@Earl Rodgers & @Anita Skinner

Ok. Pourquoi elle a dit 15 minutes ? Maintenant elle va devoir se préparer en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Elle file dans sa salle de bains, elle quitte sa grenouillère renard qu’elle porte quand elle est dans son lit toute seule devant la télévision. Impossible qu’elle se pointe comme ça – d’ailleurs jamais au grand jamais Earl ne doit voir cette tenue un jour. Dessous, elle ne porte rien, son corps nue apparemment dans le psyché qu’elle a dans la pièce d’eau. Ce corps qu’elle n’arrive pas à voir beau. Elle bugue dessus, il faut l’avouer. Elle pince les poignés d’amour qu’elle n’a pas mais qu’elle imagine avoir... elle cherche du gras sous sa peau qui n’existe pas... Pourquoi se torturer de la sorte ? Pourquoi avoir une image déformée de son être ? Bon, ce n’est pas le moment de se plonger dans les complexes. Elle détache ses cheveux, ils sont propres mais emmêlés, elle les dompte un peu mais c’est une vraie crinière bouclée qu’elle possède. Ok les cheveux ça le fera, au pire elle les rattache. Elle corrige un peu son temps qui semble un peu blafard, un peu de mascara mais rien de plus. Elle s’arrête dans son élan d’un coup... est-elle en train de se faire jolie pour Earl ? Ce n’est pourtant pas un date... et pourtant elle a l’impression que ce n’est pas anodin ? Il faut chasser cette idée, sinon elle va paniquer.

Elle se trouve un short confortable taille haute, elle enfile un débardeur à manche longue parce qu’il fait plus frais la nuit. Pas de soutien-gorge, des créoles aux oreilles. Elle se brumise légèrement de parfum, comme si elle sentait naturellement cette odeur. Un grand gilet en laine, des baskets, elle met ses clés dans sa poche et son portable dans la poche arrière de son short. Son père est sorti, elle ferme tout en laissant un post-it sur le plan de travail de la cuisine pour le prévenir qu’elle aussi, elle est avec Shiloh, ignorant qu’il doit être avec elle à cet instant... c’est une autre histoire. Elle n’a pas envie de devoir s’expliquer sur le pourquoi elle est allée chez Earl alors que le soleil est presque couché.

Elle s’y rend à pied en coupant à travers les maisons. Elle est un peu en retard, c’était ambitieux 15 minutes. Devant la grande maison contemporaine, elle frappe à la porte. Annie, t’es vraiment nerveuse ? Pourquoi ? Ce n’est qu’Earl... non c’est justement Lui. Et merde.

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Quinze minutes c’est trop court pour se préparer convenablement. Elle fait de son mieux et devant le miroir alors qu’elle tente de se rendre présentable, elle se rend compte qu’elle le fait pour Earl. Ce n’est pas un garçon lambda avec qui elle a un rencard… Earl ce n’est pas un date, c’est rien de particulier, c’est la suite de ce rapprochement amical. Amical, rien d’autre, quoi d’autre ? C’est déjà assez étonnant qu’il n’y ait pas de fille avec lui dans son canapé. Enfin, on n’est à l’abri de rien avec Earl. Elle presse le pas lorsqu’elle quitte la maison. Son père est absent et elle est loin d’imaginer ce qu’il est en train de faire. Comment pourrait-elle ? Bientôt son monde s’écroulera mais pas ce soir, ce soir, elle pense positivement et tente de ne faire monter cette poussée de stress irrationnelle. Elle hésite un instant avant de frapper. Elle n’entend pas le rire d’une midinette, on dira que c’est positif. Un bon départ.

