@Liam Esposito & @Joan Oswald
Il y a des journées avec et des journées sans. Aujourd’hui fait partie des journées sans. Le temps est maussade, les clients ne sont pas au rendez-vous, elle n’a pas reçu sa livraison et a passé un temps fou en ligne avec le service technique de son fournisseur... Et elle va avoir ses règles. Ok, c’est peut-être pour cela que tout la met dans un tel état. Elle se sent épuisée, à fleur de peau. Un léger mal de tête commence à tenailler ses tempes. Et elle reste perturbée de la rencontre qu’elle a faite récemment. Jacob n’était pas prévu dans ses plans de vie. Est-ce que réellement Jo est le genre à avoir des plans de vie ? Sans doute pas, elle a arrêté d’en faire après les nombreux échecs de sa vie. On arrête de prévoir les choses quand tout s’effondre au bout d’un moment. La soirée arrive, le ciel s’assombrit légèrement, sans doute qu’il ne tardera pas de pleuvoir aussi, l’automne est bien installé et l’hiver approche de plus en plus. La météo va être moins clémente à Brisbane. Joan termine de terminer les quelques tables de la partie café, elle remonte les chaises, elle passe un coup d’aspirateur partout. Une solitude qui devient pesante s’empare d’elle, c’est vrai. Un coup d’œil à sa montre, qu’attend-t-elle ? Rien au fond, cela aussi, c’est une chose qu’elle a arrêté de faire. On est moins déçu lorsque l’on ne s’attend à rien, c’est aussi une chose qu’elle a appris avec les années.

Elle s’approche de la porte vitrée et elle retourne alors le panneau « open » en « closed » et un long soupir s’extirpe d’entre ses lèvres. Elle regarde la rue, le ciel menaçant, une journée de plus qui s’est déroulée, elle semble plongée dans un flot de souvenirs qu’elle ne parvient pas à contrôler. Le retour de son ex-beau-frère en est sans doute la raison. Son regard balaye l’échoppe, finalement Cat est partout dans ses lieux et voilà que les larmes montent. Impossible pour la jeune femme de ne pas se trouver ridicule, elle les ravale avant même qu’elles ne commencent à couler. Cat lui manque terriblement dans ses moments de doute, lorsque les comptes ne sont pas terribles, lorsque la journée n’a pas été remplie de clients comme elle aurait aimé qu’elle le soit. Elle commence à ranger les dernières affaires lorsque la petite cloche de l’entrée se met à sonner. Sans se retourner, elle annonce : « - On est fermé, je suis navrée » Avant de se retourner car elle n’entend pas la porte se rouvrir. Un visage bien connu est là et elle ne peut s’empêcher de sourire, comme une forme de soulagement en la présence de Liam. « - Oh c’est toi, qu’est-ce qui t’amène ? » Elle s’avance vers lui pour l’enlacer chaleureusement. « - Je suis contente de toi voir en tout cas »

Liam rentrait du studio, les pensées encore occupées par les réunions de l'après-midi. L'émission avait perdu en audience la veille et comme tout acharné du travail qui se respecte, Liam ne pouvait accepter un tel scénario. Il avait donc déclenché une réunion de crise aussitôt les chiffres reçues. Prévenir plutôt que guérir était son mantra.

Le trajet depuis les studios de ABC jusqu'à Fortitude Valley était un court moment de transition entre son travail exigeant et la détente qu'il cherchait à la maison. Le quartier animé de Fortitude Valley était le parfait antidote au stress de sa journée. Traversant le quartier, Liam décida au dernier moment de faire un léger détour et de s'arrêter par le café de Joan. Il y faisait régulièrement un saut en rentrant chez lui ou le matin avant de partir travailler. Ils se connaissaient depuis l'Université, une amitié née après une relation amoureuse aussi réelle que papillonante.

C'était devenu une sorte de rituel non planifié, un moyen de briser la monotonie de ses trajets quotidiens et de maintenir le lien avec son amie.

Liam entra dans le café et remarqua immédiatement l'état d'esprit de Joan. Aux premiers sons de sa voix, il savait qu'il avait bien fait de s'y arrêter. Il ne prit pas la peine de répondre lorsqu'elle annonça que le café était fermé, attendant qu'elle se retourne vers lui.

« J'étais dans le coin et j'ai senti que tu m'appelais dans tes pensées les plus profondes » Répondit-il d'une voix malicieuse. Il l'entoura de ses bras musclés et déposa un baiser entre la commissure de ses lèvres et le bas de sa joue, alors qu'elle venait se lover contre lui.

S'il ne pouvait pas expliquer exactement pourquoi il était venu ce soir-là, sa dernière parole et le ton utilisé confortèrent dans son instinct. Il ne pouvait pas s'en empêcher. De nature protectrice, Liam ressentait toujours le besoin de se sentir utile auprès de son cercle proche. S'il se montrait quelques fois égoïste dans ses choix, préférant sa liberté aux responsabilités personnelles, il savait aussi écouter et partager avec les autres son plaisir pour la vie. Il était toujours là pour ses amis, et Joan ne faisait pas exception.

« Tu sais bien comment je suis, mon radar se'est mis en mode "urgence Joan" » plaisanta-t-il. « Et puis j'étais en manque de café. » Elle s'extirpa de ses bras après un court instant, et Liam avanca dans le café tout en observant les lieux.

« Dis moi tout, ta journée, tes plans pour la soirée... » la questionna t-il en s'adossant contre le comptoir.

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Est-ce qu’elle a l’air d’être au bout du rouleau Joan ? Oui, totalement. Liam ne passera sans doute pas à côté. Ils se connaissent depuis quoi ? Quasi vingt ans maintenant. Elle peine à croire que cette amitié dure et perdure. Rien ne laissait présager qu’ils puissent continuer à s’entendre après être sortis ensemble. Il faut avouer qu’elle est contente d’avoir Liam dans sa vie. Il fait parti des amis dont elle a besoin et qui a pu suivre les aventures désastreuses de la benjamine Oswald. Il n’est pas au courant de la dernière nouvelle, la visite qu’elle a eue récemment. Qui n’était pas prévue et la décision qu’elle a prise sur un coup de tête parce que Joan elle a besoin d’aider les autres, elle a besoin de réparer les âmes en perditions. C’est fou mais n’est-ce pas la réalité finalement ? C’est un schéma récurrent chez elle mais qui pourtant ne lui réussit pas. Un visage familier qui débarque dans cette soirée, après cette journée, c’est un doux plaisir, il faut bien l’avouer. Il lui arrache immédiatement un sourire après l’avoir chaleureusement salué. Un soupir, comme un soulagement de le voir. « - Je savais bien qu’il y avait un truc magique entre nous » Elle le taquine, trop fatiguée pour abuser de l’humour dont elle a pourtant le secret.

