sandpaper sigh (ilsa)

Broken hearts club est un forum city basé sur l'amour où l'action se déroule à Brisbane, en Australie. BHC est un forum simple et sans prise de tête où le but est de se faire plaisir, de se détendre et de faire des rencontres.Chez nous, le respect de tous‧tes et la bienveillance font partie de nos valeurs, car il est important pour nous de faire de ce forum un endroit safe pour tous‧tes. N'hésitez pas un seul instant à contacter harlan myers, dora oliveira et scott reeves, vos admins, si vous avez la moindre question ou le moindre problème.
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 sandpaper sigh (ilsa)


Haydar Emre
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MEMBRE ☆ midnight love
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Haydar Emre
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messages : 98
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pseudo : eigengrau.
id card : boran kuzum © kidd/av, self/edit profil, gif
pronom irl : elle/she
multicomptes : theo (n.saavedra), miles (m. irons), kleo (a. bratt)
à contacter : theo.
présence : présente.
sandpaper sigh (ilsa) E78f2a97e2bdc36819831164de513cd0deb8a293
âge : vingt-neuf ans.
statut civil : célibataire — oiseau volage aux tendresses de passage, haydar s’entiche et se lasse, aime pour un temps seulement, vibre au gré des cœurs avec passion. Romantisme péremptoire dont il fait son habitude au cours du temps, écorchant à la volée quelques palpitants – et parfois même le sien en passant.
occupation : pianiste — la musique comme amante véritable, celle qui avait accroché son palpitant dès les premiers battements. Une fidélité presque morbide à laquelle il se voue et pour laquelle il vit, la musique qui l’avait un jour enchainé sans préavis.
adresse : fortitude valley — appartement sous les toits, partagé avec son piano, et Duke, son chat.
intervention pnj : Non
pronom perso : il.
trigger : injection de drogues, romantisation des relations toxiques, age gap 15+, agressions sexuelles.
warning : abandon, usage récréatif de drogues, dépendance affective, relations amoureuses dysfonctionnelles.
infos rp : 600-1600 mots en général, en fonction du type de rp
• dialogues en français uniquement
• troisième personne du singulier
• temps de réponse fluctuant (souvent sous deux semaines)

disponibilités : 2/3 – à discuter en mp.
en vrac : sandpaper sigh (ilsa) Fwk3


— jeux en cours :
• ilsa — sandpaper sigh
• aster — uc
• uc

présentation : présentation
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· Dim 31 Mar - 22:30

Sandpaper sigh

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tw : aucun a priori.

La matinée s'était déroulée avec une lenteur effarante. Après les quelques minces messages échangés, le téléphone avait été négligemment posé sur le haut du piano alors qu'il s'y exerçait, l'écran tourné vers le haut. Mais là où d'habitude, il oubliait bien vite la présence de l'objet en question – car bien plus intéressé par le jeu des touches blanches – l'artefact s'était fait omniprésent, léché de coups d'œils rapides, intercalés entre les nappes tricotées par ses phalanges agiles. C'était comme s'il n'avait pas pu vraiment croire à l'idée qu'il ne risquait pas de vibrer soudainement, prévenant d'une nouvelle missive de sa part ; que par celle-ci, elle le préviendrait qu'elle avait fini par changer d'avis. Que cette pseudo-collaboration n'était qu'une idée farfelue à abandonner, qu'elle ne viendrait pas.
À vrai dire, il n'était pas certain d'avoir vraiment cru qu'elle finirait par accepter. Il avait aimé en frôler l'éventualité – sans d'ailleurs réussir à comprendre tout à fait pourquoi il tenait réellement à cette idée proprement embarrassante – mais il s'était davantage attendu à recevoir un coup de fil de Sophie lui annonçant qu'il ne ferait finalement pas partie du projet. Son sms du matin l'avait surpris. À tel point qu'il n'était toujours pas certain de la voir sonner comme convenu, dans l'après-midi.
Mais Ilsa n'avait jamais fait partie de celles qui changeaient d'avis à tout bout de champ. Il aurait dû le savoir ; il l'avait trop bien connue pour éclipser cette part de son caractère. Trop cérébrale pour céder à la vulgarité d'une pulsion irréfléchie, elle se modelait, idée par idée, avec le soin de celles qui savent que chaque action possède une importance capitale pour la suite. Sans doute avait-elle été trop souvent témoin des conséquences que l'inconscience des paroles et des actes pouvaient avoir ; songer qu'elle aurait pu faire volte-face d'une minute à l'autre avait alors certainement quelque chose d'un peu insensé. Sauf qu'il était tout autant insensé de songer qu'elle ait pu murir la décision de se retrouver à travailler à ses côtés. Plus insensé encore de se dire qu'elle avait trouvé acceptable la théorie de le revoir par choix – même si celui-ci n'était que bêtement professionnel. Car si lui-même avait longuement pesé le pour et le contre de cette éventualité, que devait-il en être de son côté ?
Il ne nourrissait aucune illusion sur la manière dont elle devait le considérer. Non pas qu'elle lui ait offert le moindre indice à cet égard lors de leur précédente entrevue – à l'exception peut-être de la froideur crasse manifestée à cette occasion ; mais il avait construit, au fil des années, l'idée symptomatique qu'elle lui vouait un mépris certain. Au fond, il était peut-être paradoxalement plus confortable de s'imaginer demeurer le siège d'une hostilité profonde, plutôt que d'accepter l'oubli que le temps aurait pu profiler – laissant alors leur histoire passée se dissoudre dans une acceptation fade. Egoïstement, Haydar n'avait jamais réussi à imaginer qu'il ait pu être oublié par Ilsa ; peut-être parce qu'il n'avait pas été capable de le faire lui-même, et que son orgueil préférait envisager un monde où il aurait continué à exister dans une infime partie du sien – peu importe si ce devait-être sous la forme d'un dédain incurable. L'important était de rester indélébile, comme l'était pour lui leur histoire : à jamais, tatouée quelque part sur le cœur à l'encre noire.

Le téléphone n'a jamais sonné. L'interphone en revanche, s'est déclaré aux premières heures de l'après-midi.

Il ne mentira pas en prétendant qu'il n'avait jamais songé la revoir un jour en revenant habiter à Brisbane, la recroiser ici ou là, apercevoir de loin sa silhouette déambuler dans la rue ou ailleurs ; il ne mentira pas en prétendant que l'idée avait toujours été source d'une certaine appréhension, sans doute nourrie de la culpabilité à son égard – celle des lâches, de ceux qui savent être partis trop tôt et devoir se le reprocher. Mais en revanche, il n'aurait jamais songé la revoir sur le pas de sa porte, aux frontières d'une intimité totale, d'un espace qu'il avait un jour recréé sans elle, et dont chaque vide portait le fantôme de son absence. Il s'en sentirait presqu'absurdement gêné – comme s'il aurait été de bon ton de lui présenter un lieu de vie ascétique et monacal, dénué de la moindre babiole personnelle. Reconnaitrait-elle certains de ces objets ? Les silhouettes accumulées autour de lui prendraient-elles le rôle de passeurs, naviguant d'une époque à une autre pour les fusiller ? Ou peut-être y serait-elle finalement indifférente : des années entières avaient passé. Et la mémoire devait avoir fait le tri – du moins assez efficacement pour l'empêcher de tiquer devant les quelques bribes dispersées de leur ancienne familiarité.

Salut.

Il aurait peut-être déjà dû se décaler, l'inviter à rentrer, mais quelque chose l'en empêchait encore : de ne pas savoir à quoi s'attendre, ce qui se passerait, ce qu'elle attendait. Et puis la conscience brutale d'avoir enclenché une situation qu'il était presque certain de finir par regretter. Sans doute pouvait-il nourrir l'espoir de rester tout à fait professionnel – et il s'y tiendrait mordicus – mais il aurait également été naïf de songer que cette réunion ne remuerait rien en lui.
Amorcer un mouvement, c'était faire céder la digue, abaisser les barrages ; c'était autoriser le fleuve à se déverser sans retour en arrière possible. Et il se tenait là, dernier rempart imbécile entre le présent et le passé, tout à fait inconscient de ce que la rencontre pourrait créer. La perspective était terrifiante ; pourtant, Haydar a fini par se décaler pour lui dégager le chemin vers l'intérieur.

Entre, Fait-il laconiquement.

