avant qu’un de ses membres ne commette un nouvel impair.

Après une pause sms, faute d’avoir pu trouver Livia, ce qui quelque part te soulage, car tu ne te sens décidément pas prête à rencontrer cette jeune femme, tu poursuis ton chemin vers le fond du hangar. Vous atteignez les escaliers qui mènent à l’étage et plutôt que de prendre la voie classique destinée aux visiteurs, tu conduits Luther vers les escaliers de service légèrement plus à l’écart, ceux réservés au personnel, toi en particulier. “Hmm, hmm. Je t’emmène là où opère ma magie…”, tu réponds avec un sourire malicieux en te glissant sous la pancarte interdisant l’accès au public. Les marches en métal ajouré résonnent sous vos pas et tu montes sans effort jusqu’à ce qu’un de tes talons aiguilles se coincent dans un des trous présents. “Oh!” Heureusement, Luther est là pour t’aider et tu prends une inspiration aussi discrète que possible quand ses doigts viennent saisir ta cheville pour t’aider à te libérer. Les joues rougies, tu remercies le ciel d’être devant lui et que la semi-obscurité qui règne dans le passage étroit dissimule parfaitement ton trouble. Sa remarque te fait rire et tu marques une pause profitant de sa présence en contrebas pour t’appuyer sur son épaule le temps de retirer tes chaussures. “Presque… J’ai pris une demi pointure au-dessus, pour être à l’aise. Il parait que Beyoncé fait la même chose…”, tu souffles avec un rire amusé. Libérée de tes escarpins qui pendent désormais au bout de tes doigts, tu remercies Luther pour son aide et son soutien avant de reprendre ta route. Une dizaine de marches plus tard, vous arrivez sur une mezzanine aménagée en petit coin lounge qui dessert plusieurs portes. Celles sur la droite, agrémentées d’un hublot sont les cuisines réservées aux cours collectifs. Sur la gauche, une porte ornée d’un petit panneau privé jouxte une seconde porte elle aussi affublée d’un hublot dont on a masqué la vue vers l’intérieur à l’aide d’un film réfléchissant. C’est cette direction que tu prends le pas léger, avec tes chaussures qui se balancent au bout de ton index et ton majeur. Arrivée devant, tu t’arrêtes pour faire face à Luther, une lueur de fierté dans le regard. “Prêt?”, tu demandes avec un sourire. “Oh non attends, j’ai mieux! Ferme les yeux.” Tu ordonnes avant de te hisser sur la pointe des pieds pour poser une main en coupe sur ses paupières. “ Tu peux avancer, et pas de triche hein?!” Tu souffles en reculant pour pousser du plat de ton dos la porte et l’inciter à avancer vers toi. “Ne bouge pas!” Tu allumes la lumière de ta main libre et après t’être assurée que ses yeux sont toujours clos, tu dépose tes chaussures au sol avant de faire rapidement le tour de l’ilot central pour te placer dans ce qui servira sous peu de décors à tes vidéos de cuisine. “C’est bon, tu peux les ouvrir!’

@Elliot Vance


Cette mention de Beyoncé le fait sourire. L’interaction complète le fait rire, des chaussures trop grandes coincées dans l’escalier à la familiarité d’Elliot qui s’appuie contre son épaule en contrebas au fun fact sur une des plus grandes pop stars du moment, il a un petit sourire qui pointe le bout de son nez. Tout cela suinte la complicité, une complicité perdue il y a huit mois, mais bien trop familière et agréable - peut-être qu’il se leurre de pas regretter les déjeuners familiaux, mais ça il ne se fait pas d’illusion. Cette familiarité lui manque, c'est qu'il a envie de retrouver avec quelqu'un d'autre. A un point qui fait un poil vriller son cerveau quand elle est lui offerte sur un plateau. Le court-circuit manque de peu. Alors qu’il s’entend répondre “ Ha, bon, si Beyoncé le dit alors ” il gravit une ou deux marches de plus, restreint l’espace qui les sépare et lève simultanément la main à hauteur de taille, doigts tendus. Au moment où il s’apprête à tapoter les fesses d’Elliot pour la faire avancer et la taquiner de cette idée de copier Beyoncé ou whoever ; il réalise ce qu’il s’apprête à faire une seconde avant de passer à l’action, immobilise sa main et il évite l’incident diplomatique de très peu. Dieu merci, elle monte les dix dernières marches pendant que lui dans son dos retient son souffle en ouvrant des grands yeux effarés. Qu’est-ce qui lui a pris se fustige-t-il tout seul dans sa tête. Il aurait eu l’air fin, à lui réclamer de la distance et de la bienséance depuis huit mois tout en lui servant des fessées à la première occasion qui passe. Il finit de monter les marches les lèvres pincées, à essayer de reprendre un peu son sang-froid. Il est bien conscient qu’il n’a jamais été un joueur de poker très accompli et qu’on peut lire son trouble et sa gêne sur sa face comme dans un livre ouvert. Il détourne les yeux des chaussures à talons qui balancent au bout des doigts d’Elliot et commence à se dire que venir ce soir était l’idée la plus foireuse du monde. Alors, certes, il ne pouvait pas deviner d’avance. Enfin pas à ce point. Si il avait demandé leur avis à ses soeurs, à Livia ou à Callie, elles auraient probablement soulevé un sourcil, mais il n’en aurait fait qu’à sa tête de toute façon. A tout placer sous le mantra du bien sur que oui, j’suis un adulte responsable je peux être ami avec mes exs, vous m’prenez pour qui.

Autant dire que l’initiative d’Elliot de lui bander les yeux de la paume de sa main le fait moyennement rire. Il a grandement conscience qu’elle est sur la pointe des pieds, penchée en avant vers lui dans un équilibre précaire. Il proteste mollement, encore agité par son manquement, en marmonnant un “ Quoi, Elliot non mais ” tout en jouant le jeu et en tâtonnant le cadre de la porte pour entrer dans l’atelier de cuisine. Quand elle l’autorise à ouvrir les yeux, il s'exécute et se montre saisi un instant. Il cherche à comprendre ce qu’il est censé voir exactement, à part une belle cuisine professionnelle flambant neuve et des chromes immaculés - impressionnante certes, mais bon il ne sait jamais senti émotif face une belle cuisine. Il finit par apercevoir un set de trépied pour téléphone et quelques équipements de tournage et il souffle un “ Ho, c’est ton studio ? Ta nouvelle cuisine ? ” avant de se perdre en félicitations confuses “ Bravo, c’est beau, heu c’est grand, dis donc, ouais tu vas … hein … ”.

@Luther Kealoha



Ton visage persiste à afficher un petit sourire satisfait et tu sais au fond que cet instant de complicité avec Luther, volé au reste du monde, n'y est pas totalement étranger. Même si l'euphorie de cette soirée toute entière est bien présente, nourrie par la fierté d'avoir mené un si gros projet à bien, et que le succès promette d'être au rendez-vous, le fait de partager un moment avec Luther exempt de toute gêne, sans avoir à mesurer le moindre de tes faits et gestes ou à peser la moindre de tes paroles est vraiment agréable. Évidemment, tu évites de te montrer trop avenante, après tout, vous êtes toujours des exs et sa copine - ou celle que tu imagines l'être-, est là quelque part sous vos pieds, mais c'est plaisant de pouvoir être toi-même. Tu pourrais finir par t'habituer à cette nouvelle situation, à réellement n'être que son amie. Si seulement tes sentiments pour lui voulaient bien juste... disparaitre.

Ignorant tout de la bataille contre lui-même et le naturel qui revient au galop que le professeur de mathématiques vient de livrer, tu lèves les yeux au ciel tandis qu'il proteste contre le fait que tu l'empêche de voir, bien contente qu'il ne puisse justement pas être témoin de ton visage qui se déforme dans une petite grimace moqueuse. Boomer. Heureusement, il finit par jouer le jeu, et quand enfin tu l'autorise à jeter un oeil à l'endroit où vous vous trouvez, sa réaction t'arrache un rire amusé tandis que tu contournes le plan de travail pour revenir vers lui en hochant la tête. "Tadaam...!" tu souffles avant de rire à nouveau. De toi même cette fois-ci. " T'en fais pas, j'avais oublié que les cuisines flambant neuves ça n'excitait que moi". Une phrase que tu regrettes aussi tôt et qui te fait monter le rouge aux joues. "Enfin, je... Je suis pas excitée dans ce sens là hein, j'veux dire... Je suis juste contente... ". Tu préfères préciser, parce que tu sais que dans une autre vie, celle que vous meniez encore il y a huit mois de ça, vous auriez sûrement profité d'une telle occasion pour baptiser les plans de travail rutilants et tu ne tiens pas à ce que Luther puisse penser que tu es en train de lui faire des avances. Non, tu as retenu la leçon: friends. Just friends.

