@Earl Rodgers & @Anita Skinner
Elle regarde son téléphone en boucle toute l’après-midi mais elle n’aura pas d’autre message d’Earl. Sur un tournage. Et son esprit fait le reste. Il y a toujours un tas de filles... toujours de quoi occuper son esprit et faire qu’il ne pense plus à elle. A ce qui s’est passé. Et elle regrette qu’ils n’en aient pas parlé tout de suite. Elle a peur, elle sent la boule de nerfs dans son ventre et c’est ridicule. Annie, tu n’as pas seize ans... elle tente de se persuader mais rien n’y fait. Elle imagine déjà Earl lui dire que c’était une très bonne nuit mais que ce n’est pas son genre de s’attacher et puis il y a cette fille qu’il voyait... qu’en est-il ? Shiloh lui a rappelé ce détail qu’elle avait bien rangé dans un coin. Et maintenant elle a peur. L’heure arrivant, elle passe une commande d’un bento de sushis, elle n’est pas certaine d’y toucher de toute façon. Sa mère lui a mis la misère la veille sur son poids alors les crises sont revenues. La nausée la saisit d’ailleurs, rien qu’à y repenser.

Elle se change le temps que le livreur n’arrive et comme à son habitude, elle regarde sa peau, son corps frêle qu’elle trouve affreux. Elle déteste l’idée qu’elle a d’elle... déteste ne pas se sentir à la hauteur, déteste cette impression de perdre pied... Les larmes aux yeux, elle enfile une robe un peu rétro et des bottes assorties avec des talons, ça affine la silhouette et elle est petite Annie. Elle se maquille pour cacher les cernes. C’est léger, toujours dans le naturel chez Annie, le maquillage a outrance très peu pour elle. Et alors qu’elle réceptionne la commande, elle attrape ses affaires et elle part à pied chez Earl.

Elle a un peu en retard mais pas de beaucoup à peine dix minutes. La jeune femme reste plantée devant la porte nerveuse. Elle a envie de partir en courant, fort courageuse... Mais elle le trouve finalement le courage après quelques inspirations. Elle sonne avec le sac en papier rempli pour le dîner. Allez tout va bien se passer... même si les battements de son cœur s’envolent déjà avant même qu’Earl n’ouvre la porte.

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Elle hésite. Devrait-elle partir ? Se dire qu’elle n’a été qu’une extase de plus dans le monde fou d’Earl Rodgers ? Non, c’est clairement la peur qui parle, l’angoisse de cette conversation, de manquer de vocabulaire pour échanger. Elle tremble presque, les sentiments c’est nouveau pour elle, les relations de ce genre surtout. Elle n’est pas certaine d’être faite pour. Finalement éviter de tomber sous le charme d’un homme c’était plus évident. Parce que c’est ce qui se passe, doucement Annie tombe pour Earl. Tombe amoureuse. Et clairement ce n’était pas dans ses projets. C’est tombé sur elle d’un coup et maintenant elle se sent totalement accrochée à ce garçon. Et stupide aussi parce qu’elle s’est peut-être emballée. Earl semble tellement décontracté sur la chose. Elle pas du tout. Il semble accepté de la voir mais… elle ne se sent pas confiante pour autant. Finalement, elle frappe. Et l’acteur ne tarde pas à ouvrir la porte. Elle sourit mais se surprend presque à ne pas avoir d’accueil… plus chaleureux ? Voilà qu’elle sent son pouls qui s’accélère. C’est clairement ce qu’elle imaginait. Il s’en fiche. Ils sont deux potes qui bossent ensemble et ont passé une bonne nuit. Stupide, voilà comment elle se sent. Pas un mot ne sort de sa bouche. Elle ne dit rien, le regarde faire comme si rien ne s’était passé entre eux et ça la rend malade. Elle pose bruyamment le sachet sur la table indiquée. Elle s’est refermée comme une huître. Son cœur bat si fort, elle ne savait même pas que cela était possible. « - Vraiment ? On va jouer aux bons copains ? » lâche-t-elle subitement parce qu’elle se sent dépassée et qu’elle est acculée par ce qu’elle ressent. La panique à bord. « - Je crois que je n’ai plus faim finalement » A-t-elle eu faim déjà ? Elle a envie de prendre ses jambes à son cou. Son cœur lui fait mal, c’est stupide, elle se sent vraiment bête. Une biche face à un chasseur. Il a tiré et elle est blessée.

