@Luther Kealoha


Tu pousses la porte vers l'extérieur, et la lumière du jour qui filtre à travers de gros nuages gris te fait plisser les yeux. Ta montre connectée affiche sept heure passé de quelques minutes. Ca fait quasiment dix huit heures que tu n'as pas mis un pied à l'extérieur, trop occupée à mettre en ordre les derniers détails de ce qui, -tu l'espères en tout cas-, deviendra d'ici quelques semaines, le nouveau lieu à la mode pour sortir manger, boire un verre et passer une bonne soirée. Avec un bâillement à t'en décrocher la mâchoire, tu jettes un coup d'oeil en direction de ton projet secret qui se dresse fièrement derrière toi, -majestueuse usine désaffectée dans sa splendeur industrielle-, et tu esquisses un sourire fatigué, mais satisfait. En vérité, ce projet n'est plus vraiment un secret. Plus depuis que certains magasines et les réseaux sociaux se sont emparés de l'affaire pour en faire la promotion. En revanche, ce qui demeure un mystère, et tu as bien insisté sur ce point auprès de tous les acteurs de cette nouvelle aventure, c'est le nom du cerveau à son origine. Toi, Elliot. Tu tiens à ce que ce soit une surprise pour tes amis et ta famille, à lire la fierté dans leurs yeux quand ils découvrirons que ce projet, c'est ton bébé. Seuls tes associés connaissent ton degré d'implication, et jusqu'ici, ils ont été plutôt bons pour tenir leurs langues.

Après quelques étirements de la nuque, des épaules et des bras pour te réveiller un peu, tu enfourches ton vélo en direction de ton appartement, distraite. Tu roules sans vraiment y penser, par habitude. Tu remarques à peine les premières gouttes qui s'écrasent sur toi jusqu'à ce que sans prévenir, elles se transforment en trombes d'eau qui obscurcissent ta vision et viennent mordre ta peau jusque sous tes vêtements. Tu accélères le rythme de tes coups de pédales en espérant rejoindre au plus vite ton appartement, mais la pluie s'intensifie et très vite, tu ne vois même plus au delà de deux mètres devant toi. Les feux arrières des voitures ne sont que des taches rougeâtres vacillantes, et plusieurs d'entre elles te trempent les chevilles et même jusqu'aux mollets en passant à ta hauteur. Un véritable déluge.

Tu t'arrêtes dans le caniveau à hauteur d'une intersection pour essayer de chasser l'eau qui dégouline sur ton visage et dans tes yeux du revers de ton tee-shirt, mais tu t’aperçois rapidement que c'est peine perdue. Il est aussi détrempé que toi. Tu reprends ta course sans réfléchir et quand tu t'arrêtes finalement pour de bon, c'est pour pousser la porte d'un grand bâtiment en briques. Tu jettes ton vélo contre les boites aux lettres où tu sais qu'il ne risque rien, et tu montes quatre à quatre les marches jusqu'à l'étage où tu t'arrêtes sur le pallier pour frapper plusieurs coups sur la porte. Les bras ramenés contre toi pour essayer de retenir le peu de chaleur qu'il te reste, tu ne réalises vraiment où tu es qu'à la seconde où la porte de l'appartement s'ouvre et que le regard interrogateur de Luther se pose sur toi. "Hey... Je... Euh... Désolée de te déranger, je me suis laissée surprendre par la pluie et je... Je sais même pas comment je suis arrivée jusqu'ici...".T'avais besoin d'un endroit pour être en sécurité, et tout naturellement, c'est chez lui que ton instinct t'as conduite. Seulement, maintenant tu as l'impression de sortir de transe et tu te sens stupide d'avoir débarqué sans prévenir et de te retrouver là, trempée, à dégouliner sur son paillasson en tremblant comme une feuille morte. "Désolée, c'était une idée stupide. Je vais aller attendre au café du coin que ça passe...". Tu rajoutes en montrant les escaliers d'un geste rapide avant de te détourner. Bon sang, qu'est ce qui t'as pris?

@Elliot Vance

C’est l’une des dernières journées de vacances et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il a été bien occupé. Après une matinée passée de bonne heure à prendre des vagues à Gold Coast, il est rentré chez lui pour tenter de terminer le chantier entamé la veille : remeubler son salon. Il a été interrompu dans l’après-midi par quelques acheteurs marketplace venus le débarrasser de sa vieille table basse et d’une ou deux bibliothèques. Il a réussi à embarquer Tobias dans ses tribulations et son filleul lui a filé un coup de main pour fixer les étagères en bois sur le mur du salon en fin d’après-midi. Maintenant, il n’a plus qu’à ranger et jeter les cartons d’emballage, faire un peu de ménage dans cette vision très désordonnée d’un environnement qui est habituellement très bien rangé. Il s’y attèle sans tarder, pressé de retrouver un peu d’ordre dans cette fourmilière qui déborde de toute part depuis la veille - quelle idée d’ouvrir tous les cartons d’un coup sans discernement. Finalement, vers sept heures, il a rassemblé tous les cartons à un endroit - il ne lui reste plus qu’à les descendre au local poubelle, une partie des livres et des bibelots sont rangés sur les étagères neuves et il a remis en place son tapis sous la table basse. Il reste bien quelques bols de vis à ranger sur le comptoir de la cuisine, mais le gros du travail est fait. Il a hâte de voir le résultat le lendemain matin à la clarté d’un jour ensoleillé, car les trombes d’eau qui s'abattent sur les baies à cette heure-ci assombrissent le salon. Sa nouvelle lampe sur pied a de la gueule constate-t-il avec satisfaction. Finalement, convaincu d’avoir bien travaillé aujourd’hui, il libère ses cheveux, se masse le cuir chevelu et le visage en poussant un soupir légèrement fatigué et se résout à terminer les dernières tâches le lendemain. Il se ferait bien livrer Uber Eat, mais il n’assume que moyennement de faire sortir un livreur sous une pluie aussi intense, donc il se contente de mettre un gros fait-tout sur la plaque et de sortir un paquet de pâtes sur le plan de travail. Il va bien trouver un bocal de sauce tomate au fond de ses placards, pense-t-il. C’est d’ailleurs ce qu’il cherche quand des coups sont donnés à sa porte d’entrée. Vu l’heure, il se laisse à espérer que c’est Ruth qui vient le fournir en délices turcs confectionnés par sa mère pour se faire pardonner de son irruption incongrue la nuit précédente, ou peut-être Callie qui l’invite à venir manger ce soir ; pourquoi pas un plat délicieux qui sort tout juste du four, où il n’aurait qu’à se mettre les pieds sous la table - on peut toujours rêver !

Il ne s’attendait donc certainement pas à ouvrir la porte à une Elliot trempée jusqu’aux os et frigorifiée. Ses yeux s’ouvrent de surprise et il laisse échapper un très à propos “ Elliot ?! ” suivi du toujours très à propos “ Jesus, mais t'es trempée ! ”. Captain obvious. Il l’écoute bafouiller un début d’explication et murmure en réponse un “ Ha oui, heu, pas de problème, non bien sûr, entre … ” et quand elle tente de faire machine arrière, il se rend compte qu’il se montre peut-être pas des plus enthousiastes face à cette visite surprise, mais il se reprend en protestant “ Non, non, raconte pas de bêtises, viens, entre, heu on va … je sais pas ” cherche-t-il ses mots en se décalant pour la laisser passer. Il referme la porte alors qu’elle s’avance, puis il se retourne. Il l’observe de dos, son index et son pouce viennent pincer un bout du tissu imbibé d’eau de son t-shirt qu’il soulève sur un centimètres, il arrive à peine à décoller le tissu de son épaule et il souffle “ Bon sang, Elliot, t’es tombée dans une piscine ou quoi ? ”. Il finit par la pousser dans le dos vers l’intérieur de l’appartement “ Entre, reste pas dans l’entrée va ” l'enjoint-il avant de s’interrompre en posant les yeux sur les cartons entreposés et sur le léger bazar qui règne tout de même, on va pas se mentir. “ Ha oui, fais pas attention aux cartons, j’étais en train de monter des meubles, enfin j’ai fini, je rangeais. Enfin j’ai presque fini de ranger, mais c’est bien assez pour aujourd’hui. Donc, donc, des vêtements secs peut-être ? Une serviette aussi ? Qu’est-ce que tu veux, tu veux prendre une douche ? Tu m’as l’air vraiment, ça ferait peut-être pas de mal tu sais ” marmonne-t-il sans finir ses phrases en l’observant à nouveau.

@Luther Kealoha


Luther semble tout aussi surprit que toi de te trouver sur le pas de sa porte, et tu dois bien admettre que tu ne peux pas vraiment lui en vouloir. S’il vous arrive de vous croiser de façon un peu fortuite de temps en temps, et de vous retrouver -plus rarement- pour boire un verre ou un café, en toute amitié, tu as mis un point d’honneur à éviter de venir le voir chez lui, sur son territoire. Surtout depuis que tu sais que son coeur brûle d’une flamme nouvelle pour une autre que toi. Tu ne veux pas t’imposer chez lui, dans sa vie, et risquer d'abîmer la relation qu’il est en train de construire sans même en avoir l’intention, ni même conscience. Et puis, te retrouver dans cet appartement où vous avez appris à vous connaître, à vous aimer, ça te laisse toujours un goût à la fois doux et amer en bouche.