Le visage cramoisi, tu t'apprêtes à lui proposer de voir ton bureau, encore que tu sois encore en train de peser le pour et le contre de savoir s'il s'agit ou non d'une bonne idée, quand ton téléphone se met à sonner dans la petite pochette que tu portes à l'épaule. "Oh, excuses-moi, juste une seconde", tu souffles en sortant ton téléphone que tu décroches en voyant le nom d'un de tes associés s'afficher. C'est Harry, un journaliste souhaite te parler, pour un article dans le journal local. " Désolée Lu, ils ont besoin de moi en bas... Tu veux finir le tour de ton côté?"

@Elliot Vance

Il n'est pas au bout de ses peines le pauvre bichon. Il n’aurait rien dit pour ne pas provoquer de malaise si elle n'avait elle-même pas enfoncé le clou avec maladresse. Sa première sortie pouvait être relativement innocente, mais faut dire que quand elle essaie de se dépatouiller avec la toile qu'elle s'est elle même tisser ça en devient presque risible. Il peut pas s'empêcher de lui dire en ouvrant de gros yeux “ Olala, mais tais toi donc Elliot. ”. Si la remarque peut paraître sèche, le ton qu'il y met adoucie les propos. Il a un sourire un peu pincé, mais doux, et il murmure ses mots avec un léger rire désabusé dans la voix, la tête qui dodeline de gauche à droite. Il se sait maladroit parfois, mais il doit quand même dire qu'elle en tient une belle jambe aussi de son côté.

Il s'écarte d'elle pour la laisser prendre son appel. Pour s'occuper, il fait semblant de s'intéresser aux chromes de la cuisine professionnelle et soulève quelques culs de poules retournés sur l'égouttoir pour regarder à l'intérieur - ha bah non y a rien dedans, c'est juste un cul de poule santard, ok, bon bah, reposons-le ma foi, ok ok ok. En entendant qu'elle doit se faire interviewé, il se retourne vers elle et sourit. Hochement de tête “ Oui, non bien sûr. ”. Il va redescendre, car il ne se voit pas trop se promener tout seul dans les cuisines et les bureaux déserts. Retrouver Livia en bas, d'ailleurs en descendant l'escalier il l'aperçoit au loin et capte son regard. Un mouvement de la main pour lui faire signe et il souhaite bonne chance à Elliot pour le journaliste avant de lui dire “On se recroise !”. Mais ils ne se recroiseront pas. La soirée défile trop vite, il a juste le temps de lui faire un coucou au milieu de la soirée avant de s'éclipser pour rentrer chez lui.

samedi 27, en matinée

Alors que son pick up avale les kilomètres de bitume vers un sentier de randonnée escarpé où il a décidé de passer une partie de son weekend, il lance le mode main libre sur son écran de navigation et sélectionne le contact d’Elliot. Ça sonne dans le vide pendant quelques tonalités avant qu'elle ne décroche et il entame la conversation “ hey, salut, c'est moi. Enfin pardon c'est Luther. Je te réveille pas, ça va ? ”. Il lui laisse répondre à la salutation avant de continuer “J'ai pas eu l'occasion de te dire au-revoir hier, t'avais l'air très occupé quand je suis parti. Du coup, je t'appelle ce matin. Félicitations Elliot, c'est vraiment un beau projet ! ”

@Luther Kealoha


Alors qu’il te dit de te taire, tu hoches la tête avec vigueur, les lèvres closes et le visage faussement fermé. Tes joues rosies trahissent ton embarras, mais tu es soulagée au fond que Luther ne se montre pas désagréable et préfère rire de la situation plutôt que te reprocher d’avoir fait allusion au sexe, même involontairement, devant lui.

Sauvée par le gong, tu réponds rapidement à Harry tout en observant Luther à la dérobée, qui se promène dans ta cuisine tout en inspectant les quelques ustensiles qui trainent. Cette vision te fait sourire, tendrement, et tu as vite fait de reprendre une mine plus neutre quand il se retourne pour te faire face à nouveau. Tes chaussures à nouveau aux pieds, tu descends les escaliers à la suite de Luther, en prenant soin de ne pas poser tes talons sur les grilles. Arrivée en bas, tu le vois adresser un petit signe de la main à une jeune femme que tu assumes être Livia, qui lui répond par un geste similaire accompagné d’un sourire qui te fait brièvement perdre le tien. Tu te forces tout de même à afficher une mine joyeuse alors qu’il te souhaite bonne chance, et tu ponctues un nouveau hochement de tête d’un petit : promis! avant de t’éclipser, sans savoir que tu ne seras pas vraiment en mesure de tenir ta promesse, trop accaparée par tes obligations pour lui adresser autre chose qu’un petit signe de main au moment de son départ.

samedi 27, en matinée

Tu ne sais plus exactement vers quelle heure tu es rentrée chez toi la nuit dernière. L’inauguration de La Chimère s’est éternisée et pour faire bonne impression, toi aussi. Après t’être battue avec la fermeture éclair de la robe confectionnée sur mesure par Rose -hors de question de dormir avec une pièce unique sur le dos-, tu as enfilé un débardeur et plongé sous ta couette sans même prendre la peine de te démaquiller. Foutue pour foutue…. Tu ne sais toujours pas quelle heure il est quand tu es tirée des bras de Morphée par les vibrations de ton téléphone sous ton oreiller. Les yeux encore gonflés de sommeil, tu mets quelques secondes à distinguer le nom qui s’affiche à l’écran. Luther. Interloquée, tu décroches avec un Allô? qui a tiens plus du croassement de grenouille enroué qu’autre chose avant de chasser le chat dans ta gorge tout en t’affalant un peu plus dans les coussins, toujours trop nombreux qui ornent ton lit. “Hey! tu reprends avec une voix plus humaine. Non, pas du tout, t’inquiètes pas”. Ce n’est qu’un demi mensonge puisque tu te sens désormais totalement réveillée et tu ne peux retenir le petit sourire qui étire tes lèvres tandis qu’il t’expose les raisons de son appel. Tu ne devrais pas t’en réjouir, mais c’est plus fort que toi, et le plaisir que tu as à l’avoir au bout du fil de si bon matin s’entend sûrement à l’autre bout du combiné. “C’est vrai, c’était sportif!” tu commentes avec un petit rire. “Mais, merci Lu. Ca me fait plaisir que tu sois venu, et que ça t’ai plu! Est-ce que tu as passé une bonne soirée?”

@Elliot Vance

Il rit en entendant son allo enroué au bout du fil et la négation de l'évidence juste après. Son non pas du tout il n'y croit pas une seconde. Elle vient clairement de se réveiller. " Désolé, il est un peu tôt, mais je voulais t'appeler avant de ne plus avoir de réseau." avoue-t-il. En plus, il doit reconnaître qu'il est un peu trop lève tôt parfois, mais il estime qu'il a fait un effort en attendant 8h30. "Oui sportif, ça avait l'air effectivement. Ton interview c'est bien passé ?". Il hoche la tête dans le vide quand elle demande si il a passé une bonne soirée. Il sait qu'elle peut pas le voir mais peu importe. "Très bonne, oui. Ça va être chouette de pouvoir manger là bas." Quand ça fait 15 ans qu'on habite le même quartier, l'ouverture de plusieurs restaurants en même temps ça se souligne. Il marque un léger silence, alors qu'il met son clignotant pour prendre une bretelle d' autoroute avant de plaisanter " Est-ce que connaître la proprio me donne droit à des ristournes ?". Finalement, il ajoute " Tu dois y retourner aujourd'hui ? " Il se demande avoir curiosité à quoi vont ressembler ses journées maintenant.