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Elle tremble presque à prononcer ce genre de mots. Elle est perdue et Earl n’a toujours pas le moindre geste pour la rassurer. Elle sent la panique la gagner, elle a envie de lui laisser les sushis et partir en courant. Elle retient des larmes de frustration parce qu’elle n’y comprend strictement rien. Alors son premier réflexe c’est de se fermer. Putain, elle a perdu sa virginité avec un mec qui n’en strictement rien à faire et qui prend les femmes comme des kleenex. Cela lui fait mal, c’est terrible. Tellement qu’elle met plusieurs secondes, des secondes qui s’étirent pour devenir des minutes avant de réagir. Non, elle n’a pas envie de s’avoir, elle ne veut pas se retrouver sous son charme légendaire pour se faire happer. Elle fait non de la tête, écarte les mèches folles de sa tignasse brune qu’elle n’a pas attaché. Elle reprend sa main et s’éloigne de lui. C’est plus simple quand il ne tente pas de l’amadouer. « - Et toi, tu regrettes ? » Elle ne répond pas. Elle n’a pas envie de s’humilier davantage. Elle pensait sincèrement qu’il se passait un truc entre eux mais finalement, elle n’est pas différente des autres femmes qui passent dans ses draps. « - Je… Je ne sais pas je vais être capable de faire semblant… » Elle fait les cent pas, parce qu’elle est nerveuse. Tout son corps est nerveux, tendu… on ne parle pas du rythme cardiaque qu’elle a. Elle va finir par faire un malaise… et oh il faut qu’elle respire aussi, elle comprime tout. « - Je ne suis pas habituée aux nuits sans lendemain… je… je t’ai dit que je ne voulais pas être juste une fille d’une nuit… » Et il semble le faire quand même. « - Si le sexe n’a pas d’importance pour toi… c’était important pour moi… » Toujours les cent pas, elle fuit son regard, elle tente de ne pas penser à tout ce qui s’est passé entre eux dans la chambre juste au-dessus. « - Je ne la regrette pas… cette nuit… enfin j’espère ne pas avoir à la regretter… » Parce qu’en fait ça va dépendre des arguments d’Earl…

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Trop de pression dans un si petit corps. Elle n’arrive plus à respirer Annie. Tout remonte. L’angoisse du casting de la veille. Les mots de sa mère pour la dénigrer. La situation ambiguë avec Earl. Elle a juste envie de partir en courant et pleurer sans jamais s’arrêter. Pauvre petite chose fragile pense-t-elle. Parce qu’il ne faut pas croire qu’elle est douce avec elle-même, élevée dans les commentaires négatifs, elle a appris à se les offrir également. Et cette faiblesse qu’elle montre face Earl c’est ridicule. Et elle est persuadée qu’il pense la même chose. Il ne décolle pas de son canapé, il bouge pas un centimètre pour la rassurer alors qu’elle effectue un marathon dans son salon. C’est éloquent non ? Les actes ne parlent-ils pas d’eux-mêmes ? Alors oui, cette fille trop de sensible, à deux doigts de la crise de nerfs, du bien out a besoin qu’il soit explicite dans ce qu’il veut, ressent.

Les mots qu’il emploie n’ont pas l’effet désiré. Elle n’est pas rassurée. Elle se rend compte qu’elle ne sait pas ce qu’elle aurait voulu. Une déclaration folle comme son personnage est capable de faire ? Risible. Mais non, elle ne s’attend pas à cette réalité. Elle n’existe pas. Annie a croisé les bras sur sa poitrine, une croix érigée en protection sur son cœur, il est déjà assez meurtri. Elle tremble d’émotion, de la pression. Mais elle s’exaspère de cette réponse ambiguë offerte par Earl. « - Alors on est quoi ? » Les bras claquent sur ses cuisses. Il tend à nouveau sa main. Elle se rend compte qu’elle a envie de le toucher mais encore là, se serait faire preuve de faiblesse. « - Tu ne me rassures pas Earl… je suis quoi pour toi ? » Elle est fatiguée, elle a cogité toute la journée. « - Je suis ridicule c’est ça ? Je te fais une scène… et tu vas me dire que finalement c’est mieux qu’on s’en tienne à notre rapport pro ? » Panique à bord. « - J’ai jamais fait ça avant… je… je sais que je ne suis pas au niveau des autres que tu as eu… pas ton style… pas le genre de fille sur qui on se retourne… » Elle a les mains jointes, qu’elle frotte sur sa robe. « - Juste, ça compte ce qui se passe entre nous… » Un petit haussement d’une épaule. Une moue adorable mais perdue. Elle n’ose pas sa main. Persuadée de ne jamais être à la hauteur d’Earl Rodgers. Si seulement elle avait eu une mère qui lui avait offert de la confiance. Elle rayonnerait devant Earl au lieu de s’éteindre dans la panique.