Les doigts crispés autour de tes bras, les phalanges blanchies par la pression et bleuies par le froid mordant qui fait trembler tout ton corps, tu ne trouves même pas la force de protester quand il refuse que tu partes et t’incite à entrer. Tu te contentes, grelottante, de franchir le seuil de l’appartement. Juste assez pour qu’il puisse fermer la porte, mais pas trop non plus, pour ne pas donner l’impression que tu te sens toujours ici comme chez toi. Tu secoues la tête quand il demande si t’es tombée dans une piscine. T’aurais préféré. Au moins, ça aurait été fun… Tu fais quelques pas de plus, poussée par la main de Luther qui se pose dans ton dos et tu observes son intérieur avec prudence, et une certaine curiosité. Dans ce décors qui te semble à la fois familier, et pourtant un peu différent de ce que tu as connu, tu cherches malgré toi une autre inconnue. Aucun autre regard que celui de Luther, visiblement aussi perturbé que toi par ta présence, ne vient pourtant croiser le tien et secouée par des frissons, tu te contente de secouer la tête, puis d’acquiescer pour toute réponse à ses questions qui restent en suspens. Son discours est un peu confu, mais tu captes l’essentiel et tu ne retiens qu’une chose. Une douche. “Je pense qu’une douche me ferait du bien oui… Mais je ne veux pas m’imposer..”. Comme s’il était encore temps d’y penser. Tu esquisses un sourire désolé qui ressemble plus à une grimace qu’autre chose tout en essuyant tes yeux et tes joues ruisselantes de pluie d’un revers de la main tout aussi humide. Tu n’oses mêmes pas imaginer ce à quoi tu ressembles en ce moment même. Tu te représente sans mal la tête d’épouvantail que tu dois avoir et par réflexe, tu tires sur la manche de ton tee-shirt détrempé pour essayer d’effacer les traces de khôl et de mascara que tu imagines s’être formées sous tes yeux. Comme si Luther avait pu les manquer. Comme s’il en avait quelque chose à faire, de ce à quoi tu ressembles… “Je suis désolée de débarquer comme ça, vraiment… J’étais à quelques pâtés de maison quand la pluie a commencé à tomber et… Je me souviens même pas par où je suis passée…”, tu lui avoues, penaude. "Tu es sûr que je ne te dérange pas? Ca ne m'ennuie pas d'aller attendre au café, vraiment..."

@Elliot Vance


C’est un peu étrange de la voir à nouveau dans le coin, entre la cuisine et l’entrée, mais il n’en moufte pas un mot. La dernière fois qu’elle a mis les pieds ici, ils déménageaient vers ce qu’ils imaginaient un avenir heureux, sans penser qu’il était possible qu’il reprenne son ancien appartement seul un jour. Mais la vie étant faite de contradictions plus ou moins heureuses, il a retrouvé le confort de sa garçonnière comme l’appelle sa mère. S’il lui est arrivé de regretter les circonstances, en revanche il ne regrette pas beaucoup ce retour aux sources. Son nid douillet. Son regard se reporte sur Elliot et il hausse les épaules avant de répondre  “ Tu ne t’imposes pas, c’est pas grave. ” d’un ton égal, avec une légère indifférence. Il accueillerait tout ami trempé jusqu’aux os de la même manière, il n’est pas du genre à laisser les gens en galère Luther. Il a juste été surpris par l’apparition surprise, mais il n’en est pas embarrassé. Rien à voir avec la dernière fois qu’elle est apparue sur son territoire de manière impromptue. En octobre, au lycée, il lui avait alors passé un savon, réclamant un petit avertissement texto. Mais maintenant c’est différent pense-t-il, le statu quo est établi, les relations sont apaisées. Ils ont l’habitude de se croiser, il a même été mangé chez elle quelques mois plus tôt. Il a enfin pu découvrir son appartement. Ils refont leur vie chacun de leur côté et il a l’impression qu’ils gèrent ça tous les deux de manière très adulte et responsable. Enfin, il doit reconnaitre qu'il a pris prudemment soin de ne pas trop en apprendre sur la manière dont elle gère sa vie amoureuse depuis septembre. Il veut bien faire preuve de bonne foi et de maturité, mais ne lui en demandez pas trop.

“ Une douche donc ” répète-t-il en tournant la tête vers le couloir qui dessert sa chambre, son bureau et la salle de bain. “ La salle de bain ” commence-t-il à dire, la main à demi-levée pour désigner la porte, avant de faire une moue. De qui se moque-t-il, elle n’est pas venue depuis deux ans, mais elle savait très bien où prendre une douche à l’époque, et puis c’est loin d’être un penthouse cet appartement, on ne s'y perd pas “n’a pas changé de place ” l"intonation de sa voix légèrement désabusée. Se rendant compte qu’il ne fait peut-être pas preuve de beaucoup d’enthousiasme en la voyant se justifier et proposer à nouveau d’aller attendre dans un café, il proteste “ Non, non, tu me déranges pas je t’assure. Tu as bien fait, y a pas de soucis. On va te trouver un truc à passer et heu une serviette ” assure-t-il en la précédant vers la salle de bain. En passant devant le bureau, il aperçoit un de ses ponchos de surf qui finit de sécher sur l’étendoir. C’est parfait ça, réalise-t-il, bien assez grand pour la couvrir jusqu’aux chevilles. Peut-être qu’on le soupçonnera de zèle, mais c’est qu’il tient pas particulièrement à avoir son ex qui se balade en t-shirt à peine trop long dans sa cuisine. Quand bien même il trouve qu’ils sont très civilisés, il reste quelques questions de principe. Donc il allume la lumière de la salle d’eau en la lui désignant du menton d’y entrer, avant de disparaître une seconde dans son bureau pour décrocher la grande cape en éponge et pilou. A son retour, il lui sort également une serviette de toilette et lui tend l’ensemble “ T’as qu’à mettre tes affaires dans la sécheuse. Et puis je te prête ça en attendant, tu devrais pas avoir froid ” propose-t-il en ouvrant le petit placard qui referme le lave-linge sèche-linge superposé. La salle de bain est la première pièce qu’il a rénové en retournant dans l’appartement en septembre, elle est flambant neuve. Il ouvre également quelques tiroirs pour lui désigner où trouver le sèche-cheveux, du shampoing ou des cotons. Avant de ressortir de la pièce, il se retourne pour demander “ Ha, j’allais me faire des pâtes, est-ce que tu as déjà mangé ? tu en mangeras aussi ? ”.

@Luther Kealoha


Luther a beau te rassurer sur le fait que ta présence ne le dérange pas, tu sens bien qu’il n’est pas non plus sur le point de sauter de joie. Son ton n’est ni enjoué, ni chaleureux. Il n’y a pas de miel sur sa voix. Il se montre simplement poli, juste ce qu’il faut pour que tu ne te sentes pas de trop,mais pas assez pour que tu sois vraiment à l’aise pour autant. Ou peut-être que tu es encore trop sonnée par la pluie torrentielle que tu viens d’affronter, ou encore par le fait que, quand il t’as fallu un abri, c’est chez Luther que tu t’es réfugiée, sans même t’en rendre compte.

Tes yeux continuent de parcourir le peu de l’appartement que tu aperçois depuis l’endroit où tu te tiens, et tu réalises que, comme Luther désormais, tu as l’impression de le connaître par coeur, mais plus tout à fait. Pourtant, tu hoches la tête quand il précise que la salle de bain n’a pas changé de place. Tu sais exactement où la trouver. “Cool…”, tu souffles avant de hocher à nouveau la tête quand il t’assure une fois encore que ta venue n’est pas un problème. Tu laisses ton hôte te précéder, et ton regard couler sur ses nouvelles fournitures. Le sofa où vous avez échangé quelques-uns de vos premiers baisers a disparu, remplacé par un canapé un peu plus grand, plus cosy aussi. En passant devant le bureau, tu remarques que son miroir lui, est toujours orné de calculs savants qui t’échappent toujours, et tu es soulagée de voir que même si beaucoup de choses ont changé au cours des derniers moi, d’autres n’ont heureusement pas bougé. Tandis que Luther disparaît dans le bureau, tu entres dans la salle de bain et tu constates que là aussi, il y a eu du changement. Tu aimes beaucoup la nouvelle ambiance de cette pièce. “Merci.” Tu souffles à son attention avec un sourire discret tandis qu’il te fait un rapide tour du propriétaire. Tu déposes la cape de bain et la serviette qu’il t’as confié sur le meuble vasque immaculé et tu commences à retirer tes chaussettes humides en te tenant au lavabo quand ton ventre émet un gargouillis des plus sonores. Pile au moment où Luther te demande si tu veux partager des pâtes avec lui. “Des pâtes, c’est parfait oui”, tu réponds avec un petit rire, légèrement plus détendue. Il s’éclipse et tu en profites pour retirer tes vêtements qui te collent à la peau. Comme il l’a proposé, tu les met dans le sèche-linge que tu lances sur un cycle rapide avant de te glisser sous une douche brûlante sous laquelle tu restes de longues minutes pour délier tes muscles mis à mal par la crise de tremblement qui t'a secouée quelques minutes plus tôt. Une fois totalement détendue et réchauffée, tu t’accordes quelques minutes supplémentaires pour sécher tes cheveux et tes sous-vêtements à l’aide du séchoir. Certaines habitudes ont la vie dure, et tu ne te sens toujours pas à l’aise à l’idée de te promener sans bobette, aussi long le poncho de Luther soit-il. Tu te sens d’ailleurs un peu gauche cette cape bien trop grande pour toi. Les manches baillent autour de tes bras frêles et tu flottes également dans le reste du tissus, mais au moins tu es au sec et tu ne grelottes plus quand tu rejoins la cuisine où tu t’installes sur un tabouret de bar autour de l’ilôt central tandis que le maître des lieux s’affaire aux fourneaux. “Tu veux un coup de main?”, tu proposes avec un sourire retrouvé. Tu as du mal à te retrouver dans une cuisine sans rien y faire, même si ça n’est qu’un brin de vaisselle, c’est difficile pour toi de ne pas participer. “J’aime beaucoup ta nouvelle déco. C’est vraiment…Toi!" tu ajoutes en te retournant sur ta chaise pour observer plus en détail le salon où tu remarques encore de nouveaux éléments auxquels tu n’avais pas fait attention précédemment. Nouvelle table basse, nouvelles étagères…”On se croirait dans un magazine spécialisé.”