@Luther Kealoha

"Non c'est rien, tu as bien fait. Ça m'évitera de le lever à seize heure..." Tu marmones avec un sourire dans la voix tandis que tu t'étires de tout ton long dans les draps qui se froissent bruyamment. Ton bras libre retombe dans les coussins tandis que le droit retombe sur les oreillers et tu te surprends à sourire de plus belle lorsque Luther te confirme avoir passé une bonne soirée. "Cool...", tu souffles à mi-voix avant de rire à sa demande. " Il faut bien que la connaitre serve à quelque chose! Si tu veux la prochaine fois c'est moi qui invite. On the house" Tu frottes tes yeux alors qu'il t'interroge sur le programme de la journée et après avoir inspecté ton index, ressorti noirci par les vestiges de ton mascara et ton eye liner qui doivent désormais te donner des airs de panda mal léché, tu le frottes avec ton pouce pour effacer le maquillage qui ne fait que s'étaler sur ton autre doigt. "Je vais y faire un saut oui, on ouvre que pour le service du soir exceptionnellement, histoire de  récupérer d'hier. Et toi, où est ce que tu pars en vadrouille pour ne bientôt plus avoir de réseau ?" Tu demandes avec curiosité. Ca t'étonnes un peu qu'il t'appelle comme ça, de si bonne heure juste pour te féliciter et prendre des nouvelles, mais en même temps, tu te rappelles qu'il s'agit de Luther, il est comme ça. Gentil et prévenant.

@Elliot Vance

Sa réponse lui tire un nouveau sourire qu'il accompagne d'un petit dodelinement de la tête de gauche à droite qui semble exprimer ha ces lèves-tards ... puis il répond " J't'en prie, toujours là pour servir de réveille-matin tu'm'connais. " Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne fait jamais faux-bon quand on lui demande ce service. Il sera toujours debout assez tôt pour vérifier que vous n'avez pas raté votre réveil. Et si vous êtes particuliérement couche-tard et fétard, il pourrait même être déjà réveillé pour vous tenir compagnie pendant votre retour de boite. Sa plus jeune soeur en a déjà fait l'expérience, à lui demander de rester en ligne le temps qu'elle retourne à ses pénates après une folle soirée sur le dancefloor. " La soirée s'est terminée tard alors ?" demande-t-il.

Le paysage défile et change dans son retroviseur alors qu'il dépasse la ville et sa banlieue pour se retrouver sur la quatre-voie qui remonte vers le nord de l'Etat. Il accepte de se faire inviter à la prochaine occasion " Si tu insistes, ma foi. J'ai pas eu l'occasion de gouter au stand péruvien là, donc ça peut être une idée ! " avant d'expliquer " Oh, bon, ok, j'exagère un peu à ne plus avoir de réseau. Je remonte juste vers Sunshine Coast, c'est couvert par Telstra. " Quand bien même l'Australie est connue pour ses zones blanches, il a toujours payé un peu plus cher pour avoir un meilleur opérateur. Il a une propension à crapahuter à des endroits qui sont pas couverts par tout le monde et il préfère ne pas se laisser avoir par les mauvaises surprises. " Je vais faire de la grimpe au Mount Coolum, et peut-être du surf aussi on verra si je finis pas trop tard ..." Il jette un coup d'oeil en arrière dans le rétro, comme pour s'assurer que tout son matériel est bien posé sur la banquette arrière. " Quand est-ce que tu donnes tes premières cours de cuisine, alors ? " demande-t-il distraitement avant de souffler pour lui même un "Ho zut, j'ai raté ma sortie, j'crois bien." .

@Luther Kealoha



Tu ris, comme une adolescente, et entendre ce son sortir de ta bouche t'interpelle. Tu marques une pause. A quoi tu joues, Elliot? Tu t'étais promis de mettre suffisamment de distance entre vous pour ne pas interférer dans sa vie, sa vie amoureuse en particulier. Pour assumer ton nouveau rôle d'amie, period, et te voilà à rire comme une gamine à la première blague venue. Avec un soupir discret, tu poses ton bras sur tes yeux et tu te répète mentalement qu'il a une copine, que c'est du passé, que tu dois passer à autre chose comme lui l'a déjà fait, qu'au fond, c'est ta faute si vous en êtes là et que cet appel matinal ne veut rien dire. Rien du tout. "Apparemment oui. La dernière fois que j'ai regardé l'heure, il était deux heures cinquante." Après ça, tu as totalement perdu la notion du temps. Le temps de chapeauter le départ des derniers invités et le rangement, t'as simplement commandé un Uber et rejoint ton lit mécaniquement.

"Va pour le péruvien alors...!" Tu souffles avec un nouveau sourire, en te promettant mentalement de lui proposer d'inviter Livia par la même occasion. Tu n'as aucune certitude quant au fait d'avoir envie de la rencontrer, mais puisque c'est suffisamment sérieux entre eux pour qu'il l'ait invité à l'inauguration de La Chimère et pour qu'il veuille te la présenter, après tout... Pourquoi pas? Tu as peut-être besoin de ça finalement, le voir dans les bras d'une autre pour admettre pleinement que tout ce qu'il y a eu entre vous, c'est de l'histoire ancienne.

Il t'expose ses propres plans pour la journée, et tu sens encore plus la fatigue s'abattre sur toi, rien qu'à imaginer passer la journée à escalader le Mount Coolum et taquiner les vagues. Tu n'est pourtant pas du genre à refuser une session de surf, mais comme tu le lui glisses, aujourd'hui, tu passes. Tu retrouves pourtant un peu d'énergie quand il t'interroge sur les futurs cours de cuisine dispensés à La Chimère. Tu te retrouves à lui expliquer avec entrain le programme des futurs cours. Vous avez ouvert les inscriptions hier soir, et plusieurs dates sont déjà complètes. En particulier celles pour les cours de pâtisserie que tu es censée donner deux soirs par mois pour commencer. Des évènements ponctuels avec un programme pré-établi. Le premier atelier consistera à réaliser une pavlova aux fruits de saison et doit avoir lieu dans un peu plus d'une semaine. Tu pourrais continuer à lui énumérer les différents programmes, mais tu l'entends parler d'avoir raté sa sortie, et un sourire attendri étire tes lèvres. "On devrait raccrocher et te laisser te concentrer sur ta route. J'ai pas envie qu'il t'arrive quoi que ce soit. Tu me texte quand tu seras arrivé? Juste histoire que je sois sûre que tu es arrivé à bon port". Tu attends qu'il accepte ta proposition avant de le saluer -Bye, Lu... Merci d'avoir appelé. A bientôt.-, et de raccrocher dans un nouveau soupir. This means nothing.

jeudi 2 mai, en début de soirée

Une bouteille de vin à la main, choisi pour son étiquette colorée et son prix qui t'as paru suffisamment élevé pour le juger de qualité -parce qu'on ne change pas une équipe qui gagne-, Tu pousses la porte de l'appartement de Charlotte après avoir entré le code que tu connais par coeur, non sans afficher une grimace provoquée par le bruit grinçant qui signale que la porte est déverrouillé. Elle est lourde et tu as l'habitude de mettre un peu de force pour parvenir à la pousser. Alors quand tout à coup elle te parait beaucoup plus facile à mouvoir, tu tourne la tête avec un air surpris qui s'accompagne d'un petit haussement de sourcil quand tu constates que ton sauveur n'est autre que Luther, qui vient d'arriver juste après toi. "Hey! Je savais pas que tu serais là toi aussi."

@Elliot Vance

Quand elle lui dit qu'elle s'est couchée après deux heures et demi du matin, il culpabilise un peu de l'avoir appelé de bonne heure tout de même. “ Oh je suis désolé, je t'ai appelé vraiment trop tôt !”. Quand elle suggère de raccrocher pour qu'il puisse se concentrer sur sa route, il acquiesce et promet d'envoyer un SMS quand il arrive, puis ajoute “Je vais te laisser te rendormir, bon courage pour ce soir et bonne journée ! ”.