Elle finit par l’éloigner de lui, elle finalise ce qu’elle était en train de faire. Seulement elle ne tarde pas à s’arrêter, ses doigts frottent un peu son front, ses tempes, elle manque de concentration. Liam est adorable, elle est heureuse de pouvoir compter sur lui. Une réciproque évidente, il n’y a pas besoin de se le dire, c’est totalement naturel. Un instinct peut-être un peu plus développé lorsqu’il s’agit de ses amis proches. Que ce soient ses amies d’enfance... Liam... et d’autres encore. L’arrivée de Jacob dans sa vie la perturbe, lui rappelle la perte de sa sœur et combien sa vie est un enchainement d’échec. Qu’est-ce qu’elle aurait préféré ? Continuer dans sa petite vie bien rangée, à se retrouver avec sa grand-mère le soir ? Aucune idée pour l’heure, juste il faut qu’elle accueille cette nouveauté. Un petit sourire, elle se reprend, il faut. « - Oh, du café, tu sais parfaitement où passer pour en trouver » Elle se tourne vers lui pour sourire, un sourire un peu triste sans doute, pas le plus beau qu’elle lui ait offert. Elle se place à côté de la machine à café, derrière le petit comptoir. « - Tu préfères quel genre ? Péruvien ? J’ai reçu un super bon café du Kenya, si tu veux tester » C’est un choix de Cat, une variété importante de café pour les amateurs. Elle sent bien qu’elle n’est pas dans cette soirée improvisée. « - Je suis désolée... je... bon sang Liam... » Elle souffle, un nouveau soupir, elle a l’impression d’expulser en soupirant de la sorte mais ce n’est pas réellement le cas. « - Jacob s’est pointée à la maison, il est sorti de prison et il voulait voir Cat... personne ne lui a dit qu’elle...qu’elle était morte » Liam connait l’histoire de sa sœur, Jacob ayant était emprisonné juste avant leur rencontre, Cat allait encore le voir à l’époque, il connait ce drame. Il peut comprendre combien cela est pénible pour Joan... combien cela est compliqué à gérer. Parce qu’elle a fait autre chose... chaque chose en son temps.

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C’est une longue amitié qui lit Liam et Joan. Une amitié qui n’a pas commencé en amitié. Ils étaient jeunes, Liam est un peu son premier amour, sa première relation sérieuse. Et les années passants, ils ont fini par devenir amis plus qu’amants. De ce côté-là, pour l’heure, Joan n’a pas de regrets, maintenant elle s’amuse des histoires ubuesque de son ami. Impossible de le caser quelque part et c’est vrai que c’est plutôt divertissant. Écouter ses aventures avec toutes les partenaires qu’il arrive à séduire et mettre dans son lit. Il est fort, c’est vrai très fort. Elle a toujours ressenti un petit truc pour son charme, elle a toujours été sensible à son charme. Après tout, le premier amour, on ne l’oublie pas. Ils sont passés à autre chose mais elle chérira toujours les souvenirs intimes partagés avec lui, c’est certain. Et comme ils se connaissent bien, Liam remarque rapidement que quelque chose ne va pas. C’est vrai que ce n’est pas de café qu’elle a besoin pour arrêter de gamberger. Elle le regarde chercher ce qu’elle comprend être de l’alcool fort. Un rire triste s’échappe de ses lèvres, elle aime l’idée c’est vrai. Mais est-ce qu’elle a de l’alcool par ici ? En tout cas, elle n’en sert pas, elle n’a pas la licence pour. Alors que Liam déniche une bouteille de rhum et sert deux tasses, elle lui parle du retour de Jacob. Il n’y a pas besoin d’aller trop loin dans les détails pour qu’il comprenne. Le regard sans doute un peu trop brillant, elle sourit quand même. « - Tu sais que c’est le rhum qu’utilise Carmen pour fait des cannelets ? » Elle s’en amuse plus qu’autre chose mais soit. Cela reste de l’alcool.

Et le léger silence de Liam confirme qu’il comprend. Il finit par tendre ce qui ressemble presque à une bolée, bien que la Bretagne soit loin de l’Australie. Il boit alors cul sec la tasse, elle renifle la tasse et se donne du courage. Et cul sec aussi. Une grimace se dessine sur son visage. Elle tousse un peu, depuis combien de temps qu’elle n’a pas bu une boisson aussi forte ? Trop longtemps apparemment. Liam s’excuse, un haussement d’épaules en guise de réponse pour le moment. « - Mal... tu imagines bien. Bouleversé... » Elle déglutit. Elle attrape elle-même la bouteille pour s’en servir une nouvelle, elle tend la bouteille pour voir si Liam en veut encore. « - Je ne me suis pas trop épanchée sur Ian. C’est suffisamment compliqué, je dois lui répondre quoi ? Je ne sais pas où se trouve son fils ?, j’ai suffisamment merdé avec lui. » Elle reboit cul sec. Nouvelle grimace et elle tousse même. « - Bon sang... c’est beaucoup trop fort » Elle rit un peu, un rire étouffé, épuisé. Joan ne dépasse pas le mètre soixante, si elle ne mange pas en buvant, elle va vite arriver à saturation en termes d’alcool. Une larme coule sur son visage. « - Je ne m’en sors pas Liam... » Une lamentation, un appel au secours... le café librairie... sa grand-mère et maintenant Jacob. Elle s’épuise et elle n’arrive pas à remonter la pente, ne sait pas comment faire.

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Évidemment que Joan tousse à la première gorgée de rhum. D’un, ce n’est pas le genre que l’on boit comme ça dans un verre. De deux, il sert à la cuisine. De trois... Jo ne tient pas l’alcool. De toute façon c’est mathématique. Elle mesure environ un mètre cinquante-huit, si bien qu’un verre d’alcool fort et cela en est terminé de Joan Oswald, elle est noyée dans le flux alcoolique. Bref, Liam sait parfaitement qu’elle ne peut pas boire plus de deux verres et là, déjà, elle sent que cela pique et les effets se disperser dans tout son corps. Il est sans doute en droit de se moquer pour l’avoir vu pompette plus d’une fois, l’avoir même raccompagné plus d’une fois. « - Cesse de te moquer, c’est ton idée de me faire picoler ! » Elle fait semblant de pester, de toute façon, il est certain qu’il ne la prendrait pas au sérieux. Elle sait se fâcher mais clairement là, elle en est incapable. « - Nuance, tu as tenté de tout m’apprendre mais ma condition physique fait que deux verres et je ne maîtrise plus rien » Un haussement d’épaule, un air faussement exaspéré. Cela fait du bien d’avoir Liam avec elle. Elle pourrait le remercier dès maintenant alors que pour l’heure il n’a encore rien fait.