@Elliot Vance



Il s’occupe de ranger un peu le plan de travail de l'îlot de cuisine pendant qu’elle file sous la douche. La plupart des bols où il a trié les vis et petits bouts de bois et plastiques sont vides, mais il reste bien quelques surplus - à moins qu’il est sauté une étape et que les étagères s’éffondrent dans les jours à venir, who knows ? Ramasser les dernières vis et petits accessoires de montages pour les trier par sortes avant de les ranger lui fournissent l’activité idéale pour le détourner du bruit d’eau qui coule dans la salle de bain. Il finit par entreposer les boîtes à outils devant la porte fenêtre, pour les ranger dans le cabanon sur la terrasse à la première occasion d’éclaircie, puis retourne à la cuisine. Dresser la table pour deux couverts sur le comptoir bar lui prend à peine quelque minutes,  verser un bocal de sauce tomate dans une casserole quelques secondes et il finit par se poster devant la plaque de cuisson, le regard plongé dans la casserole d’eau qui bout. Plongé dans ses pensées, il s'accoude à l’évier derrière lui en croisant les bras. Un instant, il se demande s’il devrait prévenir Olive de la présence de son ex chez lui. Il sait que ça pourrait être mal interprété par certains caractères si c’était découvert par inadvertance. Mais il ne pense pas que l’institutrice soit de ce genre là, et puis il sait aussi qu’au fond, il ne s'embarrasserait pas d’une relation qui serait synonyme de si peu de confiance. Donc il se contente d’ouvrir la conversation sms, de relire les derniers mots échangés et d’éteindre l’écran de son téléphone. Quand il entends que le sèche-cheveux se met en route, il verse le paquet de pâtes dans la casserole puis il sort une poêle et une boîte d'œuf. Pâtes tomate et oeufs au plat. De la grande gastronomie, cette pensée le fait rire tout seul. Son gloussement est interrompu par Elliot qui s’installe derrière lui, il casse 4 œufs dans la poêle et se retourne tout en jetant les coquilles dans le bac à compost sur le comptoir. “ Non, t’embête pas, pâtes et oeufs sur le plat, y a vraiment rien à faire pour aider. ” rit-il. Il installe une passoire au fond de l'évier tout en jetant un coup d'œil à la brune en relevant le nez. “ Ca va mieux ? ” demande-t-il en la détaillant. Elle nage complètement dans son poncho, et il regrette presque de lui avoir donné ça plutôt qu’un sweat qui aurait été davantage à sa taille. C’est pas la première fois qu’il lui prête un poncho en sortant de l’eau, mais c’est vrai qu’avant il avait toujours été là pour refermer ses bras autour de sa taille et ajuster les pans du tissu. Peut-être que c’était un peu ridicule de sa part comme prêt, il se sent limite mesquin. Aveux qu’il reconnaît volontiers en s’excusant “ Désolé, j’aurai peut-être dû te trouver un truc plus à ta taille ; mais la sécheuse est rapide, ça sera sec rapidement promis ! ”. Le blanc d’oeuf bien saisi, il dresse deux assiettes avec une généreuse portion de pates et de protéines, relevant à nouveau le nez quand elle lui mentionne la nouvelle déco “ Oh oui, j’ai eu quelques mésaventures avec mon locataire dans la salle de bain, une soirée un peu trop arrosé je crois. Et puis, le salon … j’ai renversé du café sur le canapé la semaine dernière, ça a taché le cuir. ” grimace-t-il avec une mine penaude et un haussement d’épaules. Quitte à changer le sofa, il a décidé de revoir un peu tout son mobilier qui était composé de récup de part et d’autre de sa famille depuis septembre. Si l’ensemble de son bureau l’avait suivi dans leur maison; il s’était débarrassé de beaucoup de trucs deux ans plus tôt, la maison ne pouvant pas vraiment abriter le mobilier de deux appartements à la fois. Encore moins face à la velléité d’un jeune couple enthousiaste à l’idée de partager une maison et qui se décide à acheter des meubles en commun. Sans surprise, il a été peu préssé de reprendre les meubles partagés chez lui. Son réaménagement en septembre s’était donc suivi d’un remeublement fait de bric à brac emprunté à droite à gauche, qu’il a remplacé au fur et à mesure des mois en chinant. Il y apporte un point final aujourd’hui en terminant le salon. La remarque d’Elliot le fait rire et il renchérit “ Ha, tu connais ma passion pour Architectural Digest ” avec un sourire, son regard glissant sur le porte revue en cuir au pied du canapé qui contient bien quelques éditions du magazine, entre un ou deux exemplaires de Design and Architecture et d’Architecture Australia. En déposant une assiette de pâtes devant Elliot, il plaisante “ Mais bon, tu sais, ça coûte affreusement cher tous ces meubles, donc voilà. Je mange des pâtes jusqu’à la fin du mois. ” C’est une plaisanterie bon enfant, mais il doit reconnaître qu’il avait oublié que ça chiffre vite de se meubler neuf et de qualité. Il finit par avouer qu’en réalité, il a passé une large partie de sa soirée de la veille et de son après-midi à monter le salon et à fixer le tout au mur, qu'en plus il a voulu s'enteter à les monter seul avant de capituler et d'aller chercher son filleul dans l'appartement voisin pour avoir un peu d'aide et qu’arrivé à la fin il s’est rendu compte de l’heure à la dernière minute et a improvisé un repas simple. Sa main vient balayer le nouveau mobilier en précisant qu’il a pas eu le temps de tout ranger mais qu’il finira le lendemain. Une chance qu’il soit en vacances.

@Luther Kealoha


Tu peux pas t’empêcher de lever légèrement le nez en l’air et humer l’odeur qui se propage dans la cuisine alors que les oeufs commencent tout juste à cuire quand il t’annonce le menu du jour. C’est tout simple, mais comme tu te rappelles pas vraiment la dernière fois où tu as fait un vrai repas, et pas seulement mangé sur le pouce, -voir pas mangé du tout-, tu te fais déjà une joie à l’idée de déguster des pâtes et des oeufs fraîchement cuisinés.

Il t’observe et tu hoches la tête pour lui signifier que oui, tu vas mieux. “Beaucoup mieux, merci.” Tu n’es pas forcément très à ton aise dans l’énorme cape de surf de ton géant d’ex dans laquelle tu flottes, littéralement, mais c’est quand même plus confortable que ton skinny et ton tee-shirt détrempés même si la sensation de ton derrière sur le tabouret, tout juste séparés par tes sous vêtements et la cape te semble un peu étrange. Au moins tu es au chaud, et tu auras bientôt le ventre plein. “T’en fais pas, c’est très bien.”, tu le rassures pour éviter qu’il ne se culpabilise davantage. Tu ne te serais de toute façon pas forcément sentie plus à ton aise dans d’autres de ses vêtements. Pas que tu sois du genre à refuser de porter ses sweats ou ses chemises, bien au contraire, mais ça… C’était avant. Avant que vous ne vous sépariez. Avant qu’il ait une autre copine et que tu ne perdes de facto le droit de revendiquer les vêtements de Luther. Avant qu’il ne récupère le dernier sweat que tu avais réussi à conserver chez toi et ne te fasse livrer cet affreux plaid à manches prévu pour deux personnes et que tu as réussi à détourner pour couvrir à la fois tes bras et tes jambes quand tu campes devant Netflix sur ton canapé… Avant.