Il se sent comme un gamin pris sur le fait. Coupable d'une vie reconstruite sans elle, d'un appartement qu'elle ne connaît pas, d'un espace qui ne lui est pas familier et dans lequel elle s'avance. Il ne sait pas bien ce que ça lui fait, de la voir là ; peut-être est-ce à la fois trop étrange et trop normal, comme si elle avait eu le don de s'accorder miraculeusement avec toutes les images de son quotidien, de devenir actrice de chaque situation de sa propre vie, sans qu'il n'en vienne à se questionner. Haydar est nerveux, mais sans doute n'en montrera t-il rien, se contentera t-il d'arborer cette posture de tranquillité qui lui est propre, de masquer son désarroi par une nonchalance franche, un peu inappropriée. Pardonnez, c'est qu'il a tant de questions qu'il voudrait poser, tant de mots qui étranglent ses pensées, qu'il ne parvient qu'à les repousser, qu'à agir avec elle comme le dernier des étrangers.

Tu veux un café ? Propose t-il machinalement, en faisant mine de rassembler les partitions laissées en désordre sur la seule table de la petite pièce – surtout une bonne excuse pour ne pas recroiser son regard à elle. Pas tout de suite.

Mais finalement, l'agitation prétexte de ses gestes a fini par se calmer, pour qu'il se tourne de nouveau vers sa silhouette, qu'il accroche son regard. Et peut-être que cette fois, quelque chose au creux de ses yeux brise le détachement pour se rapprocher d'une honnêteté mutique. Éclat fantomatique.

Je pensais pas que tu choisirais d'accepter, Finit-il par prononcer, évidence mordue d'une cruelle sincérité.

À moins que tout ça n'ait été pour elle qu'un prétexte pour lui montrer à quel point il pouvait désormais l'indifférer.
Pour lui dire, toi ou un autre, Haydar, qu'est-ce que ça peut bien changer ?

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Ilsa Decker
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MEMBRE ☆ old wounds
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Ilsa Decker
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pseudo : youngblood.
id card : mara lafontan - néréide (av), eigengrau le s (gif profil), awona (icons sign)
pronom irl : elle
multicomptes : sailor (tamino), azhar (a.kontar), sierra (r.consentino) & kendall (v.hacker)
à contacter : sierra.
sandpaper sigh (ilsa) Iu6x
âge : 27 ans passés à une vitesse folle, à douter parfois d'y avoir réellement assisté.

statut civil : célibataire, convaincue du bien-fondé de sa solitude ; lassée de laisser chaque nouvelle relation la faner, d'observer les objets de ses désirs s'éprendre d'elle et s'en éreinter.

occupation : artiste plasticienne – pour simplifier une œuvre plus éclectique. les performances comme premier amour, du scandale pour l'implanter dans l'impitoyable marché de l'art : elle s'est assagie, depuis, mais sa côte reste au sommet. chaque création se revendique d'un discours féministe engagé, d'une dénonciation. mine d'inspiration malheureusement sans fond.

adresse : un loft vaste et lumineux au 108 sb&we, parfois trop grand, parfois trop étouffant.
intervention pnj : Oui
pronom perso : elle
trigger : hard no : inceste, pédophilie, viol. // selon comment c'est abordé : agression sexuelle, violences conjugales, grooming & relations avec gros écart d'âge. // on peut plus en discuter par mp.
warning : suicide, deuil, harcèlement scolaire, divorce
infos rp : présence : quotidienne, réponses toutes les 2-3 semaines selon l'inspi.
style rp : j'écris en elle ; entre 400 et 1500 mots, selon le rp, l'inspi, etc.
dialogues : en crimson, français ou anglais.

disponibilités : 3/5, dispo, parlons-en par mp.
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· Mar 2 Avr - 23:04

sandpaper sigh

@Haydar Emre

Face à la porte close, Ilsa ne se laisse pas le temps d'hésiter. La décision a été mûrement réfléchie, bien que tout semble indiquer qu'elle n'est pas la bonne, et Ilsa met un point d'honneur à ne pas reculer – voire ne jamais jeter un regard en arrière. Question de survie ; se perdre dans les méandres du passé ne lui a jamais réussi. Revoir Haydar était l'une des premières entorses au principe. Même elle n'aurait pu rester de marbre, ainsi confrontée au fragment d'un hier dont elle se rappelait combien il avait pu être solaire. La veille, elle avait seulement pu se retenir d'ouvrir cette ridicule boîte à souvenirs, preuve trop précieuse d'une faiblesse d'âme et de cœur qu'elle aurait voulu pour de bon décimer. Le corps avait obéi, donc, devant la tentation ainsi emprisonnée. Pas l'esprit, bien trop tenté par une errance le long des chemins lumineux du sentiment martyrisé, prompt à s'engouffrer dans la brèche d'un interdit si longtemps respecté. D'instinct, elle avait failli ne revoir que les bons moments ; cruellement, il lui avait fallu se faire violence pour retrouver la douleur insidieusement greffée aux éclats de joie. Le dédain, la méfiance, les silences. Et elle s'était répugnée d'en arriver là, à placarder à deux ans de vie commune, comme si rien d'autre n'avait existé, la paranoïa des derniers mois. Comme si elle ne pouvait s'armer que d'amertume pour affronter la situation – comme si, d'ailleurs, s'armer était la seule option.
Mais c'était aussi ce qui lui avait montré qu'elle avait pris sa décision : ce conditionnement mental, préalable à une rencontre qu'elle n'avait même pas encore fixée. Les heures à y réfléchir, à imaginer le processus qui devrait les lier, tout ce qu'un refus facile lui aurait épargné.

Le doigt appuie d'instinct sur le bouton de l'interphone, avant d'avoir le loisir de tergiverser quant aux conséquences que le geste effarant de simplicité pourrait déchaîner. Elle s'est refusé une unique réflexion : celle de ses propres motivations, se contentant d'à peine se convaincre que le talent d'Haydar et la temporalité serrée sont les seules raisons à son choix. Elle aurait presque pu y croire : si elle a la patience de monter un projet de la genèse la plus vague à l'exécution, elle n'a jamais su garder longtemps en elle une idée mûre, comme s'il lui fallait immédiatement la cracher au reste du monde, avant de s'en voir dévorée. Mais il y a autre chose, qu'elle ne veut pas nommer. Elle s'en voudrait trop de reconnaître ce qu'elle voudrait prouver.

« Salut. » L'écho s'accompagne d'un hochement de tête, avant de garder le port droit. En connaissance de cause, elle a choisi de le retrouver en terrain conquis uniquement par lui, où elle n'aurait aucun droit ; ne lui reste que l'aplomb feint pour ne pas se laisser dépasser. À ce titre, elle n'esquisse pas le moindre mouvement, en attendant que la porte lui soit plus largement ouverte. Elle pourrait tenir longtemps, ne serait-ce que par l'impression qu'il s'agit là d'un jeu de domination. Du moins, de son côté, c'est certainement ainsi qu'elle s'y prendrait. Sauf qu'Haydar n'a jamais été calculateur, ni ne lui a voulu de mal autrement que dans les inventions de son propre esprit. Selon certains souvenirs, du moins. Impossible de savoir à quel point elle les a falsifiés, consciemment ou non, et à quels échos se fier.
Peut-être, aussi, qu'elle cherche des réponses à ces doutes-là – sauf qu'elle ne peut les obtenir, bien déterminée à rester professionnelle. Qu'importe la mascarade aussi affligeante que salvatrice de la veille, Ilsa ne pourra persister à le traiter comme un étranger ; mais il doit bien y avoir un terrain d'entente, entre la froideur galvaudée et une familiarité qu'aucun d'entre eux ne serait légitime à perpétuer.

C'est silencieusement qu'elle franchit le pas de la porte, lorsque, finalement, l'invitation lui est cédée – serait-ce à contrecœur ? De là, étrangement, c'est à la silhouette d'Haydar que les yeux se raccrochent, plutôt que d'observer l'espace. Projetant, là encore, ses propres sentiments sur la situation, elle s'imagine qu'il lui laisse voir cette intimité sous une certaine contrainte, et essaie de ne pas en abuser. Autrement – plus égoïstement – elle n'a pas vraiment envie d'observer sa manière de vivre, cet espace qu'il a rempli seul – ou pas, mais sans elle, dans tous les tous cas – alors qu'elle avait longtemps fantasmé d'habiter chaque lieu qu'il investirait. Un autre jour, où elle aurait mieux dormi, et aurait eu plus de temps pour s'y préparer, la curiosité aurait peut-être pu prendre le dessus. Pas cette fois. Si elle n'a jamais cédé à la facilité de lui souhaiter le moindre malheur, constater qu'il s'est reconstruit indépendamment d'elle – là où Ilsa, elle, a parfois l'impression d'en avoir à peine fait de même – ne l'intéresse pas. « Plutôt un verre d'eau, s'il te plaît. » L'observer de dos est simple ; lorsqu'il se retourne, en revanche, elle lutte pour ne pas baisser les yeux. Ilsa est là pour cette raison, pourtant. Pour le voir. Elle aurait voulu se prouver que le malaise de la veille n'était qu'un égarement dû à la surprise. Naïve.