Elle lui explique alors la situation. Celle qui implique son ex-beau-frère sortit de prison. Elle n’a pas encore tout évoqué, elle y va à tâtons, obligée de ne pas tout balancer pour qu’il assimile tranquillement les faits. Une inspiration, Liam semble comprendre l’état de Jacob, qui ne comprendrait pas d’ailleurs ? Peut-être Jo voit la bonté un peu trop chez les gens, tout le monde n’est pas aussi empathique. C’est ce qui la perdra un jour, c’est ce qui l’épuise déjà. Entre autres. Jo le regarde se resservir, les sourcils se froncent. « - C’est toi qui noies mes problèmes ? » Une taquinerie mais finalement elle tend sa tasse pour qu’il remette une dose. Pourtant, l’alcool engourdi un peu près tout son corps à l’heure actuelle, dans quel état va-t-elle terminer ? « - Je vais être incapable de rentrer à vélo » Elle en rit mais un risque. Elle enchaine avec sa dose, grimace encore, c’est surtout qu’il est dégoûtant ce rhum de cuisine, vraiment pas fait pour être déguster. Elle tousse encore. « - Il est infecte, comme tu fais pour boire ça ? » Elle rit un peu avant de reprendre son souffle. Il lui faut rassembler un peu ses pensées pour répondre à la prochaine vague de questions. Les sourcils froncés, pensifs, elle fixe le sol, du moins, elle ne regarde pas son ami. « - Il a retrouvé un travail, oui, de réinsertion, un programme à l’hôpital. » Elle inspire, est-ce qu’elle craint l’avis de Liam sur la suite des événements ? Fort possible, oui. « - Pour le logement... disons que... que je l’héberge ? » Et ses yeux retrouvent ceux de Liam. « - Tu voulais que je fasse quoi ?  Il allait se retrouver à la rue... » Elle soupire. « - J’ai fait une connerie, c’est ça ? » Elle se pince les lèvres. « - Cat ne l’aurait pas laissé... tu le sais... » Elle se cherche des excuses. Une raison valable. « - J’ai fait une bêtise, tu crois ? » Le regard un peu désolée... elle ne sait plus où se mettre. Pourtant, il faut qu’elle entende l’avis de son ami, c’est sans doute primordial.

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« C’est vrai que ton mètre cinquante t’empêche d’encaisser davantage d’alcool »Il n’attendit pas longtemps avant de recevoir une tape sur l’épaule, il savait qu’elle n’appréciait pas ses blagues sur sa taille, et pourtant, il adorait voir la moue énervée se dessiner sur son visage et sa frustration lorsqu’il retirait sciemment plusieurs centimètres à sa taille réelle. « Tu sais que je rigole, tu as une petite taille parfaite » Il ne comptait plus les verres qu’il se servait ni ceux qu’il tendait à Joan. Il avait perdu les comptes il y a quelques minutes déjà. « L’invention du siècle : on appellera un Uber » Commenta-t-il lorsqu’elle lui s’inquiéta légèrement de ne pas pouvoir rentrer en vélo. Il comptait bien rester avec elle plus longtemps et ne pas la laisser dans cet état. Une inquiétude très vite dissipée par une nouvelle grimace, suivit d’une toux. « J’avoue que je bois par réflexe plus que par plaisir... » Il leva la bouteille pour visualiser ce qui restait à l’intérieur. Malgré les verres qu’ils enchainaient chacun, la bouteille ne semblait pas se vider. Clairement, au-delà de l’alcool qui coulait dans ses veines, c’était la sensation âpre dans sa bouche que Liam appréciait le moins. Il n’avait jamais eu de problèmes à tenir l’alcool, et se sentait pour le moment toujours très alerte. Mais ce goût, clairement, lui retirait tout plaisir. « Si tu veux on se commande à manger, et à boire, histoire d’arrêter de liquider cette bouteille vraiment dégueu ? » Il chercha sa veste du regard avant de se rendre compte qu’il la portait encore sur lui. L’alcool faisait peut-être un peu effet. Il sourit et sortit son téléphone de sa poche avant. En quelques gestes, il démarra l’appli de livraison de repas, pour voir ce qu’elle pourrait leur proposer.

Il leva les yeux de son téléphone alors que Joan fixait le sol. Il sentait l’atmosphère se teinter d’une certaine appréhension. Jacob bossait à l’hôpital, c’était plutôt une bonne nouvelle... Alors pourquoi semblait-elle craindre sa réaction ? Le regard perplexe, il attendit la suite. « Tu l’héberges ? » Répéta t-il, incrédule. Leurs regards se croisèrent. Liam posa son téléphone sur le comptoir, et se débarrassa de sa veste. Entre l’alcool et les infos de Joan, il avait besoin d’un peu plus de libertés corporelles. Il prit une inspiration, réfléchissant à ces prochains mots. Elle n’avait pas tort, et Jacob n’était pas une mauvais gars, en tout cas pas dans ses relations avec la famille Oswald. Lui et Joan étaient liés par Cat’ et un passé commun. Il comprenait sa décision. Et puis, elle avait toujours tendance à vouloir aider le monde entier, sauver les autres au détriment de sa propre personne. Liam le savait et se retrouvait beaucoup dans ce trait de caractère. « Tu n’as pas mal fait » Lui dit-il pour la rassurer. « Je comprends ta décision mais ... T’es sûr que ça te convient ? A toi ? » Il attrape de nouveau la bouteille qu’il avait pourtant écarté quelques minutes auparavant. Une nouvelle gorgée. Ok, il était vraiment temps de commander quelque chose de bien meilleur. « Il dort où au fait ? » Un sourire taquin se dessina sur ses lèvres, feignant une pointe de jalousie qu'il n'avait pas besoin d'exagérer tant que cela. Il essaya de détendre l’atmosphère sentant qu'elle s'inquiétait de ce qu'il allait dire, ce qu'il pensait.

« Avant de continuer attends, on va commander un truc. J’ai faim. Et j’ai soif. » Il lui tendit le téléphone pour qu’elle choisisse le repas de ce soir.

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Les taquineries de la part de Liam pleuvent. Il faut avouer que cela l’aide à sourire, c’est rassurant de voir que certaines choses ne changent pas. Il tombe plutôt bien, il est là et cela lui permet de ne pas succomber à ses démons, ses angoisses. Sans s’en rendre compte il vient apaiser tout le chaos dans son cœur. Elle le frappe peut-être mais n’est-ce pas une caresse pour lui ? Joan n’est pas non plus réputée pour être musclée. Surtout pas au niveau de ses bras. Un sourire et un roulement d’yeux, il tente de se rattraper mais elle se sait parfaitement petite, ce n’est nullement un complexe d’ailleurs. « - Bien sûr, tu te rattrapes » Elle s’amuse tout de même de la situation. L’espace d’un instant, elle a l’impression que tout est normal, tout est sous contrôle. Enfin pas son état d’ébriété, clairement. Le vélo pour rentrer ? Clairement une mauvaise idée. Elle rit un peu, moqueuse de l’idée d’un Uber. « - Et demain pour m’emmener au travail, un uber aussi ? Je comptais sur toi, à vrai dire ! » Jo te charrie, toujours, demain est un autre jour pour le moment, elle n’a pas envie de se prendre un peu trop la tête. C’est plaisant de se laisser aller avec Liam tous les deux. Elle parvient à se hisser sur le comptoir pour être un petit peu plus grande mais toujours pas autant que Liam, ses pieds ne touchent même pas le sol. Quelle ironie. « - L’idée est bonne, je crois qu’on mérite mieux que du rhume de cuisine pour noyer mes paniques » Si le timbre de sa voix change un peu, s’avère montrer un regain de confiance, c’est simplement l’alcool qui parle, évidemment.

