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Putain c'est quoi ce bordel de merde ?
Deux ans. Deux ans qu'il ne l'a pas vu et ça lui fait un effet qu'il n'apprécie pas vraiment. Tout son corps s'est tendu dès qu'elle a posé son regard sur cette chevelure rousse et sur ce visage qu'il a tant désiré autrefois. Elle a été au centre de sa vie pendant de nombreuses années. Il a vécu avec elle. Elle était la soeur de son meilleur ami. La fille de ses parents plus ou moins adoptifs. Elle faisait parti de son passé, mais surtout... la voir lui rappelait douloureusement la raison de pourquoi ils ne se parlaient plus aujourd'hui.

Cole était mort. Alec en avait assumé l'entière responsabilité. C'était sa faute si son meilleur ami avait participé à cette course de voiture. C'est lui qui l'avait poussé à le faire car la somme d'argent à la clef était si importante qu'elle aurait pu l'aider à régler sa dette. Mais ça l'avait tué... Et depuis, la culpabilité d'Alec ne l'avait jamais quitté. Donc quand la famille de Cole s'est détourné de lui en lui balançant des horreurs au visage, il les as acceptés. Il a porté ce fardeau seul sur ses épaules. Puis il a continué sa route...

Il n'a pas arrêté les combats clandestins et les courses de voitures illégales pour autant. Au contraire, il s'est encore plus investi dans ces deux choses qui le reliait encore à Cole d'une certaine manière. Parce que c'est son meilleur ami qui l'avait plongé dans ces deux passions. Ces deux activités qui lui permettait de se sentir vivant en jouant de plus en plus avec la mort... Mais surtout, il était bien contraint de continuer de trouver un moyen de gagner du fric, parce que le dealeur de Cole ne lâchait pas l'affaire et qu'il menaçait de s'en prendre à Ivy et à ses parents si l'argent n'était pas restitué. Alors, même après deux ans, il continue de veiller sur les arrières des trois personnes qui comptent le plus à ses yeux.

Et le reste du temps, il continue de jouer avec la vie. C'est une manière comme une autre de faire son deuil.

Sauf que ce soir, alors qu'il était tranquillement en train de passer une soirée de dingue dans une villa incroyable, il a fallu qu'il la voit. Débarquer au bras de Liam. Bien sûr, il continue de la surveiller à distance, de vérifier qu'elle aille bien, qu'elle n'est pas de problème. Mais Alec s'informe. Il ne s'approche pas d'elle. Et ce soir, elle est là. Et ça n'était pas vraiment prévu.

Ça fait déjà plus d'une heure qu'elle est arrivée et même si la villa est grande, Alec l'a évité un nombre incalculable de fois. Parce qu'il n'a pas envie de la croiser, il n'a pas envie de subir ce regard assassin qu'elle lui a lancé la dernière fois... Alec n'a pas envie de subir sa haine. Et il sait parfaitement qu'elle se porte mieux quand elle est loin de lui. Le tatoué esquive donc la jeune femme, jusqu'à ce qu'il tombe dans une pièce où il aperçoit Liam, comme une furie, Alec fonce vers lui et il le bouscule quelque peu, sans lui faire mal pour autant.

— Mec, t'es sérieux putain ? T'as invité Ivy ici ?! Tu savais très bien que je serais là, qu'est-ce que t'as foutu bordel ?!
— Ça va ! La maison est grande, vous êtes pas obligé de vous croiser !

Les sourcils froncés, il dévisage son pote avec amertume.

— Elle est au courant au moins ? Tu lui as dit que l'assassin de son frère était là ?

Liam se décompose à la mention de la mort de Cole. Tout le monde fait ça de toute façon. Ça fait deux ans, mais personne n'est capable d'en parler. Parce que ça a choqué tout le monde. Cole, c'était le type sympa, ami avec tout le monde. Celui qui fait des fêtes, toujours partant pour faire tout et n'importe quoi. Sa mort, ça a affecté tout le monde. Alors Alec est en colère que Liam n'ait pas pensé aux conséquences que ça pourrait avoir sur Ivy. Parce qu'Alec sait parfaitement qu'elle le déteste et qu'elle n'a certainement toujours pas fait son deuil. Parce que lui non plus ne l'a pas fait...