Tu complimentes finalement son nouvel intérieur, et tu accueilles la nouvelle concernant ses mésaventures avec son locataire et sa salle de bain avec une grimace même si tu fais vite remarquer qu’au final, il s’agit plutôt d’un mal pour un bien. La nouvelle salle de bain te plait beaucoup, surtout sa nouvelle douche à l’italienne dont tu n’as malheureusement pas eu l’occasion de découvrir toutes les fonctionnalités. D’ailleurs, tu ne te fais pas la moindre illusion quant au fait que ça restera comme ça. Tu ne vois pas vraiment de raison de revenir prendre une douche ici, ni même de revenir ici tout court, au fond. Ce soir est une exception, celle qui doit confirmer la règle. Un bug dans la matrice. Vous avez beau avoir décidé de donner une chance à votre amitié, apprécier les quelques fois où vous avez l’occasion de passer un peu de temps ensemble, tu ne tiens pas à trop t'immiscer dans ce qu’est devenu la vie de Luther. Sans doute parce que ne plus en faire réellement partie est encore difficile à encaisser. Tu sais qu’il a tourné la page, et tu as essayé de le faire aussi, mais tu sais aussi que ça n’est pas aussi facile que tu essayes de le faire paraître. En témoignent les sms que tu lui as envoyé il y a quelques mois après une nuit un peu trop arrosée. Tu t’es montrée un peu trop honnête et tu le regrettes. Sans doute autant que tu regrettes d’avoir gâché votre histoire. Heureusement, ton le beau professeur de mathématiques ne semble plus t’en tenir rigueur et tu te joins à son rire quand il souligne sa passion pour les magazines d’architecture intérieure, puis le fait qu’elle lui vaut de ne plus pouvoir se nourrir d’autre choses que de pâtes jusqu’à la fin du mois. Plongeant ta fourchette dans les pâtes encore fumantes après l’avoir remercié, tu t’empresses de glisser son contenu entre tes lèvres, et tu retiens un petit gémissement de plaisir quand la nourriture chaude coule jusque dans ton estomac vide. Tu te contentes de lever les yeux au ciel en louchant de bonheur. “Je sais que t’es en train de blaguer, mais si jamais tu veux manger autre chose que des pâtes, je peux peut-être te trouver deux entrées pour l’inauguration de la Chimère...”, tu glisses innocemment tout en coupant minutieusement le blanc autour de tes jaunes pour ne pas risquer de les casser, histoire de tâter le terrain et voir s’il a entendu parler de ton nouveau projet. Tu es curieuse de savoir ce qu’il en pense, et s’il se doute que c’est toi qui tiens les ficelles de ce nouveau lieu hybride.

@Elliot Vance



La Chimère. Le mot lui dit vaguement quelque chose et il laisse sa fourchette flotter dans le vide quelques instants en fronçant les sourcils de concentration. Mais rien ne lui vient. “ La Chimère ? Ca me parle un peu attends … ” Il ne se souvient plus avoir vu des annonces passées sur instagram ces derniers jours. C’est qu’il n’a pas vraiment appuyé sur les photos pour avoir plus d’info - il a déjà pas follement le temps de scroller les publications de ses amis, alors de la pub vous pensez-bien ! “ Non, finalement … attends t’étais pas déguisé en chimère à Halloween ? ” exulte-il, la fourchette pointée vers Elliot, persuadé d’avoir trouvé l’explication. Il se doute pas un instant qu’il confond la créature mythologique à Perséphone. D’ailleurs il doit pas avoir une idée très précise d’à quoi ressemble une chimère. On s’entend, il n’y a pas beaucoup de ressemblance entre le monstre et la déesse, mais les deux appartiennent à des mythes grecques et ça lui suffit pour confondre. Finalement, il doit attendre les explications de Elliot pour remettre les publications insta à leur place et il sourit en faisant une grimace un peu grotesque “ Déguisée en chimère, mais n’importe quoi moi … l’air con ”. Il reprend sa fourchette et prend quelques généreuses bouchées de pâtes aux oeufs puis ajoute “ Ecoute, si ça peut un peu varier mon alimentation … Non en vrai, ça a l’air chouette si tu peux m’avoir des places pour l’inauguration, je veux bien. ”. Il ne sait pas trop qui il emmènera avec lui, mais ça lui paraît un peu fort de café d’inviter sa nouvelle flamme à un date grâce à des places offertes par son ex. Leur histoire daterait de plusieurs années, tout serait aplani, ça serait encore différent. Mais l’air de rien ça ne fait jamais que huit mois. Une rupture somme toute relativement douloureuse et loin d’être très nette. Ils ne se sont pas vraiment séparés parce qu’ils ne s’aimaient plus. Lui estime qu’il lui a fallu quelque temps pour oublier qu’il était encore amoureux quand il a tiré un point final à leur histoire. Quelques aventures - ou mésaventures, pour se détourner de ses sentiments. Une charmante parente d'élèves pour tourner la page plus sûrement. Il pensait qu’Elliot aurait bien plus facile que lui, puisqu’elle développait déjà des sentiments pour quelqu’un d’autre quand ils se sont quittés. Pourtant, une nuit de janvier lui a donné tort. Sms alcoolisé et mauvaise foi, suivi d’excuses au petit matin. Ils n’en ont jamais reparlé et il n’a certainement pas l’intention de le faire. Il n’a pas très envie d’entendre les explications. Bonjour le seum s’il se rend compte que son grand amour florissant aura duré quatre mois.

Attentif aux explications d’Elliot sur ce nouveau haut lieu de la gastronomie brisbanaise, il lui demande si il s’agit d’un food-court ou d’une cantine, car il n’est pas sur d’avoir bien compris, puis il finit par l’interroger sur les instigateurs du projet, sa curiosité piquée. Pas qu’il soit hyper au courant de toute la scène culinaire de Brisbane, mais il se demande si le nom des éventuels chefs lui parlera. Elle est sauvée par le gong quand une partie des cartons aplatis posés contre le mur tombe soudainement à terre dans un petit bruit soufflé. Ils s’interrompent et se retournent, observent les cartons. Ceux qui tiennent encore debout bougent tout seul, dans un mélange de scratch scratch et de feulement et puis Luther murmure “ Ha oui, j’ai adopté un chat. ”. Il appelle le chaton en claquant de la langue “ Non, Pumpkin on fait pas ses griffes n’importe où enfin. ” qu’il proteste mollement en entendant des bruits de griffures contre le papier. Il finit par se lever pour soulever les cartons et réveler un petit chat noir qui se fige comme pris dans les phares d’une voiture, avant de se faire la malle et de disparaitre sous les meubles du salon. “ Il est pas très vaillant quand il y a de nouvelles personnes. ” avoue-t-il en riant. Et puis il reporte son attention sur Elliot et relance “ Enfin, pardon, on t’a interrompu, tu disais ? ”.

@Elliot Vance


Entendre le surnom dont il avait affublé Elliot dès les premiers mois de leur relation, quand bien même pour désigner un vrai chaton, lui fait tout bizarre et il oscille légèrement de la tête en regardant Pumpkin se faire la malle. Il hausse les épaules et pivote à nouveau sur son tabouret de bar en ajoutant “ Il sortira peut-être de sa cachette plus tard … ” Un coup d’oeil dans l’assiette d’Elliot et il avise les jaunes d’oeufs préservés,  Il connaît trop bien ses petites habitudes et il anticipe la suite ; un léger sourire fleurit sur ses lèvres alors qu’il détourne le regard pendant qu’elle porte la fourchette à sa bouche. Lui est dans la team qui pique le jaune pour le faire couler sur les pâtes, il plonge le nez dans son assiette et la termine en quelques bouchées pendant que le silence s’installe. Quand finalement il relève la tête, il reprend la conversation là où ils l’ont arrêté, en se rappelant des derniers mots d’Elliot. “ Les cocktails d’Harry alors ? Tiens je t’ai même pas proposé  à boire ” réalise-t-il. Il se lève et rejoint le frigo. Malheureusement, il n’y a pas grand chose à offrir et il finit par sortir un pichet d’eau pour remplir leurs deux verres en plaisantant “ Tu m’excuseras, je te sortirai pas mon plus beau cru italien pour accompagner ce repas super gastronomique, vu qu’il est déjà fini ça serait un peu du gachis. ” avant de demander “ Tu as assez mangé ? ”. De l’autre côté du comptoir, il jette un œil à la corbeille de fruit et continue les aveux de petite pénurie alimentaire “ J’ai pas grand chose à te proposer en dessert non plus … un fruit peut-être ? ”, les mains plongées dans ses poches, il avoue devoir aller faire des courses dans le weekend,  mais il dépose devant elle un bol à fruit rempli de kiwis, de nectarine et de figues. Ce sont ceux dont il a planté en pot les arbres sur sa terrasse et sur le toit plat de l’immeuble il y a plusieurs années. Il lui a fallu quelques essais pour trouver la bonne manière de les faire pousser, mais maintenant le figuier ombrage à merveille sa terrasse et l'actinidier serpente sur le mur de l’atelier de Callie. Il se rassoit pour couper une nectarine dont il lui tend des quarts, répartissant également les morceaux, un pour lui, un pour elle, un pour lui, un pour elle. Il croque dedans en silence, avec des réminiscences de soirées tranquilles qu'ils ont déjà passés ensemble, à leur éplucher des oranges ou à couper les fruits qu'ils partagaient. Pas que ce soit un grand geste romantique qu'il revendique, mais plutôt une petite attention naturelle, une légère familiarité au même titre que lancer la cafetière le matin ou toaster le pain pour que le petit déj soit près quand ses copines se lèvent. Faut bien qu'avoir un amoureux affreusement matinal serve à quelque chose. Pour interrompre le silence, il finit par lui demander “ Au fait, tu as pris ton weekend thalasso alors tu m’as dit ? C’était bien ? ”. Il ne peut pas imaginer qu’on puisse apprécier de passer deux jours entiers dans un spa à ne pas faire grand chose d’autre que se détendre. Il bouillonnerait d’impatience si on lui demandait de faire ça. Même la perspective d’être en charmante compagnie ne le fait pas rêver. Au bout d’une dizaine de minute, une sonnerie chantante sort de la salle de bain et il relève la tête en murmurant “ Oh, ton linge doit être sec, tu veux aller voir ?”.

@Luther Kealoha


Tu hoches la tête quand Luther fait remarquer que Pumpkin vous fera peut-être l’honneur de sa présence un peu plus tard. Même si tu adorerais avoir l’occasion de glisser tes doigts dans son poil soyeux et l’entendre ronronner -t’as toujours eu un faible pour ce son petit son-, tu ne tiens pas à lui forcer la patte.