Il faut rapidement évoquer le cas Jacob, son arrivée chez elle pour voir sa défunte sœur qui était sa femme. Les nœuds au cerveau qui ne font que commencer. Elle lui explique un peu la situation de son ex-beau-frère, cet homme qu’il a connu puisqu’ils sortaient ensemble à l’époque de l’emprisonnement de Jacob. Elle lui avoue lui avoir proposé un hébergement, elle craint d’avoir fait une bêtise, est-ce qu’elle se fie vraiment à l’avis de son ex-petit ami. N’est-il pas davantage un ami maintenant ? Cela le perturbe en tout cas, il retire sa veste, met en stand-by la commande de nourriture... La nouvelle semble assez perturbante pour tout cela en tout cas. Elle grimace Joan, ce n’est pas bon signe, c’est ça ? Un haussement d’épaules. « - Je crois que ça me fait du bien de ne pas être seule avec Gisele dans la maison... » Un petit sourire timide, elle ne sait pas encore si c’est plus positif que négatif. « - Il faut voir ce que les choses vont donner, pour l’heure, je dirais que cela me convient » Elle est triste de repenser à sa sœur mais en même temps, elle a cette impression qu’elle fait ce qu’il faut. Liam boit une nouvelle gorgée d’alcool, Joan regarde le fond de sa tasse et finit par la vider à son tour. La grimace cette fois est bien plus prononcée. Elle tousse encore un peu, ça brûle quand même pas mal la trachée ce truc. Un petit rire s’extirpe de ses lèvres. « - Pourquoi ça t’intéresse de savoir où est-ce qu’il dort ? » La question l’amuse. Serait-ce une pointe de jalousie qui ressort ? Pourquoi ? « - Dans l’ancienne chambre de ma mère à l’étage » En face de la sienne, mais elle n’a pas besoin de lui dire. Il sait comment est la maison. Trois chambres en haut, une en bas. Il y est assez venu et peu de chose ont changé finalement.

Elle s’empare du téléphone en lui lançant un regard qui confirme qu’elle veut tout de même une réponse à sa question. Elle scrolle rapidement avant de choisir une pokeball sucrée/salée, un plat qu’elle adore et qui n’étonnera sans doute pas Liam. « - Prends ce que tu veux à boire, au point où j’en suis » Elle s’amuse un peu d’elle-même. Une fois qu’il a commandé, elle tend sa main, juste pour qu’il se rapproche d’elle, pour un câlin qui fait du bien, oui, elle en a besoin.

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Lorsqu'elle confirme son souhait de commander autre chose, que ce soit pour manger ou pour boire, Liam sourit, heureux de voir que sa proposition lui plaît et qu'elle prévoit donc de continuer leurs échanges. C'est qu'il doit donc réussir à lui changer les idées.

Mais la conversation prend le dessus. Elle lui parle davantage de Jacob, de son arrivée chez elle. Il écoute attentivement, ses sourcils se fronçant légèrement alors qu'elle explique la situation. Il dort chez elle, donc dans la chambre d'en face. Il se souvient bien de l'agencement de la maison, et Joan le sait pertinemment. Il a passé assez de temps dans cette chambre, il se souvient d'ailleurs aussi très bien que les murs sont fins et que le couloir n'est pas très grand. Jacob n'est donc qu'à quelques pas d'elle, chaque nuit.

"Juste curieux. Tu sais que je m'inquiète pour toi, Jo... Et puis je sais ce que moi personnellement je penserais si je dormais seulement à quelques mètres de toi" Un clin d'oeil malicieux en sa direction, Liam récupère son téléphone une fois la commandée de Joan enregistrée. Il ne peut pas s'empêcher de dessiner un sourire moqueur en voyant sa commande. Encore une fois ce fichu pokeball sucrée/salée, un choix qui ne surprend pas Liam mais qui l'inquiète toujours autant. Du sucré et du salé ensemble : quelle hérésie.

"Pour moi ça sera pizza, et j'ai pris du vrai rhum avec des jus. Je peux même te faire des cocktails avec tout ça et ce qui traîne dans ta cuisine"


La commande passée, la livraison est annoncée dans 10 minutes. Rapide, ils n'auront pas le temps de mourir de faim ou de soif.

Lorsqu'elle l'appelle de ses bras, il ne se fait pas prier pour se rapprocher d'elle. Il s'approche et glisse son corps entre ses jambes, toujours installée sur le comptoir du bar. Il l'entoure de ses bras et sent son corps se détendre contre le sien. Il comprend alors à quel point elle en avait besoin. Peut-être même que lui aussi. Après tout, une étreinte aussi sincère, amicale et réconfortante, il n'en a pas tous les jours. Alors qu'il resserre son étreinte, prêt à la réconforter le temps qu'il faudra, il dépose un baiser sur son front, un geste rempli de tendresse mais qui le fait légèrement frémir. Il sent alors une hésitation monter en lui. Il peut sentir son souffle chaud, son visage enfoui dans son cou, ses lèvres posées contre lui sans aucune pression... Cette proximité éveille des réactions assez étonnantes. Bien sûr, Liam a aimé Joan. Ils se sont mutuellement aimés pendant plus de deux ans, intensément et sincèrement. Ils se sont quittés avec la même sincérité et leur amour s'est transformé en une amitié solide et profonde. Sans aucune ambiguïté. Chacun a ensuite vécu sa vie, Joan s'est mariée puis a divorcé. Liam lui, est resté Liam, papillonnant de femme en femme, de nuit en nuit, sans sentiments et sans attaches particulières.

Surtout, il ne veut pas se comporter avec Joan comme avec les autres. Leur passé commun, leur amitié sont des éléments bien trop importants à ses yeux. Il s'écarte un instant, reculant son visage du sien, son cœur battant un peu plus fort. Il ne peut pas s'en empêcher : l'alcool, leur proximité physique, les souvenirs de moments si intenses... Son corps réagit avec une évidence absolue. Mais il sait aussi que ces moments de vulnérabilité peuvent mener à des gestes impulsifs, et il ne veut pas compliquer les choses pour elle.  