« J'en savais rien, moi non plus. » Reconnaît-elle d'un ton faussement détaché. Sous son regard, elle peine à faire semblant ; si elle était passée maîtresse dans l'art de se dissimuler, de se taire, de maintenir Haydar à l'écart d'elle et de son intériorité, elle n'avait jamais su à proprement parler lui mentir. « Mais t'es très bon pianiste, je peux te faire confiance, là-dessus. » Peut-être un mot de trop, dans l'affirmation. Un réflexe qui, même sans s'habiller ouvertement de suspicion, pourrait être mal pris. Elle enchaîne, rapidement, espérant noyer l'instinctive maladresse. « Et l'idée de retarder la performance ne me plaisait pas. » Elle avance le choix de raison, à nouveau, espérant en convaincre Haydar. Une demie-vérité, à sa façon. Rien de faux, dans ses mots ; mais rien de complet. L'observant, elle songe, un instant, qu'elle-même est surprise que lui n'ait pas fini par se dérober, alors qu'elle lui a dessiné suffisamment de portes de sortie pour s'en extirper. Et qu'Ilsa ne peut s'empêcher de le considérer comme quelqu'un qui prend la première échappatoire possible, quitte à les créer au moment venu. En lieu d'une accusation pure et simple, elle opte pour l'interrogative – réellement préoccupée par les desseins d'Haydar. « Je peux te demander pourquoi t'as accepté ? »


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-- summer slipped us underneath her tongue, our days and nights are perfumed with obsession. I am your sweetheart, psychopatic crush; drink up your movements, still I can't get enough.
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· Mer 3 Avr - 12:26

Sandpaper sigh

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tw : aucun a priori.

Dans cette pièce, Ilsa est comme un fantôme. Elle est cette silhouette dichotomique, porteuse à la fois du présent et du passé, des minutes qui s'écoulent et de celles qui ont déjà trépassé. Ilsa comme un ectoplasme qui vagabonde, dont le regard se fait traitre et trainant, qu'il peine déjà à croiser : c'est un mauvais début, et il le sait. Car sa présence à elle est vorace et entière, elle dévore la pièce à chaque pas qu'elle exerce, crée avec naturel cette tension qu'il exècre. À chaque geste, à chaque mouvement. À chaque éloignement que ses cellules ressentent et rejettent, comme si elles avaient reconnu les siennes à l'instant même où elle était entrée. Mémoire corporelle, dont il ne pouvait que se châtier. Car tout fantôme qu'elle est, Ilsa existe en grand – comme elle l'a toujours fait. Et sa mémoire, elle, s'en faisait sirène ou phare, rappelant à la déraison les souvenirs un jour enterrés. Ainsi, Ilsa ne mourra jamais vraiment dans son esprit, tant qu'elle existera quelque part autour de lui  ; car elle sera toujours fantôme de ses caresses – en plus d'incarner celui de son amour fané. Songer à l'enterrer ne servirait à rien car Ilsa le hante, et il le sait : elle le hante de tout ce qu'elle est, et de tout ce qu'elle n'est pas. Ou plus ; par choix. Elle le hante d'une voix qu'elle module sur le ton des banalités, une neutralité distante pour lui rappeler de ne pas oublier. Il pourrait en crever. Il préfèrera continuer à prétendre, à jurer qu'il n'a rien remarqué, tout laissé derrière lui, ou de côté. Continuera à nier, même à corps éloignés – puisqu'ils restent indubitablement reliés, même par l'air, le néant, le rien. Ça aussi il le sait. Que dans l'urgence de leur alchimie, le froid a remplacé la fièvre.

Maintenant tout est figé, et l'heure est à la trêve.

Les silhouettes se distancent, les silences se distendent ; chaque parole une opportunité saisie pour s'éloigner – rejoindre la petite cuisine pour remplir un verre d'eau. Il se demande si elle a saisi à quel point il était nerveux, si elle a remarqué les failles dans sa voix, dans sa posture. Remarqué que toute cette nonchalance n'était qu'une formidable imposture. Il se demande. S'ils ne se sont pas tendu un piège l'un à l'autre, en s'enfermant ici ; dans le registre du théâtre, il parait qu'on appelle ça une tragédie. Un huis-clos à la fin certaine – mort de l'un, trépas de l'autre. Personne n'en ressortira indemne.
Le verre est offert mais le regard non. Il préfère l'écouter sans la regarder – l'union des deux l'a toujours déconcentré, un peu comme quand c'était à la musique, que son oreille s'offrait. Haydar fermait les yeux lorsque tintaient les croches, pour mieux en appréhender les subtilités ; Ilsa comme une cantate, à n'appréhender qu'à paupières abaissées. Ou peut-être n'était-ce que parce qu'en s'efforçant de lier la vue et l'ouïe, il n'était pas certain de pouvoir encore garder la face – sa sale gueule de parfait étranger. Parce que c'était à ça qu'ils jouaient, pas vrai ? À celles et ceux qui n'avaient rien partagé, rien vécu. Rien perdu et rien aimé. À cœurs inanimés –  unanimes, sur le sujet. Ils jouaient, même si Haydar savait bien que dans toutes les parties, Ilsa finirait toujours par gagner. Parce qu'il lui suffisait d'un rien pour se raccrocher, à ses mots, aux syllabes qu'elle déroulait ; même aux semblants de compliments formulés. De l'extase qu'il avait un jour ressentie à être flatté par l'être admiré, il n'avait rien perdu. Pire, c'était lui qui l'était toujours – même après tant d'années. Et sans doute aurait-il été capable d'y trouver une forme de gratitude imbécile, si l'accolade n'avait pas été ternie l'instant d'après par la formulation d'un manque de confiance à son sujet. Pas de ses talents de pianiste, non : seulement de celui qu'il était.

Touché, coulé.

Haydar encaisse le coup sans broncher, s'appuie à la petite table pour la considérer. Il hoche même la tête vaguement – comme une façon de prétendre qu'il n'a pas saisi ce qui était gravé entre les lignes, ou qu'il n'y a pas prêté d'intérêt. Car le jeu doit continuer. Question de fierté.
L'explication est acceptée sans discuter – assez crédible pour n'entrainer aucun débat supplémentaire ; mais comme il s'y attendait un peu, voilà qu'elle lui retourne la question tout juste posée. Bêtement, il n'avait simplement pas pensé à y préparer une réponse, alors il marque une poignée de secondes de pause, l'œil détaillant machinalement les traits face à lui.

Parce que même si j’ai pas vu ton travail depuis longtemps, je sais que t’as des choses vraies à dire, et que tu les dis bien, Finit-il par déclamer, le ton emprunt d'une évidence morcelée. « La plupart du temps, je joue pour des gens qui ne m’écoutent pas, et qui paient pour avoir le privilège de le faire. Les projets intéressants sont rares, dans mon milieu.

Il n'y avait rien de faux, dans ce qu'il disait. Tout était vrai. Mais ce n'était pas tout, et il le savait parfaitement ; sauf que ce qui restait dans l'ombre aurait été inavouable – même pour lui. Et puis s'ils n'avaient plus que le statut d'étrangers, pourquoi auraient-ils été en dette d'une quelconque honnêteté ? De leurs vérités abandonnées, il ne restait que des miettes, à peine des noms. Des bribes d’eux, des poussières perdues au creux de tout ce que le temps avait détruit, délaissé.
Et dans ce monde mensonger, il était pour elle celui qui était parti sans rien garder, pas un regret, pas la moindre bribe du passé. Dans ce monde, elle n’était que le fantôme d’un amour abandonné ; la cruauté des apparences raclait le fond des esprits en proie au déni, trouvait dans le mutisme la justification  à une tendresse déjà morte depuis longtemps.

Comme s'il n'avait pas voulu faire durer plus longtemps cet instant de flottement consacré à leurs états d'esprit respectifs, Haydar s'est alors dirigé vers le piano, dont il a tiré le tabouret pour s'y asseoir. Et depuis l'encadrement de la cuisine, à quelques pas de là, voilà qu'une silhouette duveteuse ne se faufile lentement, rejoignant la pièce où ils se tenaient. Duke était un chat mélomane – ou du moins, c'était ce que le pianiste aimait se raconter ; toujours est-il qu'il reconnaissait le bruit du tabouret raclé sur le parquet, et qu'il faisait toujours en sorte de se tenir quelque part dans la salle, lorsqu'il jouait. Lorsque le matou est venu se frotter à ses chevilles, Haydar s'est machinalement saisi de l'animal pour le percher sur ses genoux, et en gratter le dos d'un mouvement de doigts léger.