Imitant ton hôte, tu finis tranquillement ton assiette en prenant soin de ne pas casser ton dernier jaune que tu réserve pour la toute dernière bouchée. Tu le glisses d’ailleurs entre tes lèvres quand Luther t’interroge sur les cocktails de Harry. Tu hoches à nouveau la tête, le temps de vider ta bouche, pas politesse, avant de sourire à sa réflexion sur le vin. “De l’eau c’est parfait. Merci…”, tu prends une longue gorgée d’eau qui te provoque un léger frisson le long de l’échine et tu poses ta main sur ton estomac bien rempli qui forme une toute petite bosse sous ta main à travers le poncho de surf. “Oh, oui, peut-être même un peu trop!”, tu admets avec un sourire. La digestion risque d’être compliquée. Tu as sûrement avalé en un seul repas plus de calories que dans les trois derniers jours. Tu as beau adorer cuisiner au point d’en avoir fait ton métier, sort of, tu as toujours autant de mal à manger ce que tu cuisine. Sans compter sur le fait que tu as de plus en plus de mal à cuisiner pour toi seule. Pas l’envie, pas le temps, pas le courage non plus. Alors forcément ce soir, c’est un peu la fête dans ton estomac, même s’il ne s’agit que de pâtes et d’oeufs. C’est pour ça que quand Luther te propose un fruit en dessert, tu l’acceptes volontiers, quitte à avoir mal au ventre plus tard. Un fruit du jardin, ça ne se refuse pas, encore moins quand il s’agit d’un fruit de son jardin dont il a toujours été très fier. Avec un sourire, tu acceptes les morceaux de nectarine qu’il te tend que tu manges en silence toi aussi. Ca te fait un peu bizarre, de retrouver cette forme d’intimité entre vous, même pour un bref instant, même si ça ne veut rien dire. Ca te rappelle ce poème, I hope she never learns how to peel oranges. Et l’espace d’une seconde, peut-être deux, tu sens le regret t’assaillir, le manque aussi, celui de Luther contre lequel tu luttes depuis des mois. Parce qu’il a l’air heureux, et que tu ne veux plus interférer avec son bonheur. Ta gorge se serre et le morceau suivant a du mal à passer, alors tu gardes le dernier entre tes doigts et tu refuses poliment le suivant, prétextant être totalement repu, -ce qui en soit n’est pas vraiment un mensonge- et tu te force à afficher un sourire à l’évocation de ton weekend en thalasso. “Ouais, j’ai emmené ma mère avec moi. Elle était ravie de ne pas avoir mon père sur le dos tout un week-end et de profiter du spa. Moi, j’étais contente que quelqu’un cuisine à ma place pour une fois…", tu plaisantes avec un sourire plus franc. Ta famille n’est pas aussi proche que peuvent l’être les Kealoha malgré les milliers de kilomètres qui les séparent, mais tu t’es un peu plus rapprochée d’eux ces derniers mois, plus encore depuis l’annonce de la grossesse de Grace, même si cette nouvelle proximité te vaut également plus de reproches de la part de ta mère qui t’accuses de ne pas faire ta part dans la croissance démographique du pays, et de votre famille. Tout comme elle te reproche régulièrement d’avoir laissé filer Luther qu’elle apprécie beaucoup. Un point sur lequel toute ta famille s’entend pour te faire des remontrances d’ailleurs…

Le sèche-linge finit par sonner et tu sautes de ton tabouret en hochant la tête: “Yep, je reviens”. Effectivement ton linge est sec et tu t’empresses d’enfiler ton skinny et ton t-shirt noirs. Quand tu reviens dans le salon, le poncho de bain de Luther est plié sur ton bras et tu te sens déjà plus à ton aise dans tes propres vêtements. “Je peux te faire la vaisselle?.”, tu proposes en posant la cape de surf sur ton tabouret. Après tout, c’est le moins que tu puisses faire.

@Elliot Vance



Il termine la nectarine à lui seul, sans se douter que c’est leur apparente complicité qui a coupé l’appétit d’Elliot. Le fruit est sucré et mûr à point et il vient essuyer distraitement des gouttes de jus qui se perdent dans sa barbe avec le dos de son poignet. Car lui se contente difficilement d’une assiette, il mange tranquillement une ou deux figues supplémentaires et un kiwi pendant qu’elle lui raconte son week-end entre dames au spa. Il sourit et rit en l’entendant dire qu’elle était contente de se faire servir pour une fois, il lui répond tranquillement “ Faut sortir au restaurant madame, tu paieras les gens pour s’occuper de toi … avec ton job tu dois bien avoir des invitations à la pelle en plus. ” En entendant parler de son ancienne belle-mère, il sourit et demande si Kenneth et Mathilda vont bien. Il se rappelle ensuite de la grossesse de Grace et c’est au tour de la cadette d’obtenir sa fair share d’attention polie. “ C’est prévu pour quand alors ce bébé ? Tu as hâte ? ” demande-t-il avec curiosité, bien conscient qu’il est peu probable qu’elle lui dise le contraire. Quand elle s'éclipse pour se changer, il reste sur sa chaise et sort son téléphone pour jeter un oeil à ses notifications. Quelques messages en attente auxquels il répond rapidement, jusqu’à relever le nez en entendant son ex sortir de la salle de bain. Il lui jette un œil et un léger moment de flottement s’installe quand il l’entend proposer de faire la vaisselle. “ Mh, quoi ?” qu’il marmonne avant de tourner la tête vers leurs couverts. Il n’a jamais été un grand adepte de laisser les autres faire la vaisselle chez lui. Il a l’impression que outsourcer cette tâche ménagère là en particulier, ça ferait de lui un hôte peu accueillant donc il refuse l’offre et hausse les épaules “ Non, t’embêtes pas ; juste une ou deux casseroles et une poêle je vais m’en occuper ; le reste passe au lave-vaisselle, si  tu veux. ”. Il abandonne son téléphone sur le comptoir et se lève de son tabouret pour passer de l’autre côté de l’îlot. Manches retroussées sur ses avant-bras, la vaisselle est effectivement réglée en cinq minutes, le temps qu’Elliot de son côté débarrasse et essuie la table. A sa petite habitude, il prend un torchon pour essuyer machinalement les casseroles et les ranger dans leur placard. Jamais chez Luther vous ne verrez de la vaisselle s’accumuler dans le panier à vaisselle, il a ce petit toc de laisser sa cuisine aussi propre et immaculée que lorsqu’il y est entré. Les habitudes ne changent pas.

Un petit grattement leur fait tourner la tête et Luther lève un sourcil en voyant que Pumpkin gratouille la baie vitrée qui mène sur la terrasse. Dehors, la pluie s’abat toujours sur les carreaux et il s’approche du chaton en slalomant entre les cartons et les meubles éparpillés dans la pièce. “ Tu veux sortir ? ” qu’il demande d’une voix sceptique avant d’ouvrir la vitre sur quelques centimètres et de rire en voyant le chat sortir une moustache dehors pour reculer immédiatement, l’arrière-train bas sur le plancher. “ Bin oui il pleut ” ajoute-il en se baissant pour saisir la boule de poils. Il le garde contre lui pendant qu’il revient vers Elliot, lui gratouillant le haut du crâne. C’est un chat qui aime se faire porter donc il commence à ronronner bruyamment dans les bras de son maître. Il vient se poster à côté de la brune et lui demande “ Ca a pas l’air de se calmer. Tu étais en vélo ? ” demande-t-il un peu inquiet.

@Luther Kealoha


Tu hausses les épaules tout en picorant le petit morceau de fruit qu’il te reste. Tu n’as plus vraiment le coeur à manger, mais tu ne l’as pas non plus à gaspiller les précieuses récoltes de Luther. Alors tu mâchonnes de petits bouts de fruit pendant une éternité tout en expliquant qu’effectivement, tu reçois souvent des invitations, mais que ces derniers temps, tu en as décliné beaucoup, trop occupée à donner un nouveau tournant à ta carrière. Alors forcément, ce petit break de quelques jours où tout ce que tu as eu à faire, c’est te détendre et profiter t’as fait beaucoup de bien. Ca n’était pourtant pas vraiment gagné. Il a fallut que ta mère te bassine pendant plusieurs heures sur ton utilisation abusive de ton cellulaire et les effets néfastes des nouvelles technologies sur les jeunes pour que tu te décides à l’abandonner dans ta valise et à vraiment te laisser aller. Heureusement, une fois convaincue -et débarrassée des soupirs réprobateurs de Mathilda-, tu as passé un excellent moment.