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C’est un bordel dans son esprit. Un bordel monstre. Personne ne voudrait se trouver à l’intérieur. Clairement. Elle peine même à respirer. Annie se sent oppressée, elle a du mal à respirer correctement. Earl s’en rend-t-il compte ? Les mots sont forts, elle se sent bête de lui faire une scène parce qu’elle panique. Une panique qu’elle ne maitrise pas parce que c’est bien la première fois qu’un mec lui fait un tel effet. Et alors qu’elle commence à s’emballer dans ses propos, il se lève pour l’interrompre. Il avance doucement vers elle, tout en prononçant des mots pour expliquer ce que lui ressent. Ce qu’elle n’avait pas pris en compte. Elle déglutit, ne le lâche pas du regard. Il avance encore, rompt doucement la distance entre eux, il s’en sort bien, elle ne prend pas la fuite la petite Annie. Elle sourit un peu même... parce que oui, c’est le véritable Earl dont elle tombe amoureuse un peu plus chaque jour, celui qui la fait rire, qui semble être attentionné et intelligent. « - J’adore le vrai Earl... » Murmure-t-elle, alors qu’il ne semble pas avoir terminé. Elle savoure sa main sur sa joue un instant, elle ferme les paupières pour savourer son geste, de la tendresse. Elle rit un peu, émue de tout ce qu’il arrive à lui dire, des choses auxquelles elle ne s’attendait pas. Il la bouleverse. Dans le bon sens du terme. Elle échappe une larme et un rire en même temps, pour dire le flot d’émotion qui se trouve dans sa tête.

Elle finit par rouvrir les yeux, le regarder, la tendresse folle dans les regard. Elle se pince les lèvres, se mordille la joue intérieurement. Elle peine à déglutir. « - En fait, je crois que tu parviens à me rassurer » Encore un murmure. Un demi sourire hésitant. « - Quand tu m’embrasses je n’arrive plus à réfléchir... » Elle pose sa main sur la sienne. Et enfin, elle arrive à respirer. Quelques inspirations, expirations. « - Je veux aussi continuer d’apprendre à te connaître... » Elle sourit légèrement. « - Coucher avec sa fausse-petite-amie c’est bizarre ? » Elle pose sa main sur son torse, elle la remonte dans son cou. « - Je ne savais pas que je te plaisais autant... » Elle se mord encore la lèvre inférieure. « - J’étais persuadée que je n’étais pas ton genre... le genre de personne d’ailleurs » Elle s’approche finalement, un peu plus apaisée. « - et c’est ok... tu peux m’embrasser... maintenant ou plus tard... on ne s’est pas posé la question à la soirée... on devrait peut-être ? Comment est-on censé faire semblant si les choses arrivent vraiment ? » Ses doigts caressent les lèvres d’Earl. « - Je ne veux pas qu’il nous arrive ce qui s’est passé avec mes parents... c’est peut-être inconsciemment pour ça... que je ne me suis jamais mise en couple... notre monde est un peu trop fou... il me dépasse parfois... comme ce que je ressens quand tu me regardes comme ça... ça me dépasse littéralement... » Entre peur et fascination... elle se hisse sur la pointe des pieds malgré les talons qu’elle porte. Ses lèvres sont toujours aussi parfaites lorsqu’elle l’embrasse, quand ses bras passent autour de la nuque d’Earl...