Hello, Duke, Souffle t-il un peu plus bas, à l'intention de la bestiole.

Symboliquement, ce chat, c'était le signe indubitable de sa sédentarisation. L'accueillir chez lui, à l'époque, ça voulait dire accepter qu'il ne prendrait plus l'avion de sitôt pour s'installer à l'autre bout du monde. Et pour Haydar, c'était quelque chose ; la décision informelle de trouver sa liberté autrement qu'en sautant aux quatre coins du globe à tout bout de champ.
Relevant le nez vers Ilsa, il lui a alors jeté un coup d'œil rapide – tendis que Duke s'échappait déjà agilement de l'étreinte ainsi offerte, sautant sur le parquet.

Comment tu veux procéder ? Fait-il alors, désignant le piano face auquel il était installé d'un mouvement de menton léger. « J’aimerais bien entendre ton texte une première fois, avant de proposer quelque chose. Pour me mettre dedans, capter l’idée générale.

D'un geste machinal, il a alors relevé le clapet en bois au dessus du clavier de l'instrument, et frappé  trois-quatre notes solitaires du bout des phalanges.
Sa main tremblait : c'était un bruissement discret, suffisamment imperceptible pour qu'il soit le seul à le remarquer, mais il tremblait. Ça lui arrivait parfois, avant les grands concerts, les enregistrements importants. Tout ce qui avait encore du sens, tous les lieux où la musique arrivait encore à s'incarner comme essence.

Alors il a replié les doigts, et espéré qu'elle n'avait rien vu, Ilsa.

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Ilsa Decker
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statut civil : célibataire, convaincue du bien-fondé de sa solitude ; lassée de laisser chaque nouvelle relation la faner, d'observer les objets de ses désirs s'éprendre d'elle et s'en éreinter.

occupation : artiste plasticienne – pour simplifier une œuvre plus éclectique. les performances comme premier amour, du scandale pour l'implanter dans l'impitoyable marché de l'art : elle s'est assagie, depuis, mais sa côte reste au sommet. chaque création se revendique d'un discours féministe engagé, d'une dénonciation. mine d'inspiration malheureusement sans fond.

adresse : un loft vaste et lumineux au 108 sb&we, parfois trop grand, parfois trop étouffant.
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trigger : hard no : inceste, pédophilie, viol. // selon comment c'est abordé : agression sexuelle, violences conjugales, grooming & relations avec gros écart d'âge. // on peut plus en discuter par mp.
warning : suicide, deuil, harcèlement scolaire, divorce
infos rp : présence : quotidienne, réponses toutes les 2-3 semaines selon l'inspi.
style rp : j'écris en elle ; entre 400 et 1500 mots, selon le rp, l'inspi, etc.
dialogues : en crimson, français ou anglais.

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· Sam 13 Avr - 1:06

sandpaper sigh

@Haydar Emre

À l'entente de sa réponse, Ilsa réalise qu'il n'y a rien de plus qu'elle aurait pu attendre – ou alors, qu'elle n'aurait rien toléré de moins. C'est encore l'artiste qui prend le pas sur la personne : la créatrice exigeant l'adoubement, tout en se reposant uniquement sur une foi aveugle – n'ayant encore rien donné à voir, pour justifier son ambition, que quelques paroles pouvant tout aussi bien habiller du néant – pour y prétendre. Cette seconde nature prend le pas sur son aînée. Celle qui, peut-être, aurait espéré l'aveu qu'elle-même s'est refusée à souffler : une curiosité non pas quant à son travail, mais elle. Eux. Tout ce qu'ils avaient été ; tout ce qu'Haydar avait abandonné.
Des regrets.
Un manque.
Mais, à choisir, tordue ou simplement trop blessée, elle préfère le strict professionnalisme de cet intérêt. L'idée d'une connivence sans doute longuement fantasmée, mais jamais trouvée, en lieu d'excuses et de pardon. D'ailleurs, Ilsa n'aurait pas su comment agir, s'il avait révélé le fond de sa pensée. Qu'importe : si l'on pouvait encore en douter, les barrières se tiennent bel et bien là, vaillamment érigées. Probablement pour le mieux.

Le remerciement est silencieux, simplement acquiescé, un relent d'humilité qui doit fidèlement livrer combien, malgré elle, elle est impressionnée par la situation. Une volonté, aussi, de ne pas lui imposer d'interruption. Ilsa aurait témoigné le même respect à n'importe quel collaborateur, peut s'en assurer par expérience ; mais, des autres, à moins qu'ils ne soient orateurs purement fascinants, rarement a-t-elle bu les paroles avec cette attention. Haydar avait été, en tout premier lieu, l'objet d'une étonnante curiosité intellectuelle. L'occasion de dessiner les ponts entre passé et présent est trop belle. De se demander qui il est, maintenant, et si le magnétisme est le même qu'avant. Si la rage n'était pas prédominante à la seule pensée dédiée au fuyard, Ilsa aurait été la première à reconnaître le privilège que le destin leur a offert. Redécouvrir intégralement quelqu'un que l'on avait, un jour, cru connaître par cœur ; discerner les métamorphoses du temps des latitudes jamais explorées. Et, peut-être, se souvenir de ce que l'on avait pu aimer, avant que les sentiments ne se meurent.
Encore aurait-il fallu que ceux d'Ilsa soient mis à trépas. Elle n'avait pas eu cette chance ; ils s'étaient seulement laissés ronger par un élan d'amertume lancinant.
Une métamorphose du temps.

Et, sur cette suite qu'elle écoute avec une quasi-vénération, sans doute Haydar aurait-il pu l'émouvoir : quant à la solitude de son art. Des mille exils qu'elle n'a pas manqué de lui souhaiter, elle n'a pu rassembler assez de cruauté pour le condamner à celui-là. En terme de musique, elle avait vu Haydar animé par la volonté de partager ; se rappelant même de sa beauté, à scruter de derrière son piano les regards à lui arrimés, les tympans grand ouverts pour accueillir ses mélodies. Ses mots, maintenant, laissent entendre qu'à cet égard, il s'est finalement départi de sa naïveté. Que, bien qu'il y ait encore des mélomanes comme lui considérant la musique comme une expérience à part entière, de celles que l'on se doit de vivre de tout son être, beaucoup ne l'invitent qu'en simple et vulgaire bruit de fond. « J'ai l'impression que la moitié de ce que je fais consiste à forcer les gens à écouter. » Remarque-t-elle simplement, en guise de compréhension. Ce devait être la différence majeure entre eux : lui voulait partager en douceur – au péril de n'être jamais entendu – tandis qu'Ilsa ne jurait que par les cris et le scandale, persuadée que rien d'autre ne fonctionnait. Jamais comprise, mais plus ignorée – peut-être est-ce cher payé.

Les politesses touchant à leur fin, elle l'observe prendre place derrière son tableau. Ilsa, de son côté, n'est pas bien sûre d'où se placer ; encore moins de comment procéder. Idéalement, elle aurait profité de la pause offerte par le mouvement pour bâtir tout un plan dans sa tête. Une manière de garder l'ascendant – enfin, de le prendre, dans ce cas-là. À la place, elle se laisse distraire par la silhouette d'un chat, se faufilant manifestement en direction de son maître. Un bref répit, pour la situation présente. Et, au contraire, un étau encore resserré autour de son cœur. Aucun souvenir précis ne revient, mais elle perçoit les contours flous de discussions autour d'un chat à adopter ; l'idée était plus d'une fois venue à Ilsa, toujours assortie de disputes bon enfant, lorsqu'Haydar et elle pouvaient encore se permettre que celles-là soient sans gravité. Lui n'avait jamais cédé, et sans doute était-ce pour le mieux. N'empêche que le spectacle rouvre une vieille meurtrissure. Un manque de confiance vis-a-vis d'elle, ou la crainte d'un départ, sinon prémédité, au moins tout du long envisagée, qu'elle n'avait jamais osée conscientiser jusqu'à ce qu'Haydar ne la quitte. Un énième signe avant-coureur, comme tous ceux qui auraient dû lui mettre la puce à l'oreille, si elle était sortie de son propre esprit assez longtemps pour les relever. Finalement, tout leur destin avait dû être écrit sur les murs, sur les traits d'Haydar, et dans leurs silences. Comment avait-elle pu s'en étonner ?

