@Luther Kealoha & @Callie Bergman
C’est toujours un peu difficile de le laisser partir. Les aurevoirs cela n’a jamais été tellement son truc. Pourtant, elle sait qu’elle ne tardera pas à retrouver ses bras, à être avec lui, contre lui… et à savourer à nouveau ses baisers. C’est nouveau pour elle de se sentir aussi bien avec un homme. Simon fait naître des choses qu’elle n’aurait pas soupçonné avant. Cela semble totalement fou, elle peine à se dire que c’est réel, l’attend perpétuellement au pire. La rupture, qu’il la laisse tomber pour une femme de son âge, pour une femme qui pourrait lui offrir tout ce qu’il souhaite. Elle a peur, se braque quand il faut faire des projets. Craint affreusement le regard des autres. C’est sans doute stupide, elle devrait simplement se laisser aller, mais il faut avouer que son divorce a laissé des traces. Malheureusement c’est Simon qui en paye les pots cassés. Cela ne devrait pas être comme cela… et pourtant. Sept mois à cacher cette relation. Ce n’est pas juste une amourette à ce stade-là, peut-être devrait-elle se poser les bonnes questions. Assumer. Il n’y a rien de honteux à aimer un homme, même s’il a onze années de moins qu’elle. C’est fou ça, elle reste bloquée sur cet âge. Elle craint qu’il veuille des enfants encore et qu’elle ne soit plus apte à lui offrir cela… Elle craint qu’un jour il en trouve une, plus attirante et qu’il la laisse tomber. Des peurs qui tournent en boucle sans jamais réellement s’arrêter. Pourtant… on voit qu’elle est épanouie, les joues quelques peu rosées, les lèvres qui sont souvent étirés en sourire… elle chantonne aussi parfois. N’est-ce pas là le signe d’un bonheur simple mais parfait ?

Elle referme la porte derrière elle. Elle reste un instant, adossée contre la porte d’entrée de son appartement. Ses doigts caressent ses lèvres, comme pour retenir les vestiges du dernier baiser de Simon. L’impression d’être une gamine, une adolescente. Est-ce vraiment mal pour autant ? Elle ne sait pas. Un sourire gardé aux lèvres, elle avance dans la partie cuisine pour faire chauffer sa bouilloire et se préparer un thé. Le temps d’enfiler un petit truc et elle devra se mettre à peindre pour cette journée. Elle est concentrée dans ses préparations. Le thé est infusé, l’odeur de jasmin envahie doucement la pièce, elle porte la tasse à ses lèvres pour souffler doucement dessus. Il est encore de bonne heure, elle compte bien aller profiter de la terrasse… jusqu’à ce que la porte d’entrée s’ouvre sur Luther. Elle arque un sourcil, quelque peu étonnée de le voir débarquer à cette heure-là. « - Ne te méprends pas, mais tu n’as pas cours normalement ? » Peut-être que non, peut-être décalé. Il faut avouer qu’elle ne connait pas par cœur l’emploi du temps de son meilleur ami.

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Il a passé un vendredi soir fort sympathique, petit date night avec Olive. Il était pas censé passer la nuit chez elle puisque les enfants étaient de retour dès le lendemain matin dans la maison maternelle, mais une chose en entrainant une autre ; ils ont fini par convenir qu’il y dormirait mais partirait de bonne heure. Comme un voleur a-t-il plaisanté, trouvant la blague moins slutshameuse que de plaisanter sur le fait qu’il allait expérimenter une petite walk of shame dominicale. Le samedi matin, ils ont donc été fort prudents et peu avant huit heures du matin, il était sur le pas du portillon, en équilibre sur son vélo à réclamer un dernier baiser à sa parent d’élève préférée. Vivant grossièrement dans les même quartiers, il ne lui faut pas longtemps pour ranger son preux destrier dans la remise à vélo de l’immeuble et gravir quatre à quatre les marches. Entre le premier et deuxième étage, il croise un mec dans la cage d’escalier, qu’il salue avec une légère surprise en constatant que c’est quelqu’un qu’il a déjà croisé à deux trois reprises au même endroit. Faut dire que Luther, bien qu’il soit loin d’être un commère, il connait bien tout le monde dans cet immeuble et que cet homme ne lui parle pas du tout. Aucune idée de qui cela peut bien être, aucune explication sur sa présence entre les premiers et deuxièmes étages, marches qui ne mènent à son appartement et à celui de Callie. Et puisqu’il est certain de n’avoir jamais laissé entré cet individu chez lui …

Petite mine défaite quand il ouvre un placard de cuisine et constate que le sac de café en grains est vide vide vide. Il secoue le bocal dans le frigo où il garde le café fraîchement moulu et le soulève au dessus de sa tête pour essayer de déterminer si par hasard il peut réussir à faire un pot de café avec la demi cuillère à café qui se bat en duel au fond. Si il veut boire un jus de chaussette essoré oui. Sinon, hé bien probablement que non. Malheureusement pour son infortunée voisine, il a tendance à considérer le garde-manger du palier voisin comme une extension du sien, ce qui justifie totalement son irruption dans la cuisine de Calliope à huit heures et demi. Fringant comme un crapaud du matin, il s’arrête avec un air de fausse surprise en l’entendant lui demander s' il ne devrait pas être en cours right now. “ Un samedi matin ? Certainement pas ! ” proteste-t-il, et puis en refermant la porte derrière lui, il explique “ J’ai plus de café alors je me demandais si tu me servirais pas une petite tasse ?”. Il sait d’or et déjà que la réponse à cette question est oui et il pose une fesse sur le bord d’un tabouret en attendant de se faire servir - rien de plus agréable que de se voir tendre une tasse de café brûlante de bon matin, cela décuple le plaisir encore plus que de se la servir soit-même estime-t-il. Avec son ton caractéristique du mec qui adore raconter des fun facts qui changeront rien à ta vie, mais qu’il trouve sympa de savoir quand même, il lui dit “ Tu sais qu’j’ai lu dans un article et qu’apparemment il faudrait pas boire de café avant 11h du matin ? … Onze heures !! Donc, bon j’ai décidé de ne pas suivre cette recommandation, voilà.” Avant d'enchaîner sur un autre sujet avec le même ton dégagé, sans curiosité particulière “ Dis ça te parle un mec brun barbu qui descend nos escaliers à huit heures du matin ? ” Une seconde de réflexion, puis il ajoute “ I mean, brun barbu autre que moi, obviously… je viens de croiser un type qui descendait de notre étage en rentrant de chez Olive … ” Il boit une gorgée de café avant d’ajouter “ Tu recevais quelqu’un ? ”.