"Joan..." murmure-t-il doucement, cherchant ses mots, sa main sur sa joue. "Je ne suis pas sûr que..." Après quelques secondes à la regarder dans les yeux, l'impulsion prend le dessus et il ne termine par sa phrase. Sans réfléchir davantage, il se penche et l'embrasse, ses lèvres trouvant les siennes avec douceur mais aussi une certaine urgence.

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Un sourire se dessine face à la curiosité de son ex… son ami. Liam a passé plus de temps à être son amie que son ancien petit ami d’ailleurs, c’est plus facile de l’imaginer dans ce rôle que dans le premier qu’il a tenu. Ils ont réussi à garder un bel équilibre tous les deux et il est vrai que c’est plaisant pour Joan de l’avoir à ses côtés. Mais ne serait-ce pas quelques propos ambigus qu’il laisse planer ? Ils ont l’art et la manière de donner chaud à Joan. Plus habituer à recevoir des commentaires comme ceux-là. Quel jeu joue Liam ? Elle ne sait pas réellement, alors elle reste sur ses gardes. Ce n’est pas le moment de jouer les cœurs d’artichaut. Il y a bien longtemps qu’elle a arrêté de tomber amoureuse facilement. Son cœur s’est endurci et elle n’est plus totalement certaine de pouvoir s’attacher à nouveau. Elle rend son portable à Liam, elle choisit très – trop – souvent le même plat. Son ami y est habitué, il faut l’avouer et en règle générale, elle lui pique un morceau de son plat. Juste pour goûter, évidemment. Elle rit quelque peu cependant à l’idée que son café librairie si rangé, si mignon ne deviennent le théâtre de leur dépravation. « - Tu cherches vraiment à me voir ivre, je prends note » Elle l’annonce sur le ton de la plaisanterie, évidemment. Mais une chose est sûre, il faudra la raccompagner.

Et alors qu’elle est installée sur le comptoir du café pour être un peu près à sa hauteur, elle lui tend les bras. Un geste innocent, totalement amical dont elle a besoin. C’est plaisant, c’est fou de se retrouver dans ses bras. L’impression qu’il recolle tous les morceaux brisés à cet instant. Elle ne pense plus à rien, sa tête tourne un peu à cause de l’alcool fort. Le souffle chaud de son ami dans sa nuque… son parfum. Elle se sent totalement enivrée sans comprendre ce qui se passe. Ce baiser sur son front, si doux à la base et le reste ? Est-elle la seule à ressentir cette attirance ? Pourquoi apparaît-elle maintenant ? Impossible de ne pas penser que l’alcool n’est pas pour rien. Désinhibe les sens, les désirs. Ce n’est pas une bonne idée, c’est certain, même Liam semble hésiter, mais elle n’a aucune volonté, son cerveau est en erreur 404, il faut rebooter. Pourtant, les lèvres de Liam trouvent bien les siennes. C’est comme une réaction folle, une urgence à soigner, combler… Et elle répond à ce geste qu’elle trouve fou, comme un besoin d’affection à combler, peut-être que ce n’est pas à Liam de combler ce manque d’ailleurs… Ses bras passent autour de sa nuque, elle continue ce baiser… Jusqu’à être interrompu par une personne qui frappe à la porte du café. Un sursaut… la réalité qui revient de plein fouet. Le livreur. « - Je suis désolée… on n’aurait pas dû faire ça… » Ses doigts s’égarent sur ses lèvres… elle les pince, comme si elle voulait en garder les dernières miettes de ce baiser… les joues en feu, le corps en feu… Joan est totalement déboussolée.

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Liam jouait, peut-être un peu trop pour son propre bien. Mais il ne pouvait pas s’en empêcher, c’était dans sa nature, inscrit au plus profond de son ADN depuis de nombreuses années. De l’alcool, une femme et son être tout entier se mettait à envoyer des signaux de séduction incontrôlés. Même Joan ne pouvait y échapper.

Dans ses bras, le visage enfoui au creux de son cou, Liam ressent un mélange d'innocence et de complicité qui le fait frissonner lui aussi. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’il l’enlace ainsi, ils ont fait ça des centaines de fois. Mais jamais cette sensation étrange, à la fois familière et étonnement nouvelle L’alcool, la vulnérabilité : foutus éléments bien trop incontrôlables et enivrants. Lorsque le baiser sur son front se transforme en quelque chose de plus, un moment suspendu où le monde autour d'eux semble disparaître, Liam comprend qu’il devrait reculer, mettre un terme à cet échange pourtant si délicat et doux. Mais elle ne le repousse pas, elle passe ses bras autour de son cou et Liam glisse alors une main dans ses cheveux, comme il le faisait il y a bientôt dix ans. Ses mains retrouvent des habitudes qu’il pensait perdu au plus profond de ses souvenirs, ses doigts caressent délicatement sa nuque alors que ses lèvres savourent chaque seconde… Jusqu’à ce que le coup à la porte les ramène brutalement à la réalité. Le livreur, évidemment.

Joan s'excuse, visiblement bouleversée et tout aussi étonnée que lui par ce tourbillon imprévu. « Non, ne t'excuse surtout pas Jo » murmure Liam tout en se reculant de quelques pas. Ses mains glissent le long de ses bras, prolongeant un très court instant le moment qu’ils viennent de partager. Il sent encore la chaleur de sa peau sous ses doigts, un dernier écho de ce qu'ils viennent de vivre. Un sourire se dessine sur ses lèvres alors qu’il se tourne pour aller ouvrir la porte au livreur. « Je sais que tu rêves encore de mes lèvres tous les soirs donc bon… » Il se retourne et jette un coup d'œil amusé à Joan avant d'ouvrir la porte et de récupérer les sacs du livreur. Pas besoin de rendre cette situation étrange ou complexe. Ils sont deux adultes, deux amis, deux anciens amants. Il n’y a rien de dramatique ou de compliqué. Liam a toujours été très bon pour dédramatiser les situations et dans un cas comme celui-ci, c’est exactement ce qu’il fallait.

En s'approchant de la porte, Liam passe une main dans ses cheveux, tentant de reprendre contenance. Il ouvre la porte et accueille le livreur avec un sourire aimable. « Bonsoir, merci. » Il récupère les sacs et donne un pourboire comme à ses habitudes pour le service rapide… Même si bon, pour une fois, pas sûr que l’attente l’aurait réellement dérangé.

