@Eden Scarlett & @Sorcha Adair

Les gardes de nuit, elle se souvient quel enfer c’était quand elle a débuté. Pour elle qui avait toujours aimé dormir, rester éveillée la nuit entière pour travailler représentait un vrai calvaire et elle avait sérieusement souffert les premiers mois. Mais avec le temps, elle a fini par s’y habituer et aujourd’hui tout ça relève de la normalité, un élément de son quotidien qui la dérange plus vraiment, surtout en ayant pas d’impératifs familiaux ou d’enfants. En fait, elle a même appris à apprécier le travail nocturne, surtout les nuits un peu plus calmes que les autres comme celle-ci. Elle a l’impression d’avoir le temps de bien faire son travail, elle en profite d'ailleurs pour rester quelques minutes de plus avec les patients qui le souhaiteraient, avant d'aller visiter ceux qu'elle doit réveiller pour prendre leur température, vérifier les constantes, s’assurer que tout va au mieux avant de retrouver au bureau des infirmières.

Lorsqu'elle sent enfin venir un temps plus calme, elle en profite pour prendre une petite pause et se rendre à la cafétéria. Faut dire qu’elle a appris depuis le temps à reconnaitre les moments où l’activité n’est pas au plus haut et à sauter sur ce genre d'occasion, car on peut jamais savoir comment une nuit de garde va tourner: il suffit de pas grand chose pour que tout s'emballe et que ce qui s'annonçait comme une nuit calme prenne des allures de fin du monde.

L'avantage de l'hôpital est que la cafétéria reste ouverte à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. S'il n'y a plus d'employé pour servir qui que ce soit à cette heure-ci, il y a au moins des distributeurs. Elle croise un médecin légiste qu'elle connait vaguement et lui sourit avant de s'avancer directement vers la machine à café pour y prendre un capuccino. La nuit va être longue, autant se donner un peu d’énergie. D’ailleurs elle se prendra peut-être aussi un sandwich avec, ça lui fera pas de mal de manger un peu.

Elle regarde vaguement le breuvage se verser dans le gobelet en plastique, plongée dans ses pensées. Encore une semaine de travail et elle pourra enfin prendre des vacances bien méritées après une année qui s’est avérée pour le moins chaotique. Elle pourra pas partir bien loin, mais ça fait rien. Son voyage, elle le prépare depuis quelques temps déjà, prévoyant l'itinéraire, les chemins de randonnée qu'elle peut faire, les lieux où dormir. Elle a pas envie de trop planifier non plus, mais ça lui permet de se projeter en attendant que ça arrive et ça lui fait un bien fou parce qu’il y a longtemps en fait qu’elle a pas vraiment pris du temps pour elle.

A peine la main posée sur son gobelet pour le récupérer, Sorcha se retrouve brutalement ramenée à la réalité par l'alarme qui retentit dans toute la cafétéria. Elle sursaute violemment et se retourne pour ne voir que le Dr Scarlett qu'elle a aperçu un peu plus tôt, avant qu'une voix résonne dans toute la pièce. « Votre attention s'il vous plait. L'hôpital est dès maintenant placé en quarantaine. Veuillez ne pas vous déplacer. Nous vous tiendrons informés dès que possible de l'évolution de la situation. Merci pour votre coopération. »

Elle a les yeux écarquillés Sorcha, en se demandant si c'est bel et bien réel tout ça ou si quelqu'un s'amuse à leur faire une blague. Ils vont vraiment devoir restés ici ? pour combien de temps ? Et surtout pourquoi ça arrive maintenant ? Est-ce que c'est grave ? En fait, c'est pas la mise en quarantaine en elle-même qui fait peur, c'est surtout le fait qu'on leur dise absolument rien. Totalement décontenancée, elle se dirige directement vers le médecin légiste. « Vous savez ce qu'il se passe ? »