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« - On est un couple original alors ? » Elle tente peut-être un peu de dédramatiser la scène qu’elle vient de faire. Le soulagement la submerge, la pression redescend et elle sent même un mal de tête se pointer pour lui rappeler qu’elle n’a rien avalé de la journée et qu’elle s’est trop pris la tête justement. Le revers de la médaille. Médaille de la loose sur ce coup-ci. La paume sur son torse, non Annie n’est pas consciente de l’effet qu’elle fait à Earl Rodgers. Elle sourit, attendrie par les mots qu’il lui offre, parce qu’ils sont de véritables cadeaux pour la confiance – le manque de confiance – qu’elle a. Eh puis compliqué d’être intéressé ou de se montrer intéressé avec Annie, elle a passé son temps à se braquer, se renfermer dès qu’il tentait une approche. Pourquoi ? Parce qu’elle s’est arrêtée aux préjugés, elle s’est arrêtée aux idées reçues. Pourtant, elle devrait être bien placée pour savoir que ce qu’on entend n’est pas toujours la vérité. Seulement matrixée par les pensées de sa mère, elle n’a clairement pas fait d’effort. « - Je crois que je suis ravie d’avoir eu tort sur ce coup-là mais tu n’y habitues pas trop » Elle se mordille la lèvre pour ne pas trop sourire. Et elle s’approche un peu encore, elle sent qu’elle l’a un peu figé et que c’est à elle de bouger.

Elle continue de parler, de lui offrir des réponses et des questions aussi. Elle a mille questions, enfin pas trop non plus mais juste éclaircir la situation entre eux. Le bout de ses doigts caresse ses lèvres, il sourit sous son contact. Elle évoque les craintes qu’elle a, elle en a évidemment.  Seulement lorsqu’elle croise le regard d’Earl et qu’elle constate la façon dont il a de la regarder, elle fond. Elle fond et fond dans ses bras pour retrouver ses lèvres. Il la resserre contre lui. C’est lui qui rompt cet échange pour lui répondre, elle reste contre lui. Elle roule des yeux à sa réponse... mais elle sourit. « - Tu devrais... on devrait parler... je ne savais même pas que tu avais un tournage... » Et il faut qu’elle lui dise qu’elle a un casting le lendemain. C’est important la communication, surtout dans leur monde où les fausses nouvelles vont si vite. Un baiser pour clore presque le sujet et il recule vers la table. Il est affamé, elle sourit, elle se sent toujours un peu barbouillée. « - Non, vas-y, j’ai pris des sushis, je crois que t’aime ça ? » Elle fait le tour de la table pour s’installer à ses côté dans le canapé. « - La soirée... la nuit, comme tu veux. Demain j’ai juste une audition, je ne partirais pas trop tard, si jamais tu veux que je reste, évidemment. Tu préfères peut-être que je parte. » Un haussement d’épaules, elle ne sait pas vraiment... elle tâtonne et peine encore à croire qu’il la veuille à ses côtés.

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Sushis pour la soirée, c’est un truc qu’elle aime bien, qu’elle apprécie manger quand Linda ne lui rabâche pas que le riz ce n’est pas bon pour le transit, que ça ballonne et fait gonfler l’estomac... et que la sauce sucrée un calvaire pour les hanches, le tout en en mangeant devant sa fille en la dégoutant du plat qu’elle est censée adorer. Elle en frissonne en y repensant. Sa relation avec la nourriture est totalement dégradée, elle peine à la savourer, tristement elle aimerait retrouver les saveurs... mais là, quand elle regarde Earl sortir les plats... préparer les baguettes et la sauce, c’est une boule dans son estomac qui se forme. Peut-être que si elle parle, il ne remarquera pas qu’elle ne mange pas ? Cela vaut le coup d’essayer. Elle a évoqué l’idée, l’envie qu’ils puissent communiquer un peu plus, parler plus. Comment se fait-il qu’elle ne soit pas au courant qu’il soit en tournage et quelque part, ça la blesse... les cachoteries et les mensonges qu’elle n’aime pas cela, qui aime ça après tout ? Mais là, il n’a pas menti... et elle espère qu’il n’a pas caché volontairement. Pourtant, ils en ont passé du temps ensemble et elle se dit qu’il avait largement eu le temps de lui dire... bref, elle ne va pas commencer à douter. Il aimerait qu’elle reste ce soir... elle propose même la nuit, s’il a envie... avant de se raviser parce que peut-être c’est trop tôt et qu’elle ne veut pas s’imposer mais rapidement, il calme les angoisses d’Annie, Earl, sa main sur sa cuisse. Il a quelque chose de prévu aussi le matin... ok ok elle ignore quoi mais apparemment elle va devoir s’y faire. « - D’accord, je reste » souffle-t-elle. Elle le regarde manger un sushi et il relance sur l’audition. Annie croise ses jambes et sourit légèrement. « - Ma mère a eu vent de casting pour le reboot d’une série, Brisbane in Love, pour jouer une des membres du nouveau groupe... » Un petit haussement d’épaules. « - Ils tenaient à me voir pour la série, donc je fais des essaies demain » Pour voir si ça passe bien, si elle est convaincue. Elle s’enfonce un peu dans le canapé. « - Et toi ce tournage ? Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ? » Pas d’accusation, elle s’intéresse, elle se pose vraiment la question... et apparemment, il faut croire qu’il a balayé tout le reste.

