@Mairead O'Riordan
Un weekend d’été légèrement pluvieux. Il a promis sept jours plus tôt à son neveux Malakai de l’accompagner faire du skate et les mamans du petit lui ont assuré que le garçon de sept ans s’est réjouit toute la semaine de cette perspective. Donc ce dimanche matin, il remise sa sortie de surf dominicale pour une planche à roulette et passe chercher l’enfant vers huit heures et demi. Le truc pratique à cet âge là c’est qu’ils sont encore à se lever aux aurores et il récupère le gamin plein de vitalité et d’enthousiasme, alors que sa mère ouvre la porte l’entrée à Luther en robe de chambre et en baillant d’un air bien ensomeilliée. Il promet de s’occuper du petit de A à Z, à commencer par un petit déjeuner consistant dans un café, avant de taquiner sa soeur sur la perspective d’une matinée child-free pour elle et sa compagne. Qu’elles en profitent lui recommande-il avec un clin d’oeil.


La matinée passe vite, le petit déj a été avalé sans tarder puis ils ont pris possession du skatepark de Paddington. Il y a pas trop de monde, car le ciel matinal est gris et que la pluie menace. D’ailleurs quand elle commence à tomber en grisaille fine, l’oncle prévient son neveu qu’ils vont arrêter car les installations vont devenir glissantes et qu’il a promis aux mamans de le ramener en un seul morceau. Il cède à une dernière descente, puis une seconde parce que le gamin est persuasif. Il va pas tarder à regretter d’avoir accéder aux supplications car c’est là que l’accident intervient. En haut du quarter-pipe, le gamin glisse, son bras frappe contre la tranche puis il dévale la rampe en faisant quelques roulades. Dieu merci il porte un casque et les protections de rigueur pour les articulations - contrairement à son oncle qui se croit probablement trop cool et adulte pour ça, l’idiot ! Mais quand Luther se précipite vers lui pour l’aider à se relever, l’enfant se met à pleurer en disant avoir très mal au bras. Il faut pas quinze heures au prof de maths pour comprendre qu’effectivement y a un petit soucis technique et ils embarquent rapidement vers les urgences. Il essaie une première fois de contacter sa soeur - sans succès - avant d’arriver à l’hopital. Là, il commence à décliner leur identité et explique leur lien de parenté et les circonstances de l’accident. On les installe assez rapidement dans un boxe et on leur annonce qu’un médecin urgentiste va bientôt les rejoindre. Il échange quelques mots avec l’infirmière qui commence les examens de base avant de chercher à nouveau à joindre sa soeur - toujours sans succès, elle a dû le prendre aux mots de la lettre quand il la enjoint de profiter de sa matinée. Puis quand le rideau se soulève pour laisser passer le médecin de garde ce dimanche matin, il constate avec surprise que c’est une tête connue. Il avait oublié son existence pour être honnête et il lui faut quelques minutes pour se souvenir de son nom peu commun “ Tiens ça alors ! Mairead, c’est ca ?!”.

@Luther Kealoha

Que dire de cette journée ? Elle est mouvementée, oui mais voilà, n’est-ce pas le propre d’une journée aux services des urgences ? Si, évidemment. Mairead a l’habitude, c’est sans doute pour cela qu’elle a choisi ce métier. Elle a besoin d’adrénaline dans son travail, d’être stimulée. C’est nécessaire pour éviter de trop penser à sa vie passée. Elle a des souvenirs auxquels elle ne veut pas repenser, alors elle occupe au mieux son esprit. C’est la meilleure manière qu’elle a trouvé pour avancer. Elle a ralenti le pied tout de même, sa vie avant son retour à Brisbane était bien plus mouvementée. Mais apparemment frôler la mort, cela remet les idées en place. Et sa place, elle l’a trouvé ici. Elle aime ce service, elle espère être à la hauteur de ses collègues, d’être une supérieure correcte. L’ambiance n’est pas mauvaise, alors elle imagine que ce n’est pas trop mal. En tout cas, il est clair qu’elle est ravie de cette reconversion. Être dans ce service, l’oblige à voir du monde, elle s’est fait quelques amis, elle en a retrouvé évidemment mais son travail occupe beaucoup son temps et elle ne sort pas beaucoup. Stella lui dit souvent qu’elle devrait penser à elle et tenter de se trouver quelqu’un pour partager un bout de vie mais Mairead ne fait pas l’effort de sortir, elle craint même de se remettre sur le marché. Cela fait tellement longtemps qu’elle n’a rien eu, personne... qu’elle n’est plus certaine de comment on doit procéder pour remettre la machine en marche.