La porte ne tarde pas à s’ouvrir. Earl sans toute sa splendeur la presse de rentrer parce que la pub est presque terminée et qu’elle va louper la suite. Ok… c’est surprenant mais ok, elle le suit en refermant derrière elle. La maison, elle la connait, elle avance jusque dans l’immense pièce de vie pour constater rapidement qu’il y a une odeur de thé à la menthe. Sa langue passe sur ses lèvres, la première chose à laquelle elle pense, c’est : est-ce qu’il a sucré le thé ? Parce qu’elle sait que souvent – trop souvent – le thé à la menthe se boit sucré, très sucré. Seulement le sucre reste le pire ennemi de la jeune actrice. Elle va attendre pour goûter que la boisson fume un peu moins. Elle s’installe à ses côtés et elle est presque surprise de sentir sa main sur sa cuisse, naturellement sans arrière-pensée ? Elle se surprend à frissonner, à aimer. Bordel. La voilà rattrapée par ses hormones… à croire qu’à un moment donné, on ne peut plus se contrôler. « - Que ça ait pu marcher ? » Elle n’est pas certaine de comprendre ce qu’il veut dire. Elle délaisse ses baskets au pied du canapé et remonter ses genoux sous son menton. « - On va vite savoir quel genre de révélation alors » Si Annie regarde ce genre de programme c’est souvent au second degré pour se vider l’esprit, loin d’imaginer Earl à fond dedans mais cela l’amuse, elle sourit en le regardant s’installer. « - Il n’est même pas 22h, tu crois vraiment que je dors à cette heure-là ? » Et un roulement d’yeux, un premier. Le début d’une longue série à suivre sans doute. Elle lui lance un coup de coude taquin. « - Je pourrais parfaitement te dire : je pensais que tu ne serais pas seul ce soir… » Un petit air satisfait. « - Je crois qu’on a des préjugés l’un sur l’autre totalement étonné. » Elle se mordille la lèvre pour ne pas sourire plus, fixant la télé et les pubs qui défilent. « - Mais je note que je te manquais, même si tu ne veux pas l’avouer » Et là, elle pose son regard de biche sur lui.

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Il semble content qu’elle soit venue. Étonnant quand on y pense. Il y a quelques temps, ils s’adressaient à peine la parole. Et là en sont-ils vraiment à apprécier les moments simples ensemble ? Et ce qui fait bizarre à Annie c’est qu’elle se rend compte que ça lui manque quand ils ne sont pas ensemble, Earl Rodgers lui manque ? C’est pas vrai… Il faut qu’on lui explique comment elle a pu s’attacher à Earl aussi vite ? Comment il parvient à influencer sa vie ? A lui procurer une certaine liberté et à la faire rire, bon sang, ce qu’il la fait rire. Doucement elle se rend compte qu’elle peut être elle-même avec lui, il connait ses défauts et ne se gène pas pour les critiquer et il connait ses qualités. Il semble la comprendre sans qu’elle ait un mot à dire. Une première. Le seul homme qui parvenait à faire ça pendant un temps, c’était son père mais elle a grandi et il semblerait qu’elle parvienne à lui cacher bien plus de mal être qu’elle n’aurait pu imaginer. Elle devient sans doute une bonne comédienne avec les années. Earl voit à travers la comédienne, sait quand elle joue, sait quand elle mime… ce qui fait qu’elle ne peut pas réellement se cacher derrière son jeu d’actrice.

Ils ont encore besoin de s’apprivoiser. Il traine des préjugés que chacun porte qui ne sont pas des vérités exactes. Des choses qui pensent savoir sur l’autre mais qui ne sont pas systématiques. Annie regarde les pubs alors qu’elle se retient de sourire davantage, le menton posé sur ses genoux. Elle lui donne un petit coup de coude complice. Et alors qu’il reprend la parole et un ton affreusement théâtral – et c’est drôle – elle rit. « - T’es bête » lâche-t-elle amusée. Elle rougit un peu lorsqu’il évoque qu’elle aussi, puisse être en manque de lui. « - T’aimerais savoir hein ? » Et elle se penche sur la table basse pour attraper sa tasse thé. « - Je suis venue pour le thé quoi d’autre ? » Son visage se retourne vers lui, un clin d’œil, elle boit une gorgée encore trop chaude mais constate qu’il n’a pas sucré, parfait. Elle repose la tasse mais cette fois, elle vient se glisser dans ses bras comme un chaton, el relevant elle-même le bras d’Earl pour qu’il passe au-dessus de ses épaules. « - Et j’aime bien ton canapé » Autant dire que celui de son père est aussi grand et confortable donc rien à voir, mais il faut bien qu’elle tourne autour du pot.