Jeudi 2 mai

Il est un peu en retard par rapport à l'heure qu'on lui a communiqué mais il n’en culpabilise pas trop. C'est ce qui arrive quand on lance des invitations de dernière minute. Il a prévenu Charlotte par SMS que sa séance hebdomadaire d'escalade s'était éternisée et qu'il arriverait un peu plus tard. Il descend de son vélo avec son sac de sport sur le dos et époussète quelques traces de magnésie sur son pantalon d'escalade, avant de vérifier que son t-shirt et sa surchemise molletonnée sont bien propres elles. Il n'est pas très habillé mais c'est ce qui arrive quand on l'invite en dernière minute. Au moins il a pris une douche avant de quitter la salle d'escalade, c'était le moins qu'il puisse faire. En traversant la rue, il aperçoit une silhouette bien connue plantée devant la porte. Il se glisse dans son dos et l'aide à pousser le battant lourd de la porte en lui glissant “Dis donc, t'es pas d'avance non plus, Vance !” avant d'échapper un petit rire quand elle s'étonne de le voir là “ J’savais pas non plus, c'est une invitation de dernière minute. ”. Le mec de Carlotte l'a appelé deux heures plus tôt pour une histoire de tutorat en math pour un neveu ou le fils d'une amie, il a pas tout compris, et il lui a proposé de passer ce soir pour manger en même temps que d'autres amis, car les parents du gamin seront là si il a bien compris. C'est ce qu'il explique à Elliot tandis qu'ils s'engouffrent dans le hall et se dirige vers l'ascenseur. Dans l'ascenseur, pendant que la cage monte sur quelques étages, il se tourne vers elle et la dévisage un instant “Oh attends, je crois que t'a du sucre glace sur le bout du nez. ” avant de porter son pouce vers la joue d'Elliot et d'effacer une trace de poudre blanche “ enfin j'espère que c'est que du sucre glace ” plaisante-t-il en portant son pouce à sa bouche comme pour vérifier. Il se rend compte que c'est un peu crade ce qu’il vient de faire et rit de lui même en marmonnant “ Mon dieu mais mes manières, désolé. ” tout en s'effaçant pour la laisser sortir de l'ascenseur.

Dans l'appartement de Charlotte, la table dans la salle à manger est dressée pour onze, mais les convives prennent encore l'apéro sur la terrasse. Il s'aperçoit vite que ce ne sont pas vraiment des gens qu'il connaît, à l'exception de la meilleure amie de Charlotte et de son conjoint qu'il connaît pour l'avoir déjà croisé dans des soirées. Il comprend vite que c'est la famille de Charlotte et de son copain, des soeurs et leurs conjoint.e.s et un frère qui est venu seul visiblement. Les hôtes ne sont pas sur la terrasse mais Luther n'a jamais été trop gêné pour se présenter tout seul donc il explique qu'il est le prof de math avec un sourire, écoute les présentations, qui est le frère ou la soeur de qui, puis s'éclipse à la cuisine pour se laver les mains. Il comprend que le couple d'hôtes est en train de discuter fébrilement dans le garde-manger en s'approchant de l'évier. Il n’ose pas les déranger, car visiblement Charlotte est embêtée et son compagnon essaie de la rassurer. Comme il n'a jamais été du genre à avoir les oreilles indiscrètes, il n'essaie même pas de savoir de quoi il s'agit jusqu'à ce qu'il entende son prénom prononcé avec fébrilité. Là, il doit avouer qu'il finit par tendre l'oreille par dessus le bruit du robinet, puis il se met à pouffer en entendant Charlotte dire à Marc qu'elle a invité Elliot pour la présenter à son frère célibataire et qu'elle pensait pas qu'il inviterait Luther à la dernière minute. Lui répond dans un chuchotement tout aussi precipité qu'il était pas au courant du plan mais que quand sa sœur lui a parlé des difficultés en maths de son aîné plus tôt dans l'après-midi il a pensé à leur ami professeur et que l'occasion du dîner lui semblait tomber sous le sens.

Il hésite entre s'annoncer franchement et dédramatiser ou s'éclipser discrètement et prétendre ne pas avoir entendu le pot aux roses. Finalement il opte pour la première option en passant la tête par le garde manger. Il rassure son hôte en lui disant que y a pas de mal, qu'il faut pas qu'elle se stresse. Il ne le dit pas, mais la situation l'amuse plus qu'autre chose, on dirait un vaudeville en bonne et due forme. Charlotte reprend son sang froid, lisse sa robe et tous les trois ils sortent de la cuisine en affichant de beaux sourires. Les deux hommes laissent la maîtresse de maison se présenter sur la terrasse en première et pendant qu'elle traverse la baie vitrée avec un grand sourire de façade, Marc jette un oeil à Luther, à son petit sourire en coin, puis souffle “ Non mais, ca te fais rire en fait…” et le grand gaillard qui hausse les épaules en réponse et de contente de passer sur la terrasse à son tour en commentant “ Hé bien, l'automne est là, ça commence à se rafraîchir la nuit !”. Tout est relatif, il fait jamais bien froid à Brisbane, mais les températures avoisinent les 16/17 degrés quand le soleil se couche.

@Luther Kealoha


La surprise passée, tu es contente de croiser Luther. Un sourire sur les lèvres, tu soulèves innocemment les épaules quand il fait remarquer que comme lui, tu n’es pas vraiment en avance. Tu as passé une bonne partie de la journée sur ton nouveau lieu de travail à t’assurer que tout continuait à se dérouler selon les plans et à élaborer de nouvelles recettes dans ta cuisine flambant neuve. Tu as même tenté de filmer quelques rushs, sans parvenir à être pleinement satisfaite pour le moment. Tu as fini par ne plus voir le temps passer, et tu t’es retrouvée à te changer dans les toilettes de La Chimère puis à faire un saut rapide à la supérette du coin avant de rejoindre l’appartement de Charlotte en Uber avec vingt bonnes minutes de retard sur l’horaire initialement prévu.

Tu devances légèrement Luther sur le chemin jusqu’à l’ascenseur, mais tu gardes la tête orientée dans sa direction tandis qu’il te confie les raisons de sa présence. Une invitation de dernière minute dans un but bien précis. Le présenter à un couple de parents dont la progéniture aurait bien besoin d’être guidé sur le chemin des mathématiques. “Cool!”, tu commentes d’un ton enjoué. Que le motif soit intéressé ou non, tu es plutôt contente que Luther soit de la partie maintenant que votre entente se fait de plus en plus cordiale. Il y a encore quelques mois, tu aurais sûrement reproché à Charlotte de vous obliger à vous voir alors que vous n’étiez que fraîchement séparés, et tout juste en bons termes, mais aujourd’hui, tu te réjouis de la moindre occasion de le voir. Une fois dans l’ascenseur, respectant une distance raisonnable sans te poster à l’autre bout de la machine pour autant, tu observes les étages défiler sur l’écran numérique non sans une certaine appréhension. Tu n’as jamais été une grande fan des ascenseurs. Une peur totalement irrationnelle, mais bien présente. Heureusement, Luther trouve le moyen de te distraire en venant essuyer du plat du pouce, une trace de sucre glace égarée sur ton visage et si tu retiens ton souffle en le voyant porter son doigt à sa bouche, ce n’est clairement pas d’angoisse. “Oh, euh. Oui. Du sucre, c’est bien ça…”, tu balbutie avec un petit rire hébété. L’ascenseur s’arrête au septième et dernier étage, et pour une fois, si ton estomac fait un looping au moment où la cabine se stabilise dans la gaine, ce n’est pas lié au petit soubresaut de la machine que tu quittes rapidement. Ton coeur bat la chamade alors que tu frappes à la porte, Luther sur tes talons -à ta taille pour une fois-, et tu t’appliques à afficher un sourire neutre lorsque Charlotte ouvre la porte et se montre surprise -voir même déçue?- de vous trouver là, tous les deux. “Regarde qui j’ai trouvé en montant!”.