— Non... non j'ai rien dit... bafouille Liam.

Un rire mauvais s'extirpe des lèvres d'Alec.

— Vaut mieux pas pour toi qu'elle me croise alors. Parce que tu risques de passer un mauvais moment.

Il la connait suffisamment pour le savoir. Il sait tout d'elle. Il la connaît par coeur.
Alec pousse un soupir et il s'éloigne de Liam sans vraiment conclure la conversation. Il s'apprête à quitter la pièce quand quelqu'un le percute. Il baisse les yeux vers une chevelure rousse qui fait une tête de moins que lui et quand il croise le regard d'Ivy, il lâche un juron dans un léger murmure.

— Fais chier...

Lui qui s'est évertué à l'éviter. C'est raté...

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TW : Deuil, alcool, dépression

Cela fait quelque temps que Ivy n'est pas allée à une fête. Une vraie fête. Depuis la mort de Cole précisément. Bien qu'elle essaie de faire bonne figure. Bien qu'elle essaie de faire comme ses parents depuis deux ans, garder la face devant les autres et faire semblant, elle n'a pas le cœur aux festivités. Elle n'a pas le cœur de se mêler au bonheur des autres. Parce que ce bonheur - elle - on le lui a enlevé quand son petit frère est mort. Elle ne sait plus ce que c'est, que d'être heureuse. Heureuse et insouciante. Et même si - en apparence - elle est toujours bien apprêtée. Même si elle affiche un grand sourire derrière une allure droite, une tête relevée et un regard aiguisé, au fond, elle est comme morte à l'intérieur. Elle pleure chaque nuit. Elle survit le jour. Et même si ses médicaments lui permettent maintenant de mieux dormir, elle dort uniquement d'un sommeil de plomb, ce qui n'a rien de réparateur.

Mais elle doit faire semblant. Toujours. Parce que c'est comme ça que ses parents l'ont éduqué. C'est comme ça qu'ils l'ont façonné et c'est pourquoi, ce soir, elle a accepté cette invitation. Non pas par plaisir, bien évidemment. Or, sous l'insistance de Liam et sa faculté à lui faire les yeux doux pour qu'elle accepte, elle a fini par capituler parce qu'elle n'a pas forcément la force de se battre et qu'elle doit garder les faux semblants.

Alors, elle est allée à cette fête. Elle a fait comme si de rien n'était. Elle a même enfilé une somptueuse robe rouge et même si ses pieds lui font souffrir par ces hauts talons, elle maîtrise ces apparences d'une main de maître sans se réjouir pour autant de tous les sourires et les bruits aux alentours.

Liam vaque de droite à gauche dans cette grande maison. Ivy erre plus ou moins de son côté. Tout le monde lui sourit, certains la drague aussi mais elle ne se sent pas forcément à sa place et au bout de quelques heures, elle finit par se réfugier dans l'une des toilettes à l'étage de cette grande villa pour souffler quelques instants. Elle se regarde dans le miroir et dans ce miroir, elle ne voit rien de plus qu'une femme détruite. Une soeur qui n'a jamais réussi à faire son deuil alors quand elle fouille dans son sac à main, elle sort de ce dernier l'un de ses médicaments magiques pour ne pas s'écrouler et hurler tout ce qu'elle a à hurler depuis la mort de Cole et que son monde s'est brutalement écroulé.

- C'était stupide. Je n'aurai jamais dû venir.

Mais elle y est. Elle est là et Ivy doit faire un grand effort sur elle même pour survivre à cette soirée. Elle ne compte pas boire de toute façon. Elle n'a jamais bu plus que de raison. La faute à qui? À ses parents bien sûr alors qu'ils ont porté sur elle, toute l'exigence de la femme parfaite qui ne fait aucun écart ni aucune erreur dans sa vie. Là, aujourd'hui, elle n'en peut plus. Alors, elle prend un médicament. Elle parfait son maquillage et redescend. Ivy cherche Liam du regard mais tandis qu'elle entre dans une pièce, elle sent sa tête se cogner contre un torse et elle redresse le menton. Elle s'apprête à s'excuser mais le visage qui se dessine juste devant son nez l'immobilise, la surprend et c'est la colère cette fois qui rougit ses joues alors qu'elle recule d'emblée.