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Ses yeux se posent sur le verre de thé glacé qu’il lui serre et auquel elle ne touchera pas. Trop de sucre. Et ce n’est pas sa voix à elle qui lui glisse dans sa tête, c’est bien celle de sa mère. Elle déglutit, pour l’heure, elle n’a touché à rien et ne se sent pas vraiment apte à manger. En fait... il se presse sur la nourriture mais elle n’est pas certaine d’avoir réellement son attention. A-t-il pris sa panique pour une crise, un petit feu qu’il a éteint en tapant sur pied... il ne mesure sans doute rien. Évidemment, parce qu’il ignore que tout a une saveur plus forte pour elle. Une première fois. Il s’est quelque peu ouvert là ? Là la conversation semble l’intéresser... à moitié ? Ne voit-il pas son malaise ? Est-ce parce qu’elle se braque face à la nourriture ? Que tout est chamboulé ? « - Je me dis que ça me changer de la série, ça collerait niveau des agendas, alors pourquoi pas ? » Elle manque de passion quand elle en parle, pourtant, dans le fond, elle est contente de ce casting, contente d’avoir cette chance parce qu’elle a été la cible de cette série à son adolescence. C’est sa réserve pour ce qui se déroule ce soir. Il répond à ses interrogations sur son tournage. « - Oh... » Pas l’occasion d’en parler... il imagine que ça ne l’intéresse pas. Elle est vexée, c’est certain. Pourquoi elle ne s’intéresserait pas à ça ? Elle hoche la tête. Elle ne dit rien, un film romantique, évidemment... tout pour la mettre en confiance. Oh Annie sait qu’elle ne doit pas être jalouse des actrices, ce n’est pas tellement de la jalousie, justement la peur qu’il trouve une nouvelle partenaire plus intéressante. Les vieux démons ne disparaissent pas si facilement. « - Ta vie m’intéresse, tu sais... » Mais elle n’insiste pas beaucoup plus. Elle le voit alors se tourner vers elle avec un sushis et en grimaçant elle fait un non de la tête. « - Profite, ça va, je te remercie... » Elle en frémit, bon sang Linda et les marques, les stigmates qu’elle a laissés. Qu’elle laisse encore. La crainte de les entendre demain encore. Annie tire sur les pans de sa robe, qu’elle trouve d’un coup trop courte, elle remue une jambe nerveusement, elle n’est pas réellement apaisée Annie...