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Non, évidemment qu’il n’a pas cours puisqu’on est samedi. Calliope se tient le front un moment, consciente d’être encore dans un autre monde après la nuit qu’elle vient de passer avec Simon. Incroyable, comme toujours. Il ne se rend pas compte de l’effet qu’il lui fait. Et elle… elle ne se rend pas compte combien elle est maladroite avec lui à le cacher à ses proches, combien elle est maladroite à ne pas assumer cette relation… à craindre d’ouvrir littéralement son cœur. Tout lui revient toujours lorsqu’il franchit la porte, lorsqu’il quitte l’appartement en douce et qu’elle se retrouve seule. Cette fois-ci… cette solitude est perturbée par l’apparition de Luther. « - Samedi oui, évidemment, où avais-je la tête » Elle ne sait plus tellement. « - Je crois que je ne suis pas bien réveillée. » Elle resserre les pants de sa chemise de nuit autour d’elle. Une inspiration. « - Oui oui, vas-y, tu sais où est la machine… et le café. » Calliope est une tea person. Le café, ça lui arrive d’en prendre mais elle préfère cent fois le thé. Jasmin restant largement son préféré. Elle avance vers la bouilloire d’ailleurs pour faire chauffer de l’eau. La voilà qui attrape sa boîte à thé en vrac, une tassé avec filtre et elle dépose une cuillère dedans. Un long soupir encore, comme une forme de lassitude, peut-être se lasse-t-elle de cacher la vérité à son meilleur ami. Peut-être devrait-elle songer à lui en parler… pourtant, elle peine encore à s’y résoudre. Pendant la préparation de son thé, Luther lui lance une information random sur la consommation de caféine. « - Je ne bois exclusivement presque que du thé, cette étude fait mention de la théine ? »

Alors qu’elle verse de l’eau chaude… elle manque de tout renverser lorsque Luther évoque … Simon… Oui parce que c’est littéralement de lui dont il parle. Lui, l’ignore mais Calliope, elle fait tout de suite le rapprochement. Elle sent son cœur qui va plus fort, bon sang… elle n’a jamais été doué pour mentir… et veut-elle vraiment se lancer là-dedans ? Elle déglutit, évite largement son regard pour se concentrer sur sa tasse. Elle repose la bouilloire. « - Le plombier, un… un souci de chasse d’eau. Mais c’est réglé maintenant il a été efficace » Bon sang, donc elle se lance dans le mensonge, dans une excuse et Simon devient plombier. Terrible, vraiment. Calliope, tu as quel âge ? Elle attrape sa tasse pour approcher la boisson de sa bouche, souffle dessus, renifle la douce odeur du jasmin. « - Tu rentrais de chez Olive du coup… ? J’ai l’impression que cela devient sérieux un peu non ? » Elle change littéralement de sujet, c’est volontaire. Elle espère que le subterfuge fonctionne. Elle sait aussi que Luther la connait très… trop ? bien. Combien de temps avant qu’il ne comprenne le bobard.

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Il finit par se faire son café tout seul. Ils sont tranquilles, à se préparer leurs boissons chaudes du matin cote à cote. Pour un peu on pourrait les prendre pour un vieux couple tombé dans une routine très réconfortante. Quand elle l’interroge sur l’article qu’il a “ lu ”, il répond avec désinvolture, le ton de sa vie légèrement rieur : “ Aucune idée. L’article était payant et je suis pas abonné donc j’ai lu juste le titre et l’en-tête, you know … as usual ” Le fléau de la presse en ligne, on clique sur un article pour découvrir au bout d’un paragraphe qu’on pourra pas le finir. En attendant que son café ne se termine, il se fait chauffer un peu de lait pour le couper et puis finalement, il finit par s’asseoir face à Callie, une tasse bien fumante entre les mains pendant qu’elle lui sort un bobard un peu ridicule. Pour autant, il ne comprend pas immédiatement la supercherie, parce qu’il n’y apporte pas plus d’importance que ça, mais aussi parce qu’il n’irait pas imaginer qu’elle lui cacherait un truc pareil. A la place de ça, il fait une moue “ Ha bon, t’es sure qu’il est vraiment efficace ton plombier ? parce que ça fait 3 fois que je le croise, donc soit t’as beaucoup de problèmes de tuyauterie, soit tu te fais avoir bichette.” dit-il en faisant des gros yeux sceptiques avant d’ajouter “ T’as été généreuse en pourboire au moins ? Appeler son plombier avant huit heures …” avant de s’interrompre. Qui appelle son plombier de si bonne heure, pour une histoire de chasse d’eau franchement ? C’est pas comme si elle avait les clefs du voisin pour aller faire son petit pipi et tirer une chasse d’eau fonctionnelle, en plus. C’est quoi cette entourloupe. il plisse les yeux, la regarde avant de secouer la tête “ Whatever, ca te regarde, qui suis-je pour, hein ” marmonne-t-il en haussant les sourcils. Il n'a jamais été du genre à tirer les vers du nez Luther. Il laisse les autres dire leurs vérités au rythme qui leur convient.

La conversation dévie sur Olive et il hausse les épaules quand elle demande si ça devient sérieux. “ Ouais, je rentrai de chez Olive, mais j’sais pas trop. C’est délicat, avec ses enfants tout ça. On laisse venir, j’imagine. ” Ca fait pas loin de trois mois qu’ils laissent venir et il ne sait pas trop où cela va les conduire. C’est certain qu’ils s’approchent dangereusement du moment où Luther prendra ses gros sabots pour interroger Olive sur l’avenir de leur relation, parce que quoiqu’on en dise il finit toujours par aimer définir et poser des étiquettes sur ce qu’il vit.