« Oui, parfait. » Pour une fois, elle est reconnaissante de le voir prompt à prendre les décisions – bien que la conscience qu'elle ne se trouve aussi incertaine qu'en face de lui n'a rien de confortable. Mais ils marchent, enfin, vers son territoire : forte de cette perspective, Ilsa reprend en assurance et, après avoir enfin trempé les lèvres dans l'eau qu'elle n'avait jusque-là pas touché, finit par lancer sa voix. Sans être hésitante, la récitation démarre de manière peu inspirée, presque scolaire ; le contexte présent d'abord indissociable de la représentation, et d'ailleurs peu propice à cette dernière.
Et puis, Ilsa oublie : elle retombe dans ce palais mental d'où les visages sont assez flous pour lui sembler inexpressifs, dans ce paradoxe où, à la culmination de sa connexion avec le public, ce dernier s'estompe. Là, il n'y a plus d'Haydar – du moins, il pourrait y être que cela ne changerait pas grand-chose. Ce doit être le seul espace-temps où il serait aussi anonymisé que les autres, où son piédestal rouillé et branlant disparaîtrait.
Le flot de paroles s'emballe, la gestuelle déjà savamment étudiée suit. En excluant le faux départ, sans doute Ilsa n'aurait-elle pas fait mieux s'il s'était agi là de la performance officielle. Elle en a presque le tournis lorsqu'elle reconnaît ses derniers mots, pas loin d'être surprise – déçue – de s'arrêter. La question s'était souvent posée : où se taire, au bout de combien d'histoires. Dans une problématique de respect, de projeter la lumière sur des vécus dignes d'être racontés, sans les industrialiser. Ilsa a senti le risque d'en faire trop, de verser vers le voyeurisme, ce que ses premières performances avaient exigé. Elle n'en avait encore jamais eu conscience, mais jusque-là, la pudeur n'avait existé que dans sa vie personnelle. L'intégrer dans son art, et trouver un équilibre entre détails et discrétion, s'était peut-être révélé  le plus gros défi de ce projet.
Elle s'arrête, donc. Il y a tout un plan de sortie prévu pour la vraie performance. Un silence théâtral, un jeu de lumières ne montrant plus que les restes tangibles de l'acte – les fameux fils – et des mâchoires d'ombres pour engloutir la conteuse d'un soir : une fuite péremptoire, pour rappeler que ce n'est pas elle, le cœur battant de ces histoires. Mais il n'y a rien de tout cela, dans la pâleur de ce salon ; à son grand regret, ce n'est pas encore le moment de s'effacer. Le premier regard est pour Haydar, dernier témoin qu'elle aurait imaginé avoir.
« Alors ? »


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· Lun 15 Avr - 11:41

Sandpaper sigh

Edging closer, you swing my way
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tw : aucun a priori.

Il avait coutume de se dire que la première chose qu'il avait connu d'elle, c'était sa voix. Parce que ce soir-là, perchés sur ce balcon trop étroit, il n'y avait qu'une poignée de lueurs citadines pour éclairer leurs visages ; dans la pénombre, on n'en distinguait alors que peu de choses, si ce n'est le cisaillement clair-obscur de traits à peine devinés. La seule chose à laquelle son attention pouvait se raccrocher était cette intonation médium, ce grain de voix particulier qui s'enroulait autour de chaque mot prononcé. À défaut d'avoir le privilège d'observer ses traits – il en aurait tout le temps, par la suite – Haydar s'était laissé bercer par les accents et les inflexions ; un charme auquel seuls les mélomanes dans son genre pouvaient s'avérer aussi sensibles, sans doute. Une inclinaison presqu'idiote – car pouvait-on vraiment juger d'un être par le seul faisceau des mélodies du corps ? Il se plaisait à le croire.
Et là encore, la fascination opérait ; car Ilsa n'avait rien perdu de ses talents de conteuse, de cette manière si particulière qu'elle avait de se faire tricoteuse de mots, tisseuse de récits. Il l'aurait volontiers confessé, aux époques de leur relation : sans doute aurait-elle pu énoncer n'importe quelle banalité qu'il se serait trouvé pendu à ses lèvres et béat, assailli par l'importance de ne jamais l'interrompre. Peu importe si les histoires ainsi contées n'étaient pas les siennes, puisqu'elle trouvait toujours le moyen de les ramener à elle, dans l'immensité de son espace intérieur ; d'y trouver quelque chose d'à la fois fondamentalement intime et universel, comme si elle avait parlé à chaque femme qui avait pu fouler le monde, depuis la nuit des temps. Ilsa se faisait oracle, à mots chuchotés, mordus, claqués. Ilsa se faisait porteuse de toutes les voix qui avaient un jour cherché à prendre de l'importance, sans toujours y parvenir ; elle les faisait grimper dans sa gorge, multiples et millénaires, puis les recrachait avec tendresse, tragédie. Simplicité. Elle s'effaçait derrière elles, tout en existant fondamentalement, en devenant le point d'ancrage seul de l'espace sonore ; foutu talent.

Il avait dû se trouver un peu muet, pris dans le flot de paroles et détaché du temps ; avait-elle parlé cinq secondes, cinq minutes, cinq heures ? Sans doute aurait-il été bien incapable de le dire avec certitude ; parce qu'il lui avait fallu laisser son regard se fixer sur autre chose que son visage, se perdre dans les reflets noirs du revêtement du piano. L'observer elle, à l'instant, aurait été déplacé. Il en était convaincu. Une performance si intime n'aurait supporté aucun regard dans le cadre exigu d'une répétition – tant qu'il n'y avait encore nulle scénographie, nul espace dédié pour les mettre à distance. Là était le rôle fondamental de la scène : porter l'artiste au delà de l'indiscrétion des prunelles, le déplacer dans un monde autre pour l'en protéger. À cette distance, les yeux se seraient faits brûlure ; et Haydar ne voulait pas tout gâcher.

Le silence s'est finalement échoué entre eux – comme partie prenante, presqu'essentielle au discours libéré. Il aurait volontiers reconnu l'importance de ces instants-là, puisqu'à les chérissait au moment où du clavier, ses doigts prenaient congé. Sorte d'alunissage en douceur, encore en proie à l'apesanteur ; il fallait se laisser le temps de revenir, de cligner des yeux. Conjurer le vertige léger que le voyage avait provoqué.
Ilsa est alors la première à parler, et il est presqu'étonné qu'elle se fasse interrogatrice, au sujet des instants passés. Il pourrait lui répondre avec franchise, lui dire à quel point il avait aimé l'entendre de nouveau, à quel point cette voix lui avait manqué ; il pourrait essayer de trouver des mots juste pour décrire la béance qui s'était creusée dans son ventre, quelque part au milieu de ses côtes. La délicatesse avec laquelle il acceptait cette meurtrissure, puisqu'elle n'était qu'art : mais il avait la sensation nette que chaque mot qu'il pourrait inventer n'en serait que trop bête, bien trop insuffisant pour en exprimer la moindre vérité. Alors par pudeur, Haydar se tait. Par simple respect des contes qui l'avaient précédé.
N'en restaient alors que les questions pratiques, ce que formellement, la performance en question pouvait lui inspirer ; parce que c'était bien la raison-mère pour laquelle elle avait toléré de le voir aujourd'hui. Certainement pas pour entendre la moindre flatterie. La mine pensive, il a alors laissé ses doigts pianoter légèrement sur le plateau noir de l'instrument devant lui, l'œil encore absorbé par les reflets francs de celui-ci. Car toute émotion mise de côté, il lui fallait désormais réfléchir en musicien, et non en spectateur ; l'exercice était tout à fait différent.

Je pense qu’il faudrait que tu commences seule, Finit-il par proposer, au terme d'une longue poignée de secondes. « La musique, la voix, les mots… C’est la même chose. Des fréquences qui bougent et oscillent, qui s’interrompent et qui reprennent. » Et s'il n'avait pas encore relevé les yeux vers elle, il a suivi du regard le chemin de son index qui, sur la surface brillante, s'appliquait machinalement à en tracer une ligne aux inflexions régulières. « Je les vois comme des fils auxquels les gens s’accrochent sans le savoir, comme ces lignes de pêche en nylon ; on ne les distingue presque pas, mais elles peuvent soulever une masse immense. Les mots aussi. » La phalange s'immobilise, et enfin, le nez se redresse pour laisser le regard se redresser vers son visage. « Le premier fil, le fil de cœur, ce doit être toi – pour que ce soit toi, qu’ils suivent à la trace. Tu vois ce que je veux dire ?