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La vérité, c’est qu’Annie elle ne sait même pas ce qu’elle fait. Elle laisse sa mère régir son emploi du temps la plupart du temps. Et même si cela fait un mois qu’elle a tenu Linda à l’écart, la voir revenir dans son univers la tétanise. Qui pour s’en rendre compte ? Annie ne sait pas vraiment ce qu’elle peut ou doit faire. Elle refuse de mêler son père à l’histoire et du coup, elle laisse sa mère grignoter le peu de vie privée qu’elle a. Le casting c’est Linda qui semble davantage emballée. Oh Annie aime ce qu’elle fait mais pas la pression qu’on lui met derrière. Elle évolue dans un monde que beaucoup lui envie et elle ne s’autorise pas de regret, pas à vouloir faire une pause... Alors elle s’enfonce un peu plus dans les angoisses, dans les méandres d’elle-même au point de parfois se faire peur. Elle a commencé à voir un psy, peut-elle le dire ? Doit-elle en parler ? Earl va-t-il la prendre pour une folle ? Et si elle pensait que cette soirée pourrait apaiser toutes les craintes qui siègent en elle... elle comprend doucement qu’elle se trompe. Et surtout que son cœur en souffre. Apparemment tout n’est que superficialité entre eux. Et le sexe c’est quelque chose de plaisant à côté. Elle n’est peut-être pas le genre de fille qu’une nuit... mais pas le genre de fille avec qui on construit un truc... ils ne construisent rien... ils n’ont fait que répondre à une attirance mutuelle... Elle hoche doucement la tête, constatant avec un certain fracas interne les faits. Il ne s’épanche pas non plus que le nouveau tournage... donc elle n’aura rien de plus. Rien. La nourriture semble être plus attirante qu’elle. Elle en a la nausée d’ailleurs. Et se refuse à goûter ce qu’elle a pourtant commandé. Lui ne s’en prive pas. Elle détourne le regard, elle crève d’envie de partir, elle retient même des larmes. Tout se mélange. Annie est à bout et Earl ne remarque pas. Comment pourrait-il ? Tout n’est superficialité. Elle le découvre aujourd’hui mais cela ne veut pas dire pour autant que c’est plaisant.

Le comportement d’Annie attire un peu l’attention d’Earl. Il se tourne vers elle, elle est raide comme ce n’est pas permis, sa jambe tressaille. Elle pose son regard vert sur lui, un peu perdue. Elle tente de reprendre un peu de contenance. « - Je ne pensais pas que le mois qu’on avait passé, avait été aussi superficiel à tes yeux... » Elle pensait l’avoir découvert, qu’il l’avait découverte. Apparemment toujours pas. « - Quand je disais que ça comptait ce qui s’est passé... je disais ça sérieusement... je ne veux pas être ton plan cul régulier... on partageait un truc tous les deux... et j’ai l’impression que t’as obtenu ce que tu voulais de moi... je ne sais pas comment me positionner par rapport à ça... J’apprends que tu as un tournage... tu m’en parles en une phrase... je ne sais pas faire... Earl... ça... je veux retrouver celui qui m’a séduite... et à qui je me suis confiée... » Fichue larme qui coule sur sa joue.

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Elle est littéralement perdue Annie, elle se perd dans ce qu’elle n’arrive pas à lui dire, elle se perd dans les émotions contradictoires qu’elle ressent. Elle est perdue, littéralement perdue. Et peut-être que si elle disait certaines choses à Earl, il comprenait et serait à même de la rassurer. Pourquoi elle craint tant son regard ? Pourquoi craint-il d’un coup de ne pas avoir pris la bonne décision ? Ce n’est pas une tare d’être vierge, d’avoir perdu sa virginité parce qu’elle a ressenti une forte attirance. Pourquoi en a-t-elle honte ? Pourquoi n’a-t-elle pas confiance en ce qu’elle est ? Ce qu’elle représente ? Bon sang Annie, ce mec vient de te dire que tu lui plais, qu’est-ce qu’il te faut d’autre pour relâcher la pression ? Pourquoi se prendre autant la tête ? Et elle voit bien qu’Earl ne comprend pas, qu’il cherche à le faire pour être sûr de ne pas faire de bêtise et maintenant son cerveau recule et cherche quoi dire. Elle regrette cette larme qui coule sans qu’elle ait réussi à la retenir, bordel. Il tente de s’expliquer, s’exprimer et oui Earl, il te manque une infirmation cruelle. Elle ferme les yeux et un non se dessine sur son visage. Le cœur lourd, elle cherche ses mots.