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Une grimace. Oui parfaitement parce qu’elle se rend compte qu’on est le week-end, qu’on est samedi. Totalement décalquée, prête à aller s’habiller pour passer au musée. Douce ironie. On est samedi et Simon est parvenu à lui faire oublier quel jour on est. Il a vraiment un talent fou pour lui faire perdre la tête. Elle tente de tenir le fil mais compliqué, il faut croire que Luther pète le feu et qu’elle, elle est encore en train de voler sur un petit nuage. Elle n’aura jamais le fin mot de l’article de Luther mais est-ce qu’elle y accorde une quelconque importance ? Non. Elle balaye l’information, ou l’absence d’information d’un haussement d’épaules. Qu’importe après tout. « - Je note que tu me laisses sur ma faim » Elle prépare son thé avec une grande application, c’est tout un art qu’elle maîtrise à la perfection, il ne faut pas oublier que c’est sans doute la chose qu’elle préfère au monde. Et pendant que l’odeur de jasmin se répond dans la pièce, elle s’improvise un mensonge pour expliquer la présence d’un jeune homme dans son appartement de si bonne heure. Une excuse totalement bidon. Elle n’y croit pas elle-même mais elle espère que le manque de caféine de Luther lui fera voir que du feu. Et c’est loupé ? Elle grimace un peu, l’histoire n’est pas crédible et pire il a déjà croisé Simon dans l’immeuble auparavant. Les lèvres se pincent, elle réfléchit à toute allure pour tenter de rattraper le truc mais c’est compliqué. Rebondir sur autre chose semble être la meilleure des idées, tourner la conversation sur la vie amoureuse de son meilleur ami.

« - Elle a combien d’enfant ? » Elle imagine la situation avec Simon et Tobias, comment son adolescent de fils réagirait-il de voir qu’elle sort avec un homme de onze années son cadet ? Tobias n’est pas un adolescent trop compliqué et surtout il est proche de sa mère, sans doute qu’il la soutiendrait... mais voilà Callie n’arrive pas à lui en parler. A-t-il noté le changement chez sa mère ? C’est plus que probable. « - Tu n’es pas obligé de te prendre la tête tout de suite ? Tu mérites de souffler un peu » Un petit sourire en direction de Luther, elle attrape sa tasse fumante, elle renifle la douce odeur de jasmin réconfortante. Et puis... ça trotte toujours dans sa tête cette histoire avec Simon. « - Ok, en fait il faut que je te dise quelque chose... » Elle la repose la tasse, trop chaude pour être dégustée. « - Ce garçon que t’as vu... ce n’est pas le plombier. » Non sans blague Callie ? Personne n’avait deviné. Luther n’est pas né de la dernière pluie. « - Bon sang, tu es la première personne à qui j’en parle... » Elle commence à faire les cent pas, elle attrape son visage, on est presque sur une panique, parler sentiment ? La peintre ne sait plus faire. « - Cela fait plusieurs mois qu’on se voit... » Un regard vers l’ami de toujours, elle cherche du soutien, elle cherche un encouragement pour en dire plus. Oui, maintenant qu’elle a commencé, elle a envie d’en dire davantage.

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Il hésite un instant, s’apprête à répondre deux avant de se reprendre et d’affirmer “ Trois. Deux garçons une fille ; la plus jeune a sept huit ans peut-être. ” Il hausse les épaules et ajoute “ Je les ai jamais rencontré, enfin à part Shilow, obsviously ” il fait un mouvement de sourcil et précise “ Tu sais, c’est celui qui est mon élève. ” Et puis quand Callie lui conseille de ne pas se prendre la tête toute de suite, il sourit derrière sa tasse de café et rectifie.“ Oh je ne suis pas obligé de me prendre la tête tout court. ” rit-il doucement en insistant sur le tout court. Il a une politique du zéro drama-zéro complication dans sa vie amoureuse Luther. Il a toujours eu ce principe et depuis le fiasco de l’hiver dernier, il a décidé de l’appliquer encore davantage. Ce n’est pas forcément une bonne chose, cela signifie aussi que parfois quand les choses se compliquent, au lieu de persévérer il rompt. Cela a pu le faire passer à côté de relations longues qui perdurent car on se sert les coudes et que l’on démêle les nœuds ensemble. Il doit avouer qu’il a gardé un goût un peu amer de la seule fois où il a essayé de persévérer et de travailler sur une relation qui ramait un peu. Pas sur que cela l’incite à retenter l’expérience.


Ils boivent en silence leur café et leur thé, Luther plissant légèrement le nez lorsque l’odeur persistante du jasmin ne fufile jusqu’à ses narines. Il trouve que c’est une odeur florale un peu trop forte à son gout - mais chacun son truc ! Quand elle lui avoue avoir une confidence à faire, il relève la tête, il relève le nez curieux et marmonne un “ Mh ? ”. Quand elle lui souffle que le mec croisé dans l’escalier n’est pas plombier, un sourire doux et amusé fleurit sur ses lèvres avant qu’il ne cache un petit pouffement en posant son menton sur son poing. “ Non ? ” demande-t-il en se retenant de rire “  Ca me rassure, j’étais à deux doigts de croire qu’on s’était avoir sur la qualité de notre réseau de tuyauterie … ” se moque-t-il gentiment, mais il finit par s’interrompre en voyant sa meilleure amie s’agiter et faire les cent pas devant lui. Son poing se déplie et ses doigts viennent tapoter sa tempe pendant que son sourcil se lève dans une expression un poil blasé et il se surprend à penser bon sang, elle est en train de me faire une Nelly là ? pourquoi j’suis entouré de meufs qui paniquent pour tout et n’importe quoi, moi …. Il finit par l’intimer de s’asseoir “ Hey, Callie, assieds-toi, il est trop tôt pour les cent pas là, tu me donne le tournis. Bon, il est pas plombier, donc … ” En entendant que ca fait plusieurs mois qu’il se voit, un sourire vient s’étirer sur son visage. Comme elle est elle-même pleine de retenu dans la révélation, il ne se permet qu’un enthousiasme poli et maitrisé “ Ha bah c’est cool ça ! Ca se passe bien alors ? plusieurs mois, genre ? Deux, trois ? ” Si il apprend que ca fait sept mois, il va ouvrir des gros yeux en mode mon dieu, sept mois c’est une éternité pourquoi j’apprend ça que maintenant. Pour l’instant, il se contente de demander “ Il s’appelle comment ? Et du coup, il fait quoi dans la vie si il est pas plombier ? Pourquoi tu fais ta tête de grande catastrophée, c'est bien que tu aies rencontré quelqu'un…”.