- Qu'est-ce que tu fiches ici? C'est une blague j'espère?

Elle sent son coeur battre férocement contre sa poitrine. Deux ans. Deux années à ne plus le croiser et à ne plus voir ce visage qu'elle a jadis désiré. Deux ans à ne pas l'oublier pour autant. Parce que chaque jour, elle associé ce visage à la mort de Cole et la brûlure n'en est que plus violente. Ivy reste interdite, la mâchoire serrée. Elle reste immobile mais quand elle aperçoit Liam - derrière - qui semble soudain peiné et qui cherche visiblement à ne pas croiser son regard, elle voit rouge et comprend bien vite que ce dernier est au courant de cette présence depuis le début. Elle pousse Alec et se fond sur lui, en le pointant du doigt sans distinction.

- Je rêve. T'étais au courant? Tu savais qu'il était là ce soir et tu ne m'as rien dit?

Liam bafouille. Il ne sait plus où se mettre. Il baragouine des excuses mais quand il cherche cette fois à se carapater comme un lâche, la jeune rouquine voit rouge et ne réfléchit pas en enlevant l'un de ses talons qu'elle lance dans sa direction sous des regards à la fois amusés et choqués des personnes qui se trouvent aux alentours.

- Répond moi Liam. Tu comptais me le dire où tu attendais visiblement que je le découvre par moi même? J'y crois pas…

Ivy ricane nerveusement. Elle se contrefiche des regards qui pèsent sur elle. Elle se contrefiche des messes basses. Parce que tout le monde ici est sûrement au courant de la présente d'Alec à cette fête. Parce que tout le monde ici est sûrement au courant de ce qui est arrivé à Cole. Mais que chacun fait comme si de rien n'était, par peur sûrement de ramener ce sujet douloureux sur le tapis. Ivy serre des poings. Elle ne va pas chercher sa chaussure. Elle reste immobile mais finit néanmoins par se tourner vivement vers Alec, pour qui, sa seule vision l'ébouillante comme elle claque de haine et de regret.

- Je ne pourrai donc jamais me débarrasser de toi? dit-elle d'un ton amer. A croire que le foutu destin ne veut pas que j'oublie ce que tu as fait à Cole et qu'il trouve toujours un moyen plutôt hilarant de me le rappeler dès qu'il a la moindre occasion.

“Arrête Ivy. Il y est pour rien.”

Liam essaye de tempérer la situation. Il semble de plus en plus gêné par ce qui se passe et l'énormité de sa bêtise de ne pas - au moins - l'avoir prévenu mais son amie le foudroie du regard à son tour et tonne :  

- Ne t'avise pas de me parler, toi. J'ai encore ma deuxième chaussure à porter de main. Je peux t'assurer qu'un mot de plus qui sort de ta bouche, et je tâcherai de mieux viser.

Avant de se retourner vers Alec qui n'a pas bougé d'un centimètre et qui est toujours au centre de sa vision.

- J'imagine que je ne peux pas te demander de partir. Et comme je ne compte pas partir non plus….

Ivy marque une pause, un silence. En vérité, elle ne pense qu'à partir mais elle est bien trop en colère contre Liam pour lui demander de la ramener. Elle à aussi son égo à préserver, sa fierté. Et des larmes lui montent presque aux yeux parce que le simple fait de le regarder la blesse profondément, ne l'a ramène qu'à son deuil qu'elle est incapable de mener. Son ami - à côté - essaie d'avancer. Il essaie de prendre des pincettes en affichant à Alec, un regard désolé mais Ivy le prend de court en allant chercher cette bouteille posée sur une table, la portant à sa bouche en de longues gorgées avant de poursuivre dans un ricanement tout sauf honnête et sans aucune légèreté.