Il en savait quelque chose : son fil de cœur, à Ilsa, il n’avait jamais été capable de le couper ; il s’en était ligoté, étranglé, l’avait poursuit avec tant d’assiduité qu’il n’avait jamais eu l’honnêteté de reconnaitre qu’il ne mènerait plus nulle part. Il n’y avait plus qu’une boucle, tristement fermée, dont la fin grignoterait le début pour l’éternité ; un chemin lancinant qu’il n’avait jamais cessé de recommencer, encore et encore, à l’image d’un automate défaillant. Et il connaissait la capacité d’Ilsa à agripper les esprits, pour que ceux-ci ne s’en retrouvent que captivés ; la représentation précédente l'avait encore prouvée. Si elle parvenait à exercer ce même mécanisme d'attraction, soutenue par sa mélodie à lui, alors la performance ferait mouche, et ses mots crèveraient les oreilles du monde. Il en était persuadé.
Les prunelles s'attardent encore une seconde sur les traits qu'elle lui offre, pas tout à fait certain qu'elle ne saisisse exactement là où il voulait en venir ; car au fil des années, Haydar s'était créé tout un univers métaphorique et visuel, pour appréhender la musique. Il en faisait une entité tactile et mouvante, dont il parlait avec autant de passion que d'excentricité – avec le risque de se montrer trop énigmatique.
Rabattant son attention sur le clavier devant lui, il y a glissé la main droite – les doigts mimant déjà quelques notes machinalement, sans pour autant enfoncer les touches.

Je pourrais trouver quelque chose comme… Attends, Marmotte t-il du bout des lèvres, la concentration soudain prise dans les notes qui se dessinaient dans le silence, aux seules oreilles privilégiées qu'il était en mesure de déployer.

Les touches s'enfoncent avec délicatesse, tissant quelques nappes qui s'enchainent et se contredisent, se corrigent – des quintes qui se muent en sixtes, des joies lavées de peines. Tendresse harmonique dont seules ses phalanges semblaient connaître le secret, lorsqu'elles se faisaient entités. Il a soudainement l'air pleinement absorbé, seulement conscient du mouvement des touches blanches et noires – l'œil absent ; peut-être parce que lui aussi se substituait parfois à ce monde, lorsque résonnaient les mélodies d'un autre. Il lui fallait alors voir la musique, davantage encore que l'entendre. À moins que les deux n'en soient mêlés.

Qu'est-ce que tu en penses ? Demande t-il machinalement, sans relever les yeux, ni même stopper le mouvement de sa main droite sur le clavier.

C’était un exercice difficile, auquel il s’était habitué : improviser. Construire de la musique comme on construit une ville invisible, de connivence avec celles et ceux qui s’en faisaient tout autant ouvriers que lui, à ses côtés. Car seuls les arrogants avaient l’orgueil de bâtir seuls – il valait mieux se trouver entouré d’autres âmes éprises. Et dans ces folles entreprises, on trouvait l’importance des initiatives pour ne pas sombrer dans la soupe caractéristique des mélodies mille fois entendues, celle de la liberté laissée aux doigts, aux pieds qui tapent, aux esprits qui s’envolent ; ne jamais brider celle-ci, tout en surveillant l’égo maladif, propice à s’emballer. Construire en écoutant, en étant attentif à chaque son que produisait l’autre pour essayer d’en comprendre conjointement l’intention : où veux-tu aller ? Où est-ce que tu cherches à nous emmener ? Le suivre, ou ne pas le faire. Construire la même église, ou une autre, juste à côté – peu importe, s’ils faisaient en sorte de voir celles-ci s’accorder. 
Et si parfois, les doigts dérapaient et que les mélodies se faisaient disharmonieuses par mégarde, si les bâtiments s’écroulaient avec la fragilité de châteaux de cartes, ce n’était pas un échec. Ils reconstruiraient à côté, ils le savaient : étendraient les villes invisibles de leur musique à l’infini – tant que le dernier son de trompette ne s’était pas envolé. 
C’était précisément ce qui l’avait tant séduit, dans la pratique du jazz ; la musique classique était trop solitaire, et lui sans doute trop humble pour aspirer à bâtir des cathédrales à la seule force de ses doigts. Il avait aimé jouer avec d’autres, puisque seule la pratique collective de cet art le stimulait vraiment. S’écouter soi-même avait du bon, comme l’ont toutes les formes d’introspection ; mais la joie, elle, se trouvait dans la découverte de ce que l’autre avait à proposer, à imaginer. La joie résidait dans cette seconde infime où le mélomane arrivait à découvrir et à créer conjointement, s’émerveillant du goût exquis de l’inspiration à l’état brut. Pendant ces instants-là, Haydar aurait pu éclater de rire, fondre en larmes : car il ne connaissait rien de plus beau.

Et puis, finalement, la main se suspend ; alunissage avec succès, l'œil retrouve le monde auquel il appartient. Puis son visage à elle – architecte de toutes les cités d'un tragique demain.

Tu veux bien réciter tes premières phrases ? J’aimerais entendre ce que ça donne, si je commence à jouer sur la quatrième.


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· Hier à 20:56

sandpaper sigh

@Haydar Emre

Après ses mots, le silence. Palpable, inconfortable. Ilsa avait pourtant longtemps bataillé pour finalement se faire apôtre de la patience, ou du moins, maîtresse dans l'art de ronger son frein. Consciente que, si sa discipline n'est pas de celles que l'on peut précipiter, au risque de la voir bâclée et vidée de sa substance, les critiques aussi nécessitent leur espace pour éclore, qu'importe l'appréhension qu'elles suscitent. Ilsa n'aurait pas voulu d'un cri du cœur instinctif, qui, malgré son mérite de figer la fugacité d'une précieuse première impression, pêche dans son incapacité à offrir la moindre réflexion. À la manière d'un parfum, elle aime mieux considérer ses projets comme un feuilletage de différentes strates, dont le réflexe d'une initiale émotion n'est que la note de tête ; idéalement, il aurait fallu que les avis ne tombent que des heures après, une fois l'esprit et le cœur viscéralement imprégnés, et le fond de l'œuvre commençant tout juste à s'imprimer. Il doit y avoir une ombre d'orgueil à imaginer ses créations hantant leur public au-delà de quelques minutes – est-on seulement artiste sans cette vocation à s'inscrire dans l'éternité ? –, orgueil dont elle est loin d'être dénuée : c'est ce vers quoi elle tend, mais pas seulement à la faveur de sa propre postérité. Les messages demeurent l'essentiel, et elle ne doit qu'en être un vaisseau, bien qu'il lui soit parfois compliqué de s'effacer.

Cette récitation va à l'inverse de tout ce que sa performance devrait être : alors qu'elle attend avec une certaine nervosité la réaction, tardive, d'Haydar, elle se surprend à vouloir avoir été plus qu'une fenêtre vers d'autres. Au travers des discours patiemment contés, elle aimerait qu'il l'ait vue, elle. Qu'elle ne se soit pas perdue dans les méandres de ces histoires plurielles. L'orgueil de l'artiste, que d'aucuns auraient déjà pris plaisir à prétendre démesuré, ne se suffit plus à lui-même : il a fallu que celui de la femme, celui d'Ilsa s'y entremêle. Qu'elle trahisse, même si ce n'est qu'au moyen d'une fugitive pensée, la pureté de son dessein.

Soudainement persuadée que seule la compromission de son oeuvre se cache au terme de leur échange, Ilsa entrouvre la bouche, prête à s'appuyer sur une pirouette verbale pour s'escamoter ; celle-ci reste bée, pourtant, car c'est aussi le moment choisi par Haydar pour finalement s'exprimer. Le regard rivé à son instrument, de sorte que l'hésitation – la tentative tout juste esquissée d'évasion – reste sagement logée dans son angle mort. Ses mots dissipent l'instinct de fuite, ralentissant les synapses entraînées dans leur sillage sirupeux. Cette dichotomie opposant fatalement la personne et l'artiste qu'Ilsa ne cesse de s'appliquer ne peut plus épargner Haydar. Elle a beau détester l'homme de toutes ses forces, comment faire autrement que d'admirer le pianiste ? Celui-là, à l'instant, n'est que remarques calmes et sensées, un apaisement contrôlé qu'elle se méprise d'apprécier ; et les rouages de l'esprit qu'elle devine tournant derrière les paroles la fascinent, comme si sa voix ouvrait une lucarne sur les mélodies en train simultanément de s'écrire. Ilsa n'aurait pu s'empêcher d'interroger cette créativité aux antipodes de la sienne – froide et mûrement réfléchie, nécessitant des heures pour la seule élaboration d'un message et le triple de temps pour en imaginer le support –, cet esprit ancré dans le présent, improvisant à l'envi. Elle doit s'en faire un peu jalouse, elle qui peine à maîtriser l'instantanéité de quelques mots et tout autre langage basé sur l'instinct ; elle doit s'en faire un peu nostalgique, comme à chaque fois qu'il lui avait parlé de musique, se rappelant des premières incursions dans son monde – lorsqu'elle se complaisait encore à n'en être que simple spectatrice, et non pas conquérante. Lorsqu'il paraissait plus intrigué que frustré des mystères dont elle tenait à s'auréoler. Peut-être que leur lien n'avait jamais été aussi pur qu'à ces premières entrevues, à tourner autour du fruit défendu sans s'aventurer à y croquer.