La pause est appréciable. Elle sait qu’elle sera de courte durée, elle n’a pas quitté sa tenue médicale d’ailleurs. Elle profite des rayons doux du soleil. L’automne approche et la chaleur se fait moins pesante. Elle finit son café dans un gobelet. Son bipeur la rappelle à l’ordre. Le travail l’appelle. Elle jette la boisson dans la poubelle et elle presse le pas. Ce n’est pas une urgence vitale, elle pourrait arriver sans trop se presser mais ce n’est pas son genre. Le code indique qu’il s’agit d’un enfant. Mairead a un principe, ne jamais faire attendre et encore moins les enfants. Elle attrape une part de brownie en prenant le dossier, une infirmière a fait une première auscultation, mangeant le morceau de gâteau elle lit les indications. Possiblement un bras cassé. Elle avance vers le box du jeune garçon pour finir l’examen et aller à faire une radio si besoin. Seulement voilà, lorsqu’elle relève les yeux pour saluer tout le monde, elle s’arrête net, elle bug un moment, il faut le dire. Ce visage, elle le connait, elle l’a croisé au détour d’une journée sombre où elle a cru qu’elle allait y rester. C’était totalement de sa faute mais Luther est arrivé au bon moment. Un ange gardien. « - Vous ici... Mairead oui c'est bien ça ou docteur O'Riordan, je travaille ici... » Un petit rire, sourire amusé par la coïncidence. « - Bonjour toi, j’ai cru comprendre que tu étais tombé sur le bras, c’est bien ça ? » Un regard doux vers le jeune garçon puis... son père sans doute. « - Vous étiez avec votre... fils lors de la chute ? » Elle enfile des gants, elle pose le dossier sur la tablette du lit. « - Je fais toucher un peu, je suis désolée, je risque de te faire mal » Elle y va doucement et elle sent l’enfant se crisper. Le docteur fronce les sourcils, l’avant-bras est bel et bien cassé, net. Pas de doute. « - Je crains que ce soit bien cassé oui, cela a l’air relativement net, mais je préfère que l’on fasse une radio, voir si on pose juste un plâtre ou s’il faut réaligner la fracture » Elle se veut rassurante. Elle se positionne à l’entrée du box pour s’adresser à une infirmière. « - J’aurais besoin d’une dose benzodiazépine et d'hydroxysine pour le box 9, on va aller faire une radio, je te remercie » Elle revient vers ses patients. Un regarde vers Luther. Elle ignorait qu’il était père. « - Le hasard fait bien les choses parfois » Lance-t-elle tout en finissant de remplir le dossier au bout du lit de l’enfant.

