@Elliot Vance

Premier dimanche après-midi de juillet, il fait toujours très doux dehors en journée mais les températures se rafraîchissent en soirée. Pour tout le monde c’est bientôt la fin du weekend, mais pour Luther c’est surtout le dernier jour des vacances d’hiver. Qui dit hiver dit après-midi board game entre amis. Il ne répond pas présent tous les week-ends, mais il vient suffisamment souvent pour être réinvité. Il s’est donc présenté à quatorze heures, pile à l’heure ; pas surpris pour un sous de croiser Elliot. Ils se sont salués poliment mais chaleureusement, avec un peu de distance convenue. Cela a permis à leurs proches de juger, soupeser et critiquer silencieusement à quel point ils ont bien géré leur rupture. Rien qui aurait pu indiquer que la veille il s’est réveillé dans ses bras. Délicieux réveil. Il sait qu’en général c’est plutôt lui qui enlace ou qui sert d’oreiller. Mais il doit avouer que de temps en temps quand il ouvre les yeux avec la tête enfouie dans sa poitrine et les bras d’Elliot autour de lui, il trouve ça chouette aussi. Il est prêt à accepter que ses chevilles dépassent du lit pour cette sensation.

Cet après-midi, ils sont donc sept rassemblés autour de la table basse d’un salon, quelques-uns assis en tailleur à terre et d'autres répartis sur les canapés et fauteuils. Il y a un couffin posé au sol, avec un bébé qui roupille pendant que ses trentenaires de parents jouent à des jeux de société.   L’après-midi a bien commencé avec des jeux que tout le monde connaissait et maîtrisait un minimum. Ils ont d’abord joué à la table de la cuisine, des jeux faciles. Il est à peu près certain que le pied qu’il a senti contre le sien, puis remonter son mollet est celui d’Elliot. Sinon, il trouve un poil gonflé de se faire draguer par un ami en commun sous le nez de son ex. Enfin de son ex. De son ex-ex. Il est resté relativement stoïque parce que c’est un grand garçon qui aime vanter la maîtrise qu’il a de lui-même. Et aussi parce qu’il a un peu l’habitude de cette manœuvre venant de la brune. Mais aujourd’hui, il n’a pas ramené ses jambes sous sa chaise. De l’eau a coulé sous les ponts depuis le diner chez Charlotte.

Puis finalement y a ce mec plus mordu que les autres qui a sorti LE jeu de plateau expérimental de contrôle de territoire acheté en prévente sur Kickstarter. Le truc que personne ne connaît. Ils ont commencé l’explication des règles à 16h30, à la table de la cuisine donc. Les règles ont pris déjà quarante minutes et Luther a compris qu’il allait jamais sans sortir. Vers 19h, ils ont commandé des pizzass et ont migré le plateau vers la table du salon pour dîner dans la cuisine.

Depuis encore une bonne heure a passé, l'horloge du salon indiqué 20h17, et la moitié des joueurs sont à l'agonie. Luther compris. Déjà, il n'est pas tout à fait sûr de savoir s' il est censé être en compétition contre les autres ou s' ils sont en collaboration pour gagner tous ensemble. Et si c’est le cas, pourquoi il semble s'être retrouvé en équipe avec Elliot et Jas ? Est-ce que c’est juste parce qu’ils sont assis tous les trois dans le même coin ? Quand son tour vient, il se redresse sur le canapé où il s’était enfoncé de désespoir. En se penchant pour observer le plateau, ses genoux viennent se presser légèrement contre le dos d’Elliot qui est assise en tailleur à ses pieds. Il finit par souffler à la cantonade, désemparé “ Mais du coup, c’est quoi cette histoire de sécheresse ? Je dois donner mes réserves d’eau à Elliot ? Quand est-ce que le tour de l’automne revient ? Il doit pleuvoir à ce moment là, c'est ça ? ” il est perdu et il finit par avancer ses pions sur la carte géographique. Il s'appuie légèrement d'une main sur l'épaule d’Elliot et elle doit bien l'entendre maugréer dans sa barbe que franchement un Risk, ça contrôle du territoire aussi et t'as pas besoin de réfléchir quatre tours d'avance si ça sera la saison des moucherons quand ton maréchal ferrant sera sur la case marais. Encore dix minutes de jeu, puis on suggère une pause pipi. Lui en profite pour dégourdir ses jambes et se servir un verre d'eau à la cuisine. Il n’est pas plus surpris que ça de voir que le mouvement qu'il perçoit derrière lui, c'est Elliot qui l'a suivi en catimini. Comme ils sont seuls dans un angle mort, il jette un oeil derrière elle puis il finit par l'embrasser sur les lèvres en murmurant “Bonsoir toi”, comme si ils venaient de se rencontrer à l'instant. Il porte son verre d'eau à ses lèvres avant de lui demander “ Tu comprends ce jeu ? Parce que moi pas du tout”. Il se demande si ça va durer encore longtemps cette histoire et à quelle heure raisonnable il peut jouer la carte du Ho c'est la fin des vacances, je vais aller me coucher pas trop tard alors je rentre.