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Elle arque les sourcils de surprises. Trois enfants. Wah, c’est un sacré détail tout de même. Trois enfants cela fait beaucoup ? Mais n’est-elle pas la mère d’un fils ? N’est-ce pas trop pour certains hommes ? Luther n’a pour l’heure pas envie de se prendre la tête, donc les trois enfants, il compose avec. Pourquoi pas ? Elle percute doucement sur les informations qu’il lui a offert et qui semblaient si décousues. Hochement de tête, il est sans doute un peu trop tôt et elle est toujours un peu sur son petit nuage. L’assimilation est un peu lente, mais les pièces du puzzle s’assemblent doucement. Un hochement d’épaules. « - Profite, profite, tu le mérites, vraiment » Que dire de plus. Il est passé par une période complexe avec sa rupture avec Elliott et Callie estime qu’il a besoin d’être bien, il le mérite. Seulement elle a toujours cette histoire avec Simon en tête, peut-être que ce n’est pas bien de repasser aussi vite sur un sujet qui la concerne, peut-être pas. Elle ressent l’impression d’être un peu égocentrique… mais c’est peut-être ce côté trop généreux, à toujours vouloir douter et à vouloir faire passer les autres avant. Non parce que finalement la réaction de Luther semble totalement… positive ?

Il l’incite à s’asseoir. Elle s’avance vers lui sans réussir pour autant à poser ses fesses sur l’un des tabourets hauts. Elle laisse échapper un petit rire nerveux. Il est loin du compte en termes de mois. La voilà qui joue nerveusement avec ses mains, elles sont d’ailleurs un peu moites. L’impression d’être une adolescente qui découvre l’amour… oui c’est un peu l’effet que cela donne. « - Plutôt huit mois.. ? » Elle hausse les épaules, se penche pour tirer la tasse de thé vers elle et enfin en voir une gorgée. Finalement ses fesses trouvent le tabouret en face de Luther. « - Simon. Il est ingénieur du son… musicien à ses heures perdues » Un petit sourire un peu niais, parce qu’elle adore ce côté artiste passionné. Elle se reprend. « - J’ai l’air catastrophé parce que Simon à onze ans de moins que moi… » Une gorgée de thé. « - Et que je suis terriblement accrochée à un mec qui pourrait disparaître du jour au lendemain. Et je ne sais pas comment gérer cette relation, tu vois, je peux paniquer un peu après le désastre de mon mariage ? » Un sourire, léger et presque forcé. Il lui faut les lumières de Luther, il lui faut sa quiétude aussi, elle en a besoin.

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Il la couve d’un regard doux quand elle dévoile les dessous de l’histoire, attendri par son air d’adolescente qui découvre les premiers émois. Regard qui néanmoins s’agrandit de surprise en entendant que ça fait “ Huit mois ?! ” qu’elle voit son mystérieux soupirant. La voix de Luther glapit légèrement, franchement surpris par cette durée. Autant dire une éternité à ses yeux, lui qui est partant pour présenter ses copines à tout son entourage au bout de quelques semaines et qui fait rarement durer ses romances plus d’un an. “ Bin là ! tu nous l’cache ou quoi ?! ” croit-il bon demander sur le ton de la plaisanterie. Coude sur la table, il vient appuyer sa main contre son menton quand elle dévoile prénom et occupation, et avec un petit sourire concupiscent il répète “ Oh, un p’tit Simon, musicien à ses heures perdues ”. En voyant le sourire niais qu’elle prend, il renchérit “ il a pris sa guitare pour chanter la sérénade sous tes fenêtres Juliette ?”  la taquine-t-il de bon cœur en gloussant des sourcils. Et puis il finit par pouffer quand elle lui sort que la grande catastrophe c’est qu’il a dix ans de moins. Pardon onze. Il s’apprête à la taquiner à nouveau, mais il finit par comprendre que c’était pas de l’ironie et qu’elle est vraiment catastrophé par l’écart d’âge et il se reprend un peu penaud d’avoir pouffer “ Oh pardon, je voulais pas me moquer je pensais que tu plaisantais en disant que c’était une catastrophe. ” avoue-t-il en faisant une grimace qui se veut rédemptrice. Il est désolé, mais ne le reste pas trop longtemps en l’entendant parler de se faire abandonner, de paniquer et de désastre. Ses yeux se plissent avec suspicion “ Qu’est-ce que tu racontes, pourquoi tu serais abandonnée du jour en lendemain … laisse lui donc le bénéfice du doute à ce gars, le pauvre … Tu m’as déjà vu abandonner des gens du jour au lendemain, moi ? ”, il secoue la tête en l’entendant parler de son mariage et ajoute “ Hé, t’es tombé sur un James, c’est déjà bien assez, tu vas pas tous de te les ramasser ! ”. Il balaie l’idée de la main et ajoute “ T’inquiètes pas, avec Pumpkin on fera le tri pour toi, il a l’air bien ce Simon, on valide ! ” assure-t-il, comme si son chat récemment adopté avait vraiment une antenne à sale type intégré, concept absurde. Il ajoute tout de même avec un ton un poil sérieux “ J’sais bien que ça a pas été facile le divorce et même la vie conjugale, mais Callie … t’as l’air en forme, ça doit te faire du bien cette nouvelle histoire. Et puis, tu sais c’est une chance, à 40 ans tu retombes amoureuse comme quand t’étais jeune, tu revis les papillons, blabla, les yeux brillants et les trucs un peu stupides genre prétendre que tu reçois un plombier ; crois moi les encroûtés dans un mariage à plus finir ont pas cette opportunité-là ! ”.