- Tu voulais que je fasse la fête, non? Bravo. Tu as probablement réussi à me dérider. A Cole alors.

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Dès qu'il croise son regard, il voit le feu brûler à l'intérieur. La dernière fois qu'il s'y est confronté, c'était après la mort de Cole, quand sa famille a tenu Alec pour responsable de cette course de voiture illégale et donc du décès de leur fils. Et lui, il ne s'y est pas opposé. Parce que s'ils avaient besoin d'un coupable autre que leur propre enfant, il était prêt à porter ce fardeau. Même si ça indiquait perdre sa famille de coeur et la perdre, elle.

Mais après le regard de feu vient la remarque acerbe. Alec contracte automatiquement la mâchoire pour se retenir de lui souffler une remarque provocante. Avec la plupart des gens, c'est ce qu'il fait quand on l'agresse, il devient détestable, prend son air de mauvais garçon et il se rend encore plus provocant. Mais pas avec elle. Ivy pourrait le frapper qu'il ne ferait rien et qu'il encaisserait chaque coup sans rien dire. Parce que tout ce qu'il souhaite, c'est absorber sa douleur. Et si ça passe par une forme de haine contre lui, alors il l'accepte. Même si la voir ainsi, le rejeter, lui fait quelque peu mal au coeur, mais il ne le dira jamais.

Alec n'a pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il est repoussé par la tornade rousse qui fonce sur Liam en comprenant qu'il était parfaitement au courant de sa présence à cette soirée. Le tatoué observe la scène à distance. Il pose les mains sur son torse et il observe Liam se faire insulter de tous les noms. Un rictus se forme sur le coin de ses lèvres malgré lui, satisfait que ce petit con reçoive toute cette colère. Après tout, il a été un abruti d'emmener Ivy ici sans l'avertir de sa présence. S'il avait un doute sur le fait que ça la mette en rogne, maintenant il sait.

Pourtant, au fur et à mesure où la jeune femme parle, Alec se tend un peu plus, parce qu'il observe les réactions des personnes autour d'eux. Tout le monde est attentif, cela s'empire lorsqu'Ivy attrape l'un de ses talons pour le jeter sur Liam comme une hystérique. La mâchoire d'Alec se contracte encore une fois et il s'apprête à s'approcher d'elle pour la dissimuler aux regards des autres, comme si sa simple carrure pouvait la cacher. Mais il n'a pas le temps de faire le moindre geste, parce qu'Ivy se tourne une nouvelle fois sur lui et qu'il reçoit sa haine désormais.

Alec fixe Ivy, silencieux. Il observe du coin de l'oeil Liam qui tente de temporiser le conflit, mais il se fait envoyer bouler en une seconde à peine. La tornade rousse fixe Alec, lui indique qu'elle ne peut sans doute pas lui demander de partir. Il pourrait le faire. Si c'était son souhait, il respecterait sans doute sa demande.

Le seul problème, c'est qu'elle s'avance vers une table, qu'elle attrape une bouteille et qu'elle se met à boire directement au goulot.

Putain pourquoi tu te donnes en spectacle comme ça Ivy ? pense-t-il avec colère.

Alors Alec sort de son mutisme, il fonce sur elle et il lui enlève la bouteille des mains.

— Ça suffit. Lâche ça, tu ne tiens pas l'alcool. Boire ne le ramènera pas alors arrête ça. Liam va te ramener chez toi.

Alec tourne la tête vers son ami et il lui lance un regard noir, sombre. Le genre de menace silencieuse à laquelle personne ne voudrait se confronter. La carrure d'Alec peut-être effrayante et nombreuses personnes ici présentes sont au courant pour les combats clandestins. Personne n'a envie de recevoir un coup de la part d'Alec. Liam encore moins. Ce dernier s'avance et tente d'attraper le bras d'Ivy pour la mener vers la sortie.

Mais si Ivy a longtemps été de celles qui se laisse faire, qui se laisse contrôler -notamment par ses parents-, deux ans sont passés et la colère est présente. Alec devrait se douter qu'elle ne se laisser pas faire si facilement...