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Elle a presque accouru, chose qu’elle n’aurait sans doute pas fait avant. Pourtant, elle est là dans le canapé d’Earl à prétendre que ce n’est pas pour lui qu’elle est venue aussi vite, pour un tas d’autres raisons qui ne semblent pas tenir la route. L’a-t-il compris ? Une part d’elle l’espère. Elle craint ce qu’elle ressent alors elle sera incapable d’avouer quoique se soit en vrai. La trouille, la fierté, le fait qu’il soit en couple... même s’il ne veut pas l’admettre, elle estime qu’il voit régulièrement une fille, c’est un peu être en couple. Juste elle savoure la soirée, c’est stupide mais voilà, ce soir, c’est tout ce dont elle a envie. Elle se cale contre lui, elle n’est pas bien grande et elle remonte ses jambes contre sa poitrine. Sa réponse l’amuse, elle pouffe un peu, en commençant à jouer avec le lacet de la capuche de son hoodie. « - La prochaine fois ton lit est largement assez grand pour deux » Elle se rend compte de ce qu’elle vient de proposer mais étonnamment, elle ne le vit pas trop mal. Deux personnes peuvent dormir dans le même lit sans pour autant qu’il se passe quoique se soit. Elle s’amuse encore lorsqu’il baisse un peu le volume de sa voix parce que l’émission reprend. Elle relève la tête, elle ne s’attend pas réellement à être aussi proche de lui, deux secondes pour ne plus être perturbée. « - Il y aura une prochaine fois... autant de fois qu’on veut maintenant écoute, je veux savoir si Matt va dire à Laurie que finalement il est amoureux d’elle... Ils font genre tous les deux qu’ils se détestent et se chamaillent mais ça se voit qu’ils sont très attirés l’un par l’autre... » Elle sourit, parce que ça l’amuse. Et maintenant, c’est avec les doigts d’Earl qu’elle joue. Elle aime bien tripoter un truc quand elle regarde la télé... et là c’est Earl, oui bon dit comme ça c’est ambiguë mais vous avez compris.

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Elle se pince les lèvres lorsqu’il évoque sa nudité dans son lit. Ok, elle n’avait pas du tout vu les choses comme ça Annie mais elle aurait sans doute dû s’en douter. « - Ok, moi aussi je dors à poil, parfait » Elle joue le jeu, c’est un jeu non ? En vrai, elle dort vraiment en petite tenue. Généralement en culotte mais parfois sans rien. N’est-ce pas libérateur de dormir à poil ? On est bien mieux. Si elle fait croire à un petit jeu Annie, elle ignore qu’elle pourrait se perdre dans celui-ci. Pour l’heure, il n’est heureusement pas question de quitter ses vêtements. Elle a quand même le rouge qui lui monte jusqu’aux oreilles. Elles sont en feu ses joues bon sang. Il faut prier pour que sous cet angle, Earl ne s’en rende pas compte. Ils sont proches, si proches qu’elle sent son souffle sur sa peau... son odeur vient se coller à sa peau. Et elle se sent bien, terriblement bien là. Comme si rien ne pouvait lui arriver. C’est un peu stupide mais elle a cherché cette sensation longtemps et la trouver dans les bras d’Earl, cela ne faisait pas partie du plan. Il était donc là à côté d’elle tout ce temps ? L’émission reprend et elle commente. Bien trop ravie de pouvoir partager ça avec quelqu’un et encore une fois, elle n’aurait pas imaginé cela possible. Elle adore le voir aussi enthousiaste qu’elle et elle rit de bon sang. « - Un coach en séduction toi ? » Elle se moque mais gentiment. « - Vas-y montre moi comment tu ferais pour le conseiller ? Je suis très curieuse de voir ça » L’espace d’un instant, elle cherche quel est son genre de mec. « - Pas Matt déjà, c’est sûr » Il est... trop. Trop de muscle, trop grande gueule... et il fait de la téléréalité. « - Je ne sais pas, moins de muscles que Matt, j’aime pas cet effet bodybuildé, juste une musculature comme il faut. Un visage avec du caractère, un beau sourire, un regard chaleureux... brun je dirais de préférence.... » Elle s’arrête là. Putain est-ce qu’elle est en train de décrire Earl. « - Et toi ? » Elle a toujours sa main dans la sienne. « - Enfin pas ton type de mec, mais ton type de fille ? Qu’est-ce que c’est ? » Elle retourne la tête vers lui, elle oublie presque l’émission, tout proche de lui... à nouveau.