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Il a le mérite de la rassurer Luther. Elle inspire, elle soupire. La boule dans sa poitrine commence doucement à l’alléger. Elle boit une gorgée de thé, la chaleur de la boisson lui fait du bien. Les paupières de la peintre se ferment un instant avant qu’elle ne lui réponde. « - Le cacher ? Oui, non ? » Elle ne sait pas réellement mais il est vrai qu’elle a demandé à Simon de cacher cette relation, par crainte du regard des autres, parce qu’elle ne savait pas où elle allait. Un tas de craintes qui proviennent d’un mariage loin d’être heureux. Il a finalement laissé des traumatismes, même si elle est un peu trop fière pour avouer que James a laissé autant de cicatrices. « - Il faut avouer que j’ai demandé à Simon qu’on garde cette relation pour nous... je me rends compte combien c’est n’importe quoi... » Elle a presque envie d’aller chercher une dose de nicotine, une cigarette mais il est trop tôt pour en griller une à la fenêtre. Cela fera pourtant du bien à ses petits nerfs mis à rude épreuve. La suite des propos de son meilleur ami ne la met pas très à l’aise et sans doute que son regard en dit long. C’est peut-être pour cela qu’il s’excuse de la comparaison quelque peu hasardeuse. « - Non, en fait la rencontre était plus... traditionnelle ? Je suis allée voir une pièce de théâtre et à l’entracte il est venu me parler... pour finalement me demander mon numéro. » Un nouveau haussement d’épaules. C’est plutôt une belle rencontre, loin des sites de rencontre qu’elle n’aime absolument pas. Simon représente tout ce qu’elle aime chez un homme, il faut bien l’avouer. Seulement il est plus jeune et elle a peur, peur qu’il ne se lasse de cette différence d’âge. Les craintes sont exposées à son ami qui tente de la rassurer. « - Mais parce que toi, t’es un mec bien ! James n’a même pas eu le cran de me dire qu’il voyait une autre femme... après presque quinze ans de mariage, forcément les prochaines relations se font avec l’angoisse que tout peut s’arrêter... » Et elle n’a pas envie que cela s’arrête, c’est peut-être bien là le problème.

Callie boit encore une gorgée de thé. « - Il a l’air bien ? Tu l’as vu trente secondes et il y a dix minutes, tu pensais qu’il était potentiellement le plombier » Elle s’amuse un peu de la chose c’est vrai, elle comprend parfaitement ce que veut faire Luther. A l’évocation de l’âge qu’elle va avoir, elle grimace. « - S’il te plait, ne dit pas que je vais avoir 40 ans, j’ai encore un peu de temps à savourer la trentaine, je ne suis pas prête pour la prochaine décennie. » Mais dans le fond, il a raison. « - Je sais parfaitement que tu as raison. Il faut que je prenne mon courage à deux mains pour que l’on en discute... je suis un peu près sûre que Simon préfèrerait qu’on soit un couple normal... Je suis nulle que ça comme petite amie ? » Elle rit un peu mais c’est plus un petit rire nerveux, elle se sent si mal de gérer de la sorte cette relation qui la rend pourtant heureuse. Ne risque-t-elle pas de tout perdre à un moment. « - Tu crois que Simon pourrait être fier de sortir avec moi ? » Évidemment, elle se pose la question... c’est stupide mais c’est vrai, le manque de confiance est réel.

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Il dodeline de la tête, hésite et lui répond “ C’est pas n’importe quoi … J’veux dire, garder pour soi une relation naissante c’est compréhensible, ça crée une bulle j’entends bien. ” C’est pas lui qui dira le contraire, alors qu’il est toujours un peu discret, un peu secret. Mais il finit toujours par cracher le morceau au bout de quelques semaines, d’un ou deux mois ; à amener l’air de rien sa nouvelle copine à un barbecue ou à une sortie entre amis, presque sans prévenir personne parce qu’il veut pas qu’on en fasse des tonnes. Il répond aux questions avec nonchalance mais ira rarement donner les updates de sa vie amoureuse sans être sollicité. “ Mais huit mois, c’est long … Il t’a rien dit ? ” s’étonne-t-il.

Il est impressionné d’entendre que Simon l’a abordé naturellement, entre deux actes d’une pièce de théâtre avant de lui proposer son numéro. Ça demande un certain courage, il doit le reconnaître, et puis du tact et de l’à propos pour faire ça à un moment propice. Il sait bien que tout le monde ne respecte pas le savoir-vivre le plus élémentaire quand il s’agit d’aborder des femmes. “ C’est cool comme rencontre. ” affirme-t-il avec un sourire. Ce même sourire se fane légèrement quand elle lui dit que lui, Luther, est un mec bien et il proteste platement en se rencognant son tabouret “ Mais je suis pas le seul mec bien du coin Callie, lui aussi peut l’être ! j’entends que tu as du mal à te remettre de James, mais tu peux pas calibrer ta future relation sur ta peur de la précédente. C’est pas sain, tu dois lui faire confiance, l’ardoise est blanche. ”. Il rigole et affirme que c’est une façon de parler quand il dit qu’il a l’air bien, avant de protester que c’est rien d’avoir quarante ans, qu’il a même lu que c’était une décennie d'épanouissement pour les femmes la quarantaine, qu’il faut qu’elle en profite.

Lèvres plissés et narines un poil frémissantes, il la contredit “ Pour ce que t’en sais, peut-être qu’il vous considère comme un couple normal. Je sais pas, j’ai jamais considéré que mon couple avec Elliot était différent sous prétexte qu’on avait dix onze ans d’écart, c’est sur que ça provoque des singularités, mais toutes les relations sont singulières donc bon. L’un dans l’autre … ” Loin de provoquer une litanie d’encouragements et d'apitoiement, sa dernière question lui tire des yeux au ciel et il répond du tac au tac “ Mais oui, il est fier de toi ; ça fait 8 mois, si il était pas fier, tu n’en aurais plus entendu parlé depuis un moment. T’es pas franchement quelqu’un de compliqué à assumer : t’es belle, t’es intelligente, tu te lie facilement, tes opinions politiques sont pas particulièrement difficiles à assumer et ta carrière est florissante - et cool en plus, crois-moi c’est plus classe de dire que ton +1 est artiste que prof de math franchement. ” achève-t-il.