Elle disparaît rapidement avec la bouteille de vin qu’elle te reproche brièvement d’avoir apporté, et tu en profites pour aller saluer les quelques personnes déjà présentes. Tu connais presque tout le monde, à l’exception de Hunter, le frère de Charlotte tout récemment revenu d’un séjour à l’étranger de plusieurs années à qui tu te présente rapidement. Elliot, une amie. On te propose un verre que tu acceptes avec plaisir et tandis que la soeur de Charlotte te félicite pour l’ouverture de ton food court, tu te surprend à la remercier vaguement tout en cherchant Luther du regard, qui a déjà disparu à l’intérieur. Distraitement, tu t’efforce de suivre la conversation sans pour autant parvenir à rester concentrée. Ton esprit divague sans cesse vers Luther et le geste qu’il a eu envers toi dans l’ascenseur. C’est stupide, parce qu’il a seulement voulu être gentil et t’éviter de t’embarrasser devant le reste des convives, mais l’intimité de son geste te perturbe. Les papillons dans ton ventre ont repris leur envol, et tu avales une pleine gorgée de gin tonic dans l’espoir de vite les faire redescendre quand il rejoint la terrasse, tout juste précédé de Charlotte, Marc sur ses talons. “Ca se rafraîchit, mais tellement peu comparé à ce que j’ai connu à Toronto ou à New-York. Tu y es déjà allé?”, commente Hunter tout en relevant les yeux vers toi dans l’espoir d'amorcer la conversation. “Oh, nan… J’ai jamais vraiment quitté l’Australie. Enfin… Si, je suis déjà allée à Hawaii, mais les hivers là-bas ne sont pas vraiment rudes non plus… C’est même plus supportable qu’ici, hein Lu’?”, tu réponds en adressant un sourire à l’intéressé alors que Charlotte vient se poster près de toi et Hunter, une main presque maternelle posée sur l’épaule de son frère. “Hunter est un vrai globe-trotter! Il a déjà fait le tour du monde deux fois. Je suis sûre que tu serais impressionnée par certaines des histoires qu’il a à raconter Elliot!”. Tu salues la prouesse avec un petit signe de tête et un sourire alors qu'Hunter secoue la tête tout en faisant remarquer modestement qu'il n'a pas vécu tant d'aventures que ça, et qu'il s'est surtout contenté de beaucoup travailler pour de grandes firmes pharmaceutiques, la branche légale... Il se perd dans un long monologue, et tu fais mine d'être intéressée sans pour autant retenir grand chose de son discours. Tu te contente de siroter ton verre derrière lequel tu dissimules un petit sourire malicieux quand ton regard croise celui de Luther.

@Elliot Vance

Il laisse Marc le diriger vers les parents de l’enfant qui visiblement galère en maths. Il se détourne de la conversation météorologique qui s’entame de l’autre côté du salon de jardin pour entamer poliment la discussion avec le couple. Il s’apprête à s’enquérir de l’âge du pauvre petit qui va bientôt se retrouver avec des exos de trigonométrie supplémentaires quand Elliot le ramène au milieu de sa discussion et il relève la tête vers elle, un peu perdu. Hein, quoi, l’hiver à Hawai’i ? “ Oh oui, un peu humide mais à part ça, c’est très supportable. ” qu’il s’entend bredouiller. Difficile de qualifier autrement un archipel où il fait entre vingt et trente degrés à l’année. Ni trop chaud ni trop froid. Si ça ne tenait qu’à lui, il passerait sa vie là-bas, mais les basses considérations matérielles et économiques l’ont rattrapé et il a établi sa vie à Brisbane. Pendant que le dénommé Hunter entame une dissertation sur l’industrie pharmaceutique ; Luther lui dirige son attention vers les parents désespérés. Il comprend vite que l'enfant n'a pas encore atteint sa huitième année. Comme il n’a pas vraiment passé un doctorat en mathématique pour apprendre à un enfant à faire une addition, il promet au couple de parents de leur référencer des étudiants en fac de maths. Ils seront ravis de se faire un peu d’argent pendant leurs études.

Il relève le nez quand Marc lui demande ce qu’il veut boire et croise le regard d’Elliot. Il ne sait pas trop ce que lui vaut ce sourire mutin qui se cache derrière un verre de gin tonic mais il le lui retourne volontiers, avec un petit haussement de sourcils qui veut dire dis donc t’es pas très attentive, fais un peu mieux semblant de l’écouter. Après s’être accordés sur des bières à partager, les conversations se taisent légèrement pour écouter Hunter raconter des anecdotes d’expatriation. Un des convives posent une question de temps en temps et cela suffit à fluidifier la conversation. Luther observe la scène, son regard passe du frère à la sœur en se demandant qui est au courant de l’opération séduction. Il a déjà suffisamment participé ou même organisé des rencontres arrangées pour savoir que dans ces situations plusieurs scénarios sont possibles. Tous les protagonistes pourraient être au courant. Mais il exclut cette idée, il connaît trop bien son ex pour savoir qu’elle ne serait pas si à l’aise de se faire présenter quelqu’un devant lui. Elle aurait probablement perdu toutes ses couleurs en le croisant à la porte. Charlotte aurait pu tout organiser sans prévenir personne ou l’un des célibataires pourrait être dans la confidence sans que l’autre n’en ai eu vent.

Il penche pour cette troisième option vu la velléité de Hunter à attirer l’attention d’Elliot qui préfère envoyer des sourires discrets de l’autre côté de la table basse. Charlotte a une mine embêtée, elle couve son frère d’un air sceptique, probablement consciente que l’attention désirée échappe au legal-pharmaceutique-whatever. Elle jette un coup d'œil au prof de math, croise son regard et dodeline de la tête, ce à quoi Luther répond par un pincement de lèvres et une mine désolée. Il avait vraiment pas l’intention de venir ruiner les plans de leur amie, c’est totalement hors de sa volonté et il sait pas trop quoi faire pour inverser la vapeur. Finalement leur hôte disparaît en cuisine pour revenir avec un plateau de tapas à partager. Il se sent définitivement pas assez habillé ou apprêté pour l’occasion quand bien même personne ne le lui fait ressentir. Un jeu de chaises musicales s'opère quand plusieurs convives se lèvent pour proposer leur aide. On ramasse les verres de bières pour les troquer avec des verres de vin. Luther se porte volontaire pour ouvrir la bouteille.

Quand tout le monde finit par se rasseoir en ayant ramené les bons verres, les petites serviettes et les dips et compagnie, il se retrouve assis entre Elliot à sa droite et la meilleure amie de Charlotte à sa gauche. Il la connaît suffisamment pour entamer une conversation tranquille sur les dernières updates de leurs vies respectives. D’une oreille, il entend que sa voisine de droite se fait questionner sur son nouveau travail par leurs hôtes et que l’entremetteuse a enfin réussi à raccrocher les wagons. La conversation s’établit plus sûrement et tout le monde autour de la table finit par ne parler plus que de l’ouverture du food court en pressant la co-gérante de questions. Il remarque qu’il n’est pas le seul à être impressionné par l’entreprise. Un sourire pensif s’étire sur ses lèvres quand il entend Elliot parler de son nouveau bébé. Il admire l’audace et la prise de risque, ça l’a toujours impressionné et attiré.

Le soleil finit de se coucher, les ampoules qui ornent la terrasse s’allument et la température baisse de quelques degrés supplémentaires alors que le vent se lève. Après avoir senti qu'Elliot remuait davantage à sa droite et avoir aperçu quelques frissons du coin de l'œil, il finit par passer une main dans son dos. Il attire son attention en exerçant une légère pression de ses doigts et lui glisse discrètement “ Tu veux ma veste ? ” sans vouloir interrompre la conversation. Il amorce déjà un mouvement d’épaule pour se libérer de sa surchemise et croise le regard de Charlotte qui semble prête à le fusiller du regard. Cette fois, il lui répond d’un plissement de paupière et d’un froncement de sourcils qui s’accompagne de sa main gauche qui se tend comme pour dire quoi ?. Je vais pas la laisser frisonner sous pretexte que ton frère a pas de veste à lui prêter quand même, j’t’ai laissé le temps de lui prêter un gilet j’sais pas.