La conversation s’oriente vers ta famille, et tu donnes quelques nouvelles de tes parents, les banalités habituelles. Ton père passe toujours ses journées de retraité à briquer sa moto et sa voiture dans le garage pendant que ta mère jardine et joue aux rami avec ses amies quand elle n’est pas chez Grace à aider ta petite soeur à préparer la nurserie pour accueillir sous peu ton premier neveu. “Ca ne devrait plus tarder, le terme est fixé au vingt-neuf. Mais Grace a tellement hâte d’en avoir fini avec la grossesse qu’elle tente toutes les méthodes possibles et inimaginables pour faire venir ce pauvre petit plus tôt…!” Tu souris en pensant à ta soeur et son énorme ventre et tu confirmes d’un hochement de tête avoir vraiment hâte de voir la famille s’agrandir. Si tu n’es pas toi-même franchement branchée enfants, tu adores être tata. Tu te souviens encore de la naissance de Maggie, la fille aînée de Caleb et de l’immense fierté et la bouffée d’amour qui t’ont submergée la première fois que tu l’as tenue dans tes bras. Une joie à la hauteur de la douleur qui t'a brisée quand elle a décidé de mettre fin à ses jours. Un sentiment que tu espères ne plus jamais connaître et qui te pousses à accompagner les jeunes en difficultés plusieurs fois par semaine depuis cette issue tragique et surtout, à faire parler tes nièces de tout ce qui les tracasses chaque fois que tu les vois, pour être sûre de ne pas passer à côté de quoi que ce soit. Heureusement, à ton grand soulagement, Paige et Mallory semblent être deux petites filles très équilibrées et sans autres soucis que ceux des enfants de leurs âges. “Et comment ça se passe au fait, pour Leilani et Maria avec les jumelles?”. Tu te souviens qu’à l’annonce de la grossesse de Grace, Luther t’avais également annoncé l’arrivée de deux petites filles dans la vie de sa soeur et de sa compagne. Deux pour le prix d’une. De quoi te donner le tournis et te couper doublement l’envie d’avoir toi aussi des enfants un jour.

De retour de la salle de bain, tu retrouves Luther sur son téléphone, et l’idée qu’il puisse être en train de converser avec sa petite amie te traverse l’esprit. Tu te demandes s’il l’a prévenu de ta présence chez lui, et surtout, comment toi tu aurais réagi, s’il t’avais annoncé que son ex passait la soirée chez lui après s’être réfugiée dans son appartement pour échapper à la pluie. Tu n’as pas vraiment de réponse. La seule chose qui te viens, c’est une bouffée de jalousie envers cette femme que tu ne connais même pas, dont tu ignores tout, jusqu’au prénom et que tu aimerais pouvoir détester, parce que ce serait juste facile de le faire. Pourtant, ce n’est pas le cas. Tu l’envie seulement, parce que tu sais à quel point Luther est un homme merveilleux et à quel point il est doux d’être aimé par quelqu’un comme lui. Tu as seulement eu besoin de le perdre définitivement pour le réaliser. Pour t’occuper les mains, et l’esprit, tu proposes de faire la vaisselle, et quand Luther décline ton offre, tu saisis son invitation à débarrasser la table au vol. Hors de question que tu restes là les bras croisés à attendre qu’il ait fini de remettre la cuisine en état. Alors tu t’exécute, dans un silence somme toute confortable, jusqu’à ce que Pumpkin se fasse à nouveau remarquer. Depuis ta place dans la cuisine, tu suis Luther du regard tandis qu’il propose au chaton de sortir et tu ris avec lui en voyant la petite boule de poils reculer immédiatement, effrayé par les trombes d’eau qui continuent de tomber du ciel. Suivant le professeur de mathématiques du regard tandis qu’il s’approche de toi, son petit protégé lové dans ses bras, tu profites de la proximité de l’animal pour lui offrir toi aussi quelques caresses affectueuses. “Ouais… Je l’ai laissé en-bas, dans le hall… J’espère que ça ne dérange pas…”, tu commentes tout en grattouillant le menton du chaton qui continue de ronronner comme une locomotive. “Oh mais tu es tellement mignon, mon dieu… Ca devrait être interdit d'être aussi cute”

@Elliot Vance


Avec un sourire, il lui raconte que Maria en est à son septième mois et que toute la famille tente de soulager la charge de leur fils aîné pour les futures mamans, mais qu’il pensait ne plus être sollicité de si tôt après qu’une des dernières sorties avec son oncle se soit soldé avec un bras plâtré pour le jeune garçon. Finalement, cette semaine lui a donné tort puisqu’il a été affublé de la charge de trois de ses neveux et nièces à la dernière minute. Il les a amenés passer une journée bien remplie à Dreamworld en compagnie de Livia. Pas d’accident à déclarer cette fois-ci.

Il sourit et dodeline la tête de droite à gauche quand elle lui demande si ça pose problème d’avoir laissé son vélo contre les boîtes aux lettres. Pas de soucis, assure-t-il, bien qu’en réalité il ne serait pas particulièrement surpris de découvrir le lendemain matin une récrimination de Ruth dans la convo whatsapp de l’immeuble. Il baisse les yeux sur les doigts d’Elliot qui viennent caresser la tête de Pumpkin, ses doigts qui virevoltent à quelques centimètres de son torse. Si il n’a pas eu de difficultés jusqu’ici, que ses pensées n’ont pas vagabondé et qu’il n’a pas ressenti de regret quelconque, cette soudaine proximité le trouble légèrement. Mal à l’aise à l’idée de devenir cramoisi de manière un peu trop visible - il se connaît il a tendance à rougir facilement sous le coup de l’embarra Luther, il finit par transférer assez vivement l’animal entre les main d’Elliot pour mettre de la distance entre eux. Il lui tourne le dos et vérifie sur son téléphone les prévisions météo. Ils prévoient de la pluie pendant encore une ou deux bonnes heures constate-t-il alors il finit par lui proposer “ Tu veux qu’on regarde un film en attendant que la pluie s’arrête ? ”. C’est quand il se tourne vers le salon qu’il se rappelle que peu cinéphile qu’il est il n’a ni télévision ni vidéo projecteur. Comme il ne prend jamais le temps d’en regarder seul, il ne voit pas l’intérêt d’investir ou d’encombrer son salon avec ça. Donc le voilà qui va chercher son laptop dans le bureau et qu’il le pose sur la table basse neuve pendant qu’ils s’installent sur le canapé - tout aussi flambant neuf.

A l’ouverture des plateformes de streaming, il se connecte avec les identifiants de ses frères et sœurs. On lui a bien créé un profil, mais sa liste de lecture en cours est ridiculement courte. Arctic Ascent with Alex Honnold et Science Project se battent en duel avec un épisode à moitié entamé de Love at First Sight. Si pour les deux premiers, il ne ressent absolument aucun besoin de se justifier, la téléréalité le fait rougir - pour de bon cette fois - et il explique précipitamment “ C’est un truc que je regarde avec ma voisine. Enfin des fois, pas toujours. ” Il a déjà regardé quelques épisodes en compagnie de Ruth le mercredi soir, accompagné d’un délicieux repas turc fait-maison. Son unique tentative de rattraper un épisode en streaming s’est arrêté à mi-épisode et patiente donc dans sa liste de streaming. C'est que c'est moins drôle à regarder seul en réalité, et puis de toute façon il n'a pas vraiment de temps à y consacrer “ Une nouvelle voisine, tu la connais pas celle-là. ” précise-t-il en oubliant qu’elle a peut-être entendu parler de l’acariâtre nouvelle addition à l’immeuble par son amie qui habite un étage plus bas. Le moins qu’on puisse dire c’est que la locataire du 545 ne fait pas vraiment l’unanimité, mais lui nourrit une affection amusée pour elle. Il fait défiler les programmes proposés jusqu’à s’arrêter à un space opera bien connu, mais jamais vu par Luther. “ Star Wars ? T’aimes ça non ? j’ai promis de le regarder à mon cousin … ” Quarante ans à éviter la saga de science-fiction réduite à néant par un débat acariâtre à la table familiale du dimanche midi.

@Luther Kealoha


Tu es ravie d’avoir des nouvelles de la famille de Luther, même si certaines sont plus réjouissantes que d’autres. Tu lui fais promettre de féliciter à nouveau les futures mamans, et de souhaiter un bon rétablissement à ton ex-neveu par alliance avant de reporter ton attention sur le chaton qu’il porte et qui paraît si petit, lové ainsi dans les imposants bras de son maître. Les doigts perdus dans sa fourrure soyeuse, tu es trop occupée à l’admirer et à tenter d’ignorer et de dissimuler ton propre trouble pour te rendre compte de celui que tu causes à ton ex-petit-ami. Avec un petit Oh! de surprise, tu accueilles à ton tour Pumpkin dans tes bras où vient de le déposer Luther et tu es agréablement surprise de constater que l’animal ne cherche pas à s’enfuir. Au contraire, il se laisse aller à tes caresses en continuant de ronronner et tu sens une bouffée de fierté et de tendresse t’envahir.

Le nez enfoui dans les poils du chat pour déposer de petits baisers sur sa tête qui vibre intensément sous tes lèvres, tu relèves les yeux vers Luther quand il te propose de regarder un film en attendant que l’orage passe. “Pourquoi pas, oui!” Tu acquiesces avec un sourire tout en haussant les épaules. Après tout, regarder un film vaut mieux que passer les prochaines heures à vous regarder en chien de faïence. Aussi, pendant que Luther disparait pour aller chercher son ordinateur, tu t’installes à l’une des extrémités de son canapé tout neuf en prenant soin de t’asseoir sans prendre trop tes aises pour autant. Là où, en temps normal, tu aurais remonté tes jambes sur l’assise pour te mettre à ton aise, tu te contentes cette fois de laisser tes pieds au sol tout en te collant le plus possible à l’accoudoir. Ce n’est pas la position la plus confortable, ni meilleure façon de bien voir l’écran, mais tu préfères garder une distance plus que raisonnable entre vous. Tu as peur que le naturel revienne au galop et que la fatigue ne te pousse à te rapprocher de Luther pour profiter de sa chaleur et du confort de sa présence. Alors tu décides que c’est mieux comme ça, pour tous les deux.