@Luther Kealoha & @Callie Bergman


Il est vrai qu’elle ne sait pas réellement comment elle a pu faire pour cacher cette vérité pendant autant de temps. Ce n’est pas dans la nature de la suédoise de faire une telle chose, surtout qu’elle a pris l’habitude de tout raconter à Luther, alors vraiment ? Qu’est-ce qui lui a pris ? Huit mois qui sont passés à la vitesse d’un tgv, elle n’a rien vu passer. C’est peut-être ce qu’il y a de positif, elle est bien avec Simon, si bien qu’elle n’a pas vu les semaines devenir des mois. Et maintenant elle se rend compte qu’elle a imposé ce secret à Simon pendant autant de temps. Celui-ci est doté d’une patience incroyable, elle s’en rend bien compte. Il ne semble pas lui reprocher le secret de leur amour. Pour combien de temps ? La honte se fait sentir dans la poitrine de Calliope, elle cache presque son visage derrière la tasse de thé qu’elle tient dans les mains. Luther semble comprendre mais qu’à moitié. Lui semble croire que cela va créer un problème. Un haussement d’épaules d’abord. « - Non ? Je n’en sais rien, pour le moment il ne m’a rien dit... tu crois qu’il pourrait m’en vouloir de cela ? » Parce que voilà que maintenant elle va y penser, cela va la faire cogiter. Bien sûr qu’elle n’a pas envie de faire souffrir Simon, c’est tout l’inverse. Elle tient profondément à lui, sans doute même est-elle amoureuse mais l’artiste ne lui a encore jamais dit, ne l’a encore pas prononcé. Peut-être parce qu’elle veut être sûre qu’il tienne à elle, comme elle, elle tient à lui ? Mais elle ne lui montre pas les bons signaux, elle ne fait que mettre en avant les craintes qu’elle éprouve, elle fait payer à son compagnon les erreurs d’un autre. Loin d’être quelque chose de juste.

Callie conte alors leur rencontre, si simple mais lorsqu’on les connait, tellement eux. Loin de l’ère des réseaux sociaux et des applications de rencontre. Et peut-être que certaines personnes ont été témoins du coup de cœur que la peintre a éprouvé secrètement. Elle était à ce moment si loin d’imaginer que la réciproque soit vraie. Et pourtant... Les voilà huit mois plus tard engouffrés dans une relation pleine de beauté et de douceur... cachée aux yeux de tous. Oui, Luther a soulevé quelque chose qui va trotter dans la tête de Callie, c’est certain. Osera-t-elle pour autant se confronter à Simon ? Ce n’est pas certain. Encore une fois... elle va laisser le temps filer jusqu’à trouver le bon moment mais peut-être que ce n’est pas la bonne tactique. Et Luther en meilleur ami note parfaitement les craintes, note parfaitement ce qu’elle est en train de faire. Les paupières de Callie se ferment un instant, fort, elle n’a pas envie de se prendre autant la tête... elle peine à mettre de l’ordre dans tout ce qu’elle ressent. « - Je sais, je sais... simplement il a vingt-neuf ans Luther... tu crois qu’il ne se lasseras pas d’être avec une femme plus âgée ? Moi pas... on les connait les fins heureuses dans ce genre de relation... elles n’existent pas. Je suis sans doute bien moins fun qu’une fille de son âge, tu vois ? » C’est stupide et cette réplique ce sont des craintes qu’elle elle porte... et Simon ne lui a jamais laissé de quoi douter. Il est prévenant. Luther tente de lui exposer son exemple, de quand il sortait avec Elliott, bien jeune que lui. Seulement les hommes peuvent sortir avec des femmes plus jeunes, personne ne trouve à redire... une femme avec un homme plus jeune et elle est cataloguée de cougar. C’est tellement réducteur mais elle sait qu’une fois leur histoire officielle, elle aura le droit à ce genre de réflexion. « - Je suis ridicule d’avoir peur de la sorte... j’en ai bien conscience... seulement... c’est fort... totalement différent de ce que je pouvais avoir avec James... à un point que cela me fait peur... si je tombe... comment je me relève ? J’ai un fils à élever... toi à surveiller ! Je ne peux pas avoir le cœur brisé... » C’est quelque chose qu’elle s’interdit. « - Et vraiment prof de math, je suis un peu près sûre que ça fait fantasmer certaines femmes » Elle rit, parce qu’elle a eu le droit à un tas de compliments et elle n’était pas prête. « - Au pire tu peux toujours sortir la case prof de surf, je suis un peu près sûre que tu les fais toutes craquer avec ça » Elle le taquine mais rapidement, elle redevient sérieuse... « - Et comment je suis censée dire à mon fils que je sors avec homme plus jeune ? » C’est la question qui lui fait peur, ils ont un lien fort Tobias et elle mais verra-t-elle sa mère toujours de la même manière ?

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Il regrette presque immédiatement d’avoir ouvert la bouche quand elle s’inquiète que le dénommé Simon puisse lui en vouloir de le faire patienter depuis huit mois. Loin de lui l’idée de provoquer de nouvelles inquiétudes à Callie et il fait machine arrière en pataugeant un peu “ Non, non, je dis pas qu’il va t’en vouloir, mais juste … tu sais … c’est particulier quand même.” Il réalise vite qu’effectivement, elle n’a pas besoin qu’on lui ajoute des idées à ruminer dans la tête. Que la caboche de l’artiste fourmille déjà de clichés et de préconçues qu’elle a dû se monter toute seule puisqu’il croit comprendre qu’il est le premier à entendre parler de cette histoire qui dure depuis plus d’une demi-année tout de même. Quand elle lui répète son âge avant de s’interroger sur un quelconque risque de lassitude, il la coupe “ Il va pas se lasser d’être avec une femme plus âgé Callie, enfin pas plus qu’il se lasserait d’une femme de son âge ou d’une plus jeune. La routine ça n’a rien à voir avec l’âge. ” Il sait de quoi il parle car si il a bien une bête noire dans ses couples, c’est ça. Il n’a jamais été trop capable de s'acclimater aux routines Luther, ça le fait fuir. A peu près autant que les gens qui se prennent trop la tête pour rien, ce que Callie fait à son humble avis. Il a toutefois la patience de ne pas le lui faire remarquer et se contente de rétorquer “ N’importe quoi, je suis sûre qu’on peut trouver plein d'exemples de relation aboutie avec des différences d’âge. D’ailleurs c’est quoi une fin heureuse ? ” Il ne fait pas du tout partie de la team des ils-vécurent-heureux-pour-toujours-ensemble-jusqu’à-la-fin-de-leur-vie, il est intimement persuadé qu’une belle histoire peut commencer un matin et se finir quelques mois ou années plus tard sans que l’on considère cela un échec ou une fin malheureuse.