@Mairead O'Riordan
Il sourit en l’entendant utiliser son titre de docteur et glisse un “ Oh, mes excuses docteur O’Riordan, alors … ” Il pourrait presque lui répondre que lui aussi peut se présenter comme le Dr Kealoha, car c’est bien un titre qui est venu avec son doctorat en mathématiques. Mais pour être honnête il a plus souvent l’habitude de se présenter comme le professeur Kealoha qu’autre chose. Il passe déjà un peu pour un hurluberlu auprès de ces élèves alors si en plus il commence à leur donner du Dr, il n'est pas sorti de l’auberge. “ C’est un plaisir de vous revoir ” avant de jeter un coup d’oeil à son neveu qui grimace un peu sur sa table d'auscultation “ Enfin, un plaisir douloureux pour certain j’imagine”. Ensemble, ils dirigent leur attention vers le garçon, et puis il rectifie la supposition de paternité d’un ton badin “ Mon neveux. Oui j’étais avec lui, on faisait du skate quand il est tombé ” explique-t-il en désignant du menton leurs équipements sportifs qu’il a entreposés dans un coin du box. Dans la salle d’attente, il avait déjà retiré les protections aux genoux de l’enfant et celle au coude gauche, qui n’a pas été affecté par la chute. Il est bien content de voir des infirmières se charger de retirer le protège coude droit et échange un regard désolé avec son neveux qui grimace malgré toutes les précautions prises par les dames qui s’occupent de lui. Il tente de le rassurer en lui soufflant que ca va bien se passer, puis hoche la tête d’un air super inspiré quand elle explique qu’il faut faire une radio. Loin de lui l’idée de remettre en question ses recommandations médicales, de toute façon, il va suivre le mouvement. “ Je vais essayer de contacter ma soeur - sa mère, à nouveau ; je n’ai pas réussi à l’avoir pour l’instant. ” indique-t-il pendant qu’elle s’éloigne pour parler à une infirmière. Le coup de fil qu’il passe est à nouveau sans succès, décidément elles ont décidé de le prendre au sérieux quand il leur a dit de se détendre et de les oublier, peste-t-il en silence sans pouvoir vraiment leur en vouloir. Quand Mairead revient, il hoche la tête et lui répond un flatteur “ Ha, très bien les choses ” accompagné d’un sourire sincère, avant d’ajouter “ Enfin, ça dépend pour qui j’imagine, Malakai aurait préféré nous éviter ces retrouvailles je suppose … ” Quand le dossier est bien rempli et que le personnel médical se met en branle vers la salle de radio il demande “ Je vous accompagne ? ”, puis il suit l’enfant et la docteur dans le dédale des couloirs. Ça fait un moment qu’il n’a pas mis les pieds dans un service d'urgence, réalise-t-il. La dernière fois remonte à une vingtaine d'années en arrière et c’est lui qui était sur la civière à la suite d’un accident de surf bien catastrophique. Il accompagne le garçon dans la salle de radio avant d’en sortir quand on le lui demande, et puis alors que le docteur s’affaire depuis son poste de controle, il s’adosse à la chambranle de la porte et raconte “ Ca f’sait longtemps que j’étais pas v’nu dans le coin …” , dodelinant de la tête il avoue “Je dois dire que ca m’avait pas manqué, mais bon ” A travers la vitre qui relie le poste de contrôle à la salle de radio, il jette un oeil au garçon qui se tient immobile “ au moins ce n’est qu’un bras cassé, dieu merci. ”. Lui avait causé une sacrée frayeur à ses parents en s'échouant sur la plage avec de multiples fractures, une lésion bénigne de la colonne vertébrale et un traumatisme crânien. Il doit probablement s’estimer chanceux d’avoir garder qu’une cicatrice à l’arcade sourcilière de l’accident.

