@Benicio Giordano & @Eugenia Fairchild

tw: addition opiacés
Ses paupières ne parviennent même pas à tenir fermées. La douleur qu’elle ressent dans sa jambe est réelle, impossible que ne le soit pas. Les tendons ont été mis à rudes épreuves, les muscles pas assez sollicités pendant un moment... et tout travaille sous sa peau et c’est une torture insupportable. Lorsque les crises – si l’on peut les appeler comme ça – se déclenchent, plus rien ne semble compter. Gin est incapable de faire face à ce qu’elle ressent, terrible. Elle essaie, elle se retient, son esprit utiliser mille fois plus d’énergie à se torturer qu’à céder. Elle se tourne, se retourne, tente de se caller dans le dos Ben pour prendre un peu de sa chaleur, sentir son énergie... rien n’y fait. Les paupières n’arrivent pas à se fermer. Elle regarde son téléphone, repousse l’échéance de son drame au plus loin qu’elle le peut avant de s’extirper des draps sans réveiller son partenaire particulier.

Les comprimés sont dans la salle de bains. La lumière l’aveugle un peu trop, elle prend deux secondes pour retrouver la vue, elle souffle, elle respire, se calme, elle ne s’appuie pas sur sa jambe, se tient au lavabo avant d’ouvrir le miroir armoire au-dessus de l’évier et d’attraper la boîte. Elle est inconsciente à ce moment-là qu’elle a réveillé Ben, que son absence est remarquée, désapprouvée. Tout ce qu’elle veut c’est que cela cesse. La nausée la prend avant même qu’elle est avalée les comprimés. Les oui, dans le creux de sa main, elle a deux comprimés. Double dose, mais c’est ce qu’il faut pour qu’elle parvienne à sentir la douleur s’arrêter, retrouver le chemin du sommeil.

Un peu de courage, une inspiration. Elle fait couler l’eau dans le creux de son autre main avant de paumer l’autre devant sa bouche, de les mettre dedans et prendre une gorgée d’eau pour faire passer le tout. Et elle déteste ce qu’elle vient de faire, c’est une véritable dualité qui règne en elle. Et le drame arrive lorsqu’elle attrape la boîte, est-ce qu’elle hésite à prendre un autre ? Elle n’en saura jamais vraiment rien. Un sursaut à la voix de Ben qui la surprend. L’impression d’avoir été prise la main dans le sac, c’est terrible. Elle lâche la boîte, les comprimés s’éparpillent partout et elle sent la panique la gagner. Putain. N’est-ce pas là son salut qui lui glisse entre les mains ? « - Je suis assez grande pour savoir ce que je fais, tu m’as fait peur Ben... » Elle s’agace, elle galère même à se penche pour vite tout ramasser, elle tremble, elle sait qu’elle est en faute. « - J’ai mal, je prends des antalgiques, c’est la logique je crois, t’es ambulancier bon sang, tu devrais le savoir, pas me juger » Elle se vexe, pourtant dans le fond, Ben n’a pas tort.  Gin se retient de formuler d’autres mots... pour le moment, la réaction de Ben ne se fera pas attendre de toute façon.

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Elle ne supporte pas le ton qu’il emploie et ce n’était clairement pas dans ses projets de se faire surprendre par Ben. Elle se sent comme une enfant prise la main dans le bocal à bonbons. Elle déteste cette infantilisation, n’y voyant nullement une forme de protection. On n’engueule pas les gens qu’on protège ? Ou peut-être que si mais vexée et braquée, Gin ne le comprend pas dans l’immédiat et ça l’agace qu’il ne comprenne pas qu’elle a mal, très mal. Pourquoi la critiquer, la juger quand il pourrait tenter de comprendre le fond du problème. Il ne veut pas voir, rien. Alors oui, cela l’agace, l’énerve, il ne lui offre pas la moindre réaction qui montre un signe d’apaisement. « - Ah oui, tu sais combien ça fait mal ce que je ressens ? Je crois pas !! » Elle s’énerve, c’est mauvais. « - Comment je suis censée vivre, dans la douleur ? Tu imagines un instant ce que c’est ? Tu arrives là, tu me fais peur, tu me juges... c’est quoi ton problème ? » Elle continue de ramasser ses comprimés, pourquoi angoisse-t-elle autant d’en perdre ne serait-ce qu’un seul ? Elle tremble, entre colère et fatigue, elle ne veut pas se montrer plus vulnérable que dans la situation dans laquelle il vient de la surprendre. « - Combien j’en prends qu’est-ce que ça peut te faire, t’es bien content de me voir sur mes deux jambes ? Sans ça, il y a des jours où je ne sortirais pas du lit, mais c’est bien moins glamour à voir, évidemment » Elle va trop loin. Au fond, elle le sait, elle tremble encore plus, signe qu’elle pousse ses émotions dans ses retranchements, c’est la peur qui la fait agir. Péniblement, elle se relève, en s’aidant de l’évier. Gin se met des idées noires en tête... son handicape qui la pèse... les photos d’Emily sublime et valide... elle ne prenait pas de codéine elle, c’est certain... et elle sera toujours celle que Ben aimera. On ne juge pas ce que l’on aime... n’est-ce pas ? Ben ne tient pas à elle comme elle, comme Gin le fait. C’est une réalité qu’elle avait dans le fond mais la frappe quand même en plein cœur. « - Si je suis qu’une toxico... qu’est-ce que tu fais là à me regarder... » Elle détourne le regard, ne souhaitant pas voir son gourou se porter sur elle.

@Benicio Giordano & @Eugenia Fairchild

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Est-ce qu’elle sent la panique la gagner lorsqu’elle le voit aller se rhabiller ? Oui. Est-ce qu’elle écoute ce qu’il y a au fond d’elle ? Pas le moins du monde. Prise dans la colère, la frustration, elle n'écoute pas réellement. Il ne la comprend pas et voilà le problème. Il dit ne pas la juger mais elle n’en pas cette impression et cela la met mal à l’aise. Elle tremble Gin face à cette crise, ce flot d’émotions trop fortes. Bon sang, qu’est ce qui se passe ? Pourquoi le drame surgit-il comme un cauchemar. Elle tremble encore plus. Elle s’accroche à l’évier. Poussée dans ses retranchements, elle avance en boitant dans la chambre. « - Donc là tu pars ? Wouah belle forme de courage, on ne peut même pas parler apparemment » elle est en colère qu’il ne se batte pas pour elle. Mais cela en dit long sur ce qu’il ressent. « - Je ne mérite pas la moindre considération parce que je vais mal… c’est quoi ? vas-y barre toi ça vaut mieux ! » elle se sent dépérir immédiatement après avoir prononcé les mots. La fierté parle, évidemment mais elle se sent totalement bafouée, pas écoutée, pas comprise. Seule. Atrocement seule à ce moment-là. Ben l’abandonne, comme tout le monde autour d’elle. « - Tout le monde m’abandonne, pourquoi tu serais différent des autres. » elle se détourne et part dans le salon pour ne pas le voir, le regarder. Elle se sent tellement mal à cet instant. Jamais elle n’avait ressenti cela avant. C’est la sensation d’un cœur brisé Gin.