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Ils ne parleront donc plus du fait de dormir nu ou pas. Annie est persuadée qu’il s’agit d’une plaisanterie mais il faut avouer qu’elle n’en est pas sûre non plus. Et s’il était sérieux ? Ok, de toute façon, ils n’ont pas prévu de soirée avec de l’alcool comme la dernière fois, donc pas de raison de paniquer. Est-ce que Earl veut qu’elle dorme ici ? Il ne l’a pas dit, bon, elle n’est pas très loin, quelques rues de chez son père chez qui elle loge pour le moment. Ouai... ça craint 26 ans et pas d’appartement à soi. Il serait peut-être tant d’investir Annie... mais sa mère a toujours tout contrôlé, elle vivait chez elle avant l’explosion et le burn out. La dépression, elle ne l’avait pas prévu. Bien qu’elle la sente diminuer quand elle est en train de rire de chose futiles avec Earl. Parfois, quand elle le regarde... Elle se dit que c’est tout ce dont elle a besoin... et puis il y a les photographes... les médias... ils sont dans un monde qui ne tourne pas rond, il faut bien l’admettre.

Elle rit d’ailleurs, encore, quand il joue au faux vexé. Elle lui offre un petit coup de coude pour le fait réagir. « - Allez montre moi comme tu séduis une fille et pas de comédie ! » Elle est vraiment intriguée. Comment il s’y prend. Joue-t-il à l’acteur torturé ? l’acteur fêtard ? l’homme qui fait des cadeaux à tout va ? Quel homme est-il quand il se met en mode séduction ? Et pourquoi elle tient tant à le voir ? La question se retourne presque contre elle puis que la voilà à énumérer les qualités physiques d’un homme et bug quand elle se rend compte que cela ressemble beaucoup à son partenaire. Merde, merde, merde. Et lorsqu’Earl évoque ses préférences, elle se sent bête. « - Oh j’imagine effectivement que l’intellect de la personne compte beaucoup aussi. Je crois que ça passe même au-dessus du physique, t’as raison... Je rêve qu’un homme s’intéresse à ce que je fais... vraiment, tu vois ? Rire avec lui, parler de tout et de rien, regarder des bêtises à la télé comme des grands classiques... chanter Abba à tue-tête...pouvoir être moi-même avec lui sans avoir peur qu’il voie mes défauts... j’en sais rien. Il reprend sa quête de la fille parfaite, pour un plan cul il lui arrache un petit sourire et ce qu’il dit pour la suite la touche, terriblement même. Il ne lui avait jamais dit auparavant. « - Je ne me trompe pas belle... je veux dire, je ne le dis pas pour que tu me dises que je suis belle... je... je n’ai jamais aimé mon reflet, visage corps... cela ne me rend pas accro au maquillage pour autant... mais... que tu me trouves belle au naturel, ça me fait plaisir, merci... » Un sourire timide. « - ce que j’aime chez toi, ce sont tes cheveux, rarement coiffés mais toujours très stylés » Elle l’ébouriffe d’ailleurs et pour détendre l’atmosphère qui devenait un peu mélodramatique, elle entame une bataille de guilis et grimpe sur lui pour avoir un ascendant. Quoi Annie Jones à califourchon sur Earl Rodgers ? Une bataille de chatouilles ? Vraiment ?