@Luther Kealoha

tw : milieu hospitalier
Elle en croise du monde Mairead. Beaucoup de têtes inconnues et inconnues. Beaucoup de visages qu’il faut tenter de mémoriser. Tenter du moins. Mais il faut avouer qu’elle ne s’attendait pas à croire que Luther dans les parages. Et pas avec un enfant. De prime abord, elle a l’impression que l’enfant pourrait être son fils, ce n’est pas totalement impossible, il faut bien l’avouer. Pourquoi ne pourrait-il pas être papa. Et on peut donner une ressembler relative, pas impossible à trouver. Elle le note ce petit sourit qui se dessine sur le visage du professeur de surf. Et elle y répond de la même manière, elle ne le corrigeait pas sévèrement, pas méchamment mais juste pour expliquer pourquoi elle est là et pourquoi c’est elle qui va s’occuper du jeune patient. Le plaisir de le revoir est certain même si les circonstances ne sont pas optimales. Et à nouveau, la voilà qui lâche un léger rire. « - Je dirais que le plaisir n’est pas pour tout le monde » Le pauvre garçon semble avoir mal. C’est à elle de prescrire un antalgique et elle ne va pas tarder à le faire. D’abord, elle se doit de jauger la douleur, vérifier les contusions, la blessure. Évidemment, elle a vu bien pire mais elle ne minimise jamais les blessures, tout le monde les supporte différemment. Il faut savoir d’adapter à son métier, c’est peut-être ce qui lui plait autant dans ce qu’elle fait, cette diversité. Luther présente le jeune homme comme son neveux, un hochement de tête lent pour assimiler la chose. Peut-être n’a-t-il finalement pas d’enfant. Cette possibilité existe aussi parmi la multitude mais voilà qu’un nouveau sourire prend place sur le visage de la docteure. Les pupilles bleutés se lèvent vers Luther amusée. « - Du skate ? Je vois » Elle le taquine c’est certain, elle n’a pas de préjugé sur le skate mais elle aime l’idée qu’il en fasse encore malgré le fait qu’il soit... adulte ? Elle n’a jamais été de ces élèves qui pratique la planche à roulettes, elle était plutôt équitation et bibliothèque. Un autre chose, clairement. Seraient-ils devenus amis s’ils s’étaient croisés à cette époque ? Mairead n’en est pas certaine. C’est l’avantage de l’avoir rencontré plus tard, bien que pour l’heure, on ne puisse pas parler à proprement parler d’une amitié. Il l’a sorti d’une journée qui aurait pu être sombre.

Mai donne les instructions à une infirmière qu’elle connait bien, dont elle a toute confiance. Luther en profite pour tenter d’appeler la mère du jeune homme, effectivement avoir un parent serait préférable mais en l’absence de ceux-là, Mairead prend les décisions pour protéger l’enfant. Finalement elle ne connait pas bien Luther mais elle a envie de lui faire confiance. Le gamin ne semble pas avoir été enlevé ou ce genre de choses et puis encore une fois, on note une petite ressemblance, on sait que c’est possible avec les neveux et nièces. Ceux de la médecin ont sa crinière blonde par exemple et un faux air... mais seulement parce qu’ils ressemblent à leur grand-mère et que Mairead en était son portrait craché. Luther semble revenir sans réel succès. « - J’espère que vous n’êtes pas déçue au moins » Parce qu’il pourrait avoir gardé un mauvais souvenir de cette rencontre sur la plage. Mais il rit encore – décidemment – à la plaisanterie de luther. « - Je vous assure qu’en général, les urgences ne manquent à personne ou peut-être à un docteur accro à son travail » Par-t-elle d’elle-même ? Possible, elle s’oublie souvent dans son métier, peut-être parce que sa vie privée n’est pas bien riche. « - Je pense la blessure n’est pas bien grave, mais les radios le confirmeront » Le patient est prêt, Mairead commence à tirer le brancard avec l’infirmière. « - Oui, vous pouvez venir »

Le brancard arrive dans le couloir de la radiologie. Deux patients attendent déjà. Un long soupir s’extirpe des lippes de Mairead. « - Bon, on a un petit d’attente mais rien de grave, les antalgiques vont commencer à faire effet » Elle caresse les cheveux du jeune homme qui semble épuisé. « - Promis ça va vite aller mieux » Une promesse qu’elle espère pouvoir tenir. La voilà qui regarde Luther à nouveau. « - Le skate donc ? Remarque, pourquoi je suis étonnée, ce n’est qu’une planche avec des roues et vous semblez maitriser les planches ! » Elle fait un peu la conversation pendant cette attente.