journée de plus passée à travailler pour les autres. pour ces riches clients fortunés, groupe auquel elle avait appartenu un jour. quand tout allait encore bien dans sa vie. quand elle n'était pas encore obligée de mentir pour survivre. quand elle avait la belle vie. parfois, il lui arrivait de se demander si elle s'était comportée de la même manière avec les employés des différents endroits qu'elle avait eu la chance, un jour, de fréquenter. mais ces personnes au porte-monnaie bien rempli qu'elle voyait défiler alors qu'ils ne semblaient pas la remarquer. ou tout du moins ne prêtaient-ils pas attention à la femme de ménage chargée de nettoyer après eux pour leur offrir un séjour digne du prix qu'ils avaient bien pu payer pour venir loger ici. penny, elle avait parfois l'impression de faire partie des murs. d'être devenue invisible en perdant tout ce qu'elle avait un jour pu posséder. et en-dehors d'eux, il y en avait d'autres pour qui elle trimait à longueur de journée. sa famille. le reste des tremblay, resté encore au canada. elle se saignait pour qu'ils puissent vivre aussi bien que possible, qu'ils manquent d'aussi peu de choses que possible. c'était dur. parfois. elle était morte de fatigue. souvent. mais elle ne voulait pas que les plus jeunes de la fratrie, même majeurs, se retrouvent dans une situation similaire à la sienne. obligés d'abandonner leurs rêves et de changer de vie. elle était tellement loin de souhaiter ça pour eux ... elle se tenait malgré tout fière et droite lorsqu'elle arpentait les couloirs de l'hôtel. on ne la remarquait pas mais elle, elle les voyait. ces maris qui se délestaient bien vite de leur alliance pour une femme sans doute bien trop jeune pour eux. amante. maîtresse. et dire que penny se permettait de les juger alors qu'elle faisait exactement la même chose. jouer sur deux tableaux. retrouver l'officiel tandis que l'officieux attendait dans l'ombre un signe de la belle. et entretenir le mensonge. donner le change. pennylane et sa collègue avaient déjà eu l'occasion de nettoyer de nombreuses chambres. et malgré les mois qui s'étaient écoulés depuis son premier jour, elle était toujours surprise par ce que les gens pouvaient laisser derrière eux. une main négligemment passée dans les cheveux, penny regarda sa collègue, devenue une véritable amie au fil des semaines. un coup d'oeil leur suffisait à se comprendre. le choc. d'abord. et ensuite une négociation visuelle pour savoir qui allait bien pouvoir aller vider le chariot. et c'était pens qui avait perdu. elle avait donc pris ce dont elle avait besoin, était montée dans l'ascenseur de service et elle avait balancé le tout dans la benne. elle s'en souviendrait la prochaine fois. remontant par le même biais, elle entendit la voix de sa collègue l'appeler. elle pressa le pas et remarqua des flacons de shampoing et de gel douche sur le sol. je vais t'appeler miss catastrophe si tu continues. , la charria-t-elle d'une toute petite voix, à peine perceptible avant de se pencher. elle n'allait pas la laisser comme ça. il fallait que l'hôtel garde son image de marque. et puis, on ne savait jamais ... des clients auraient pu tomber et glisser dessus (a). mais bien vite, ses taquineries et ses petites plaisanteries se muèrent en surprise. en choc, même. sam ? c'était bien sa voix, pas vrai ? qu'est-ce qu'il faisait là ? du regard, elle interpella son amie. please please please, ne dis rien ...
elle se dépêcha de défaire son chignon, de retirer l'épingle avec son nom qui venait orner sa chemise de travail et dans une tentative presque désespérée, pennylane retira sa chemise de travail qu'elle balança à sa collègue. petit top blanc dessous. pantalon noir de travail. elle avait fait comme elle pouvait. avec les moyens du bord. pour que sam ne capte rien. la différence était subtile mais suffisante selon elle. sam ?! le choc se lisait clairement sur son visage alors qu'elle tentait de s'échapper. de se cacher derrière le chariot. elle essaya même de passer pour une cliente en prenant l'un des petits shampoings comme si elle avait une folle besoin de s'en servir. oh ça tombe à pic, je n'en avais plus dans ma chambre. je peux vous le prendre ? sa collègue, tout aussi stupéfaite, rentra dans son jeu et accepta. elle était au courant. des grandes lignes tout du moins. et sam ... qu'est-ce que tu fais là ? surprise ? c'était un euphémisme. un doux. mais terrible euphémisme. dans quelle merde venait-elle encore de se mettre ... ?