@Luther Kealoha


Ta tentative d’appel au secours s’avère infructueuse, et tandis qu’il retourne à sa conversation, tu subis la tienne jusqu’à ce que vos regards se croisent et qu’il te reproche silencieusement de ne pas être attentive à ce qu’Hunter raconte. Sa réaction t’arrache un sourire et, tu te forces à prêter de nouveau attention à la conversation sans pour autant parvenir à être totalement absorbée. Tandis que tout ce qui se dit rentre par une oreille et ressort immédiatement par l’autre, tu laisses ton regard vagabonder, de-ci, de-là. C’est comme ça que tu remarques une tâche sur la chemise de Marc, juste sous un bouton, et que le vernis de sa belle-soeur s’écaille légèrement, ou encore que Charlotte n’a de cesse de hocher la tête, comme pour valider fièrement les exploits touristiques de son frère. De ton côté, tu es tentée de capter encore une fois le regard de Luther et de mimer une pendaison, mais tu t’abstiens, pour ne pas risquer de froisser qui que ce soit, et parce que tu n’es pas certaine de comprendre les règles de votre nouvelle amitié. Si tu t’en tiens à ce qui s’est passé jusqu’ici, tu n’as pas le droit de lui dire qu’il te manque, ni de te montrer trop familière, sobre ou non, mais lui a droit de te faire perdre tous tes repères d’un seul petit geste du pouce…

Les yeux dans le vague, les joues rosies au seul souvenir de la caresse de son doigt sur ta peau, et de la façon dont il l’a porté ensuite à sa bouche, tu reprends tes esprits de façon un peu brutale quand tout le monde se met à s’activer pour aider ton amie à apporter l’apéritif. Tu te charges de rapporter deux bols de sauce puis tu t’installes avec les autres autour de la petite table du salon de jardin, à l’extrémité d’une banquette, juste à côté de Luther, tandis qu’Hunter s’installe dans le fauteuil situé au bout de la table, juste à ta droite. Heureusement, la conversation s’oriente sur autre chose que sa personne, et tu te fais un plaisir de leur raconter par le menu toute l’élaboration du projet, jusqu’à l’aboutissement récent avec une inauguration plus que réussie et un démarrage plutôt prometteur ces derniers jours. Tu es vraiment fière de ce que tu as réussi à accomplir en un temps relativement court et bien plus confiante en l’avenir. Comme tu le leur explique, blogger est ta passion et tu n’a pas l’intention d’arrêter, mais tu sais que ça ne durera peut-être pas toujours, alors tu as préféré assurer tes arrières en misant presque toutes tes économies dans ce projet. Un pari qui semble gagnant. Du moins pour le moment.

Les conversations s’enchaînent sans se ressembler, et avec la nuit qui se lève, la température ambiante se rafraîchit. Le gin tonic et le verre de vin blanc sucré que tu as avalé n’ont pas suffit à te réchauffer, et même si la présence de Luther à tes côtés suffit à te troubler légèrement, tu n’en ressent pas moins la chute du thermomètre et tu grelottes aussi discrètement que possible dans ta robe noire sans manches et tes bas couture jusqu’à ce que la main de ton ex se pose sur tes reins. Interpelée, tu tournes la tête vers lui et tu esquisses un sourire reconnaissant alors qu’il te propose sa veste. “Je veux bien, oui…”, tu souffles avec un petit hochement de tête pendant qu’il se débarrasse de son vêtement que tu enfiles sans demander ton reste. Elle est encore imprégnée de sa chaleur corporelle et tu te fais violence pour ne pas plonger ton nez dans son col et t’enivrer de son odeur. Un exercice auquel tu ne résistes finalement pas quand, une fois l’apéritif terminé, tu t’octroies quelques minutes supplémentaires à l’extérieur pour allumer une cigarette. Appuyée contre le garde fou, tu observes la rue en contrebas et le passage régulier des véhicules quand des pas derrière toi se font entendre. Tu espères un instant qu’il s’agisse de Luther, mais tu ne reconnais ni la démarche, ni la main qui se pose dans ton dos pour te demander si ça va. Pivotant légèrement sur toi-même pour éviter ce contact que tu n’as pas désiré, ni-même autorisé, tu hoches la tête tout en retournant sa question à Hunter à laquelle il répond par un geste similaire tout en portant une cigarette électronique à ses lèvres. “Je suis content d’enfin faire ta connaissance, Charlotte m’a beaucoup parlé de toi. J’ai même lu ton blog!”, il te glisse en expirant une épaisse fumée blanchâtre à l’odeur sucrée tout en cherchant tes doigts du bout des siens. Tu sais que tu devrais te sentir flattée, mais ça t’atteint à peine et alors qu’il parvient à établir un contact, tu recroqueville tes doigts sur la balustrade, mettant une distance entre vous. “Ecoutes, Hunter, c’est super gentil. Tu as l’air très sympa, mais…”. Machinalement, tu tournes la tête vers l’intérieur où Luther est déjà attablé et tu prends une inspiration qui s’échappe comme un soupir. “Je suis pas prête à me lancer dans une nouvelle histoire…”. Il a l’air légèrement déçu, mais il n’insiste pas et te confie avec un petit rire qu’en réalité, il n’est pas spécifiquement prêt non plus, mais Charlotte lui a vanté tes mérites, et il s’est dit: Pourquoi pas?. Le temps de finir ta cigarette, vous vous entendez finalement sur le fait que c’est mieux si vous en restez au statut de simples connaissances, et vous rejoignez les autres convives à l’intérieur où, sur le pas de la porte-fenêtre, tu te débarrasses de tes escarpins tandis qu’Hunter te dépasses pour aller s’asseoir le plus loin possible de la seule chaise qui reste libre, juste en face de Luther où tu t’installes sous le regard interrogateur de Charlotte à qui tu adresses un regard faussement réprobateur: Bien tenté!. Coincée entre deux personnes, tu remues légèrement pour trouver une place sur tes coudes et croiser tes jambes sous la table où ton pied enveloppé dans tes bas rencontre les longues jambes de Luther. “Désolée…”, tu lui souffles avec un sourire contrit. “Mais en même temps… Tu prends toute la place…”, tu ajoutes avec un petit rire.

@Elliot Vance

Il se débarrasse de sa veste avec diligence tout en répondant au regard désapprobateur de Charlotte par des yeux qu'il lève vers le ciel destiné à leur hôte. C'est probablement un peu gonflé de sa part vu qu'il est invité, et de dernière minute en plus. Il finira par s'excuser auprès d'elle dans un murmure une dizaine de minutes plus tard quand ils se lèvent pour rejoindre le living room de l'appartement. Il tapote l'épaule de son amie en lui glissant qu'il est désolé et qu'il voulait pas la contrarier, ce à quoi elle lui répond dans un haussement d'épaule que c'est pas grave, qu'ils peuvent pas forcer les choses anyway et ils se retournent tous les deux en jetant un œil par dessus leurs épaules. Il a vite fait de regarder à nouveau devant lui quand il voit Elliot allumer une cigarette - froncement de nez désapprobateur - et son soupirant s'approcher pour lui rendre ses intentions un peu plus claires il suppose. Il prend les manipulations de Charlotte avec légèreté mais n'a pas non plus un goût pour le masochisme qui le pousserait à regarder son ex se faire courtiser par un autre mec. N'exagérons rien.

À la table, il constate encore une fois que sa présence n'était pas prévue en voyant que la table parfaitement symétrique pour dix personnes - quatres convives de chaque côté, deux personnes en bout - a dû être resserrée pour l'accueillir. Et en plus Charlotte le place du côté où il reste 4 assiettes plutôt que de celui où elle en a glissé une cinquième parce que comme elle le lui glisse il est large d'épaule. La remarque entraîne un nouveau déluge d'excuses empressées, à laquelle la maîtresse de maison répond d'une main qui balaie la gêne avant de lui demander si ils ont pu discuter des problèmes de math de sa belle - soeur, tout en s'asseyant à la gauche de Luther. Il lui répond tranquillement pendant que les deux derniers invités les rejoignent. Tout à sa réponse, il ne remarque pas l'échange silencieux entre Elliot et Charlotte. Quand tout le monde a pris sa place, Luther taquine Charlotte en lui demandant si maintenant que la trentaine est passée, elle ne donne plus que des dîners de grownups avec service à table. Elle rit à la remarque et lui donne un coup de coude en l'assurant qu'elle a bien l'intention de s'offrir un party endiablé pour son trentéunième anniversaire. Qui a lieu dans trois mois d'ailleurs lui rappelle-t-elle, il faudrait pas que ses amis oublient de prévoir des cadeaux. Il hoche la tête et s'apprête à renchérir quand il sent des bousculades de pieds et de jambes sous la table. Il lève le nez vers Elliot qui s'excuse tandis qu'il sent ses pieds se poser à côté des siens. Il lui sourit et répond “ C'est moi, t'as raison je vais t’faire de la place. ” tout en rapatriant ses jambes sous sa chaise. On apporte d'abord une salade et un plat de lasagnes, chacun se serre et les conversations démarrent entre voisins de table. Placé entre Charlotte et sa meilleure amie, il relève le nez du saladier en étant surpris en entendant l'hôte lui demander si il voit toujours quelqu'un en ce moment. “ Toujours ? ” répète t il un peu hébété. Si il y a bien un cercle d'amis qu'il n'a pas trop tenu au courant de ses affaires sentimentales c'est celui-là. Mais tout s'éclaire quand elle lui répond que Untel l'a aperçu en compagnie d’Olive dans un musée début-avril. Le vernissage de l'exposition de Calliope comprend-il. “ Oh, Olive” Les nouvelles vont vites commente-il avant de répondre “ Non, c'est fini, c'était délicat avec ses enfants on ne voulait pas forcer les choses ” répond-t-il avant de proposer à sa voisine de droite le saladier. Il sourit quand Charlotte s'étonne d'entendre parler d'enfants, et puis il répond en riant que c'est assez courant quand on passe la trentaine. Son hôte fait observer pensivement qu'elle a tendance à oublier qu'il est un peu âgé, avant de rebondir sur l'exposition en question, en lui demandant si il la recommande. Il s'empresse de louer le travail de Callie et de l'encourager à aller y faire un tour.