Il referme la porte derrière le livreur et se tourne vers Joan, les sacs en main. « Je pense que c’est le signal qu’il faut manger. Éponger tout ça. » dit-il en essayant de rendre la situation toujours plus légère avec un sourire complice.  Il commence à sortir les plats des sacs, disposant tout soigneusement sur la table. « Ton truc chelou, le voilà et voilà ma pizza. Ensuite à boire. Tu veux quoi ? Je pense qu’un petit jus d’orange bien frais te ferait pas de mal hein ? Sinon un mojito mais bon tu vas encore dire que je te fais boire… »

@Liam Esposito & @Joan Oswald

Ce baiser la ramène plusieurs années en arrière. Ce baiser réveille les désirs d’une femme. Elle a oublié qu’elle était capable de ressentir cela. Ce baiser lui donne envie de plus. Évidemment, mais est-ce une bonne idée de rompre une amitié par une scène intime ? Est-ce que les choses changeraient entre eux ? S’installerait-il une ambiguïté ?  Peut-être pas ? Personne ne peut savoir. Joan n’ose imaginer ce que cela donnerait si le livreur n’était pas arrivé, s’il n’avait pas frappé à la porte. Elle reste perplexe, un peu perdue... et frustrée que tout se soit si brusquement arrêté. Liam se détache d’elle, il tente de dédramatiser la situation, il l’amuse comme toujours. Il est fort à ce petit jeu. « - Je croyais que tu fantasmes sur les bibliothécaires... je suis un peu déçue » Elle se mordille la lèvre, amusée par cette ironie, ce ton léger qui s’installe après ce qui vient de se passer. Son ami s’éloigne pour aller ouvrir la porte au livreur et récupérer leur dîner. Elle tremble presque Joan, plein d’adrénaline, pleine d’envie, de désir qu’elle va devoir calmer rapidement. Elle reprend un peu ses esprits à l’odeur de la pizza de Liam. Son ventre grogne, aurait-elle des regrets d’avoir voulu prendre un truc léger ? Peut-être, elle se rend compte qu’elle a un peu faim, c’est vrai. Tant pis, elle s’en contentera, où elle piquera quelques morceaux de pizza en faisant les yeux doux à Liam. Peut-être que cela fonctionnera.  « - Je crois que je meurs de faim, je n’ai pas mangé ce midi... » C’est une constatation qui plus est, elle a tellement été occupée qu’elle n’a pas pris de temps de couper. Elle attrape la boîte de sa salade et alors que son ami propose du jus de fruit ou des mojitos, un sourire se dessine sur son visage.

Un verre de jus d’orange s’il te plait. Elle tend sa tasse vidé de rhum de cuisine. Une fois que la boisson remplit son verre, elle la descend cul sec, bien plus facilement que l’alcool fort avant. « - Maintenant je peux boire un mojito » Elle s’amuse un peu, ce n’est pas un verre de soft qui changera son état mais elle tente et elle aime la sensation de l’alcool qui apaise ses craintes. Pour une fois, elle profite, elle ne pense pas aux conséquences. « - Je te promets que je ne dirais pas de tels propos » Elle ouvre sa boîte, cela semble plutôt beau, elle n’est pas déçue, elle raffole des pokeballs, notamment saumon cru, quelques condiments et légumes et notamment de la mangue. Son petit préféré. Elle commence à picorer avec les baguettes fournies. « - On va réellement faire comme si tu ne m’avais pas embrassé » Elle se mordille la lèvre pour retenir son sourire... Liam pourrait tout à fait retourner la chose en disant qu’elle a largement répondu à ce baiser... Elle ose regarder son ami avec un air malicieux... sans savoir ce qu’il pense de la situation...

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Jetant un dernier regard vers elle, il remarque qu’elle se mordille la lèvre, le lançant sur ses prétendus fantasmes de bibliothécaires. Joan, joan, joan, à quel jeu dangereux essaies-tu de jouer... Les pensées de Liam se bousculent dans son esprit, à la fois amusé par ses taquineries, conquis par ses gestes de séduction et malgré tout décontenancé par ses propos. Elle avait toujours été très claire sur leur relation, et dieu sait qu’ils avaient pourtant déjà eu cette discussion d’amitié « et plus si affinités », Liam étant très friand de ce genre de rapports amis/amants. Mais Joan avait vécu tellement de choses ces dernières années que Liam s’était contenté, sans aucun regret, d’être un ami ultra présent. Et cette relation lui convenait très bien, il en avait même besoin pour sa stabilité émotionnelle.

« Rectification, j’ai changé de fantasmes il y a quelques semaines, j’ai pu le rayer de ma liste » rétorque-t-il, un sourire malicieux sur les lèvres, en revenant sur ses pas. Bien sûr que ce jeu est agréable, peut-être même un peu trop.

Une fois les plats disposés sur le comptoir, Liam sert le verre de jus d’orange à Joan et sourit tandis qu’elle le boit d’une traite. « Un mojito pour la demoiselle » dit-il en se dirigeant vers le bar improvisé. Il ouvre différents placards et sort les ingrédients nécessaires pour faire deux mojitos dignes de ce nom. De la menthe fraiche, du sirop de sucre de canne, de l’eau gazeuse, un peu de sirop de citron (il ne trouve pas de citrons frais) et beaucoup de rhum : à cela, il ajoute la touche Esposito, c’est-à-dire un dosage parfait de chaque liquide. Pendant qu’il prépare les deux tasses, il remarque du coin de l’œil Joan qui commence à picorer dans son poké. Il attend quelques secondes avant de réagir à sa remarque, il jette une paille dans chaque tasse et en pousse une vers Joan. « Voilà pour toi et à la tienne » ajoute-t-il en levant son propre verre, le regard pétillant.

Il s’arrête un instant, la main posée sur sa paille qu’il fait tourner lentement dans son verre. Il la regarde avec un sourire énigmatique et attrape un tabouret qu’il rapproche de lui. Il s’asseoit une jambe au sol, une jambe repliée sur le barreau du tabouret. De l’autre côté du comptoir face à elle, il se penche avant, les coudes posés devant lui. « Eh bien, techniquement, c'est toi qui m'as embrassé en retour » dit-il, un brin taquin dans la voix. Il la regarde intensément, essayant de lire dans ses yeux ce qu’elle ressent vraiment. Il sent l’ambiguïté du moment, la tension palpable entre eux.

« Honnêtement, ça m’a rappelé beaucoup de choses... J’avais oublié à quel point j’aimais tes lèvres Jo’ » continue-t-il, sa voix devenant plus douce et sérieuse, un sourire sincère sur le visage, séducteur mais complice. « Et j’ai très envie de recommencer... Mais c’est toi qui décide de la suite de la soirée... » Il sent qu’elle hésite, lui aussi, mais qu’elle a tout aussi envie que lui de recommencer, comme lui. Ses doigts effleurent les siens avec une douceur calculée. « On peut décider de profiter de cette soirée, te changer les idées... Ou continuer ton poké et ma pizza comme si de rien... »

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Il y a ce petit jeu qui s’installe entre eux. De la séduction ? Elle n’est pas certaine, une forme de jeu, qu’elle veut innocent mais qui est loin de l’être. Peut-être qu’au fond, elle le sait et qu’elle surfe hors de sa zone de confort pour l’expérience, pour voir si elle est capable de ressentir des choses. Joan a parfois l’impression qu’elle n’est qu’une libraire à moitié aide-soignante pour sa grand-mère. Elle oublie qu’il y a une femme là, quelque part en elle et elle réclame à sortir. Liam est venue la chercher et maintenant elle ressort... pas qu’un peu... peut-être trop ? L’alcool aide, c’est certain, il gomme tout le manque de confiance qu’elle porte au quotidien. Et puis il y a quelque chose de facile avec Liam... parce qu’elle le connait, presque par cœur... Peut-être que physiquement ils ne sont plus les mêmes, ils ont vieilli c’est certain. Et pour seule réponse aux fantasmes, elle roule des yeux, mais cela l’amuse profondément. « - Tu ne sais pas ce que tu rates, ou peut-être que si... » Rajoute-t-elle finalement, est-ce qu’elle invoque la tentation ? Il faut qu’elle mange, c’est certain, son esprit pensera à autre chose au moins... enfin... croit-elle.