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TW : Deuil, alcool, dépression


Ivy se donne en spectacle et elle le sait. Elle sent les regards posés sur elle. Des regards à la fois amusés, surpris mais aussi désolés parce qu'elle sait. Oh oui  elle sait. Elle se doute que chacun pense à Cole et au drame qui a détruit leur famille. Elle se doute que sa haine envers Alec n'est un secret pour personne ici. Elle ne veut pas de leur pitié. Pire. Elle ne veut pas de sa pitié, à lui et elle ne compte pas sortir de cette maison même si c'est probablement ce qu'il y a de mieux à faire.

Alors, elle prend cette bouteille, Ivy. Elle la porte littéralement à ses lèvres et elle manque de tousser par l'acre amer du goût parce qu'elle n'est pas habituée et qu'elle s'est toujours refusée - jusque - là - de se noyer dans l'alcool. Ses parents le lui ont toujours refusé de toute façon. Elle devait être parfaite. Aux yeux des autres. Aux yeux de la société. Fidèle fille aînée d'une famille riche et influente. Soeur inébranlable d'un frère - pourtant - qui est partit bien trop tôt. Bien trop vite. Bien trop jeune. Tout ça parce qu'il s'est laissé embarquer par un  homme…. Cet homme qui l'a tellement séduite qu'elle a fini par lui succomber elle aussi. Finalement, Alec n'a jamais été bon pour Cole ni pour elle. Ils ne leur restent que ça en commun désormais.

Et ça fait mal. C'est trois fois plus douloureux. Ivy sent toute cette colère l'envahir. Elle sent toute cette rage et pour la première fois, elle s'autorise librement à l'éclater parce qu'elle se sent de toute façon bien trop mal, bien trop trahie, blessée, meurtrie pour la réfréner.

Alec fonce vers elle et Ivy redresse la tête. Elle ne compte pas reculer. Elle ne compte pas en avoir peur. Même si sa prestance a de quoi écarter n'importe qui dans la pièce. C'est ce qui lui avait plu au départ, la première fois. Quand elle avait l'impression de pouvoir être libre dans ses bras. Succomber à tous les dangers qu'il représentait et au goût infini de l'interdit qu'elle n'avait surtout pas le droit de s'adonner. Mais c’est du passé. Un passé qui ne reviendra jamais. Un passé qui la lacère car c’est de la main presque de cet homme que son petit frère a péri. Pas directement mais c’est comme tel. Il lui faisait confiance. Elle lui faisait confiance. Ses parents lui faisaient confiance et tout ça pour quoi? Pour qu’ils pleurent sur sa tombe et que tout leur monde s’en sont retrouvé anéanti.

- Mais rester la petite fille parfaite ne le ramènera pas non plus. Ce n’est pas à toi de décider de ce que je veux faire. Ce n’est pas à toi de décider si je veux boire ou si, au contraire, je tiens ou non à rentrer.

Liam tente de lui prendre le bras. Il lui murmure avec douceur :

Allez Ivy. Je te ramène. Je n’aurai jamais dû insister pour que tu viennes. Excuse-moi.

Mais Ivy n’a aucune intention de partir et elle se dégage de son emprise. Elle se dégage de son étreinte. Elle le foudroie même de son regard glacé et ce regard se reporte sur Alec qui ose visiblement dicter ce qu’elle a à faire alors qu’il n’en a plus aucun droit. Il devrait s’estimer plutôt chanceux qu’elle ne le gifle pas devant tout le monde. Ses doigts la démangent. Son corps tremble presque et elle doit serrer des poings, des lèvres pour ne pas laisser cette rage exploser au risque de dire ou de faire des choses qu’elle finirait elle-même par regretter. A la place, elle tente de reprendre cette fichue bouteille. Elle tente de le lui arracher des mains mais elle serre la mâchoire parce qu’il ne semble pas disposer à la laisser tranquille et cela la pique un peu plus. Elle n’a ni besoin de son aide, ni de son approbation. Elle est assez grande pour décider.