Il la dévisage, interdit, avant de marmonner avec un poil d’ironie “ Bah, j’ai vraiment envie de te répondre que tu n’es pas ridicule, mais quand tu enchaines par “ Si je tombe, comment je me relève ?” C'est difficile d’être convaincant. ” avant de répondre plus sérieusement “ Sinon, en vrai, Tobias a 15 ans, ça s’élève pas mal tout seul à cet âge là, bon j’ relèverai pas que tu m’considères à surveiller, on sait qu’c’était une blague … mais si tu as une peine de coeur, tu es bien entourée pour en revenir, je ne minimise pas l’impact que ça peut avoir sur le quotidien, mais t’es pas complètement isolée non plus. ”. Il finit son café et balaie sa prochaine question d’une main “ Personne ne présente son nouvel amoureux en mentionnant son âge Callie. Tu m’as déjà entendu te dire “je t’présente Hera elle a 39 ans” ou “ Voici Elliot, elle a dix ans de moins que moi” ? on présente les gens avec des trucs intéressants sur eux, leur âge en fait pas parti. Te prend pas la tête, dis lui que tu vois quelqu’un, que vous êtes rencontrés au théâtre, que t’es heureuse et qu'éventuellement t'aimerais le lui présenter.” Il s’arrête songeur “ Si tu as envie de le lui présenter, sinon dis lui juste que t’es heureuse blablabla, il comprendra y a pas de raison. En plus il est à un âge où il peut potentiellement avoir ses premiers amours aussi, franchement te prend pas la tête.”.

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C’est particulier. On sent que la chose n’est pas au goût de Luther. Et elle ne devrait l’être pour personne. Est-ce qu’au fond Callie n’ignore ? Non, elle le sait parfaitement. C’est simplement plus facile de le penser, de l’avoir dans un coin de la tête que de le mettre en pratique. Callie a peur et n’est-ce pas normal ? Parfois, elle a l’impression que son ami oublie qu’elle avait bâti sa vie sur le mensonge de son ex-mari. Elle se sent juste dépassée par ce nouvel amour qu’elle n’avait pas prévu de vivre. Simon est venu tout chambouler et elle craint d’être à nouveau blessée, il faut bien l’avouer. La cicatrice laissée par James est encore bien présente, elle pique encore, elle n’a pas disparu. Son nouvel amant parvient à lui faire doucement oublier mais le temps... le temps c’est tout ce dont elle a besoin. « - Il pourrait très bien se lasser de moi, j’en sais rien Luther... » Elle souffle, soupire, s’agace, perds patience peut-être. Il est tôt pour parler sentiments et elle n’a pas assez de théine dans le sang. D’ailleurs c’est bien pour cela qu’elle boit une nouvelle gorgée de sa boisson. « - Une fin heureuse c’est éviter que ton mari te trompe et mène une double vie dans ton dos j’imagine ? » Elle se lève, c’est pesant de discuter de tout cela. « - Je ne sais pas comment tu parviens à relativiser autant Luther, je prends les choses à cœur, et j’ai peur » C’est ridicule, peut-être mais c’est comme ça. « - Dis-moi juste que tout ira bien, je sais pas, oui je sais c’est ce que tu dis... » Elle souffle. Cette conversation ne mènera nulle-part. Il a raison, elle le sait bien mais c’est parfois compliqué de l’admettre. Il faut qu’elle rumine tout seule.

Elle se tourne vers lui, sa tasse entre les mains, la suite de son discours finit par lui arracher un petit sourire. Il n’a pas tort du tout, qui présente son compagnon en mentionnant son âge. Elle se pince les lèvres pour retenir un petit rire. « - Tu n’as pas tort, certes » Aie, il est fort Luther, n’est-ce pas pour ses précieux conseils qu’il est l’un de ses amis les plus importants ? Si, totalement. Impossible pour elle de se passer de l’avis de son voisin, Luther c’est celui qui apaise les craintes, pas que parce qu’il est grand et costaud et que cela a un côté rassurant mais aussi parce qu’il a toujours les bons mots, les bons discours. Parfois, on n’a pas envie de les entendre, mais il faut avouer qu’il se trompe rarement et Calliope se demande bien comment il s’y prend. « - J’ai besoin de temps pour présenter Simon à Tobias... l’idée ne me déplait pas, mais j’ai besoin de savoir où on va avec Simon... cela va me pousser à une discussion que je repousse encore et encore, je n’ai pas envie que Simon me réponde qu’il ne veut rien de sérieux ou que sais-je. » Une gorgée de thé encore, elle le finit finalement. La tasse est posée sur le plan de travail. Elle soupire. « - James ne l’a jamais fait cet effet, il n’y avait pas une telle connexion... du coup j’ai l’impression d’avoir 20 ans encore et de découvrir l’amour, c’est à la fois grisant et frustrant... j’vais avoir quarante ans et je ne sais même pas comment gérer une relation amoureuse, c’est nul. » Elle se lamente un peu mais c’est de façon ironique. « - Mais du coup... tu l’as croisé dans le couloir... au premier abord, t’en a pensé quoi ? Du plombier... ? » Elle cherche le regard de Luther, un peu amusé... un peu intrigué, un léger sourire sur les lèvres.