Liam fait le partage de denrée. Elle attrape sa boîte qu’elle ne tarde pas à ouvrir. Il est vrai qu’elle a faim tout de même. Le mojito demandé après le verre de jus de fruit soft ne tarde pas à arriver. Elle sourit amusée de tout ce qui se passe ce soir, tout ce qui n’était pas prévu. Le verre est posé à côté d’elle, pour le moment, elle n’en boit pas. Il faut qu’elle mange, qu’elle éponge un peu l’alcool présent dans son estomac. Peut-être qu’elle se sentira moins sous l’effet du rhum de cuisine après quelques bouchée. Liam s’installe en face d’elle, elle relance de sujet du baiser, parce qu’elle n’aime pas faire comme si de rien n’était. Cela n’est pas dans ses habitudes. Elle aime que les choses soient claires Joan et là, l’ambiguïté du moment, l’oblige à relancer le sujet. A nouveau, elle roule des yeux devant l’attitude de Liam, il l’amuse toujours forcément, l’un va avec l’autre, c’est certain. « - L’effet du rhum » elle en rit parce qu’elle sait que ce n’est pas du tout cela. Le journaliste reprend la parole alors qu’elle commence à manger. Son regard oscille entre son plat et son ami... qui est aussi son ex-petit-ami. Ses joues chauffent sous les souvenirs d’un passé fiévreux entre eux. C’était il y a si longtemps... Sa langue passe cependant sur ses lèvres, son regard se perd dans le sien, elle hésite évidemment sur cette proposition. Il faut qu’elle reprenne un peu de contenance. « - Cela ne changera rien entre nous ? » C’est ce qu’elle ne veut pas perdre Joan... Une longue inspiration. Elle attrape son mojito... elle en boit une trop grande gorgée. Elle déglutit avant de lancer : « - Pour recommencer, il faut que tu t’approches un peu plus... »

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Liam observe Joan avec attention, essayant de capter chaque regard, chaque émotion qui traverse son visage. Sa remarque sur les fantasmes le fait aussitôt sourire. "Je crois que j'ai des souvenirs assez précis de ce que je rate" répond t-il, son ton légèrement taquin. Il la regarde ouvrir sa boîte et commencer à manger, sentant la tension dans l’air. Une tension pourtant simple et chaleureuse, sincère, à l'image de leur histoire et amitié. Il prend une gorgée de son mojito, savourant le mélange qu’il a préparé. Quand Joan relance le sujet du baiser, Liam sait qu’elle cherche à clarifier ce qui s’est passé. Il apprécie son besoin de transparence, même si cela les pousse à naviguer des eaux troubles.

Installé face à elle, son regard ne quitte plus le sien alors qu’elle parle de leur passé et de la possibilité de recommencer quelque chose, ce soir. Elle semble s'inquiéter réellement, comme si une nuit ensemble pourrait briser une amitié longue de plus de 10 ans et des fondations aussi solides que les leurs. "Joan" lui glisse t-il, un léger sourire sur les lèvres. Il boit quelques gorgées de son mojito, prenant quelques secondes pour la laisser mariner, et réfléchissant soigneusement à ses mots. Il veut la rassurer mais commence aussi à avoir réellement envie de l'embrasser de nouveau. "On se connait depuis si longtemps, peu importe ce qui se passe ce soir, on l'aura décidé et on saura très bien vivre après cela, comme avant." Ses mots sont sincères, chargés de l’affection profonde qu’il ressent pour elle. "Evite juste de retomber trop amoureuse de moi et tout devrait bien aller" Un rire taquin s'échappe de ses lèvres alors qu'il descend de son tabouret et contourne le comptoir pour se rapprocher d'elle. Sa main glissant lentement sur le bois, il prend son temps pour la rejoindre. Il sent un frisson de désir le traverser alors que Joan l'invite clairement à recommencer l'expérience. Après tout, il n'est qu'un homme. Les minutes passées, leur baiser sur le comptoir, la chaleur de l'instant, le corps de Joan contre le sien. Toutes ces images tournent en boucle dans son esprit, et s'il peut aussi bien les faire taire pour conserver leur amitié et faire comme si ce n'était qu'un égarement passager, l'invitation de Joan, lui donnant l'accord fatidique pour recommencer, fait tomber ses derniers freins. Ses yeux ne quittant pas les siens, il peut voir l’hésitation laisser place à l’excitation dans son regard. Il s’arrête juste devant elle.

"Et tu te souviens comme moi que nos corps se connaissent parfaitement et s'entendent assez bien" Il se penche lentement en avant, ses lèvres effleurant de nouveau les siennes dans un baiser d'abord doux et hésitant, puis rapidement empli de certitudes. Ses lèvres redécouvrent aussitôt des sensations familières mais enfouies, les mêmes qu'il y a plusieurs minutes. Il glisse ses mains dans le dos de Joan, suivant les courbes de son corps avec une délicatesse presque révérencielle. Il ressent chaque frisson qui la parcourt, et cela ne fait qu’intensifier son propre désir. Déterminé à rapprocher Joan de lui, il pose ses mains sur ses hanches, la soulevant avec une facilité déconcertante. Il sourit intérieurement, se souvenant de chaque geste, chaque caresse contre son corps revenant comme un automatisme. Dans un mouvement urgent, il la soulève de son tabouret et l'adosse contre le comptoir, son corps pressé contre le sien, délicatement mais avec une passion palpable.

"Comme ça, c’est mieux non ?" murmure-t-il, sa voix basse et rauque, ses mains posées fermement sur ses hanches.