Elle retrouve son regard, sa langue passe sur ses lèvres qui deviennent sèches. « - Tu vas me prendre pour une folle » Elle tente d’en rire mais c’est totalement nerveux. « - Je voudrais qu’on continue de se découvrir et parler... déjà... et ne me juge pas... ou juste ne panique pas... » Elle cherche encore un peu ses mots, elle attrape sa main qu’il a posé sur son genoux. « - Je me sens ridicule de me mettre dans un tel état... c’est juste que j’avais pas prévu... toi, je t’avais pas prévu et ce n’est pas désagréable hein mais c’est nouveau totalement nouveau... quand je te dis que je n’ai pas l’habitude... » Elle fuit un instant son regard... Elle inspire pour se donner un peu de courage avant de le regarder à nouveau. « - C’est parce que j’étais... enfin je ne l’avais jamais fait... tu vois ? » Sa main lâche la sienne pour tenter de cacher son visage, elle a l’impression de devoir être honteuse c’est terrible.

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Elle ne se sent pas encore soulagée, même si une part d’elle se sent plus libre. Il sait maintenant c’est sa réaction qu’elle attend, qu’elle craint ? Évidemment qu’elle la craint. Il pourrait parfaitement ne pas vouloir porter le fardeau d’une première fois... de ne pas vouloir s’engager dans quelque chose avec elle. Earl est plutôt flirteur... non ? Peut-être qu’elle se trompe aussi Annie, peut-être qu’elle le voit plus dévergondée qu’il ne l’est ? Pourtant, elle sent qu’il est séducteur, elle ne changera jamais cela... elle peut s’accommoder de plein de choses mais elle a juste peur de ne pas être à la hauteur des femmes qu’il a l’habitude de côtoyer... ce n’est pas pour rien qu’elle se compare avec les autres... celles qui partagent sa couche. Seulement il lui fait quelques secondes pour assimiler la chose et c’est tellement improbable en 2024 qu’une fille soit encore vierge qu’il... percute après un petit temps de latence. Oh bon sang... c’est si terrible. Seulement elle ne l’attendait pas du tout à ce genre de réaction. Il s’excuse ? Alors elle cesse de se cacher, elle le regarde en fronçant les sourcils... si elle regrette ? Elle papillonne des yeux. Le monde a l’envers. « - Attends... je ... non, non ! Je ne regrette pas... non... je... c’est juste que c’est important que tu le saches... tu crois que je n’aurais rien dû te dire ? » Elle sent son cœur battre plus fort. « - Tu aurais préféré ne pas savoir ? » Parce que voilà... on peut en arriver là... la pression de la première fois. « - C’était incroyable, je veux dire... je ne regrette pas... » Répète-t-elle. « - Pas du tout... j’avais juste peur de te le dire sur l’instant... peur que ça change quelque chose... tu paniques ? » Ironique si c’est lui qui panique... C’est aussi la raison de sa panique à elle, cette vérité... cette impression d’être à côté, de ne pas savoir comment une relation fonctionne... est-ce qu’il va aussi le comprendre ?

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Elle ne sait pas trop ce qu’il en pense pour le moment. Premièrement, il imagine qu’elle pourrait regretter, ce qui n’est pas le cas. Au contraire, elle a adoré ce qu’ils ont vécu. Elle a aimé que ce soit naturel et qu’il n’ait pas tenté de changer quoique se soit. Ils ont fait l’amour quatre fois, ce n’est pas rien. Ils étaient en symbiose et finalement elle n’en demandait pas plus. Il commence à lui expliquer, mettre des choses, ils arrivent à discuter et finalement doucement, elle comprend qu’il est plein d’attention. Elle sourit légèrement attendrie un peu. Est-ce lui qui s’imagine ne pas être à la hauteur ? Ce paradoxe semble fou. « - Attends tu penses que je n’ai pas trouvé notre nuit... et notre lendemain... spécial ? » Elle en rit un peu parce que ça lui parait fou et elle se sent soulagée aussi d’une certaine manière. « - Je... je n’avais pas d’attente particulière, pour ne rien te cacher maintenant, je pensais que je ne franchirais plus ce cap... je ne suis pas douée dans les relations... tu l’as remarqué je crois. » Elle hausse les épaules. « - C’était naturel... c’était parfait dans tes bras et c’est aussi pour ça que je ne veux pas être une fois... ou quatre fois... peut-être que je veux revivre ça avec toi... » Il s’approche d’elle, elle ne bouge pas, sa jambe ne tressaille plus, c’est bon signe. Tout n’est pas réglé mais déjà, elle parvient à exprimer ce qu’elle veut, désire. Elle savoure ce contact si simple sur sa joue, ne le lâche pas. Il parle de confiance et alors oui, elle se rend compte qu’elle lui fait confiance et que ça s’est fait naturellement. « - Je te fais confiance... » Elle murmure sous ses mots alors qu’il continue, sur le ton de la confidence et la douceur.