Elle ravale un soupir remonté dans sa gorge, réaction à ses propres pensées et non aux propositions d'Haydar ; à celles-ci, Ilsa se contente d'acquiescer, sans être sûre de ce qui dicte sa conduite. Elle espère seulement avoir encore assez de jugeote pour reconnaître une mauvaise idée, s'il s'égarait à en évoquer une ; en réalité, troublée qu'elle est de l'entendre habiter l'espace si subitement et avec tant de naturel, comme s'il avait passé autant de temps à méditer ses suggestions qu'il n'en avait fallu à Ilsa pour mettre son projet entier sur pieds, elle n'est pas loin de glisser vers un accord hasardeux. Les notes se substituant à son silence et à la voix d'Haydar brisent l'enchantement – ou le prolongent, d'une certaine manière ; toujours est-il que, contrairement aux propos du musicien, ses mélodies n'ont pas le pouvoir de l'embobiner. Elles sont trop concrètes, trop faciles à superposer à sa propre vision. « C'est joli. » Elle hausse légèrement la voix pour se faire entendre au-dessus du piano, tout en veillant à ne pas rompre par un passage à l'aigu l'harmonie instaurée – par les touches frappées, et surtout entre eux : car, déjà, les voilà qui veillent à s'adapter aux vibrations de l'autre, à s'écouter. L'effort n'en est même pas un, et pourtant, Ilsa ne se rappelle pas de la dernière fois qu'ils l'avaient fait. Ses souvenirs sont ceux de tons haussés ou de silences butés, sans entre-deux pour s'accorder. « C'est nuancé, ce que tu joues, c'est ça qui me plaît. J'aimerais qu'on tende vers ça tout le long, vers des zones d'ombres, tout au plus des suggestions. Je ne veux pas qu'on tombe dans le piège d'une tragédie outrancière, que ce soit dans mes mots ou dans ce que tu vas jouer. Je ne veux pas qu'on ait à dire au public ce qu'il doit ressentir : je ne serai pas là-bas pour prendre qui que ce soit par la main. »

À sa demande, elle s'exécute, mettant de côté la hantise de fragmenter son discours pour s'adonner à l'étrange plaisir d'entendre les notes habiller sa voix, calquées comme une ombre. Ce n'est pas quelque chose qu'elle ressent, d'ordinaire, encore moins qu'elle recherche ; l'adrénaline et un certain contentement face au travail bien fait sont les seules récompenses, qu'aucune joie déplacée ne vient ébranler. Comme si un certain degré de souffrance était une condition intrinsèque à sa légitimité. C'est cela qu'elle devrait ressentir, Ilsa. Encore plus dans ce contexte – face à la personne qui l'a le plus blessée. De la douleur, et pas ce vague plaisir détraqué.

« À la fin aussi, il faudrait que je sois seule à parler. » S'est-elle exclamée à brûle-pourpoint, dès que les sonorités du piano se sont estompées ; brisant cette drôle de transe dès qu'elle en a entrevu l'opportunité. « Que la musique aille decrescendo juste avant les dernières phrases, discrètement. Je veux qu'il y ait comme un vide, quelque chose qui désarçonnera les spectateurs : d'un coup, il manque quelque chose, mais ce sera si délicat qu'ils ne sauront pas quoi. J'ai envie de les mettre mal à l'aise. Tu penses qu'on pourrait faire ça ? » Son propre enthousiasme détonne dans ses oreilles ; une voix prudente chuchote de ne pas autant s'emporter. Tout miser de manière si téméraire ne lui ressemble pas, mais la spontanéité est vivifiante ; et n'a-t-elle pas toujours clamé être prête à tout abandonner pour son art ? Car elle semble être sur cette brèche-là : ignorant les nombreuses sirènes d'alarme, et son propre instinct de survie, pour une connivence qui pourrait être la pièce manquante de sa performance.
Ou sa démise.

« Ca fait peut-être beaucoup d'idées et de suppositions d'un coup. Je pense qu'il faudra qu'on continue d'y travailler chacun de notre côté, enfin, que tu aies quelque chose de définitif à me faire écouter et que je fasse des tests pour voir si ça colle bien. Là, comme ça, ça manque un peu de concret. » Elle ne ressent plus la même panique qu'à la galerie – et qu'une vingtaine de minutes plus tôt –, ni le besoin impérieux d'écourter la conversation et de fuir ; mais sa conscience lui dicte de s'octroyer l'échappatoire, afin de ressasser calmement tout ce qui s'est passé, avant de faire des promesses insensées.
Ilsa sent qu'elle a un peu trop donné ; qu'il est plus que temps de se recroqueviller.
Elle n'a pourtant pas esquissé de départ, ni ne l'a clairement formalisé ; d'un geste en direction du piano, elle enjoint même l'échange à perdurer. « Il t'a à peine fallu quelques minutes, après m'avoir écoutée, pour jouer quelque chose. Comment tu fais ? » Question ouverte, naïve, peut-être : la symbiose d'Haydar avec son instrument lui a souvent donné l'impression de tenir de l'inné, et donc d'être inexplicable. Ilsa s'accroche tout de même à l'espoir d'une réponse : et à celui, par ce biais, de pouvoir enfin démystifier l'être trop longtemps adulé.


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Haydar Emre
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âge : vingt-neuf ans.
statut civil : célibataire — oiseau volage aux tendresses de passage, haydar s’entiche et se lasse, aime pour un temps seulement, vibre au gré des cœurs avec passion. Romantisme péremptoire dont il fait son habitude au cours du temps, écorchant à la volée quelques palpitants – et parfois même le sien en passant.
occupation : pianiste — la musique comme amante véritable, celle qui avait accroché son palpitant dès les premiers battements. Une fidélité presque morbide à laquelle il se voue et pour laquelle il vit, la musique qui l’avait un jour enchainé sans préavis.
adresse : fortitude valley — appartement sous les toits, partagé avec son piano, et Duke, son chat.
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Sandpaper sigh

Edging closer, you swing my way
Girl I've got no chance
And nothing to say



tw : aucun a priori.

Il y a quelque chose d'impalpable, d'un peu inexplicable dans le tissage de voix et de mélodies qu'ils créent ; dans la conjugaison progressive de leurs poésies distinctes, des sensibilités meurtrières dont ils s'étaient jusqu'à présent écorchés chacun dans leur coin. Aussi étrange que cela puisse paraitre lorsqu'on savait que l'un et l'autre aient pu être dotés d'une âme artiste, ils ne s'étaient jamais aventurés, du temps de leur relation, à laisser celles-ci se rencontrer. Sans doute que l'intimité de cœur et d'esprit déjà partagée leur suffisait amplement, ou qu'ils n'aient pas encore été assez aguerris à l'exercice que constituait la création collective pour s'y risquer ; et peut-être cette chose-là avait-elle été leur écueil le plus profond – de toujours laisser l'autre en dehors de cette sphère-là, laquelle prenait chaque jour une importance plus saisissante dans la construction de leurs personnalités. À la manière d'animaux farouches, il eût sans doute fallu laisser ceux-ci s'apprivoiser peu à peu au lieu de les tenir à ferme distance, enfermés dans la cage protectrice de leurs égos. Car si ces bêtes s'étaient mordues, griffées, si elles avaient commencé par se confronter avec incompréhension ou hostilité, nul doute que le résultat aurait été autrement plus concluant que l'abandon sanglant qui les avait achevés.
La difficulté majeure, c'était de se faire réceptacle et témoin de cette complicité d'âme, tout en restant conscient de l'incompatibilité définitive de leurs individualités. En d'autres termes : d'assister, impuissant, à cette symbiose évidente, alors même que l'animosité avait dévoré pour toujours l'affection qui avait un jour subsisté entre eux. Car même s'il s'était agi de quelqu'un d'autre qu'Ilsa, avec lequel il n'aurait jamais partagé la moindre histoire sentimentale, il avait toujours trouvé un rapprochement flagrant entre l'accord que pouvaient connaître les musiciens amenés à jouer ensemble, et celui des corps rapprochés par les étreintes. La musique possédait sa sensualité propre, une entente des créativités qui n'était pas étrangère à celle des chairs lorsque celles-ci s'embrassaient, s'agrippaient, jouissaient de leur dévotion mutuelle. Un éveil de sens soudainement déployés, qui s'émerveillaient de constater qu'une telle union fût possible – et d'en connaître le lyrisme brûlant. Il avait un jour entendu Joplin parler de son expérience scénique, dans le contexte libérateur des sixties ; elle disait que jouer devant une foule, c'était faire l'amour à des centaines de personnes, puis rentrer chez soi. Et il donnait raison à cette étrange comparaison : car les deux avaient toujours été à l’origine du même vertige léger, de cette impression de perdre juste un peu pieds face à ce partage profond, pour enfin, retrouver la réalité avec confusion.