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tw: intimité
Qu’est-ce qu’elle fait ? Qu’est-ce qu’ils font ? Elle n’a pas envie de se poser la question. Il a éveillé des désirs, des envies qu’elle avait oubliées. Il n’y a pas d’amour là-dedans, peut-être une amitié assez forte pour qu’elle parvienne à s’offrir encore à lui. Il a raison, cela ne changera rien, parce qu’ils l’ont déjà fait. Et elle sait qu’elle n’est pas juste une fille de passage dans sa vie. Joan est en confiance. Et c’est naturellement qu’elle évoque ce plaisir... cette envie. Liam ne termine même pas sa pizza, ce qui amuse un peu la libraire. Il fait le tour du comptoir, le regard plein de désir. C’est plaisant de le lire dans un regard masculin, elle ne pensait pas que cela pourrait à nouveau arriver après Marlon. Quand ce divorce a retenti, elle était persuadée que sa vie sexuelle était terminée, sans avoir envie de reconstruire quelque chose à ce sujet. Et puis il y a eu la librairie, puis l’accident de Cat... puis Gisele... Ian, les derniers mois ont été rudes. Ian est parti et elle ne sait pas où il se trouve. C’est un crève-cœur tous les jours, elle guette un appel, un message, un appel à l’aide auquel elle serait prête à répondre immédiatement... mais pour l’heure, elle ne pense plus à cela. Liam lui fait oublier tout ça.

Ses mots lui rappelle le fantasme qu’il a éveillé. Elle n’a plus besoin de parler, elle est charmée, hypnotisée. La propriétaire des lieux a perdu la main et elle a besoin d’être guidée. « - C’est peut-être à toi de faire attention » Parvient-elle à prononcer cependant. Avant que les choses tournent presque érotiques. Elle a l’impression de se retrouver dans ses écrits, les fantasmes qu’elle a couché dans son histoire. Eh oui, oui, elle se souvient, il a réveillé tous les souvenirs, maintenant son esprit est en boucle et il lui faut recommencer, revivre l’expérience. Ses lèvres viennent trouver les siennes, doucement, avec une retenue certaine avant que la passion ne prenne le pas sur la pudeur. Ses gestes sont habiles, tout son corps frissonne. Le sent-il ? C’est incroyable, c’est fort. L’ivresse du moment, l’ivresse tout court, il faut bien l’avouer. Et comme une brindille, il la soulève de son tabouret, elle frémit, sa robe remonte un peu, dévoilant ses cuisses nues. « - Beaucoup mieux » Un murmure, un chuchotis, presque à bout de souffle. Ses mains passent sur le visage de l’amant d’un soir, glissent dans ses cheveux. Elle n’a pas d’autres désirs que ses mains sur son corps, ses lèvres sur sa peau. Elle reprend possession des siennes d’ailleurs, retrouvant ses habitudes, ses doigts glissent sur son col pour entamer le détachement des boutons de sa chemise. L’empressement se fait sentir, l’envie d’aller plus loin... « - J’ai toujours détesté devoir défaire tous ses boutons » Un petit rire étouffé par des baisers. Pourtant, elle parvient à lui retirer et elle termine sur le tabouret qu’il lui a fait quitter. Ses paumes glissent sur son torse nu... se rappelant alors de la forme de son corps, de sa musculature. Elle l’observe un instant, savoure le moment... Et rapidement, cette urgence à assouvir un plaisir est là... et l’étreinte pleine de baisers reprend.

@Liam Esposito & @Joan Oswald

La soirée n’était pas prévue ainsi, mais Liam n’imaginait désormais plus aucune autre suite possible. Chaque mouvement, chaque geste qu'il fait est empreint d’une intention précise. Il se sent électrisé par l’intensité du moment, il n’a même pas besoin de réfléchir, son corps répond naturellement aux signaux que Joan lui envoie. Leurs regards se croisent, et il y a dans les yeux de Joan une lueur qu’il n’a pas vue depuis longtemps. Il espère au fond de lui en être la cause et se plait dans cette idée. Elle est belle, désirable, et il se sent chanceux de pouvoir raviver cette flamme en elle.

Faire attention... Ses mots parvenant à ses oreilles comme une douce provocation. Sa respiration s’accélère légèrement alors que leurs lèvres se trouvent à nouveau. Il sourit contre ses lèvres, amusé par son commentaire. « Moi aussi, je les déteste actuellement, » murmure-t-il entre deux baisers, posant ses mains sur les siennes pour l’aider. L’urgence se fait ressentir dans ses gestes, il a besoin d’aller plus loin, plus vite.

Quand elle termine de lui enlever sa chemise, elle le repousse très légèrement pour l’observer. Il sent alors un frisson parcourir son corps sous son regard et se mordille les lèvres. S’il est habitué à voir une lueur de désir et d’admiration dans le regard des femmes avec qui il passe la nuit, le regard de Joan n’est pas comparable. Il ne lui ferait jamais l’affront de la comparer à ses conquêtes d’une nuit. Peu de femmes ont de l’importance à ces yeux, du moins parmi celles avec qui il partage son lit. Elles sont d’ailleurs seulement deux. Et Joan est l’une de celles-ci. Il n’aurait jamais imaginé le penser d’ailleurs, faisait bien longtemps qu’il s’était interdit de penser à elle de cette manière. Il sourit, ses yeux capturant les siens alors qu’elle repart à la découverte de son corps.

« Tu es encore plus belle que dans mes souvenirs » lui glisse t-il à l’oreille, ses mains glissant sur ses cuisses et remontant lentement sous sa robe. Il retrouve le chemin de ses lèvres, déposant d’abord un baiser sur ses épaules, dans son cou, sur sa joue avant de venir sceller leurs retrouvailles. Ses doigts tracent des lignes invisibles sous sa robe, remontant jusqu’à la courbe de ses hanches. La chaleur devient presque insupportable pour lui, chaque baiser, chaque caresse lui donnant envie de ne faire qu’un avec elle. Délicatement, il retire ses mains et les passe dans son dos, descendant la fermeture qui la retient prisonnière. Il laisse échapper un soupir, ses mains explorant plus audacieusement son corps pour l’aider à retirer définitivement sa robe. Ses doigts tremblent légèrement sous l’effet de l’anticipation, à mesure que sa tenue glisse lentement le long de son corps, dévoilant sa peau douce et nue en dessous. Ses mains suivent le mouvement, savourant chaque centimètre qui se révèle à lui. Ses lèvres ne cessent de parcourir son cou et ses épaules, laissant une traînée de baisers brûlants sur son passage. Il la rapproche de lui, leurs corps se pressant l’un contre l’autre dans une danse sensuelle.

Elle est en sous-vêtements collée à lui, et cette sensation le fait frémir davantage. Ils n’ont pas été si proches depuis longtemps, et Liam se surprend à jouer de délicatesse avec son corps avec elle plutôt que de succomber à un plaisir plus sauvage. Il s’arrête un instant, sourire aux lèvres, sa respiration haletante. Ses lèvres s’éloignent légèrement des siennes alors qu’il la soulève doucement, l’obligeant à enrouler ses jambes autour de sa taille. La sensation de ses cuisses nues contre lui est enivrante, chaque contact déclenchant une nouvelle vague de désir. Il plonge son regard dans celui de Joan. « Canapé ? » Un sourire sur les lèvres, il n’attend pas sa réponse et l’emmène vers le canapé derrière eux.