@Luther Kealoha

Assise sur le sol, les jambes emmitouflées dans une paire de leggins ramenées vers toi, tu observes, critique, le plateau de jeu plutôt complexe qui s’étale sous tes yeux. Tu ne sais pas très bien ce qui pousse encore tes amis à t’inviter à ces après-midi jeux: ton côté mauvaise perdante et la mauvaise foi qui l’accompagne? Ou bien le fait que tu sois justement du genre à souvent perdre? Quoi qu’il en soit, tu es au fond toujours ravie d’être de la partie, et ce soir plus particulièrement. La présence de Luther derrière toi apaise grandement le fait que tu aies fait banqueroute au Monopoly et que tu te sois faite très vite éliminer au Cluedo, toi, la passionnée de True Crime.

Même si vous donnez le change devant vos proches et que vos interactions s’en trouvent, de fait, plutôt limitée, tu es ravie de pouvoir passer du temps avec ton petit ami. A vrai dire, tu te délectes même de la situation. Même si tu n’es pas vraiment adepte des secrets, tu aimes l’idée de savoir quelque chose que la majorité des personnes présentes autour de cette table basse ignore. Un peu comme les règles de ce nouveau jeu dont personne ne semble avoir saisi l’enjeu. Affichant ta meilleure poker face quand les genoux de Luther viennent gentiment réchauffer ton dos, tu laisses échapper un rire mi-amusé, mi-désabusé en constatant que même lui, qui est pourtant, sans même l’ombre d’un doute, la personne la plus intelligente de cette assemblée, semble ne pas très bien avoir compris les règles que Jace, à l’origine de cette partie sans fin, s’évertue de réexpliquer, encore une fois -en supposant que lui même les ait bien comprises-. Tu l’écoutes d’une oreille distraite, mais tes pensées vagabondent vers la sensation de chaleur qu’a laissé la main de Luther en s’appuyant sur ton épaule. Tout à coup, il te tarde que la partie se termine pour que tu puisses retrouver ton amant et profiter de sa présence sans avoir à faire semblant. Heureusement, l’occasion de présente plus tôt que prévu lorsqu’après que tu aies finalement joué ton tour - avancé ton pion, pillé un village et récolté du bois pour l’hiver. Oui ok, mais l’automne et la pluie alors?-, une pause est enfin annoncée. Après t’être relevée laborieusement, les jambes et les fesses légèrement engourdies d’avoir gardé la même position pendant si longtemps, tu suis Luther du regard et tu t’éclipses à ton tour pour le rejoindre innocemment à la cuisine, prétextant vouloir te griller une cigarette à la fenêtre la plus éloignée du chérubin endormis. Une bien piètre excuse puisque depuis quelques semaines déjà, depuis le retour de Luther dans ta vie, tu as largement réduit ta consommation de tabac. Tu t’essayes même depuis quelques jours à la cigarette électronique avec un taux de nicotine presque nul. Tu n’en es pas encore à totalement arrêter de fumer, mais pour la première fois depuis longtemps, tu es sur la bonne voie.

“Et bonsoir à toi aussi…”, tu lui réponds sur le même ton en glissant tes mains autour de sa taille pour lui rendre son baiser. Tu te fais violence pour ne pas prolonger votre courte étreinte parce que tu tiens à ce que votre retour de flamme reste votre petit secret. Tu apprécies cette bulle dans laquelle vous évoluez depuis vos retrouvailles et tu n’es pas encore prête à la percer. C’est toujours lui et toi, contre le reste du monde. Tu t’éloignes raisonnablement, pour ne pas être tentée de chercher le contact, et tu secoues la tête en riant à sa question. “Bienvenue au club. Je sais pas qui l’a inventé, mais j’aimerais savoir ce qu’il avait fumé. Ca ne peut être que de la très bonne came!”, tu réponds avec un petit rire en piochant sur une pile un gobelet neuf pour te servir à ton tour un verre d’eau au robinet. “Si tu veux, je déclenche l’alarme incendie avec mon briquet et on rentre se glisser sous un plaid devant une série… Y a une nouvelle saison de Cruel Summer que j’ai pas encore regardé sur Prime…”, tu plaisantes avant de plonger le nez dans ton verre, un regard rieur braqué sur le professeur de mathématiques.