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« - Peut-être que c’est trouvable mais c’est compliqué de rencontrer des mecs sérieux ou qui semblent s’intéresser vraiment à qui je suis, notre milieu n’aide pas et je ne suis pas très douée pour les histoires éphémères. » L’une des choses qui fait qu’elle pense qu’ils n’ont rien à faire ensemble. Parce qu’elle se préserve, pas que ce soit un choix conscient mais elle ne veut pas s’exposer à une histoire qui finirait comme celle de ses parents avec sa vie sexuelle déballée dans les magazines. Elle peine aussi à croire qu’un mec comme Earl puisse la trouver belle sans maquillage. Elle n’e porte quasiment pas ce soir, elle a juste mis un peu de mascara pour grandir un peu son regard mais le reste est cent pour cent naturel. Elle aussi, effectivement, elle préfère ne rien n’avoir de collant sur la peau. Le make up des tournages irritent même parfois sa peau, même si tout le monde fait attention. Elle le remercie, parce que parfois de simples mots peuvent avoir un impact considérable. Comme les réflexions de sa mère qui passe son temps à critiquer son apparence. Peut-être que son manque de confiance vient de là finalement. Elle n’a pas encore compris que sa mère y était pour beaucoup dans cette dépression. Cette mauvaise passe… ce moment à vide. Et qu’Earl… lui, la remplit de lumière à chaque fois qu’ils sont ensemble. Il lui faut du temps encore un peu. Elle complimente alors sa tignasse, un moyen détourné de ne pas trop lui avouer qu’elle lui trouve du charme à Earl. Et en l’ébouriffant, cela part en bataille de chatouilles. Elle grimpe sur lui pour tenter de le bloquer et lui faire subir le supplice des guilis. Les rires s’élèvent dans la pièce, c’est plaisant. Elle en a même un peu mal aux abdos, depuis combien de temps cela ne lui était pas arrivé ? Il parvient cependant à chopper ses mains pour la bloquer. Elle reprend un peu son souffle, la position reste très… équivoque ? Elle a califourchon sur les genoux d’Earl ? « - Promis » Oui elle arrête… il ne lâche cependant pas réellement ses mains et elle, naturellement elle vient entrelacer leurs doigts. Son cœur bat vite mais est-ce que c’est l’effort… ou autre chose ? Elle se perd un peu dans son regard. Elle s’amuse de sa réplique. « - Après tu aurais eu un égo démesuré » Lèvre inférieure mordillée, joues rosies par la bataille. Cela fait plusieurs fois que l’envie de goûter les lèvres d’Earl se fait sentir… hors plateau… pas d’appareils photos braqués sur eux… juste eux. Elle tient bon, lutte contre cette lubie, mais vient frotter son nez contre le sien. « - T’es pas mal dans ton genre Earl Rodgers » Elle le murmure, suavement, sans se rendre compte de l’effet qu’elle peut produire. A des années lumières de ça, même.

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Il se passe quoi à cet instant ? Il se passe quoi dans la tête de l’actrice lorsqu’elle croise le regard de son partenaire sans savoir pourquoi d’un coup, elle a encore envie de l’embrasser. C’est la deuxième fois. Deux fois qu’elle se rend compte qu’elle n’est pas insensible au charme d’Earl Rodger mais c’est la deuxième fois qu’elle se dit qu’elle ne veut pas juste être une des filles de passage. Ce n’est pas son genre… Vraiment pas. Et pourtant, les lèvres d’Earl à cet instant… elles n’ont jamais été aussi attirantes. Sa langue passe sur celles-ci et Annie se rend compte qu’elle fixe un peu trop sa bouche. Elle repense au baiser qu’elle lui a offert lors de leur dernière séance, cette soif d’en avoir plus mais cette résignation… dont elle a fait preuve. Une grande maitrise de soi, sans doute parce que tout le monde les regardait. Oups, le cœur qui palpite trop fort, oups… les sensations qu’elle ressent dans son corps, un désir nouveau qui lui fait perdre un peu pied, c’est vrai. Annie n’est pas une fille pour Earl, pas une fille qu’on attrape une fois et qu’on rejette… Annie n’est pas une fille à vouloir une nuit et c’est tout. Annie c’est le genre qu’on aime à la folie, à en crever et avec qui on veut se marier. Oh le mariage parlons-en… dans leur milieu, une fois sur deux cela termine en drame sur les papiers glacés des magazines. Non merci. Elle tremble presque lorsqu’elle se rapproche de lui envoûtée par son air rieur et son regard chaleureux. Nez contre nez. C’est totalement platonique comme geste, non ? Elle semble son souffle sur elle… bon sang, l’envie de céder est… infâme… tout frémit en elle, même son bas-ventre réclame quelque chose qu’elle ne connait pas – encore.