- Tu as perdu ce droit depuis longtemps. Depuis que tu l’as entrainé vers une mort certaine plus exactement. Alors si je tiens à boire. Si je tiens à me mettre mal. Si je tiens même à m’envoyer en l’air ce soir avec le premier venu et à enlever enfin ce masque parfait qu’on semble absolument vouloir m’attacher, je le ferai. Avec ou sans ton accord, cela reviendrait au même. Ne fais pas semblant de me connaître Alec…. Ce n’est plus le cas… Alors maintenant donne moi cette bouteille et va donc coucher avec quelqu’un. Tu es très doué pour ça.

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Les sourcils d'Alec se froncent quand il voit Ivy répliquer. Cette fougue, il la connaît chez elle dans l'intimité, mais le reste du temps, face au reste du monde, elle se montre docile, parce que c'est ce qu'on lui a appris à faire. Pourtant, il n'est pas surpris qu'elle s'oppose à lui à cet instant précis. Ivy le déteste. Ce n'est pas nouveau, ça fait deux ans que ça dure. Depuis le terrible drame qui a détruit sa vie et celle de la famille de Cole.

Alors Alec garde son visage fermé, aucune émotion ne semble le traverser et pourtant il ne pense qu'à une chose : tenir Ivy éloignée de cette soirée. Liam s'interpose, il tente d'apaiser la situation, mais rien ne semble pouvoir calmer les émotions de la jeune femme. Alec sait que cette douleur qu'elle ressent est légitime et c'est pour ça qu'il n'insiste pas plus. En revanche, quand elle tente de reprendre la bouteille de ses mains après avoir envoyer chier Liam, Alec maintient sa prise autour de son objet de convoitise et il secoue a tête.

Il encaisse alors les nouveaux mots qu'elle lui crache au visage. Alec la fixe de son regard sombre et il tente de sonder son âme, mais ce qu'il voit n'est que plus douloureux encore.

— Jalouse, Ivy ? souffle-t-il, un sourcil haussé en entendant sa dernière phrase.

Est-ce qu'il lui manque ? Est-ce qu'elle pense encore à lui parfois lorsqu'elle se touche ou qu'elle laisse un autre homme la toucher ? Est-ce qu'elle se souvient de tous les gémissements qu'il lui a provoqué ? Alec se pose la question à cet instant précis alors qu'elle l'invite à aller coucher avec quelqu'un. Il ne voit franchement pas quel est le rapport avec le fait qu'elle ne soit pas censé boire ce soir et qu'elle ferait mieux de rentrer pour être éloigné de lui. Pourtant, il ne peut s'empêcher de la questionner avec ce sarcasme, comme s'il n'avait pas écouté le reste de sa tirade. Il passe pour un enfoiré, mais il s'en fiche. Ça fait bien longtemps qu'il a accepté cette étiquette que tout le monde lui a donné.

— Allez, rentre chez toi Ivy. Tu regretteras demain d'avoir agit comme ça. Je sais que le regard des autres compte pour toi.

Ce n'est pas une nouvelle pique. Son ton est plus doux, presque protecteur. La Ivy qu'il connaissait n'aurait jamais explosé ainsi en public. Elle aurait détester qu'on la voit vulnérable. Mais peut-être bien que la jeune femme face à lui n'était plus du tout la même et qu'elle se fichait désormais des "on dit". Mais pourquoi est-ce que cette idée l'excitait et lui donnait encore plus envie de connaître cette nouvelle Ivy ?

Non Alec. Tu dois la protéger. Et pour ça, elle doit rester loin de toi.

Derrière Ivy, il aperçoit un jeune homme d'une trentaine d'années qu'il ne connaît que trop bien. Ce dernier a un petit rictus sur le bord des lèvres et semble beaucoup s'amuser de la situation. La mâchoire d'Alec se contracte alors qu'il repose les yeux sur Ivy. Il refuse que le dealer de Cole -à qui il rembourse toujours la dette de son meilleur ami-, ne s'approche d'elle.