@Elliot Vance

Si elle s’éloigne pour observer une distance raisonnable, lui a plus de mal à se plier à cette rigueur. C’est aussi probablement que le fait de se faire chiper au milieu de la cuisine le laisse vaguement indifférent. Il n’a jamais vraiment ressenti le besoin de se justifier ou de faire des annonces publiques et c’est le cas aujourd’hui aussi. Advienne que pourra. Il n’est pas vraiment discret dans sa proximité physique avec Elliot et si leurs amis se penchaient sur la question ils pourraient vite percer à jour le retour de flamme à cause de Luther. Mais apparemment personne n’y prête attention, confortant Luther dans son insouciance. Quand elle parle de fumer d’la bonne came, il pince les lèvres en claquant de la langue et lui fait une grimace. Monsieur-soupe-au-lait, elle le connaît trop bien pour pas anticiper qu’il va faire une tête. Il ne reste pas pincé raide comme un piqué trop longtemps cependant. Quand Elliot se détourne pour saisir un gobelet et le remplir d’eau, il suit son mouvement des yeux puis il lève les doigts pour dégager les cheveux de la brune et venir caresser sa nuque avec douceur. Sa main retombe le long de son corps quand elle se retourne vers lui pour proposer de déclencher l’alarme incendie pour s’échapper de cette partie de stratégie incompréhensible. “ Ha, c’est vilain ” ricane-t-il en croisant son regard rieur par-dessus son gobelet “ Tu réveillerais Oliver juste pour te glisser sous un plaid avec moi … Penses donc à ses pauvres parents et laisse moi faire. ” Il lui prend des mains son verre d’eau et se rapproche subrepticement jusqu’à l’embrasser furtivement. Quand il se recule, il pince ses lèvres et goutte du bout de sa langue la fraîcheur que l’eau du robinet à transmis des lèvres d’Elliot au sienne, puis en haussant un sourcil il ajoute “ Je t’ouvre mes bras quand tu veux, mais Cruel Summer ou whatever, c’est mort chaton. ”. Il va pas essayer de se passionner pour une nouvelle série. Faut connaître sa faible patience pour rester assis à regarder des trucs à la télé. Il lui tapote la hanche, puis la contourne en murmurant “ On y va alors ? ” en hochant la tête. Le voilà qui rejoint les autres dans le salon, la gratifiant d’un clin d'œil quand il quitte la cuisine.

Et le voilà qui annonce de manière détendue qu'il n'avait pas vu l’heure passée avec ce jeu passionnant mais qu’il doit se rentrer pour finir de préparer sa petite rentrée d’hiver. Avec désinvolture, il ajoute en apercevant Elliot qui vient de les rejoindre à nouveau “ Tu veux toujours que je te dépose chez toi, Elliot ? J’pars maintenant. ”. C’est sur sa route après tout. Il leur faut dix minutes pour faire leurs adieux, il attend à peine d’avoir franchi la clôture de la maison cossue pour passer un bras autour des épaules de sa chérie et l’attirer vers lui en posant un baiser sur sa tempe avant de proposer “ On va chez moi ?”. Aussi sympathique que soit l’appart d’Elliot, il préfère de loin le sien. Ils grimpent dans son pick-up, il y flotte une douce odeur de sable, de sel et d’eau de mer, la même qui lui colle à la peau. Son sac de surf repose encore aux pieds d’Elliot, gouttant sur le sol et il lui marmonne qu’elle peut mettre ça à l’arrière. Il est arrivé directement de la plage après une session matinale à Gold Coast, son poncho en éponge est roulé en boule sur la banquette arrière. Puis tout en mettant le contact, il l’interroge “ T’es sur qu’elle s’appelle Cruel Summer ta série ? C’est pas une chanson de Taylor Swift ça plutôt ? ” et quand le moteur démarre et que la radio s’allume, y a le tube de la chanson de la chanteuse qui s’élève dans l’habitacle pour lui donner raison.