Autant dire qu'il y avait quelque chose de troublant, de sans doute un peu douloureux aussi, dans le fait de partager ce moment privilégié avec elle ; il lui avait alors fallu ignorer cette joie des sens, cet enthousiasme brut nourri par leur entente soudaine. Il lui avait fallu se rappeler que celle-ci n'était que péremptoire, et surtout conditionnelle au contexte professionnel dans lequel ils évoluaient. S'empêcher de confondre.
Non, ce n'était pas Ilsa et lui qui s'accordaient si bien – seulement Fangs et son piano. Bêtement.
Ça lui a serré le cœur, et il s'en est voulu de se trouver encore blessé de l'éloignement qui les frappait, tant d'années après. Surtout lorsqu'il en était le fautif originel, et qu'à cet égard, il aurait au moins dû avoir la prévenance de ne pas s'en sentir nostalgique.  

Mais comment contenir cette fièvre créatrice et sociale, alors même qu'en face, Ilsa semblait se parer du même enthousiasme à l'égard des nappes mélodiques proposées ? Comment étouffer sa ferveur, lorsqu'il voyait s'allumer dans ses prunelles une lueur qu'il pensait éteinte – ou du moins, pour lui ? Qu'il y redécouvrait les tâches nacrées de sa passion, de sa verve, les étincelles qui l'avaient un jour fait tomber amoureux à la déraison ? C'est de justesse, qu'il s'empêche de glisser vers l'emballement – forçant la mesure en freinant des quatre fers sur toutes les idées, les propositions qu'il brûlait de formuler. Il a les doigts qui fourmillent, engourdis par l'urgence de jouer, de proposer ; les phalanges frappent les touches pour modeler des morceaux de mélodies, des fragments de litanies. Des lignes qui s'épuisent et s'amenuisent, descrescedos délicats.

Quelque chose comme ça ?

Le souffle est distrait, l'œil absent car l'oreille déployée : il faut finir sur une sixte, peut-être une quarte, quelque chose d’imparfait. D’incomplet. Les harmonies comme ponctuation, ornant ses mots des points et des virgules que la musique façonne ; car à l'image des phrases, cette dernière réussissait également à conclure ou interroger, à suspendre les instants. Laisser les souffles coupés.
Mais au terme d'une poignée de secondes, la voix d'Ilsa change – quelque chose dans son ton se recroqueville. Il avait déjà été témoin trop de fois de cette modulation discrète, assez pour la reconnaitre et savoir ce qu'elle signifiait : le temps était écoulé. De temps de quoi, il n'avait jamais été en mesure de vraiment le formuler – celui d'un moment de compréhension privilégié, là où quelques brèches s'ouvraient en elle pour en laisser entrevoir qui elle était. Le soleil se couche, les ombres grignotent le paysage du tableau pour n'en laisser qu'une pénombre épaisse.
Haydar est aveugle, de nouveau.
Il accueille ses paroles sans surprise, sans protestation – la contredire aurait été inutile, il le savait déjà. Un seul hochement de tête docile, et un regard qui finit par se substituer au sien. La déception avait toujours été mordante, dans ces moments-là.

D’accord. On fera ça si c’est ce qui est le mieux pour toi.

Et il voit bien que leur entrevue touche à sa fin ; il n'aurait sans doute pas pu, pas dû espérer grand chose de plus. Alors il ne fait que l'accepter, avec cette résignation honteuse dont il ne savait que faire, qu'il se méprisait d'encore ressentir à son sujet. Et si le ton reste miraculeusement neutre, les doigts, eux, se défont des touches du piano avec un détachement feint.
Pourtant, il existe ce moment de flottement léger où il s'attend à la voir s'éloigner, esquisser quelques paroles pour amorcer son départ. Mais Ilsa n'en fait rien. À la place, voilà qu'elle désigne l'instrument d'un geste vague, que le ton reprend une modulation plus interrogatrice, un brin plus ouverte ; et la question l'étonne, si bien qu'il ne peut s'empêcher de la dévisager pendant un instant, avant d'y répondre. Ce n'est pas tant la nature de celle-ci qui l'interloque, ni l'essence curieuse de l'artiste qui lui fait face – car il avait été parfaitement bien placé pour savoir l'attrait infini qui était le sien pour toutes les choses qui l'étonnaient, ou qu'elle ne comprenait pas. Ce qui le laisse perplexe, c'est le fait qu'elle le questionne sur ce qu'il est, persuadé que le sujet aurait désormais constitué un tabou féroce.

Je ne sais pas, Finit-il par reconnaître, le ton vaguement tâtonnant. « C’est… Une gymnastique tu sais ? Les doigts ont une mémoire que les yeux et l’esprit n’ont pas. Ils connaissent des airs que je n’ai jamais imaginés, ils gardent les milliers de notes que j’ai déjà jouées, ou entendues. Même si je ne m’en souviens pas. Tout est là. Improviser c’est libérer tout ça, écouter et ne pas le faire tout en même temps. » Le regard se baisse sur les phalanges, lesquelles longent distraitement la surface des longues touches noires sans s'y appuyer. Haydar a l'air pensif, comme absorbé par la nécessité de mettre des mots sur une fonction vitale et évidente, de trouver une explication à ce qui se mouvait d'instinct. « Ça peut peut-être paraitre un peu magique, mais au fond je crois que c’est rien de plus qu’une fonction primaire du corps et de l’esprit, Ajoute t-il en secouant vaguement le menton, appuyant lentement sur un Ré dièse solitaire. Un truc qu’on a dû faire naturellement il y a très longtemps, et qu’on a fini par oublier.

Les dernières vibrations de la note jouée se dissipent, profondément solitaire. La main retombe sur le genou, et l'œil se redresse un peu, guettant les traits qui le scrutent plus haut. Il n'est pas certain d'avoir apporté la réponse attendue, se demande s'il a été trop bavard, trop abstrait. Hésite à poursuivre, pour finalement autoriser sa voix à s'élever de nouveau. Peut-être parce que fatalement, et en dépit de tout ce qui les avait déchirés, il avait toujours trouvé en son oreille une écoute attentive et intelligente – quelque chose d'assez rare pour prendre le risque de s'exprimer.

Mais faire ça seul, ça n’a pas beaucoup de sens. Enfin je n’en ai jamais trouvé. Ce qu’il y a de beau, de vraiment beau, c’est le simultané qu’il existe entre la découverte de ce que fait l’autre et sa propre création. Lorsque les découvertes se tutoient. C’est ça, qui est important.

Comme ils s'étaient découverts un soir d'août, à l'abri de la pénombre réconfortante d'un balcon perché. Mais ça évidemment, il n'aurait pas pu le formuler. Pas à voix haute, du moins ; car il était de ces souvenirs trop marquants, trop écorchés pour être encore évoqués.
Un silence s'échoue alors entre eux, perchés quelque part entre le Ré dièse depuis longtemps envolé, et la certitude de ce qui ne suivrait pas. Car bientôt, Ilsa passerait cette porte, et tout serait terminé.

Et toi, comment tu fais ? Pour raconter les histoires des autres comme si c’étaient les tiennes ? Comment tu fais pour les ressentir sans te tromper ?

Mais peut-être connaissait-il déjà la réponse au fond : le chagrin, la perte et la violence, elle les avait déjà vécus, combattus, subis et repoussés. Elle les avait déjà ressentis, alors elle ne pouvait pas se tromper.

Il le savait, parce qu'il y avait participé.


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