Concentrée sur l’écran, tu remarques rapidement un programme qui fait légèrement tache au milieu des autres, et tu as un regard et un sourire amusé en direction du professeur de mathématiques quand il t’explique regarder cette émission en compagnie de sa voisine. “Oh, ça me regarde pas tu sais…” Tu souffles avec un air malicieux, ouvertement moqueur, dans sa direction tandis qu’il t’explique qu’il s'agit d’une nouvelle voisine, que tu n’as encore jamais rencontrée. Tu te doutes qu’en presque deux ans, et malgré tes visites régulières dans l’immeuble, il y a du y avoir pas mal de turn-over au sein des voisins. Tu connais pourtant un bon nombre des personnes qui peuplent le bâtiment, à commencer par Callie, la meilleure amie de Luther, sans oublier Rose, ta meilleure amie, à toi. Rose à qui tu décides d’envoyer un sms pour occuper tes mains et ton esprit à autre chose que Luther, dont le manque se fait de plus en plus ressentir. Le savoir si près de toi, et pourtant si loin désormais est une véritable torture à laquelle tu peine à te soustraire. Impossible de faire comme s’il n’était pas là, à moins d’un mètre de toi, en train de lancer le premier épisode d’une de tes sagas favorites et d'ignorer l'envie urgente de te blottir dans ses bras qui te démange tout le corps. “Si j’aime ça? C’est même pas une question qui se pose Lu!”. La seule vraie question, c’est comment tu as fait pour le côtoyer si longtemps en sachant qu’il n’avait jamais vu un seul épisode de Star Wars de toute sa vie? Même si là encore, la réponse tombe sous le sens… L’amour…. “Tu penses qu’il ne t’en voudra pas d’avoir regardé avec moi, plutôt qu’avec lui?” Tu questionne alors que le haut parleur se met à jouer le  générique culte, provoquant la fuite de Pumpkin et un petit rire amusé chez toi.

@Elliot Vance

Comme il vient à court d'idées pour meubler temps et silence, il finit par proposer un film, mais il se rend compte assez vite qu’il n’a pas vraiment l’équipement pour faire cela dans le confort et la bienséance. Faute de besoin, il n’a jamais investi dans une télévision. Il va voir les matchs de rugby au stade ou dans les pubs, les films au cinéma une ou deux fois par an et il squatte volontiers chez sa voisine pour regarder le programme de télé-réalité à laquelle elle l’a très vaguement convertie - on ne peut pas le décrire comme un fidèle. Il regarde de temps en temps des séries quand il a des chéries, toujours sur leur canapé et leur télévision. Les rares fois où il s’accorde un visionnage solitaire chez lui, il s’installe sur son canapé, son pc en équilibre sur les genoux. Impossible de faire cela aujourd’hui. Donc il revient et pose le pc sur la table basse pile en face du milieu du canapé. On sera loin du son HDMI et la qualité 4K. Penché sur le pc, il sent le regard un peu moqueur d’Elliot sur lui quand il se justifie pour l’épisode à moitié entamé de télé-réalité et hausse les épaules en marmonnant, le rouge aux joues “ Non mais heu ”, avant de lancer le film de science-fiction. Il finit par se reculer et l’imite, ils s'assoient chacun de leur bord. Il tourne la tête légèrement sur la droite pour regarder le célèbre générique défiler à l’écran, l’écran est pas tout à fait en face ni de l’un ni de l’autre. Il occupe un no man’s land où chacun garde ses distances. Luther, appuyé contre son accoudoir, est particulièrement raide, il croise les jambes une seconde pour les décroiser immédiatement l’instant d’après, finit par les étendre de tout leur long sur le tapis. Tu parles d’une manière de profiter du confort de son canapé flambant neuf se fait-il la réflexion.

Le générique défile, rien qui le surprenne car même si il n’a jamais vu les films en entier, il connaît suffisamment ses classiques pour savoir que c’est une scène culte. Il est aussi surpris que Pumpkin quand le son sort des enceintes reliées à sa platine vinyle au lieu de sortir en grésillement pathétique de son pc. L’ordinateur a dû faire l'appairage automatiquement, ils profiteront au moins d’un bon son. Le chaton fuit Elliot pour venir se réfugier sur les genoux de son maître, qui l’accueille avec un sourire et le laisse se blottir sur lui tout en répondant à la question de son invité “ Oh non, il tient pas le regarder avec moi ; il estime juste que je devrais pas pouvoir donner d’avis sur les oeuvres cinématographiques si j’ai pas vu celle-ci, qui blablabla a influencé le cinéma en profondeur je sais pas trop quoi. ” explique-t-il en levant les yeux avec une pensée peu flatteuse pour son cousin. Il a fini par céder et dire qu’il regarderait les 3 premiers films pour clore un débat qui n’en finissait plus. Mais il est déjà un peu persuadé que ça lui plaira pas parce qu’il a vu quelques extraits au cours des quarante dernières années qui ne l’ont jamais convaincu. La tête qu’il tire en voyant un robot-doré, comme il l'appellera dans sa tête avec beaucoup de mauvaise foi, trahit son opinion des premières scènes du film mais il se garde de tout commentaire. Il est bien conscient qu’elle adore cette saga et il tient pas particulièrement à lui révéler qu’il est pas convaincu non plus par les bip bip bip du machin à roulette bleu et blanc, ou par les buns de la princesse Leila. Non il se contente de suivre sur l’écran les évènements en jetant un œil à Elliot. Il remarque qu’elle pianote sur son téléphone. Lors d’une soirée de date ou même lors d’une sortie entre amis, il aurait froncé les sourcils ou pincé les lèvres et demandé si c’était bien nécessaire. Mais vu qu’ils improvisent une occupation pour une soirée qu’il ne saurait pas vraiment définir, il ne dit rien et se contente de reporter son attention sur le film où Dark Vador vient de faire une première apparition remarquée.

@Luther Kealoha


Voir Luther rougir et tenter de se justifier te fait sourire, et tu ne fais rien pour le mettre plus à l’aise. Au contraire, même si tu ne te sens pas des plus à ton aise, tu continues d’afficher un petit sourire amusé à l’idée que Luther soit honteux que tu ais découvert son plaisir coupable jusqu’à ce que le générique du film commence et que le chaton t’abandonne lâchement pour retrouver les genoux de son maître. Privée de câlins, tu tente de te concentrer sur le film en essayant de ne pas trop songer à la présence de Luther à  l’autre bout du sofa. Tu souris en le voyant du coin de l’oeil lever les yeux au ciel alors qu’il te rapporte les paroles de son cousin. Quelque part, tu es plutôt d’accord avec ledit cousin, mais tu es forcée d’admettre également que comme Luther, tu t’es déjà permise de juger des films ou des livres sans même les avoir réellement regardés. Comme Twilight par exemple, ou Fifty shades of Grey. Encore que, concernant ces derniers, tu es presque certaine qu’il ne s’agit pas d’oeuvres cinématographiques ayant influencé le cinéma en profondeur. Seul le premier opus de la saga des vampires trouve un minimum de grâce à tes yeux. Pas comme un chef d’oeuvre, mais tu trouves que dans son genre, il a le charme des nanards du même style. This is the skin of a killer, Bella.

Tu retiens un petit rire moqueur entre tes lèvres que tu mords pour rester concentrée, et tu échanges quelques sms avec Rose qui heureusement, te réponds rapidement. La luminosité de ton écran de téléphone au minimum, tu essayes d’être la plus discrète possible tandis que ton regard alterne entre l’écran de l’ordinateur et celui de ton cellulaire qui vibre faiblement à intervalles réguliers. Tu sens bien le regard un poil réprobateur de Luther qui se pose sur toi quelques secondes. Aussi discret soit-il, tu es bien trop à fleur de peau pour ne pas le remarquer. Tu t’attends à ce qu’il dise quelque chose, fasse une petite remarque bien sentie, mais comme il ne dit rien, tu te contentes de répondre à ta meilleure amie. “Rose te dis bonjour…”. Ca n’est pas exactement vrai, mais tu te doutes que si elle n’était pas occupée à essayer de te remonter le moral et à tenter de te convaincre que ton ex-petit ami a surement toujours des sentiments pour toi, -ce que tu réfutes férocement-, Rose t’aurait sûrement demandé de saluer son voisin pour elle. Et puis, tu ne sais pas vraiment pourquoi, mais tu tiens à ce qu’il sache que tu ne profites pas de son hospitalité pour discuter avec n’importe qui. Quand bien même tu ne lui dois aucune explication, tu préfères te justifier. Peut-être parce que les messages de Rose ont, malgré tout, fait écho en toi. Rallumés un infime espoir, celui que Luther n’ait pas tiré un trait définitif sur votre amour. Comme tu l’expliques à la styliste, tu en doute fortement vu sa réaction, quand, après une soirée trop arrosée, tu lui as confessé qu’il te manquait, mais c’est plus fort que toi. Tu as beau rester la plus terre à terre possible dans les réponses que tu adresses à ta meilleure amie, tu ne peux t’empêcher de te poser la question.Et si…?.