@Luther Kealoha

Son air réprobateur à l’évocation de ton penchant -plus que contrôlé-, pour la consommation d’herbe récréative te fait sourire. Tu n’as rien consommé depuis un bail. Presque un an maintenant, la soirée où tu avais servi d’alibi à Liam et dont tu gardes un souvenir embrumé que tu préfères rapidement chasser de ton esprit pour te concentrer sur les doigts de Luther qui caressent ta nuque. Tu ne sais pas si l’accélération de ton cœur est due plus au plaisir de le sentir te toucher consciemment pour la première fois de la journée, ou à un léger pic d’adrénaline lié au fait qu’on pourrait parfaitement vous surprendre, mais tu sais en revanche ce qui provoque ton petit sourire mutin alors que le professeur de mathématiques te reproche de vouloir réveiller un pauvre enfant sans défense juste pour pouvoir passer le reste de la soirée en sa compagnie, loin des autres et de ce jeux qui va finir par tous vous rendre chèvre. “Qu’est-ce que tu veux… Je ferais n’importe quoi pour passer du temps avec toi…”, tu commentes en haussant les épaules avec un nouveau sourire amusé avant de hocher la tête quand il te propose de le laisser faire pour vous trouver une échappatoire. Tu lui rend son baiser rapide du bout des lèvres, et tu lèves les yeux au ciel quand il t’annonce qu’il est ok pour des câlins, mais pas devant une énième nouvelle série. Tant pis pour lui! “Passes devant, je te suis!”, tu cèdes avec un hochement de tête accompagné d’un sourire.

Les mains dans les poches de ton sweat, -un des tiens, pour une fois-, tu rejoins le reste de la bande l’air de rien, comme si tu n’étais pas parfaitement au courant des intentions de Luther. Tu prends un air détaché, tout en piochant un bonbon gélifié laissé à l’abandon dans un bol et tu relèves un regard interrogateur vers Luther quand il prononce ton prénom et t’annonce son départ. “Oh, oui! Si ça ne te dérange pas, je veux bien!”, tu lances en mordant dans ton crocodile vert l’air de rien. Tu n’échappe pas au regard de connivence et au petit coup de coude de la mère d’Oliver quand tu lui fait la bise avant de t’éclipser, mais tu restes dans ton rôle de l’ex de Luther jusqu’à ce qu’il passe son bras autour de tes épaules et qu’un soupir satisfait s’échappe de tes lèvres au moment où ses lèvres trouvent ta tempe. “Chez toi, ça me va!” Une main posée sur son torse, ton autre bras passé autour de lui, tu marches maladroitement à ses côtés, bien décidée à ne pas t’éloigner jusqu’à ce que vous ayez atteint la voiture où tu t’installes sur le siège passager après l’avoir débarrassé des affaires de Luther. Tu tournes la tête vers lui, un sourire amusé aux lèvres quand il t’interroge sur la série dont tu lui a parlé plus tôt et tu lèves les yeux au ciel en secouant la tête. “Non non, c’est le bon titre, chaque saison a une histoire et des protagonistes différents, ça se joue sur trois timelines différents, c’est super sympa!” tu défends ton programme avant d’éclater de rire en entendant la voix de Miss Americana s’élever dans l’habitacle. Tu parles d’une coïncidence! L’effet de surprise passé, tu reprends à tue-tête les paroles de la chanson alors que la voiture de Luther parcourt les rues de la ville en direction de son chez-lui. Tu n’es pas une grande fan de Tay-Tay, mais ses chansons passent tellement souvent à la radio, y compris celle qui tourne en fond sonore à La Chimère, que tu connais certains titres par coeur, celui-ci en particulier. Alors même si tu n’es pas une grande chanteuse et que ta voix laisse à désirer, tu danses sur ton siège tout en formant un micro avec ton poing en le tendant parfois à Luther pour l’inciter à chanter avec toi.What doesn’t kill me makes me want you more!