@Luther Kealoha

La gêne dissipée, tu t’installes à table avec le sourire et tu écoutes un peu distraitement toutes les conversations, même si la voix de Luther attire toujours plus ton attention que celle des autres. Tu souris, amusée en l’entendant plaisanter avec Charlotte et tu essayes de garder le même ton alors que ton pied heurte ses jambes sous la table. C’est pas comme si tu l’avais fait exprès, mais une part de toi ne peut s’empêcher d’être déçue quand il s’excuse et recule ses jambes pour te faire de la place plutôt que de faire perdurer le contact, de te rendre affectueusement ton coup de genoux sous la table. C’est stupide, et ça t’énerve, d’espérer comme une idiote alors qu’il t’as déjà fait comprendre qu’il était temps que tu passes à autre chose. Tu chasses ses excuses en secouant la tête et tu plonges le nez et le regard dans ton assiette encore vide en te fustigeant mentalement pour ta naïveté crasse.

On sert la nourriture, et le plat de lasagne qu’on te fait passer te permet un temps de penser à autre chose. Pour une fois que tu n’as pas eu à cuisiner, du moins plus depuis quelques heures maintenant, tu meurs de faim. Autant qu’on peut mourir de faim après avoir picoré quelques tapas et autres joyeusetées servies en amuse-bouche. Tu te sers une part avant de faire passer le plat, et bien qu’on t’ai appris à ne pas commencer à manger avant que tout le monde à table ne soit servi, tu ne résiste pas à l’envie de goûter la sauce béchamel qui coule sur le côté de ta portion. Tu portes ta fourchette à tes lèvres alors que Charlotte interroge Luther sur sa vie amoureuse et alors qu’il répond que non, sa relation avec Olive -Olive? est terminée, tu laisses échapper malgré toi un petit: Oh de surprise qui te vaut quelques regards interloqués auxquels tu réponds par un petit sourire contrit. “Désolée, c’est chaud…”, tu te justifies en te servant un verre d’eau, le plus rempli possible, que tu prends soin d’avaler le plus lentement possible, le temps de te faire à la nouvelle. Donc c’est terminé, avec Olive…Mais… Et Livia alors? Perdue dans tes pensées, tu perds le fil de la conversation alors qu’il évoque le statut de mère de famille de son ex, et tu fronces les sourcils pour toi-même tandis que ton cerveau essaye de rassembler les pièces du puzzle. Tu as du mal à te souvenir de ce que Rose t’as raconté de sa rencontre avec la petite amie de Luther au barbecue des voisins. Tu n’as retenu que l’essentiel avant de te fermer hermétiquement aux informations supplémentaires, parce qu’il t’étais trop difficile d’entendre parler de la nouvelle vie amoureuse épanouie de ton ex. Alors forcément, tu peines à démêler la situation. Est-ce que Luther est à nouveau célibataire? Ou bien est-ce qu’il est désormais avec Livia, mais préfère taire cette information pour ne pas être bombardé de questions par Charlotte et les autres? Le connaissant plutôt discret sur sa vie amoureuse, tu ne serais pas étonnée qu’il préfère garder sa relation naissante avec son amie pour lui. Tout comme tu gardes pour toi les questions qui tournent en boucle dans ta tête. Puisqu’après tout, qu’est ce que ça change.Hmm?

Le repas se poursuit et tu participes activement à la conversation jusqu’à ce que Hunter se mette à nouveau à évoquer ses voyages aux états-unis et que Marc en profite pour te demander si tu as des nouvelles de ton coloc’ depuis son départ. Ta fourchette s’arrête à quelques centimètres de lèvres et tu marque une pause avant de secouer la tête en prenant soin de ne pas regarder Luther à qui tu n’as jamais révélé l’existence de Liam. “Pas vraiment non… J’imagine qu’il vit sa vie…”, tu réponds en haussant les épaules. Il n’y a pas grand chose à dire de plus. Les nouvelles se sont raréfiées au fil des mois jusqu’à se faire désormais quasi-inexistantes. Comme le fait remarquer Marc, qui avait plutôt bien accroché avec le coach sportif lors de leur seule et unique rencontre -ou tu n’avais effectivement présenté Liam que comme un colocataire -, c’est un peu dommage, mais à l’image de ce que vous avez partagé au fond, une passion aussi intense de fugace. Toutefois, comme tu n’as aucune envie de t’étendre sur le sujet, tu ne cherches pas à poursuivre la conversation en ce sens et tu sautes sur la première occasion de changer de sujet jusqu’à ce que le dessert soit débarrassé et que tout le monde soit presque sur le départ. Après un dernier verre et une cigarette partagée avec la meilleure amie de Charlotte sur le balcon, tu pénètres à nouveau dans le salon : “Bon, il est temps que je me sauve!”. Tu embrasses tout le monde et quand vient le tour de Luther, tu t’arrête devant lui pour lui tendre sa veste avec un sourire reconnaissant. “Tiens, merci encore…”

@Elliot Vance

Il ne cache pas son regard étonné quand il entend Marc interroger Elliot sur son coloc. De quel coloc parle-t-on ? Il ne se souvient pas avoir déjà entendu la jeune femme parlait de colocation mais comme la conversation ne s’éternise pas, il garde ses questions pour lui. Pas qu’il en fasse un fromage, à peine une curiosité piquée. Il se laisse volontiers tenter par le dessert, jamais à court d’appétit pour une petite touche de sucré, puis aide au débarrassage de table comme tout invité poli qui se respecte. Finalement quand la tisane digestive est avalée et la dernière clope sur le balcon fumée, tout le monde s’apprête à quitter les généreux hôtes d’un soir. Il s’approche d’Elliot pour récupérer sa veste et lui tend naturellement le coude quand elle vacille dans un équilibre précaire pour remettre ses chaussures à talons. Balayant ses remerciements d’un sourire et d’un geste de la main, ils quittent l’immeuble ensemble. La cabine d'ascenseur est bien plus remplie qu’à aller pendant que tout le monde prononce de dernière salutation puis chacun s’éloigne et rentre à la maison sans demander son reste.