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Il la regarde qui s’impatiente et soupire et tend le bras pour tapoter sa main en murmurant “ Désolé, j’t’épargne pas, mh ” avec un sourire contrit, un peu désolé. Il se lève de son tabouret pour prendre un refill de café et jette un coup d’oeil à la tasse de Callie. “ Tu reveux du thé tant que je suis debout ? ” demande-t-il. Il sait que cette conversation est difficile car ils n’ont probablement pas les mêmes définitions du bonheur amoureux, même si ils aspirent tous les deux au bonheur et qu’il se le souhaite justement. En s’appuyant contre le comptoir il hausse les épaules quand elle s’interroge sur l'habileté de Luther à relativiser. Il est légèrement piqué en l’entendant qu’elle prend les choses à coeur. Lui aussi estime-t-il. Mais peut-être avec plus de sang froid ou de recul. “ C’est pas que j’y apporte pas d’importance ou que je prend pas les choses à coeur hein … mais je ne sais pas, peut-être qu’on a pas les même objectifs; i dont know.” finit-il par murmurer. Ce qu’il comprend pas c’est qu’elle semble plus empêtrée dans sa peur que dans l’euphorie d’une nouvelle relation. Il trouve cela un peu triste et cela se lit facilement sur son visage qui affiche une mine peinée, qui se mue en mine désabusée de tu t’moques de moi ? j’ai passé mes dix dernières minutes à te dire que ça allait bien se passer quand elle lui demande de lui dire que tout va bien aller. Mais elle se reprend et le visage de Luther s’apaise, tout comme la conversation qui dévie sur Tobias.

Il sourit et hausse les épaules quand elle lui dit vouloir prendre du temps pour présenter son copain à son fils “ Prends ton temps, fais le quand tu sentiras que c’est le bon moment … je pense pas que personne ai besoin précipiter les choses. Tu peux le présenter à d’autres personnes en attendant, à moi, à l’immeuble, à tes collègues … Y a même pas besoin que ce soit très officiel, j’attends pas de poser un genou à terre ou de faire des plans sur quinze ans pour vous présenter les femmes que je fréquente moi. On se croise, on introduit, tu vas boire un verre ou tu l’invite à un barbecue peu importe. Entre adultes, on a pas de comptes à rendre, c’est bien l’avantage. ”.

Il ouvre des yeux de biche pris dans les feux d’une voiture quand elle lui demande son avis parce qu’il l’a croisé dans la cage d’escalier. “ Oulala, trop de responsabilité Callie. ” qu’il rigole avant de répondre “ J’sais pas en vrai, comme je savais pas que j’étais censé lui porter attention, je me suis juste dit “c’est pas le même mec que les aut’fois lui, that's weird ” ” Il sait qu’il pousse un peu mais il ajoute “ Mais présente-le moi et je te donnerai mon avis … Enfin soit-en que j’ai un avis à donner, mais genre ” avant de demander “ Tu m’en veux si je fais mine de croire qu’il est plombier quand je le rencontre ? On s’est raté de si peu pour ma rénovation de salle de bain, je lui aurais demandé son avis si tu m’en avais parlé y a quelques mois … ” Il rit et ajoute “ Tiens, voilà une accroche qui va faire mouche “ Simon, je le fais passer pour plombier mais en fait il est whatever du son ”, tu m’as dit quoi ? ingénieur, technicien ? ”.

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La journée commence en force. Après un réveil en douceur et en sensualité avec Simon, Luther. Deux salles, deux ambiances. Oh, il ne faut pas se méprendre, Luther a raison sur la plupart des choses qu’il fait remarquer mais simplement, c’est quelque peu brutal de le constater. Un soupir, elle se reprend. « - Ouaip, s’il te plait » la tasse est déjà tendue pour qu’il puisse la remplir à nouveau d’eau bouillante. Elle attrape le sachet de thé au jasmin pour qu’il infuse un peu. Jamais longtemps le jasmin, sinon c’est trop fort, trop agressif le matin. Une chose est sûre, il faut vraiment qu’elle parvienne à se détendre et à ne pas se laisser submerger par les émotions, le stress. Et qu’importe ce que les gens en pensent... Enfin, là sur le moment, cela lui semble faisable. On en reparle ce soir. Les bonnes résolutions ont des dates de péremptions plutôt courtes. Surtout chez Callie. Nul doute que Luther sera lui remette les idées en place si besoin. Vient d’ailleurs assez vite le sujet de Tobias. Et non, la réponse est non, son fils n’a pas rencontré Simon et pour l’heure, elle n’a pas l’intention de le faire. C’est un peu tôt, elle ne sait pas véritablement où ils vont. Bien que Simon semble être sérieux... Ils ne se sont jamais cachés sur les sentiments partagés tous les deux. Calliope est presque certaine que le courant pourrait bien passer entre les deux hommes qui partagent sa vie. Elle a pu noter quelques points communs entre les deux et il est vrai qu’elle est persuadée que Tobias prendrait bien la chose, elle n’a jamais réellement eu de soucis avec son fils. Il est un peu protecteur et pourrait être du genre à sonder Simon mais sans méchanceté. Mais voilà, le temps... toujours le même. Il fera son œuvre et elle saura quand le moment sera opportun.

« - Je vais peut-être déjà juste annoncer à mon fils que je vois quelqu’un et on verra ce qu’il dit, les choses se feront naturellement... et Simon doit être ok aussi, j’imagine » Haussement d’épaules encore, sa bouche qui souffle sur le thé qui fume. Sans avoir envie de s’attarder trop sur le sujet, elle relance le sujet Simon croisé dans les escaliers. Luther n’a pas réellement eu le temps de se faire un avis, bon, c’est logique, elle n’aurait pas pu faire différemment. « - Je te le présenterai, laisse-moi un peu de temps pour mettre tout ça au clair » Mais Luther sera sans doute le premier à le rencontrer. Après tout, il vit de l’autre côté du palier. Elle rit un peu aux paroles de son ami. Il est totalement capable de faire tout cela. « - Tu me demandes vraiment mon accord ? » Parce qu’elle sait qu’elle en plaisantera avec Simon... alors il peut largement se faire plaisir. « - Ingénieur du son » Le reprend-t-elle parce qu’il cherche le terme. « - Il bosse pas mal, mais je crois que c’est la loi dans le spectacle... et puis il a l’air vraiment passionné par la musique, donc je pense qu’il y prend plaisir, je ne me plains pas, on arrive à se voir quand même » Une gorgée de thé. « - Mais assez parlé de moi monsieur Kealoha, ça roule bien avec cette Olive alors ? » Un petit sourire. Elle ne se formalise pas trop, parce qu’elle sait que Luther ne le fait pas, qu’il se laisse porter mais elle tente quand même obtenir quelques détails de sa vie amoureuse... peut-on réellement parler de vie amoureuse d’ailleurs ? Bonne question.