Ses lèvres s’étirent en un sourire. « - Crois-le » Murmure-t-elle, dans un lapse de temps très court de séduction puisque rapidement ce moment est cassé par la concentration d’Earl qui s’intéresse de nouveau à ce qui se passe à la télévision. Elle se retourne pour voir la scène décrite, celles qu’ils attendaient. Si elle est ravie de la voir, elle se sent un peu frustrée d’une certaine manière. Pourtant, la télévision vient de lui sauver la mise. Elle fait glisser ses fesses sur le côté, laissant encore trainer une jambe dénudée grâce à son short sur Earl. Elle savoure l’émission et elle finit par applaudir. « - La piscine, c’est fatal… ils sont peu vêtus… Matt a les cheveux en arrière dégoulinant, elle ne pouvait pas lui résister… » Elle repense à eux dans la piscine, putain Annie, arrête de fantasmer. « - Je suis sûre que c’est pour ça que tu as une piscine, pour être sous son meilleur jour, torse nu… » Elle lui lance un regard sans équivoque pour l’embêter. Pourtant, en même temps, elle s’imagine reproduire la scène Matt/Vanessa… avec Earl…dans sa propre piscine. Qu’est-ce qui lui arrive ?

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Est-ce que l’on peut dire qu’ils sont sauvés par le gong ? Enfin par le baiser de deux stars de téléréalité. Vous y croyez, vous ? Improbable. Et pourtant. Comme les deux s’amusent à suivre les aventure de jeunes australiens enfermés dans une maison luxueuse – encore plus que celle d’Earl – cet événement est presque le summum de l’action dans ce genre d’épisode. Cela fait du bien de regarder du vide. De s’amuser de cela, de le regarder avec assez de distance pour ne pas penser que ses gens soient dans la réalité. Au moins ce genre de programme permet à Annie de mettre son cerveau au repos, c’est plaisant. Elle s’endort toujours devant au bout d’un moment et elle se fait réveiller par des engueulades aiguës entre deux personnes qui s’insultent parce que l’un d’eux a mangé le yaourt 0% d’untel. Bref, passionnant. On pourrait faire des études de sociologie en regardant ce genre de merde.

« - Ultra malin » Confirme-t-elle amusée. Amusée qu’ils soient sur la même longueur d’onde. Son cœur se calme un peu, elle se ressaisit mais voilà qu’une chose à changer. Elle a envie d’être encore plus contre Earl, peut-être que c’est la raison de sa jambe qui traine encore sur ses genoux. Elle ne s’offusque d’ailleurs pas du tout lorsqu’il pose naturellement sa main sur sa cuisine. Ils plaisantent sur la présence de la piscine dans cette maison. Elle rit un peu. « - Personne ? Même pas toi ? Fort dommage » Pourquoi dit-elle cela ? Oh putain, elle flirte. Elle flirte avec Earl et ouvertement. Non, vraiment ? Putain Annie, qu’est-ce qui t’arrive ? T’es sous le charme ? « - Mais oui Earl, t’es toujours incroyablement beau » Elle en fait trop volontairement en remettant ses cheveux en arrière – à lui, un geste tendre et qui va parfaitement avec ses mots.

« - Tu veux rencontrer tes idoles dans la vraie vie ? T’as pas peur d’être déçu ? » Elle rit un peu, ils sont toujours l’un contre l’autre. Là, d’extérieur on pourrait croire un jeune couple. Fou ? Évidemment. Aucun des deux ne semblent prêts à s’avouer quoique se soit en tout cas. Alors Annie ne fait mention de rien et une part d’elle savoure. « - Ok, j’ai très envie maintenant d’aller à une soirée avec toi pour les croiser – tu crois qu’ils sont aussi doués que nous pour jouer la comédie ? » Elle se mordille la lèvre, sa main qui est passée dans ses cheveux est resté dans sa nuque et elle entortille tendrement ses cheveux dans ses doigts. Elle regarde la télé. « - C’était quand même sûr... elle le dévore du regard... lui a beau être un séducteur, je suis sûre qu’il se donne une image de playboy... et là il ne peut plus mettre ses sentiments de côté... » Et elle se reprend. « - Enfin s’ils sont sincères... s’ils ne le sont pas, ok ils sont doués »