mercredi 8 mai - food court la Chimère, quartier SBWE

Après avoir reçu l’invitation d’Elliot à déjeuner ensemble au food court, il a abandonné sa lunchbox dans sa salle de classe. Il presse le pas pour rejoindre la sortie du lycée en slalomant entre les élèves et les collègues. Il ne tient pas à ce qu’on le hèle au milieu d’un couloir, ça risquerait de le retarder. Ce n’est qu’une fois dehors, sous la pluie caractéristique du mois de mai à Brisbane, qu’il ralentit vaguement l’allure. Il traverse la rue et parcourt les quelques blocs qui séparent le lycée des halles. Sur place, il hésite entre appeler Elliot, s’adresser à un membre du personnel pour lui demander si il n’a pas vu la patronne ou se diriger directement vers le comptoir péruvien. Il opte finalement pour cette dernière option, assorti d’un sms je suis là qui s’avère relativement inutile car la dite patronne ne traîne pas très loin de leur lieu de rendez-vous. Quand il tourne à l’angle d’une allée, il a juste à croiser son regard et lui faire un signe de la main pour établir le contact. Ils se saluent et il la gratifie d’une nouvelle bise, avant de demander machinalement si elle passe une bonne journée. Puis il se tourne avec vivacité vers le comptoir en lançant un enthousiaste “ Alors, qu’est-ce qu’on mange de bon, ici ? ” en cherchant du regard le comptoir. Il doit avouer que n’ayant pas beaucoup de temps, une quarantaine de minutes grand maximum, il ne fait pas vraiment dans les fioritures. Il réalise vite qu’il ne connaît pas les employés derrière le plan de travail, ni même le chef qui s’active en cuisine, pas plus qu’il n’y comprend beaucoup en culture culinaire péruvienne. Quand bien même les préparations ont l’air délicieuses, il ne sait pas trop ce qu’il lit “ Mh, je connais rien de tout ça, tu me conseilles quoi ? ” l’interroge-t-il. Quand finalement leurs commandes sont placées, il finit par se tourner par se tourner plus franchement vers elle et s’exclame “ On arrête pas de se croiser dis donc ! ” Trois fois en dix jours. La dernière fois qu’ils se sont vus si souvent cela doit remonter au mois d'août dernier. Voir même plitôt aux mois d’avril mai quand ils vivaient encore ensemble sous le même toit.

@Luther Kealoha

Comme tu l’as précisé à Luther par messages plus tôt dans la mâtinée, La Chimère ne désemplit pas. Il y a bien des moments plus calmes que d’autres, entre les heures de repas notamment, mais le hangar qui abrite le food court n’est jamais vraiment vide sur les horaires d’ouverture. Ca te réjouit de voir à quel point le public est au rendez-vous et tu regretterais presque de ne pas t’être lancée dans l’aventure plus tôt. Mais tu es du genre à croire que la vie est faite de moments, qu’il y en a un pour tout, et le tien est enfin arrivé. Tout comme l’est celui de rejoindre Luther pour déjeuner. Après avoir passé une bonne partie de la mâtinée à  retoucher des photos pour ton prochain article de blog, consacré justement à l’ouverture de La Chimère, tu quittes ton bureau - dont les vitres teintées te donnent une vue imprenable sur le food court-  sur les coups de douze heures trente afin d’avoir le temps de faire un petit tour d’inspection avant l’arrivée du prof de maths. Tu échanges quelques mots avec tes associés, dont certains s’activent derrière les fourneaux, puis tu finis par prendre le chemin du stand péruvien dans l’idée de pré-commander un assortiment de plusieurs plats pour éviter que vous n’ayez à attendre quand tu te fais alpaguer par un client qui pourrait presque compter parmi les premiers habitués, un monsieur âgé qui vient tuer l’ennui et la solitude entre ces murs. Vous échangez rapidement et .il te vante les mérites de plusieurs stands qu’il affectionne déjà tout particulièrement tandis que tu lui fais toi-même quelques recommandations enthousiastes. Tu lui conseilles d’ailleurs de goûter la glace à la pistache du chariot ambulant près de la sortie s’il veut finir son repas en beauté quand ton téléphone vibre dans ta poche. Luther. Tu lèves les yeux pour le chercher et ton regard croise instantanément le sien, provoquant un sourire sur ton visage. Tu es vraiment contente qu’il ait accepté de déjeuner avec toi, comme au bon vieux temps, la relation de couple en moins. Tu prends congé du vieil homme qui te remercie pour tes conseils qu’il compte bien mettre en pratique, et tu te diriges rapidement vers ton invité à qui tu rends sa bise en te hissant légèrement sur la pointe des pieds pour ne pas l’obliger à trop se baisser, puis tu hoches la tête alors qu’il t’interroge sur ta journée. Tu lui retournes la question tout en t’insérant dans la petite queue qui s’est formée devant le stand péruvien. Tant pis pour ton projet de vous faire gagner du temps… “Il y a pas mal de choix, ça dépend si tu préfères manger de la viande ou du poisson. J’ai demandé, et ils m’ont confirmé qu’il n’y avait pas de cochon d’inde au menu.”. Ces petites bêtes, cuites à la broche, sont l’une des spécialités du Pérou, mais aussi ouverte d’esprit sois-tu, tu préfères ne pas avoir à connaître le goût de leur viande. Et puis, tu es certaine que tes nièces ne te pardonneraient jamais d’avoir mangé le cousin de leur petit animal de compagnie favoris. “Personnellement, j’ai un faible pour le Lomo saltado. Ils te le servent soit avec du riz, soit avec des frites. Mais leur Ceviche est vraiment bon aussi!”. Voilà pourquoi tu voulais un assortiment à la base, parce que tu es souvent incapable de faire un choix. En particulier quand il s’agit de nourriture. Tu proposes finalement à Luther de partager les deux plats dont tu lui as vanté les mérites, -avec des frites, parce que c’est plus simple à picorer-, et vous vous mettez un peu en retrait sur le côté, le temps que le chef prépare votre commande. “C’est vrai…!”, tu souffles avec un sourire avant de plisser légèrement les yeux, l’air méfiant, les bras croisés sous ta poitrine alors que ton dos repose contre le mur en béton laissé brut. “Est-ce que tu me stalkes, Reindeer?” Tu demandes avec un accent écossais fort mal imité, en référence à la dernière série netflix à la une avant de laisser échapper un petit rire amusé, incapable de garder ton sérieux.

@Elliot Vance

Cochon d’Inde au menu ? Il affiche un air surpris face à cette information. La preuve qu’il n’y connaît vraiment pas grand-chose à la culture culinaire péruvienne. Pour être honnête, il ne serait pas plus gêné que ça de goûter. Il est à peu près aussi curieux en cuisine qu’en aventure. Mais puisque ce n’est pas au menu, il va se rabattre sur le lomo saltado ou sur le ceviche. Il acquiesce à l’idée de prendre les deux et de partager quand Elliot le lui suggère “ Ca me va, allons-y pour ça. ” répond-t-il avant de s’éloigner de la file pendant que la jeune femme passe commande.

Si il n’a pas vu la série Reindeer, il en a entendu parlé en salle des profs par des collégues donc il situe vaguement la référence et répond avec un haussement de sourcil amusé “ Comme c’est toi qui m’a invité à deux reprises ici et qui est venue à ma soirée de voisinage, je dirais plutôt le contraire … mais je t’accorde que le dîner c’est moi qui me suis invité. ” plaisante-t-il avec le sourire. Il n’en pense pas un mot et ne la soupçonne pas de chercher plus que ça à provoquer des rencontres. Il la relance sur la série, curieux de connaître son opinion “ Tu as regardé la série ? ” demande-t-il avant de préciser un peu inutilement “ Moi pas. ”. Il est bien connu qu’il ne suit pas beaucoup de série. Regardez un film ou un documentaire est à sa portée - on se pose un soir dans le canapé ordinateur sur les genoux. Mais une série, plusieurs épisodes pendant plusieurs soirs. Il a vu des bribes de saisons dépareillées au gré de ses amourettes quand ses chéries arrivaient à le faire se poser sur leur canapé pour une soirée netflix and chill. Il se laissait plus amadouer par le and chill que par le netflix mais ma foi. Un ou deux épisodes n’a jamais tué personne suppose-t-on. Comme elle a réussi à le garder à ses côtés trois années durant, Elliot est la seule à l’avoir fait regarder plusieurs saisons d’une même série de manière consécutive, et c’est donc La Chronique de Bridgerton et Heartstopper les deux seules séries qu’il peut se vanter d’avoir vu de A à Z dans sa vie. “ Mais mes collègues avaient l’air de trouver ça assez disturbing … ” ajoute-t-il l’air sceptique avant de se retourner en entendant leurs prénoms être lancés à la cantonade. Il lève le bras comme pour dire par ici puis se dirige vers le comptoir pour récupérer leurs plateaux. Il en tend un à Elliot avant de lui indiquer qu’il la suit et qu’il lui laisse le choix de là où elle souhaite s’installer. Une fois posé, il retire son k-way et détend son cou d’un mouvement d’épaules “ Hé bien, bon appétit ! ”.