Encore une fois, elle lâche un petit rire de soulagement, d’émotion. Il approche son visage du sien, son pouce s’attarde sur ses lèvres, ses yeux s’égarent sur les siennes un instant. « - On le fera... et je veux tout savoir aussi... » Elle se mordille la lèvre. Sa main vient s’accroche à sa nuque. « - Rien n’est décevant, j’espère que c’est pareil pour toi... tout ce que je découvre sur toi me donne envie de continuer un peu plus... » Bon sang, il ne l’embrasse toujours pas et elle sent qu’elle en a beaucoup trop envie. « - Tu peux quand même me prouver – je demande à voir comment tu t’y prendrais » Elle savoure la proximité, l’intimité, l’envie... l’électricité qui passe entre eux. Une drogue ? cela pourrait le devenir. « - Une très belle surprise » Murmure-t-elle alors qu’elle joue un peu avec lui, à prendre son temps pour rompre le faible espace entre leurs bouches... avant que les lèvres s’entrechoquent... les langues dansent. Évidemment que le feeling est toujours là. « - ça c’est la meilleure surprise... » dit-elle entre deux baisers sur ses lèvres.

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Anita n’a jamais été parfaitement douée pour exprimer ses émotions. Du moins avec les garçons, les hommes. Et elle est restée longtemps seule, en fait, c’est même une première ce qui se passe. Fou ? Certains diront qu’Annie Jones fait tourner bien des têtes mais la vérité est bien plus complexe. Annie s’est privée de se rapport charnel pour ne pas subir ce que ses parents ont subi, du moins ce qu’ils se sont infligés. Elle n’est pas totalement rassurée parce que c’est le début mais si elle reste dans le flou, dans la brume, jamais elle ne pourra savoir ce qui pourrait se passer avec Earl. Et Earl, il n’est pas près de disparaître de sa vie. Ils ont un contrat pour au moins deux saisons minimum, ce qui implique de vivre à ses côtés de nombreuses fois. Alors elle parle, tente d’évoquer ce qu’elle ressent, c’est important. Et le baiser vient tout sceller... Sourire contre sourire, ils semblent heureux d’avoir apaisé le tempête en elle. Annie peine à réfléchir ces derniers temps, si elle voit un psy, tout n’est pas réglé loin de là. Mais une chose est sûre, elle respire quand Earl la touche... l’embrasse, lui sourit... quand il est là, qu’ils ne sont que tous les deux.

Alors il lui fait une proposition, elle se mordille la lèvre, elle ne bouge pas, ne rompt pas la proximité. Ses joues rougissent un peu, c’est certain. Earl est donc capable de romantisme ? Elle ne relève pas, elle savoure le moment, l’attention. Un bain lui ferait le plus grand bien. « - J’en dis que c’est une très bonne idée... » Un petit regard en biais aux restes de sushis qui sont sur la table basse. « - Tu abandonnes un dîner pour te retrouver dans un bain avec moi... je me sens très flattée » Elle le taquine, lui vole un baiser. « - Peut-être qu’à un moment tu auras le droit d’être distrait » Nez-contre-nez, doux sentiment d’apaisement. « - Je te suis... »

Dans la salle de bains, une de celle qu’elle n’avait pas encore visité, elle note immense baignoire. Elle sourit amusée. Ils seront bien ici. L’eau coule, la chaleur envahit la pièce et alors Annie se retrouve face à Earl. Ils sont certainement trop habillés pour faire trempette, alors elle lui retire son t-shirt, sentant une vague de sensations nouvelles dans son corps. Il fait naître cela. Elle extirpe ses pieds de ses bottes à talons et devient alors d’un coup petite. Doucement elle l’épluche... caresse son torse, découvre différemment le corps de son partenaire, elle l’embrasse aussi. Une facile muette de se découvrir.