@Elliot Vance
Les voir faire semblant de se mettre d’accord, ça le fait sourire. Bon, il doit reconnaître qu’ils ne décrocheront probablement pas l’Oscar des meilleur-e acteur-ice aux prochains Academy Awards. Elliot et son regard interrogateur et Luther qui rétorque ingénument que non, pas de soucis. Tu parles, Charles, que ça le dérange pas de la raccompagner chez elle ! Enfin chez lui plutôt, conviennent-il quelques minutes plus tard, une fois à l'abri des regards amicaux. Il a la minauderie old-fashion de lui ouvrir la portière avant de contourner la cabine pour grimper de son côté. En s’installant devant le volant, il croit se rappeler un truc qu’elle lui a peut-être dit un jour par sms y a quelques mois. “ Tu d’vais pas prendre des cours de conduite cette année au fait ? ” A moins que ce soit sa soeur ? ou Livia ? Il est persuadé qu’une de ses proches a pris cette résolution pour le nouvel an, mais qui ? Contact, moteur. Il quitte la route du regard une seconde pour lui jeter un side look et une moue en entendant de parler de TROIS timelines différentes “ Woow tu m’as perdu à trois histoires en même temps là, déjà qu’il faille changer d’histoire à chaque saison je suis pas fan ” Excusez-le, il fait l’effort de suivre des personnages pendant plusieurs épisodes de suite, et ensuite il doit apprendre à s’intéresser à d’autres pour la prochaine salve ? Mais remboursez-le tout de suite ! En revanche, il est bien plus volubile à chanter en cœur - désaccordé car lui non plus n’a pas franchement l’oreille musicale - cruel summer par-dessus le poste de radio préhistorique de son vieux taco. Si Elliot n'est pas particulièrement fan, lui a succombé à la frénésie familiale depuis des années et il connaît les tubes de l’américaine pas mal par cœur de son plein gré. Ils en ont pas pour très long avant d’arriver chez lui et qu’ils se garent dans la rue en bas de l’immeuble. Quand le moteur est coupé et que la radio laisse place au silence à nouveau, il lui demande “ Tu crois qu’ils sont dupes ? ” tout en se retournant pour attraper son sac de surf sur la banquette arrière. Il parle de leurs amis en commun, devant qui ils font semblant de rien. Les portes claquent et son sac hissé sur l’épaule, il finit par extraire sa planche de surf du rack fixé au plateau du pick up. Tout son attirail sur le dos et sous le bras, il donne un coup de menton vers l’entrée en anticipant la proposition d’aide à venir “ Let’s go. J’ai pas b’soin que tu m’portes un sac mais j’veux bien que tu m’ouvres les portes. ”. Ils montent les marches plutôt silencieusement, comme s' ils prenaient pas le risque de voir un voisin émerger de son appartement en beuglant Hey, Luther, justement j’voulais te voir! On sait jamais. Puis finalement, la porte de son entrée refermé derrière eux, le sac abandonné sur le paillasson et la planche posée sur des tréteaux au fond du salon - il a quelques réparations à faire, lui dit-il machinalement - il finit par l’enlacer, attirant son dos contre son torse et marmonne “ Enfin seuls ?” .

@Luther Kealoha

“Hmmm, nope. Tu te trompes d’ex!”, tu plaisantes tout en bouclant ta ceinture. L’idée t’as bien traversé l’esprit à plusieurs reprises au cours des derniers mois, tu as même songé à tenter le permis moto, plutôt que le permis auto, mais tu n’en as parlé à personne, et la lubie t’es bien vite passée. En vérité, il serait grand temps que tu te décides enfin à te prendre en main et que tu troques ton vieux vélo pour quelque chose de plus pratique, mais tu n’es toujours pas décidée, et vivre dans une grande ville plutôt bien déservie, tout comme le fait de travailler à proximité de ton domicile, te donne le loisir de toujours repousser le moment fatidique où tu devras à nouveau te frotter à un examinateur. Et puis, au fond, t’aimes bien quand c’est Luther qui te raccompagne chez lui, c’est une excuse de plus. Peut-être même la meilleure!