Tu poursuis tes échanges avec Rose tandis que Vador capture Leïa et que 3PO et R2D2 atterrissent  sur Tatooine entre les mains du célèbre Luke Skywalker tout en jetant régulièrement un oeil vers Luther. Son air dubitatif transparaît malgré toute sa bonne volonté et t’arrache un nouveau petit sourire. “T’as le droit de le dire si tu aimes pas tu sais…? Genre… Si t’as envie de critiquer, fait toi plaisir, je suis curieuse de savoir ce que tu as à en dire!” Tu glisses tout en te tournant légèrement vers lui pour attendre sa réponse. Tu ne lui en voudra pas s’il descend ce qui figure très haut sur la liste de tes films préférés, après tout, chacun ses goûts, et puis, tu préfères encore l’entendre se plaindre plutôt que d’affronter le reste de la soirée à regarder un film en te sentant mal à l’aise. Au moins, si vous discutez un peu, tu te sentiras moins tentée d’aller te lover contre lui pour profiter du film. Oui, c’est mieux comme ça.

@Luther Kealoha


Il tourne distraitement la tête avec Elliot quand elle lui passe les salutations de Rose. Ha oui, Rose. Son excentrique voisine du premier étage devenue la meilleure amie de sa copine après qu’il ai fait les présentations autour d’un barbecue de voisinage, il s’est laissé entraîné dans cette amitié sans broncher. Il est certes probablement un peu perdu dans l’univers de la jeune femme, mais il ne voit rien de mal à cela. Il n’a jamais eu peur de sortir de sa zone de confort Luther. “ Oh, retourne lui aussi alors ” répond-t-il poliment, sans se douter que la styliste ne l’a pas vraiment salué dans les textos qu’elle échange avec Elliot. Sans réelle curiosité, il ajoute distraitement tout en gardant un œil sur l’écran “ T’es passé la voir ? Elle est pas là ce soir ? ”. C’est vrai qu’en ouvrant la porte à Elliot, il n’a pas pensé à sa voisine du dessous, mais maintenant qu'on vient de lui rappeler son existence il pourrait bien essayer de lui envoyer Elliot si la pluie et la soirée s’éternisent. Il la laisse à ses textos, se contentant de regarder le film en levant un sourcil de temps en temps, jusqu’à ce qu’Elliot l’interpelle en l’encourageant à partager ses opinions. Il hausse les épaules et fronce ses lèvres dans une moue embêtée. “ Franchement, je ne sais pas. Je saurai pas t'expliquer pourquoi je suis pas plus convaincu que ça. C’est sur que ca a un charme vintage avec les effets spéciaux, le grain tout ça … pour autant, j’avoue peut-être que je suis juste pas très bon public aux trucs de space opera ? Mais bon, t’aimes ce film, ça me va de le regarder. ” avoue-t-il avec un sourire. Il faut avouer qu’il n’avait pas vraiment d’autre idée de visionnage de toute façon. Il ne suit pas vraiment l’actualité des sorties sur les plateformes de streaming. “ C’est vrai qu’il est culte en plus, je me coucherai moins bête ce soir comme on dit. ” ajoute-il en faisant une mimique, parfaitement conscient que citer cet adage populaire n'est pas la manière la plus cool de s’exprimer. Il ramasse un coussin à terre pour le caler dans son dos, avant de proposer “ Je vais faire chauffer de l’eau, tu veux une tisane ? ”. Il se lève en soulevant Pumpkin pour le déposer sur la place qu’il vient de quitter. Pendant que la bouilloire chauffe sur la gazinière puis que la camomille infuse dans sa théière, il reste debout derrière le canapé, les yeux fixés sur l’écran par-dessus l’épaule de son invité. Son regard dérive à une ou deux reprises sur sa nuque d’Elliot avant qu’il ne secoue la tête distraitement en reportant son regard sur le film. Il finit par déposer deux tasses de tisane et par tendre un plaid récupéré sur un fauteuil à Elliot en passant se rasseoir. Il finit par lui glisser “ T’obliges pas à laisser tes pieds par terre, va, tu peux les poser sur le canap’, je me fâcherai pas même si il est neuf. ” lui promet-il avec un sourire, bien conscient qu’elle a l’habitude de replier ses jambes contre elle. Le film est ponctué de petits murmures ou commentaires de sa part quand il identifie à l’écran des personnages ou des scènes dont il a déjà entendu parler malgré son non-visionnage et il finit par poser une ou deux questions sur des créatures dont il ne comprend pas la nature. Il est pas vraiment sur d'aimer ce qu'il regarde, mais c'est justement le fait de ne pas trop savoir ce qu'il en pense qui lui change les idées de la situation un peu étrange qu'ils sont entrain de vivre. Puis finalement quand le générique de fin s’affiche sur l’écran, il finit par avouer avec un sourire “ C’était pas si pire …”.

@Luther Kealoha
Tes yeux passent d’un écran à l’autre et tu hoches la tête quand Luther t’invite à retourner ses salutations à Rose. Tu te promets de le lui dire dans ton prochain texto. Comme tu sais pertinemment que Rose va te demander de saluer Luther à son tour, la boucle sera bouclée et ton petit white lie n’en sera plus vraiment un. Tu pianotes une énième fois sur ton clavier et tu marques un temps d’arrêt quand Luther te demande si tu es passé voir Rose avant de venir chez lui. Tu réalises que l’idée ne t’as même pas effleuré l’esprit. Tu cherchais un abri, et monter au premier étage, plutôt que chez Luther aurait été bien plus rapide, sans doute plus logique aussi, mais… “Nope… Elle est à l’atelier aujourd’hui. Pas mal de boulot en ce moment apparemment.” C’est la plus stricte vérité, tu la tiens de l’intéressée elle-même, mais tu n’en savais rien il y a encore quelques minutes et malgré toi, tu te sens rougir légèrement alors que tu en informes ton hôte. C’est peut-être mieux au fond, s’il pense que tu as d’abord tenté d’aller chez ta meilleure amie avant de venir te réfugier chez lui…

Le film se poursuit à l’écran, et tu interroges Luther sur ce qu’il en pense. Sa réponse ne te déçois pas. Il a beau ne pas être particulièrement adepte du genre et ne pas y trouver son compte, il accepte de poursuivre, simplement parce qu’il sait que toi tu aimes ce film et que par conséquent, tu passes un bon moment. Sans le savoir, il confirme ce que tu as dit plus tôt à Rose par messages. Il est quelqu’un de profondément gentil… Ce qui ne t’aide vraiment pas à l’oublier. Même ses expressions passées d’âge sont vraiment adorables. Mais ça aussi, tu te gardes bien de le lui dire. Tu te contente de laisser échapper un petit rire amusé avant de hocher la tête quand il te propose une boisson chaude. Ca non, plus, ça n’est pas une habitude qui lui donne l’air de la toute première jeunesse, mais c’est sans doute aussi ce qui fait son charme au fond, et c’est comme ça que tu l’as toujours aimé, au point d’adopter toi aussi ces petites manies. “Avec plaisir oui!”, tu lances par dessus ton épaule tandis qu’Han Solo fait son entrée en scène. Les yeux rivés sur l’écran, absorbée par les aventures des Jedi, tu sors de ta transe quand Luther passe devant toi pour déposer vos tasses sur la table basse et te tendre un plaid que tu accueilles avec un sourire reconnaissant à l’attention du professeur de mathématiques. “Merci…”, tu souffles en le dépliant sur toi pour le glisser jusque sous ton menton avant de prendre Luther au mot quand il t’invite à t’installer plus confortablement. “T’es sûr? Parce qu’il faudra pas que tu me le dise deux fois…”, tu fais remarquer avec un nouveau sourire, les pieds en suspens au-dessus du sofa le temps qu’il te confirme que tu peux prendre tes aises sans qu’il n’y ait de conséquences. Alors comme il t’y as invitée, tu remontes tes pieds sur le canapé. Les jambes ramenées vers toi, emmitouflée dans le plaid, tu poursuis le visionnage du film en jetant régulièrement des petits regards à Luther que tu vois marmonner dans son coin du canapé de temps en temps. Il a beau dire que ça n’est pas son style, il semble malgré tout se laisser prendre par les aventures de Luke Skywalker et sa bande et finit même par te demander des explications sur certains points. Le nez enfoui dans ta tasse fumante que tu bois à petites gorgées, tu souris pour toi-même, beaucoup plus détendue désormais. Ca n’a vraiment rien de désagréable de passer du temps avec ton ex, bien au contraire. Certes, tu fais bien plus attention à ce que tu dis et ce que tu fais que tu ne l’aurais fait en temps normal, mais tu es certaine qu’avec le temps, tout cela deviendra naturel et tu apprendras à être réellement une bonne amie pour lui, et à te contenter également de son amitié. Surtout si, comme il le laisse entendre une fois le film terminé, il commence à trouver un intérêt, même minime, à Star Wars. “Ah… Tu vois? Je suis contente de te l’entendre dire! Ne te reste qu’à regarder les deux prochains, puis la prélogie, et les trois derniers. Sans parler des séries et de l’univers étendu…”. Tu vois déjà que tu lui donnes le tournis avec toutes ces informations, -pas sûr qu’il soit prêt à endurer autant d’heures de visionnage-,  et tu laisses échapper un nouveau rire. “Sinon, je te ferais des fiches résumé si tu veux…”, tu proposes en haussant les épaules, malicieuse avant de te lever pour t’étirer et  jeter un oeil vers l’extérieur où la pluie semble avoir cessé de tomber. Les vitres ruissellent encore, mais aucune goutte ne se dessine dans la lueur des réverbères. L’orage est passé. “Je… Je ferais peut-être mieux d’y aller avant que ça ne reprenne…”. Tu n’a pas vraiment envie de partir, retrouver ton appartement désespérément vide et ta solitude, mais il le faut…