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Il y a comme une petite alarme dans le cerveau d’Annie qui lui signale un fait improbable. Elle flirte. Oh elle s’est déjà pliée à l’exercice, ce n’est pas nouveau. Cela n’a juste jamais rien donné. Ce n’est pas quelque chose qu’elle repousse, qui la rebute, au contraire, se sentir à son aise et possiblement, sentir qu’on plait à l’autre, c’est plaisant et cela donne confiance. Mais dans le cas d’Earl et elle, elle n’est même pas sûre qu’il y ait une réciprocité à l’acte. Earl flirte aisément et avec presque tout le monde. Annie doit se faire violence pour se dire qu’il est comme ça avec toutes les filles qu’il croise et qu’elle n’est qu’un nom de plus à ajouter à la liste. Une amie, rien de plus. Alors devrait-elle peut être cessée de jouer avec le feu. Pourtant elle joue avec les cheveux d’Earl naturellement, le regarde avec amusement, elle prend plaisir à rester contre lui. Elle rit en roulant des yeux lorsqu’il évoque qu’eux, ils sont au-dessus, la barre est haute c’est certain et elle devient de moins en moins complexe à jouer. Annie se reperd dans le show télévisé et elle se met à le commenter. Il y répond Earl, on dirait deux experts. Ils partagent une passion peu commune… comme les émissions d’enquête criminelle jamais résolue. Elle adore ça Annie et elle a cru comprendre que lui aussi. « - C’est exactement ce que je me dis – parfois c’est vraiment… plat, j’ai envie de croire que personne ne peut être aussi… bête ? » Elle s’en veut de dire ça et ça se lit sur son visage. « - Mais j’aime bien les histoires d’amour qui finissent bien… s’ils s’aiment… j’aimerais que ce soit réel et pas une comédie » Cette phrase résonne dans son esprit. Elle parle pour qui, elle ou pour l’émission ? Elle se sent perturbée… ne serait-ce qu’à se poser la question. « - Tu es bien pessimiste… tu ne crois pas que parfois la comédie puisse devenir réalité ? » Ne sont-ils pas dans ce cas de figure ? Elle attrape son thé, elle en boit deux gorgées avant de le reposer. « - Remarque peut-être que tu as raison et qu’il n’y a que dans les livres que les héros d’une histoire finissent par s’aimer sincèrement sans comédie ou faux semblants… » Peut-être qu’elle devrait arrêter d’imaginer en être une… d’héroïne… Annie n’est qu’une actrice, la pale copie d’un dialogue inventé, elle n’a rien d’une héroïne.

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Elle lui donne un petit coup de coude parce qu’elle n’aime pas qu’il se moque d’elle. Oui, Annie c’est une romantique, sinon, elle se ficherait pas mal de sa virginité et à qui elle l’offre. Elle veut l’inverse de l’histoire de ses parents. Elle rêve d’être l’héroïne d’un roman, une héroïne forte et pas celle qu’on oublie après avoir refermé le livre. Elle se refuse d’offrir une réponse à Earl sur son côté romantique. Elle n’a pas envie qu’il se permette de l’embêter. Elle se refuse aussi de s’avouer être une grande sensible, elle n’aime pas que l’on puisse avoir cette idée de sa personne et surtout que l’on puisse en profiter. Earl joue alors elle préfère rester évasive sur sa façon d’être. C’est plus facile à contrôler. Enfin, jusqu’à quand ? C’est une bonne question. Elle tente de se concentrer l’émission en arrêtant de se poser trop de question sur le jeu d’action ou la sincérité des protagonistes de la télé-réalité. « - Tu vas m’emmener dans une nouvelle aventure je sens » Et cela lui plait. Largement. Cela veut dire encore un moment avec Earl, encore un moment à deux, partagé. C’est fou de les apprécier autant ? Annie tente de ne pas se formaliser sur ce qu’elle commence à ressentir, c’est peut-être le stress, la pression… au fond, elle sait que non, parce que dès qu’elle se retrouve avec Earl, le stress, la pression il n’y en a pas. Impossible tout de même de nier que cela fait peur. Elle a peur de ce que cela annonce pour eux. Alors que l’émission continue, Annie ne regarde que son partenaire. « - Alors, hormis la téléréalité, j’ai cru comprendre que tu aimerais aussi les émissions de cold cases ? » Elle sourit malicieuse, elle a envie de partager ça avec lui, parce que c’est un point commun en plus à rajouter à l’heure relation, non ?