Tu ris alors qu’il te confirme à sa manière qu’il n’a aucune intention de s’intéresser à la série que tu lui recommande, et vous vous laissez emporter par la voix de Taylor Swift en y mêlant les vôtres. Tu penses sincèrement ne jamais te remettre du fait que Luther soit un Swiftie. T’as beau le savoir, ça te surprend à chaque fois, et tu ris de plus belle entre deux couplets jusqu’à ce que la chanson se termine et que le trajet s’achève dans le silence. Grisée, tu gardes un petit sourire satisfait aux lèvres jusqu’à ce que Luther t’interroge sur vos amis, et la possibilité qu’ils vous aient grillés. T’as un petit haussement d’épaules en détachant ta ceinture pour descendre. “J’en sais rien… Sasha m’a filé un petit coup de coude avant de partir, alors j’imagine qu’au fond, ils se doutent de quelque chose, mais j’aime bien laisser planer le doute…”, tu lui expliques avec un sourire amusé en claquant la porte derrière toi. Tu vas pour l’aider, mais comme il te rabroue gentiment, tu te contentes d’un petit salut militaire -chef, oui chef!- et de lui faire la révérence devant la porte d’entrée, une étincelle de malice dans le regard qui s’estompe peu à peu alors que vous montez les marches dans le plus grand des silences. Alors qu’il dépose ses affaires, tu en profites pour retirer tes chaussures et t’étirer avant d’accueillir avec délice ses mains autour de toi et te lover contre son torse. Tu relèves les mains autour de son cou tout en penchant le tien pour le lui offrir, réclamant implicitement la caresse de ses lèvres contre ta jugulaire. “Presque”, tu chuchote avec un sourire en pointant le menton vers la porte de la chambre entrebâillée où brille une paire d’yeux curieux flottant dans l’obscurité à quelques centimètres du sol. Avançant dans la lumière, Pumpkin, vous toise du regard avant de miauler d’un air réprobateur. C’est à cette heure-ci que vous arrivez?, semble-t-il vous dire tout en se dirigeant vers la cuisine, laissant très peu de doute sur le but de sa manoeuvre. “Bonsoir à toi aussi, Pumpkin!”, tu lui réponds avec un petit rire amusé. “Je crois qu’il a faim…”, tu ajoutes à l’intention de Luther vers qui te te retourne pour venir réclamer un baiser, ses bras toujours fermement enroulés autour de toi. “Tu crois que c’est ce que ressentent Sasha et Jace maintenant qu’ils ont Oliver?”

@Elliot Vance
Il dodeline de la tête en entendant parler des soupçons possibles ou probables de Sacha. Bon. C’est pas vraiment surprenant, si ils ne le crient pas franchement sur tous les toits, il doit reconnaître ne pas faire de grand mystère non plus. Et puis, il n’a jamais été connu pour ses poker faces, Luther. Si on lit sa désapprobation ou son agacement clairement sur ses traits, on y devine tout aussi facilement l’affection ou la tendresse qu’il ressent pour Elliot. D’un haussement d’épaules, il clôt la conversation et ils ont vite fait de monter tout leur bazar au deuxième étage. Débarrassé de son barda, l’étreinte dont il se languit depuis le début de l’après-midi ne tarde pas. Il ne se fait pas prier quand elle lui réclame des bisous dans le cou et le voilà qui fait courir ses lèvres sur sa jugulaire, incisives qui mordillent tendrement la peau tendre avant de déposer un baiser léger. A travers ses cils, il aperçoit Pumpkin en même temps qu’Elliot lui rappelle la présence féline qui leur tiendra compagnie pour la soirée. Hochement de tête distrait à l’affirmation suivante de la jeune femme, il doit avouer être plus focusé à l’embrasser qu’à penser aux croquettes de son animal de compagnie. Un baiser léger et tranquille, qu’il interrompt après avoir entendu la question suivante, un air confus sur le visage pendant qu’il demande “ Hein ? ”. Il la regarde avec un léger doute, pas certain de bien comprendre la question. Compare-t-elle Oliver le bébé à Pumpkin le chat ? Il doit avouer que de son côté, il ne considère pas qu’avoir adopté son chat soit semblable à avoir un enfant, il doit dire. “ Heu, j’sais pas, j’pense pas. J’espère pas pour lui en tout cas. ‘fin, c’est différent quand même.” Il finit par se détacher d’elle et d’un haussement d’épaule il avoue “ En fait, j’suis pas sûr de suivre ta question, désolé. ” avoue-t-il avec un rire léger. Loin de trop se prendre la tête avec cette légère incompréhension, il lui plante un baiser sur la joue et se glisse derrière elle pour entrer dans sa cuisine, se penchant sous l’évier pour sortir le pot de croquette et en verser une portion dans le bol de son chaton tout en lui demandant “ Qu'est-ce qu'ils doivent ressentir ? ”. Se redressant, il demande à sa chérie, sautant du coq à l'âne “ Tu as faim, tu veux manger ? ”. Il est jamais trop sûr de la réponse avec Elliot, mais il commence déjà à ouvrir le frigo pour faire le point sur ses provisions, car lui devra bien manger dans tous les cas.