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Elle l’imite et attrape sa tasse de thé avant qu’il ne soit trop froid. Elle le garde en main alors qu’ils discutent. La télé n’a qu’à attendre après tout ils semblent bien tous les deux dans leur bulle à discuter. Elle se rend compte qu’elle n’a pas du tout envie de rentrer chez elle. Va-t-elle dormir dans ce canapé et pourquoi a-t-elle juste envie de dormir avec lui, parler toute la nuit, de tout, de rien. Elle se rend compte qu’elle a penché sa tête sur le côté pour l’écouter. Pour la première fois en quatre années, il lui parle de son père. Elle le trouve attendrissant. Les yeux clairs d’Annie ne le quittent pas, le regard doux qu’elle lui offre montre l’intérêt qu’elle porte aux mots qu’il prononce. « - Je crois que si tu ne m’avais pas envoyé ce message pour savoir où j’avais disparu, si tu n’avais pas insisté... je te mépriserais toujours... je pensais sincèrement que t’en avais rien à faire de moi... et tu m’as démontré que non... et je me suis dit que je m’étais peut-être fait une idée erronée de toi, corsée par ma mère, ok, je dois l’admettre. Elle cautionne l’idée de cette fausse relation juste parce que ça propulse la série au top et que ça booste ma notoriété... mais je crois que moi, je m’en fiche... Je n’ai pas envie de passer du temps avec toi parce qu’on risque d’apparaître dans les médias... je crois que j’apprécie vraiment ça – non je reformule, j’aime ça » Elle rougit un peu et noie ce petit malaise dans une gorgée de tête mais elle ne le lâche toujours pas des yeux. « - Alors qu’est-ce que je dois savoir d’autre sur Earl Rodgers ? On a des points communs insoupçonnés, si ça se trouve, il y en a d’autres ! » Elle veut savoir maintenant. Elle repose sa tasse et se recale contre lui. Ils restent proches, elle aime ça. Trop même. Et inconsciemment, elle reglisse sa main dans sa nuque pour la caresser avec douceur.

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L’un contre l’autre, elle esquisse un petit sourire tendre. Il aime être avec elle, apprendre à la connaître et ça la charme. Littéralement. Son esprit lui donne une tapette mentale pour arrêter d’être autant charmée justement. « - Mes fans sont adorables quand les tiennes – oui tiennes, la majorité sont des femmes – m’insulte parce que j’ai l’audace de sortir avec toi, pire si je te brise le cœur je pense qu’on retrouvera mon corps quelque part » Elle en rit mais ce n’est pas facile à vivre, elle a même désactivé les mp des gens qu’elle ne suit pas pour éviter d’être totalement harcelée. Pas comme si elle subissait assez de pression. Il faut tenter de mettre de la distance avec tout cela et en rire, même si cela la dépasse toujours autant. Ils se mettent donc à discuter de façon facile et agréable, sans se prendre la tête. Ce canapé devient une bulle de confort, une bulle pour eux, leur intimité. Elle se sent en sécurité, bien… juste là dans ses bras. Il ne cherche pas à la draguer, la séduire, c’est naturel… et instinctivement elle devient tendre avec lui, des caresses légères et rassurantes. Alors il évoque quelque chose qu’elle ignorait encore sur lui, quelque chose qui la fait totalement craquer. Certes ce n’est pas le truc qui plairait à toutes les filles mais c’est typiquement ce genre de petit truc qu’Annie adore. Elle se mordille la lèvre, le trouvant à cet instant affreusement craquant. Elle lâche un petit rire. « - Je prends note » Elle caresse ses cheveux toujours, ses doigts glissent un peu sur sa joue. « - J’adore ça… ce petit côté papi dans ton cœur de jeune sexy » Annie est une érudite, n’oublions pas. « - Quoi d’autres ? Plus je te découvre plus je te trouve génial… oh et ne prends pas la grosse tête ! Juste dis moi encore les choses que tu aimes » Elle se rattrape un peu et pose son menton vers son épaule en faisant une petite tête adorable. Il doit continuer de lui dire ce qu’il aime…